2004 Apostolorum Successores


CONGREGATION POUR LES EVEQUES


DIRECTOIRE POUR LE MINISTERE PASTORAL DES EVEQUES

"APOSTOLORUM SUCCESSORES"



LIBRERIA EDITRICE VATICANA



Attention: pour garder une numérotation identique à celle des différents articles de ce Directoire, l'introduction a été reportée à la fin sous les n. 300-302

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INTRODUCTION

Successeurs des Apôtres ("Apostolorum Successores") par institution divine, les Evêques, de par l'Esprit Saint qui leur est conféré lors de la consécration épiscopale, sont constitués Pasteurs de l'Eglise, ayant pour tâche d'enseigner, de sanctifier et de guider, en communion hiérarchique avec le Successeur de Pierre et avec les autres membres du Collège épiscopal.
Le titre de "Successeur des Apôtres" est à la racine du ministère pastoral de l'Evêque et de sa mission dans l'Eglise, et il décrit bien la figure de l'Evêque et sa mission. Insérés dans le Collège épiscopal, qui succède au Collège apostolique, les Evêques sont étroitement unis au Christ Jésus, qui continue à choisir et à envoyer ses apôtres. Comme successeur des Apôtres, l'Evêque, en vertu de la consécration épiscopale et par la communion hiérarchique, est le principe visible et le garant de l'unité de son Eglise particulière. LG 23
Le Livre de l'Apocalypse affirme que la muraille de la nouvelle Jérusalem "repose sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres" Ap 21,14. La Constitution dogmatique Lumen Gentium enseigne que "les Evêques, en vertu d'une institution divine, ont pris par succession la place des Apôtres comme pasteurs de l'Eglise, en sorte que celui qui les écoute, écoute le Christ, mais que celui qui les méprise, méprise le Christ et celui qui a envoyé le Christ". LG 20 CEC 860-862

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Le fait d'être successeurs des Apôtres donne aux Evêques la grâce et la responsabilité d'assurer à l'Eglise la note de l'apostolicité. Pour que l'Evangile soit toujours conservé inaltéré et vivant dans l'Eglise, les Apôtres laissèrent pour successeurs les Evêques, leur confiant leur propre charge d'enseigner.
DV 7 CEC 77-79 C'est pourquoi les Evêques, tout au long des générations qui se suivent, sont appelés à conserver et à transmettre la Sainte Ecriture et à promouvoir la Traditio, c'est-à-dire l'annonce de l'unique Evangile et de l'unique foi, en toute fidélité à l'enseignement des Apôtres; en même temps ils sont tenus d'éclairer de la lumière de l'Evangile les questions nouvelles que les changements des situations historiques de l'humanité présentent continuellement (changements dans les questions culturelles, sociales et économiques, scientifiques et technologiques, etc. ). AGD 38 (*) En outre, les Evêques ont pour tâche de sanctifier et de guider le Peuple de Dieu "cum et sub Petro", en continuité avec l'oeuvre accomplie par les Evêques qui les ont précédés et avec dynamisme missionnaire.

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Le présent Directoire, qui reprend, met à jour et complète celui du 22 février 1973, a été élaboré par la Congrégation pour les Evêques en vue d'offrir aux "Pasteurs du troupeau du Christ" un instrument utile pour un exercice plus organique et plus efficace de leur ministère pastoral complexe et difficile dans l'Eglise et dans la société d'aujourd'hui. Il entend aider les Evêques à affronter avec une humble confiance en Dieu et avec un courage cohérent les défis que comporte l'heure actuelle caractérisée par des problèmes nouveaux, un grand progrès et de brusques changements en ce début du troisième millénaire.
Le Directoire fait suite à la riche tradition ecclésiastique que de nombreux auteurs ecclésiastiques créèrent à partir du XVIe siècle, avec des écrits de noms divers, tels que Enchiridion, Praxis, Statuta, Ordo, Dialogi, Aphorismata, Munera, Institutiones, Officium et autres semblables, afin de fournir aux Evêques des instruments pastoraux homogènes qui les aident à mieux exercer leur ministère.

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Les sources principales de ce Directoire sont constituées par le Concile Vatican II, par les nombreux documents et enseignements pontificaux publiés ces dernières années et par le Code de Droit canonique promulgué en 1983.Il est significatif que le Directoire soit publié au lendemain de la publication de l'Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis, qui a recueilli les propositions et les suggestions de la Xe Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques (2001), qui a eu pour thème "l'Evêque, serviteur de l'Evangile de Jésus Christ pour l'espérance du monde" et qui a été consacrée au ministère épiscopal. Avec cette Exhortation apostolique s'est complétée la réflexion magistérielle faite par le Saint-Père, à la suite des Synodes correspondants, sur les diverses vocations du Peuple de Dieu dans le cadre de l'ecclésiologie de communion tracée par le Concile Vatican II, qui trouve dans l'Evêque diocésain son centre d'impulsion et son signe visible. Le Directoire est donc étroitement lié à l'Exhortation apostolique Pastores gregis pour ce qui concerne ses fondements doctrinaux et pastoraux. Il a été élaboré après une large consultation, en tenant compte des suggestions et des souhaits exprimés par divers Evêques diocésains et par certains Evêques émérites.
Enfin, le Directoire est de nature fondamentalement pastoral, et pratique, avec des indications et des directives concrètes pour l'activité des Pasteurs, restant sauve la prudence discrétionnaire de chaque Evêque pour en assurer l'application, surtout en considération des conditions particulières de lieu, de mentalité, de situation sociale et d'épanouissement de la foi. Naturellement, ce qui, dans son contenu, provient de la discipline de l'Eglise conserve la même valeur que dans ses sources.




Chapitre I - Identité et mission de l'évêque dans le mystère du christ et de l'église

"Moi, Je suis le Bon Pasteur; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent" Jn 10,14.
"La muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau" Ap 21,14.

I. L'EVEQUE DANS LE MYSTERE DU CHRIST

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1. Identité et mission de l'Evêque. Quand (l') Evêque se considère lui-même ainsi que ses fonctions, il doit avoir présent à l'esprit, comme le centre qui précise son identité et sa mission, le mystère du Christ et les caractéristiques que le Seigneur Jésus a voulues pour son Eglise, "peuple uni de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint".
LG 4 C'est en effet à la lumière du mystère du Christ, Pasteur et Evêque des âmes 1P 2,25, que l'Evêque comprendra toujours plus profondément le mystère de l'Eglise, dans laquelle la grâce de la consécration épiscopale l'a placé comme maître, prêtre et pasteur pour la guider par son pouvoir lui-même.
Vicaire du "grand pasteur des brebis" LG 27 He 13,20, l'Evêque doit manifester par sa vie et par son ministère épiscopal la paternité de Dieu, la bonté, la sollicitude, la miséricorde, la douceur, l'autorité du Christ, qui est venu pour donner la vie et pour faire de tous les hommes une seule famille, réconciliée dans l'amour du Père. L'Evêque doit manifester aussi la vitalité éternelle de l'Esprit Saint, qui anime l'Eglise et la soutient dans la faiblesse humaine. Ce caractère trinitaire de la vie et de l'action de l'Evêque a sa racine dans la vie même du Christ, qui a été toute trinitaire. Il est le Fils éternel et unique du Père depuis toujours en son sein Jn 1,18 et celui qui a reçu l'onction de l'Esprit Saint et a été envoyé dans le monde Mt 11,27 Jn 15,26 Jn 16,13-14.

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2. Images expressives de l'Evêque. Certaines images vivantes de l'Evêque tirées de l'Ecriture et de la Tradition de l'Eglise, comme celles du pasteur, du pêcheur, du père, du frère, de l'ami, de celui qui réconforte, du serviteur, du maître, de l'homme fort, du sacramentum bonitatis, renvoient à Jésus Christ et présentent l'Evêque comme un homme de foi et de discernement, d'espérance et d'engagement réel, de douceur et de communion. Ces images montrent qu'entrer dans la succession apostolique signifie entrer dans le combat pour l'Evangile. (Xème ASSEMBLEE GENERALE ORDINAIRE DU SYNODE DES EVEQUES, Rapport après la discussion, n. 5.)
Parmi les différentes images, celle du pasteur éclaire avec une particulière éloquence l'ensemble du ministère épiscopal, car elle manifeste son sens, sa fin, son style, son dynamisme évangélisateur et missionnaire. Le Christ Bon Pasteur indique à l'Evêque la fidélité quotidienne à sa mission, la consécration totale et sereine à l'Eglise, la joie de conduire vers le Seigneur le Peuple de Dieu qui lui est confié et le bonheur d'accueillir dans l'unité de la communion ecclésiale tous les fils de Dieu dispersés
Mt 15,24 Mt 10,6. Dans la contemplation de l'icône évangélique du Bon Pasteur, l'Evêque trouve le sens du don continuel de soi, se rappelant que le Bon Pasteur a offert sa vie pour son troupeau Jn 10,11 et qu'il est venu pour servir et non pour être servi Mt 20,28; LG 27 en outre, il y trouve la source du ministère pastoral qui fait que les trois fonctions d'enseigner, de sanctifier et de gouverner doivent être exercées avec les traits caractéristiques du Bon Pasteur. Pour exercer un fécond ministère épiscopal, l'Evêque est donc appelé à se conformer au Christ d'une manière toute spéciale dans sa vie personnelle et dans l'exercice du ministère apostolique, de telle sorte que la "pensée du Christ" 1Co 2,16 imprègne totalement ses idées, ses sentiments et ses comportements, et que la lumière qui vient du visage du Christ éclaire "le gouvernement des âmes, qui est l'art des arts". (S. GREGOIRE LE GRAND, Règle pastorale 1) Cet engagement intérieur ravive en l'Evêque l'espérance de recevoir du Christ, qui viendra réunir et juger tous les peuples comme pasteur universel Mt 25,31-46, la "couronne de gloire qui ne se flétrit pas" 1P 5,4. C'est cette espérance qui guidera l'Evêque tout au long de son ministère, qui éclairera ses journées, nourrira sa spiritualité, entretiendra sa confiance, soutiendra sa lutte contre le mal et l'injustice, dans la certitude qu'avec ses frères il contemplera l'Agneau immolé, le Pasteur qui conduit tout le monde aux sources de la vie et de la béatitude de Dieu Ap 7,17.


II. L'EVEQUE DANS LE MYSTERE DE L'EGLISE

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3. L'Eglise, Corps mystique du Christ et Peuple de Dieu. La Constitution dogmatique Lumen Gentium présente quelques images qui éclairent le mystère de l'Eglise et qui mettent en évidence ses notes caractéristiques en révélant le lien indissociable qu'a le Peuple de Dieu avec le Christ. Parmi elles ressortent celles du Corps mystique dont le Christ est la tête,
LG 7 et celle du Peuple de Dieu, qui regroupe en lui tous les fils de Dieu, aussi bien les pasteurs que les fidèles, étroitement unis par le même Baptême. Ce peuple a pour chef le Christ, qui a été "livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification" Rm 4,25; il a pour condition la dignité et la liberté des fils de Dieu, au coeur de qui, comme en un temple, demeure l'Esprit Saint; il a pour loi le nouveau commandement de l'amour et pour fin le Règne de Dieu déjà commencé sur la terre. LG 9
Cette Eglise, une et unique, notre Sauveur l'a donnée, pour la paître, à Pierre Jn 21,17 et aux autres Apôtres, leur en confiant la diffusion et le gouvernement Mt 28,18-20, et il l'a constituée pour toujours colonne et support de la vérité 1Tm 3,15.

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4. Sacerdoce commun et sacerdoce ministériel. Tous les membres de ce peuple, que le Christ a doté de dons hiérarchiques et charismatiques, qu'il a constitué en une communion de vie, de charité et de vérité, orné de la dignité sacerdotale
Ap 1,6 Ap 5,9-10, ont été par Lui consacrés par le Baptême afin qu'ils offrent des sacrifices spirituels par toute leur activité, et ils ont été envoyés comme lumière du monde et sel de la terre Mt 5,13-16 pour proclamer les oeuvres merveilleuses de Celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière 1P 2,4-10. Toutefois, certains membres du Corps du Christ sont consacrés, par le sacrement de l'Ordre, pour exercer le sacerdoce ministériel. Le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique diffèrent essentiellement entre eux, tout en étant ordonnés l'un à l'autre, car chacun d'eux participe à un titre différent de l'unique sacerdoce du Christ. "Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel forme et dirige, en vertu du pouvoir sacré dont il jouit, le peuple sacerdotal, célèbre le sacrifice eucharistique "in persona Christi" et l'offre à Dieu au nom de tout le peuple; les fidèles, pour leur part, en vertu de leur sacerdoce royal, concourent à l'offrande de l'eucharistie et exercent ce sacerdoce par la réception des sacrements, par la prière et l'action de grâce, par le témoignage d'une vie sainte et par l'abnégation et une charité active" LG 10

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5. Les Eglises particulières. Le Peuple de Dieu, n'est pas seulement une communauté de personnes différentes, mais à l'intérieur de lui-même il se compose aussi de différentes parties, les Eglises particulières, formées à l'image de l'Eglise universelle, dans lesquelles et à partir desquelles est constituée l'Eglise catholique une et unique.
CIC 368 L'Eglise particulière est confiée à l'Evêque, CD 11 CIC 333 CIC 369 CIC 381,1 qui est principe et fondement visible d'unité, LG 23 et c'est à travers sa communion hiérarchique avec la tête et les autres membres du Collège épiscopal que l'Eglise particulière s'inscrit dans la "plena communio ecclesiarum" de l'unique Eglise du Christ.
C'est pourquoi tout le Corps mystique du Christ est aussi un corps d'Eglises,LG 23 entre lesquelles s'établit une admirable réciprocité, puisque la richesse de vie et d'oeuvres de chacune rejaillit sur le bien de toute l'Eglise et que le pasteur lui-même et son troupeau participent à l'abondance surnaturelle de tout le Corps.
Ces Eglises particulières sont aussi "dans" et "à partir de" l'Eglise, qui en elles "est vraiment présente et agissante". Pour cette raison, le Successeur de Pierre, Tête du Collège épiscopal, et le Corps des Evêques sont des éléments propres et constitutifs de chaque Eglise particulière. (Cf. CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Lettre Communionis notio, n. 9 et 13.) Le gouvernement de l'Evêque et la vie diocésaine doivent manifester la communion réciproque avec le Pontife romain et avec le Collège épiscopal, ainsi qu'avec les Eglises particulières soeurs, notamment avec celles qui sont présentes dans le même territoire.

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6. L'Eglise Sacrement de salut. L'Eglise est Sacrement de salut en ce sens que par sa visibilité le Christ est présent parmi les hommes et il poursuit sa mission, donnant aux fidèles son Esprit Saint. Le corps de l'Eglise se distingue donc de toutes les sociétés humaines; en effet, elle ne repose pas sur les capacités personnelles de ses membres, mais sur l'union intime avec le Christ, dont elle reçoit et communique aux hommes la vie et l'énergie. Non seulement l'Eglise signifie l'union intime avec Dieu et l'unité de tout le genre humain, mais elle en est le signe efficace, et c'est pourquoi elle est sacrement de salut.
LG 1

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7. L'Eglise communion et mission. En même temps l'Eglise est communion. Les images de l'Eglise et les notes essentielles qui la définissent montrent qu'en sa dimension la plus intime elle est un mystère de communion, avant tout dans la Trinité, car, comme l'enseigne le Concile Vatican II, "les fidèles, unis à leur Evêque, ont accès auprès de Dieu le Père par son Fils, le Verbe incarné, qui a souffert et a été glorifié, dans l'effusion du Saint-Esprit et obtiennent ainsi la communion avec la très sainte Trinité".
UR 15 La communion est au coeur de la connaissance que l'Eglise a d'elle-même (Cf. JEAN-PAUL II, Discours aux Evêques des Etats-Unis d'Amérique, 16 septembre 1987) et elle est le lien qui l'exprime comme réalité humaine, comme communauté des Saints et comme corps d'Eglises; en effet, la communion exprime aussi la réalité de l'Eglise particulière.
La communion ecclésiale est communion de vie, de charité et de vérité LG 9 et, en tant que lien de l'homme avec Dieu, elle fonde une nouvelle relation entre les hommes eux-mêmes et elle manifeste la nature sacramentelle de l'Eglise. L'Eglise est "la maison et l'école de la communion" NM 43 qui se construit autour de l'Eucharistie, sacrement de la communion ecclésiale, où, "participant réellement au corps du Seigneur, nous sommes élevés à la communion avec lui et entre nous"; LG 3 LG 7 LG 11 SC 47 UR 2 en même temps, l'Eucharistie est l'épiphanie de l'Eglise, où est manifesté son caractère trinitaire.
L'Eglise a la mission d'annoncer et de propager le Règne de Dieu jusqu'aux extrémités de la terre, afin que tous les hommes croient au Christ et qu'ainsi ils atteignent la vie éternelle. CD 6 AGD 5-8 AGD 20-22 AGD 36-41 L'Eglise est donc aussi missionnaire. En effet "la mission propre que le Christ a confiée à son Eglise n'est pas d'ordre politique, économique ou social: la fin qui lui a assignée est d'ordre religieux. Mais c'est justement de cette mission religieuse que découlent une tâche, une lumière et des forces qui peuvent servir à constituer et à affermir la communauté des hommes selon la Loi divine". GS 42

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8.L'Evêque, principe visible d'unité et de communion. L'Evêque, principe visible d'unité dans son Eglise, est appelé à bâtir sans cesse l'Eglise particulière dans la communion de tous ses membres et de ceux-ci avec l'Eglise universelle, veillant à ce que les divers dons et ministères contribuent à l'édification commune des croyants et à la diffusion de L'Evangile.
En tant que maître de la foi, sanctificateur et guide spirituel, l'Evêque sait qu'il peut compter sur une grâce divine spéciale, qui lui a été conférée lors de l'ordination épiscopale. Cette grâce le soutient quand il se dépense pour le Règne de Dieu, pour le salut éternel des hommes, et aussi quand il s'efforce de bâtir l'histoire par la force de l'Evangile, donnant un sens à la marche de l'homme dans le temps.


III. LE COLLEGE DES DOUZE ET LE COLLEGE DES EVEQUES

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9. La mission pastorale des Douze. Au début de sa mission, le Seigneur Jésus, après avoir prié son Père, institua douze Apôtres pour qu'ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher le Règne de Dieu et chasser les démons.
LG 19 CEC 864 Les Douze ont été voulus par Jésus en tant que collège indivis ayant pour chef Pierre, et c'est précisément comme collège qu'ils accomplirent leur mission, en commençant par Jérusalem Lc 24,46, puis, comme témoins directs de sa résurrection, auprès de tous les peuples de la terre Mc 16,20. Cette mission, qui a été soulignée comme essentielle par l'Apôtre Pierre devant la première communauté chrétienne de Jérusalem Lc 24,46 puis comme témoins directs de sa résurrection, auprès de tous les peuples de la terre Mc 16,20. Cette mission, qui a été soulignée comme essentielle par l'Apôtre Pierre devant la première communauté chrétienne de Jérusalem Ac 1,21-22, a été accomplie par les Apôtres en annonçant l'Evangile et en faisant de toutes les nations des disciples Mt 28,16-20. Ainsi se poursuivait l'oeuvre même que le Ressuscité leur avait confiée le soir de Pâques: "De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie" Jn 20,21. CEC 863

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10. Les Apôtres, fondements de l'Eglise. Les Apôtres, avec Pierre à leur tête, sont le fondement de l'Eglise du Christ, leurs noms sont écrits sur les fondations de la Jérusalem céleste
Ap 21,14; en tant qu'architectes du nouveau Peuple de Dieu, ils garantissent sa fidélité au Christ, pierre de fondation de l'édifice, et à son Evangile; ils enseignent avec autorité, ils dirigent la Communauté et ils protègent son unité. Ainsi l'Eglise, "qui a pour fondations les Apôtres" Ep 2,20, a en elle-même la note de l'apostolicité, en ce sens qu'elle conserve et transmet en entier ce bon dépôt qu'à travers les Apôtres elle a reçu du Christ lui-même. L'apostolicité de l'Eglise est une garantie de fidélité à l'Evangile reçu et au sacrement de l'Ordre qui rend permanent dans le temps la charge apostolique.

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11. Continuité de la mission des Douze dans le Collège épiscopal. La mission pastorale du Collège apostolique se poursuit dans le Collège épiscopal, de même que dans le Pontife romain se poursuit la charge primatiale de Pierre. Le Concile Vatican II enseigne que "les Evêques, en vertu d'une institution divine, ont pris par succession la place des Apôtres comme pasteurs de l'Eglise, en sorte que celui qui les écoute, écoute le Christ, mais que celui qui les méprise, méprise le Christ et celui qui a envoyé le Christ"
Lc 10,16 LG 20.
Le Collège épiscopal, avec le Pontife romain à sa tête et jamais sans lui, est "sujet du pouvoir suprême et plénier sur l'Eglise tout entière", CIC 336 tandis que le Pontife lui-même, en tant que "Vicaire du Christ et pasteur de toute l'Eglise", LG 22 a "dans l'Eglise le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu'il peut toujours exercer librement". CIC 331 Cela inclut que le Pontife romain obtient aussi la primauté du pouvoir ordinaire sur toutes les Eglises particulières et sur leurs regroupements. CIC 333 Par. 1 L'épiscopat, un et indivis, se présente uni dans la même fraternité autour de Pierre, pour accomplir la mission d'annoncer l'Evangile et de guider pastoralement l'Eglise, afin qu'elle croisse dans le monde entier et que, malgré la diversité des temps et des lieux, elle continue à être une communauté apostolique.

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12. Appartenance et formes d'action de l'Evêque dans le Collège épiscopal L'Evêque devient membre du Collège épiscopal en vertu de la consécration épiscopale, qui confère la plénitude du sacrement de l'Ordre et configure ontologiquement l'Evêque à Jésus Christ comme pasteur dans son Eglise. En vertu de la consécration épiscopale, l'Evêque devient sacrement du Christ lui-même qui est présent et agissant dans son peuple et qui, par le ministère épiscopal, annonce la Parole, administre les sacrements de la foi et guide son Eglise.
LG 21. Pour pouvoir être exercé, le "munus" épiscopal a besoin de la "mission canonique" accordée par le Pontife romain. Par elle, le Chef du Collège épiscopal confie une portion du Peuple de Dieu ou une charge au bénéfice de l'Eglise universelle. Par conséquent, les trois fonctions qui constituent le "munus pastorale" reçu par l'Evêque lors de la consécration épiscopale doivent être exercées dans la communion hiérarchique, bien que, en raison de leur nature et de leur finalité différentes, la fonction de sanctifier soit exercée d'une manière distincte de celles d'enseigner et de gouverner. . Ces deux dernières fonctions, en effet, ne peuvent être exercées que dans la communion hiérarchique à cause de leur nature intrinsèque (natura sua), autrement les actes accomplis ne sont pas valides.
La collégialité affective fait de l'Evêque un homme qui n'est jamais seul car il est toujours et continuellement avec ses frères dans l'épiscopat et avec celui que le Seigneur a choisi comme Successeur de Pierre. La collégialité affective s'exprime comme collégialité effective au Concile oecuménique ou par l'action conjuguée des Evêques dispersés dans le monde, promue par le Pontife romain ou reçue par lui, de manière que se réalise un véritable acte collégial. L'affection collégiale, qui n'est pas un simple sentiment de solidarité, se réalise à des degrés divers, et les actes qui en découlent peuvent avoir des conséquences juridiques. Cette affection se concrétise de diverses façons, par exemple le Synode des Evêques, la Visite ad limina, l'insertion des Evêques diocésains dans les Dicastères de la Curie romaine, la collaboration missionnaire, les Conciles particuliers, les Conférences épiscopales, l'engagement oecuménique, le dialogue interreligieux.



Chapitre II - LA SOLLICITUDE DE L'EVEQUE POUR L'EGLISE UNIVERSELLE ET LA COLLABORATION DES EVEQUES ENTRE EUX

"Tous les Evêques, en tant que membres du Collège épiscopal et légitimes successeurs des Apôtres, de par l'institution et le précepte du Christ, sont tenus d'étendre leur sollicitude à toute l'Eglise" .

I. LA SOLLICITUDE DE L'EVEQUE POUR L'EGLISE UNIVERSELLE

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13. Collaboration pour le bien de l'Eglise universelle. En vertu de son appartenance au Collège épiscopal, l'Evêque a la sollicitude de toutes les Eglises et il est lié aux autres membres du Collège par la fraternité épiscopale et par le lien étroit qui unit les Evêques au Chef du Collège; cela exige que chaque Evêque collabore avec le Pontife romain, Chef du Collège épiscopal, auquel, en raison de la charge primatiale sur toute l'Eglise, est confiée la mission d'apporter à tous les peuples la lumière de l'Evangile.
En premier lieu, l'Evêque devra être effectivement signe et promoteur d'unité dans l'Eglise particulière, qu'il représente au sein de l'Eglise universelle. Il devra avoir la sollicitude pour toute l'Eglise qui, même si elle n'est pas exercée individuellement sur des fidèles déterminés avec le pouvoir de juridiction, contribue au bien de tout le Peuple de Dieu. C'est pour cette raison que l'Evêque devra "promouvoir et protéger l'unité de la foi et la discipline commune à l'ensemble de l'Eglise",
LG 23 contribuant au Magistère ordinaire de l'Eglise et à l'application adéquate de la discipline canonique universelle, éduquant ses fidèles au sens de l'Eglise universelle et collaborant à promouvoir toute activité commune à l'Eglise. L'Evêque ne devra jamais oublier le principe pastoral selon lequel, en gouvernant bien son Eglise particulière, il contribue au bien de tout le Peuple de Dieu, qui est le corps des Eglises.
En plus de la principale forme institutionnelle de collaboration de l'Evêque au bien de toute l'Eglise, qui est la participation au Concile oecuménique, où s'exerce en forme solennelle et universelle le pouvoir du Collège épiscopal, cette collaboration se réalise aussi dans l'exercice du pouvoir suprême et universel par l'action conjointe avec les autres Evêques, si elle est comme telle commandée ou librement reçue par le Pontife romain. LG 22 CIC 337 Tout Evêque a le droit et le devoir d'assister et de collaborer activement à l'une ou l'autre action collégiale par la prière, par l'étude et en exprimant son vote.
Le Synode des Evêques offre une aide consultative précieuse à la charge primatiale du Successeur de Pierre, en plus de renforcer les liens d'union entre les membres du Collège épiscopal. S'il est appelé à y participer personnellement, l'Evêque accomplira cette charge avec une application zélée, ayant en vue la gloire de Dieu et le bien de l'Eglise. Ces mêmes sentiments doivent le guider quand il donne son avis sur les questions proposées à la réflexion synodale ou quand il s'agit d'élire, au sein de sa Conférence épiscopale, les Evêques engagés dans le ministère ou les Evêques émérites qui, en raison de leur connaissance et de leur expérience de la matière, peuvent le représenter au Synode.
La même sollicitude pour l'Eglise universelle incitera l'Evêque à présenter au Pape des conseils, des observations et des suggestions, à lui signaler des dangers pour l'Eglise, des occasions d'initiatives et d'autres indications utiles: il prête ainsi un service inestimable au ministère primatial, et une contribution sûre à l'efficacité du gouvernement universel. Lorsqu'on lui demande son avis sur des questions pastorales ou que l'on sollicite sa collaboration pour la préparation de documents de portée universelle spécialement s'il est membre ou consulteur de quelque Dicastère de la Curie romaine -, l'Evêque répondra avec franchise, après avoir étudié sérieusement la matière et l'avoir méditée coram Domino. Si on lui demande de remplir une charge dans l'intérêt de toute l'Eglise, l'Evêque fera son possible pour l'accepter et il l'accomplira avec diligence.
Conscient de sa responsabilité pour l'unité de l'Eglise et tenant compte de la grande facilité avec laquelle aujourd'hui toute déclaration en vient à être connue de larges tranches de l'opinion publique, l'Evêque se gardera de remettre en question des aspects doctrinaux du Magistère authentique ou disciplinaires afin de ne pas porter atteinte à l'autorité de l'Eglise et à la sienne propre; il recourra plutôt aux canaux ordinaires de communication avec le Siège apostolique et avec les autres Evêques s'il a des questions à poser au sujet de ces aspects doctrinaux ou disciplinaires.

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14. Collaboration avec le Siège Apostolique. Comme conséquence de sa consécration épiscopale, de la communion hiérarchique et de son appartenance au Collège épiscopal, et en signe d'union à Jésus Christ, l'Evêque tiendra grandement en compte et entretiendra de tout son coeur la communion de charité et d'obéissance avec le Pontife romain, faisant siennes ses intentions, ses initiatives, ses joies et ses préoccupations, et développant aussi chez les fidèles les mêmes sentiments filiaux.
L'Evêque exécutera fidèlement les dispositions du Saint-Siège et des divers Dicastères de la Curie romaine, qui aident le Pontife romain dans sa mission de service des Eglises particulières et de leurs Pasteurs. En outre, il veillera à ce que les documents du Saint-Siège soient portés à la connaissance de tous les prêtres ou, selon le cas, de tout le peuple chrétien, illustrant opportunément leur contenu afin de le rendre accessible à tous.
Pour assurer de la manière la plus appropriée la mise en oeuvre de chaque document, en plus des éventuelles indications qui y sont contenues, l'Evêque devra étudier sa nature (magistérielle, donnant des dispositions, indiquant des orientations, etc.) et son contenu pastoral; quand il s'agit de lois et d'autres dispositions normatives, il faut être spécialement attentif à en assurer l'observance dès qu'elles entrent en vigueur, éventuellement par des normes diocésaines d'application. S'il s'agit de documents d'un autre genre, par exemple d'orientation générale, l'Evêque lui-même devra juger avec prudence de la meilleure façon de procéder, en fonction du bien pastoral de son troupeau.

Rapport avec le Légat pontifical. Celui-ci représente le Pontife romain devant les Eglises particulières et devant les Etats.
CIC 363 Par. 1: (Cf. Motu proprio Sollicitudo omnium Ecclesiarum. Sa mission ne se superpose pas à la fonction des Evêques; elle ne lui fait pas non plus obstacle ni ne se substitue à elle; au contraire elle l'aide de multiples manières et elle la soutient par ses conseils fraternels. L'Evêque s'efforcera donc de maintenir avec le Représentant pontifical des rapports empreints de sentiments fraternels et de confiance réciproque, tant sur le plan personnel qu'au sein de la Conférence épiscopale, et il utilisera ses bons offices pour transmettre des informations au Siège apostolique et pour solliciter les mesures canoniques qui sont de la compétence de ce dernier.
Comme forme spécifique de collaboration avec le ministère du Pontife romain, l'Evêque, avec les autres Pasteurs de la province ecclésiastique ou de la Conférence épiscopale ou encore personnellement, signalera au Siège apostolique les prêtres qu'il juge aptes à l'épiscopat. Au cours des enquêtes préliminaires sur les candidats possibles, l'Evêque pourra consulter une à une des personnes informées; mais il ne permettra jamais que l'on fasse une consultation collective, car cela mettrait en péril le secret prescrit par la loi canonique - nécessaire quand il s'agit du bon renom des personnes - et conditionnerait la liberté du Pontife romain dans le choix du plus apte. CIC 377 Par. 2-3 (Décr. Episcoporum delectum, 1, 2: CONSEIL POUR LES AFFAIRES PUBLIQUES DE L'EGLISE)
"En raison du lien de l'unité et de la charité, les Evêques procureront au Siège apostolique, d'après les ressources de leurs diocèses, les moyens dont il a besoin, selon les conditions du temps, pour bien remplir son service envers l'Eglise tout entière". CIC 1271 L'Evêque n'omettra pas non plus la quête particulière appelée Denier de Saint-Pierre, destinée à faire en sorte que l'Eglise de Rome puisse accomplir comme il faut sa charge de présidence dans la charité universelle. Lorsque les possibilités du diocèse le permettent et qu'il y a des prêtres aptes et préparés qui sont demandés, l'Evêque les mettra à la disposition du Saint-Siège ad tempus ou pour un temps illimité.

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15. La visite "ad limina".
CIC 400. Selon la discipline canonique, l'Evêque diocésain accomplit tous les cinq ans l'antique tradition de la Visite "ad limina" pour honorer les tombeaux des saints Apôtres Pierre et Paul et rencontrer le successeur de Pierre, Evêque de Rome.
Sous ses différents aspects liturgiques, pastoraux et d'échange fraternel, la visite a pour l'Evêque une signification précise: accroître son sens de la responsabilité comme successeur des Apôtres et raffermir sa communion avec le successeur de Pierre. En outre, la visite constitue un moment important pour la vie de l'Eglise particulière elle-même qui, par son représentant, consolide les liens de foi, de communion et de discipline qui la lient à l’Eglise de Rome et à tout le corps ecclésial. (Cf. CONGREGATION POUR LES EVEQUES, Directoire pour la Visite ad limina, Préliminaires, I et IV)
Les rencontres fraternelles avec le Pontife romain et ses plus proches collaborateurs de la Curie romaine offrent à l'Evêque une occasion privilégiée non seulement pour faire connaître la situation de son diocèse et ses attentes, mais aussi pour avoir davantage d'informations sur les espérances, les joies et les difficultés de l'Eglise universelle, et pour recevoir des directives et des conseils opportuns sur les problèmes de son troupeau. Cette visite représente aussi un moment capital pour le successeur de Pierre, qui reçoit les pasteurs des Eglises particulières afin de traiter avec eux les questions concernant leur mission ecclésiale. Ainsi, la visite "ad limina" est une expression de la sollicitude pastorale de toute l'Eglise.
C'est pourquoi une préparation soigneuse s'impose. Suffisamment à l'avance (pas moins de six mois, si possible), l'Evêque se préoccupera d'envoyer au Saint-Siège le Rapport sur l'état du diocèse; il dispose pour sa rédaction du Formulaire approprié préparé par la Congrégation pour les Evêques, compétente en la matière. Ce Rapport devra fournir au Pontife romain et aux Dicastères romains une information de source sûre - véridique, synthétique et précise -, ce qui est d'une grande utilité pour l'exercice du ministère pétrinien. A l'Evêque lui-même d'ailleurs le Rapport offrira un bon moyen d'examiner l'état de son Eglise et de programmer le travail pastoral; c'est pourquoi il convient que pour son élaboration l'Evêque se fasse aider par ses plus proches collaborateurs dans la charge épiscopale, bien que sa contribution personnelle s'avère indispensable, surtout pour les aspects qui concernent de plus près son activité, afin de donner une vue d'ensemble du travail pastoral.
L'usage actuel est que les visites soient accomplies en principe par Conférences épiscopales, ou par groupes d'Evêques qui en font partie si elles sont trop nombreuses, ce qui souligne l'union collégiale entre les Evêques. Bien que certaines parties de la visite se fassent en groupe - visites aux tombeaux des Apôtres, discours du Pape, réunion avec les Dicastères de la Curie romaine -, c'est toujours l'Evêque individuel qui présente le rapport et accomplit la visite au nom de son Eglise, rencontrant personnellement le Successeur de Pierre et ayant toujours le droit et le devoir de communiquer directement avec lui et avec ses collaborateurs sur toutes les questions concernant son ministère diocésain.

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16. Les Evêques diocésains membres des Dicastères de la Curie romaine. Un autre signe de l'affection collégiale entre les Evêques et le Pape est fourni par la présence de quelques Evêques diocésains comme membres des Dicastères de la Curie romaine. Cette présence permet aux Evêques de faire connaître au Souverain Pontife la mentalité, les désirs et les besoins de toutes les Eglises. De cette façon, par la Curie romaine, le lien d'union et de charité qui existe dans le Collège épiscopal s'étend à tout le Peuple de Dieu.

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17. L'oeuvre missionnaire. Les Evêques, avec le Pontife romain, sont directement responsables de l'évangélisation du monde;
RMi 63 chaque Evêque mettra donc en pratique cette responsabilité avec le plus grand soin.
En tant que coordinateur et centre de l'activité missionnaire diocésaine, l'Evêque veillera à ouvrir l'Eglise particulière aux besoins des autres Eglises, suscitant l'esprit missionnaire chez les fidèles, procurant des missionnaires hommes et femmes, développant un fervent esprit apostolique et missionnaire dans son presbyterium ainsi que chez les religieux et les membres des Sociétés de vie apostolique, chez les étudiants de son séminaire et chez les laïcs collaborant avec le Siège apostolique dans l'oeuvre d'évangélisation des peuples, soutenant les jeunes Eglises par des aides matérielles et spirituelles. De cette façon et par d'autres manières appropriées aux circonstances de lieu et de temps, l'Evêque manifeste sa fraternité avec les autres Evêques et il accomplit le devoir d'annoncer l'Evangile à toutes les nations. LG 23
Selon les possibilités du diocèse, après s'être mis d'accord avec le Saint-Siège et avec les autres Evêques concernés, l'Evêque veillera à envoyer des missionnaires et des moyens matériels aux territoires de mission, en concluant des accords particuliers ou en établissant des liens de fraternité avec une Eglise missionnaire déterminée. En outre, il promouvra et il soutiendra dans son Eglise particulière les Oeuvres missionnaires pontificales, fournissant l'aide spirituelle et économique nécessaire. CD 6 Pour atteindre ces buts, l'Evêque désignera un prêtre, un diacre ou un laïc compétent, qui s'occupera d'organiser les diverses initiatives diocésaines, comme la journée annuelle pour les missions et la collecte annuelle en faveur des oeuvres pontificales. RMi 81 RMi 84.
De même, l'Evêque joindra ses efforts à ceux du Saint-Siège en vue d'aider les Eglises qui subissent des persécutions ou qui sont travaillées par une grave pénurie de clergé ou de moyens. CD 6-7
Le lien de communion entre les Eglises est souligné par les prêtres "fidei donum", choisis parmi ceux qui sont aptes et bien préparés, grâce auxquels les diocèses de fondation ancienne contribuent efficacement à l'évangélisation des nouvelles Eglises et, à leur tour, puisent fraîcheur et vitalité de foi chez ces jeunes communautés chrétiennes. RMi 68 PDV 18
Quand un clerc idoine (prêtre ou diacre) manifeste le désir d'être inscrit parmi les prêtres "fidei donum", l'Evêque, dans la mesure du possible, ne lui refusera pas l'autorisation, même si cela peut impliquer des sacrifices immédiats pour son diocèse, et il veillera à déterminer ses droits et devoirs par une convention écrite avec l'Evêque du lieu de destination. On pourra pourvoir au transfert temporaire sans recourir à l'excardination, de manière qu'à son retour le clerc conserve tous les droits qui lui reviendraient s'il était resté dans le diocèse. CIC 271
Les Evêques des jeunes Eglises de mission développeront eux aussi le don de prêtres vers des zones du même pays, du même continent ou d'autres continents moins évangélisés ou disposant d'un moindre personnel au service de l'Eglise.
L'Evêque sera largement disposé à accueillir dans son diocèse les prêtres des pays de mission qui demandent une hospitalité temporaire pour raison d'études ou pour d'autres motifs. Dans ces cas, les Evêques concernés établiront une convention pour préciser les divers aspects de la vie du prêtre. A cette fin seront observées les normes établies par la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples. (Cf. CONGREGATION POUR L'EVANGELISATION DES PEUPLES, Instruction sur l'envoi et la permanence à l'étranger des prêtres du clergé diocésain des territoires de mission, n. 2-7)

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18. L'engagement oecuménique. Sachant que le rétablissement de l'unité a été l'un des principaux buts du Concile Vatican II
UR 1 (Et Introduction de UR) et que ce n'est pas un appendice qui s'ajoute à l'activité traditionnelle de l'Eglise, UUS 20 l'Evêque comprendra l'urgence de promouvoir l'oecuménisme, secteur dans lequel l'Eglise catholique est engagée de manière irréversible.
Bien que la direction du mouvement oecuménique appartienne principalement au Saint-Siège, il revient toutefois aux Evêques, individuellement et réunis en Conférence épiscopale, d'établir des normes pratiques pour appliquer aux circonstances locales les dispositions venant d'en haut. CIC 755,5 n. 1-2
En suivant fidèlement les indications et les orientations du Saint-Siège, l'Evêque se préoccupera en outre de maintenir des relations oecuméniques avec les diverses Eglises et Communautés chrétiennes présentes dans le diocèse, nommant un représentant compétent en la matière, afin qu'il anime et coordonne les activités du diocèse dans ce domaine. Si les circonstances du diocèse le conseillent, l'Evêque établira un secrétariat ou une commission ayant pour tâche de proposer à l'Evêque ce qui peut aider à l'unité entre les chrétiens et de réaliser les initiatives qu'il indiquera lui-même, de promouvoir dans le diocèse l'oecuménisme spirituel, d'offrir des moyens pour la formation oecuménique du clergé et des séminaristes de soutenir les paroisses dans leur engagement oecuménique.

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19. Relations avec le judaïsme. Le Concile Vatican II rappelle le lien par lequel le peuple du Nouveau Testament est spirituellement uni à la lignée d'Abraham;
NAE 4 c'est en raison de ce lien que, par rapport aux religions non chrétiennes, une place tout à fait particulière est réservée, dans les attentions de l'Eglise, aux juifs, qui "ont pour eux l'adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses de Dieu; ils ont les patriarches, et c'est de leur race que le Christ est né" Rm 9,4-5. L'Evêque doit promouvoir chez les chrétiens une attitude de respect envers ces "frères aînés", afin d'éviter que se produisent des phénomènes d'anti-judaïsme, et il doit veiller à ce que les ministres sacrés reçoivent une formation adaptée sur la religion juive et ses rapports avec le christianisme.

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20. Le dialogue interreligieux. L'Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les autres religions. "Avec un respect sincère, elle considère ces manières d'agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, tout en différant sous bien des rapports de ce qu'elle-même tient et propose, reflètent cependant assez souvent un rayon de cette Vérité qui illumine tous les hommes. Mais elle annonce sans cesse, et elle est tenue de le faire, le Christ qui est "la voie, la vérité et la vie"
Jn 14,6, en qui les hommes trouvent la plénitude de la vie religieuse, et en qui Dieu s'est réconcilié toutes choses". NAE 2 sq.
Dans les relations avec les religions non chrétiennes, l'Eglise est appelée à établir un dialogue sincère et respectueux qui, sans ombre d'irénisme, aide à découvrir les semences de vérité qui se trouvent dans les traditions religieuses de l'humanité et encourage les aspirations spirituelles légitimes des hommes. Ce dialogue est en connexion étroite avec l'appel imprescriptible à la mission, suscitée par le précepte du Christ - "Allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création" Mc 16,15, et il est guidé par le respect attentif de la conscience individuelle.

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21. Soutien aux initiatives du Saint-Siège sur le plan international Selon la possibilité de son Eglise, l'Evêque contribue à la réalisation des finalités des institutions et associations internationales promues et soutenues par le Siège apostolique: pour la paix et la justice dans le monde, pour la protection de la famille et de la vie humaine à partir de la conception, pour le progrès des peuples et autres initiatives.
Comme forme particulière d'action apostolique sur le plan international, le Saint-Siège est représenté à plein titre au sein des principaux organismes internationaux et il intervient activement dans divers congrès convoqués par ces organismes. Dans ces instances internationales, l'Eglise doit se faire entendre, pour la défense de la dignité de l'homme et de ses droits fondamentaux, de la protection des plus faibles, d'une juste base des rapports internationaux, du respect de la nature, etc. L'Evêque ne manquera pas de soutenir ces initiatives devant les fidèles et devant l'opinion publique, se souvenant que son ministère pastoral peut avoir une notable incidence sur l'affermissement d'un ordre international juste et respectueux de la dignité de l'homme.
RMi 37 sq.




2004 Apostolorum Successores