Augustin, 83 questions - 83. - Sur le mariage, à l'occasion de ces paroles du Seigneur: «Quiconque renvoie sa femme hors le cas de fornication (Mt 5,32).»

83. - Sur le mariage, à l'occasion de ces paroles du Seigneur: «Quiconque renvoie sa femme hors le cas de fornication (Mt 5,32).»


Mt 5,32

Si le Seigneur n'autorise à renvoyer une femme que dans le cas d'adultère, et que, d'autre part, il ne défende pas de renvoyer un conjoint païen, il s'ensuit que le paganisme est considéré comme une fornication. Or il est évident que, quand le Seigneur parle dans l'Evangile du renvoi d'une femme, il n'excepte que le cas de fornication. D'autre part, nous savons qu'il n'est pas défendu de renvoyer un époux païen, parce que l'Apôtre, en conseillant à la partie fidèle de ne pas renvoyer la partie infidèle, se sert de ces expressions: «Je dis, moi, et non le Seigneur,» pour faire entendre que le Seigneur permet de renvoyer, mais ne l'ordonne pas, autrement le conseil de l'Apôtre serait opposé à l'ordre de Dieu; en sorte que, dans ce cas, personne n'est forcé, mais chacun reste libre.
Cependant si quelqu'un prétend que le Seigneur n'admet pour cause de renvoi de la femme que ce que l'on appelle communément fornication, c'est-à-dire le crime qui se commet par un commerce charnel illicite, on peut lui répondre que le Seigneur, en traitant cette matière, parlait de deux époux fidèles, lesquels, parce qu'ils sont fidèles, ne peuvent se renvoyer l'un l'autre, hormis le cas d'adultère. Or l'un et l'autre sont fidèles, il ne s'agit donc pas du paganisme. Et l'Apôtre semble aussi faire cette distinction quand il dit: «Pour ceux qui sont dans le mariage, ce n'est pas moi, mais le Seigneur qui commande que la femme ne ne se sépare point de son mari; si elle en est séparée, qu'elle demeure sans se marier, ou qu'elle se réconcilie avec son mari.» Ici encore on voit que, dans le seul cas où la séparation sait permise, la femme qui quitte son époux, ne doit point se marier; et que, si elle peut vivre dans la continence, plutôt que de s'unir (489) à un autre homme, elle doit se réconcilier avec son mari s'il est corrigé, ou du moins le supporter s'il ne l'est pas. L'Apôtre continue et dit: «Que le mari de même ne quitte point sa femme, a donnant ainsi brièvement la même règle à l'époux qu'à la femme. Après avoir établi cette doctrine par l'ordre du Seigneur, il ajoute: «Mais aux autres je dis, moi, et non le Seigneur: Si un de mes frères a une femme infidèle, et qu'elle consente à demeurer avec lui, qu'il ne se sépare point d'elle; et si une femme a un mari infidèle et qu'il consente à demeurer avec elle, qu'elle ne se sépare point de son mari (1Co 7,10-13).» Par là l'Apôtre donne à entendre que le Seigneur s'est exprimé là dessus en ce cens que, si les époux sont fidèles tous les deux, ils ne doivent se quitter ni l'un ni l'autre.



Ces LXXXIII Questions ont été traduites par M. l'abbé DEVOILLE


Augustin, 83 questions - 83. - Sur le mariage, à l'occasion de ces paroles du Seigneur: «Quiconque renvoie sa femme hors le cas de fornication (Mt 5,32).»