Sales, Controverses 2612


ARTICLE XIII

CONFIRMATION DE TOUT CE QUE DESSUS PAR LES NOMS

QUE L’ANCIENNETE A DONNES AU PAPE

2613 Oyes en peu de paroles ce que les Anciens pensoyent sur ce faict, et en quel rang ilz tenoyent l’Evesque de Rome. Voicy comm’ilz apellent, ores le Siege de Rome et son Eglise, ores le pape, car tout revient en un.


Petri Cathedram


Cyp., l I ep 3 aliter


Ecclesiam principalem


Ep. 55 ad Cornelium


Exordium unitatis sacerdotalis





Unitatis vinculum


L 3 ep 13 (Al ep. 67 § 3)


Sacerdotii sublime fastigium


L 4 ep 2 (Al ep. 52 § 8)


Ecclesia in qua est potentior principalitas


Ir. , l 3 c 3


Ecclesiae radix et matrix


Cyp l 4 ep 8 (al ep 45 § 3)


Sedes super quam Dominus universam construxit Ecclesiam


Anacletus, ep I ad omnes episcopos et cunctos fideles (Concilia anno 104)


Cardo et caput omnium ecclesiarum


Idem, ep I Ad omnes episcopos et sacerdotos (ibidem)


Episcoporum refugium


Marcellus, ep I, Ad episcopos Antiochenae provinciae (Ibid, an 304)


Summa sedes Apostolica


Sinodus Alexandrina, ep . ad Foelicem (Conc, an 366; cf art. 11); ubi Athanasius


Caput pastoralis honoris


Prosper, De ingratis Pars Ia lin. 40)


Apostolicae Cathedrae principatus


Aug., ep . 162 (al ep 43 § 7)


Principatus Apostolici sacerdotii


Prosp, De vocat gent. L 2 c 16 In praefatione Concilii Calcedonensis (Epistolae 25), Valentinianus Imperator


Caput omnium ecclesiarum


Victor Uticensis (Al Vitensis), De persec. Vand. L 2 (al vitensis). Imperator Justinianus, c. De Summa Trinitate.


Caput orbis et mundi religione


Leo, in nat Srum PP (Serm 82, c 1); et prosp, De Ingratis (pars Ia, linn. 41, 42)


Caeteris praelata ecclesiis


Sinod Rom sub Gelas (Conc an 494)


Ecclesia praesidens


Ignatius ep. Ad Romanos, in inscriptione


Prima sedes, a nemine judicanda


Sinodus Sinuessana, 300 episcop., tom. I Concil (anno 303)


Prima sedes omnium


Leo, ep 63 (Al ep. 120 § 1)


Tutissimus comunionis Catholicae portus


Hier. Ep 16 (Al ep. 127 § 5)


Fons Apostolicus


Innocent, ad Patres Concil Milevit, inter epistolas Aug 93 (al ep. 182 § 2)


Sanctissiame Catholicae Ecclesiae Episcopum


Cyp l 3 ep 11 (al ep 46 § 2)


Sanctissimus et beatissimus Patriarcha


Conc. Calced., act 3.


Universalis patriarcha





Caput Concilii Calcedonensis


Ibidem, in relatione (ad leonem Papam)


Caput universalis ecclesiae


In conc. Calced. , act 16


Beatissimus Dominus


Stephanus archiepisc. Carthagiensis, in epistola ad


Apostolico culmine sublimatus


Damasum (In inscriptione), nomine Concilii


Pater patrum


Carthaginensis


Summus omnium praesulum Pontifex





Summus sacerdos


Hier., praefatione Evangeliorum, ad Damasum.


Princeps sacerdotum


Id testatur tota antiquitas apud Valentinianum, ep. Ad Theodosium, initio Conc. Calcedon.


Rector domus Domini


Amb., in 1 Timot. 3 vers 15


Custos vineae Dominicae


Concil Calced, ep ad Leonem


Christi vicarius


Cyp. L 1 ep 3 (al ep. 55 § 5)


Fratrum confirmator


Bernard ep 190 (al Tract. De errore Abaelardi, in praefat.)


Sacerdos magnus





Summus Pontifex





Princeps episcoporum





Haeres Apostolorum





Primatu Abel





Gubernatu Noe





Patriarchatu Abraham





Ordine Melchisedech


Bernard, l. 2 De Consid. Ad Eug. C 8.


Dignitate Aaron





Authoritate Moises





Judicatu Samuel





Potestate Petrus





Unctione Christus





Ovilis Dominici Pastor





Claviger Domus Domini





Pastorum omnium Pastor





In plenitudinem potestatis vocatus





Je n’aurois jamais faict, si je voulois entasser les tiltres que les Anciens ont donné au Saint Siege de Rome et a son Evesque. Cecy doit suffire aux cerveaux mesme les plus bigearres, pour faire voit le magnifique mensonge que de Beze continue a dire, apres son maistre Calvin (instit l 4, c 7 § 17), en son traitté Des Marques de l’Eglise (p 19), ou il dict que phocas a esté le premier qui a donné authorité a l’Evesque de Rome sur les autres et l’a mis en primauté. Mays a quoy faire, dire un si gros mensonge ? Phocas vivoyt au tems de saint Gregoire le Grand, et tout tant que j’ay allegué d’autheurs sont plus anciens que saint gregoire, hormis saint bernard, lequel j’ay allegué aux Livres De Consideratione, par ce que Calvin les a pour si veritables quil luy semble que la verité mesme y ait parlé.

On objecte que saint gregoire ne vouloit estre appellé Evesque universel (l 4 ep 32 ou l 5 ep 20) : mays Evesque universel se peut entendre, ou d’un qui soit tellement Evesque de l’univers que les autres Evesques ne soyent que vicaires et substitués, ce qui n’est point, car les Eversques sont vrayement princes spirituelz, chefz et Evesques, non lieutenantz du Pape mais de Nostre Seigneur, dont il les apelle freres ; ou on peut entendre d’un qui est surintendant sur tous, et auquel les autres, qui sont surintendans en particulier, sont inferieurs voirement mays non pas vicaires ni substitués, et c’est ainsy que les Anciens l’ont appellé Evesque universel.

On produict le Concile de Carthage (l 2, c 26), qui defend que pas un ne s’appelle Princeps sacerdotum, ; mays c’est faute d’avoir autre entretien qu’on allegue cecy, car qui ne sçait que c’estoit un Concile provincial qui touche les Evesques de ceste province la, de laquelle l’Evesque de Rome n’estoit pas, la mer Mediterranëe est entredeux.

Restoit le nom de Pape, lequel j’ay reservé pour fermer ce discours, et qui est l’ordinaire duquel nous appellons l’Evesque de Rome. Ce nom estoit commun aux Evesquesques, tesmoin saint Hierosme, qui appelle ainsy saint Augustin, en une epistre (Ep 103), au bout : Incolumem te tueatur Omnipotens, domine vere sancte et suscipiende papa ; mays il a esté rendu particulier au Pape, par excellence, a cause de l’universalité de sa charge, dont il est appellé au Concile de Calcedoine (Act 16), " Pape universel ", et " pape ", tout court, sans addition ni limitation ; et ne veut dire autre ce mot que ayeul ou grand pere :
Pappos aviasque trementes

Anteferunt patribus seri nova cura nepotes (Auson ad Nepot. Suum (idyllium IV)


Et affin que vous sachies combien est ancien ce nom parmi les gens de bien, saint ignace, disciple des Apostres, Epistola ad Mariam Zarbensem, Cum esses,dict il, Romae, apud Papam Linum ; ja de ce tems la il y avoit des papistes, et de quelle sorte ? Nous l’appellons Sa Sainteté ; et nous trouvons que saint Hierosme l’appelloit desja en ceste façon : Obtestor Beatitudinem tuam per Crucem (Ad Damasum Ep 16 subfinem), etc ., Ego nullum primum nisi Christum sequens, Beatitudini tuae,id est, Cathedrae Petri, communione consocior. Nous l’appellons Saint Pere ; mais vous aves veu que saint Hierosme appelle ainsy saint Augustin. Au reste, ceux qui, expliquans le second chapitre de la 2e aux Thessaloniciens, pour vous faire croire que le Pape est Antichrist vous auroyent dict quil se faict appeler Dieu en terre, ou Filz de Dieu, sont les plus grans menteurs du monde ; car tant s’en faut que les Papes prenent aucun tiltre ambitieux, que des le tems de saint gregoire se sont pour le plus appellés Serviteurs des serviteurs de Dieu (Jo. Diaconus, l 2 vitae Greg. C 1). Certes, ilz ne sont jamais appellés de la façon sinon au pris ordinaire, comme chacun le peut estre sil grade les commandemens de Dieu, selon le pouvoir concedé iis qui credunt in nomine ejus (Jean 1, 12) ; bien s’appellent, autant vaut il, enfans du diable (Jean 8, 44), ceux qui mentent si puamment comme font vos ministres.


ARTICLE XIV

COMBIEN D’ESTAT ON DOIT FAIRE DE L’AUTHORITE DU PAPE

2614
Ce n’est pour vray pas sans mistere, que souvent en l’Evangile ou il est question que le general des Apostres parle, saint Pierre parle seul pour tous. En saint Jan (6, 69), ce fut luy qui dict pour tous : Domine, ad quem ibimus ? verba vitae aeternae habes, et nos credimus et cognovimus quia tu es Christus, Filius Dei. Ce fut luy, en saint Mathieu (Mat 16, 16), qui, au nom de tous, fit comme chef ceste noble confession : Tu es Christus, Filius Dei vivi. Il demanda pour tous, Ecce nos reliquimus omnia (Matt 19, 27), etc. En saint Luc (12, 41) : Domine, ad nos dicis hanc parabolam an et ad omnes ? C’est l’ordinaire que le chef parle pour tout le cors, et ce que le chef dict, on le tient dict par tout le reste. Ne voyes vous pas qu’en l’election de saint Matthias c’est luy seul qui parle et determine (Act 1, 15 seqq) ? Les Juifz demanderent a tous les Apostres : Quid faciemus viri fratres ? saint Pierre respond seul pour tous Poenitentiam agite (Act 2, 38), etc. Et c’est a ceste rayson que saint Chrysostome (hom 55 al 54 in Math §1) et Origene (Hom 2 In divers) l’ont appellé Os et verticem Apostolorum, comme nous avons veu cy dessus (art 8), par ce quil souloit parler pour tous les Apostres ; et le mesme saint Chrysostome l’appelle Os Christi (Serm in adne venerab caten), par ce quil dict pour toute l’Eglise et a toute l’Eglise, comme chef et pasteur, ce n’est pas tant parole humaine de Nostre Seigneur : Amen, dico vobis, qui accipit si quem misero, me accipit (Jean 13, 20) ; dont ce quil disoit et determinoit ne pouvoit estre faux. Et de vray, si le confirmateur (Luc 22, 32) fut tumbé, tout le reste fut il pas tumbé ? si le confirmateur tumbe ou chancele, qui le confirmera ? si le confirmateur n’est pas ferme et stable quand les autres s’affoybliront, qui les affermira ? car il est escrit : Si l’aveugle conduict l’aveugle, ilz tumberont tous deux dans la fosse (Matt 15, 14) ; si l’instable et le foible veut soustenir et rasseurer le foible, ilz donneront tous deux en terre. Si que Nostre Seigneur donnant l’authorité et commandant a saint Pierre de confirmer les autres, il luy a quand et quand donné le pouvoir et les moyens de ce faire, autrement pour neant luy eut il commandé chose impossible. Or, les moyens necessaires pour confirmer les autres, de rasseurer les foibles, c’est de n’estre point sujet a la foiblesse soymesme, mays d’estre solide et ferme, comme une vraye pierre et un roch : tel estoit saint Pierre, entant que pasteur general et gouverneur de l’Eglise.

Ainsy quand saint Pierre fut mis au fondement de l’Eglise, et que l’Eglise fut asseurëe que les portes d’enfer ne prevaudroyent point contre elle (Matt 16, 18), ce ne fut pas asses dire que saint Pierre, comme pierre fondamentale du gouvernement et administration ecclesiastique, ne pouvoit se froisser et rompre par l’infidelité ou erreur, qui est la principale porte d’enfer ? car, qui ne sçait que si le fondement renverse, si l’on y peut porter la sappe, que tout l’edifice renversera ? Et quoy ? si le pasteur mettoit ses brebis es pasturages venimeux, le parc se perdroit il pas incontinent ? Les brebis vont suyvant le pasteur ; s’il erre, tout se perd. Et n’est pas raysonnable que les brebis… De mesme, si le pasteur supreme ministerial peut conduire ses brebis es pasturages veneneux, on voit clairement que le parc est pour estre bien tost perdu ; car, si le supreme pasteur ministerial (Jean 20, 21) conduit a mal, qui le redressera ? s’il s’egare, qui le ramenera ? a la verité, il faut que nous ayons a le suivre simplement, non a le guider, autrement les brebis seroyent pasteurs. Et de faict, l’Eglise ne peut pas tousjours estre ramassëe en un Concile general, et les trois premieres centeynes d’annëes il ne s’en fit point ; es difficultés donques qui surviennent journellement, a qui se pourroit on mieux adresser, de qui pourroit on prendre loy plus asseurëe, regle plus certaine que du chef general et du Vicaire de Nostre seigneur ?

Or tout cecy n’a pas eu lieu seulement en saint Pierre, mais en ses successeurs, car la cause demeurant l’effect demeure encore ; l’Eglise a tousjours besoin d’un confirmateur infallible auquel on puisse s’adreser, d’un fondement que les portes d’enfer, et principalement l’erreur, ne puysse renverser, et qye son pasteur ne puysse conduire a l’erreur ses enfans : les successeurs donques de saint Pierre ont tous ces mesmes privileges, qui ne suivent pas la personne, mays la dignité et la charge publique.

Saint Bernard (De Cons l 2 c 8) apelle le Pape un autre " Moise en authorité " : or, combien grande fut l’authorité de Moise il ni a personne qui l’ignore, car il s’assit et jugea de tous les differens qui estoyent parmi le peuple, et de toutes les difficultés qui survenoyent au service de Dieu ; il constitua des juges pour les affaires de peu d’importance, mays les grans doutes estoyent reservés a sa connoissance (Exodi 18, 13 19 26) ; si Dieu veut parler au peuple, c’est par sa bouche et par son entremise (Ex 31, 18 ; 32, 15 ; 33, 11 ; 34, 5). Ainsy donques le pasteur supreme de l’Eglise nous est juge competent et suffisant en toutes nos plus grandes difficultés, autrement nous serions de pire condition que cest ancien peuple, qui avoyt un tribunal auquel il pouvoit s’addresser pour la resolution de ses doutes, specialement en matiere de religion. Que si quelqu’un veut respondre que Moise n’estoit pas praestre ni pasteur ecclesiastique, je le renvoyeray a ce que j’en ay dict ci dessus (pars Ia c 1 art 3), car ce seroit estre enuyeux de faire ces repetitions.

Au Deuteronome (17, 10-12) : Facies quodcumque dixerint qui praesunt loco quem elegerit Dominus, et docuerint te juxta legem ejus ; sequerisque sententiam eorum, nec declinabis ad dextram nec ad sinistram : qui autem superbierit, nolens obedire sacerdotis imperio, judicis sententia moriatur. Que dira on icy ? Il falloit subir le jugement du sauverain Pontife ; qu’on estoit obligé de suivre le jugement qui estoit jouxte la loy, non l’autre ? ouy, mays en cela il failloit suivre la sentence du praestre, autrement si on ne l’eust pas suivie, ains examinee, c’eust esté pour neant qu’on fut allé a luy, et la difficulté et ambiguité n’eust jamais esté resolue parmi les opiniastres ; dont il est dict simplement, qui autem superbierit, nolens obedire sacerdotis imperio, judicis sententia moriatur; et en Malachie (2, 7) : Labia sacerdotis custodiunt scientam, et legem requirent ex ore ejus ; dont il s’ensuit que chacun ne pouvoit pas se resouvre es poins de la religion, ni produire la loy a sa fantasie, mais selon la proposition du Pontife. Que si Dieu a eu une si grande prouvoyance a la religion et tranquillité de conscience des Juifz, que de leur establir un juge sauverain a la sentence duquel ilz devoyent acquiescer, il ne faut pas douter quil ne nous aÿe prouveu, au Christianisme, d’un pasteur qui ayt ceste mesm’authorité, pour nous lever les doutes et scrupules qui pourroyent survenir sur les declarations des Escritures.

Que si le grand Praestre portoit le Rational du jugement en la poitrine (Ex 28, 30), ou estoyt le urim et Thummim, doctrine et verité comme interpretent les uns, ou les illuminations et perfections comme disent les autres, qui n’est presque qu’une mesme chose, puysque la perfection consiste en verité et la doctrine n’est qu’illumination, penserons nous que le grand Praestre de la Loy nouvelle n’en ayt pas encores les effectz ? a la verité, tout ce qui fut concedé de bon a l’ancienne Eglise et a la chambriere Agar, aura esté donné en beaucoup meilleure façon a Sara et a l’Espouse : nostre grand Praestre donques a encores le Urim et Thummim en sa poitrine. Or, soit que ceste doctrine et verité ne fust autre que ces deux motz escritz au Rational, comme semble croire saint Augustin (Q 118 in Exodum), et Hugues de Saint Victor l’asseure (Annot. In Exodum) , ou que ce fut le nom de Dieu, comme veut Rabbi Salomon, au recit de Vatable et Augustin evesque d’Eugubbium( Recognitio Vet Test. In hunc locum) ou que ce fussent les seules pierres du Rational par lesquelles Dieu tout puyssant reveloit ses volontés au Prestre, comme veut ce docte homme François Ribera (l 3 de Templo, c 12), la rayson pour laquelle le grand Praestre avoyt au Rational sur sa poitrine la doctrine et la verité, estoit sans doute par ce que judicabat judicii veritatem (Deut 17, 9) ; mesme que par le Urim et Thummim les prestres estoyent instruitz du bon plaisir de Dieu, et leurs entendemens esclairés et perfectionnés par la revelation divine, comme le bon de Lyra l’a entendu, et Ribera l’a asses suffisamment prouvé, a mon advis : dont quand David voulut sçavoir sil devoit poursuivre les Amalecites, il dict au Praestre Abiathar, Applica ad me ephod, ou, le superhumeraire (1 Rois 30, 7) ; ce quil fit sans doute pour reconnoistre la volonté de Dieu au Rational qui y estoit joint, comme va deduysant doctement ce docteur Ribera. Je vous prie, si en l’ombre il y avoit des illuminations de doctrine et des perfections de verité en la poitrine du Praestre, pour en repaitre et raffermir le peuple, qu’est ce que nostre grand prestre n’aura pas ? de nous, dis je, qui sommes au jour et au soleil levé ? Le grand Prestre ancien n’estoit que vicaire et lieutenant de Nostre Seigneur, nomplus que le nostre, mays il semble quil praesidoit a la nuict, par ses illuminations, et le nostre praeside au jour, par ses intructions ; ministeriellement tous deux, et par la lumiere du Soleil de Justice, lequel, bien quil soit levé, est neanmoins voilé a nos yeux par nostre propre mortalité, car le voir face a face ordinairement n’appartient qu’a ceux qui sont delivrés du cors qui se corrmpt (Exod 33, 20 ; Sap 9, 15).

Ainsy a creu toute l’Eglise ancienne, laquelle en ses difficultés a tousjours eu recours au Rational du Siege de Rome, pour y voir la doctrine et verité. C’est sur ce sujet que saint Bernard a appellé le Pape, Dignitate Aaron et " Haeritier des Apostres ", et saint Hierosme, le Saint Siege, Tutissimum communionis Catholicae portum ; car il porte le Rational pour en esclairer tout le Christianisme, comme les Apostres et Aaron, de doctrine et verité. C’est a ce propos que saint Hierosme dict au Pape Damase (Ep ad Dam 15 § 2) : Qui tecum non colligit, spargit ; hoc est, qui Christi non est, Antichristi est ; et saint Bernard dict (ep 190) quil faut rapporter les scandales qui se font, " principalement en la foy ", au Siege de Rome : Dignum namque arbitror ibi potissimum resarciri damna fidei, ubi non possit fides sentire defectum : cui enim alteri sedi dictum est aliquando, Ego pro te rogavi, ut non deficiat fides tua (Luc 22, 32) ? Saint Cyprien (ubi supra art 11) : Navigare audent ad Cathedram Petri, atque ad Ecclesiam principalem ; nec cogitare eos esse Romanos, ad quos perfidia habere non possit accessum. Ne voyes vous pas quil parle des Romains a cause de la Chaire de saint Pierre, et dict que l’erreur n’y peut rien ?

Les Peres du Concile Milevitain, avec le bienheureux saint Augustin (Ep 92 al 176 §§ 1,2), demandent secours et implorent l’authorité du Siege Romain contre l’haeresie pelagienne, escrivans au Pape Innocent en ceste sorte : Magnis periculis infirmorum membrorum Christi, pastoralem diligentiam, quasumus, adhibere digneris ; nova quippe haeresis, et nimium perniciosa tempestas, surgere inimicorum gratiae Christi coepit. Que si vous voules sçavoir pourquoy ilz s’addressent a luy, Quia, disent ilz, te Dominus, gratiae suae praecipuo munere , in Sede Apostolica collocavit. Voyla ce que croyoit ce saint Concile avec son grand saint Augustin ; auquel Innocent respondant, en une epistre qui suit la praecedente parmi celles de saint Augsutin (Hodie ep 182 § 2) : Diligenter et congrue, dict il, Apostolico consulitis honori ; honori, inquam, illius quem, praeter illa quae sunt extrinsecus, solicitudo manet omnium ecclesiarum super anxiis rebus quae sit tenenda sententia : antiquae scilicet regulae formam secuti, quam toto semper ab orbe mecum nostis esse servatam. Verum haec missa facio, neque enim hoc vestram credo latere prudentiam. Quid etiam actione firmastis, nisi scientes quod per omnes provincias de Apostolico fonte petentibus responsa semper emanent ? Praesertim quoties fidei ratio ventilatur, arbitror omnes fratres et coepiscopos nostros non nisi ad Petrum, id est, sui nominis et honoris authorem, referre debere, velut nunc relutit vestra dilectio, quod per totum mundum possit omnibus ecclesiis in commune prodesse. Voyes vous l’honneur et le credit auquel estoit le Siege Apostolique vers les Anciens les plus doctes et saints, voire mesme vers les Conciles entiers ? on y alloit comme au vray Ephod et Rational de la nouvelle Loy : ainsy y alla saint Hierosme, du tems de Damasus, auquel, pares avoir dict que l’Orient rompoit et mettoit en pieces la roubbe, entiere et tissue par dessus, de Nostre Seigneur (Jean 19, 23), et que les renardeaux gastoyent la vigne du Maistre (Cant 2, 15), Ut inter lacus contritos, dict il (Ep 15, § 1), qui aquam non habent, difficile ubi fons signatus et hortus ille conclusus sit possit intelligi, ideo mihi Cathedram Petri et fidem Apostolico ore laudatam censui consulendam, etc.

Je n’aurois jamais faict si je voulois produire les belles sentences que les Anciens ont dictes sur ce faict ; qui voudra, les lise fidellement cottëes au grand Catechisme de Pierre Canisius (cap 3 quaes 9 de Praeceptis Eccl.), ou elles ont estëes estendues au long par Busaeus. Saint Cyprien rapporte toutes les haeresies et schismes au mespris qu’on faict de ce chef ministerial (Ep 65 et 69), aussi faict bien saint Hierosme (Advers Luciferianos). Saint Ambroise tient pour une mesme chose, communicare et convenire cum Episcopis Catholicis et convenire cum Ecclesia Romana (Oratione de obitu fratris Satiri l 1 § 47) ; il proteste de suivre en tout et par tout la forme de l’Eglise Romaine (De Sacram l 3 c 1 § 5). Saint Irenëe veut que chacun vienne joindre a ce Saint Siege, propter potentiorem principalitem (ubi supra art 13). Les Eusebiens y portent les accusations contre saint Athanase ; saint Athanase qui estoit en Alexandrie, siege principal et patriarchal, vint respondre a Rome, y estant appellé et cité ; les adversaires n’y voulurent pas comparoistre, sachans, dict Theodoret (l 2 Eccl Hist c 4 al 3), mendacia sua manifesto fore detecta : les Eusebiens confessent l’authorité du Siege de Rome quand ilz y appellent saint Athanase, et saint Athanase quand il s’y praesente ; mays sur tout les Eusebiens, haeretiques arriens, confessent asses combien son jugement est infallible, quand ilz n’y osent comparoistre de peur d’y estre condamnés. Mays qui ne sçait que tous les anciens haeretiques taschoyent a se faire avouer par le Pape ; tesmoins les Montanistes ou Cataphryges, qui deceurent tellement le Pape Zephyrin (sil faut croire a Tertullien (L contra Praxeam), nomplus celuy d’autrefois mays devenu haeretique en son faict propre) quil lascha des lettres de reunion en leur faveur, lesquelles neantmoins il revoca promptement par l’advis de Praxeas. En fin, qui mesprisera l’authorité du Pape, remettra sus les Pelagiens, Priscilliens et autres, qui n’ont estés condamnés que par les Conciles provnciaux avec l’authorité du Saint Siege de Rome.

Que si je voulois m’amuser a vous monstrer combien Luther en faysoit estat au commencement de son haeresie, je vous ferois esbahy d’une si grande mutation de ce vostre grand pere. Voyes le chez Cocleus : Prostratum me pedibus tuae Beatitudinis offero, cum omnibus quae sum et habeo ; vivifica, occide, voca, revoca, approba, reproba, vocem Christi in te praesidentis et loquentis agnoscam : ce sont ses paroles, en l’Epistre dedicatoire quil escrit au Pape Leon 10, sur certaines siennes Resolutions, l’an 1518. Mays je ne puys laisser en arriere ce que ce grand archiministre escrivit l’an 1519, en certaines autres Resolutions d’autres propositions ; car, en la 13ème, non seulement il reconnoit l’authorité du Saint Siege Romain, mays la prouve pour 6 raysons qui tient pour demonstrations : je le mettray en sommaire. La 1re, le Pape ne pourroit estre venu a ce grade et a ceste monarchie sans le vouloir de Dieu ; mays le vouloir de Dieu est tousjours venerable, donques il ne faut pas contredire a la primauté du Pape. La 2e, il faut plus tost ceder a son adversiare que de rompre l’union de charité ; donques il vaut mieux obeir au Pape que de se separer de l’Eglise. La 3e, par ce quil ne faut pas resister a Dieu qui nous veut presser et charger de plusieurs princes, selon le dire de Salomon en ses Proverbes (28, 2). La 4e, Il ny a point de puissance qui ne soit de Dieu (Rom 13, 1) ; donques celle du Pape, qui est tant establie, est de Dieu. La 5e n’est que la mesme. La 6e, par ce que tous les fidelles le croyent ainsy, entre lesquelz il est impossible que Nostre Seigneur ne soit : or il faut arrester avec Nostre Seigneur et les Chrestiens en tout et par tout. Il dict par apres que ces raysons sont insolubles, et que toute l’Escriture y vient battre. Que vous semble de Luther ? est il pas Catholique ? et neanmoins c’estoit au commencement de sa reformation.

Calvin vient a ce point, quoy quil aille embrouillant la matiere tant quil peut ; car, parlant du Siege de Rome, il confesse (L 4 c 6 n 16) que les Anciens l’ont tous honnorëe et reverëe, qu’elle a esté le refuge des Evesques, et plus constante en la foy que les autres sieges ; ce quil attribue a faute de vivacité d’entendement.


ARTICLE XV

COMBIEN LES MINISTRES ONT VIOLE CESTE AUTHORITE

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En l’ancienne Loy le grnad Prestre ne portoit pas le Rational sinon quand il estoit revestu des habitz pontificaux, et quil entroit devant le Seigneur (Exod 28, 29-30) : ainsy ne disons nous pas que le Pape en ses opinions particulieres ne puysse errer, comme fit Jean 22, ou estre du tout heretique, comme peut estre fut Honorius. Or, quand il est heretique expres, ipso facto, il tumbe de son grade hors de l’Eglise, et l’Eglise le doit ou priver, comme dient quelques uns, ou le declairer privé, de son Siege Apostolique, et dire, comme fit saint Pierre (Act 1, 20), Episcopatum ejus accipiat alter. Quand il erre en sa particuliere opinion, il le faut enseigner, adviser, convaincre, comm’on fit a Jean 22, lequel tant s’en vaut quil mourust opiniastre, ou que pendant sa vie il determinast aucune chose touchant son opinion, que pendant quil faysoit l’inquisition requise pour determiner en matiere de foy, il mourut, au recit de son successeur en l’Extravagante qui se commence, Benedictus Deus (Concilia anno 1334). Mays quand il est revestu des habitz pontificaux, je veux dire, quand il enseigne toute l’Eglise comme pasteur es choses de la foy et des mœurs generales, alhors il ny a que doctrine et verité. Et de vray, tout ce que dict un roy n’est pas loy ni edict, mays seulement ce que le roy dict comme roy, et determinant juridiquement ; ainsy tout ce que dict le Pape n’est pas Droit canon ni loy, il faut quil veuille determiner et donner loy aux brebis, et quil y garde l’ordre et forme requise. Ainsy disons nous quil faut avoir recours a luy non comme a un docte homme, car en cela il est ordinairement devancé par plusieurs autres, mays comme au chef et Pasteur general de l’Eglise, et, comme tel, honnorer, suivre et embrasser fermement sa doctrine, car alhors il porte en sa poitrine le Urim et Thummim, la doctrine et verité.

Et ne faut pas nomplus penser qu’en tout et par tout son jugement soit infallible, mays lhors seulement quil porte sentence en matiere de foy ou des actions necessaires a toute l’Eglise ; car es cas particuliers, qui dependent du faict humain, il y peut errer sans doute, quoy que nous autres devions le contreroller en cest endroit qu’avec toute reverence, submission et discretion. Les theologiens ont out dict en un mot, quil peut errer in quaestionibus facti, non juris, quil peut errer extra Cathedram, hors la Chaire de saint Pierre, c’est a dire, comme homme particulier, par escritz et mauvais exemples, mays non pas quand il est in Cathedra, c’est a dire, quand il veut faire une instruction et decret pour enseigner toute l’Eglise, quand il veut confirmer les freres comme supreme pasteur, et les veut conduyre es pasturages de la foy : car alhors ce n’est pas tant l’homme qui determine, resoult et definit, que c’est le benit Saint Esprit par l’homme, lequel, selon la promesse faicte par Nostre Seigneur a ses Apostres (Jean 16, 13), enseigne toute verité a l’Eglise, ou, comme dict le Grec et semble que l’Eglise l’entende en une collecte de Pentecoste, conduict et meyne son Eglise en toute verité : Cum autem venerit ille Spiritus veritatis, docebit vos omnem veritatem, ou, deducet vos in omnem veritatem. Et comment est ce que le Saint Esprit conduict l’Eglise, sinon par le ministere et office de praedicateurs et pasteurs ? mays si les pasteurs ont des pasteurs encores, ilz les doivent suivre ; ainsy tous doivent suivre celuy qui est le supreme pasteur, par le ministere duquel nostre Dieu veut conduire, non les aigneuax seulement et brebiettes, mays les brebis et meres des aigneaux, c’est a dire, non les peuples seulement, mays les autres pasteurs encores, celuy qui succede a saint Pierre qui eut ceste charge, Pasce oves meas (Jean 21, 17). C’est ainsy que Dieu conduit son Eglise es pasturages de sa saint Parole, et ne l’exposition d’icelle ; qui cherche la verité sous autre conduite, la pert. Le Saint Esprit est conducteur de l’Eglise, il la conduict par son pasteur ; qui donques ne suit le pasteur, ne suit pas le Saint Esprit.

Mays le grand Cardinal Toletus remarque tresbien a propos sur ce lieu (Comment in Joannis Evangelium, in cap 16, 13), quil n’est pas dict, portabit Ecclesiam in omnem veritatem, mays, deducet, pour monstrer que quoy que le Saint Esprit esclaire a l’Eglise, si veut il qu’elle use de la diligence requise a tenir le bon chemin ; comme firent les Apostres, qui ayans a respondre sur une question d’importance, debattirent de part et d’autre, conferant les Escritures ensemble, ce qu’ayans faict diligemment, ilz conclurent par le Visum est Spiritui Sancto et nobis (Act 15, 28),c’est a dire, le Saint Esprit nous a esclairé, et nous avons marché, il nus a guidé, nous l’avons suivi jusques a ceste verité ; il faut employer les moyens ordinaires pour la recherche de la verité, et neanmoins reconnoistre la treuve et l’abord en icelle de l’assistence du Saint Esprit. Ainsy est conduit le troupeau Chrestien par le Saint Esprit, mays sous la charge et conduite de son pasteur ; lequel, neanmoins, ne court pas a la volëe, mays selon la necessité convoque les autres pasteurs, ou en partie ou generalement, regarde soigneusement la piste des devanciers, considere le Urim et Thummim de la Parole de Dieu, entre devant son Dieu par ses prieres et invocations, et s’estant ainsy diligemment enquesté du vray chemin, se met en campaigne hardiment et faict voile de bon cœur : heureux qui le suit et se range a la discipline de sa houlette, heureux qui s’embarque en son navire ; car il repaistra de sa verité, il surgira au port de la sainte doctrine.

Ainsy ne faict il jamais commandement general a toute l’Eglise es choses necessaires, qu’avec l’assistence du Saint esprit, lequel ne manquant mesme pas aux especes des animaux es choses necessaires, par ce quil les a establies, ne manquera pas aussi au Christianisme en ce qui luy est necessaire pour sa vie spirituelle. Et comment seroit l’Eglise une et sainte, telle que les Escritures et simboles la descrivent ? car, si elle suivoit un pasteur et que le pasteur errast, comme seroit elle sainte ? si elle ne le suivoit pas, comme seroit elle une ? et quelle desbauche verroit on parmi le Christianisme, pendant que les uns trouveroient et jugeroient une loy mauvayse, les autres, bonne, et que les brebis, au lieu de paistre et de s’engraisser es pasturages de l’Escriture et sainte Parole, s’amuseroyent a conteroller les jugemens du superieur ? Reste donq que selon la divine providence nous tenions pour fermé ce que saint Pierre fermera avec ses clefz, et pour ouvert ce quil ouvrira, estant assis en la chaire instruisant toute l’Eglise.

Que si les ministres eussent tansé les vices, remonstré l’inutilité de quelques censures et decretz, emprunté quelques saints advis des livres moraux de saint Gregoire, et de ceux de saint Bernard, De Consideratione, produit quelque bon moyen de lever les abuz qui ne sont survenuz en la prattique benficiaire pour la malice du tems et des hommes, et se fussent adressés a Sa Sainteté avec humilité et reconnoissance, tous les bons les eussent honnorés, et caressé leurs desseins : les bons Cardinaux Conterano, Theatino, Sadolet, et Polus, avec ces autres grans personnages qui praesenterent le Conseil de reformer les abus en ceste sorte (Cocleus in actis anni 39), en ont merité une immortelle recommandation de la posterité. Mays remplir l’air et la terre d’injures, invectives, outrages, calomnier le Pape, et non seulement en sa personne, ce qui ne se doit jamais faire, mays en sa dignité, attauqer le Siege que toute l’antiquité a honnoré, le vouloir juger contre le conseil de toute l’Eglise, apeller la dignité mesme antichristianisme, qui sera celuyt qui le pourra trouver bon ? Le grand Concile de Calcedoine trouva si estrange que Dioscorus, Patriarche, excommuniast le Pape Leon (Act 3 Epist ad Valent. Et Marcianum) ; et qui pourra souffrir l’insolence de Luther, qui fit une bulle ou il excommunie et le Pape, et les Evesques, et toute l’Eglise (Anno 22 apud Cocleum) ? Toute l’Eglise luy donne des tiltres honnorables, luy parle avec reverence : que dirons nous de ce beau commencement de livre que Luther adressa au Saint Siege ? Martinus Lutherus, Sanctissimae Sedi Apostolicae et toti ejus parlamento, meam gratiam et salutem. Imprimis, Sanctissima Sedes, creda et non frangere ob novam istam salutationem, in qua nomen meum primo et in supremo loco pono. Et apres avoir recité la bulle contre laquelle il escrivoit, il commence par ces ciniques et vilaines paroles : Ego autem dico, ad Papae et bullae hujus minas istud : qui prae minis moritur, ad ejus sepulturam compulsari debet crepitibus ventris. Et quand, escrivant contre le Roy d’Angleterre, Vivens, dict il, papatus hostis ero, exustus tuus hostis ero. Que dites vous de ce grand pere ? sont ce pas des paroles dignes d’un tel reformateur ? j’ay honte de lire, et ma main se fache de praesenter ces vilaynies ; mays qui les vous cachera vous ne croires jamais quil soit tel quil est . Et quand il dict : Nostrum est non judicari ab ipso, sed ipsum judicare.

Mays je vous entretiens trop sur un sujet qui ne demande pas grande inquisition. Vous lises les escritz de Calvin, de Zuingle, Luther ; je vous supplie, tries en les injures, calomnies, opprobres, medisances, risëes, bouffonneries qui y sont contre le Pape et le Saint Siege de Rome, et vous verres quil ny demeurera rien : vous oÿes vos ministres ; imposes leur silence quand aux injures, mocqueries, mesdisances, calomnies contre le Saint Siege, et vous aures vos preches la moitié plus cours. On dict mille folies sur cecy, c’est le rendes vous de tous vos ministres ; silz composent des livres, a tous propos, comme las et recreuz du travail, ilz s’arrestent sur les vices des Papes, disans bien souvent ce quilz sçavent bien n’estre point. De Beze, qui dict (De Veris Eccl notis, p 13) que des long tems il ny a eu aucun Pape qui se soit soucié de la religion ni qui ayt esté théologien, veut il pas tromper quelqu’un ? car il sçait bien qu’Adrien, Marcel et ces cinq derniers ont estés tres grans theologiens : a quo faire, mentir ? Mays disons quil y ait du vice et de l’ignorance : Cathedra tibi, vous dict saint Augustin (L 2 contra litt. Petil c 51), quid fecit Ecclesiae Romanae, in qua Petrus sedit et in qua hodie Anastasius sedet ? quare appellas cathedram pestilentiae Cathedram Apostolicam ? Si propter homines, quos putas legem loqui et non facere, numquid Dominus, Noster Jesus Christus propter Phariseos, de quibus ait (Matth 23, 3), Dicunt et non faciunt, cathedrae in qua sedebant ullam fecit injuriam ? nonne illam cathedram Moisi commendavit, et illos servato cathedrae honore redarguit ? ait enim : Super cathedram, etc. (vers 2). Haec si cogitaretis, non propter homines quos infamatis blasphemaretis Cathedram Apostolicam cui non communicatis ; sed quid est aliud quam nescire quid dicere, et tamen non posse nisi maledicere ?


Sales, Controverses 2612