Sales: Amour de Dieu 890

CHAPITRE IX. Suite de discours commencé. Comme chacun doit aimer, quoique non pas pratiquer, tous les conseils évangéliques

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et comme néanmoins chacun doit pratiquer ce qu’il peut.

Encore que tous les conseils ne puissent, ni doivent être pratiqués par chaque chrétien en particulier, si est-ce qu’un chacun est obligé de les aimer tous, parce qu’ils sont tous très bons. Si vous avez la migraine, et que l’odeur du muse vous nuise, laisserez-vous pour cela d’avouer que cette senteur soit bonne et agréable? Si une robe d’or ne vous est pas advenante, direz-vous qu’elle ne vaut rien? Si une bague n’est pas pour votre doigt, la jetterez-vous pour cela dans la boue? Louez donc, Théotime, et aimez chèrement tous les conseils que Dieu a donnés aux hommes. O que béni soit à jamais l’ange du grand conseil, avec tous les avis qu’il donne, et les exhortations qu’il fait aux humains ! Le coeur est réjoui par les onguents et bonnes senteurs, dit Salomon, et par les bons conseils de l’ami, l’âme est adoucie (1). Mais de quel ami et de quels conseils parlons-nous? O Dieu! c’est de l’ami des amis, et ses conseils sont plus aimables que le miel ! L’ami, c’est le Sauveur; ses conseils sont pour le salut.

Réjouissons-nous, Théotime, quand nous verrons des personnes entreprendre la suite des conseils que nous ne pouvons ou ne devons pas observer : prions pour eux, bénissons-les, favorisons-les et les aidons; car la charité nous oblige de n’aimer pas seulement ce qui est bon pour nous, mais d’aimer encore ce qui est bon pour le prochain.

Nous témoignerons assez d’aimer tous les conseils, quand nous observerons dévotement ceux qui nous seront convenables; car tout ainsi que celui qui croit un article de foi d’autant que Dieu l’a révélé par sa parole annoncée et déclaré par l’Eglise, ne saurait mécroire (2) les autres; et celui qui observe un commandement pour le vrai amour de Dieu, est tout prêt à observer les autres quand l’occasion s’en présentera; de même celui qui aime et estime un conseil évangélique, parce que Dieu l’a donné, il ne peut qu’il n’estime consécutivement tous les autres, puisqu’ils sont aussi de Dieu. Or, nous pouvons aisément en pratiquer plusieurs, quoique non pas tous ensemble ; car Dieu en a donné plusieurs, afin que chacun en puisse observer quelques-uns, et il n’y a jour que nous n’en ayons quelque occasion.

(1)
Pr 28,9
(2) Mécroire, refuser de croire.


La charité requiert-elle que, pour secourir votre père ou votre mère vous demeuriez chez eux, conservez néanmoins l’amour et l’affection à Votre retraite, ne tenez votre coeur au logis paternel qu’autant qu’il faut pour y faire ce que la charité vous ordonne. N’est-il pas expédient, à cause de votre qualité, que vous gardiez la parfaite chasteté; gardez-en donc au moins ce que, sans faire tort à la charité, vous en pourrez garder. Qui ne peut faire le tout, qu’il fasse quelque partie. Vous n’êtes pas obligé de rechercher celui qui vous a offensé, car c’est à lui de revenir à soi, et venir à vous pour vous donner satisfaction, puisqu’il vous a prévenu par injure et outrage; mais allez néanmoins, Théotime, faites ce que le Sauveur vous conseille, prévenez-le au bien, rendez-lui bien pour mal, jetez sur sa tête et sur son coeur un brasier ardent de témoignages de charité (1) qui le brûle tout, et le force de vous aimer. Vous n’êtes pas obligé par la rigueur de la loi de donner à tous les pauvres que vous rencontrez, ains seulement à ceux qui en ont très grand besoin; mais ne laissez pas pour cela, suivant le conseil du Sauveur, de donner volontiers à tous les indigents que vous trouverez, autant que votre condition et que les véritables nécessités de vos affaires vous le permettront. Vous n’êtes pas obligé de faire aucun voeu, mais faites-en pourtant quelques-uns qui seront jugés propres par votre père spirituel pour votre avancement en l’amour divin. Vous pouvez librement user du vin dans les termes de la bienséance; mais, selon le conseil de saint Paul à Timothée, n’en prend que ce qu’il faut pour soulager votre estomac.

(1) Rm 12,20

Il y a divers degrés de perfection ès conseils: de prêter aux pauvres, hors la très grande nécessité, c’est le premier degré du conseil de l’aumône, et c’est un degré plus haut de leur donner, plus haut encore de donner tout, et enfin encore plus haut de donner sa personne, en la vouant au service des pauvres. L’hospitalité, hors l’extrême nécessité, est un conseil : recevoir l’étranger est le premier degré d’icelui; mais aller sur les avenues des chemins pour les semondre (1), comme faisait Abraham, c’est un degré plus haut, et encore plus de se loger ès lieux périlleux, pour retirer, aider et servir les passants : en quoi excella ce grand saint Bernard de Menthon, originaire de ce diocèse, lequel, étant issu d’une maison fort illustre, habita plusieurs années entre les jougs (2) et cimes de nos Alpes, y assembla plusieurs compagnons, pour attendre, loger, secourir, délivrer des dangers de la tourmente les voyageurs et passants, qui mourraient souvent entre les orages, les neiges et froidures, sans les hôpitaux que ce grand ami de Dieu établit et fonda ès deux monts, qui pour cela sont appelés de son nom, Grand-Saint-Bernard, au diocèse de Sion, et Petit-Saint-Bernard, en celui de Tarentaise. Visiter les malades qui ne sont pas en extrême nécessité, c’est une louable charité; les servir est encore meilleur; mais se dédier à leur service, c’est l’excellence de ce conseil, que les clercs de la Visitation des infirmes exercent par leur propre institut; et plusieurs dames en divers lieux, à l’imitation de ce grand saint Samson,

(1) Semondre, exhorter, reprendre.
(2) Jougs, en latin juga, sommets, quelquefois chaman de montagnes.

gentilhomme et médecin romain, qui, en la ville de Constantinople, où il fut prêtre, se dédia tout à fait, avec une admirable charité, au service des malades, en un hôpital qu’il y commença, et que l’empereur Justinien éleva et paracheva; à l’imitation des saintes Catherine de Sienne et de Gênes, de sainte Elisabeth de Hongrie, et des glorieux amis de Dieu, saint François et le bienheureux lgnace de Loyola, qui, au commencement de leurs ordres, firent cet exercice avec ardeur et utilité spirituelle incomparable.

Les vertus ont donc une certaine étendue de perfection, et, pour l’ordinaire, nous ne sommes pas obligés de les pratiquer en l’extrémité de leur excellence: il suffit d’entrer si avant en l’exercice d’icelles, qu’en effet on y soit. Mais de passer outre, et s’avancer en la perfection, c’est un conseil; les actes héroïques des vertus n’étant pas pour l’ordinaire commandés, ains seulement conseillés. Que si, en quelque occasion, nous nous trouvons obligés de les exercer, cela arrive pour des occurrences rares et extraordinaires, qui les rendent nécessaires à la conservation de la grâce de Dieu. Le bienheureux portier de la prison de Sébaste, voyant l’un des quarante qui étaient lors martyrisés perdre le courage et la couronne du martyre, se mit en sa place, sans que personne le poursuivit, et fut ainsi le quarantième de ces glorieux et triomphants soldats de notre Seigneur. Saint Adauctus, voyant que l’on conduisait saint Félix au martyre: Et moi, dit-il, sans être pressé de personne, je suis aussi bien chrétien que celui-ci, adorant le même Sauveur; puis baisant saint Félix, s’achemina avec lui au martyre, et eut la tête tranchée. Mille des anciens martyrs en firent de même; et pouvant également éviter et subir le martyre sans pécher, ils choisirent de le subir généreusement plutôt que de l’éviter loisiblement (1). En ceux-ci donc le martyre fut un acte héroïque de la force et constance qu’un saint excès d’amour leur donna. Mais quand il est force d’endurer le martyre, ou renoncer à la foi, le martyre ne laisse pas d’être martyre, et un excellent acte d’amour et de force; néanmoins je ne sais s’il le faut nommer acte héroïque, n’étant pas choisi par aucun excès d’amour, ains par la nécessité de la loi, qui en ce cas le commande. Or, en la pratique des actes héroïques de la vertu consiste la parfaite imitation du Sauveur, qui, comme dit le grand saint Thomas, eut dès l’instant de sa conception toutes les vertus en un degré héroïque; et certes, je dirais volontiers plus qu’héroïque, puisqu’il n’était pas simplement plus qu’homme, mais infiniment plus qu’homme, c’est-à-dire, vrai Dieu.

(1) Loisiblement, comme ils en avaient le loisir.


CHAPITRE X Comme il se faut conformer à la volonté divine qui nous est signifiée par les inspirations;

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et premièrement, de la variété des moyens par lesquels Dieu nous inspire.

Les rayons du soleil éclairent en échauffant, et échauffent en éclairant. L’inspiration est un rayon céleste qui porte dans nos coeurs une lumière chaleureuse, par laquelle il nous fait voir le bien, et nous échauffe au pourchas (2) d’icelui. Tout ce qui a vie sur terre s’engourdit au froid de l’hiver; mais au retour de la chaleur vitale du printemps tout

(2) Pourchas, recherche ardente.

reprend son mouvement. Les animaux terrestres courent plus vilement, les oiseaux volent plus hautement et chantent plus gaiement, et les plantes poussent leurs feuilles et leurs fleurs très agréablement. Sans l’inspiration, nos âmes vivraient paresseuses, percluses et inutiles; mais à l’arrivée des divins rayons de l’inspiration, nous sentons une lumière mêlée d’une chaleur vivifiante, laquelle éclaire notre entendement, réveille et anime notre volonté, lui donnant la force de vouloir et faire le bien appartenant au salut éternel. Dieu ayant formé le corps humain du limon de la terre, ainsi que dit Moïse, il inspira en icelui la respiration de vie, et il fut fait en âme vivante (1), c’est-à-dire en âme qui donnait vie, mouvement et opération au corps; et ce même Dieu éternel souffle et pousse les inspirations de la vie surnaturelle en nos âmes, afin que, comme dit le grand Apôtre, elles soient faites en esprit vivifiant (2), c’est-à-dire, en esprit qui nous fasse vivre, mouvoir, sentir et ouvrer les oeuvres de la grâce; en sorte que celui qui nous a donné l’être, nous donne aussi l’opération. L’haleine de l’homme échauffe les choses esquelles elle entre, témoin l’enfant de la Sunamite, sur la bouche duquel le prophète Elisée ayant mis la sienne, et haléné sur icelui, sa chair s’échauffa; et l’expérience est toute manifeste. Mais quant au souffle de Dieu, non seulement il échauffe, ains il éclaire parfaitement, d’autant que l’esprit divin est une lumière infinie, duquel le souffle vital est appelé inspiration; d’autant que par icelui cette suprême bonté halène et inspire en nous les désirs et intentions de son coeur.

(1)
Gn 2,7
(2) 1Co 15,45

Or, les moyens d’inspirer dont elle use sont infinis. Saint Antoine, saint François, saint Anselme et mille autres, recevaient souvent des inspirations par la vue des créatures. Le moyen ordinaire, c’est la prédication; mais quelquefois ceux auxquels la parole ne profite pas, sont instruits par la tribulation, selon le dire du prophète : L’affliction donnera intelligence à l’ouïe, c’est-à-dire, ceux qui par l’ouïe des menaces célestes sur les méchants ne se corrigent pas, apprendront la vérité par l’événement et les effets, et deviendront sages sentant l’affliction. Sainte Marie Égyptienne fut inspirée par la vue d’une image de Notre-Dame; saint Antoine oyant l’évangile qu’on lit à la messe; saint Augustin, oyant le récit de la vie de saint Antoine; le duc de Gandie, voyant l’impératrice morte; saint Pacôme, voyant un exemple de charité; le bienheureux Ignace de Loyola, lisant la vie des saints; saint Cyprien (ce n’est pas le grand évêque de Carthage, ains un autre qui fut laïc, mais glorieux martyr) fut touché voyant le diable confesser son impuissance sur ceux qui se confient en Dieu. Lorsque j’étais jeune, à Paris, deux écoliers, dont l’un était hérétique, passant la nuit au faubourg Saint-Jacques en une débauche, ouïrent sonner les matines des chartreux ; et l’hérétique demandant à l’autre à quelle occasion on sonnait, il lui fit entendre avec quelle dévotion on célébrait les offices sacrés en ce saint monastère. O Dieu, dit-il, que l’exercice de ces religieux est différent du nôtre! ils font celui des anges, et nous celui des bêtes brutes; et voulant voir par expérience, le jour suivant, ce qu’il avait appris par le récit de son compagnon, il trouva ces pères dans leurs formes (1), rangés comme des statues de marbre en une suite de niches immobiles, à toute autre action qu’à celle de la psalmodie, qu’ils faisaient avec une attention et dévotion vraiment angélique, selon la coutume de ce saint ordre; si que ce pauvre jeune homme, tout ravi d’admiration, demeura pris en la consolation extrême qu’il eut de voir Dieu si bien adoré parmi les catholiques, et se résolut, comme il fit par après, de se ranger dans le giron de l’Eglise, vraie et unique épouse de Celui qui l’avait visité de son inspiration, dans l’infâme litière de l’abomination en laquelle il était.

(1) Formes, stalles de choeur

O que bienheureux sont ceux qui tiennent leurs coeurs ouverts aux saintes inspirations! car jamais ils ne manquent de celles qui leur sont nécessaires pour bien et dévotement vivre en leurs conditions, et pour saintement exercer les charges de leurs professions. Car comme Dieu donne, par l’entremise de la nature, à chaque animal les instincts qui lui sont requis pour sa conservation et pour l’exercice de ses propriétés naturelles; aussi, si nous ne résistons pas à la grâce de Dieu, il donne à chacun de nous les inspirations nécessaires pour vivre, opérer, et nous conserver en la vie spirituelle. Hé! Seigneur, disait le fidèle Eliézer, voici que je suis près de cette fontaine d’eau; et les filles de cette cité sortiront pour puiser de l’eau. La jeune fille donc à laquelle je dirai: Penchez votre cruche, afin que je boive, et elle répondra: Buvez, ains je donnerai encore à boire à vos chameaux; c’est celle-là que vous avez préparée pour votre serviteur Isaac (1). Théotime, Éliézer ne se laisse entendre de désirer de l’eau que pour sa personne; mais la belle Rébecca, obéissant à l’inspiration que Dieu et sa débonnaireté lui donnaient, s’offre d’abreuver encore les chameaux. Pour cela elle fut rendue épouse du saint Isaac, belle-fille du grand Abraham, et grand’mère du Sauveur. Les âmes certes qui ne se contentent pas de faire ce que par les commandements et conseils le divin époux requiert d’elles, mais sont promptes à suivre les sacrées inspirations, ce sont celles que le Père éternel a préparées pour être épouses de son Fils bien-aimé. Et quant à son Eliézer, parce qu’il ne peut autrement discerner entre les filles de Haran, ville de Nachor, celle qui était destinée au fils de son maître, Dieu la lui fait connaître par inspiration. Quand nous ne savons que faire, et que l’assistance humaine nous manque en nos perplexités, Dieu alors nous inspire. Et si nous sommes humblement obéissants, il ne permet point que nous errions. Or, je ne dis rien de plus de ces inspirations nécessaires, pour en avoir souvent parlé en cet oeuvre, et encore en l’Introduction à la vie dévote.

(1) Gn 24,12-14


CHAPITRE XI De l’union de notre volonté à celle de Dieu ès inspirations qui sont données pour la pratique extraordinaire des vertus

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et de la persévérance en la vocation, première marque de l’inspiration.


Il y a des inspirations qui tendent seulement à une extraordinaire perfection des exercices ordinaires de la vie chrétienne. La charité envers les pauvres malades est un exercice ordinaire des vrais chrétiens, mais exercice ordinaire qui fut pratiqué en perfection extraordinaire par saint François et sainte Catherine de Sienne, quand ils léchaient et suçaient les ulcères des lépreux et chancreux; et par le glorieux saint Louis, quand il servait à genoux et tête nue les malades, dont un abbé de Cîteaux demeura tout éperdu d’admiration, le voyant en cette posture manier et agencer un misérable ulcéré de plaies horribles et chancreuses. Comme encore c’était une pratique bien extraordinaire de ce saint monarque de servir à table les pauvres les plus vils et abjects, et manger les restes de leurs potages. Saint Jérôme, recevant en son hôpital de Bethléem les pèlerins d’Europe qui fuyaient la persécution des Goths, ne leur lavait pas seulement les pieds, mais s’abaissait jusque-là que de laver encore et de frotter les jambes de leurs chameaux; à l’exemple de Rébecca dont nous parlions naguères, qui non seulement puisa de l’eau pour Eliézer, mais aussi pour ses chameaux. Saint François ne fut pas seulement extrême en la pratique de la pauvreté, comme chacun sait, mais il le fut encore en celle de la simplicité. Il racheta un agneau, de peur qu’on ne le tuât, parce qu’il représentait Notre-Seigneur. Il portait respect presque à toutes créatures, en contemplation de leur Créateur, par une non accoutumée, mais très prudente simplicité. Telles fois il s’est amusé à retirer les vermisseaux du chemin, afin que quelqu’un ne les foulât au passage, se ressouvenant que son Sauveur s’était parangonné (1) au vermisseau, Il appelait les créatures ses frères et soeurs, par certaine considération admirable que le saint amour lui suggérait. Saint Alexis, seigneur de très noble extraction, pratiqua excellemment l’abjection de soi-même, demeurant dix-sept ans inconnu chez son propre père à Rome en qualité de pauvre pèlerin. Toutes ces inspirations furent, pour des exercices ordinaires, pratiquées néanmoins en perfection extraordinaire. Or, en cette sorte d’inspiration, il faut observer les règles que nous avons données pour les désirs en notre Introduction. Il ne faut pas vouloir suivre plusieurs exercices à la fois et tout à coup; car souvent l’ennemi tâche de nous faire entreprendre et commencer plusieurs desseins, afin qu’accablés de trop de besogne nous n’achevions rien et laissions tout imparfait. Quelquefois mêmement, il nous suggère la volonté d’entreprendre, de commencer quelque excellente besogne, laquelle il prévoit que nous n’accomplirons pas, pour nous détourner d’en poursuivre une moins excellente que nous eussions aisément achevée; car il ne se soucie point qu’on fasse force desseins et commencements, pourvu qu’on n’achève rien. Il ne veut pas empêcher, non plus que Pharaon, que les mystiques femmes d’Israël, c’est-à-dire les âmes chrétiennes, enfantent des mâles, pourvu qu’avant qu’ils croissent on les tue. Au contraire, dit le grand saint Jérôme, entre les chrétiens, on n’a pas tant d’égard au commencement qu’à la fin. Il ne faut pas tant avaler de viande qu’on ne puisse faire la digestion de ce que l’on en prend. L’esprit séducteur nous arrête au commencement et nous fait contenter du printemps fleuri : mais l’esprit divin ne nous fait regarder le commencement que pour parvenir à la fin, et ne nous fait réjouir des fleurs du printemps que pour la prétention de jouir des fruits de l’été et de l’automne.

(1) Parangonné, comparé.

Le grand saint Thomas est d’opinion qu’il n’est pas expédient de beaucoup consulter et longuement délibérer sur l’inclination que l’on a d’entrer dans une bonne et bien formée religion; et il a raison : car la religion étant conseillée par notre Seigneur en l’Evangile, qu’est-il besoin de beaucoup de consultations? Il suffit d’en faire une bonne avec quelque peu de personnes qui soient bien prudentes et capables de telle affaire, et que nous puissent aider à prendre une courte et solide résolution. Mais dès que nous avons délibéré et résolu, et en ce sujet, et en tout autre qui regarde le service de Dieu, il faut être fermes et invariables, sans se laisser nullement ébranler par aucune sorte d’apparence de plus grand bien, car bien souvent, dit le glorieux saint Bernard, le malin esprit nous donne le change, et, pour nous détourner d’achever un bien, il nous en propose un autre qui semble meilleur, lequel, après que nous avons commencé, pour nous divertir de le parfaire, il en présente un troisième, se contentant que nous fassions plusieurs commencements, pourvu que nous ne fassions point de fin. Il ne faut pas même passer d’une religion en une autre, sans des motifs grandement considérables, dit saint Thomas après l’abbé Nestorius rapporté par Cassian.

J’emprunte au grand saint Anselme, écrivant à Lauzon, une belle similitude. Comme un arbrisseau souvent transplanté ne saurait prendre racine ni par conséquent venir à sa perfection, et rendre le fruit désiré; ainsi l’âme qui transplante son coeur de dessein en dessein ne saurait profiter, ni prendre la juste croissance de sa perfection, puisque la perfection ne consiste pas en commencements, mais en accomplissements. Les animaux sacrés d’Ezéchiel allaient où l’impétuosité de l’esprit les portait, et ne se retournaient point en marchant, mais un chacun, s’avançait cheminant devant sa face (
Ez 1,12). Il faut aller où l’inspiration nous pousse, et ne point se revirer ni retourner en arrière, ains marcher du côté où Dieu a contourné notre face, sans changer de visée. Qui est en bon chemin, qu’il se sauve. Il arrive que l’on quitte quelquefois le bien pour chercher le mieux, et que laissant l’un on ne trouve pas l’autre. Mieux vaut la possession d’un petit trésor trouvé que la prétention d’un plus grand qu’il faut aller chercher.

L’inspiration est suspecte qui nous pousse à quitter un vrai bien que nous avons présent, pour en pourchasser un meilleur à venir. Un jeune homme portugais, nommé François Bassus, était admirable, non seulement en l’éloquence divine, mais en la pratique des vertus, sous la discipline du bienheureux Philippe Nérius, en sa congrégation de l’Oratoire de Rome. Or, il crut d’être inspiré de quitter cette sainte société pour se rendre en une religion formelle (2), et enfin se résolut à cela. Mais le bienheureux Philippe, assistant à sa réception en l’ordre de Saint-Dominique, pleurait amèrement; dont étant interrogé par François-Marie Tauruse, qui depuis fut archevêque de Sienne et cardinal, pourquoi il jetait des larmes: Je déplore, dit-il, la perte de tant de vertus. Et de fait, ce jeune homme si excellemment sage et dévot en la congrégation, sitôt qu’il fut en la religion, devint tellement inconstant et volage, qu’agité de divers désirs de nouveautés et changements, il donna par après de grands et fâcheux scandales.

(2) Religion formelle, un ordre religieux proprement dit.

Si l’oiseleur va droit au nid de la perdrix, elle se présentera à lui et contrefera l’errénée (1) et boiteuse, et se lançant comme pour faire grand vol, se laissera tout à coup tomber, comme si elle n’en pouvait plus, afin que le chasseur s’amusant après elle, et croyant qu’il la pourra aisément prendre, soit diverti de rencontrer ses petits hors du nid; puis comme il l’a quelque temps suivie, et qu’il cuide l’attraper, elle prend l’air et s’échappe. Ainsi notre ennemi voyant un homme qui, inspiré de Dieu, entreprend une profession et manière de vivre propre à son avancement en l’amour céleste, il lui persuade de prendre une autre voie de plus grande perfection en apparence, et l’ayant dévoyé de son premier chemin, il lui rend petit à petit impossible la suite du second, et lui en propose un troisième, afin que l’occupant en la recherche continuelle de divers et nouveaux moyens pour se perfectionner, il l’empêche d’en employer aucun, et par conséquent de parvenir à la fin pour laquelle il les cherche, qui est la perfection. Les jeunes chiens à tous rencontres quittent la meute et tirent au change; mais les vieux, qui sont sages,

(1) Errénée, ou plutôt érénée pour éreintée.

ne prennent jamais le change, ains suivent toujours les erres (1) sur lesquelles ils sont. Qu’un chacun donc ayant trouvé la très sainte volonté de Dieu en sa vocation, demeure saintement et amoureusement en icelle, y pratiquant les exercices convenables selon l’ordre de la discrétion, et avec le zèle de la perfection.

(1) Erres, traces et route d’un cerf,


CHAPITRE XII De l’union de la volonté humaine à celle de Dieu ès inspirations qui sont contre les lois ordinaires, et de la paix et douceur de coeur, seconde marque de l’inspiration.

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Il se faut donc comporter ainsi, Théotime, ès inspirations qui ne sont extraordinaires que d’autant qu’elles nous incitent à pratiquer avec une extraordinaire ferveur et perfection les exercices ordinaires du chrétien. Mais il y a d’autres inspirations que l’on appelle extraordinaires, non seulement parce qu’elles font avancer l’âme au delà du train ordinaire, mais aussi parce qu’elles la portent à des actions contraires aux lois, règles et coutumes communes de la très sainte Église, et qui partant sont plus admirables qu’imitables. La sainte demoiselle que les historiens appellent Eusèbe l’étrangère, quitta Rome, sa patrie, et s’habillant en garçon avec deux autres filles, s’embarqua pour aller outre mer, et passa en Alexandrie, et de là en l’île de Cô (2), où se voyant en assurance, elle reprit les habits de son sexe, et se

(2) Cô, Cos.

remettant sur mer, elle alla au pays de Carie, en la ville de Mylassa, où le grand Paul qui l’avait trouvée en Cô, et l’avait prise sous sa conduite spirituelle, la mena, et où par après étant devenu évêque, il la gouverna si saintement qu’elle dressa un monastère, et s’employa au service de l’Église en l’office qu’en ce temps-là on appelait de diacresse (1), avec tant de charité, qu’elle mourut enfin toute sainte, et fut reconnue pour telle par une grande multitude de miracles que Dieu fit par ses reliques et intercessions. De s’habiller des habits du sexe duquel on n’est pas, et s’exposer ainsi déguisé au voyage avec des hommes, cela est non seulement au delà, mais contraire aux règles ordinaires de la modestie chrétienne. Un jeune homme donna un coup de pied à sa mère, et touché de vive repentance s’en vint confesser à saint Antoine de Padoue, qui, pour lui imprimer plus vivement en l’âme l’horreur de son péché, lui dit entr’autres choses : Mon enfant, le pied qui a servi d’instrument à votre malice, pour un si grand forfait, mériterait d’être coupé : ce que le garçon prit si à coeur, qu’étant de retour chez sa mère, ravi du sentiment de sa contrition, il se coupa le pied. Les paroles du saint n’eussent pas eu cette force selon leur portée ordinaire, si Dieu n’y eût ajouté son inspiration, mais inspiration si extraordinaire qu’on croirait que ce fut plutôt une tentation, si le miracle de la réunion de ce pied coupé, fait par la bénédiction du saint, ne l’eût autorisée. Saint Paul, premier ermite, saint Antoine, sainte Marie Égyptiaque, ne se sont pas abîmés en ces vastes solitudes, privés d’ouïr la messe, de communier et de se confesser, et privés, jeunes gens qu’ils étaient encore, de conduite et de toute assistance, sans une forte inspiration. Le grand Siméon Stylite fit une vie qu’homme du monde n’eût pu penser ni entreprendre sans l’instinct et l’assistance céleste. Saint Jean, évêque, surnommé le Silentiaire, quittant son évêché à l’insu de tout son clergé, alla passer le reste de ses jours au monastère de Laura, sans qu’on pût oncques avoir de ses nouvelles : cela n’était-ce pas contre les règles de la très sainte résidence? Et le grand saint Paulin, qui se vendit pour racheter l’enfant d’une pauvre veuve, comme le pouvait-il faire selon les lois ordinaires, puisqu’il n’était pas sien, ains à son église et au public par la consécration épiscopale? Ces filles et femmes qui, poursuivies pour leur beauté, défigurèrent leurs visages par des blessures volontaires, afin de garder leur chasteté sous la faveur d’une sainte laideur, ne faisaient-elles pas chose, ce semble, défendue?

(1) Diacresse, diaconesse.

Or, une des meilleures marques de la bonté de toutes les inspirations, et particulièrement des extraordinaires, c’est la paix et la tranquillité du coeur qui les reçoit; car l’esprit divin est voirement violent, mais d’une violence douce, suave et paisible. Il vient comme un vent impétueux (
Ac 1,2) et comme un foudre céleste, mais il ne renverse point les apôtres, il ne les trouble point : la frayeur qu’ils reçoivent de son bruit est momentanée, et se trouve soudain suivie d’une douce assurance. C’est pourquoi ce feu s’assied sur un chacun d’iceux (Ac 1,3), comme y prenant et donnant son sacré repos; et comme le Sauveur est appelé paisible ou pacifique Salomon, aussi son épouse est appelée Sulamite, tranquille et fille de paix et la voix, c’est-à-dire l’inspiration de l’époux, ne l’agite rit la trouble nullement, ains l’attire si suavement qu’il la fait doucement fondre, et comme écouler son âme en lui : Mon âme, dit-elle, s’est fondue, quand mon bien-aimé a parlé (Ct 5,6). Et bien qu’elle soit belliqueuse et guerrière, si est-ce que (3) tout ensemble elle est tellement paisible, qu’emmi les armées et batailles, elle continue les accords d’une mélodie nonpareille. Que verrez-vous, dit-elle, en la Sulamite, sinon les choeurs des armées (Ct 7,1)? Ses armées sont des choeurs, c’est-à-dire des accords de chantres; et ses chantres sont des armées, parce que les armes de l’Église et de l’âme dévote ne sont autre chose que les oraisons, les hymnes, les cantiques et les psaumes. Ainsi les serviteurs de Dieu qui ont eu les plus hautes et relevées inspirations, ont été les plus doux et paisibles de l’univers Abraham, Isaac et Jacob. Moïse est qualifié le plus débonnaire d’entre tous les hommes (Nb 12,3); David est recommandé par sa mansuétude.

(3) Si est-ce que, toujours est-il que

Au contraire, l’esprit malin est turbulent, âpre, remuant; et ceux qui suivent sus suggestions infernales, cuidant que ce soient inspirations célestes, sont ordinairement connaissables, parce qu’ils sont inquiets, têtus, fiers, entrepreneurs et remueurs d’affaires, qui, sous le prétexte de zèle, renversent tout sens dessus dessous, censurent tout le monde, tancent un chacun, blâment toutes choses: gens sans conduite, sans condescendance, qui ne supportent rien, exerçant les passions de l’amour-propre sous le nom de la jalousie de l’honneur divin.


CHAPITRE XIII Troisième marque de l’inspiration, qui est la sainte obéissance à l’Eglise et aux supérieurs.

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A la paix et douceur du coeur est inséparablement conjointe la très sainte humilité. Mais je n’appelle pas humilité ce cérémonieux assemblage de paroles, de gestes, de baisements de terre, de révérences, d’inclinations, quand il se fait, comme il advient souvent, sans aucun sentiment intérieur de sa propre abjection et de la juste estime du prochain. Car tout cela n’est qu’un vain amusement des faibles esprits, et doit plutôt être nommé fantôme d’humilité, qu’humilité.

Je parle d’une humilité noble, réelle, moelleuse, solide, qui nous rend souples à la correction, maniables et prompts à l’obéissance. Tandis que l’incomparable Siméon Stylite était encore novice à Tolède (1), il se rendit impliable (2) à l’avis de ses supérieurs qui le voulaient empêcher de pratiquer tant d’étranges rigueurs par lesquelles il sévissait désordonnément contre soi-même; si que enfin il fut pour cela chassé du monastère, comme peu susceptible de la mortification du coeur, et trop adonné à celle du corps. Mais étant par après rappelé et devenu plus dévot et plus sage en la vie spirituelle, il se comporta bien d’une autre façon, ainsi qu’il témoigna en l’action suivante. Car lorsque les ermites épars parmi les déserts voisins d’Antioche surent la vie extraordinaire qu’il faisait sur sa colonne, en laquelle il semblait être ou un ange terrestre ou un homme céleste, ils lui envoyèrent un député d’entr’eux auquel ils donnèrent ordre de lui parler de leur part en cette sorte : Pourquoi est-ce, Siméon, que laissant le grand chemin de la vie dévote frayé par tant de grands et saints devanciers, vous en suivez un autre inconnu aux hommes, et tant éloigné de tout ce qui a été vu et oui jusqu’à présent? Quittez, Siméon, cette colonne, et rangez-vous meshui (1) avec les autres à la façon de vivre et la méthode de servir Dieu usitée par les bons pères prédécesseurs. Que si Siméon acquiesçait à leur avis, et pour condescendre à leur volonté se montrait prompt à vouloir descendre, ils donnèrent charge au député de lui laisser la liberté de persévérer en ce genre de vie jà commencé; d’autant que par son obéissance, disaient ces bons pères, on pourra bien connaître qu’il a entrepris cette sorte de vie par l’inspiration divine: mais si au contraire il résistait, et que, méprisant leur exhortation, il voulût suivre sa propre volonté, ils résolurent qu’il le fallait retirer par force, et lui faire abandonner sa colonne. Le député donc étant venu à la colonne, il n’eut pas sitôt fait son ambassade, que le grand Siméon, sans délai, sans réserve, sans réplique quelconque, se print à vouloir descendre avec une obéissance et humilité digne de sa rare sainteté. Ce que voyant le délégué : Arrêtez, dit-il, ô Siméon, demeurez là, persévérez constamment, et ayez bon courage, poursuivez vaillamment votre entreprise : votre séjour sur cette colonne est de Dieu.


(1) Tolède : ainsi écrit dans S. François de Sales pour Thélède ou Télède, monastère de Syrie, près du mont Coryphée, où S. Siméon passa plusieurs années.
(2) Impliable, qui ne plie pas, inflexible, indocile.
(1) Meshui, aujourd’hui.

Mais voyez, Théotime, je vous prie, comme ces anciens et saints anachorètes, en leur assemblée générale, ne trouvent point de marque plus assurée de l’inspiration céleste en un sujet si extraordinaire, comme fut la vie de ce grand Stylite, que de le voir simple, doux et maniable sous les lais de la très sainte obéissance : aussi Dieu, bénissant la soumission de ce grand homme, lui donna la grâce de persévérer trente ans entiers sur une colonne haute de trente-six coudées après avoir déjà été sept ans sur les autres colonnes de six, de douze et de vingt pieds de hauteur, et ayant auparavant été dix ans sur une petite pointe de rocher au lieu appelé la Mandre (1). Ainsi cet oiseau de paradis, vivant en l’air sans toucher terre, fut un spectacle d’amour pour les anges, et d’admiration pour les humains. Tout est assuré en l’obéissance, tout est suspect hors de l’obéissance.

(1) La Mandre, montagne de Syrie, placée, disent les historiens, près du bourg de Télanisse.

Quand Dieu jette des inspirations dans un coeur, la première qu’il répand c’est celle de l’obéissance. Mais y eut-il jamais une plus illustre et sensible inspiration que celle qui fut donnée au glorieux saint Paul? Or, le chef principal d’icelle fut qu’il allât en la cité, en laquelle il apprendrait par la bouche d’Ananie ce qu’il avait à faire; et cet Ananie, homme grandement célèbre, était, comme dit saint Dorotisée, évêque de Damas. Quiconque dit qu’il est inspiré, et refuse d’obéir aux supérieurs et suivre leurs avis, il est un imposteur. Tous les prophètes et prédicateurs qui ont été inspirés de Dieu, ont toujours aimé, l’Eglise, toujours adhéré à sa doctrine, toujours aussi été approuvés par icelle, et n’ont jamais rien annoncé si fortement que cette vérité: que les lèvres du prêtre gardaient la science, et qu’on devait requérir la loi de sa bouche (
Ml 2,7). De sorte que les missions extraordinaires sont des illusions diaboliques, et non des inspirations célestes, si elles ne sont reconnues et approuvées par les pasteurs, qui sont de la mission ordinaire; car ainsi s’accordent Moïse et les prophètes. Saint Français, saint Dominique, et les autres pères des ordres religieux, vinrent au service des âmes par une inspiration extraordinaire, mais ils se soumirent d’autant plus humblement et cordialement à la sacrée hiérarchie de l’Église. En somme, les trois meilleures et plus assurées marques des légitimes inspirations sont la persévérance, contre l’inconstance et légèreté, la paix et douceur du coeur, contre les inquiétudes et empressements, l’humble obéissance contre l’opiniâtreté et bizarrerie.

Et pour conclure tout ce que nous avons dit de l’union de notre volonté à celle de Dieu qu’on appelle signifiée, presque toutes les herbes qui ont les fleurs jaunes, et même la chicorée sauvage qui les a bleues, les tournent toujours du côté du soleil, et suivent ainsi son contour ; mais l’héliotropium (1) ne contourne pas seulement ses fleurs, ains encore toutes. ses feuilles à la suite de ce grand luminaire; de même tous les élus tournent la fleur de leur coeur, qui est l’obéissance aux commandements du côté de la volonté divine; mais les âmes vivement éprises du saint amour ne regardent pas seulement cette divine bonté par l’obéissance aux commandements, ains aussi par l’union de toutes leurs affections, suivant le contour de ce divin soleil en tout ce qu’il leur commande, conseille et inspire, sans réserve ni exception quelconque; dont elles peuvent dire avec le sacré Psalmiste: Seigneur, vous avez empoigné ma main droite et m’avez conduit en votre volonté, et m’avez recueilli avec beaucoup de gloire. J’ai du fait comme un cheval envers vous, et je suis toujours avec vous (Ps 62,23-24); car comme un cheval bien dressé se manie aisément, doucement et justement, en toutes façons, par l’écuyer qui le monte, aussi l’âme amante est si souple à la volonté de Dieu, qu’il en fait tout ce qu’il veut.

(1) Héliotropium, tournesol.




Sales: Amour de Dieu 890