Chrysostome sur 1Co



Ière EPÎTRE AUX CORINTHIENS

Tome IX p. 293-610







PRÉFACE

pour les Homélies de saint Jean Chrysostome

SUR LES DEUX ÉPÎTRES AUX CORINTHIENS
1 §. I — 1° Du mérite de ces Homélies. — 2° Du prologue de ces mêmes Homélies. — 3° Quelques savants ne veulent pas qu'il soit de saint Chrysostome.


1° Parmi les oeuvres de saint Chrysostome les plus estimées et les meilleures, on compte les homélies sur les deux épîtres aux Corinthiens. Ces homélies sont au premier rang pour l'élégance de la forme aussi bien que pour l'importance de la matière. on peut le dire surtout des homélies sur la première épître, que l'on préfère généralement aux homélies sur,la seconde épître, à cause du style qui en est plus figuré et plus soigné. On remarque en effet dans les premières une diction plus abondante, un grand nombre de mots piquants et de détails intéressants. Il serait difficile de trouver rien qui soit travaillé avec plus de soin que ces homélies : c'est au point que plus d'un parmi lès lecteurs modernes trouvera que l'auteur va trop loin en ce genre et qu'il excède les justes bornes. Mais en cela le saint Docteur n'a fait que remplir le premier et principal devoir d'un orateur qui est de connaître à fond le goût et l'esprit de son auditoire, pour s'y conformer rigoureusement. Il ne se trompait pas puisqu'il plaisait, et il plaisait tellement, qu'il était souvent interrompu soit par des frémissements approbateurs, soit même par des applaudissements bruyants qui éclataient malgré tous les efforts du prédicateur pour empêcher ces sortes de manifestations. Les controverses fréquentes et les luttes pour ainsi dire corps à corps avec les philosophes profanes, avec les adorateurs des faux dieux, avec certains hérétiques, des détails concernant les moeurs du siècle, viennent encore ajouter un nouvel intérêt à ces homélies sur la première épître.


2° Ces homélies sont précédées d'une préface que nul ne fierait difficulté d'attribuer à saint Chrysostome, si l'on n'y lisait le passage suivant : « Paul a beaucoup souffert dans cette ville; le Christ s'y montra à lui et lui dit : Ne te tais point, mais parle : parce qu'un peuple nombreux m'appartient dans cette ville. Et il y demeura deux ans. C'est là que le démon maltraita les exorcistes juifs, là que certaines personnes touchées de repentir brillèrent des livres de magie, et il y en eut pour cinquante mille deniers de brûlés; là enfin que Paul fut battu en présence de Gallion, le proconsul, siégeant sur son tribunal ».


3° il y a tant de grosses erreurs dans ce passage, qu'il est difficile de croire qu'un homme aussi versé dans les saintes Ecritures que l'était saint Chrysostome, en soit l'auteur. Est-ce l'un des hommes qui a le mieux possédé la sainte Ecriture ? est-ce surtout le commentateur des Actes, l'homme qui (294) avait si bien étudié toutes les démarches comme toutes les paroles de l'apôtre saint Paul? est-ce bien celui -là qui a pu transposer d'Ephèse à Corinthe deux faits aussi importants que celui du démon maltraitant les fils du juif Scéva qui tentaient de l'exorciser, et que celui des livres de magie brûlés en si grande quantité ? C'est là, encore une fois, quelque chose qu'on a de la peine à croire. Ce n'est pas non plus Paul, mais Sosthène qui fut battu. Il est bien vrai que l'on rencontre quelques lapsus memoriae dans saint Chrysostome; il cite quelquefois un livre de l'Ecriture pour un autre; mais celui-ci serait bien fort. Toutefois, si l'on retranche cet endroit, le reste de la pièce est si bien fait, si bien tourné, qu'il me semble y reconnaître saint Chrysostome; et ce qui m'empêche surtout d'adopter pleinement l'avis des hommes doctes qui nient l'authenticité de cette préface, c'est qu'elle se termine de telle manière que l'auteur de la première homélie semble prendre de là son point de départ comme s'il reprenait le fil de son discours. Pour preuve que la mémoire fait quelquefois défaut à saint Chrysostome, voyez le commentaire sur l'épître aux Galates, chap. I, 1, où le saint Docteur met Milésiens au lieu d'Ephésiens.

2 § II. — 1° Que les Homélies sur la première Epitre aux Corinthiens furent prononcées à Antioche, selon le témoignage de saint Chrysostome lui-même. — 2° Qu'elles contiennent beaucoup de choses d'un grand intérêt touchant les philosophes profanes : — 3° Touchant les hérétiques Manichéens et Marcionites. — 4° Rite ridicule des Marcionites. — 5° Que les moeurs des chrétiens d'Antioche y sont censurées avec énergie. — 6° Diverses autres observations.

1° C'est dans la vingtième homélie que saint Chrysostome nous apprend qu'il prêchait à Antioche, et voici à quelle occasion : Il y avait dans cette ville beaucoup de riches avares, très-peu portés à la pratique de l'aumône; ils ne savaient que repousser durement, sans leur donner môme une obole, les pauvres qui se présentaient sur leur passage. De leur côté, les pauvres usaient des moyens les plus barbares pour émouvoir la pitié; les uns crevaient les yeux à leurs enfants ; les autres, pour attirer l'attention de la foule, mangeaient des cuirs de vieux souliers; ceux-ci se plantaient des clous dais la tête, ceux-là demeuraient assis jusqu'au ventre dans. de l'eau glacée; d'autres avaient recours à des moyens encore plus singuliers et plus douloureux. La vue de ces horreurs émouvaient ces citoyens opulents qui donnaient alors l'argent à pleines mâtins à ceux dont ils venaient de repousser les prières. Pour flétrir une pareille conduite, comme c'était son devoir, le saint Docteur ne trouve pas de termes assez forts ; et afin de les corriger par un exemple, il leur rappelle en 1a mémoire ces anciens habitants d'Antioche qui florissaient dans les temps apostoliques, qui furent les premiers appelés chrétiens, et qui prodiguaient si généreusement leurs biens pour subvenir aux besoins des pauvres et des églises. Mais parce que ces riches avaient coutume de renvoyer les indigents et les mendiants à l'église d'Antioche, qui jouissait de gros revenus, le savant Docteur leur répond que l’aumône faite par l'Eglise ne leur conférera aucun mérite s'ils ne donnent eux-mêmes largement pour le soulagement des pauvres. Saint Chrysostome nous dit dans une autre homélie que l'église d'Antioche pouvait, avec son seul revenu, pourvoir à l'entretien journalier de trois mille veuves. et vierges. Il est donc constant, par le témoignage de saint Chrysostome lui-même, que ces Homélies furent prononcées à Antioche.

2° Les paroles de l'apôtre fournissent à l’orateur l'occasion de sorties fréquentes contre les philosophes profanes, contre les adorateurs des idoles. Il rapporte (troisième homélie) une dispute d'un platonicien avec un chrétien, dans laquelle un raisonne de part et d'autre avec tant d'irréflexion, que les deux adversaires en viennent jusqu'à parler contre leur.: propre cause et à plaider le contre-pied sana s'en apercevoir. Il n'est pas rare qu'il attaque Platon : il l'accuse d'avoir honoré des lieux auxquels il ne croyait pas (Hom. 29) ; il parle de son voyage en Sicile (Hom. 4); il dit que ce philosophe se fatigua longtemps autour du point de la ligne et des angles. Il cite desvers d'un poète inconnu, et raconte une histoire honteuse de la Pythie (Hom. 29). Il cite l'exemple de Socrate qui supportait sans se plaindre l'humeur fâcheuse et satirique de sa femme. A ce trait, les auditeurs ayant poussé de bruyants éclats de rire, l'orateur les réprimanda par ces paroles : « Vous riez aux éclats, et moi je gémis profondément lorsque je vois des païens se montrer plus sages que mous, à qui notre loi commande d'imiter les anges; que dis-je de chercher à ressembler à Dieu lui-même par la mansuétude et la patience (Hom. 27) ». il parle aussi des athées Diagoras et Théodore (Hom. 4). Il dit ça et là quelques mots de Pythagore (Hom. 7). Il dit que c'était par vanité que Diogène, le cynique, habitait dans (295) un tonneau et étalait à tous les yeux les haillons dont il était couvert (Hom. 35). Il critique de même divers autres philosophes grecs.

3° Il combat souvent le: manichéisme (Hom. 7, 28, 29); hérésie dont le venin était répandu par tout l'Orient. Le saint Docteur parle encore au commencement de L'homélie quarante-et-unième de certains hérétiques qui soutenaient rué nous ressusciterions avec un autre corps que celui avec lequel nous vivons sur cette terre. Je crois que ces hérétiques n'étaient autres que les manichéens. En effet, comme les manichéens attribuaient au démon la création de notre corps, et qu'ils le considéraient comme essentiellement mauvais, l'opinion que nous ressusciterions avec un autre corps, devait nécessairement être la leur. Cette opinion, saint, Chrysostome la rappelle encore dans la dixième homélie sûr la seconde aux Corinthiens.

4° Ce sont encore les marcionites qui sont en Lutte à ses attaques, particulièrement lorsqu'il en vient à ce passage difficile à expliquer : « Autrement, que feront ceux qui sont baptisés pour les morts? « (
1Co 15,29) Voulez-vous », dit-il, « que je vous rapporte comment les malheureux qui sont infectés du venin de l'hérétique Marcion, abusent de cette parole? Je n'ignore pas que je vais vous exciter à rire : je parlerai néanmoins afin de mieux vous détourner de cette peste. Lorsqu'un catéchumène meurt parmi eux, ils font cacher sous le lit du mort un homme vivant, puis s'approchant du mort, ils lui adressent la parole, et lui demandent s'il veut recevoir le baptême. Le mort, bien a entendu, ne répond pas, mais la personne qui est cachée sous le lit répond pour lui et dit qu'il veut être baptisé; et alors on le baptise au lieu de celui qui est mort. Voilà quelle espèce de comédie ils jouent; tel est l'empire que le diable exerce dans l’esprit des ignorants. Et lorsqu'on leur reproche cette absurde et criminelle pratique, ils répondent en citant cette parole de l'apôtre : ceux qui sont baptisés pour les morts ». Saint Chrysostome combat aussi les pneumatomaques, qui niaient la divinité du Saint-Esprit, dans l'homélie vingt-neuvième. Mais il n'insiste pas beaucoup sur ce sujet.

5° La correction des moeurs occupe aussi une large place dans ces homélies. Les moeurs, à Antioche, étaient fort dissolues; le paganisme chassé des doctrines s'était retranché dans les moeurs et dans les coutumes. Ainsi, la célébration des mariages se faisait au milieu d'un grand vacarme de cymbales, de fêtes, de danses, de chansons et de quolibets obscènes, en un mot d'un grand déploiement de pompes diaboliques. A la tombée de la nuit, la nouvelle mariée était conduite sur la place, au milieu d'une troupe de vauriens et d'hommes perdus de vices qui vomissaient toutes sortes de propos déshonnêtes entendus des jeunes filles qui faisaient partie de l'escorte. On croyait tout permis ces jours-là. Si, plus tard, d'un tel mariage il naissait un enfant, il donnait lieu à une multitude de pratiques superstitieuses. Par exemple, on allumait plusieurs lampes auxquelles on appliquait des noms, et l'on donnait ensuite à l'enfant le nom de celle dont la lumière avait duré le plus longtemps. On lui faisait porter en guise d'amulettes, des sistres et un fil de pourpre. Il y avait encore beaucoup d'autres superstitions à propos des naissances, et surtout des décès et des funérailles où l'on voyait des troupes de pleureuses comme chez les anciens païens.

6° Dans l'homélie dix-neuvième, saint Chrysostome, après avoir parlé de la virginité assez au long, renvoie encore à son livre de la Virginité. Dans l'homélie vingt-quatrième, il s'exprime si nettement, si clairement au sujet de la présence de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, il l'affirme si énergique ment et tant de fois, qu'à moins d'être aveuglé par une opinion préconçue sur cette matière, il est impossible de ne pas reconnaître que telle était la croyance de l'Eglise dans ce siècle. Dans l'homélie quarante-troisième, il dit que nul chrétien ne se mettait en prière avant de s'être lavé les mains, préparation extérieure qui était le signe de la préparation intérieure que demande la prière.

§ III. — Des homélies sur la seconde aux Corinthiens.

3 Ces homélies n'ont pas été travaillées avec le même soin que les homélies sur la première. Le Style en est moins abondant, moins ample ; le ton en est plus calme et se trouve du reste en rapport avec celui de cette seconde épître, beaucoup moins véhémente que la première. En sorte que dans l'un comme dans l'autre cas l'apôtre a, pour ainsi dire, donné le ton à son commentateur. Savile (296) penchait à croire que les homélies sur la seconde épître auraient été prononcées à Constantinople, mais il est réfuté par Montfaucon, qui, d'accord avec Tillemont, se déclare pour Antioche.

L'orateur poursuit encore ici les Marcionites (Hom. 8) qui reconnaissaient la justice, mais non la bonté du Créateur, et les Manichéens, impies qui attribuaient la création de cet univers au démon. Il attaque encore d'autres hérétiques qui disaient que le monde était Dieu.

Entre autres choses dignes de remarque, saint Chrysostome applique à saint Barnabé ces paroles de saint Paul : cujus laus est in Evangelio, opinion contraire au sentiment le plus commun qui les appliqué à saint Luc. Il rapporte aussi (Hom. 26) qu'Alexandre-le-Grand fut déclaré par le sénat romain le treizième grand dieu, ce que, dit, Montfaucon, je ne me souviens pas d'avoir lu nulle part ailleurs. Il mentionne un rit singulier et d'un usage fréquent, c'est que ceux qui entraient dans l'église baisaient le vestibule de l'église.





ARGUMENT DE LA PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS - M. JEANNIN

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Corinthe, qui est aujourd'hui la première ville de la Grèce, était déjà, dans les temps antiques, comblée de tous les avantages qui font l'agrément de la vie; elle avait surtout plus de richesses qu'aucune autre cité : aussi un auteur profane lui a-t-il donné l'épithète d'aphneion, c'est-à-dire riche (1). Elle est située sur l'isthme du Péloponèse, position qui lui assura toujours une grande prospérité commerciale. Cette ville était aussi remplie de rhéteurs et de philosophes, et l'un des sept sages en était citoyen. Je ne dis point ces choses par ostentation, ni pour faire montre d'érudition (que sert-il de savoir ces choses ?) ; je les dis parce qu'elles se rapportent à mon sujet. Paul souffrit beaucoup dans cette ville ; Jésus-Christ s'y montra à lui, et lui dit «Ne te tais point, mais parle, parce qu'un peuple nombreux m'appartient dans cette ville ». (Ac. 18,9, 10.) L'apôtre y demeura deux ans. C'est là qu'un démon maltraita les exorcistes juifs; c'est là que furent brûlés ces livres de magie, en si grand nombre qu'on en évalua le prix à cinquante mille deniers. C'est là que Paul fut frappé devant le tribunal du proconsul Gallion (3).

1 Aphneion te Korinthon,dit Homère, Iliade, B, v. 570. Et après lui Thucydide, I,13, remarque que Corinthe dut ce nom à son opulence, Ce passage d'Homère est cité par Strabon, liv. VIII.
2 Périandre.
3 Voir la préface.

Lorsque le démon vit que la vérité pénétrait dans cette grande et populeuse cité, dans cette ville également célèbre et par son opulence et par sa sagesse, et qui était la capitale de la Grèce, depuis que la puissance de Sparte et d'Athènes était tombée, dès que le démon; dis-je, vit que les Corinthiens recevaient la parole de Dieu avec un grand empressement, que fit-il ? Il divisa les esprits. Il n'ignorait pas qu'un royaume, même le plus fort, ne peut se soutenir s'il est divisé contre lui-même. Il avait pour l'aider dans ce piège qu'il s'agissait pour lui de dresser, l'opulence et la sagesse mondaine des habitants. Ceux-ci se divisèrent donc en factions, et quelques individus, s'érigeant eux-mêmes comme chefs, se mirent à la tête de la multitude. Les uns se rangeaient derrière celui-ci, les autres derrière celui-là ; la fortune donnait des disciples à l'un, le savoir en donnait à l'autre. Les nouveaux docteurs se vantaient même à leurs adeptes d'avoir à leur enseigner quelque chose de plus que l'Apôtre. C'est à cette prétention que l'Apôtre fait allusion, lorsqu'il dit : « Je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels ». (
1Co 3,1) Evidemment, si l'enseignement n'a pas été plus complet, c'est la faute de la faiblesse des Corinthiens et non de l'impuissance de Paul; c'est ce qu'il veut donner à entendre par cette parole.. « Vous vous êtes enrichis sans nous». (1Co 4,8)

8 Ce n'était pas peu de chose que de déchirer l'Eglise ; rien ne pouvait être plus funeste. Ce n'était pas tout, un autre crime se commettait encore en cette ville : quelqu'un d'entre les frères 298 entretenait un commerce criminel avec sa belle-mère, et, loin d'en être humilié par la réprobation universelle, il faisait secte et savait inspirer à ses adeptes des sentiments d'orgueil. C'est ce qui fait dire à l'apôtre : « Et vous êtes encore enflés d'orgueil, et vous n'avez pas au contraire été dans les pleurs ». (1Co 5,2)

Quelques-uns, et c'étaient les moins mauvais, se laissaient entraîner par la gourmandise, jusqu'à manger des viandes offertes aux idoles, allaient s'attabler dans les temples des faux dieux, et perdaient tout. D'autres avaient entre eux des contestations et des querelles d'argent qu'ils portaient devant les tribunaux du dehors. Il y en avait aussi qui se promenaient pour se faire admirer parmi eux avec de longues chevelures : saint Paul veut qu'ils coupent cette parure qui ne convient qu'aux femmes.

Un autre abus grave existait : dans les églises, les riches mangeaient à part et ne partageaient point avec les pauvres. Les chrétiens de Corinthe avaient aussi le tort de tirer vanité des grâces qu'ils recevaient du Saint-Esprit; il en résultait des jalousies très-pernicieuses à la concorde de l'Eglise. '

La doctrine touchant la résurrection était parmi eux assez chancelante. Quelques-uns ne croyaient que très-faiblement à la résurrection des corps, n'étant pas complètement affranchis de la folie hellénique. La philosophie grecque produisait cette incrédulité ainsi que tous les autres maux. Les sectes entre lesquelles ils se partageaient, étaient elles-mêmes un emprunt fait à la philosophie. Car les philosophes étaient continuellement opposés,les uns aux aires; chacun d'eux, par un vain désir de réputation et de domination, combattait les opinions des autres, et s'efforçait d'ajouter quelque chose aux découvertes antérieures.

Tels étaient aussi les chrétiens de Corinthe, parce qu'ils voulaient tout décider par la raison. Ils écrivirent à l'apôtre par l'intermédiaire de Fortrinat, de Stephanas et d'Achaïque, et ce fut aussi par le ministère de ceux-ci que Paul leur adressa son épître. Il ledit expressément à la fin de cette épître, à propos de la question du mariage et de la virginité sur laquelle il avait été consulté par eux : « Quant aux choses dont vous m'avez écrit... » (1Co 7,1). Pour lui il ne traite pas seulement dans sa lettre les sujets sur lesquels on lui avait écrit) mais d'autres encore qui concernaient leurs défauts dont il était parfaitement instruit.

Il charge Timothée de porter son épître, parce qu'il sait bien que quelque poids que sa lettre aurait, la présence de son disciple ne laisserait pas que d'y ajouter un appoint considérable. Comme ceux qui divisaient l'Eglise avaient honte de passer pour des gens que l'ambition faisait agir, ils imaginaient divers prétextes pour cacher la passion qui les travaillait; ainsi ils prétendaient que leur enseignement était plus parfait, et leur sagesse plus relevée que celle des autres. C'est contre cette présomption que Paul s'élève tout d'abord; il la regarde comme la racine d'où sortent les maux et les divisions qu'il veut détruire, et il use d'une très-grande franchise. Les Corinthiens étaient ses disciples plus que tous les autres ; aussi leur dit-il : « Si je ne suis pas l'apôtre des autres, je suis du moins le vôtre; vous êtes le sceau de mon apostolat». (1Co 9,2) Cependant ils étaient plus faibles que les autres. C'est pourquoi il dit: « Je ne vous ai pas parlé comme à des hommes spirituels... je ne vous ai nourris que de lait et non de viandes solides, parce que vous n'en étiez pas alors capables; et à présent même vous ne l'êtes pas encore ». (1Co 3,1-2) Il ajoutât ces derniers mots pour qu'ils ne crussent pas que le reproche ne concernait que le passé. Au reste, il est vraisemblable qu'ils n'étaient pas tous corrompus, et même il y avait parmi eux des saints. Paul le donne à entendre, en disant : « Je me mets peu en peine d'être jugé par vous », et en ajoutant : « J'ai proposé ces choses en ma personne ». (1Co 4, 3, 6.) Comme donc tout le mal venait de l'orgueil et de la présomption de savoir plus. que les autres, il commence par couper cette racine, et débute ainsi.

Traduit par M. JEANNIN.



HOMÉLIE I. PAUL, APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST, PAR LA VOCATION ET LA VOLONTÉ DE DIEU, ET SOSTHÈNE, NOTRE FRÈRE, À L'ÉGLISE DE DIEU QUI EST À CORINTHE,

100 À CEUX QUI SONT SANCTIFIÉS EN JÉSUS-CHRIST, ET QUI SONT APPELÉS À LA SAINTETÉ, ET À TOUS CEUX QUI, EN QUELQUE LIEU QUE CE SOIT, INVOQUENT LE NOM DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, QUI EST LEUR SEIGNEUR COMME LE NÔTRE, GRÂCE ET PAIX, DE LA PART DE DIEU NOTRE PÈRE ET DE LA PART DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. (1Co 1,1-3.)

ANALYSE.
1. Paul appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre de Jésus-Christ, et Sosthène, son frère. — De l'unité de l'Eglise qui existe malgré la diversité des lieux.
2. Qu’il faut tendre à avoir la paix avec Dieu. — Qu'on ne craint rien alors de la part des hommes. 3. De l'humilité. — Combien Moïse fut humble. — Le vrai humble est magnanime.

101 1. Voyez comme, dès le début, il abat l'orgueil et détruit par la base toute l'estime qu'ils avaient d'eux-mêmes, en se disant « appelé ». Ce que je sais, dit-il, je ne l'ai pas inventé; je ne l'ai pas acquis par ma propre Sagesse; mais c'est quand je persécutais et ravageais l'Eglise, que j'ai été appelé. D'où il suit que tout appartient à l'appelant, et que l'appelé n'a d'autre mérite, pour ainsi dire, que d'avoir obéi. « Du Christ Jésus ». Votre maître, c'est le Christ ; et vous donnez à des hommes le nom de maîtres de la science? « Par la volonté de Dieu ». Car c'est Dieu qui a voulu que vous fussiez ainsi sauvés. En effet, nous n'avons rien fait, nous; mais nous avons été sauvés par la volonté de Dieu; il nous a appelés parce qu'il l'a voulu, et non parce que nous en étions dignes.

Il donne ensuite une nouvelle preuve de modestie, en mettant à son propre niveau un homme qui lui est bien inférieur : car il y a une grande distance entre Paul et Sosthène. Mais si, malgré cette grande distance, il égale à lui Sosthène, que pourront dire ceux qui méprisent leurs égaux? « A l'Eglise de Dieu». Non pas à l'Eglise d'un tel ou d'un tel, mais à celle de Dieu. « Qui est à Corinthe ». Vous voyez comme à chaque expression il abat leur enflure, en ramenant sans cesse leur pensée vers le ciel. Il appelle l'Eglise, Eglise de Dieu, pour montrer qu'elle doit être unie. En effet, si elle est de Dieu, elle est unie, elle est une, (300) non-seulement à Corinthe, mais par toute la terre. Car le nom de l'Eglise n'est pas un nom de division, mais d'union et d'harmonie. « Aux sanctifiés dans le Christ Jésus ». Encore le nom de Jésus, nulle part celui des hommes. Mais qu'est-ce que la sanctification ? Le bain, la purification. Il leur rappelle leur propre impureté, dont il les a délivrés, et les engage à avoir d'humbles sentiments d'eux-mêmes; car ce n'est point par leurs propres mérites, mais par la bonté de Dieu qu'ils ont été sanctifiés. « Qui sont appelés saints ». Etre sauvés par la foi, leur dit-il; cela ne vient pas de vous vous n'êtes point venus les premiers, mais vous avez été appelés; en sorte que ce peu même n'est point à vous tout entier. Et quand bien même vous seriez venus, étant sujets à d'innombrables misères, ce n'est point à vous qu'il faudrait en attribuer le mérite, mais à Dieu.

Voilà pourquoi, écrivant aux Ephésiens, il disait : « Vous avez été sauvés par la grâce, au moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous ». (
Ep 2,8) Votre foi ne vous appartient pas tout entière ; car vous n'avez point prévenu, lorsque vous avez cru, mais vous avez été appelés et vous avez obéi. « Avec tous ceux qui invoquent le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Non pas le nom d'un tel ou d'un tel, mais « le nom de Jésus-Christ. En quelque lieu que ce soit, de Jésus-Christ, leur Seigneur comme le nôtre ». En effet, bien que cette lettre ne s'adresse qu'aux Corinthiens, il mentionne pourtant tous les fidèles qui sont sur la terre, indiquant par là que sur toute la terre l'Eglise, quoique séparée par les distances, doit être une; à plus forte raison celle de Corinthe. Que si le lieu les sépare, le Seigneur, leur maître commun, les réunit; aussi, pour exprimer cette union, ajoute-t-il : « En quelque lieu que ce soit, et leur Seigneur comme le nôtre ». En effet, l'unité de maître est bien plus efficace que l'unité de lieu pour faire exister l'union. Car, comme ceux qui sont dans un même lieu sont cependant divisés, s'ils ont plusieurs maîtres opposés entre eux, et ne gagnent rien pour la concorde à être réunis dans le même endroit, vu que leurs maîtres leur prescrivent des choses différentes et les attirent à eux, « vous ne pouvez », est-il dit, « servir Dieu et Mammon » ; de même ceux qui sont dans des lieux différents, s'ils n'ont pas des maîtres différents, mais un seul et même maître, ne perdent rien pour la concorde à la diversité des lieux, puisqu'un même maître les réunit. Je ne dis donc pas, insinue-t-il, que, vous Corinthiens, vous ne devez être unis qu'aux Corinthiens, mais à tous les fidèles qui sont sur toute la terre, puisque,vous avez un maître commun. Voilà pourquoi il répète : « Notre ». Car après avoir dit : « Le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ »; pour ne pas avoir l'air de séparer, aux yeux des insensés, il ajoute:. « Notre maître et le leur». Et pour rendre plus clair ce que j'avance, je lirai le texte comme le sens l'exige : Paul et Sosthène, à l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe, et à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur notre maître et le leur en tout lieu, soit à Rome, soit partout ailleurs : « Grâce et paix soit avec « vous de la part de Dieu notre Père et du « Seigneur Jésus-Christ ». Ou, encore une fois, comme je crois plus exact : Paul et Sosthène à ceux qui sont sanctifiés à Corinthe, qui sont appelés saints, avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur d'eux.et de nous. C'est-à-dire Grâce à vous, et paix à vous qui avez été sanctifiés et appelés à Corinthe; et non-seulement à vous, mais avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de Jésus-Christ notre maître et le leur. Que si la paix vient de la grâce, pourquoi vous enorgueillissez-vous? pourquoi vous enflez-vous, puisque vous êtes sauvés par la grâce? Si vous êtes en paix avec Dieu, pourquoi vous livrez-vous à d'autres? C'est créer la dissidence. Qu'est-ce, en effet, d'être en paix et en grâce avec celui-ci et avec celui-là? Moi, je demande que ces deux choses vous viennent de Dieu, et de lui et pour lui; car elles ne seraient pas solides, si elles ne recevaient l'influence céleste : et si elles ne sont pas pour lui, elles sont sans profit pour nous. En effet, il ne nous sert de rien d'être en paix avec tout le mondé, si nous sommes en guerre avec Dieu; comme nous ne souffrirons point d'avoir tout le monde contre nous, si nous sommes en paix avec Dieu. Et encore, il ne nous servira de rien d'être célébrés par tous les hommes, si nous offensons Dieu; comme il sera sans danger pour nous d'être repoussés et haïs de tous, si Dieu nous accueille et nous aime.: car la vraie grâce, la vraie paix, vient de Dieu. En effet, celui qui possède la grâce qui vient de Dieu, fût-il accablé de maux, ne (301) craint personne, non-seulement aucun homme, mais pas même le diable; celui, au contraire, qui offense Dieu, parût-il-être en sécurité, se défie de tout le monde. Car la nature humaine est inconstante : non-seulement des amis et des frères, mais souvent des pères, changeant de sentiments pour le plus léger motif, ont rejeté celui qu'ils avaient engendré, qu'ils avaient procréé, et cela plus cruellement que ne l'eut fait tout ennemi; de même des fils ont rejeté leurs pères. Songez-y bien.

102 2. David trouva grâce devant Dieu, Absalon trouva grâce devant les hommes : vous savez quelle fut la fin de l'un et de l'autre, et lequel fut le plus glorieux. Abraham trouva grâce devant Dieu, et Pharaon devant les hommes car pour plaire à celui-ci, ils lui livrèrent la femme du juste. Chacun sait lequel fut le plus illustre, lequel fut heureux. Mais pourquoi parler des justes? Les Israélites trouvèrent grâce devant Dieu, et étaient haïs des Egyptiens; et cependant ils triomphèrent de ceux qui les haïssaient, et cela de la manière éclatante que vous connaissez. Portons donc tous nos soins sur ce point : que l'esclave même désire trouver grâce devant Dieu plutôt que devant son maître; que la femme cherche à plaire à son Sauveur plutôt qu'à son époux; que le soldat recherche la bienveillance d'en-haut avant celle de son roi et de son chef; c'est le moyen de devenir aimable, même aux yeux des hommes. Mais comment trouvera-t-on grâce devant Dieu? Par quel moyen, sinon par l'humilité? « Dieu », est-il dit, « résiste aux superbes et accorde sa grâce aux humbles » (Pr 3,34); et encore : « Un esprit contrit est un sacrifice au Seigneur, et Dieu ne rejettera point un coeur humilié ». (Ps 50,19) Si l'humilité est si agréable aux yeux des hommes, beaucoup plus l'est-elle devant Dieu. C'est par là que les gentils ont trouvé grâce, c'est par là que les Juifs sont déchus de la grâce - « Car ils ne se sont point soumis à la justice de Dieu ». (Rm 10,3) L'homme humble est doux et gracieux pour tous : il vit dans une paix continuelle et n'a aucune guerre à soutenir. Qu'on l'injurie, qu'on l'outrage, qu'on lui dise ce qu'on voudra, il se taira, il supportera tout avec douceur, et se tiendra devant les hommes et devant Dieu dans une paix qu'on ne saurait exprimer. Au fond, les commandements de Dieu se résument en un seul mot : avoir la paix avec les hommes, et notre vie est réglée si nous vivons en paix les uns avec les autres. Pour Dieu, personne ne peut lui faire tort; sa nature est indestructible et bien au-dessus de toute atteinte.

Rien ne rend un chrétien admirable comme l'humilité. Ecoutez Abraham dire : « Je suis terre et cendre » (Gn 18,27), et Dieu déclare que « Moïse fut le plus doux des hommes ». En effet, rien de plus humble que Moïse qui, placé à la tête d'un si grand peuple, après avoir submergé dans la mer, comme un essaim de mouches, le roi et toute l'armée des Egyptiens, après avoir fait tant de prodiges en Egypte, sur la mer Rouge et dans le désert, et avoir obtenu un si grand témoignage, ne se regardait cependant que comme un homme du commun. Le gendre était plus humble que le beau-père, et il reçut son conseil. Il ne s'offensa pas, il ne dit point : Qu'est-ce que ceci? Après tant et de si glorieuses choses, tu viens nous donner des conseils? Ce que font pourtant bien des gens qui dédaignent même le meilleur avis, à raison de l'humble apparence de celui qui le donne. Ainsi n'agit point Moïse, qui se réglait en tout par l'humilité. C'est parce qu'il était réellement humble qu'il méprisa la cour des rois car l'humilité purifie et élève l'âme. Quelle grandeur d'esprit et de coeur ne fallait-il pas pour mépriser le palais et la table d'un roi ? Chez les Egyptiens, les rois étaient honorés comme des dieux, et jouissaient de trésors immenses. Et cependant quittant tout cela, rejetant même le sceptre de l'Egypte, il court aux captifs, aux opprimés, à ceux qui se consument dans le travail de l'argile et de la brique, que les esclaves du roi avaient en horreur [il nous le dit lui-même : les Egyptiens les avaient en abomination] (Ex 1,13); il accourt à eux et les préfère à leurs maîtres. Il est donc évident que cet homme humble est grand et magnanime. Car l'arrogance est le propre (est le produit) d'un esprit bas et d'un coeur sans générosité, tandis que la douceur provient d'une grande intelligence et d'une âme élevée.

103 3. Eclaircissons, si vous le voulez, ces deux points par des exemples. Dites-moi : Qui fut plus grand qu'Abraham? Et c'est cependant lui qui disait: « Je suis terre et cendre » (Gn 18,27) ; c'est lui qui disait : « Qu'il n'y ait pas de débat entre vous et moi ». (Gn 13,8) Néanmoins cet homme si humble dédaigna (302) le butin fait sur les Perses et les trophées remportés sur les barbares, et cela, par élévation et grandeur d'âme. Car l'homme sincèrement humble est seul grand, et non le flatteur, ni celui qui parle par ironie. Autre chose est la grandeur d'âme, autre chose l'orgueil insensé; et ceci en est la preuve.

En effet, si quelqu'un prenant l'argile pour de l'argile, la méprise; et si un autre l'admire et l'estime comme de l'or, lequel des deux sera grand ? N'est-ce pas celui qui refuse son estime à de l'argile ? Lequel sera bas et vil ? N'est-ce pas celui qui l'admire et y attache un grand prix? De là concluez que celui qui se dit terre et poussière est grand, bien qu'il parle par humilité ; et que celui qui ne se croit pas terre et poussière, mais s'estime et a une haute opinion de lui-même, est abject, puisqu'il attache un grand prix à des choses viles. D'où il suit que c'était par un sentiment très-élevé que le patriarche prononçait cette parole : « Je suis terre et poussière »; par grandeur, et non par orgueil. Car de même que pour le corps autre chose est la santé et l'embonpoint, autre chose l'inflammation, bien que l'une et l'autre produisent une certaine proéminence dans la chair, mais maladive dans un cas et saine dans l'autre : ainsi autre chose est l'orgueil qui est une inflammation, autre chose est l'élévation qui est la bonne santé.

De plus, un homme peut être grand par la taille de son corps; un autre, petit de stature, peut se rehausser au moyen de cothurnes; dites-moi, lequel des deux appellerons-nous grand ? N'est-il pas évident que ce sera celui qui est grand par lui-même? Car l'autre a recours à des moyens artificiels, et n'est devenu grand qu'en montant sur des objets bas : ressource de bien des hommes, qui se hissent sur les richesses et sur la gloire, ce qui ne fait point l'élévation. L'homme vraiment grand est celui qui n'a pas besoin de ces choses, mais les méprise toutes, parce qu'il a en lui-même sa propre grandeur. Soyons donc humbles, pour devenir grands : « Car celui qui s'humilie, sera exalté ». (Mt 23,12) Et ce ne sera pas l'orgueilleux, qui est le plus vil des hommes; la bulle s'enfle, mais cette enflure n'a rien de solide. Voilà pourquoi nous appelons les orgueilleux, enflés. L'homme modeste, même au sein des grandeurs, n'a point haute opinion de lui-même, parce qu'il connaît son néant; mais l'homme bas s'enorgueillit, même dans les petites choses. Acquérons donc la grandeur par l'humilité; considérons la nature des choses humaines, afin d'allumer en nous le désir des choses à venir. Car l'humilité ne peut s'obtenir que par l'amour des choses divines et le mépris des choses présentes. De même que celui qui doit un jour monter sur le trône, dédaigne les lion rieurs. vulgaires qu'on peut lui offrir en échange de la pourpre ; ainsi nous devons prendre en pitié tous les biens présents, si nous aspirons à la royauté céleste. Ne voyez-vous pas que les enfants, quand ils jouent au soldat, quand ils se rangent en bataille, se font précéder de héraults et de licteurs, et que l'un d'eux, placé au centre, remplit le rôle de général? Et tout cela ne vous semble-t-il pas bien puéril? Telles, et plus misérables encore, sont les choses humaines, qui sont aujourd'hui et demain ne seront plus. Elevons-nous donc au-dessus d'elles, et, non contents de ne pas les désirer, rougissons quand on nous les offre. Ainsi, en dépouillant toute affection terrestre, nous acquerrons l'amour divin et nous jouirons de la gloire immortelle. Puissions-nous tous l'obtenir par la grâce et la boulé de Notre: Seigneur Jésus-Christ, avec qui la gloire, l'empire, l'honneur, appartiennent au Père en union avec le Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.



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