Augustin contre Fauste - CHAPITRE V. A QUOI SE RÉDUIT L'ARGUMENTATION DE FAUSTE, IL N'Y A AUCUNE RAISON DE REJETER LES ÉCRITURES.



LIVRE VINGT-NEUVIÈME. RÉALITÉ DE LA NAISSANCE DU CHRIST.

La naissance du Christ n'a été qu'apparente et un effet de magie, selon Fauste. - Réfutation de cette erreur. - Accord impossible proposé par Fauste. - Il n'y a rien d'impur dans le corps des Saints, surtout dans celui de Marie. Le Christ est né comme il l'a voulu.



CHAPITRE PREMIER. FRUSTE OBJECTE QUE LA NAISSANCE DU CHRIST N'A ÉTÉ QU'APPARENTE ET EFFET DE MAGIE.

Fauste. S'il a été vu et s'il a souffert sans être né, c'était donc magie. - On te rétorque l'argument: S'il a été dans le sein d'une femme et qu'il ait été mis au monde, sans avoir un homme pour père, c'était donc magie. Il est certain qu'il est en dehors des lois de la nature qu'une vierge enfante, et bien plus encore qu'elle reste vierge après avoir enfanté. Pourquoi donc ne veux-tu pas que, en dehors des lois de la nature, il ait pu souffrir volontairement sans être né? Crois-moi: au fond, nous admettons, les uns et les autres, des faits contraires à la nature; avec cette différence que les nôtres sont honnêtes, et les vôtres honteux; que nous trouvons une raison à la passion du Christ, et une raison probable, tandis que vous n'en présentez qu'une fausse, ou même aucune, pour sa naissance; enfin que nous professons qu'il n'a souffert qu'en apparence et qu'il n'est point vraiment mort, tandis que vous tenez pour certain qu'il a été enfanté et porté dans le sein d'une femme. Si cela n'est pas, convenez donc aussi que, là, tout a été imaginaire, qu'il n'est né qu'en apparence, et il n'y aura plus de débat entre nous. Car ce que vous répétez sans cesse, qu'il a nécessairement dû naître, puisqu'autrement il n'aurait pu être vu ni parler avec les hommes, est une chose ridicule, quand il est constant, comme les nôtres l'ont démontré, que bien des fois les anges se sont montrés aux hommes et se sont entretenus avec eux.


CHAPITRE II. IL N'Y A POINT EU DE MAGIE DANS LA VIE, NI DANS LA MORT, NI DANS LES MIRACLES DU CHRIST.

Augustin. On ne vous dit point qu'il y ait magie à ce qu'un homme meure sans être né, puisque cela est arrivé pour Adam, comme nous l'avons déjà dit plus haut; mais quand même cela n'aurait jamais eu lieu, si le Christ Notre-Seigneur eût jugé à propos de venir sur la terre de manière à paraître revêtu d'une vraie chair, quoique non prise dans le sein d'une vierge, et à nous racheter par une mort réelle, qui donc oserait dire qu'il ne l'aurait pas pu? Mais il était meilleur de faire ce qu'il a fait, de naître d'une vierge, et, en naissant homme d'une femme, de relever ainsi les deux sexes qu'il devait délivrer par sa mort; vous condamnant, vous surtout, par ce seul fait, renversant par la base votre doctrine qui enseigne que le sexe masculin et le sexe féminin ne sont pas l'oeuvre de Dieu, mais du démon. Ce qui ressemble à la magie, c'est ce que vous affirmez: que la passion et la mort du Christ n'ont existé qu'en apparence, qu'il n'y a eu, là, que mensonge et chimère, qu'il a paru mourir et n'est point mort. D'où il suit que vous déclarez aussi sa résurrection apparente, imaginaire, trompeuse: car, après tout, celui qui n'est pas vraiment mort ne peut ressusciter réellement. D'où il suit encore qu'il n'a montré à ses disciples hésitants que de fausses cicatrices; que Thomas n'était point affermi dans la vérité, mais trompé par une supercherie, quand il s'écriait: «Mon Seigneur et mon Dieu (1)»; et néanmoins vous cherchez à faire croire que votre langue est l'organe de la vérité, tout en affirmant que le Christ a menti de tout son corps. Voilà ce qu'on vous objecte, à vous qui vous forgez un Christ dont vous ne pouvez être les vrais disciples, à moins d'être aussi des menteurs. Il n'y a point du tout de magie à ce qu'une chair d'homme soit sortie du sein d'une vierge, parce que celle du Christ est la seule qui ait été ainsi formée; pas plus qu'il n'y en a à ce, que la chair du Christ soit seule ressuscitée le troisième jour, pour ne plus jamais mourir. Autrement, tous les miracles de Dieu auraient

1. Jn 20,28

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été de la magie, puisqu'ils sont uniques; mais ils ont été vrais, réellement opérés; ils ont servi à prouver la vérité, et non à tromper les regards des hommes par de vains prestiges; et si on dit ordinairement qu'ils sont contre nature, ce n'est point parce qu'ils lui sont contraires, mais parce qu'ils sont au-dessus de son cours ordinaire. Que le Seigneur écarte donc de l'esprit de ses enfants, l'idée que Fauste cherche à leur insinuer par forme d'avis: à savoir que nous ne reconnaissions dans le Christ qu'une naissance imaginaire et non réelle, et que nous mettions, par là, fin au débat. Non, non; luttons contre nos adversaires pour les droits de la vérité, plutôt que de tomber d'accord avec eux pour le mensonge.


CHAPITRE 3. SUR L'ACCORD PROPOSÉ PAR FAUSTE.

Toutefois je leur pose une question: Si une seule parole de notre part terminait le débat, pourquoi eux-mêmes ne la prononcent-ils pas? Pourquoi affirment-ils que la mort du Christ n'a pas été réelle, mais imaginaire, et, d'un autre côté, lui refusent-ils une naissance, même imaginaire? S'ils ont eu peur d'être écrasés sous le poids de l'autorité évangélique, et que, pour cela, ils n'aient pas osé nier que le Christ ait souffert, au moins en apparence, est-ce que la même autorité n'atteste pas aussi sa naissance? S'il n'y a que deux évangélistes qui aient raconté l'enfantement de Marie (1), au moins aucun d'eux n'a manqué de dire que Jésus avait une mère (2). Aurait-on dédaigné d'accorder au Christ une naissance même simulée, parce que Matthieu mentionne certaines générations, et Luc d'autres, en sorte qu'ils semblent n'être pas d'accord? Mais donne-moi un homme sans intelligence, il trouvera aussi que les évangélistes ne s'accordent pas sur les circonstances de la passion du Christ; donne-moi un homme qui sache comprendre, et l'accord des évangélistes sera parfait. Serait-ce qu'une mort simulée est honnête et une naissance simulée honteuse? Pourquoi Fauste nous invite-t-il à faire l'aveu qui mettrait fin au débat? Nous allons prouver, en répondant à l'autre question, que Fauste a eu intention de déclarer que la naissance du Christ n'a pas

1. Mt 1,25 Lc 2,7 - 2. Mt 2,11 Mc 3,32 Lc 2,33 Jn 2,1

même été simulée comme sa mort, mais absolument fausse.


CHAPITRE IV. LES MEMBRES DU CORPS. PURETÉ DE LA VIERGE. LE CHRIST AURAIT PU NAÎTRE AUTREMENT ET NE L'A PAS VOULU.

A Dieu ne plaise qu'il y ait rien de honteux dans le corps des saints, même dans les parties sexuelles! Il est vrai qu'on les appelle déshonnêtes, parce qu'elles n'ont pas le même degré de beauté que les autres parties qui sont en évidence (1). Mais voyez ce qu'en dit l'Apôtre, quand il présente à l'Eglise le type de la charité dans une comparaison prise de l'assemblage et de l'unité des membres de notre corps. «Mais au contraire», dit-il, «les membres du corps qui paraissent les plus faibles, sont les plus nécessaires; et les membres du corps que nous regardons comme plus vils, nous les revêtons avec plus de soin; et ceux qui sont honteux, nous les traitons avec plus de respect; nos parties honnêtes n'en ont pas besoin; mais Dieu a réglé le corps de manière à accorder plus d'honneur à celle qui n'en avait pas en elle-même, afin qu'il n'y ait point de scission dans le corps (2)». Ainsi l'usage illicite, désordonné, de ces membres, est honteux; mais- non ces membres eux-mêmes, qui ne restent pas seulement parfaitement purs chez les célibataires et les vierges, mais chez les saints patriarches eux-mêmes, hommes et femmes, qui n'en usaient que selon les vues de la Providence, en sorte que le penchant de la nature n'avait rien de coupable, puisqu'il était guidé par la raison, et non inspiré par le libertinage. A combien plus forte raison donc ces membres n'ont-ils rien eu de honteux dans la sainte Vierge Marie, qui a conçu la chair du Christ par la foi, puisqu'ils n'ont pas même été les instruments d'un acte humain et permis, mais d'un enfantement tout divin? Vierge tellement honorée que, sans perdre sa parfaite intégrité, elle nous a donné corporellement le Christ, pour que nous pussions le concevoir par la foi en des cours purs, et l'enfanter, en quelque sorte, en le confessant de bouche. Car le Christ n'a rien ôté à sa mère en naissant; en lui faisant don de la fécondité, il ne lui a point enlevé la fleur

1. Rétract., liv. 2,ch. 7,n. 3. - 2. 1Co 12,22-25

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de sa virginité. Tout cela s'est fait en toute vérité et non par tromperie: mais cela est nouveau, cela est insolite, cela est contraire au cours ordinaire de la nature, parce que cela est grand, parce que cela est merveilleux, parce que cela est divin, et conséquemment, d'autant plus vrai, d'autant plus certain, d'autant plus indubitable.

Les anges aussi, nous dit-on, ont été vus, ont parlé, quoiqu'ils ne fussent pas nés. Comme si nous prétendions que le Christ n'aurait pu ni être vu, ni parler, s'il ne fût pas né d'une femme! Il l'aurait pu, mais il ne l'a pas voulu; et cela est mieux, puisqu'il l'a voulu. Et il est certain qu'il l'a voulu, parce qu'il l'a fait, lui qui agit toujours librement, et non par nécessité, comme votre dieu. Et nous ne doutons nullement qu'il l'ait fait, parce que nous croyons à l'Evangile et non au premier hérétique venu.




LIVRE TRENTIÈME. DOCTRINE ÉVANGÉLIQUE.

Nouvelles attaques de Fauste sur l'abstinence, le mariage, la virginité. - Augustin répond sur ces divers points, et justifie la doctrine évangélique.



CHAPITRE PREMIER. C'EST PAR MOÏSE ET PAR LES PROPHÈTES QU'A ÉTÉ INTRODUITE LA DOCTRINE DES DÉMONS, SELON FAUSTE.

Fauste. C'est de vous que Paul a écrit depuis longtemps: «Quelques-uns abandonneront la foi, s'attachant à des esprits d'erreur, à des doctrines de démons, parlant le mensonge avec hypocrisie, ayant la conscience cautérisée, défendant le mariage, ordonnant de s'abstenir des aliments que Dieu a créés pour être reçus avec actions de grâces par les fidèles (1)». - Je ne t'accorderai jamais que Paul ait dit cela, à moins que tu ne conviennes d'abord que c'est à Moïse et aux Prophètes qu'on doit l'introduction de la doctrine des démons, qu'ils ont été les interprètes de l'esprit séducteur et méchant: eux qui défendent rigoureusement l'usage de la viande de porc et d'autres encore, qu'ils qualifient d'immondes. Vous avez donc, en premier lieu, à délibérer, à peser longtemps et mûrement, comment tout ceci doit s'entendre, si c'est au nom de Dieu, ou au nom du démon qu'ils ont parlé? Jusque-là ou Moïse et les Prophètes seront condamnés avec nous, ou nous serons absous avec eux. Car, pour le moment, vous n'êtes pas justes de nous faire passer pour des partisans de la doctrine des démons, nous qui n'interdisons qu'aux prêtres l'usage de la viande, tandis que vos Prophètes, et Moïse lui-même qui le premier a défendu, non-seulement aux prêtres, mais à tout le peuple sans distinction, la chair de porc, de lièvre, de hérisson, la sèche, le calmar et toutes les espèces de poissons privés d'écailles (2), passent à vos yeux pour avoir parlé, en cela, non d'après l'esprit séducteur, non d'après l'enseignement des démons, mais bien par l'inspiration de Dieu et de l'Esprit-Saint. Ainsi, tout en admettant par pure concession que Paul a dit cela, je ne me tiendrai cependant pour battu qu'autant que tu condamneras

1. 1Tm 4,1-3 - 2. Lv 11

préalablement Moïse et les Prophètes: en sorte que tu te décides à faire par gourmandise ce que tu n'aurais peut-être jamais fait par conviction de raison et par amour pour la vérité: à blasphémer Moïse.


CHAPITRE II. OBJECTION TIRÉE DE DANIEL ET DES TROIS ENFANTS.

Il y a d'ailleurs un passage de Daniel, relatif aux trois enfants, qui doit absolument vous confondre, s'il est prouvé que s'abstenir de certains aliments soit une superstition diabolique. On lit en effet que ces trois enfants, que vous admirez fort et que vous comptez au nombre des martyrs, s'abstinrent non-seulement des aliments interdits par la loi, mais de ceux mêmes qu'elle permettait (1). Et cependant, si le texte de l'Apôtre est authentique, ils suivaient en cela l'enseignement des démons. Bien plus, Daniel lui-même atteste, que, pendant trois semaines de jours, il jeûna, ne mangea pas de chair, ne but pas de vin, tout occupé à prier pour son peuple (2). Comment donc en vient-il, lui aussi, à se glorifier de la doctrine des démons et à tirer vanité des folles inspirations de l'esprit séducteur?

CHAPITRE 3. SI L'ABSTINENCE DE CERTAINS ALIMENTS EST UNE DOCTRINE PERVERSE, LES CATHOLIQUES S'EN RENDENT COUPABLES.

Mais que dirai-je de vous, c'est-à-dire des plus chrétiens d'entre vous, dont quelques-uns s'abstiennent tout à fait, non-seulement de porc, mais de tout quadrupède, voire même de toute espèce d'animal, et sont pour cela même proposés comme modèles par toute l'Eglise qui ne les voit qu'avec la plus grande vénération et ne leur refuse que le nom de Dieu? Et vous ne voyez pas, indociles que vous êtes, que si le témoignage de l'Apôtre est vrai et authentique, ces hommes sont le jouet

1. Da 1,12 - 2. Da 10,2-3

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des doctrines des démons! Et que dirons-nous de cette pratique dont personne n'oserait se dispenser sans raison, puisqu'elle est admise par tous, et qu'elle est observée chaque année avec l'exactitude la plus rigoureuse chez tous les catholiques dans le monde entier? Je parle du Carême. Quiconque d'entre vous veut l'observer selon les règles, est obligé de s'abstenir de tout ce que le texte de l'Apôtre nous donne comme crée de Dieu -pour être reçu par nous abstinence que le même Apôtre appelle doctrine de démons. Eh bien! mes très-chers, qu'en pensez-vous? En célébrant ainsi les mystères de la passion du Christ, vous vivez donc selon la doctrine des démons, vous tombez dans les piéges de l'esprit séducteur, vous parlez le mensonge avec hypocrisie, vous avez la conscience cautérisée? Mais si aucun de ces reproches ne tombent sur vous, ils ne tombent pas davantage sur nous. Que signifie donc ce texte? Par qui et contre; qui devons-nous le croire écrit, puisqu'il n'est conforme ni aux traditions de l'Ancien Testament, ni aux prescriptions du Nouveau? En effet, le Nouveau Testament veut que l'on s'abstienne de toute espèce d'aliments, comme votre propre exemple le prouve; l'Ancien ne l'exigeait que pour quelques-uns, mais l'exigeait pourtant; néanmoins, d'après vous, cette abstinence de presque toute espèce de chair est une;doctrine de démons. Si c'est là votre foi, je vous le répète encore, condamnez Moïse, renoncez aux Prophètes, mais prononcez contre vous le même arrêt: car s'ils prescrivaient l'abstinence de quelques aliments, vous étendez, vous, cette abstinence à tous les aliments.


CHAPITRE IV. OBJECTION DE FAUSTE SUR LA VIRGINITÉ ET LE MARIAGE.

Que si Moïse et les Prophètes vous paraissent les interprètes de Dieu, et non des démons, quand ils établissent des distinctions entre les aliments; si c'est par l'inspiration de l'Esprit-Saint que Daniel jeûna trois semaines; si les trois jeunes hébreux, Ananias, Azarias et Mizaël, cédaient à un mouvement d'en haut quand ils donnaient la préférence aux herbes et aux légumes; si enfin tous ceux d'entre vous qui pratiquent l'abstinence ne cèdent pas à l'impulsion des démons; si ce n'est point par superstition, mais par obéissance à une loi divine, que vous vous abstenez de vin et de viande pendant le Carême: faites attention, je vous prie, prenez bien garde que ce ne soit chez Paul un acte de la plus insigne folie de regarder comme une doctrine de démons: toute espèce d'abstinence d'aliments et la défense du mariage. J'en dis autant de la consécration des vierges au Christ, qui serait aussi, selon lui, une doctrine de démons. Et vous, lisant cela, comme tant d'autres choses, sans réflexion, vous jetez vite les yeux sur nous; et vous ne voyez pas que vos vierges sont prises dans les filets des démons, que vous êtes les prêtres des démons, vous qui excitez à l'envi ces vierges à embrasser cette profession, à tel point qu'on en compte presqu'autant que de femmes mariées dans toutes vos Eglises? Pourquoi ne sortez-vous pas, vous aussi, de la voie où vous êtes entrés? Pourquoi tromper les malheureuses filles des hommes, si ce n'est pas la volonté du Christ, mais celle des démons, qui s'accomplit en elles? Je voudrais que vous répondissiez d'abord à cette question: La doctrine des démons consiste-t-elle à faire des vierges, ou simplement à défendre le mariage? Dans ce dernier cas, cela ne nous regarde pas: car, pour nous, celui qui défend le mariage, est aussi insensé que celui qui l'impose par force est impie et criminel. Mais si favoriser le mariage, ne pas s'opposer à celui qui veut l'embrasser, est encore, selon vous, une doctrine de démons, je me tais sur le danger que vous courez, mais je crains fort que l'Apôtre lui-même n'ait introduit à Iconium une doctrine de démons, quand il s'efforçait d'inspirer à Thècle, déjà fiancée, le désir de la virginité perpétuelle. Mais que dirons-nous du Maître, de l'auteur de toute sainteté, Jésus, l'Epoux-Vierge de toutes les vierges de profession, lequel, distinguant dans l'Evangile trois espèces d'eunuques, ceux qui sont nés tels, ceux que l'on a faits tels, et ceux qui se sont eux-mêmes rendus tels, donne cependant la préférence à ceux «qui», dit-il, «se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du royaume des cieux (1)»: indiquant par là les vierges et les jeunes gens, qui, ayant arraché de leur coeur le désir du mariage, jouent dans son Eglise le rôle des eunuques qu'on voit dans les palais? Quoi 1 cela vous semble-t-il aussi une doctrine de démons, une inspiration

1. Mt 19,12

de l'esprit séducteur? Mais qui donc vous parlera au nom de Dieu, s'il est démontré que Paul et le Christ sont des prêtres des démons? Je passe sous silence les autres apôtres du même Seigneur, Pierre et André, Thomas et Jean proclamé heureux entre tous pour n'avoir point connu les atteintes de Vénus; lesquels, d'une manière ou de l'autre, ont exalté et préconisé au nom de Dieu la profession de la virginité parmi les jeunes filles et les jeunes hommes, nous laissant, ainsi qu'à vous, le modèle pour former des vierges: Encore une fois, je n'en parle pas, puisque vous les avez exclus de votre canon et qu'il n'en coûte guère à vos esprits sacrilèges de leur prêter des doctrines de démons. Mais en direz-vous donc autant du Christ et de l'apôtre Paul qui (c'est une chose constante) a toujours préféré les vierges aux femmes mariées, et l'a prouvé de fait à l'occasion de la très-sainte Thècle? Et si ce n'est pas une doctrine de démons que Paul enseigne à Thècle et que prêchent les autres Apôtres, qui pourra croire que Paul ait enseigné qu'engager à garder la virginité était entrer dans l'intention et dans la doctrine des démons? En attendant, vous n'avez pas de raison de peuser que ce sont seulement les exhortations qui font les vierges, et non la défense du mariage. Ce dernier point est comme naturalisé chez nous: et ce ne serait pas seulement folie, mais délire, de penser qu'on peut empêcher par un règlement particulier ce qui est permis par la loi publique: je parle du mariage. C'est pourquoi nous exhortons les femmes qui en ont l'intention à y persévérer; mais nous ne forçons point celles qui s'y refusent. Car nous savons tout ce que la volonté, tout ce que la nature elle-même a de force contre la loi publique, à plus forte raison contre une loi particulière à laquelle on peut toujours répondre: Je ne veux pas. Si donc il est permis de faire ainsi des vierges, nous sommes, nous aussi, irréprochables, si, au- contraire, c'est un crime d'en faire par quelque procédé que ce soit, vous êtes vous-mêmes criminels. En tout cas, je ne vois pas dans quelle pensée ou dans quel but, vous nous objectez ce chapitre.

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CHAPITRE V. DIFFÉRENCE ENTRE L'ABSTINENCE DES CATHOLIQUES ET CELLE DES MANICHÉENS.

Augustin. Apprends donc dans quelle pensée ou dans quel but nous vous objectons ce chapitre, puisque tu avoues que tu ne le vois pas. Ce n'est pas parce que vous vous abstenez de chairs: car, comme tu le dis, nos pères s'en sont aussi abstenus, de quelques-unes au moins, non pour les condamner, mais dans un but figuratif que vous ne comprenez pas, ce qui m'a obligé à traiter ce point avec l'étendue que j'ai jugée nécessaire, dans les premières parties de cet ouvrage. Les chrétiens (catholiques, et non hérétiques) s'abstiennent aussi, non-seulement de chairs, mais encore de certains fruits de la terre, non parce qu'ils les croient immondes, mais pour mortifier leur corps, et mieux humilier leur âme dans la prière. Les uns (c'est le petit nombre) s'en abstiennent toujours; les autres seulement à certains jours et en certains temps, comme en Carême, par exemple, que presque tous observent plus ou moins, suivant la mesure de leur volonté ou de leur force. Mais vous, vous prétendez que la créature n'est pas bonne, vous la déclarez immonde, sous prétexte que c'est le démon qui forme les chairs avec le résidu le plus grossier de la matière du mal; et pour cela, vous les rejetez avec horreur, comme les liens les plus terribles et les plus immondes de votre dieu. Néanmoins, par condescendance, vous en permettez l'usage à vos auditeurs, que vous avez soin de distinguer de la racé des prêtres; comme l'Apôtre, aussi par condescendance, permet à certains fidèles, non pas tout acte conjugal, même celui qui a pour but la génération, mais celui qui se fait par incontinence, pourvu que ce soit entre époux (1). Car on ne permet -rien par condescendance, si ce n'est le péché. Voilà ce que vous pensez de l'usage de toute espèce de chair, ce que vous a appris votre hérésie, ce que-vous enseignez à vos auditeurs; mais tout en accordant, comme je l'ai déjà dit, qu'il faut avoir de la condescendance pour ceux-ci, parce qu'ils vous fournissent le nécessaire, vous ne dites pas qu'ils ne pèchent pas; seulement vous leur pardonnez leur péché. Quant à vous, vous vous tenez en garde là-dessus comme contre une contagion mauvaise, immonde; et voilà

1. 1Co 7,5-6

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pourquoi nous vous appliquons ce texte de l'Apôtre, à cause des paroles qui suivent celles par lesquelles tu as terminé la citation de ce chapitre. Et tu le savais bien, je pense; tu as d'abord passé ces paroles sous silence, pour nous dire en concluant: «Je ne vois pas dans quelle pensée ou dans quel but vous nous objectez ce chapitre»; aimant mieux ne pas dire ce but que de l'exprimer. En effet, après avoir dit: «Ordonnant de s'abstenir des aliments que Dieu a créés pour être reçus avec actions de grâces par les fidèles», l'Apôtre ajoute: «Et par ceux qui ont connu la vérité; car toute créature de Dieu est bonne, et on ne doit rien rejeter de ce qui se prend avec actions de grâces, parce qu'il est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière (1)». Voilà ce que vous niez; voilà l'esprit, l'intention, la croyance dans lesquels vous vous abstenez de ces sortes d'aliments, vous les regardez comme mauvais, comme immondes; non par signification, mais par nature. En quoi vous blasphémez évidemment celui qui les a créés; et voilà ce qui appartient à la doctrine des démons. Ne vous étonnez donc pas que l'Esprit-Saint ait prédit cela de vous si longtemps d'avance.


CHAPITRE VI. LE SAINT RÉTABLIT LA VRAIE NOTION SUR LA VIRGINITÉ ET L'ABSTINENCE.

D'un autre côté, si vous conseilliez la virginité conformément à l'enseignement de l'Apôtre: «Celui qui marie sa fille, fait bien; et celui qui ne la marie pas, fait mieux (2)»; en sorte que vous reconnaissiez que le mariage est bon, mais que la virginité est meilleure, comme le fait l'Eglise qui est la vraie Eglise du Christ: si cela était, dis-je, l'Esprit-Saint ne vous aurait pas ainsi signalés d'avance comme «défendant le mariage (3)». Car celui-là défend une chose qui la déclare mauvaise, et non celui qui, la reconnaissant comme banne, lui en préfère une meilleure. Enfin, vous avez surtout en horreur l'acte du mariage,

1. 1Tm 4,3-5 - 2. 1Co 7,38 - 3. 1Tm 4,3

celui qui seul est honnête et vraiment conjugal, celui qui est inscrit dans les tables matrimoniales, et a pour but de donner des enfants c'est donc moins la passion de la chair que le mariage légitime que vous défendez. Car, on peut s'unir pour satisfaire la passion; mais on se marie pour avoir des enfants. Et ne dites pas que si vous n'interdisez pas le mariage, c'est par tolérance et pour sauver les bons rapports avec vos nombreux auditeurs qui ne voudraient pas ou ne pourraient pas vous obéir. Car, d'une part, l'interdiction du mariage fait partie de votre enseignement erroné, et, de l'autre, votre tolérance n'est qu'une concession faite aux besoins de la société. Et voilà la raison que j'avais différé de vous dire, pour laquelle vous jugez à propos d'admettre la mort du Christ, même fausse, même simulée, et point du tout sa naissance. En effet, vous proclamez, vous exaltez la mort comme séparation de l'âme, c'est-à-dire de la nature de votre dieu, du corps de ses ennemis, autrement, de l'ouvrage du démon; et par conséquent vous trouvez bien que le Christ l'ait consacrée par son exemple, non en mourant, mais en feignant de mourir. Mais comme, selon vous, la naissance enchaîne votre dieu, au lieu de l'affranchir, vous ne voulez pas que le Christ l'ait subie, même en apparence; en sorte que, si Marie se fût livrée à un homme et ne fût pas devenue mère, elle ne vous déplairait pas comme elle vous déplaît pour avoir enfanté en restant vierge. Vous voyez donc quelle distance il y a entre ceux qui exhortent à la virginité comme à un bien plus grand, par préférence à un moindre, et ceux qui défendent le mariage et se déchaînent contre l'acte destiné à la propagation de l'espèce humaine, le seul vraiment conjugal; quelle distance il y a encore entre ceux qui s'abstiennent des aliments, dans un but religieux ou pour châtier leur corps, et ceux qui s'abstiennent des aliments que Dieu a créés, en disant que Dieu ne les a pas créés. Par conséquent, la première doctrine est celle des Prophètes et des Apôtres, et la seconde celle des démons menteurs.




LIVRE TRENTE-UNIÈME. ABSTINENCE DE CERTAINS ALIMENTS.

Fauste revient à la charge pour prouver que l'abstinence de certains aliments est un crime. - Vision de saint Pierre. - Augustin explique le texte de saint Paul: «Tout est pur pour ceux qui sont purs». Argument ad hominem adressé aux Manichéens.



CHAPITRE PREMIER. MOÏSE ET LES PROPHÈTES N'ONT PU VOIR DIEU, ÉTANT SOUILLÉS PAR L'ABSTINENCE DE CERTAINS ALIMENTS.

Fauste. «Tout est pur pour ceux qui sont purs; mais, pour les impurs et pour ceux qui sont souillés, rien n'est pur; leur esprit et leur conscience sont souillés». - Il y a encore à examiner si vous gagnez à ce que Paul ait dit cela: car jusqu'ici il reste établi, non-seulement que Moïse et les Prophètes étaient inspirés des démons, pour avoir porté tant de lois relatives à la distinction des aliments, mais encore qu'ils étaient eux-mêmes immondes, que leur esprit et leur conscience étaient souillés, au point qu'on peut à bon droit leur appliquer la suite du texte: «Ils confessent qu'ils connaissent Dieu, et ils le nient par leurs oeuvres (1)». A qui, en effet, ces paroles peuvent-elles mieux s'appliquer qu'à Moïse et aux Prophètes qui ont vécu (c'est chose prouvée) bien autrement qu'il ne convenait à des hommes qui connaissaient Dieu? Jusqu'ici, cependant, je ne voyais d'autres souillures dans leur conscience que des adultères, des fraudes et des homicides; mais maintenant, grâce à ce chapitre, je vois clairement qu'ils ont encore été souillés pour avoir cru qu'il y a quelque chose de souillé. Sur quel fondement pouvez-vous donc vous imaginer qu'ils aient été honorés de l'aspect de la Majesté divine, puisqu'il est écrit que personne ne peut voir Dieu que ceux qui ont le coeur pur (2)? Mais, eussent-ils été d'ailleurs irréprochables, la pratique superstitieuse de l'abstinence de certains aliments eût suffi, si elle souille l'âme, à les rendre indignes de voir la divinité. C'en est donc fait à tout jamais de la gloire de Daniel et des trois enfants de la fournaise. Jusqu'au moment où l'on a annoncé qu'il n'y a rien d'impur, ils passaient chez les Juifs pour des hommes très-purs et très-vertueux, pour avoir observé les traditions paternelles,

1. Tt 1,15-16 - 2. Mt 5,8

en s'abstenant rigoureusement de la nourriture des Gentils et surtout des viandes immolées (1). Mais maintenant, il est clair que leur esprit et leur conscience étaient souillés, notamment pour s'être abstenus de sang et de la chair des victimes.


CHAPITRE II. FAUSTE REVIENT A SES OBJECTIONS CONTRE L'ABSTINENCE DES CATHOLIQUES.

Mais peut-être l'ignorance les excusait-elle; la foi chrétienne n'existant pas encore pour leur apprendre que tout est pur pour ceux qui sont purs, ils ont pu croire qu'il existait dés choses immondes. Mais vous, comment vous excuser, quand Paul, s'écriant qu'il n'y a rien d'impur, qualifiant de doctrine de démons l'abstinence des aliments (2), et appelant souillés ceux qui croient qu'il y a quelque chose de souillé, non-seulement vous vous abstenez, comme je l'ai dit, mais vous en tirez même gloire et vous croyez d'autant plus agréables au Christ que vous portez plus loin cette abstinence, c'est-à-dire que votre esprit et votre conscience sont plus souillés, à s'en tenir du moins au texte de l'Apôtre? Et j'ajoute que trois religions se partageant le monde, à savoir le Judaïsme, le Christianisme et le Paganisme, et que toutes les trois faisant consister la purification de l'âme dans la chasteté et l'abstinence, quoique sous des formes très-différentes, il est impossible de savoir de laquelle des trois provient ce principe qu'il n'y a rien d'impur? Car ce n'est certainement pas du Judaïsme, ni du Paganisme, puisqu'il établit aussi des distinctions entre les aliments, et qu'il importe peu qu'il soit, sur certains animaux, en désaccord avec la loi hébraïque. Reste donc la foi chrétienne: or, si tu penses qu'il n'y a réellement rien de souillé pour elle, tu es tout d'abord forcé de convenir qu'il n'y a pas de chrétiens chez vous. Car, pour ne rien dire du reste, vous regardez tous

1. Da 1,12 - 2. 1Tm 4,1-3

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comme une grande souillure de toucher à des chairs d'animaux étouffés ou sacrifiés aux idoles (1); ou si la loi chrétienne vous autorise à le faire, il faut donc encore chercher en dehors d'elle le principe qui supprime absolument toute abstinence d'objets immondes. Comment donc Paul a-t-il pu émettre un principe qui ne convient à aucune religion? En effet, l'Apôtre, en passant du Judaïsme au Christianisme, a moins changé de religion que de rite. Mais l'auteur de ce chapitre me semble ne s'être appuyé sur aucun système religieux.


CHAPITRE 3. OBJECTION TIRÉE DE LA VISION DE PIERRE.

Ainsi donc, quand il vous arrivera, à l'avenir, de trouver dans les Ecritures quelque passage opposé à notre croyance, prenez bien garde de chercher à le faire valoir contre nous, avant de vous être assurés qu'il ne vous contrarie pas vous-mêmes. Tel est, par exemple, ce texte que vous citez souvent, où l'on raconte que Pierre vit un jour un vase descendu du ciel, dans lequel étaient renfermés des animaux et des reptiles de tout genre, et que, frappé d'étonnement et d'admiration, il entendit une voix d'en haut qui lui disait: «Pierre, tue» tout ce que tu vois dans ce vase, «et mange». A quoi il répondit: «Seigneur, je ne toucherai à rien d'impur ni de souillé». Et la voix reprit: «Ce que j'ai sanctifié ne s'appelle pas impur (2)». Bien que ces paroles aient un sens allégorique et ne se rapportent point à l'indifférence des aliments, cependant, puisque c'est en ce sens qu'il vous plaît de l'interpréter, vous voilà donc obligés de manger de toute espèce d'animaux, voire même des- vipères, des couleuvres et de tout autre genre de reptiles, suivant la vision de Pierre. Par là, vous ferez voir que vous obéissez réellement à la voix qu'il a, diton, entendue. Et pourtant, n'oubliez jamais que, par là aussi, sont condamnés Moïse et les Prophètes qui ont regardé comme immondes un grand nombre des animaux que Dieu a sanctifiés, d'après cette parole descendue du ciel.

1. Ac 15,29 - 2. Ac 20,11-15


CHAPITRE IV. EXPLICATION DU TEXTE DE SAINT PAUL: TOUT EST PUR ETC. APPLICATION AUX MANICHÉENS.

Augustin. En disant: «Tout est pur pour a ceux qui sont purs», l'Apôtre a voulu parler dés natures mêmes que Dieu a créées, suivant le témoignage de Moïse dans la Genèse: «Dieu -fit toutes choses, et voilà que tout était très-bon (1)», et non les significations symboliques en vue desquelles, par l'entremise du même Moïse; il établit une distinction entre les animaux mondes et les animaux immondes (2). Comme j'ai déjà traité ce sujet avec détail et en plus d'un lieu, il suffit que j'en dise un mot en passant. Donc c'étaient ceux qui, au temps de la révélation du Nouveau Testament, s'imaginèrent qu'il fallait conserver ces ombres de l'avenir et prétendaient que les Gentils ne pouvaient sans elles profiter du salut qui est dans le Christ: c'étaient ceux-là, dis-je, que l'Apôtre appelait immondes, parce qu'ils avaient des goûts charnels, et infidèles, parce qu'ils ne distinguaient pas le temps de la grâce du temps de la loi c'est pour eux qu'il- prétend que rien n'est pur, parce qu'ils n'usaient saintement et convenablement ni de ce qu'ils rejetaient; ni de ce qu'ils mangeaient, comme tous les infidèles, il est vrai, et comme vous surtout, Manichéens, pour qui rien n'est pur. Car la nourriture même que vous prenez, et que vous mettez le plus grand soin à préserver de tout contact avec la chair, n'est pas pure pour vous, qui la dites créée par le démon. Vous prétendez- même, en la mangeant, purifier votre dieu qui est enchaîné et souillé. Tout au moins vous devriez vous croire purs, puisque ce dieu a l'honneur d'être purifié par vos estomacs. Mais non: vous affirmez encore que vos corps sont la nature et l'oeuvre du peuplé des ténèbres, et que vos âmes sont souillées par vos corps. Qu'y a-t-il donc de pur pour vous? Ce n'est pas ce que vous prenez, ce n'est pas l'estomac où vous le faites descendre, ce n'est pas même vous, qui cependant purifiez ce que vous prenez. Vous voyez donc à qui s'adresse cette sentence de l'Apôtre; c'est évidemment à tous ceux qui sont infidèles et impurs. Mais il a surtout et principalement en vue de vous confondre. «Tout est donc pur pour ceux qui

1. Gn 1,31 - 2. Lv 11v

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sont purs», au point de vue de la nature dans laquelle chaque chose est créée; mais tout n'était pas pur pour le peuple juif, au point de vue du sens figuré; ni tout n'est pas convenable pour nous, au point de vue de la santé du corps ou des usages de la société humaine; seulement, quand chaque chose est attribuée à qui elle convient et placée dans son ordre naturel, «tout est pur pour ceux qui sont purs; mais pour les impurs et les infidèles»,:surtout tels que vous, a rien a n'est pur n; vous vous appliqueriez avec grand profit la suite des paroles de l'Apôtre, si vous vouliez guérir votre conscience cautérisée; car il dit: «Mais leur esprit et leur conscience sont souillés» .



Augustin contre Fauste - CHAPITRE V. A QUOI SE RÉDUIT L'ARGUMENTATION DE FAUSTE, IL N'Y A AUCUNE RAISON DE REJETER LES ÉCRITURES.