F. de Sales, Lettres 876

LETTRE CCXLII, A MADAME DE CHANTAL.

876
(Tirée du monastère de la Visitation de la ville de Lavaldotte.)

Le Saint lui parle de diverses affaires temporelles.

A Turin, 14 mai 1613.

Et moi, ma chère fille, je vous écris encore plus courtement pour réponse à votre lettre du 5 de ce mois, tant pour mille petites affaires et visites que je reçois, que pour la ferme espérance que j'ai de vous voir bientôt, résolu, Dieu aidant, de partir d'ici samedi ou dimanche prochain, pour être à Annecy au jour de la sainte Pentecôte, puisque je n'arrête plus que pour l'affaire de ces pauvres bannis : car, quant aux dépêches, je laisserai le bon M. de Blonay, qui de bon coeur demeurera pour les solliciter ; mais cette négociation de l'apaisement de monseigneur de Nemours ne peut être faite qu'en présence.

Or, j'ai toute ma confiance en Dieu d'en réussir. Je vous ai déjà fait savoir que nous aurons madame la duchesse de Mantoue, qui est la vertu même, pour notre protectrice ; mais il ne faut pas encore faire du bruit, pour une raison que je vous dirai. M. de La Bretonnière est encore en volonté de nous aider en quelque chose pour l'édification de notre oratoire.

Caressez cordialement les messieurs qui s'en revont, en particulier M. Floccard. Je suis en peine du retardement de madame Desgouffiers, remettant néanmoins cela à la sainte providence de notre Seigneur, comme aussi notre pauvre petite malade.

Nous ramènerons votre fils, qui, à la vérité, a grand désir de s'employer à la guerre, si elle suit. Je salue fort ma chère fille madame de Torens et madame de Rabutin, qui est aussi ma fille; comme encore toutes celles qui sont autour de vous, que-vous savez m'être précieuses plus qu'il ne se peut dire.

Dieu soit à jamais dedans notre coeur pour y vivre et régner éternellement ; c'est lui qui sait ce qu'il lui plaît que nous soyons en la très-parfaite union qu'il a faite en lui-même et par lui-même. Amen.

P. S. Il serait mieux qu'on accommodât le procès en mon absence, à cause de ma trop grande condescendance. Je prierai pour le pauvre sire Pierre, et loue Dieu qu'il soit passé en bonne disposition.




LETTRE CCXLIII, A M. DESHAYES.

877
(Tirée du monastère de la Visitation de la ville de Rouen.)

Il témoigne le désir qu'il a et l'impuissance où il se trouve de prêcher le carême à Paris en la paroisse de M. Deshayes ; et il fait entendre que cet empêchement venait du soupçon qu'on avait donné au prince que cela était suggéré par messieurs de Charmoisy et Deshayes. Il dit que M. de Nemours va en France, et se plaint de l'incivilité d'un libraire qui, ayant fait imprimer son ouvrage de la Croix sans sa participation, avait changé le litre et supprimé l'avant-propos. Il destine son livre de Y Amour de Dieu à Rigaud de Lyon, et un autre pour Paris. Enfin, il espère voir dans peu M. de Charmoisy en liberté.


20 mai 1613.

Monsieur,

1. je reçus à Turin votre lettre du 30 mars avec une extrême confusion d'y voir le remerciement que vous me faites de ma persévérance au désir de servir votre paroisse le carême prochain, puisque ma volonté, ma persévérance, mon espérance, demeurent frustrées et inutiles, son altesse ne m'ayant pas voulu accorder que je sorte d'ici pour les prédications, avec des paroles tant honorables que rien de plus, mais nullement favorables à mon intention ; de sorte, monsieur, que je vous supplie de ne plus vous amuser à moi en façon quelconque, puisque je suis si impuissant à vous rendre le service que je vous dois.

J'ai bien néanmoins encore un ressort en main, lequel je vais faire jouer dès demain, mais je ne m'en ose rien promettre. Si vous saviez, monsieur, d'où vient l'empêchement, vous admireriez l'industrie du démon qui s'oppose à nos désirs. Pour Dieu, monsieur, croyez-bien, je vous supplie, que mon coeur est totalement dédié au vôtre, et mes désirsà vos affections, et que si je savais faire mieux pour faire réussir vos intentions, je le ferais.

Je vous dirai ce mot en la confiance que j'ai de votre prudence : M. Trouillons, qui sert son altesse es affaires de France, dit à Turin, sur le propos de la recherche qui a été faite ci-devant de me faire aller à Paris : C'est Charmoisy et le sieur Deshayes qui ont ce dessein, nul autre n'y eût pensé qu'eux. De là on passe à d'autres pensées. Jusques à quand sera-ce que l'(on vivra ainsi? Hors cette particularité, que votre seule considération me faisait avoir plus à coeur qu'autre chose quelconque de celles que j'avais à traiter, son altesse m'a comblé de témoignages d'estime et de laveur, autant que l'action de la guerre, en laquelle je le trouvai, le pouvait permettre.

M. de Nemours va en France dans huit jours.

2. Je trouve très-mauvaise la procédure du libraire qui a osé, saris rime ni raison, mettre un titre si impudent au livret de la Croix. Hors le titre et l'omission de l'avant-propos, sans lequel ce livre semble un songe, je n'en serais pas si fâché, bien que toujours ce serait une incivilité commise en mon endroit ; et, s'il m'eût averti, je lui eusse rendu ce livret mille fois plus vendable, par la correction et amendement que j'y eusse faits. Mais pour tout cela je ne vous supplierai point de prendre la peine de faire faire les défenses qui seraient requises pour en empêcher la débite ; car ce vous serait une trop grande importunité. Je me contenterai bien qu'il vous plaise lui dire qu'il me donne cette satisfaction de remettre le titre. Rien ne m'est plus à contrecoeur que l'ambition des titres.

"Je hais l'archi-relieur qui, privé de raison, fait le portail plus grand que toute la maison".

3. J'ai promis le livre de l'amour de Dieu à Rigaud de Lyon
639 , et certaine petite besogne pour ce diocèse à un autre. Passé cela, si jamais je mets la main à la plume, ce sera pour Paris à votre gré, mais certes, je ne sais ce que je pourrai jamais faire. J'espère dans cinq ou six jours voir M. de Charmoisy en liberté. J'écris à madame de Charmoisy, qui vous fera savoir ce qui en est, et l'avis que je lui donne, puisque je suis pressé de finir. Monsieur, je suis plus qu'homme qui vive, votre, etc., qui vous souhaite, et à madame votre moitié, tout le bonheur du ciel et de la terre.




LETTRE CCXLIV.

S. FRANÇOIS DE SALES, A M. DESHAYES.

(Tirée du monastère de la Visitation de la ville de Rouen.)

Il lui mande le déplaisir qu'il avait reçu de ce qu'on avait accusé M. de Charmoisy, l'un de ses parents, d'avoir conseillé de donner à une autre personne des coups de bâton, et de ce que pour cela l'accusé eut ordre du prince de sortir de la ville, et de ce qu'un des frères du Saint fut impliqué dans cette affaire, et pensa être mis en prison.

Annecy, 28 mai l615.

Monsieur, vous verrez, je m'assure, par la lettre que M. de Charmoisy vous écrit, comme dès le départ de M. de Charmoisy, il a reçu le déplaisir de se voir comme banni de cette ville (1) par un exprès commandement que son altesse lui a fait de s'en retirer et de ne plus y venir, sur l'impression la plus fausse du monde, que M. de Nemours a reçu de la part de quelques calomniateurs, que les bastonnades données au sieur Berthelot avaient été conseillées par M. de Charmoisy, dont mon dit sieur de Nemours a entrepris le ressentiment si chaudement, que nous en sommes tous étonnés

Et peu s'en faut que l'un de mes frères, chevalier de Malte, n'ait été ordonné à la prison, bien que tout le temps de la querelle il fût avec moi à Sales, seulement parce qu'il est grand ami du sieur abbé de Talloires, et qu'il l'avait fort visité après les bastonnades. Or néanmoins j'espère que dans peu de jours tout cela se passera, et monseigneur de Nemours, selon sa bonté, sera marri d'avoir fait faire du mal à M. de Charmoisy, et d'en avoir désiré à tant d'autres ses plus fidèles et affectionnés serviteurs et sujets.

Mais cependant il faut que madame de Charmoisy tienne bonne contenance, et ne fasse nulle sorte de plaintes qui puissent venir à la connaissance de M. Jacot ; ains que, lui parlant, elle témoigne une grande assurance que la bonté de son altesse et de monseigneur de Nemours regardera bientôt favorablement son mari, et sera offensé contre ceux qui lui ont voulu procurer du mal. Ce que je vous dis, monsieur, parce que vous pourriez mieux dire à cette bonne dame comme elle se devra comporter que je ne saurais le lui écrire, bien que je lui en touche un mot.

Enfin tout notre- carême s'est passé en notre petite ville à nous défendre presque tous des calomnies qu'on jetait indifféremment sur le tiers et le quart, à raison de ces misérables bastonnades. Eussé-je pas été mieux, si mon bonheur eût permis l'effet de votre volonté, et que j'eusse prêché en votre chaire, et joui de la douceur de votre conversation, et de la présence de M. notre évêque qui est là ?

J'espère dans le mois partir pour Turin, où je ferai tout ce qui me sera possible afin d'avoir ma liberté pour l'année suivante; car le désir du bien que j'attends de votre vue, et du rencontre de tant de gens d'honneur qui, pour votre considération, me recevront en votre conversation, est extrême dedans mon coeur. La volonté néanmoins de Dieu en soit faite, et lui plaise vous combler de toute sainte et vraie félicité avec madame votre chère digne compagne et toute votre maison. C'est le souhait perpétuel, monsieur, de votre, etc.

(1) D'Annecy.



Monsieur, j'écris en sursaut; c'est pourquoi je ne vous envoie pas les papiers du compte fait entre mes frères et les agents de madame la duchesse de Mercoeur, comme je ferai bientôt, puisque votre bonté s'étend à vouloir en recevoir la peine.



LETTRE CCXLV, A M. LE DUC DE NEMOURS, HENRI DE SAVOIE.

886
 (Tirée du premier monastère de Sainte-Marie de la ville de Lyon.)

Il le supplie de faire mettre à exécution l'élargissement de deux personnes, que ce prince lui avait promis.


Annecy, 9 juin 1613.

Monseigneur, puisqu'il vous a plu m'accorder la liberté de monsieur de Charmoisy mon parent, je l'attends infailliblement de votre bonté, laquelle j'ai déjà supplié très-humblement, par quatre diverses lettres, d'en avoir la mémoire qu'elle a accoutumé de tenir en faveur de ses très obéissants serviteurs, entre lesquels je suis des plus certains. M. du Soyeret aussi est en la même attente, ayant écrit la lettre de la soumission, qu'il ne peut jamais rendre assez grande, laquelle était désirée pour cet effet.

Je supplie donc très-humblement votre grandeur, monseigneur, de m'exaucer pour l'un et pour l'autre, et de recevoir la multitude des plaintes qui, par artifices, pourront être faites contre tous les sujets de cette ville, sans préjudices des défenses et légitimes allégations des accusés ; car ainsi Dieu sera obéi, et répandra, selon mon continuel désir, ses plus chères grâces sur votre grandeur, à laquelle faisant très humblement la révérence, je suis en toute fidélité, monseigneur, etc.



LETTRE CCXLVI, A MADAME DE TRAVERNAY.

892

(Tirée du second monastère de la Visitation de la ville de Rennes.)

Il la remercie de son amitié, et souhaite des bénédictions à sa filleule, qui était fille de cette dame.

15 juin 1613.

Ma très-chère fille, ce n'est que pour vous remercier bien simplement, que je vous écris ce billet, me sentant extrêmement obligé de quoi vous agréez si fort mes lettres, et l'affection que je porte à votre ame, à laquelle, en vérité, je souhaite toute sainte consolation et perfection.

Je fais un mot de réponse à la bonne mademoiselle Descrilles, puisqu'il vous plait de l'envoyer.

La petite chère filleule, comme je pense, a quelque ressentiment secret de l'amour que je lui ai, puisqu'elle me chérit si fort. Dieu la rende si brave et si bonne, que vous eu ayez-le contentement que vous en devez espérer. Je suis de tout mon coeur et sans fin, ma très-chère fille, votre, etc.



LETTRE CCXLVII, A MADAME BOURGEOIS, ABBESSE du puits-d'orbe.

902
(Tirée du monast. de la Visitat, du Puits-d'Orbe.)

Il lui fait déclarer ses intentions par madame de Chantal, et attend sa réponse par la même voie.

Marques de son amitié.

16 juillet 1613.

Ma très-chère soeur, ma fille, ce billet n'est, que pour vous avertir que notre bonne soeur de Chantal est la meilleure et plus grande lettre que je vous puisse envoyer ; car elle vous peut dire toutes choses, et parler de mon coeur envers vous comme du sien même. Elle me rapporter» dedans le sien tout ce que vous lui confierez. Je vous prie aussi de lui bien confier, car il y a si longtemps que je ne vois rien de votre coeur, que-le mien en est mortifié.

Croyez bien cette chère soeur, surfont quand elle vous assurera que je suis plus parfaitement vôtre que chose du monde : car je le suis en vérité. Je ne prie point sans vous, je ne célèbre point sans vous; et si, je ne le dis pas par vantance, car je m'y sens infiniment obligé.

Je salue toute notre chère troupe, toutes nnies en notre Seigneur. Pour monsieur N., je ne sais s'il est là, je l'embrasse de coeur. Dieu soit à jamais au milieu de votre coeur, ma très-chère et bien aimée fille à qui je suis tout dédié. Amen.



LETTRE CCXLVIII, A MADAME DE CHANTAL

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Il lui marque sa résignation à la volonté de Dieu, et lui enseigne un remède pour guérir ses maladies spirituelles.

12 août 1615.

... 1. Haussons notre coeur, ma très-chère mère: voyons celui de Dieu tout bon, tout aimable pour nous : adorons et bénissons toutes ses volontés : qu'elles tranchent, qu'elles taillent sur nous, et partout où il lui plaira ; car nous sommes siens éternellement. Vous verrez bien que parmi tant de détours nous ferons prou, et que notre Seigneur nous conduira par les déserts à sa sainte terre de promission, et que de tout temps il nous donnera de quoi priser les déserts plus que les fertiles campagnes, dans lesquelles les blés croissent en leurs saisons ; mais la manne pourtant n'y tombe pas.

2. Mon Dieu! ma très-chère mère, quand vous m'écrivîtes que vous étiez une pauvre abeille, je pensai que je ne le voudrais, tandis que vos sécheresses et afflictions dureront : car ce petit animal, qui en santé est si diligent et pressant, perd le eoeur et demeure sans rien faire tout aussitôt qu'il est malade.

Mais depuis je changeai de souhaits, et dis : Ah ! oui, je le veux bien, que ma mère soit abeille, même quand elle sera en travail spirituel: car ce petit animal n'a point d'autre remède de soi-même en ses maladies, que de s'exposer au soleil, et attendre de la chaleur et de la guérison de sa lumière.

O Dieu, ma fille, mettons-nous ainsi devant notre soleil crucifié, et puis disons-lui : O beau soleil des coeurs, vous vivifiez tout par les rayons de votre bonté : nous voici mi-morts devant vous, d'où nous ne bougerons point que votre chaleur ne nous arrive, Seigneur Jésus. Ma très-chère fille, la mort est une vie quand elle se fait devant Dieu.

Appuyez votre esprit sur la pierre qui était représentée par celle que Jacob avait sous sa tête quand il vit la belle échelle : c'est celle-là même sur laquelle saint Jean l'évangéliste se reposa un jour de l'excès de la charité de son maître. Jésus, notre coeur et le coeur de notre coeur, veillera amoureusement sur vous. Demeurez en paix. Dieu soit à jamais au milieu de votre coeur, et qu'à jamais il le rende plus uniquement sien. Vive Jésus. Amen, amen.



LETTRE CCXLIX, A UN AMI, MGR ANTOINE DE REVOL, EVEQUE DE DOL.

914
Il se plaint de ne pouvoir s'adonner à l'étude.

Annecy, 12 septembre 1613.

Monsieur, je regrette que vous et monsieur de N. soyez à Paris pour un si fâcheux exercice ; mais puisqu'il n'y a remède, il faut en adoucir la peine par la patience.

Et moi, monsieur, je suis en un continuel tracas, que la variété des affaires de ce diocèse me produit incessamment, sans que j'aie un seul jour-auquel je puisse voir mes pauvres livres, que j'ai tant aimés quelquefois, et que je n'ose plus aimer maintenant, de crainte que le divorce auquel je suis tombé contre eux ne me fût plus âpre et plus ennuyeux.

Nous avons bien un petit quartier où depuis peu on a rétabli l'exercice de l'église par l'autorité du roi, et selon l'édit de Nantes ; mais cet exercice ne me met plus en exercice de disputer contre les ministres pour les biens temporels de l'église qu'ils nous retenaient, que de leur persuader, ni au peuple, la vérité des biens spirituels auxquels ils doivent aspirer ; car c'est merveille comme ces serpents bouchent leurs oreilles pour n'ouïr point la voix du charmeur (
Ps 58,4-6), pour sagement et saintement qu'on les veuille charmer.

Il y a là nombre suffisant de fort bons pasteurs, et de bons pères capucins, qui, n'étant point ouïs des hommes, sont vus de Dieu /lequel sans doute agrée bien leur sainte inutilité présente, laquelle il récompensera par après d'une moisson planteureuse, et s'ils sèment en pleurs, ils moissonneront en joie (Ps 125,5). C'est bien assez, monsieur, vous avoir entretenu pour ce renouvellement de notre commerce, que je veux, Dieu aidant, continuer, et ne point cesser de vous ramentevoir souvent que je suis invariablement, monsieur, votre, etc.



LETTRE CCL, A UNE COUSINE, MME DE MURAT DE LA CROIX.

920
Il lui apprend la mort de son mari, et lui adresse do consolations spirituelles à ce sujet.

Annecy, 28 septembre 1613.

Mon Dieu! que cette vie est trompeuse, madame ma très-chère cousine ! et que ses consolations sont courtes! Elles paraissent en un moment, et un autre moment les emporte : et n'était la sainte éternité, à laquelle toutes nos journées aboutissent, nous aurions raison de blâmer notre condition humaine.

Ma très-chère cousine, sachez que je vous écris le coeur plein de déplaisir, pour la perte que j'ai faite, mais plus encore pour l'imagination vive que j'ai du coup que le vôtre recevra quand il entendra les tristes nouvelles de votre viduité si prompte, si inopinée, si lamentable.

Que si la multitude de ceux qui auront part à votre regret vous en pouvait diminuer l'amertume, vous en auriez tantôt bien peu de reste : car nul n'a connu ce brave cavalier décédé, qui ne contribue une particulière douleur à la reconnaissance de ses mérités.

Mais, ma très-chère cousine, tout cela ne vous peut point soulager, qu'après le passage de votre plus fort sentiment, pendant lequel il faut que ce soit Dieu qui soutienne votre esprit, et qu'il lui soit refuge et support. Or, cette souveraine bonté sans doute, ma très-chère cousine, s'inclinera vers vous, et viendra dedans votre coeur, pour l'aider et le secourir en cette tribulation (cf.
Ps 46,2), si vous vous jettez entre ses bras, et vous résignez en ses mains paternelles.

Ce fut Dieu, ma très-chère cousine, qui vous donna ce mari : c'est lui qui l'a repris, retiré à soi (cf. Jb 1,21): il est obligé de vous être propice es afflictions que les justes affections lesquelles il vous avait élargies pour votre mariage vous causeront meshui en cette privation,

C'est en somme tout ce que je vous puis dire. Notre nature est ainsi faite, que nous mourrons à l'heure imprévue, et ne saurions échapper cette condition : c'est pourquoi il faut y prendre patience, et employer notre raison pour adoucir le mal que nous ne pouvons éviter ; puis regarder Dieu et son éternité, en laquelle toutes nos pertes seront réparées, et notre société désunie par la mort sera restaurée.

Dieu et votre bon ange vous veuillent inspirer toute sainte consolation, ma très-chère cousine. J'en supplierai sa divine majesté, et contribuerai au repos de l'âme du cher trépassé plusieurs saints sacrifices : et à votre service, ma très-chère cousine, je vous fais très-sincèrement offre de tout ce qui est à mon pouvoir, sans aucune réserve. Car je suis, et veux encore plus puissamment que jamais faire profession d'être, madame ma très-chère cousine, votre, etc.




LETTRE CCLI.

S. FRANÇOIS DE SALES, A LA MERE DE CHANTAL (1).

(Tirée de la vie de la mère Blonay, par Çh.-Aug. De Sales.),


Vers octobre 1613.

Quand ma mauvaise jambe me le permettra, j'irai voir la bonne santé et le bon coeur de notre chère cadette. Si ces pauvres qui lui ont parlé sont de la terre ou du ciel, je ne sais, Dieu le sait; mais je sais bien qu'ils lui ont parlé le langage de Jésus-Christ (Ap 1,1), et de saint Jean écrivant aux évêques d'Éphèse, de Smyrne, de Pergame, de Thyatire, de Sardes, de Philadelphie et de Laodicée. Dites à cette chère fille qu'elle n'examine point curieusement le songe qu'elle a fait, mais qu'elle profite soigneusement et humblement de sa santé de coeur et de corps pour le service et la gloire de Dieu. L'humilité et la fidélité intérieure, jointes à la vraie charité et constance au bien, sont les véritables marques des véritables grâces surnaturelles.



(1) La mère de Blonay, étant encore dans le monde chez son père, reçut sept pauvres, les assista, et en pansa trois d'ulcères fort dégoûtants (a). Quelque temps après sa profession religieuse, étant malade de la fièvre, un matin, après ses prières, et en attendant l'accès de son mal, elle s'endormit, et s'imagina voir en songe ces sept pauvres qu'elle avait logés et pansés chez son père. « Hélas ! dit-elle en sa « pensée, je suis religieuse, et, m'étant une fois dépouillée de tout, je n'ai plus rien pour faire l'aumône. » -

Sur cela le premier pauvre, répondant à sa pensée, lui dit : Ma soeur Marie-Aimée de Blonay, vous « êtes véritablement religieuse professe, et vous avez tout quitté; aussi nous ne venons pas ici pour vous rien demander, mais pour vous donner; » et, lui serrant la main, ajouta : « Celui qui vaincra mangera du fruit de l'arbre de vie qui est dans le paradis de mon Dieu (Ap 2,1 2,7), i

Le second, en la touchant de même, lui dit : « Quiconque sera vainqueur ne recevra aucune atteinte de la seconde mort (Ap 2,8 2,11). »

Le troisième, en usant de même, dit : » Le victorieux aura de la manne cachée, et une pierre blanche sur laquelle sera écrit un nom nouveau, qu'aucun autre ne connaît que celui qui le reçoit (Ap 2,13 Ap 2,17). »

Le quatrième dit, en marquant une joie particulière : Dieu donnera puissance sur les peuples à « quiconque sera victorieux (Ap 2,18). »

Le cinquième dit : « Celui qui sera vainqueur sera « vêtu d'habits blancs, son nom ne sera point effacé « du livre de vie ; et, de plus, notre maître et votre « époux confessera son nom devant le Père éternel ct « devant les anges (Ap 3,1 3,15). »

Le sixième ajouta : « Quiconque sera vainqueur deviendra une ferme colonne dans le temple de mon Dieu, et ne sortira plus. Il portera écrit sur « son front le nom de mon Dieu ct le nom de la ville de mon Dieu, qui est la nouvelle Jérusalem (Ap 7). »

Le septième enfin lui serra fortement la main, en lui disant : « Jésus notre roi fera asseoir celui qui « remportera la victoire, dans la gloire éternelle de son propre trône, comme il est assis lui-même sur le trône de son Père (Ap 3,14). »



LETTRE CCLII, AU DUC DE NEMOURS, HENRI DE SAVOIE.

924
(Tirée du premier monastère de la Visitation de la ville de Lyon.)

Il le remercie de l'élargissement de deux personnes, et le supplie d'accorder leur grâce tout entière en leur permettant de rentrer dans Annecy.


Annecy, 4 octobre 1613.

Monseigneur, je remercie en toute humilité votre grandeur, pour la liberté en laquelle il lui a plu remettre les sieurs de Charmoisy et du Noyer (cf.
886 890 903 et, selon la promesse qu'elle m'en avait faite : elle ne favorisera jamais homme qui vive avec plus de fidélité et d'affection à son service que moi, qui espère et attends de voir encore bientôt l'accès a cette ville ouvert à ces deux gentilshommes : car la bonté et équité de votre grandeur, monseigneur, pressera et sollicitera son coeur à le faire, sans qu'aucune autre entremise y soit nécessaire : et tandis, je supplie notre Seigneur qu'il répande abondamment toutes sortes de saintes prospérités sur votre grandeur, de laquelle je suis, monseigneur, très-humble, etc.

Il est à remarquer que, lorsque ce songe arriva à la mère de Blonay, elle n'avait jamais lu ni entendu lire de suite ces sept passages, et que cette vérité a été bien reconnue par ses supérieurs, comme l'assure l'auteur de sa vie, qui la connaissait fort bien, ayant été son évêque et son supérieur immédiat.

Après ces paroles ils se retirèrent tous, excepté le premier, qui lui serra les deux mains et lui dit : « Ma soeur Marie-Aimée de Blonay, soyez généreuse et victorieuse, car qui est semblable au grand Dieu « des armées pour qui nous combattons? » Sur cela la mère de Blonay s'éveilla sans aucun frisson ni ressentiment de fièvre, et avec de très-grandes lumières dans le fond de son âme.

Elle fit récit de son heureuse aventure à la mère de Chantal, et le mit par écrit au saint fondateur, qui était alors obligé de garder la chambre, pour un mal de jambe. Le saint prélat lui écrivit en réponse cette lettre.

(1) Les passages latins qui sont ci-dessus justifient ce que dit ici le Saint.





LETTRE CCLIII.

S. FRANÇOIS DE SALES, A MADAME DE CHANTAL.

Il lui mande l'état de sa santé et de ses occupations, et témoigne un grand zèle pour le service de Dieu et le salut des âmes.



Vers le 20 novembre 161 ô.

Très-chère fille, il sera force que vous souffriez ma brièveté ; car me voici encore parmi tant d'affaires, que je ne sais de quel côté me tourner, surtout maintenant au départ. Or sus, qu'est-il besoin de parler ainsi à une âme qui me connaît comme elle-même? Je me porte fort bien, grâces à notre Sauveur, qui me donne un certain courage nouveau de l'aimer, servir et honorer plus que jamais, de tout mon coeur, de toute mon âme et de tout moi-même; mais je dis de tout moi-même, ma très-chère fille, m'étant avis que jusques à présent je n'ai point eu l'ardeur ni le soin convenables au devoir que j'ai à cette immense bonté.

Hélas ! je vois ces pauvres brebis errantes : je traite avec elles, et considère leur aveuglement palpable et manifeste. 0 Dieu, la beauté de notre sainte foi en parait si belle, que j'en meurs d'amour ; ce m'est avis que je dois serrer le don précieux que Dieu m'en a fait, dedans un coeur tout parfumé de dévotion. Ma très-chère fille, remerciez cette souveraine clarté, qui répand si miséricordieusement ses rayons dans ce coeur, qu'à mesure que je suis parmi ceux qui n'en ont point, je vois plus clairement et illustrement sa grandeur et sa désirable suavité. Dieu, qui en cela m'assiste, veuille retirer et ma personne et mes actions à sa gloire et à son honneur selon notre souhait.

Il nous, faut faire des efforts pour devenir saints, et rendre de grands services à Dieu et au prochain : sa bonté me fait savourer des douceurs, certes, extraordinaires et suaves, et qui ressentent au lieu d'où elles viennent. Oh! que notre Sauveur est bon, et comme il traite tendrement, avec mon pauvre chétif courage ! mais je suis bien résolu de lui être fort fidèle, et spécialement au service de notre coeur, que plus sensiblement que jamais je vois et sens être unique. O Dieu ! ma très-chère fille, qui pouvait mêler si parfaitement deux esprits, qu'ils ne fussent qu'un seul esprit indivisible, inséparable, sinon celui qui est unité par essence ?

Les affaires de religion, qui s'accroissent ici tous les jours, me font arrêter plus longuement que je ne pensais, ma très-chère fille, mais, certes, très-agréablement, puisque c'est pour la gloire de Dieu, et le service des âmes qu'il a rachetées : lesquelles, en divers lieux de ce bailliage, demandent qu'on leur rétablisse le saint exercice. Mon Dieu ! ma très-chère fille, que ce m'est une honorable et douce peine que celle-ci, qui me fait espérer que, sinon maintenant, au moins par ci-après, tout ce pays pourra être purgé de tant d'infection que le malheur de l'hérésie y avait assemblée !

Hier nous rétablîmes le saint exercice à Di-vonne, gros et beau village. Ces jours suivants il y a apparence d'en faire de même en deux autres; et outre cela, nous prêcherons ici, et parlerons à quelques, âmes dévoyées, et bien que peut-être ne les réduirons-nous pas, parce que pour l'ordinaire les considérations humaines empêchent celles de leur salut, si est-ce que nous ne pensons pas peu faire quand nous leur faisons confesser que nous avons raison, comme plusieurs ont fait jusqu'à présent. Priez particulièrement ce Sauveur, ma très-unique fille, pour la conversion de ceux pour lesquels j'ai commencé de travailler, afin qu'ils voyent la sainte vérité, sans laquelle ils ne sauraient que se perdre.

Mille et mille fois le jour mon coeur se trouve chez vous, avec mille et mille souhaits qu'il répand devant Dieu pour votre consolation. Hé! Seigneur Jésus, vivez et régnez éternellement dans ce coeur que vous nous avez donné. Votre, etc.



LETTRE CCLIV, A MGR PIERRE FENOUILLET, ÉVÊQUE DE MONTPELLIER.

954
(Tirée du monast. de la Visitât, du faubourg Saint-Jacques.)

Il s'excuse de ne pouvoir prêcher à Toulouse.

 10 janvier 1014.

Monseigneur, je vous vais rencontrer en esprit au passage que vous devez faire à Lyon ; et ces quatre paroles vous assureront, s'il vous plaît, que s'il m'était aussi aisé de me porter moi-même sur le lieu en effet, comme il l'est à ce porteur, vous me verriez plein de joie et d'amour, le plus empressé de tous autour de vous. Il n'y a remède, il faut accommoder nos souhaits à nos nécessités, d'où qu'elles viennent.

J'ai toute ma vie grandement prisé la ville de Toulouse, non pour sa grandeur et noblesse, mais, comme dit saint Chrysostome de son Constantinople, à cause du service de Dieu qui y est si constamment et religieusement maintenu.

Et pensez, monseigneur, de quel coeur je voudrais les servir ; mais vous savez mes liens, que rien jusqu'à présent n'a pu rompre. S'il vous plaît donc, répondez à la demande qu'ils vous ont faite de moi. Je vous supplie très-humblement de leur faire savoir que ce n'est ni faute d'estime que je fasse de leurs mérites, auxquels je ne saurais jamais correspondre, ni faute de pouvoir que vous ayez sur moi, qui suis très-entièrement vôtre, mais faute de pouvoir que j'aie moi-même sur moi-même, que je ne seconde pas leurs désirs, plus honorables cent fois pour moi, que je ne devrais prétendre.

Au demeurant, monseigneur, quand vous serez avec le grand et le parfait ami, ressouvenez-vous parfois de moi ; car ce m'est un plaisir incomparable de m'imaginer que, ne pouvant jouir du bonheur de votre présence, je ne laisse pas de vivre en votre bienveillance de tous deux. J'écris sans loisir, mais plein de l'invariable affection que j'ai d'être sans fin, monseigneur, votre', etc.



LETTRE CCLV, A MONSEIGNEUR HILDEBRAND JOSSE, ÉVÊQUE ELU DE SION.

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Il le félicite sur sa promotion, et lui fait mille offres de service et d'amitié.

Annecy, 22 février 1013.

Intima sanè ac peculiari moestitià illustrissimi ac reverendissimi domini Àdriani, proedecêssoris vestri, obitus animum meum exagitàvit et affecit, non solûm propteream, quà tantum proesulem colcbam, venerationem, aut illâm, quà me vi-cissim Ornabat, benevôlentiam ; sed ideô maxime quôd celeberrima Sedunensis Ecclesia, ac uni-versa Vallesiorum gens, insigni illo principe et pastore orbata, iniquo tempore et prématuré re-mansisset, cum religionis avitae tuendae, augett-doeve catholicae fidei zelo ac peritià, neminem cum defuncto proesule comparandum illis in par-tibus esse putaremus.

Verum ubi de illustrissime et révérendissimoe dominationis vestroe promotione à reverendissimo ecclesia? vestroe canonico, qui hufc ordinationis gratià accesserat, deque cumulatissimis persona; vestrae illustrissimae dotibus, paulô fusius ac uberîus audivimus, tum verô trislitia nostra versa est in gaudium (
Jn 16,20), et lucttis nosler versus est in cytharam (Jb 31,31), ut nimirum Dco ingentcs gra-tias agcrcmus, quud lucernam suam in Jérusalem exlingui non essel passas (), sed pro pâtre fllinm excitasset, quem constitueret super civi-tateni illara Sedunensem, quam et nos Sion appellamus.

Hinc per amicos (inter quosnobilis vir dominus Quarterius in primis locum jampridem obtinet) illustrissimam ac reverendissimam dominationetn vestram salutavimus : et illa vicissim per multum illustrem et admodum revereridum abbatem Agaunensem, me quoque amicissimè salvere jus-sit. Sic igitur, illustrissime et reverendissime prxsul., quoe intercepta videbatur antecessoris tui erga me amicitia, tuà, quam ex litteris tuis video, propensione, in eoque ingenti desiderio rediviva, mine loetior ac flrmior futura est, ac duratura.

Sic enim, quod ad me spectat, me tibi tuisque rationibus addictissimum semper fore pollicebr, ut non modo pro commuai nostra utriusque vo-cationis vinculo, fraterna quoeque obsequia à me expectare debeas ; sed etiam omnem, quam optare placuerit, servi fidelissimi et humillimi accu-ratissimam operam. Itaquc sive vestra illustris-simai ac reverendissimoe dominationis, consecrationi celebranda;, sive ubi occasio sese dederit, omnibus aliis officiis, quoe è re suà suoramque fore existimaverit, me semper paratissimum et obsequentissimum habebit.

Intérim non desinam impensius à Domino Salvatore nostro petere, ut tibi mittat auxilium de sancto (Ps 29,3), quo navem illam tuam gravissimis procellis agitatam, ad optatum pacis ac felieis-simae pietatis portum salvam perducas.

Illustrissimai ac reverendissimae dominationis vestra, etc.



Monseigneur,

1. on ne peut assurément avoir plus de regret que j'en ai eu de la mort de l'illustrissime et révérendissime prélat monseigneur Adrien votre prédécesseur 380 , non-seulement à cause du respect que j'avais pour lui, et de la bienveillance dont il m'honorait, mais principalement parce que la très-illustre église de Sion, et tous le pays de Vallais se sont vus privés de la protection de ce grand prince, et du zèle de cet excellent pasteur ; dans le temps qu'on y pensait le moins, et qu'on en avait le plus de besoin pour confondre les hérétiques : car il faut avouer qu'il n'y avait personne dans ces contrées, aussi attaché que lui à l'ancienne religion, aussi ardent pour la propagation de la foi catholique, et aussi propre à faire tète aux ennemis de l'Église.

2. Cependant nous n'eûmes pas plus tôt appris a promotion de votre illustrissime et révérendissime seigneurie, et le détail de ses qualités éminentes, par un des vénérables chanoines de votre église, qui est venu ici pour recevoir les ordres sacrés, que notre tristesse se changea en joie (cf.Jn 16,20), et nos airs lugubres en des chants d'allégresse (cf. Jb 30,31). Nous rendîmes à Dieu de grandes actions de grâces de ce qu'il n'avait pas permis que sa lampe fût éteinte en Jérusalem ; et de ce qu'il avait remplacé le père par le fils pour l'établir sur la ville de Sion (cf. 2S 21,17 1R 11,36 1R 15,4).

Cette heureuse nouvelle, monseigneur, ne nous permit pas de différer plus longtemps de vous en marquer notre satisfaction, et de vous en féliciter par nos amis, entre lesquels M. Quartier tient un des premiers rangs depuis longtemps. Votre seigneurie de son côté a eu la bonté de me faire ses remerciements, par l'abbé de Saint-Maurice.

3. Ainsi je m'aperçois, monseigneur, que l'amitié de votre prédécesseur envers moi, qui semblait éteinte pour toujours, va revivre plus que jamais par votre inclination pour moi, dont vos lettres me sont garantes, et par le désir extrême que j'ai d'y correspondre en toutes manières.

Pour moi, j'ai l'honneur de vous assurer que je suis prêt à vous rendre non-seulement tous les services fraternels qui dépendent de notre commun ministère, mais encore tous ceux que vous pourriez attendre d'un très-fidèle et très-humble serviteur, étant plus qu'aucun homme du monde attaché à votre personne et à vos intérêts. Si donc, votre illustrissime et révérendissime seigneurie a besoin de moi, ou pour sa consécration, ou pour quelque autre chose que ce soit, elle en, peut disposer absolument dans tout ce qu'elle m'en jugera capable d'être de quelque utilité, soit à elle-même, soit à ceux qu'il vous plaira de me recommander.

Cependant je ne cesserai de conjurer notre divin maitre et notre Sauveur qu'il vous envoie de son sanctuaire un puissant secours (Ps 19,3) pour conduire sans danger, jusqu'au port si désiré de la paix et de la bienheureuse éternité, votre vaisseau qui est agité des plus furieuses tempêtes.

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect, monseigneur, etc.




F. de Sales, Lettres 876