Augustin, du Baptême - CHAPITRE XIII.LA PAILLE ET LA ZIZANIE MÊLÉES AU BON GRAIN.

CHAPITRE XIII.LA PAILLE ET LA ZIZANIE MÊLÉES AU BON GRAIN.

19. «Il ne peut donc y avoir d'union réciproque entre la justice et l'iniquité», non-seulement dans le schisme, mais encore dans l'unité. «Car Dieu connaît ceux qui sont à lui, et quiconque invoque le nom du Seigneur doit s'abstenir de toute iniquité; et il ne peut y avoir d'union entre la lumière et les ténèbres (2Co 6,14)», non-seulement dans le schisme, mais encore dans l'unité. En effet, dit saint Jean, «Celui qui hait son frère est encore dans les ténèbres (1Jn 2,9)». Or, ils haïssaient saint Paul, ceux qui annonçant Jésus-Christ avec un esprit de jalousie et de dissension malveillante, se flattaient de venir le troubler jusque sous le poids de ses chaînes (Ph 1,15-17); et cependant Cyprien nous enseigne que ces mêmes prédicateurs appartenaient à l'unité de l'Eglise: «Si donc les ténèbres ne peuvent éclairer, ni l'iniquité justifier», comme parle notre saint martyr, je demande comment ces ministres pouvaient baptiser dans l'unité de l'Eglise? Je demande comment ces vases d'ignominie peuvent dans la maison même du père de famille opérer la sanctification des hommes, en leur conférant la justice et la sainteté? N'est-ce point parce que la sainteté de ce sacrement ne peut être souillée par les pécheurs, soit quand elle est conférée par eux, soit quand elle est reçue par des hommes qui ne veulent changer ni leur coeur, ni leur vie? C'est en parlant de ces pécheurs extérieurement attachés à l'unité, que Cyprien a dit: «Ils ne renoncent au siècle que du bout des lèvres, et non point par leurs oeuvres (Cyp., lettre 11,aux Clercs)».
20. Dans l'unité nous trouvons donc «des ennemis de Dieu, des hommes dont le coeur est obsédé par l'esprit de l'Antéchrist», et cependant «ils remplissent des fonctions spirituelles et divines (Cyp., lettre LXXII1,à Jubaianus)», qui ne peuvent dans cet état, ni leur être d'aucune utilité pour le salut, ni subir aucune atteinte des souillures de ceux qui les accomplissent. «La grâce ecclésiastique et salutaire n'appartient nullement à ceux qui se posent comme adversaires de l'Eglise et de Jésus-Christ, et sont désignés par les Apôtres sous le nom d'Antéchrists». Ces paroles de Cyprien doivent s'entendre en ce sens que de tels hommes peuvent se rencontrer, non-seulement dans le schisme, mais encore dans l'unité. Toutefois, ces derniers n'ont de l'unité que- les apparences, et leur séparation réelle de la perfection et de l'unité de la Colombe est parfaitement connue de Dieu, et quelquefois même des hommes. Il suffit pour cela de considérer leur vie criminelle et leur obstination dans le mal et d'y opposer les lois et les préceptes divins; ce contraste frappant donne aussitôt une idée de la grande quantité de pailles et de zizanies renfermées dans le schisme et .dans l'unité. Toutes ces pailles et ces zizanies seront (121) dévoilées au dernier jour, et le Juge suprême leur dira: «Retirez-vous de moi, artisans d'iniquité (Mt 7,23); allez au feu éternel, qui a été préparé au démon et à ses anges (Mt 25,41)».


CHAPITRE XIV.NOUS NE DEVONS AVOIR D'AUTRE RÈGLE QUE LA VÉRITÉ MÊME DE JÉSUS-CHRIST.

21. Du reste, que les pécheurs appartiennent au schisme ou à l'unité, nous ne devons désespérer de la conversion d'aucun d'eux, tant que la patience de Dieu les invite à la pénitence (Rm 2,4), tant que le Seigneur visite leurs crimes avec la verge et flagelle leurs iniquités. Jamais il ne leur refuse sa miséricorde (Ps 88), pourvu qu'ils aient eux-mêmes pitié de leur âme et qu'ils se rendent agréables à Dieu (Si 30,24). De même que le salut appartient au juste qui persévérera jusqu'à la fin (Mt 14,13) de même celui qui dans le schisme ou l'unité persévérera jusqu'à la fin dans son iniquité sera infailliblement condamné. Si par le baptême on entend la grâce même du baptême et le salut qu'il confère, nous aussi nous sommes loin de dire que «tous ceux qui ont reçu ce sacrement, de quelque manière que ce fût, ont également reçu la grâce du sacrement»; n'en est-il pas qui, le recevant dans l'unité, n'ont aucune part au salut qu'il confère, quoique par lui-même le baptême conserve toujours sa sainteté essentielle? Il est donc parfaitement exact de dire «que le Seigneur nous avertit dans l'Evangile de ne pas accueillir les mauvais conseils (Mc 13,21) et de «n'écouler que les hommes qui se montrent «dociles aux lois de Jésus-Christ». Mais ces mauvais conseillers, nous les rencontrons aussi bien dans l'unité que dans le schisme, car ces derniers, avant de se séparer, étaient déjà secrètement coupables. D'ailleurs, parlant des vases entassés dans la grande maison, l'Apôtre disait: «Si quelqu'un se garde pur de ces choses, il sera un vase d'honneur, sanctifié, utile au service du Seigneur et toujours préparé pour toutes sortes de bonnes oeuvres». Quelques lignes plus haut il avait dit en quoi devait consister cette purification: «Que celui qui invoque le nom du Seigneur s'éloigne de l'iniquité (2Tm 2,19-21)», s'il ne veut pas, comme la paille déjà séparée de l'aire, ou qui en sera séparée au dernier jugement, entendre ces redoutables paroles: «Retirez-vous de moi, «vous tous qui accomplissez l'iniquité (Mt 7,23)» .J'approuve donc cette conclusion de saint Cyprien: «Gardons-nous d'accepter de prime abord «tout ce qui nous est annoncé au nom de Jésus-Christ; attachons-nous uniquement à ce qui se fait dans la vérité de Jésus-Christ». Or, ce n'est pas la vérité de Jésus-Christ qui autorise à s'emparer, par la fraude, du bien d'autrui, de multiplier l'usure pour augmenter sa fortune (Discours sur les Tombés), et de ne renoncer au siècle que du bout des lèvres et non point par les oeuvres (Cyp., lettre 11,aux Clercs). Que tout cela cependant se soit fait dans l'unité, nous devons en croire au témoignage formel de saint Cyprien.


CHAPITRE XV.LA CONVERSION DES HÉRÉTIQUES REDRESSE LEUR FOI ET NON PAS LEUR BAPTÊME.

22. Le saint évêque s'étend ensuite très-longuement pour prouver «que ceux qui blasphèment le Père ne peuvent être baptisés en Jésus-Christ (Cyp., lettre LXXII1,à Jubaianus)». Le blasphème dont il parle n'est autre chose que l'erreur elle-même ou l'hérésie, car celui qui s'approche du baptême de Jésus-Christ ne blasphème jamais ouvertement le Père; s'il est blasphémateur, c'est parce qu'il embrasse sur le Père une doctrine contraire à la ‘vérité. Or, j'ai déjà prouvé que le baptême existe en lui-même par cela seul qu'il est conféré selon les termes de l'Evangile et indépendamment de toute erreur du ministre ou du sujet, relativement au Père, ou au Fils ou au Saint-Esprit. Combien d'hommes charnels sont baptisés dans l'unité, quoique l'Apôtre ait hautement déclaré que «l'homme animal ne perçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu (1Co 2,14)!» à combien ne reproche-t-il pas leur vie animale, même après qu'ils ont reçu le baptême (1Co 3,2)? Or, une âme livrée aux sens corporels ne peut avoir de Dieu que des idées charnelles. Voilà pourquoi beaucoup de ceux qui progressent après le baptême, et surtout ceux qui ont reçu ce sacrement pendant leur enfance ou pendant leur jeunesse, à mesure que leur intelligence s'éclaire et se développe, à mesure que l'homme intérieur se forme en eux de jour en jour (2Co 4,16), (122) se trouvent saisis d'un profond mépris pour les premières idées, toutes grossières et charnelles, qu'ils s'étaient faites de Dieu, et rejettent tous ces rêves que maintenant ils détestent et abhorrent. Cependant il ne vient à la pensée de personne de conclure qu'ils n'ont pas reçu le baptême, ou que le baptême qu'ils ont reçu était infecté de leur erreur. Tout ce que l'on doit faire c'est d'honorer en eux l'intégrité du sacrement et de corriger la légèreté de leur esprit, fût-elle confirmée et enracinée par de nombreuses discussions.De même quand il s'agit d'un hérétique ouvertement séparé de l'Eglise, s'il a reçu le baptême évangélique, nous devons croire que ce baptême en lui-même n'a pas été infecté par son erreur. Si donc rentrant en lui-même il finit par comprendre qu'il doit quitter son erreur, rien n'autorise à lui faire quitter également le bien qu'il a reçu; parce qu'on doit réprouver son hérésie, ce n'est pas une raison pour invalider en lui le baptême de Jésus-Christ. Ce qui se fait à l'égard de ceux qui reçoivent le baptême dans l'unité malgré les fausses idées qu'ils ont de Dieu, nous prouve clairement que l'on doit établir une distinction essentielle entre la vérité du sacrement et l'erreur où se trouve le sujet. Par conséquent, lorsqu'un hérétique ouvertement séparé de l'Eglise, a reçu le:véritable baptême et qu'il rentre dans l'Eglise, on éclaire sa foi qui était fausse, mais le véritable Baptême qu'il avait reçu ne saurait être remplacé par un autre baptême véritable. Le même baptême ne peut évidemment se succéder à lui-même; ou plutôt il ne peut disparaître. Quand donc des hérétiques rentrent dans l'Eglise catholique, ils viennent y chercher le remède aux maux dont ils souffraient, et non point la réitération du bien qu'ils ont déjà reçu.

CHAPITRE XVI.LE BAPTÊME DANS L'UNITÉ ET DANS LE SCHISME.

23. Mais, dira quelqu'un, peu importe donc que deux hommes livrés à la même erreur ou àla même méchanceté, et obstinés à ne changer ni de conduite ni de dispositions, reçoivent le baptême, l'un dans le schisme et l'autre dans l'unité? Il importe beaucoup. En effet, le plus coupable des deux c'est celui qui est baptisé dans le schisme, non pas précisément parce qu'il est baptisé, mais parce qu'il est baptisé dans le schisme. Ce schisme n'est-il point de sa part un mal et un grand mal? Je suppose toutefois que si l'autre est baptisé dans l'unité, ce n'est point parce qu'il y trouvait un avantage purement temporel, mais uniquement parce que l'unité de l'Eglise répandue sur toute la terre, lui paraissait devoir être préférée àtoutes les divisions du schisme. Si sa démarche n'avait eu d'autre motif qu'un avantage purement temporel, on devrait le regarder comme appartenant au schisme. Voici donc comment on devrait établir la comparaison entre ces deux néophytes. L'un des deux, par exemple, partage sur la personne de Jésus-Christ les opinions de Photin; et, appartenant à l'hérésie, il demande le baptême hors de la communion de l'Eglise. L'autre partage les mêmes opinions, mais supposant qu'elles sont en tout conformes à la foi catholique, il demande le baptême à l'Eglise catholique. Je ne regarde pas ce dernier comme hérétique, tant qu'il ne lui a pas été prouvé que sa croyance est contraire à la foi catholique, et qu'il n'a pas ouvertement déclaré qu'il reste attaché, malgré tout, à sa première opinion. Jusqu'à ce qu'il en vienne là, j'affirme que le plus coupable des deux est celui qui a été baptisé dans le schisme. En effet, dans celui-ci, c'est le schisme lui-même que l'on a à corriger, tandis que dans l'autre il n'y a qu'une fausse opinion; et ni dans l'un ni dans l'autre, on ne doit réitérer la vérité du sacrement. Enfin, j'en suppose un troisième qui sait parfaitement que cette opinion constitue une hérésie séparée de l'unité de l'Eglise; il y adhère étroitement: mais en vue de se procurer tel ou tel avantage temporel, il demande le baptême à l'unité catholique, ou après l'y avoir reçu il y reste pour le même motif. Quant à ce dernier, j'affirme qu'on doit le regarder non-seulement comme séparé, mais comme d'autant plus coupable qu'il joint l'hypocrisie et la dissimulation au schisme et à l'hérésie. J'en conclus que la dépravation d'un homme exige des remèdes d'autant plus actifs et violents qu'elle est elle-même plus dangereuse et plus dissimulée. Toutefois, rien de tout cela n'autorise à regarder comme radicalement nul, ou digne de mépris, à cause de la dépravation du sujet, un sacrement conféré dans toute son intégrité et essentiellement divin dans son principe et ses effets. Ce n'est donc point à cette (123) dépravation de l'homme que l'on doit attribuer ce sacrement, mais à l'infinie libéralité de celui qui, même à l'âme fornicatrice et courant à la poursuite de ses amants, n'hésite pas à donner le pain, le vin, l'huile, les autres aliments et les autres ornements qui ne peuvent lui venir ni d'elle-même, ni de ses complices, mais de Celui qui dans sa miséricorde l'invite à opérer sa conversion (Os 2,5-7).


CHAPITRE XVII.L'ERREUR EST CRIMINELLE ET NON PAS LE BAPTÊME DES HÉRÉTIQUES.


24. «Est-ce que»,dit Cyprien, «la puissance du baptême peut être plus grande et plus efficace que le martyre ou la profession publique de sa foi? Peut-il être plus utile d'être baptisé que de confesser sa foi devant les hommes ou d'être baptisé dans son propre sang? Et cependant», ajoute-t-il, «ce baptême de sang lui-même n'est d'aucune utilité à l'hérétique, quoiqu'il ait souffert la mort pour confesser Jésus-Christ hors de l'Eglise». Cette dernière observation est parfaitement exacte, car, fût-on martyr hors de l'Eglise, on n'en resterait pas moins privé de cette charité dont l'Apôtre a dit: «Lors même que je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, ma mort me devient absolument inutile (1Co 13,3)». Si le martyre ne sert de rien quand la charité manque, que peuvent donc espérer ceux qui, n'appartenant à l'unité que par jalousie ou par malveillance, sont évidemment privés de la charité, selon la pensée de saint Paul, développée par Cyprien; et cependant, ils peuvent recevoir et conférer le véritable baptême. «Hors de l'Eglise, dit-il, point de salut». Qui pourrait en douter? Par conséquent, les biens de l'Eglise, conférés hors de l'Eglise, ne peuvent rien pour le salut. Mais, autre chose est de ne point posséder ces biens, autre chose est de les posséder inutilement. Celui qui ne les possède pas doit en chercher la possession dans la réception du baptême; et celui qui les possède inutilement doit se corriger pour se rendre cette possession utile. «L'eau, dans le baptême des hérétiques, n'est nullement adultère». En effet, rien de ce que Dieu a créé n'est mauvais; et, d'un autre côté, les paroles évangéliques, en passant par les lèvres des hérétiques, ne perdent rien de leur sainteté essentielle. Une seule chose est criminelle, c'est l'erreur, car l'âme qui s'y abandonne devient adultère, lors même que l'ornement du baptême lui aurait été donné par son époux légitime. «La possession du baptême peut donc nous être commune, à nous et aux hérétiques»; il en est de même de l'Evangile, quoique leur erreur soit directement opposée à notre foi, soit que leur doctrine sur le Père, ou le Fils, ou le Saint-Esprit, contredise la vérité; soit qu'ils dissipent, au lieu de recueillir avec Jésus-Christ, précisément parce qu'ils sont séparés de l'unité (Mt 12,30), Ainsi donc, pourvu que nous soyons le froment du Seigneur, il peut se trouver parmi nous, dans l'unité, des avares, des voleurs, des ivrognes et autres pécheurs de ce genre, dont il est dit qu' «ils ne posséderont pas le royaume de Dieu (1Co 6,10)»; or, ce qu'il y aura de commun entre eux et nous, ce sera le baptême et non pas les vices qui les exclueront du royaume de Dieu.


CHAPITRE XVIII.TOUTES LES VERTUS, HORS DE L'UNITÉ, SONT INUTILES AU SALUT.

25. Ce n'est pas seulement des hérétiques que l'Apôtre a dit: «Ceux qui accomplissent ces oeuvres n'entreront pas dans le royaume de Dieu». Mais rappelons les termes mêmes de son énumération: «Il est aisé de connaître les oeuvres de la chair, qui sont la fornication, l'impureté, l'impudicité, la dissolution, l'idolâtrie, les empoisonnements, les inimitiés, les dissensions, les jalousies, les animosités, les querelles, les divisions, les hérésies, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les débauches et autres choses semblables; or, je vous déclare, comme je l'ai déjà fait précédemment, que ceux qui commettent ces crimes ne seront point héritiers du royaume de Dieu (Ga 5,19-21)». Supposons donc un homme qui est chaste, continent, qui n'est ni avare, ni idolâtre, qui donne l'hospitalité et l'aumône aux indigents, qui n'est ennemi de personne ni porté à la querelle, qui est patient, doux, n'ayant d'envie ni de jalousie contre personne, et enfin, se montrant toujours très-sobre et très-frugal; il a toutes ces qualités, mais, en même temps, il est (124) hérétique; or, personne ne doute que, malgré ses qualités, il suffit qu'il soit hérétique pour n'avoir aucun droit au royaume du ciel. Supposons un autre homme; il est fornicateur, impur, impudique, avare, publiquement idolâtre, empoisonneur, vindicatif, chicaneur, jaloux, envieux, séditieux, irascible, ivrogne, gourmand; mais, en même temps, il est catholique. Est-ce que, par cela seul qu'il est catholique, il possédera le royaume de Dieu, malgré cette sentence formelle de l'Apôtre «Je vous déclare, comme je l'ai déjà fait précédemment, que ceux qui commettent ces crimes ne seront point héritiers du royaume de Dieu?» Tenir un autre langage que celui de l'Apôtre, ce serait nous tromper nous-mêmes. La parole de Dieu ne nous trompe pas, elle ne se tait, ni n'épargne, ni ne trompe par aucune adulation. De là, ces autres paroles: «Sachez que nul fornicateur, nul impudique, nul avare, dont le vice est une idolâtrie, ne sera héritier du royaume de Jésus-Christ et de Dieu; que personne ne vous séduise par de vains discours (Ep 5,5-6)». Ne nous plaignons donc pas de la parole de Dieu. Le Seigneur nous déclare ouvertement et librement que ceux qui vivent dans le crime n'appartiennent pas au royaume de Dieu.


CHAPITRE XIX.LA DIVERSITÉ DES CHÂTIMENTS EN ENFER.

26. Ne cherchons donc point à endormir et à flatter dans ses crimes le pécheur catholique, et parce qu'il appartient à l'unité de l'Eglise, gardons-nous de lui promettre une impunité qui n'est promise nulle part dans les saintes Ecritures; ne fût-il coupable que d'un seul des crimes que nous venons d'énumérer, ne lui promettons pas les joies de la patrie céleste. S'adressant aux Corinthiens, Paul énumère un certain nombre de pécheurs à chacun desquels il est censé dire qu'il ne possédera pas le royaume de Dieu: «Ne vous y trompez pas: ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les impudiques, ni les abominables, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les ravisseurs du bien d'autrui ne posséderont le royaume de Dieu (1Co 6,9-10)». L'Apôtre ne dit pas: Ceux qui commettront à la fois tous ces vices ne posséderont pas le royaume de Dieu; mais, ni les uns ni les autres, ni ceux-ci, ni ceux-là sous-entendu ne posséderont le royaume de Dieu. Si donc les hérétiques ne doivent pas posséder le royaume de Dieu, les avares ne le posséderont pas davantage. Nous savons parfaitement que les châtiments dont seront frappés ceux qui ne posséderont pas le royaume rie Dieu, seront proportionnés à la diversité des crimes; les crimes plus graves seront frappés par des châtiments plus graves, de telle sorte que justice sera complètement rendue dans les flammes éternelles. Ce n'est donc pas en vain que le Seigneur a dit: «Le sort de Sodome sera moins redoutable que le vôtre au jour du jugement (Mt 11,24).». Toutefois, pour mériter d'être exclu du royaume des cieux, il n'est point nécessaire de commettre à la fois plusieurs de ces crimes, ou celui de tous qui nous paraît le plus grave, il suffit de celui qui pourrait paraître le plus léger. Ainsi donc, tandis que le Juge suprême donnera aux uns le royaume de Dieu et les placera à sa droite, ceux qui n'auront pas mérité d'être placés à sa droite, où les placera-t-il, si ce n'est à sa gauche? quelle voix pourra-t-il leur faire entendre, si ce n'est celle que les boucs entendront des lèvres du Pasteur: «Allez au feu éternel, qui a été préparé au démon et à ses anges (Mt 25,32-33 Mt 25,41)?» Quant à ce feu éternel, comme je l'ai dit précédemment, les supplices y seront diversifiés selon les degrés du crime.


CHAPITRE XX.LE BAPTÊME ESSENTIELLEMENT BON DANS LES JUSTES ET LES PÉCHEURS.

27. Maintenant si nous opposons l'un à l'autre un catholique de mauvaises moeurs avec un hérétique à qui l'on ne peut reprocher d'autre crime que son hérésie, je n'oserais dire auquel des deux nous devrions donner la préférence. Mais, dira quelqu'un, par cela même qu'il est hérétique, n'est-il pas coupable des autres crimes qui en sont la conséquence? Il est charnel et animal, et comme conséquence nécessaire il est jaloux, envieux et ennemi de la vérité dont il est séparé. A celui qui me tiendrait ce langage je dirais également: Mettez dans un homme celui de ces crimes qui vous paraît le plus léger, ce crime n'y sera pas seul, du moment que le coupable est charnel et animal. Par (125) exemple, qu'il s'agisse de l'ivresse, de ce crime dont le nom seul nous fait horreur, tandis qu'il ne soulève parmi les peuples qu'une outrageante hilarité, pensez-vous que cette passion puisse se trouver seule dans un homme? Tout ivrogne n'est-il pas en même temps querelleur, irascible, jaloux, ennemi de la sagesse des préceptes, et fortement hostile à ceux qui lui reprochent l'indignité de sa conduite? Il est même difficile d'admettre qu'il ne soit ni fornicateur ni adultère; cependant il peut n'être pas hérétique, comme un hérétique peut n'être pas ou un ivrogne, ou un adultère, ou un fornicateur, ou un impudique, ou un avare, ou un empoisonneur, et même n'avoir aucun de ces crimes. En effet, ce serait une exagération de dire qu'un seul vice est nécessairement suivi de tous les autres.Par conséquent, si nous opposons l'un à l'autre un catholique coupable de tous ces vices, et un hérétique exempt des vices qui ne sont point une suite nécessaire de l'hérésie; l'un docile et l'autre hostile à la foi, mais tous deux menant une conduite opposée à la foi, bercés d'une vaine espérance, étrangers à la charité spirituelle, et par là même séparés du corps de la colombe unique; pourquoi-reconnaître dans le premier et rejeter du second le sacrement de Jésus-Christ, comme s'il était la possession propre de l'un ou de l'autre? Ce sacrement n'est-il pas le même dans ces deux hommes? dans l'un et dans l'autre ce sacrement n'est-il pas l'oeuvre de Dieu? et cesse-t-il d'être bon parce qu'il se trouve dans les plus grands pécheurs? Parmi ceux qui l'ont reçu, l'un peut être plus coupable que l'autre; mais par lui-même ce sacrement est-il moins bon dans l'un que dans l'autre? Supposons-le dans deux mauvais catholiques, dans le plus coupable des deux le baptême est-il moins bon que dans l'autre? Et si l'un ries deux est bon, tandis que l'autre est mauvais, le baptême est-il mauvais dans celui-ci et bon dans celui-là? Non, dans l'un et dans l'autre il reste essentiellement bon; c'est ainsi que la lumière du soleil ou d'un flambeau ne perd rien de sa bonté naturelle en passant par des yeux mauvais, et reste essentiellement la même, malgré la diversité des organes qui la reçoivent et dont elle fait la joie ou le tourment.


CHAPITRE XXI.LE BAPTÊME ET LA JUSTICE NÉCESSAIRES POUR ALLER AU CIEL.

28. Parlant des catéchumènes, Cyprien nous affirme «que le privilége de souffrir le martyre et de mourir pour le nom de Jésus-Christ leur méritait le bonheur du ciel avant même d'avoir reçu le baptême». Je ne comprends pas suffisamment la portée de cette objection, Voulait-il répondre à ceux qui soutenaient que si les catéchumènes martyrs étaient admis au ciel, à plus forte raison devait-on dire que les hérétiques pouvaient y entrer après avoir été régénérés une seule fois par le baptême? n'a-t-il pas été dit: «Si quelqu'un ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, il n'entrera pas dans le royaume des cieux (Jn 3,5)?» Assurément je n'hésite pas à préférer à un hérétique baptisé un catéchumène catholique animé de la divine charité; je préfère même dans l'unité catholique un bon catéchumène à un mauvais baptisé. Et cependant je ne crois faire par là aucune injure au sacrement de baptême que l'un appelle de ses voeux et que l'autre a déjà reçu; je ne pense pas non plus préférer par là le sacrement du catéchuménat au sacrement de baptême, quoique j'admette parfaitement qu'un catéchumène peut être plus fidèle et meilleur qu'un chrétien baptisé. Le centurion Corneille, avant son baptême, n'était-il pas meilleur que Simon le Magicien déjà baptisé? Le premier, dès avant son baptême, fut rempli-du Saint-Esprit (Ac 10), tandis que le second, après son baptême, obéissait à l'inspiration de l'esprit immonde (Ac 8,13 Ac 8,18-19). Toutefois, supposé que Corneille, après avoir reçu le Saint-Esprit, eût refusé le baptême, le mépris seul de ce grand sacrement aurait suffi pour le rendre gravement coupable. A son baptême, le sacrement qu'il reçut ne fut pas meilleur que celui qui avait été conféré à Simon, mais la diversité de leurs mérites personnels établit entre eux une immense différence, quoique ayant reçu tous deux le même sacrement; par conséquent la sainteté essentielle du baptême ne dépend nullement des dispositions bonnes ou mauvaises du sujet. De même que le baptême manque à un bon catéchumène pour entrer au ciel, de même pour y entrer, un mauvais chrétien a besoin d'une bonne et sincère conversion. En effet, celui qui a dit: «Si quelqu'un ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, il n'entrera pas dans le royaume des cieux», a dit également: «Si votre justice n'est pas plus grande que celle des Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux (Mt 5,20)».Ainsi donc, pour faire comprendre à un catéchumène que sa propre justice ne lui suffisait pas, le Sauveur lui adresse cette sentence: «Si quelqu'un ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, il n'entrera pas dans le royaume des cieux»; de même, pour faire sentir au chrétien que, même après le baptême, il doit trembler sur son iniquité, Jésus-Christ a dit également: «Si votre justice n'est plus grande que celle des Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux». Il y a donc égalité de part et d'autre; la justice sans le baptême et le baptême sans la justice ne suffisent pas; il faut l'un et l'autre pour assurer la possession du royaume des cieux. Ne repoussons pas la justice que nous rencontrons dans un homme, avant même qu'il soit uni à l'Eglise, comme nous la trouvons dans Corneille avant qu'il fût chrétien; et c'est ce que prouvent ces paroles: «Vos aumônes ont été tenues pour agréables et vos prières sont exaucées»; d'un autre côté, si cette justice eût été suffisante pour posséder le royaume des cieux, il n'eût pas reçu l'ordre de s'adresser à Pierre (Ac 10,4 Ac 31,5). De même nous ne devons pas repousser le baptême, eût-il été conféré hors de l'Eglise; sans doute ce baptême n'est d'aucune utilité pour le salut, tant que celui qui l'a reçu n'a point mérité d'être incorporé à 1'Eglise, après avoir corrigé sa perversité précédente. Par conséquent, corrigeons les hérétiques de leur erreur et reconnaissons la validité du sacrement qu'ils tiennent, non pas d'eux-mêmes, mais de Jésus-Christ.


CHAPITRE XXII.LE BAPTÊME DE SANG ET DE VOLONTÉ

29. On ne saurait douter que le martyre peut quelquefois remplacer le baptême; et Cyprien nous en fournit une preuve sensible dans le fait du bon larron, à qui il a été dit; «Vous serez aujourd'hui avec moi dans le paradis (Lc 23,43)». Après y avoir mûrement réfléchi, je crois pouvoir affirmer que le martyre pour le nom de Jésus-Christ n'a pas seul le privilége de suppléer le baptême, mais qu'on doit en dire autant de la foi et de la conversion du coeur, quand il est absolument impossible de recourir à l'administration du baptême. En effet, ce n'est pas pour le nom de Jésus-Christ que ce larron fut crucifié, mais en punition de ses crimes; il ne souffrit pas à cause de la foi, mais il reçut la foi pendant ses souffrances. C'est ainsi que, en dehors du sacrement visible du baptême, nous trouvons dans ce larron la réalisation de cette parole de l'Apôtre: «Il faut croire de coeur pour obtenir la justice et confesser la foi par ses paroles pour obtenir le salut (Rm 10,10)». Le même résultat se produit invisiblement lorsque le baptême est rendu impossible, non point par le mépris de la religion, mais par une nécessité instantanée. Pour Corneille et ses amis, beaucoup plus que pour ce larron, l'effusion de l'eau baptismale ne paraissait-elle pas superflue, puisqu'ils avaient déjà reçu le Saint-Esprit qui, autrement, n'est donné qu'à ceux qui ont été baptisés, et se manifestait par le glorieux privilége du don des langues? Cependant Corneille et les autres reçurent le baptême, et ici nous ne pouvons qu'admirer l'autorité apostolique. J'en conclus que nul homme, eût-il déjà fait de grands progrès dans la vie intérieure, fût-il arrivé, dès avant le baptême, à l'intelligence des choses spirituelles et à la piété du coeur, ne doit mépriser le sacrement tel que le confèrent extérieurement les ministres, et par lequel Dieu opère spirituellement la consécration de l'homme.Cependant le baptême que conférait le Précurseur, quoiqu'il fût appelé le baptême de Jean, n'était point à proprement parler son oeuvre propre, dont il eût exclusivement l'initiative et le ministère; il ne le conférait que sur l'ordre formel du Seigneur, qui voulait, en recevant ce baptême des mains de son serviteur (Mt 3,6-13), nous donner un exemple éclatant de sa profonde humilité, et nous apprendre quelle importance nous devrions attacher au baptême véritable qu'il devait divinement instituer, Inspiré par son ardent désir de notre salut, et plongeant dans les profondeurs de l'avenir, il savait que certains hommes, tout fiers de leur intelligence, de la vérité et (127) de l'honnêteté de leurs moeurs, et pleins de mépris pour un grand nombre de chrétiens dont la vie et la doctrine leur paraîtraient de beaucoup inférieures à leur propre vie et à leur doctrine, se gonfleraient d'un orgueil insensé et se croiraient parfaitement dispensés de recevoir le baptême, puisqu'ils se regarderaient comme arrivés à une perfection à laquelle seraient loin d'atteindre un grand nombre de ceux qui auraient reçu ce sacrement.

CHAPITRE XXIII.LE BAPTÊME CONFÉRÉ AUX ENFANTS.

30. Mais quels sont donc les effets, quelle est la puissance de cette sanctification sacramentelle appliquée corporellement à l'homme? Sans oublier que cette sanctification fut conférée au bon larron sur la croix, parce qu'il eut la volonté do la recevoir, quoique les circonstances impérieuses l'en eussent empêché, nous déclarons qu'il est très-difficile de résoudre cette question. Toutefois, remarquons que si une telle sanctification n'eût pas été très-importante, le Sauveur n'aurait point tenu à recevoir le baptême des mains de son serviteur. Quoi qu'il en soit, si nous la considérons en elle-même, et en dehors de son effet principal qui est le salut de l'homme, tout nous indique qu'elle jouit de toute son intégrité dans les méchants et dans ceux qui renoncent au siècle seulement du bout des lèvres, et non point par leurs oeuvres, et cependant ils n'ont de salut à attendre qu'autant qu'il s'opérera dans leur âme une conversion sincère. Cette sanctification ne fut pas appliquée corporellement au bon larron, par suite d'une impossibilité absolue; mais, comme il la reçut spirituellement par l'ardeur de ses désirs, le salut lui fut conféré dans toute sa plénitude. De même quand cette application corporelle du sacrement est faite à quelqu'un, supposé que par une cause involontaire la piété intérieure lui soit réellement impossible, le salut n'en est pas moins pour lui une bienfaisante réalité. En effet, telle est la croyance générale de l'Eglise universelle relativement au baptême des enfants; à cet âge ils ne peuvent ni croire de coeur pour la justice, ni confesser de bouche pour le salut; à cet égard ils sont dans une position pire que celle du larron; bien plus, il ne leur arrive que trop souvent, par leurs cris et leurs larmes, de troubler la célébration du sacrement qui leur est conféré, et cependant il n'est personne parmi les chrétiens qui ose douter de la validité de leur baptême.


CHAPITRE XXIV.LA BONTÉ DE DIEU SUPPLÉE A CE QUI MANQUE AUX ENFANTS.

31. A celui qui demanderait si cet usage de conférer le baptême aux enfants repose sur l'autorité, je répondrais que l'on doit regarder comme un fait de tradition apostolique ce qui s'observe dans toute l'Eglise, et ce qui s'est toujours pratiqué, lors même qu'on n'aurait à produire aucune décision formelle d'un concile général. De plus, pour se rendre compte de l'efficacité du baptême des enfants, il suffit de se rappeler la circoncision de la chair, prescrite au peuple juif et imposée à Abraham lui-même, quoiqu'il eût déjà reçu le bienfait de la justification. De même, avant de recevoir le baptême, Corneille n'était-il pas déjà orné des dons de l'Esprit-Saint? Cependant l'Apôtre nous dit en parlant d'Abraham lui-même: «Il reçut la marque de la circoncision, le sceau de la justice de la foi», lui qui avait cru par le coeur, et à qui la foi fut imputée à justice (Rm 4,11-13). Pourquoi donc cet ordre qui lui est intimé de circoncire désormais le huitième jour tout enfant mâle (Gn 17,9-14), puisqu'il était impossible que cet enfant crût par le coeur, et que sa foi lui fût imputée à justice? N'est-ce point une preuve évidente que par lui-même ce sacrement était doué d'une puissante efficacité? Un ange nous en donne la preuve dans la personne du fils de Moïse; en effet, avant que ce fils eût été circoncis, et pendant que sa mère le portait dans ses bras, Moïse se vit menacé par le Seigneur de lui ôter la vie; Séphora circoncit aussitôt l'enfant, et Moïse fut épargné (Ex 4,24). De même donc qu'Abraham jouissait déjà de la justice de la foi, avant de recevoir la circoncision, qui fut pour lui comme le sceau de cette justice de la foi; de même Corneille reçut d'abord la sanctification spirituelle dans le don du Saint-Esprit, et ensuite le sacrement de régénération dans le bain du baptême. Au contraire, Isaac, circoncis le huitième jour après sa naissance, reçut d'abord le sceau de la justice de la foi; (128) et comme dans la suite il imita la foi de son père, la justice dont il avait reçu le sceau dans son enfance alla se développant sans cesse dans son coeur. Il en est de même pour nos enfants baptisés; ils reçoivent d'abord le sacrement de la régénération; et, pourvu qu'ils conservent la piété chrétienne, il s'opère en eux par la suite une véritable transformation, dont le signe mystérieux a été appliqué sur leur corps.Quant au bon larron sur le Calvaire, il n'avait pu recevoir le sacrement de baptême, mais l'infinie bonté du Tout-Puissant suppléa largement à ce qui n'avait manqué que par nécessité, et non point par orgueil ou par mépris. De même en est-il pour les enfants qui meurent après le baptême: s'ils n'ont pas cru par le coeur pour la justice; s'ils n'ont pas confessé de bouche pour le salut, ce n'est point par suite d'une volonté mauvaise, mais uniquement à cause de la faiblesse de leur âge; voilà pourquoi nous devons croire que le Seigneur y supplée dans son infinie miséricorde. Pour que la célébration du sacrement soit complète, d'autres, au nom de ces enfants, professent solennellement la foi; et, comme ils ne peuvent répondre par eux-mêmes, leur consécration conserve toute sa validité. Il n'en serait pas de même si un adulte catéchumène chargeait un autre de répondre pour lui, quand il peut parler lui-même. Ce serait alors le lieu de lui appliquer cette parole si frappante de l'Evangile: «Il a l'âge nécessaire, qu'il parle pour lui-même (Jn 9,21)».



Augustin, du Baptême - CHAPITRE XIII.LA PAILLE ET LA ZIZANIE MÊLÉES AU BON GRAIN.