Les Prières de Ste Thérèse. - Introduction à la prière n 1

MA BONNE SAINTE VIERGE


-DOCUMENT: autographe.
-DATE: juin (?) 1984.
-PUBLICATION: Prières (1988)

Deux lignes à l'encre, de la main de Thérèse, à la suite d'une poésie copiée par soeur Agnès de Jésus en vue du 21 juin, fête de Mère Marie de Gonzague, et après la première communion de Thérèse (8 mai 1884, à laquelle il est fait allusion). C'est donc aux alentours du 21 juin que Thérèse (onze ans) aurait écrit son invocation. L'écriture est bien celle de 1884.
Quelle peine « tourmente » alors Thérèse enfant pour justifier ce cri vers Marie? Le premier Manuscrit semble fournir la réponse: «... mais la Sainte Vierge a permis ce tourment pour le bien de mon âme » (MSA 31r ). Rappelons les faits: le 13 mai 1883, Thérèse est guérie d'une maladie nerveuse par le sourire de la Sainte Vierge. Elle veut d'abord garder son secret. Mais sa soeur aînée Marie le découvre et le communique aux carmélites. L'enfant se prend à douter et croit « avoir menti ». On lui a volé son « bonheur ». Elle ne ressent plus qu'« humiliation » et « profonde horreur » (ibid). Sa souffrance dure donc depuis un an lorsque Thérèse conjure ici la Vierge de l'en délivrer. Elle va goûter en effet une accalmie « pendant près d'un an », 1884-1885 (cf. MSA 32,2v ). Mais la libération définitive n'interviendra que le 4 novembre 1887, à Notre-Dame des Victoires; alors, « la Sainte Vierge m'a fait sentir que c'était vraiment elle qui m'avait souri » (MSA 56,2v ). « Ma bonne Sainte Vierge »: Thérèse lancera encore le même appel sur son lit de mort (CJ 30.9.6).

Introduction à la prière n 2:



BILLET DE PROFESSION


-DOCUMENT: autographe.
-DATE: pour le 8 septembre 1890.
-PUBLICATION: HA 98, pp. 127s. (retouché);
Mss fac-similé 1956, et
Manuscrits autobiographiques, 1957.

Sur les dispositions de Thérèse au moment de sa profession, cf. MSA 75,1-77,2v et les lettres écrites pendant sa retraite préparatoire de dix jours (LT 110 à LT 117). En écrivant ce billet, Thérèse fait sienne une coutume reçue. Il est alors d'usage que la novice à sa vêture ou la professe au jour de ses voeux porte sur son coeur un tel billet, où elle demande pour elle et pour ses amis les grâces qu'elle désire obtenir. Une tradition assure que toute prière faite au moment de la grande prostration, bras en croix, sur le tapis de bure, est exaucée.



Note: 1. La profession consacre Thérèse «épouse» de Jésus. Ce thème revient souvent sous sa plume, en particulier dans la correspondance avec Céline.



Note: 2. Une longue tradition spirituelle voit dans la profession religieuse un « second baptême », qui rend à l'âme sa « robe d'innocence » (Pri 5 ); cf. LT 114 et MSA 70r .



Note: 3. Echo sans doute de l'Imitation de Jésus-Christ, mais aussi de saint Jean de la Croix dont Thérèse s'est imprégnée tout au long de l'année 1890 (cf. MSA 83r ).



Note: 4. Derrière un vocabulaire très simple, Thérèse demande en fait la « transformation d'amour » par laquelle le Bien-Aimé et l'âme « se changent l'un en l'autre » (Cantique spirituel de saint Jean de la Croix, par ex. str. XII, pp. 209 s.).



Note: 5. L'un des désirs profonds de Thérèse depuis l'enfance; cf. MSB 3r . En 1896, elle affirmera que ces « désirs du martyre ne sont rien » (LT 197). Elle connaîtra cependant le « martyre du corps » par la maladie; et le «martyre du coeur » de maintes façons (cf. LT 167 LT 213).



Note: 6. L'aspiration constante de Thérèse; cf. LT 95 LT 103 LT 176; MSA 71r; PN 24,7; etc.



Note: 7. L'un des symboles privilégiés de Thérèse depuis mars 1888; cf. LT 45 et LT 114. Mais après la profession, il ne reparaîtra qu'en juin 1897 (MSC 2,2v ).



Note: 8. Déjà à sa prise d'habit, Thérèse exprimait le même souhait LT 74. Dans son examen canonique, le 2 septembre 1890,
elle insiste sur l'orientation apostolique de sa vocation: « sauver
les âmes » (MSA 69,2v ). Jusqu'à l'infirmerie, Thérèse
gardera le souci des « âmes du purgatoire »; CJ 18.5.2; 6.8.4, 11.9.5 etc.
A une date inconnue, elle avait fait « l'acte héroïque » (ou abandon de ses mérites) en leur faveur (cf. PA, pp. 178 et 286s.).



Note: 9. Faire la joie de Jésus, lui faire plaisir, le rendre heureux, le consoler tel est le ressort ultime de toute l'existence de Thérèse.



Introduction à la prière n 3:

REGARDS D'AMOUR VERS JÉSUS


-DOC.: CE II, 181r /v .
-DATE: juillet (?) 1893.
-COMPOSÉE POUR: elle-même et soeur Marthe de Jésus.
-PUBLICATION: HA 14, P. 267 (retouchée); HA 53, P. 256.

Cette prière fut composée par Thérèse, vraisemblablement en juillet 1893, pour soeur Marthe de Jésus et elle-même. Professes depuis septembre 1890, elles poursuivent leur noviciat sous la direction de Mère Marie de Gonzague. Au Carmel, pour conserver l'esprit de solitude, même dans les repas pris en commun, il était recommandé aux carmélites d'avoir toujours les yeux baissés. Thérèse se plie à cette ascèse: elle vit en présence d'une Personne, Jésus; c'est pour son amour qu'elle ne laisse échapper « aucun regard » (cf. MSB 4r ). Ainsi s'explique son exigence sur ce point à l'égard, non seulement de soeur Marthe, mais aussi de toutes les novices.



Note: 1. Luc ne parle que du silence de Jésus mais pour Thérèse, le Christ en sa Passion s'identifie à la Sainte Face, « yeux baissés » (LT 110 LT 87; CJ 5.8.7.



Note: 2. Le thème du « regard d'amour » est éminemment thérésien; il est probablement emprunté à Jean de la Croix. Ce regard réciproque entre Jésus et l'âme « épouse » est pour Thérèse comme le symbole de la vie contemplative.



Note: 3. Par goût, Thérèse répugne à « compter ». C'est « par charité » pour soeur Marthe qu'elle reprend en juillet 1893 son « chapelet de pratiques » (LT 144); Thérèse convient qu'à cette époque, cette ascèse lui est « très utile ».



Note: 4. « et même... nos défaillances »: c'est le trait de génie de cette prière d'allure si modeste, et déjà le secret du retournement thérésien qui dynamisera la « petite voie ». Cf. Prières, p. 66.



Introduction à la prière n 4:

HOMMAGE A LA TRÈS SAINTE TRINITÉ


-DOC.: CE 11, 180v /181r .
-DATE: février 1894.
-COMPOSÉE POUR: elle-même et soeur Marthe de Jésus.
-PUBLICATION: HA 53, PP. 255s.

Pour situer cette prière de « réparation », il est intéressant de la replacer dans le grand courant de réparation qui s'est développé au XIXe siècle, encore sous le choc des violences antireligieuses de la Révolution de 1789. Disons tout de suite qu'à part sa destination à la Sainte Trinité, ce texte n'a rien de commun avec les formules répandues à l'époque. En 1885, Thérèse enfant a été affiliée à l'Archiconfrérie Réparatrice de Saint-Dizier (1847) et à la Confrérie de la Sainte-Face de Tours (1876). On sait le rôle important joué par M. Dupont, « le saint homme de Tours », et par soeur Marie de Saint-Pierre, de Tours aussi, dans le développement du mouvement réparateur. L'apparition de la Salette (19 septembre 1846) ne pouvait que renforcer cet élan. Thérèse a sûrement connu l'opuscule: « Association de prières contre le blasphème, les imprécations et la profanation des jours de dimanche et de fête ». Souvent exploités sans discrétion, sur fond apocalyptique, ces courants de piété ont favorisé la multiplication de « victimes de la Justice de Dieu » (MSA 84r ). Cf. PRI 6.



Note: 1. En deux semaines, le « Nombre de toutes les mélodies chantées par les oiseaux » (c'est-à-dire les sacrifices de Thérèse et de Marthe, notés sur un feuillet) est de 208; même comptabilité pour les « instruments de musique », les « pierres précieuses » et le « parfum des fleurs ».



Note: 2. Allusion probable au travail du dimanche, profanation déplorée par la Vierge de la Salette.



Note: 3. Cf. LT 261 où les « indélicatesses » sont le fait des « amis » de Jésus; les « âmes sacerdotales et religieuses » sont l'un des grands soucis de la prière de Thérèse; cf. MSA 69,2v .



Introduction à la prière n 5:

FLEURS MYSTIQUES


-DOCUMENT: autographe.
-DATE: pour le 20 novembre 1894.
-COMPOSÉE POUR: soeur Marie-Madeleine.
-PUBLICATION: Prières (1988).

Sur le carnet (10 x 8,3 cm), conservé dans une enveloppe, Mère Agnès a écrit: « Petit cahier écrit par Sr Thérèse de l'Enfant Jésus pour préparer Sr Marie-Madeleine à sa profession. » Première professe de Mère Agnès et très attachée à celle-ci, Marie-Madeleine fuit Thérèse, trop perspicace à son gré. Tenue à une grande discrétion à l'égard d'une compagne aussi ombrageuse, Thérèse lui propose un recueil des plus modestes. Il suit exactement le schéma de celui préparé en 1884 par soeur Agnès pour la première communion de Thérèse. Notons enfin qu'en 1910, soeur Marie-Madeleine a toujours « ce petit carnet dans sa cellule » (PA, p. 591).



Note: 1. Un adjectif rare chez Thérèse: MSA 79r; PN 54,7; et ici.



Note: 2. Quelques-unes portent la marque de Thérèse, mais l'ensemble reste conventionnel.



Note: 3. Cf. « Une carmélite qui ne serait pas apôtre cesserait d'être fille de la Séraphique Sainte Thérèse » (LT 198).



Note: 4. Allusion délicate à la condition de soeur converse de Marie-Madeleine.



Note: 5. Selon une tradition orale, transmise par soeur Geneviève, Thérèse disait à l'élévation de l'hostie à la messe et elle faisait dire aux novices: « Père Saint, regardez la Face de votre Jésus, et de tous les pécheurs faites autant d'élus. » Nous savons également qu'à l'élévation du calice, Thérèse disait: « O Sang divin de Jésus, arrosez notre terre, faites germer les élus! », s'inspirant ici de soeur Marie de Saint-Pierre.



Note: 6. Même expression en MSA 25,1r , pour la première communion de Céline.



Introduction à la prière n 6:

ACTE D'OFFRANDE A L'AMOUR MISERICORDIEUX


-DOCUMENT: autographe, ft C.
-DATE: 9 juin 1895.
-PUBLICATION.: HA 98 pp. 257-259.

Il existe dans les Archives du Carmel de Lisieux une première version de cet Acte d'Offrande, rédigée de la main de Thérèse, les 9-11 juin 1895. Ce texte a été reproduit en fac-similé dans les « Pièces jointes » de l'édition photocopique des Manuscrits autobiographiques, 1956. Il comporte quelques légères divergences avec la version définitive que nous donnons ici. Celle-ci a été rédigée par Thérèse pour Mère Agnès, fin 1896 ou début 1897, largement diffusée dans la suite et approuvée par l'Eglise. Pour l'étude détaillée des documents, voir Prières 1988, pp. 77s.
Pour l'essentiel, l'offrande de Thérèse a été faite sans formule, en peu de mots, pendant la messe du 9 juin 1895, fête de la Sainte Trinité. Mais dès le début, elle prévoit la communication de cet appel, et d'abord à sa soeur Céline. D'où la nécessité d'un texte rédigé, qui puisse être par ailleurs soumis à l'autorisation des supérieurs. Ecoutons le témoignage de soeur Geneviève: « Au sortir de cette messe, elle m'entraîna à sa suite, à la recherche de notre Mère, elle semblait comme hors d'elle-même et ne me parlait pas. Enfin ayant trouvé notre Mère (Agnès de Jésus) elle lui demanda la permission de s'offrir avec moi en victime à l'Amour miséricordieux. Elle lui donna une courte explication. Notre Mère était pressée, elle ne sembla pas trop comprendre ce dont il s'agissait et permit tout, tant elle avait confiance en la discrétion de soeur Thérèse de l'Enfant Jésus » (PO, p. 281). Les deux soeurs se retrouvent le mardi 11 juin, agenouillées devant la statue de la Vierge du Sourire pour s'offrir « ensemble ».
A la fin de 1895, Thérèse revient, dans son Manuscrit A (MSA 84,1r /v ) sur l'illumination du 9 juin: « Je pensais, écrit-elle, aux âmes qui s'offrent comme victimes à la Justice de Dieu afin de détourner et d'attirer sur elles les châtiments réservés aux coupables ». On peut se demander si, le 9 juin 1895, Thérèse ne pense pas plus particulièrement à cette soeur Marie de Jésus, carmélite de Luçon, dont la circulaire vient justement d'arriver à Lisieux le 8 juin. Cette soeur « s'est bien souvent offerte comme victime à la Justice divine », révèle sa circulaire. Son agonie le Vendredi Saint 1895 est terrible. La mourante laisse échapper ce cri d'angoisse: « Je porte les rigueurs de la Justice divine... la Justice divine!... la Justice divine!... » Et encore: « Je n'ai pas assez de mérites, il faut en acquérir. » Le récit est impressionnant, il a pu frapper les auditrices (cf. Prières, p.84).



Note: 1. A propos de ce titre de Thérèse, faisons trois remarques: - Le mot « offrande » figure dans le rappel de ses dates importantes: « Offrande de moi-même à l'Amour » (MSA 86r ); à l'infirmerie: « mon offrande à l'Amour » (CJ 29.7.9, « mon offrande » (8.8.2. - Le mot «holocauste » signifie « entièrement brûlé ». Dans l'Ancien Testament, la victime d'holocauste offerte en sacrifice était brûlée entièrement, en l'honneur de Dieu. Cf. Ex 29. - Et enfin, l'expression « Amour Miséricordieux » apparaît ici pour la première fois comme telle dans les Ecrits.



Note: 2. Formule qui revient fréquemment dans les lettres. Par exemple, en février 1897, Thérèse écrira: « Je désirerai au Ciel la même chose que sur la terre: Aimer Jésus et le faire aimer » (LT 220).



Note: 3. On a là le mouvement fondamental de la « petite voie »: désir incoercible, constat d'impossibilité, rebondissement dans l'espérance; à comparer avec MSA 32r et MSC 2,2v .



Note: 4. Après avoir invoqué la Trinité, Thérèse s'adresse ici au Père; plus loin elle parlera à Jésus (« la Sainte Communion, le sceptre de la Croix »).



Note: 5. « Et dans son Coeur brûlant d'Amour »: mots d'abord absents de la première rédaction, ajoutés sur la requête de soeur Marie du Sacré-Coeur (comme plus loin, l'expression « consoler votre Coeur sacré »). En réalité, Thérèse contemple bien, le 9 juin, le « Coeur » de Jésus: « O mon Dieu! votre Amour méprisé va-t-il rester en votre Coeur? » MSA 84r ).



Note: 6. L'Acte sera lu aux pieds de la statue de Marie; et ce geste exprime une réalité constante de la vie de Thérèse qui remet tout à Dieu par les mains de Marie.



Note: 7. Sur cette citation de saint Jean de la Croix, voir MSC 31r , n. 59 ().



Note: 8. Suivant le désir de Thérèse, Mère Agnès fit contrôler le texte de l'Acte d'Offrande par un théologien, dès 1895. Après l'avoir examiné, le P. Armand Lemmonier le soumit à son supérieur (et homonyme) qui fit changer l'expression « désirs infinis » en « désirs immenses ». Thérèse obéit, bien qu'elle ait déjà parlé de « désirs infinis » en LT 107 et RP 2; voir aussi la demande de « l'amour infini » en PRI 2. Théologiquement, Thérèse avait raison: elle ne restreint pas Dieu à la mesure de l'homme (que ce soit son péché ou ses désirs), mais elle ajuste l'homme à la mesure de Dieu, en l'ouvrant à l'infini (cf. Thomas d'Aquin et Catherine de Sienne).



Note: 9. Bien que Mère Agnès de Jésus et soeur Marie de la Trinité aient vu dans cette formule une demande de miracle (maintien de la présence réelle en Thérèse sous la forme des saintes espèces), il semble que la perspective de Thérèse soit autre. En fait, elle demande la prise de « possession » d'elle-même par Celui qui ne transforme le pain en son Corps que pour transformer le communiant en Lui-même. Cf. Prières, pp. 95s.



Note: 10. A rapprocher du récit de la première communion (MSA 35r ).



Note: 11. Thérèse a pu lire cette idée en maints endroits du Cantique spirituel par exemple: «Quand il s'agit de Dieu, regarder c'est aimer » (Explication de la str. XXXII, t. II, p. 28; voir aussi, de saint Jean de la Croix, la Glose sur le Divin).



Note: 12. L'action de grâce pour toute sa vie passée est le mouvement même du Ms. A tout entier. Au printemps 1895, Thérèse rend grâce « en particulier » de cette « inexprimable grâce / D'avoir souffert » (PN 16,1). Elle n'en demande pas le renouvellement, ni ne le refuse d'ailleurs. Sur les réactions de soeur Marie du Sacré-Coeur et de soeur Geneviève, cf. Prières, p. 99.



Note: 13. Sainte de l'instant présent et de la pauvreté spirituelle, Thérèse ne fait aucune réserve: pas plus de dettes à expier au purgatoire que de mérites à faire valoir comme un droit à la récompense. Thérèse ne nie pas qu'elle ait des mérites (MSC 33,1r /v ), mais elle refuse de thésauriser. Et surtout, il s'agit ici, comme dans l'offrande tout entière, moins de donner que de recevoir gratuitement.



Note: 14. Cf. la Maxime 70 de saint Jean de la Croix, citée par Thérèse en LT 188: « Au soir de cette vie, on vous examinera sur l'amour. »


Note: 15. Thérèse prend donc ses distances à l'égard même de sainte Thérèse d'Avila qui écrivait: « Coûte que coûte, Seigneur, ne me laissez pas plus longtemps paraître devant vous les mains vides puisque vous devez mesurer le salaire sur les oeuvres » (Vie par elle-même, chap. XXI, pp. 239s.). Cf. Conrad De Meester, Les mains vides. Le message de Thérèse de Lisieux, nlle édition, Cerf, 1988.



Note: 16. C'est l'une des formules stéréotypées qui terminent nombre de circulaires de carmélites, à cette époque.



Note: 17. Dès 1923, l'Eglise a attaché des Indulgences à la récitation de cette dernière partie de l'Acte d'Offrande, pour encourager les fidèles à la faire leur.



Note: 18. A l'infirmerie, Thérèse soulignera le retentissement de son offrande jusqu'en ses actes les plus simples: « Tout ce que je fais, - les mouvements, les regards, tout, depuis mon offrande, c'est par amour » (CJ 8 8.2.



Note: 19. C'est l'un des souhaits les plus constants de Thérèse depuis sa jeunesse religieuse; elle y revient quelque vingt-cinq fois dans ses écrits; cf. les références en Prières, p. 101.


Note: 20. Cf. PN 17,14 PN 15. Il est maintes fois question de la « mort d'amour » en saint Jean de la Croix dont Thérèse est si imprégnée. Cf. CJ 27.7.5 et 31.8.9.



Note: 21. Allusion probable au purgatoire. Cf. MSA 84,2v .



Note: 22. Thérèse a fréquemment rencontré ce terme nuptial « d'embrassement » dans le Cantique spirituel à propos du mariage spirituel de l'âme avec Dieu.



Note: 23. Cf. CJ 29.7.9.



Introduction à la prière n 7:

PRIÈRE A JÉSUS AU TABERNACLE


-DOCUMENT: CE II 180r /V .
-DATE: 16 juillet 1895.
-COMPOSÉE POUR: soeur Marthe.
-PUBLICATION: HA 53, P. 261.

Cette prière a été composée pour soeur Marthe de Jésus, à sa demande (PA, p. 590), pour ses trente ans. Comme elle est soeur converse, sa journée s'achève par une visite au Saint Sacrement, pendant le grand silence. Elle y inclut son examen de conscience, exercice souvent peu agréable, surtout pour un tempérament facilement « triste » et prompt à se « décourager » (PRI 7 PRI 20).



Note: 1. On ne trouve pas de méthode d'oraison, à proprement parler, dans les écrits de Thérèse. Ces lignes n'en sont que plus précieuses, qui précisent l'attitude à garder en dehors de l'oraison: union à Dieu dans la journée, charité fraternelle, renoncement habituel.



Note: 2. Emploi unique de ce mot. Considérer Jésus comme le seul « Réparateur » de l'homme relève de la plus ancienne tradition patristique et monastique.



Note: 3. Mot très rare chez Thérèse (MSA 33r et MSA 48r ), même si elle vit la chose constamment.

Note: 4. Toute cette finale, et plusieurs touches de cette prière sont à rapprocher de la poésie Au Sacré-Coeur (PN 23) qui est probablement de juin 1895.



Introduction à la prière n 8:

PRIÈRE POUR L'ABBÉ BELLIERE


-DOCUMENT: autographe.
-DATE: entre le 17 et le 21 octobre 1895.
-COMPOSÉE POUR: Maurice Bellière, séminariste.
-PUBLICATION: HA 53, PP. 262s.

Thérèse a composé cette prière spontanément, à l'intention de son nouveau frère spirituel, confié à elle par Mère Agnès, en octobre 1895 (cf. MSC 31,2v s.). Celle-ci joint la prière de Thérèse à sa réponse positive au séminariste.



Note: 1} . Le soulignement de « toutes » répond à la demande du séminariste. Pour bien comprendre le sens de cette offrande exclusive, voir le récit de Thérèse, MSC 33,2v .



Note: 2. C'est la prière que Thérèse demandera à son frère de faire pour elle, cf. LT 220.


Note: 3. Ceux de la caserne surtout, alors que les « traces d'une vie légère » ne sont pas encore effacées pour le jeune homme, comme il vient de l'écrire.



Note: 4. Une dévotion privilégiée de M. Bellière qui ajoute à sa signature: « Garde d'Honneur du Sacré-Coeur ».



Note: 5. Réminiscence de la prière de Thérèse Durnerin, cf. LT 101 et RP 2, note 25).



Note: 6. Réminiscence du Salve Regina.



Introduction à la prière n 9:

PRIÈRE DE CÉLINE ET DE THÉRÈSE


-DOCUMENT: autographe.
-DATE: Noël 1895.
-COMPOSÉE POUR: soeur Geneviève.
-PUBLICATION: Lettres 1948, p. 305.

Ce texte se trouve au verso d'une image à dentelle représentant un Enfant Jésus fauchant des lys; sous la gravure, texte imprimé: « Heureux le lis resté sans tache jusqu'à l'heure de la moisson, sa blancheur brillera éternellement au paradis. » Sous deux lys fauchés, on lit « Thérèse » et « Céline », de la main de soeur Geneviève (après le 30/9/1897). Cette image va être déposée dans la sandale de la novice, la nuit de Noël. Ce geste très simple souligne que Thérèse reste présente, vigilante dans l'affection fraternelle, au milieu des difficultés que rencontre soeur Geneviève pour son admission à la profession; cf Prières, pp. 110-111.



Note: 1. Rappelons la pensée de Thérèse à ce sujet en MSA 82,1r et CJ 16.7.2.



Note: 2. C'est l'adverbe central de la prière, traduisant l'intimité des deux soeurs, depuis huit ans surtout; cf. CG, pp. 223 et 1364; MSA 47,2v et MSC 8,2v . Pour le symbole de la fleur, cf. LT 134.



Introduction à la prière n 10:

OFFRANDE DE LA JOURNÉE



-DOCUMENT: copie MSC.
-DATE: 1895 (?).
-COMPOSÉE POUR: Edith de Mesmay.
-PUBLICATION: NV 1927, PP. 212s.

Cette prière fut composée « pour une personne du monde », Edith de Mesmay (1860-1927), née de La Porte de Sainte Gemme, amie privilégiée de Marie Martin au pensionnat de la Visitation du Mans. On peut tenir pour certain que Marie du Sacré-Coeur a demandé cette prière à Thérèse pour son amie Edith. Anciennes élèves de la Visitation, elles ont en commun une grande dévotion au Sacré-Coeur.



Note: 1. Il n'est pas exclu que Thérèse mette une nuance entre prier « à l'intention de quelqu'un », c'est-à-dire en faveur de cette personne (LT 226) et prier « dans les intentions » de cette personne, c'est-à-dire avec elle, en épousant ce qui lui tient à coeur, comme c'est le cas ici. Les recueils de prières de l'époque renferment bon nombre de formules d'offrande de la journée en union avec le Sacré-Coeur.



Note: 2. Echo de l'Acte d'Offrande (PRI 6). Les similitudes d'expression avec ce texte permettent de proposer la date du second semestre 1895 pour cette Pri 10.



Introduction à la prière n 11:

QUE JE TE RESSEMBLE


-DOCUMENT: autographe.
-DATE: 1896 (?).
-PUBLICATION: DE, p. 5l7.

Parchemin (7 x 4,2 cm) plié en deux. A l'intérieur, du côté gauche, une vignette de la Sainte Face de Tours. Texte: au-dessus de la vignette: « Fais que je t R. »; au-dessous: « Jésus!... » Sur l'enveloppe où il est conservé, soeur Geneviève a écrit tardivement, au crayon: « Parchemin que Ste Thérèse de l'Enft J portait avec d'autres prières, dans un petit sachet épinglé sur sa poitrine ». - Thérèse a souvent exprimé les désirs que lui inspirait la contemplation de la Sainte Face (cf. CJ 5 8.9. Elle l'a chanté dans une poésie: «Mon Ciel ici-bas!... (PN 20). Elle l'a redit dans ses prières passionnées (PRI 12 et PRI 16 ). Elle résume tout cela ici dans un cri d'amour: aspiration à la parfaite transformation en son Bien-Aimé, à la configuration à Jésus en sa Passion. On a là comme la prière intemporelle et fondamentale de « Thérèse de la Sainte-Face » (sur la «ressemblance», cf. Prières, p. 117).



Introduction à la prière n 12:

CONSÉCRATION A LA SAINTE FACE


-DOCUMENT: autographe.
-DATE: 6 août 1896.
-COMPOSÉE POUR: elle-même, soeur Geneviève
et soeur Marie de la Trinité.
-PUBLICATION: HA 98, pp. 260 262, sans le r;
pour ce dernier: Mss 1, pp. 20s
-Les "mots entre ces guillemets" sont écrits par Thérèse à l'encre rouge.

Cette prière a été composée pour le 6 août 1896, fête de la Transfiguration. Thérèse choisit cette date pour se consacrer solennellement à la « Face Adorable de Jésus » avec celles de ses compagnes de noviciat qui portent le nom « de la Sainte Face ». Une première version, avec d'importantes variantes, est reproduite en Prières, pp. 124s.- La prière est écrite au verso d'un petit carton (13 x 9 cm). Au recto, une image reproduisant la Sainte Face de Tours est entourée de trois médaillons ovales disposés en demi-couronne. Ils contiennent les photographies des signataires dont les noms sont reproduits.



Note: 1. Thérèse rappelle en initiales les prénoms de baptême de chacune: « C. » pour soeur Geneviève (Céline); « L. J. » (Louise- Joséphine) pour Marie de la Trinité; « Marie F. » (Marie-Françoise) pour elle-même. Soeur Geneviève de Sainte-Thérèse s'appelait primitivement « Marie de la Sainte Face » (cf. LT 174) et soeur Marie de la Trinité, « Marie-Agnès de la Sainte Face » (cf. PN 11 PN 12). Cette dernière avait depuis l'enfance une dévotion marquée à la Sainte Face. Thérèse fut la première carmélite de Lisieux à porter le « titre de noblesse » (cf. LT 118) « de la Sainte Face », comme d'ailleurs celui «de l'Enfant Jésus ».



Note: 2. Jean de la Croix, Cantique spirituel, Annotation sur la str. XXIX. C'est la première fois que la citation apparaît dans les Ecrits. Elle sera reprise en MSB 4,2v; LT 221 LT 245.



Note: 3. Jean de la Croix, La Vive Flamme d'Amour, str. I, explication du v. 6 VFB 1,6 (passage que Thérèse cochera d'une croix au crayon, à l'infirmerie, en 1897, cf. DE, p. 493). A remarquer que, si elle ne cite cette parole qu'en 1896-1897, elle en vit depuis des années; cf. CJ 27.7.5.



Note: 4. Thérèse s'inspire ici des Litanies de la Sainte Face: « O Face adorable, plus fraîche que les roses du printemps ».



Note: 5. Ce verset (Jn 19,28) est à l'origine de l'ardeur apostolique de Thérèse: cf. MSA 45,2v , MSA 46,2v . Quelques semaines plus tard, dans le Manuscrit B (8/9/96) cette soif des âmes va s'exprimer dans sa dimension universelle. Cf. aussi PN 31.



Note: 6. La plupart des recueils de Tours proposent un « Cri d'amour » où on lit: « Des âmes! Des âmes! Il nous faut des âmes ».



Note: 7. Cette finale fait écho à PN 20: Mon Ciel ici-bas (12 août 1895) et PN 32: Mon Ciel à moi (7 juin 1896); entre ces deux poésies se situe l'entrée de Thérèse dans la nuit de la foi.



Introduction aux prières n 13 à 16:

-DOCUMENT: autographe.
-DATE: été (?) 1896.
-PUBLICATION: HA 07, P. 305 (PRI 13 PRI 15);
HA 98, p. 260 (Pri 14 et 16).

Pour les besoins de l'analyse on a dissocié les quatre prières (13 à 16) regroupées par Thérèse en une seule image de bréviaire. Pour elle, il s'agit d'un document qui est comme sa carte d'identité, résumant son nom religieux. Elle l'a composée pour elle-même, sans doute durant l'été 1896. Au recto du carton (8,6 x 12,8 cm) est collée une image de Jésus adolescent (4,9 x 6,5); au dessus et de chaque côté se trouve le texte de Pri 13; au-dessous, texte de Pri 14. Au verso image de la Sainte Face (3,1 x 4,4) identique à celle de Pri 12. Au-dessus et dans les marges, texte de Pri 15, au-dessous, texte de Pri 16.

Pri n 13 - PÈRE ETERNEL, VOTRE FILS UNIQUE




Note: 1. Le qualificatif est exceptionnel chez Thérèse (ici et PRI 15); elle écrit plutôt " Père Céleste " (LT 107 LT 247; MSC 34,1r /v ), «Père Saint» (MSC 34,2v ), «Père miséricordieux» (LT 220).



Note: 2. On peut penser ici à saint Jean de la Croix et à sa « Prière de l'âme embrasée d'amour »: « Les cieux sont à moi; la terre est à moi (...) Jésus-Christ tout entier.» On y entend aussi l'écho de l'Acte d'Offrande, qu'elle redit « bien souvent ». Cf. aussi LT 137.

Pri n 14: A L'ENFANT JÉSUS




Note: 1. C'est la réponse du « jeune enfant » rencontré un jour par Thérèse d'Avila sous un cloître; cf. Les fioretti de sainte Thérèse d'Avila, par J. Gicquel, o.c.d. (Cerf, 1977, p. 14).



Note: 2. Thérèse a sous les yeux un Enfant d'une dizaine d'années.
De l'index gauche, il montre son coeur, et il pointe le droit vers le ciel, détail qui touche Thérèse en pleine épreuve de la foi. Elle le gardera sous les yeux à l'infirmerie; cf. CJ 25.7.4.



Note: 3. Expression tirée du Cantique spirituel: « Quand vous me regardiez / Vos yeux imprimaient en moi votre grâce... » On sait combien Thérèse aimait ces strophes (str. XXXII, XXXIII, XXXVI). A signaler une nouvelle fois la place importante de Jean de la Croix dans l'itinéraire spirituel de Thérèse en cet été 1896. C'est en effet la quatrième fois qu'elle s'inspire de ses pensées pour réaliser des images de bréviaire: Glose sur le Divin (PN 30); LT 188, image avec portrait du saint et ses pensées au v; la Consécration à la Sainte Face (PRI 12); et le présent signet.



Note: 4. Il faut se rappeler qu'il s'agit non de mièvrerie mais de ces « humbles vertus » (PN 35,3) à l'opposé de la vertu orgueilleuse dénoncée par Lucifer peu auparavant (RP 7, Le Triomphe de l'Humilité). Ce texte gracieux (PRI 14) tient, dans ces Prières, le rôle du « petit enfant » ou du « petit oiseau » dans le Manuscrit B. presque contemporain. Cf. PN 13, note 4 (PN 1304)



Note: 5. C'est le « dies natalis » du martyrologe dont Thérèse entendait lire la traduction française chaque soir au réfectoire. Et c'est ici l'unique fois où elle parle en ces termes de sa propre mort.

Pri n 15 PUISQUE VOUS M'AVEZ DONNE




Note: 1. Transcription simplifiée de paroles intérieures entendues par soeur Marie de Saint-Pierre (le 28/10/1845), citées dans sa Vie, p. 234, et devenues la sixième des « Promesses de Notre Seigneur » à qui honorera sa Sainte Face. Plusieurs des expressions utilisées par Thérèse dans ce signet viennent de cette source (« Père éternel », « imprimer... sa divine ressemblance »).

Pri n 16 A LA SAINTE FACE




Note: 1. Avec audace, Thérèse s'approprie et transpose la parole qui concernait Jésus enfant. De l'anecdote, elle passe au mystère du nom, en mettant à égalité les deux vocables qui sont les siens: Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face.



Note: 2. On retrouve à nouveau le Cantique spirituel, str. XXXVI, Explication du v. 2: « Faites-moi la grâce de me transformer tellement en votre beauté et de devenir si parfaitement semblable à vous, que nous puissions nous contempler l'un et l'autre en cette beauté divine. »



Note: 3. « Ne pas voir... ne pas sentir »: attitude fondamentale de foi chez Thérèse, encore accentuée par l'épreuve de Pâques 1896. « Par amour », elle accepte d'être privée des manifestations sensibles de l'amour.



Note: 4. Expression inspirée de saint Jean de la Croix qui écrit toutefois: « se consommant rapidement » (cf. PRI 12).


Introduction à la prière n 17:

SEIGNEUR, DIEU DES ARMÉES


-DOCUMENT: CE 11, 175r /v .
-DATE: 1896-1897.
-PUBLICATION: HA 07, pp. 306 307 (retouchée)
Prières 1988, pp. 50s.

La critique interne permet de dater cette prière durant l'hiver 1896-1897 (cf. Prières, pp. 133s). En cet hiver, la tuberculose progresse et mine les forces de Thérèse qui pressent sa mort bien proche. De plus, les tentations contre la foi la harcellent. Dans ce combat solitaire, elle regarde vers Jeanne d'Arc. A quelle « image » de Jeanne d'Arc se réfère le titre (qui n'est pas de Thérèse, mais de la copie du Procès)? Les mots de « prisonnière » et de « chaîne » (dans la Prière) donneraient à penser qu'il s'agit de VTL n 13, Jeanne (= Thérèse) en prison.




Les Prières de Ste Thérèse. - Introduction à la prière n 1