Augustin loc. heptateuque 4076

CHAPITRE XXIII.

4076 Nb 23,11. In maledictionem inimicorum meorum vocavi te, et ecce benedixisti benedictionem[494] : on n'a pas dit benedictione ; maison a employé l'accusatif comme s'il y avait ecce dixisti benedictionem.

4077 Nb 23,12. Quaecumque miserit Deus in os meum, hoc observabo loqui[495] . Il fallait haec observabo.

4078 Nb 23,13. Veni mecum adhuc in locum alium, de quo non videbis eum inde[496].

[494] Je t'ai appelé pour maudire -mes ennemis et tu les bénis.
[495] J'aurai soin de dire tout ce que le Seigneur me mettra dans la bouche.
[496] Viens avec moi en un autre lieu, d'où il te sera impossible de le voir.


CHAPITRE XXV

4079 Nb 25,4. « Et le Seigneur dit à Moïse : Prends les princes du peuple, et pends les coupables en plein jour devant le Seigneur, et le Seigneur. détournera sa colère de dessus Israël. » C'est le Seigneur qui parle et cependant il ne dit pas : Pends les coupables devant moi, et je détournerai ma colère de dessus Israël.

4080 Nb 25,15. Domus familiae est Madian[497] ; c'est ainsi qu'on désigne la femme qui fut tuée avec l'Israëlite adultère. Par ces paroles, on a voulu, ce me semble indiquer, la noblesse de sa naissance ; car l'expression domus familiae a beaucoup d'analogie avec les mots pater familias et mater familas, par lesquels nous avons coutume de désigner les personnes extrêmement riches.

[497] Elle était d'une famille illustre parmi les Madianites.


CHAPITRE XXVI.

4081 Nb 26,1-2. Et locutus est Dominus ad Moysen et ad Eleazar sacerdotem, dicens Accipe principium totius synagogae filiorum Israël a viginti annis et supra[498].Remarquez le sens du mot principium employé ici pour désigner la partie du peuple qui était dans la force de l’âge.

[498] Le Seigneur dit à Moïse et au grand-prêtre Eléazar : Prenez : tous les hommes valides de la nation d'Israël depuis vingt ans et au dessus.


CHAPITRE XXVII.

4082 Nb 27,20 Nb 27-24. Ut exaudiant eum filii Israël[499] ; et plus loin : In ore ejus exibunt[500] ; et encore : In ore ejus introibunt[501] ; pour dire : Ils exécuteront tous ses ordres.

4083 Nb 27,22. « Moise fit tout ce que le Seigneur lui avait commandé ; et ayant pris Josué il le présenta devant le grand-prêtre Eléazar, etc. » Ce qui nous porte à noter ces paroles : «Moïse fit tout ce que le Seigneur lui avait commandé, » c'est que l'écrivain sacré ne s'est pas contenté de les dire une fois.

4084 Nb 27,23. « Il lui fit connaître les ordres que le Seigneur avait donnés à Moïse ; » pour : les ordres que le Seigneur lui avait donnés

[499] Afin que les enfants d'Israël l'écoutent.
[500] A sa parole ils sortiront.
[501] A sa parole ils entreront.


CHAPITRE XXVIII.

4085 Nb 28,13. Decimam decimam similaginis conspersam in oleo agno uni[502] : comme s'il y avait : singulas decimas singulis annis. Car l'expression decimam decimam indique qu'il faut prendre autant de dizièmes qu'il y a d'agneaux

4086 Nb 28,16-17. « Le quatorzième jour du premier mois sera le jour de la tête ; vous mangerez pendant sept jours des pains sans levain. » La fête se célébrait pendant plusieurs jours ; et cependant, chose digne de remarque on dit « le jour de la fête », et non « les jours de la fête, sans tenir compte de sa durée.

[502] Un dixième de mesure de fleur de farine, mêlée avec de l'huile, pour chaque agneau.


CHAPITRE XXIX.

4087 Nb 29,1. Et mense septimo una mensis[503]. C'est la même locution dans ce passage de la Genèse ? Et facta est vespera, et factum est mane dies usus[504].Dans l'un et l'autre cas, le grec porte emera mia . En traduisant ici par prima die mensis, certains interprètes ont donc supprimé une locution inévitable, tout en conservant le vrai sens.

4088 Nb 29,2. Vitulum unum ex bobus, arietem unum[505].On n'a pas mis ex ovibos, comme on a mis ex bobus, mais ces derniers mots eux-mêmes n'ajoutent rien au sens.

4089 Nb 29,2 Ibid. « Sept agneaux d'un an, qui soient sans tache. » Ce n'étaient pas seulement les agneaux, qui devaient être « sans tache » mais on a sous-entendu cette qualité en parlant des veaux et des béliers.

4090 Nb 29,4. Decima decima agno uni, septem agnis[506] ;c'est comme s'il y avait singula singulis.

4091 Nb 29,39. Exeptis votis vestris, et voluntaria vestra, et holocautomata vestra, sacrifiia vestra, et libamina vestra, et salutaria vestra[507]. On n'a pas, dit exceptis votis vestris, et voluntariis vestris, et le reste de la même manière ; on n'a pas mis non plus excepta vota vestra, ce qui eut été débuter par un solécisme. Mais, après avoir employé la forme régulière et usitée exceptis votis vestris, on met les substantifs qui suivent à un autre cas, qui ne permet pas de sous-entendre exceptis, mais seulement excepta. Quand même cette locution ne serait admise qu'en grec je n'en parlerais pas, mais elle n'est pas plus reçue en grec qu'en latin.

[503] Et le premier jour du septième mois.
[504] Et du soir et du matin se fit le premier jour.
[505] Un veau et un bélier.
[506] Un dixième pour chacun des agneaux, qui sont au nombre de sept.
[507] Sans compter là matière de vos voeux ; vos dons volontaires, vos holocaustes, vos sacrifices, vos offrandes de liqueurs, et vos hosties pacifiques.


CHAPITRE XXX.

4092 Nb 30,3. Homo, homo quicumque voverit votum Domino[508] ; c'est comme s'il y avait, omnis homo.

4093 Nb 30,4. « Quand une femme aura fait un voeu au Seigneur, ou promis quelque chose avec serment, si c'est une jeune fille qui soit encore dans la maison de son père. » L'Ecriture, comme on le voit ici, donne le nom de « femme » à toute personne du sexe, lors même qu'elle est vierge. C'est pour cela que l'Apôtre a pu dire de Jésus-Christ, qu'il a été « fait de la femme[509]. »

4094 Nb 30,4 Ibid. Et audierit pater ejus vota ejus, et definitiones ejusquas definivit (5). Definitiones definivit est une locution.

4095 Nb 30,4 Ibid. Definivit adversus animam suam[510], comme s'il y avait adversus delectationes animae sua[511].

4096 Nb 30,4 Ibid. Et tacuerit pater ejus, et stabunt omnia vota ejus[512]. La conjonction et est de trop, car on trouve un sens complet dans la phrase construite de la sorte : Si audierit et tacuerit pater ejus, stabunt omnia vota ejus.

4097 Nb 30,7. Si autem facta fuerit viro[513] ; c'est le sens de nupserit : l'Ecriture s'exprime souvent de cette manière.

4098 Nb 30,7 Ibid. Et vota ejus super eam[514] ; il faut sous-entendre sont que plusieurs traducteurs ont eu soin d'exprimer.

4099 Nb 30,13. Omnia quaecumque exierint ex labiis ejus secundum vota ejus, et secundum definitiones quae adversus animam ejus, non manet ei[515]. On s'attendait à lire non manent ei au pluriel ; c'est en effet ce que plusieurs traducteurs ont mis, pour éviter cette espèce de solécisme.

[508] Tout homme qui aura fait un voeu au Seigneur.
[509] Ga 4,4.
[510] Si son père est instruit des voeux qu'elle a faits, et du serment par lequel elle s'est liée.
[511] Elle s'est engagée par serment à quel que chose de pénible.
[512] Si son père n'a rien dit, son voeu sera obligatoire.
[513] Mais si elle a un mari.
[514] Si elle a fait quelque voeu.
[515] Tous les voeux qu'elle aura formulés, et tous les serments, par lesquels elle se sera engagée à quelque chose de pénible, seront nuls.


CHAPITRE XXXI.

4100 Nb 31,4. Mille ex tribu, et mille ex tribu ex omnibus tribubus Israël[516].On ne dit pas douze fois mille, et pourtant cette répétition n'indique-t-elle pas le même nombre

4101 Nb 31,8. Inter fecerunt in gladio[517] ; les règles demandaient : interfecerunt gladio.

4102 Nb 31,10. Et omnes civitates eorum, quae in habitationibus eorum[518] ; il faut sous-entendre erant.

4103 Nb 31,10 Ibid. Et villas eorum succenderunt in igni[519] ; pour se conformer à l'usage, il fallait dire succenderunt igni.

4104 Nb 31,18. « Conservez toutes les femmes, dont aucun homme n'a approché. » Nulle part on ne voit plus clairement que l'hébreu, par une locution qui lui est familière, donne même aux vierges le nom de femmes.

4105 Nb 31,28-29. Et a dimidia parte eorum accipietis, et dabis ea Eleazar sacerdoti primitas Domini[520] ; on ne lit pas dabitis.

4106 Nb 31,35. « Et les femmes, qui n'avaient pas connu d'hommes, furent au nombre de trente-deux mille. » C'est ici une nouvelle preuve que le nom de femmes est donné mêmes aux personnes qui n'ont pas connu d'hommes, c'est-à-dire aux vierges.

4107 Nb 31,54. Et accepit Moyses et Eleazar sacerdos aurum a chiliarchis et a centurionibus, et intulit ea in tabernaculum testimonii[521]. Il semble qu'on devait dire et intulit illud in tabernaculum testimonii. C'est ce qu'on lit dans la plupart des versions latines, et le mot aurum, dont le pronom rappelle l'idée, paraît l'exiger. Toutefois la multitude des objets énoncés précédemment, et d'où cet or était tiré, peut expliquer l'emploi du pluriel intulit ea.

[516] Mille hommes de chaque tribu.
[517] Ils firent périr par l'épée.
[518] Toutes les villes on ils habitaient.
[519] Ils brûlèrent leurs châteaux.
[520] Vous prendrez les prémices du Seigneur sur la moitié du butin qui leur est destinée, et vous le donnerez au grand-prêtre Eléazar.
[521] Moïse et le grand-prêtre : Eléazar, ayant reçu l'or des tribuns et des centeniers, le mirent dans le tabernacle du témoignage.


CHAPITRE XXXII.

4108 Nb 32,1. Et pecora, multitudo erat filius Ruben et filius Gad, multitudo copiosa valde[522] ; on ne lit pas et pecorum multitudo erat.

4109 Nb 32,1 Ibid. Et viderunt regionem Jazer et regionem Galaad, et erat locus, locus pecoribus[523]. Il ne faut pas unir ensemble dans la prononciation les mots locus locus, mais faire une pause après le premier et dire ensuite locus pecoribus. On est ainsi un instant à se demander quel est le lieu, dont il est question ; et c'est ce qui fait l'élégance de cette répétition.

4110 Nb 32,2. Et accedentes filii Ruben et filii Gad dixerunt ad Moysen et Eleazar sacerdotem, et ad principes synagogae, dicentes[524]. Cette locution dixerunt dicentes n'est in grecque ni latine ; elle paraît empruntée à l'Hébreu.

4111 Nb 32,5. « Donnez cette terre en partage à vos serviteurs ; » comme s'ils parlaient pour d'autres, tandis qu'ils demandent pour eux-mêmes.

4112 Nb 32,11-12. Non enim secuti sunt post me praeter Caleb filins Jephone[525].Il semble qu'on devait dire praeter Chaleb filium Jephone : si l'on a employé le nominatif c'est sans doute à cause du verbe secuti sunt, qui précède. La langue latine elle-même fait usage de cette locution, mais rarement.

4113 Nb 32,13. Donec consumeretur omnis generatio facientes maligna in conspectu Domini[526] ; on n'a pas mis faciens maligna, ou bien facientium maligna.

4114 Nb 32,16. Et accesserunt ei, et dixerunt[527]. La forme en usage est celle-ci : accesserunt ad eum.

4115 Nb 32,24. Et aedificabitis vobis ipsis civates impedimentis vestris[528] ; c'est comme s'il y avait : aedificabità vobis ipsis civitates propter impedimenta vestra.

4116 Nb 32,26-27. « Notre bagage, nos femmes et tous nos troupeaux resteront dans les villes de Galaad ; mais vos serviteurs passeront tous le Jourdain, prêts à combattre, » au lieu de dire nous passerons tous le Jourdain, prêts à combattre, ils semblent parler de personnes étrangères,

4117 Nb 32,28. «Moïse leur recommanda Eléazar ; le grand-prêtre et Josué fils de Navé, et les princes des familles dans chaque tribu d'Israël. » On ne lit pas : Moïse les recommanda à Eléazar, grand-prêtre ; ce que les règles communes du langage exigeaient cependant. Car c'est sou ; la conduite de ces chefs que les enfants de Ruben et de Gad prirent possession du pays qu'ils avaient demandé en partage. Il est donc à présumer qu'on ne leur recommanda par les hommes chargés de les introduire dans la terre tant désirée, mais qu'ils furent plutôt recommandés, eux-mêmes à leurs chefs.

4118 Nb 32,30. Si autem non transierint armati vobiscum in bellum in conspectu Domini, et transferte impedimenta eorum[529] ; la conjonction et est de trop.

4119 Nb 32,33. Et dedit eis Moyses filiis Gad et filiis Ruben[530] : il n'était pas nécessaire de mettre eis.

[522] Les enfants de Ruben et de Gad possédaient une multitude innombrable de troupeaux.
[523] Ils virent que le pays de Jazer et celui de Galaad, offraient des lieux très favorables aux troupeaux.
[524] Les enfants de Ruben et de Gad vinrent trouver Moïse et Eleazar le grand-prêtre et les princes du peuple, et ils leur dirent.
[525] Ils n'ont pas voulu me suivre, excepté Chaleb, fils de Jéphoné.
[526] Jusqu'à ce que cette race d'hommes, qui avait fait le mal devant le Seigneur, fut entièrement éteinte.
[527] Ils s'approchèrent de lui, et lui dirent.
[528] Et vous bâtirez des villes pour y mettre en sûreté votre bagage.
[529] Mais s'ils refusent de marcher avec vous pour combattre sous les yeux du Seigneur, vous transporterez au-delà du Jourdain tout ce qu’ils ont ici.
[530] Moise accorda aux enfants de Gad et de Ruben.


CHAPITRE XXXIII.

4120 Nb 33,14 . Et nonibi erat a qua populo bibere[531], au lieu de ad bibendum.

4121 Nb 33,51. Loquere filiis Israël, et dices ad eos[532] ; on pouvait se contenter de dire : loquere filiis Israël.

4122 Nb 33,52. Et omnia idola fusilia eorum perdetis ea[533] ; le pronom ea est de trop.

[531] Le peuple n'y trouva point d'eau pour boire.
[532] Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur.
[533] Tu détruiras toutes les idoles qu'ils se sont fabriquées.


CHAPITRE XXXIV


4123 Nb 34,6. Hoc erit vobis fines maris[534], il fallait hi erunt vobis.

4124 Nb 34,7. Et hoc erit vobis fines ad aquilonem[535] ; cette locution est la même que la précédente.

[534] Vous aurez la mer pour limite.
[535] Voici quelles seront vos limites du côté du nord.


CHAPITRE XXXV


4125 Nb 35,3. Et erunt civitates eis habitare[536] ; les règles demandaient ad habitundum.

4126 Nb 35,11 . Refugia erant vobis fugere illo homicidam[537] ; on pourrait employer la forme ordinaire et dire : ut fugiat illo homicida.

4127 Nb 35,15. Et incolae qui in vobis, istae civitates in refugium[538]. Incolae est ici au singulier et on doit l'entendre comme s'il y avait huic incolae qui in vobis à quoi il faut ajouter est ; car s'il n'y a pas qui in vobis est, c'est en vertu d'une locution bien connue, mais plus familière à la langue grecque qu'à la langue latine.

[536] Ils auront des villes pour y habiter.
[537] Vous aurez des villes de refuge, pour ceux qui auront donné la mort à quelqu'un.
[538] Ces villes serviront aussi de lieu de refuge à l'étranger qui habite au milieu de vous.



LIVRE CINQUIÈME. LOCUTIONS TIRÉES DU DEUTÉRONOME.



CHAPITRE I.

5001 Dt 1,7. Usque ad flumen magnum, flumen Euphratem[539] ; on n'a pas dit : Usque ad flumen magnum Euphratem.

5002 Dt 1,17. Et judicium quod durum fuerita vobis, afferetis illud ad me[540].Au lieu de dire quod durum fuerunt vobis, on a mis a vobis, comme s'il y avait : ira durum, ut a vobis judicari non possit.

5003 Dt 1,35-36. Si videbit aliquis virorum istorum terram optimam have, quam juravi patribus eorum, praeter Chaleb filius Jephone, hic videbit eam[541].Nous avons déjà trouvé cette locution au livre des Nombres[542] ; elle consiste à mettre le nominatif filius, là où il fallait dire avec l'accusatif, praeter Chaleb filium Jephone.

[539] Jusqu'au grand fleuve de l'Euphrate.
[540] Et pour les causes qui vous paraîtront difficiles à juger vous me les soumettrez.
[541] Aucun de ces hommes ne verra cet excellent pays, que j'ai promis à leurs pères avec serment, excepté Chalep, fils de Jéphoné, qui le verra.
[542] Ch. XXXII, 12.


CHAPITRE II.

5004 Dt 2,7. Dominus enim Deus vester benedixit te in omni opere manuum tuarum[543].On n'a pas dit benedixit vos in omni opere manuum vestrarum, quoiqu'on ait mis auparavant vester, et non pas tuus.

5005 Dt 2,24. Nunc ergo surgite, et promovete, et pertransite vos vallem Arnon ; ecce tradidi in manus tuas Seon regem Esebon[544]. On n'a pas mis in manus vestras ; mais on a passé du pluriel au singulier.

[543] Car le Seigneur votre Dieu vous a béni dans toutes vos entreprises.
[544] Maintenant donc levez-vous et marchez, et passez la vallée d'Arnon ; car j'ai livré entre vos mains Séon, roi d'Esébon.


CHAPITRE IV.

5006 Dt 4,7. Quoniam quae est gens magna, cui est ei Deus appropians illis[545].Il y a ici deux choses à remarquer : la première c'est qu'on a dit : cui est ei ; la seconde, c'est qu'on n'a pas dit : appropians illi, mais illis.

5007 Dt 4,12. « Vous n'avez aperçu aucune forme, mais seulement une voix. » La voix ne peut pas tomber sous le sens de la vue ; mais, comme si tous les sens avaient la faculté d'apercevoir, on emploie ce mot pour désigner en général, toute perception sensible.

5008 Dt 4,5 Dt 4,14. In quam vos ingredimini illo, haereditare eam[546] ; le sens eût été complet sans illo.

5009 Dt 4,20. « Et il vous tirera de la fournaise de fer de l'Égypte. » Par « la fournaise de fer, » on a voulu dire : une dure oppression. Le psalmiste s'est servi de la même figure, en disant de Joseph : « Le fer a traversé son âme[547]. »

5010 Dt 4,22. « Je ne passerai pas ce Jourdain, » comme s'il y avait un autre fleuve de ce nom. C'est la même locution, je crois, qui fait dire souvent ce monde, comme s'il en existait un autre.

5011 Dt 4,25 : « Si vous engendrez des enfants, et des « enfants de vos enfants. » Remarquez cette locution, en vertu de laquelle on dit des aïeuls qu'ils engendrent leurs petits-fils.

5012 Dt 4,29. Et quaeretis ibi Dominum Deum vestrum ; et invenietis eum, quando exquiretis eum ex toto corde tuo, et ex tota anima tua in tribulatione tua[548] ; on ne lit pas in toto corde vestro et in tota anima vestra, in tribulatione vestra.

5013 Dt 4,32. Interrogate dies priores, qui fuerunt priores te[549]. Dies est mis pour homines.Remarquons encore que après, avoir commencé par le pluriel interrogate, on termine par le singulier priores te, tandis qu'il fallait dire priores vobis.

5014 Dt 4,34. Si et tentavit Deus ingressus accipere sibi gentem de media gente[550].Tentavit est mis pour voluit, ou tout autre mot ayant le même sens. Et lorsqu'on lit de media gente, il faut entendre de mediis gentibus ; c'est le singulier employé pour le pluriel, comme qu d nous avons vu serpens, rana, locusta, mis pour serpentes, ranae locusta.

5015 Dt 4,34 Ibid. Secundum omnia quae fecit Dominus Deus vester in Aegypto eorum te vidente[551] ; on pouvait se dispenser de mettre vidente, qui n'ajoute rien au sens.

[545] Car, quelle est la nation, quelque puissante qu'elle soit, qui ait son Dieu si près d'elle.
[546] Dans laquelle vous allez entrer pour en prendre possession.
[547] Ps 104,18.
[548] Et là vous chercherez le Seigneur votre Dieu ; et vous le trouverez, pourvu que, dans votre affliction, vous le cherchiez de tout votre coeur et de toute votre âme.
[549] Interrogez les siècles passés, qui vous ont précédés.
[550] Si un Dieu est venu se choisir un peuple du milieu des nations.
[551] Selon tout ce que le Seigneur votre Dieu a fait en Egypte sous vos yeux.


CHAPITRE V.

5016 Dt 5,5. Et ego stabam inter Dominum et vos in tempore illo, annuntiare vobis verra Domini ; quoniam timuistis a facie ignis, et non ascendistis in montem, dicens : Ego sum Dominus Deus tuus, etc. [552] ; dicens est mis pour cum diceret.

5017 Dt 5,14. Et advena qui incolit in te[553]. Ces paroles s'adressent au peuple, et non à un seul homme ; car ce n'est qu'au milieu du peuple que l'étranger pouvait demeurer.

5018 Dt 5,15. Propter hoc constituit tibi Dominus Deus tuus, ut observes diem sabbati, et santificare eum[554].Si la conjonction et était supprimée, on ne s'écarterait pas, ce semble, de l'usage, en disant : ut observes diem sabbati sanctificare eum. On pouvait mettre encore : ut observes diem sabbati, et sanctifices eum ; ou bien : propter hoc constituit tibi Dominus Deus tuus observare diem sabbati, et sanctificare eum. Mais puisqu'on lit : ut observes diem sabbati, et sanctificare eum, il faut reconnaître dans cette phrase une locution inusitée, qu'il est bon de signaler.

[552] Je fus alors votre médiateur auprès du Seigneur, pour vous transmettre ses paroles ; car vous avez été saisis de frayeur à la vue du feu et vous n'êtes pas montés sur la montagne, lorsqu'il vous disait : Je suis le seigneur votre Dieu, etc.
[553] Et l'étranger qui habite au milieu de vous.
[554] C'est pourquoi le Seigneur votre Dieu vous a prescrit de garder et de sanctifier le jour du Sabbat.


CHAPITRE VI.

5019 Dt 6,13. Attende tibi ne dilatetur cor tuum, et obliviscaris Domini Dei tui[555].Dilatatio cordis peut donc se prendre aussi en mauvaise part. La joie a certainement pour effet de dilater le coeur ; la tristesse au contraire le resserre ; mais l'une et l'autre peuvent se prendre en bonne et en mauvaise part.

5020 Dt 6,20. Et erit, cum interrogaverit te filius tuus cras dicens[556] ; cras marque ici un temps futur indéterminé.

[555] Gardez-vous de mettre votre coeur au large, et d'oublier le Seigneur votre Dieu.
[556] Et plus tard lorsque vos enfants vous demanderont


CHAPITRE VII.

5021 Dt 7,1. Septem gentes magnas et multas[557]. Comment a-t-on pu dire multas, si ces nations ne sont qu'au nombre de sept ? Multas est donc mis pour multitudinem habentes.

5022 Dt 7,2. Non dispones ad eos testamentum[558] ; il s'agit ici de peuples ; testamentum est donc mis pour pactum.

5023 Dt 7,3-4. « Vous ne permettrez pas à vos fils d'épouser leurs filles ; car elles détourneraient vos fils de mon culte, pour leur faire adorer des dieux étrangers, et le Seigneur entrerait en colère contre vous. » Le Seigneur comme s'il parlait d'un autre que lui-même, ne dit pas : « J’entrerai en colère. »

[557] Sept nations grandes et nombreuses.
[558] Vous ne ferez point d'alliance avec eux.


CHAPITRE IX.

5024 Dt 9,1. « Des villes très grandes, et dont les murailles s'élèvent jusqu'au ciel ; » c'est là une hyperbole.

5025 Dt 9,4. Ne dicas in corde tuo, cum consumpserit Dominus Deus tuus gentes istas ante faciem tuam, dicens : Propter justifias meas induxit me Dominus haereditare terram bonam istam[559]. Voici l'ordre naturel des paroles : ne dicas in corde tuo dicens.

5026 Dt 9,28. Ne quando dicant inhabitantes terrant, unde eduxisti nos inde[560].L'addition de inde est une forme particulière à l'Écriture.

[559] Après que le Seigneur votre Dieu aura détruit devant vous toutes les nations, ne dites pas : C'est à cause de ma justice que le Seigneur m'a mis en possession de cette terre excellente.
[560] De peur que les habitants du pays, dont vous nous avez tirés, ne disent.


CHAPITRE XI.

5027 Dt 11,3. Quae fecit virtutem Aegyptiorum[561]. Quelques traducteurs latins, ne saisissant pas parfaitement le sens de cette phrase, n'ont pas voulu dire virtutem : mais comme le mot grec dunamis a quelquefois la signification de exercitus, ils l'ont rendu par virtuti ou exertui.Il y a cependant de l'élégance dans cette locution : quae fecit virtutem eorum ; c'est comme si l'on disait quid eam fecit, ce que le Seigneur en a fait, pour indiquer que le Seigneur fa réduite à néant. Toute la difficulté vient de ce que le pronom relatif est exprimé au pluriel.

5028 Dt 11,6. Quos aperiens terra os suum deglutivit eos, et domos eorum, et tabernacula eorum[562].Il y a ici deux locutions : la première consiste dans l'addition de eos, mot que le pronom quos, exprimé au commencement, rendait inutile ; la seconde consiste dans les mots domos eorum, ajoutés à tabernacula eorum, comme si les Israëlites avaient eu.dans le désert d'autres habitations que des tentes. Mais, en parlant de leurs maisons, on a voulu sans doute désigner les personnes de leurs familles ; de même que le prophète désigne tout le peuple, quand il dit : Et nunc tu, domus Jacob[563]. Celte locution n'est pas- étrangère à la langue latine ; et Virgile lui-même appelle les Romains domus Assaraci[564], parce qu'ils descendent du Troyen Assaracus.

5029 Dt 11,7. « Parce que vos yeux ont vu toutes les oeuvres merveilleuses, que le Seigneur a faites aujourd'hui au milieu de vous. » Il s'agit des prodiges qui ont été opérés dans le désert, pendant les quarante ans que les Israëlites y ont demeuré ; et cependant Moïse dit : « aujourd'hui. » Ce mot désigne donc tout ce laps de temps, quel que soit le nombre des années qui le composent.

5030 Dt 11,9. « La terre que le Seigneur a juré de donner à vos pères et à leur postérité après eux. » Entendez : « c'est-à-dire à leur postérité après eux ; » car ce n'est pas à eux personnellement qu'elle a été donnée ; mais ils l'ont seulement possédée dans la personne de leurs descendants.

5031 Dt 11,13. Si autem auditu audieritis omnia mandata ejus, qua ; ego mando tibi hodie[565]. On pourrait supprimer auditu ; mais c'est une locution très familière aux livres saints.

5032 Dt 11,14. Et dabit pluviam terrae tuae in tempore suo matutinum et serotinum[566].Comme matutinum tempos signifie le commencement du jour, n'aurait-on pas voulu désigner par cette expression la première époque de l'année ? Le mot serotinum, est moins latin ; mais il n'y avait pas d'autres terme qui rendit aussi fidèlement la signification du grec opsimon . On s'en sert très souvent, il est vrai mais dans le sens de tardif, tandis que, ici, il marque plutôt une certaine époque de l'année.

5033 Dt 11,15-16. Et cum comederis et satiatus fueris, attende tibi ipsi ne dilatetur cor tuum, et praevaricemini, et serviatis diis aliis[567]. Nous avons déjà signalé plus haut des locutions semblables, où l'on passe du singulier au pluriel, et où dilatetur est pris en mauvaise part, pour signifier une prospérité dont on abuse.

5034 Dt 11,24. Et flumen magnum, flumen Euphratem[568]. Ces sortes de locutions sont très fréquentes dans l'Écriture et rendent la pensée avec beaucoup de grâce.

5035 Dt 11,25. « Le Seigneur votre Dieu répandra votre crainte et votre terreur par toute la terre. » Il ne s'agit pas ici de la crainte ou de la terreur que les Israélites auraient éprouvée eux-mêmes, mais de celle qu'ils devaient inspirer aux autres.

[561] Ce que le Seigneur a fait de la puissance des Egyptiens.
[562] La terre, s'étant entrouverte, les engloutit avec leurs maisons et leurs tentes.
[563] Et maintenant donc, ô maison de Jacob (Is 2,5).
[564] Maison d'Assaraeus ( Eneid. I, v. 288 ).
[565] Mais si vous êtes fidèles à observer les commandements que je vous fais aujourd'hui.
[566] Il fera tomber sur vos champs, au temps favorable, les premières et dernières pluies.
[567] Lorsque vous aurez eu les biens de la terre abondance et que vous serez rassasiés, gardez-vous de mettre votre coeur au large et de violer mon alliance, en adorant des dieux étrangers.
[568] Et le grand fleuve de l'Euphrate.


CHAPITRE XII.

5036 Dt 12,17. « Tu ne pourras pas manger dans tes villes la dîme de ton blé, » c'est-à-dire : vous ne devrez pas.

CHAPITRE XIII.

5037 Dt 13,16. Et incendes civitatem in igni[569] ; l'usage de notre langue demandait que l'on mit simplement igni.

[569] Tu brûleras la ville.


CHAPITRE XIV.

5038 Dt 14,24. Si autem longe fuerit via a te[570] ; c'est comme s'il y avait longa via fuerit ; l'adverbe est mis pour l'adjectif.

[570] Mais si le chemin est trop long pour toi.


CHAPITRE XV.

5039 Dt 15,6. Et foenerabis gentes multas[571]. Foeneratio, dans l'Écriture, signifie l'action de prêter de l'argent, quand même on n'en tirerait aucun intérêt. On en voit une preuve dans ce passage des psaumes : Beatus qui miseretur et commodat[572] ; car là où les traducteurs latins, plus attachés au sens qu'aux paroles, ont employé le mot commodat, le grec porte daneixei auquel correspond parfaitement le mot latin foeneratur.

5040 Dt 15,6 Ibid. Et principaberis gentium multarum, tui autem non principabuntur[573] ; c'est comme si l'on disait : tibi non dominabuntur, proposition dont le sujet est gentes. Car toi est le génitif singulier du pronom ; qui fait tibi au datif ; il ne faut pas le confondre avec le nominatif pluriel de l'adjectif qui a pour génitif tuarum.

5041 Dt 15,7. Si autem fuerit in te egenus in fratribus tuis[574]. Ces paroles ne s'adressant pas à un seul individu, mais à un peuple, on a pu dire in te.

5042 Dt 15,7-8. Si autem fuerit in te egenus in fratribus tuis in una civitatum tuarum, in terra quam Dominos Deus tuus dat tibi, non avertes cor tuum, neque constringes manum tuam a fratre tuo egente ; aperiens aperies manus tuas ei, foenus foenera : bis ei quantumcumque postulat, et quantum eget[575].Dans une loi qui prescrit des oeuvres de miséricorde, il n'y a pas de place, évidemment, pour les cruelles exigences de l'usure : par les mots foenus foenerabis ei, il faut donc entendre l'obligation de prêter gratuitement les choses demandées. En outre, les expressions aperiens aperies manus tuas, aussi bien que celles-ci foenus foenerabis, présentent une locution familière à l'Écriture.

5043 Dt 15,17. Après avoir prescrit de percer l'oreille au serviteur, la loi ajoute : Et ancillam tuant facies similiter[576], ici l'accusatif est mis pour le datif ; car l'usage de notre langue demandait : ancillae tuae facies.

5044 Dt 15,21. Si autem fuerit in eo vitium, claudum aut caecum, vel omne vitium manum[577].On n'a pas mis claudicatio aut coecitas, qui sont les défauts eux-mêmes, mais claudum aut coecum, qui se disent, non des défauts, mais des animaux qui ont ces défauts. Remarquez encore comment on dit vitium malum, comme s'il pouvait y avoir un défaut qui fût bon.

[571] Tu prêteras à beaucoup de nations.
[572] Bienheureux celui qui exerce la miséricorde et qui prête (Ps 111,5 ).
[573] Tu auras l'empire sur beaucoup de nations, et personne n'aura l'empire sur toi.
[574] S'il y a au milieu de toi un de tes frères, qui soit réduit à l’indigence.
[575] Si en quelqu'une de tes villes, dans le pays que le Seigneur ton Dieu va te donner, un de tes frères est réduit à l'indigence, tu n'endurciras pas ton coeur, et tu ne resserreras pas ta main à son égard ; tes mains s'ouvriront pour lui, et tu lui prêteras tout ce qu'il te demandera, et tout ce dont il aura besoin.
[576] Tu feras la même chose à ta servante.
[577] S'il a une tache, s'il est boiteux ou aveugle, ou s'il a un défaut quelconque.



Augustin loc. heptateuque 4076