Pie XII 1945 - LETTRE AU SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION

DISCOURS AUX DIRIGEANTES FÉMININES DE L'ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE

(21 octobre 1945)

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Dans ce discours adressé à cinq cents dirigeantes féminines de l'Action catholique italienne, le pape rappelle la mission de la femme au foyer, ses devoirs dans la vie sociale et politique et la préparation qu'ils requièrent.

Les devoirs de la femme dans la vie sociale et politique.

Votre grande affluence autour de Nous, chères filles, tire des circonstances présentes une signification spéciale ; car, s'il Nous est agréable en tout temps de vous accueillir, de vous bénir et de vous donner Nos conseils paternels, il s'y ajoute, à l'heure actuelle, la nécessité de vous parler suivant vos pressantes demandes d'un sujet d'une extrême portée et d'une importance capitale en nos jours : des obligations de la femme dans la vie sociale et politique. Nous souhaitions Nous-même pareille occasion, car l'agitation fébrile d'un présent ballotté et, plus encore, la préoccupation que cause un avenir incertain ont placé la condition de la femme au centre des intérêts aussi bien des amis que des ennemis de Jésus-Christ et de l'Eglise.

Le problème féminin. — La dignité de la femme.

Disons tout de suite que pour Nous le problème féminin, dans son ensemble comme sous chacun de ses multiples aspects particuliers, consiste tout entier dans la sauvegarde et la promotion de la dignité que la femme a reçue de Dieu. Aussi n'est-ce pas pour Nous un problême d'ordre purement juridique ou économique, pédagogique ou biologique, politique ou démographique ; c'en est un qui, même en toute sa complexité, gravite tout entier autour de cette question : comment maintenir et renforcer cette dignité de la femme, aujourd'hui surtout, dans les conjonctures où la Providence nous a placés ? Voir le problème d'une autre manière, le considérer unilatéralement seulement sous l'un quelconque des aspects mentionnés plus haut, reviendrait à l'éluder, sans profit pour personne, et encore moins pour la femme elle-même. Le détacher de Dieu, de l'ordre très sage du Créateur, de sa très sainte volonté, c'est méconnaître le point essentiel de la question, c'est-à-dire la véritable dignité de la femme, dignité qu'elle ne tient que de Dieu et qu'elle ne conserve qu'en Dieu.

Il s'ensuit qu'ils ne sont pas en mesure de considérer comme il faut la question féminine, les systèmes qui excluent Dieu et sa loi de la vie sociale et concèdent aux préceptes de la religion tout au plus une humble place dans la vie privée de l'homme.

C'est pourquoi, dédaignant les mots sonores et creux dont certains revêtirent les revendications du féminisme, vous vous êtes louablement groupées et unies, en tant que femmes et jeunes filles catholiques, afin de répondre comme il convient aux naturelles exigences et au véritable intérêt de votre sexe.

I Qualités particulières aux deux sexes et leur mutuelle coordination.

En quoi donc consiste cette dignité que la femme tient de Dieu ? Interrogez la nature humaine telle que Dieu l'a formée, élevée et rachetée dans le sang de Jésus-Christ.

Dans leur dignité personnelle d'enfants de Dieu, l'homme et la femme sont absolument égaux, comme aussi par rapport à la fin dernière de la vie humaine qui est l'union éternelle avec Dieu dans la félicité du ciel. C'est la gloire impérissable de l'Eglise d'avoir remis cette vérité en lumière et en honneur, et d'avoir libéré la femme d'une servitude dégradante contraire à la nature. Mais l'homme et la femme ne peuvent maintenir et perfectionner cette égale dignité qu'en respectant et mettant en pratique les qualités particulières dont la nature les a dotés l'un et l'autre, qualités physiques et spirituelles indestructibles, dont il n'est pas possible de bouleverser l'ordre sans que la nature elle-même ne parvienne toujours à le rétablir. Ces caractères particuliers qui distinguent les deux sexes se révèlent avec tant de clarté aux yeux de tous que seuls une obstination aveugle ou un doctrinarisme non moins funeste qu'utopique pourraient en méconnaître ou en ignorer à peu près la valeur dans l'organisation sociale.

Bien plus : les deux sexes, en vertu de leurs qualités particulières elles-mêmes, sont ordonnés l'un à l'autre, de manière que cette mutuelle coordination exerce son influence dans toutes les manifestations multiples de la vie humaine et sociale.

Nous Nous bornerons à vous en rappeler deux seulement, à cause de leur importance spéciale : l'état de mariage et celui du célibat volontaire suivant le conseil évangélique.

L'état de mariage.

Le fruit d'une véritable communauté conjugale comprend non seulement les enfants, quand Dieu en accorde aux époux, mais encore les biens matériels et spirituels que la vie de famille offre au genre humain. La civilisation tout entière, sous tous ses aspects, les peuples et la société des nations, l'Eglise elle-même, en un mot, tous les véritables biens de l'humanité en éprouvent les heureux effets là où cette vie conjugale fleurit dans l'ordre, là où la jeunesse s'habitue à la considérer, à l'honorer, à l'aimer comme un saint idéal.

Là au contraire, où les deux sexes, oublieux de l'intime harmonie voulue et établie par Dieu, s'abandonnent à un individualisme pervers ; là où l'un pour l'autre ils ne sont qu'un objet d'égoïsme et de sensualité ; là où ils ne coopèrent pas d'un mutuel accord au service de l'humanité, suivant les desseins de Dieu et de la nature ; là où la jeunesse, insoucieuse de ses responsabilités, légère et frivole dans son esprit et dans sa conduite, se rend moralement et physiquement inapte à la vie sainte du mariage, le bien commun de la société humaine, dans l'ordre spirituel comme dans l'ordre temporel, se trouve gravement compromis, et l'Eglise de Dieu elle-même craint non pour son existence (elle a les promesses divines), mais pour la plus grande fécondité de sa mission parmi les hommes.

Le célibat volontaire suivant le conseil évangélique.

Mais voici que depuis près de vingt siècles, à chaque génération, des milliers et des milliers d'hommes et de femmes, parmi les meilleurs, renoncent librement, pour suivre le conseil de Jésus-Christ, à une famille propre, aux saines devoirs et aux droits sacrés de la vie conjugale. Le bien commun des peuples et de l'Eglise s'en trouverait-il compromis ? Tout au contraire ; ces âmes généreuses reconnaissent l'association des deux sexes dans le mariage commun comme un grand bien. Mais si elles s'éloignent de la vie ordinaire, du sentier battu, loin de le déserter, elles se consacrent au service de l'humanité, dans l'absolu détachement d'elles-mêmes et de leurs intérêts propres, dans une activité comparablement plus large, totale, universelle.

Contemplez ces hommes et ces femmes : voyez-les voués à la prière et à la pénitence, appliqués à l'instruction et à l'éducation de la jeunesse et des ignorants, penchés au chevet des malades et des agonisants, le coeur ouvert à toutes les misères et à toutes les faiblesses, pour les réhabiliter, les réconforter, les soulager, les sanctifier.

La jeunesse chrétienne demeurée célibataire malgré elle.

Quand on pense aux jeunes filles et aux femmes qui renoncent volontairement au mariage pour se consacrer à une vie plus élevée de contemplation, de sacrifice et de charité, un mot lumineux monte aux lèvres : la vocation. C'est le seul mot qui convienne à un sentiment si élevé. Cette vocation, cet appel d'amour se fait entendre des façons les plus diverses, tout comme sont infiniment variées les modulations de la voix divine, invitations irrésistibles, inspirations affectueusement pressantes, douces impulsions. Mais la jeune chrétienne aussi, demeurée célibataire malgré elle, mais qui croit fermement en la Providence du Père céleste, reconnaît au milieu des vicissitudes de la vie la voix du Maître : Magister adest et vocat te, « Le Maître est là et il t'appelle » (Jn 11,28). Elle répond, elle renonce au doux rêve de son adolescence et de sa jeunesse : avoir dans la vie un compagnon fidèle, fonder une famille. Et, devant l'impossibilité du mariage, elle entrevoit sa vocation, et alors, le coeur brisé mais soumis, elle se consacre elle aussi entièrement aux oeuvres de bienfaisance les plus nobles et les plus diverses.

La maternité, fonction naturelle de la femme.

Dans l'un comme dans l'autre état, la fonction de la femme apparaît clairement déterminée par les caractères, les aptitudes, les facultés particulières de son sexe. Elle collabore avec l'homme, mais de la façon qui lui est propre, suivant sa tendance naturelle. Or, la fonction de la femme, sa manière d'être, son inclination innée, c'est la maternité. Toute femme est destinée à être mère ; mère au sens physique du mot, ou bien dans un sens plus spirituel et plus élevé, mais non moins réel.

C'est pour cette fin que le Créateur a ordonné tout l'être propre de la femme : son organisme, mais davantage encore son esprit et, surtout, son exquise sensibilité. Si bien que la femme véritablement telle ne peut considérer ou comprendre à fond tous les problèmes de la vie humaine que sous l'aspect de la famille. Voilà pourquoi le sentiment affiné de sa dignité éveille son inquiétude chaque fois que l'ordre social ou politique menace de porter préjudice à sa mission maternelle, au bien de la famille.

Telles sont aujourd'hui, malheureusement, les conditions sociales et politiques, et elles pourraient encore devenir plus précaires pour la sainteté du foyer domestique et, par conséquent, pour la dignité de la femme. Votre heure a sonné, femmes et jeunes filles catholiques. La vie publique a besoin de vous. A chacune de vous on peut dire : Tua res agitur, « c'est ton intérêt qui est en jeu » 2.

2 Horace, Ep. 1, 18, 84.

Conditions sociales et politiques défavorables à la sainteté de la famille et à la dignité de la femme.

C'est un fait indéniable que, depuis longtemps, les événements publics ont tourné d'une manière défavorable au vrai bien de la famille et de la femme. Et divers mouvements politiques se tournent vers la femme pour la gagner à leur cause. Tel système totalitaire fait miroiter devant ses yeux des promesses merveilleuses : égalité des droits avec l'homme, protection des femmes enceintes et en couches, cuisines et autres services communs qui la délivrent du poids des soucis domestiques, jardins d'enfants et autres institutions soutenues et administrées par l'Etat et les municipalités qui la dispensent de ses obligations maternelles à l'égard de ses propres enfants, écoles gratuites, assistance en cas de maladie.

On ne peut nier les avantages que l'on peut tirer de l'une ou l'autre de ces mesures sociales, si on les applique comme il faut. Bien plus : Nous-même, en une autre occasion, Nous avons fait remarquer que l'on doit à la femme, pour le même travail et à parité de rendement, la même rémunération qu'à l'homme3. Reste toujours le point essentiel de la question, celui que Nous avons relevé : la condition de la femme s'en est-elle trouvée améliorée ?

L'égalité des droits avec l'homme lui a imposé, avec l'abandon de la maison où elle était reine, la même quantité et durée de travail. On a oublié sa véritable dignité et le fondement normal de tous ses droits, c'est-à-dire le caractère propre de son être féminin et l'intime coordination des deux sexes. On a perdu de vue la fin proposée par le Créateur pour le bien de la société humaine, et surtout de la famille. Dans les concessions faites à la femme, il est facile de découvrir, plus que le respect de sa dignité et de sa mission, le souci de renforcer la puissance économique et militaire de l'Etat totalitaire, auquel tout doit être inexorablement subordonné.

D'un autre côté, la femme pourra-t-elle attendre son véritable bien-être d'un régime de capitalisme prédominant ? Inutile de vous exposer maintenant les conséquences économiques et sociales qui en découlent. Vous en connaissez les signes caractéristiques et vous en supportez vous-mêmes le poids : concentration excessive des populations dans les villes, accroissement progressif et envahissant des grandes entreprises, condition difficile et précaire des autres industries, spécialement de l'artisanat et encore plus de l'agriculture, extension inquiétante du chômage. Remettre le plus possible en honneur la mission de la femme et de la mère au foyer domestique, tel est le mot d'ordre qui s'élève de toutes parts, tel un cri d'alarme, comme si le monde constatait avec une sorte d'épouvante les résultats d'un progrès matériel et technique dont il se montrait auparavant orgueilleux.

Examinons la réalité des choses.

Absence de la femme du foyer domestique.

Voici la femme qui, pour ajouter quelque chose au salaire de son mari, s'en va, elle aussi, travailler à l'usine, laissant la maison abandonnée pendant son absence. Celle-ci — peut-être déjà minable et étroite — devient encore plus misérable faute de soins. Les membres de la famille travaillent séparément aux quatre coins de la ville et à des heures différentes ; ils ne sont presque plus jamais ensemble : ni pour manger, ni pour se délasser après la fatigue de la journée, encore moins pour la prière en commun. Que reste-t-il de la vie de famille ? Quels attraits peut-elle avoir pour les enfants ?

3 Voir discours du 15 août 1945 ; cf. ci-dessus, p. 177.

Déformation dans l'éducation de la jeune fille.

A ces pénibles conséquences de l'absence de la femme et de la mère du foyer domestique vient s'en ajouter une autre encore plus déplorable : Nous voulons dire l'éducation de la jeune fille en particulier et sa préparation aux réalités de la vie. Accoutumée à voir sa mère toujours hors de la maison, et la maison elle-même si triste dans son abandon, elle sera incapable d'y trouver le moindre charme ; elle ne prendra plus le moindre goût aux austères occupations domestiques ; elle n'en saura pas comprendre la noblesse et la beauté ni désirer s'y consacrer un jour comme épouse et comme mère. Cela est vrai à tous les degrés sociaux, dans toutes les conditions de vie. La fille de la femme du monde qui voit tout le gouvernement de la maison abandonné aux mains d'étrangers, tandis que sa mère se complaît en des occupations frivoles ou en futiles divertissements, suivra son exemple et voudra s'émanciper au plus tôt et, suivant une expression navrante, « vivre sa vie ». Comment pourrait-elle concevoir le désir d'arriver à être un jour une véritable domina, c'est-à-dire une maîtresse de maison dans une famille heureuse, prospère et digne ?

Quant aux classes laborieuses, obligées de gagner le pain de chaque jour, la femme, si elle réfléchissait bien, se rendrait peut-être compte que bien souvent le supplément de gain qu'elle obtient en travaillant hors de la maison est facilement dévoré par de nouvelles dépenses ou bien par des gaspillages ruineux pour l'économie familiale. La jeune fille qui sort, elle aussi, travailler dans une usine, dans une administration, dans un bureau, arrive à s'étourdir dans l'agitation du monde où elle vit, à s'éblouir du clinquant d'un faux luxe, à convoiter les plaisirs troubles qui distraient sans rassasier ni délasser, dans ces salles de « revues » ou de danse qui pullulent partout, souvent avec un objectif de propagande partisane, et corrompent la jeunesse ; elle devient une « femme de classe », pleine de mépris pour les principes surannés d'un autre siècle ; comment pourrait-elle ne pas trouver inhospitalière et plus triste qu'elle n'est en réalité la modeste habitation où l'on vit renfermé ? Pour qu'elle s'y plaise, pour qu'elle éprouve le désir de s'y établir un jour à son tour, il faudrait qu'elle pût corriger ses impressions spontanées par le sérieux de la vie intellectuelle et morale, par la vigueur de l'éducation religieuse et de l'idéal surnaturel. Mais quelle formation religieuse a-t-elle reçue dans de telles conditions ?

Et ce n'est pas tout. Quand, avec les années, sa mère, vieillie avant le temps, épuisée et brisée par des fatigues au-dessus de ses forces, par les larmes, par les angoisses, la verra, le soir, rentrer tard à la maison, loin de trouver en elle une aide, un soutien, elle devra tenir auprès de sa fille incapable et inexpérimentée dans les ouvrages féminins et domestiques tout le rôle d'une servante. Le sort du père ne sera pas meilleur lorsque l'âge, les maladies, les infirmités, le manque de travail le réduiront à dépendre de la bonne ou mauvaise volonté de ses enfants. L'auguste, la sainte autorité du père et de la mère voient ainsi leur majesté détrônée.


II Devoir de la femme de participer aujourd'hui à la vie publique.

Ainsi donc, allons-nous conclure que vous autres, femmes et jeunes filles catholiques, vous devez vous montrer rétives au mouvement qui vous emporte, de gré ou de force, dans l'orbite de la vie sociale et politique ? Certainement non.

Devant les théories et les méthodes qui par différentes voies arrachent la femme à sa propre mission et grâce au mirage d'une émancipation effrénée, qui n'est en fait qu'une misère sans espérance, la dépouillant à la fois de sa dignité personnelle et de sa dignité de femme, Nous avons entendu le cri d'alerte qui réclame au maximum sa présence active au foyer domestique.

La femme est, en fait, tenue hors de la maison, non seulement en raison de son émancipation proclamée, mais souvent aussi par les nécessités de la vie, par l'obsédant aiguillon du pain quotidien. On prêchera donc en vain le retour au foyer, aussi longtemps que dureront les conditions qui, en bien des cas, la contraignent à en rester éloignée. Et ainsi se manifeste le premier aspect de votre mission dans la vie sociale et politique qui s'ouvre devant vous. Votre entrée dans cette vie s'est produite soudainement, par l'effet de bouleversements sociaux dont nous sommes les témoins. Qu'importe ! Vous êtes appelées à y prendre part. Laisseriez-vous à d'autres, à celles qui se sont faites les promotrices ou les complices de la ruine du foyer familial, le monopole de l'organisation sociale dont la famille est l'élément principal comme unité économique, juridique, spirituelle et morale ? Le sort de la famille, le sort de la communauté humaine sont en jeu : ils sont entre vos mains, tua res agitur. Toute femme, par conséquent, sans exception, a, entendez bien, le devoir, le strict devoir de conscience de ne pas rester absente, d'entrer en action (dans les formes et de la manière qui conviennent à la condition de chacune), pour contenir les courants qui menacent le foyer, pour combattre les doctrines qui ébranlent ses fondements, pour préparer, ordonner et mener à bien sa restauration.

A ce motif impérieux qu'a la femme catholique de s'engager dans le chemin ouvert aujourd'hui à son activité, s'en ajoute un autre : sa dignité de femme. Elle doit concourir avec l'homme au bien de la cité, où elle est son égale en dignité. Tous deux ont le droit et le devoir de coopérer au bien total de la société et de la patrie. Mais il est clair que si l'homme est, par tempérament, plus porté aux affaires extérieures, aux affaires publiques, la femme possède, généralement parlant, une plus grande perspicacité et un tact plus fin pour comprendre et résoudre les délicats problèmes de la vie domestique et familiale, base de toute la vie sociale, ce qui n'empêche pas que certaines savent faire preuve d'une grande compétence dans n'importe quel domaine de l'activité publique.

Tout cela est une question non pas tant d'attributions différentes que de façon de juger et d'en venir aux applications concrètes et pratiques. Prenons le cas des droits civils : ils sont aujourd'hui les mêmes pour tous les deux. Mais ils seront exercés avec d'autant plus de discernement et d'efficacité que l'homme et la femme parviendront à se compléter mutuellement. La sensibilité et la délicatesse propres de la femme, qui pourraient la livrer à ses impressions et risqueraient ainsi de porter préjudice à la clarté et à l'étendue des vues, à la sérénité des appréciations, à la prévision des conséquences lointaines, sont au contraire une aide précieuse pour mettre en lumière les exigences, les aspirations, les périls d'ordre domestique, charitable et religieux.

Le vaste domaine d'activité de la femme dans la vie civile et politique actuelle.

L'activité féminine se déploie en grande partie dans les travaux et les occupations de la vie domestique, qui contribuent, plus et mieux qu'on ne pourrait généralement le penser, aux véritables intérêts de la communauté sociale. Mais ces intérêts exigent, en outre, une légion de femmes qui disposent de plus de temps pour pouvoir s'y consacrer plus directement et entièrement. Quelles pourront donc être ces femmes, sinon spécialement (Nous ne voulons pas dire exclusivement) celles dont Nous parlions tout à l'heure, celles à qui d'impérieuses circonstances ont imposé cette mystérieuse vocation, celles que les événements ont vouées à une solitude qui n'entrait ni dans leurs intentions ni dans leurs aspirations et paraissait les condamner à une vie égoïstement inutile et sans but ? Et voici que, bien au contraire, leur mission s'avère aujourd'hui multiple, militante, absorbant toutes leurs énergies, et telle que peu d'autres femmes, vaquant aux affaires de la famille et de l'éducation de leurs enfants, ou assujetties au saint joug de la règle, seraient également à même de l'assurer.

Jusqu'à présent, quelques-unes de ces femmes se dévouaient avec un zèle souvent admirable aux oeuvres paroissiales. D'autres, aux vues toujours plus larges, se consacraient à des oeuvres sociales et morales de haute portée. Leur nombre, par suite de la guerre et des calamités qu'elle a entraînées, s'est considérablement accru. Beaucoup d'hommes de valeur sont tombés durant l'horrible guerre ; d'autres en sont revenus infirmes. Quantité de jeunes filles, par conséquent, attendront vainement la venue d'un époux et l'éclosion de nouvelles vies dans leur demeure solitaire. Mais en même temps, les nécessités nouvelles créées par l'entrée de la femme dans la vie civile et politique se sont mises à réclamer son concours. Ne serait-ce là qu'une curieuse coïncidence ou faut-il y voir une disposition de la divine Providence ?

Dans ces conditions, le champ d'action est vaste qui s'offre aujourd'hui à la femme, et il peut être, suivant les aptitudes et le caractère de chacune, ou intellectuel ou plus pratiquement actif. Etudier et faire connaître la place et le rôle de la femme dans la société, ses droits et ses devoirs ; se faire l'éducatrice et le guide de ses propres soeurs, redresser les idées, dissiper les préjugés, apporter de la clarté dans les confusions, expliquer et propager la doctrine de l'Eglise pour détruire plus sûrement l'erreur, l'illusion et le mensonge, pour déjouer plus efficacement la tactique des adversaires du dogme et de la morale catholique : travail immense et d'impérieuse nécessité, sans lequel tout le zèle apostolique n'obtiendrait que des résultats précaires. Mais l'action directe est également indispensable, si l'on ne veut pas que les saines doctrines et les solides convictions restent, sinon absolument platoniques, du moins pauvres en résultats pratiques.

Cette participation directe, cette collaboration effective à l'activité sociale et politique n'altèrent en rien le caractère propre de l'activité normale de la femme. Associée à l'homme dans le domaine des institutions civiles, elle s'appliquera principalement aux questions qui exigent du tact, de la délicatesse et de l'instinct maternel plutôt que de la rigueur administrative. Qui mieux qu'elle peut comprendre ce que requièrent la dignité de la femme, l'intégrité et l'honneur de la jeune fille, la protection et l'éducation de l'enfant ? Et sur tous ces sujets, combien de problèmes réclament l'attention et l'action des gouvernements et des législateurs ? Seule la femme saura, par exemple, tempérer par sa bonté, la répression du libertinage sans préjudice pour son efficacité. Seule, elle pourra trouver les moyens de libérer de l'abjection, d'élever dans l'honnêteté et les vertus religieuses et civiles l'enfance moralement abandonnée. Seule, elle parviendra à faire fructifier l'oeuvre du patronage et de la réhabilitation de ceux qui sont sortis de prison et des jeunes filles tombées. Seule, elle fera jaillir de son coeur l'écho du cri des mères à qui un Etat totalitaire, de quelque nom qu'il s'appelle, voudrait arracher l'éducation de leurs enfants.

Quelques considérations pour terminer.

a) Sur la préparation et la formation de la femme à la vie sociale et politique.

Ainsi Nous avons tracé le programme des devoirs de la femme, dont l'objet pratique est double : sa préparation et sa formation à la vie sociale et politique, le développement et la réalisation de cette vie politique et sociale dans le domaine privé et public.

Il est clair que le rôle de la femme ainsi compris ne s'improvise pas. L'instinct maternel est en elle un instinct humain, que la nature n'a pas déterminé jusque dans le détail de son application ; il est dirigé par une volonté libre, et celle-ci, à son tour, est guidée par l'intelligence. De là sa valeur morale et sa dignité, comme aussi son imperfection qui doit être compensée et rattrapée par l'éducation.

L'éducation féminine de la jeune fille et, bien souvent, de la femme adulte, est donc une condition nécessaire de leur préparation et de leur formation à une vie digne d'elles, l'idéal serait, évidemment, que cette éducation pût se réaliser dès l'enfance et dans l'intimité du foyer chrétien sous l'action de la mère. Malheureusement, il n'en est pas toujours ainsi et ce n'est pas toujours possible. Malgré tout, on peut suppléer, au moins en partie, à cette déficience, en procurant à la jeune fille obligée de travailler en dehors de la maison l'une ou l'autre de ces occupations qui sont, en quelque manière, l'apprentissage et l'entraînement à la vie à laquelle elles sont destinées. C'est ce but que visent les écoles ménagères, qui ont pour mission de faire des fillettes et des jeunes filles d'aujourd'hui les femmes et les mères de demain.

Comme ce genre d'institutions mérite l'éloge et l'encouragement ! Elles sont l'un des cadres où peuvent le mieux s'exercer et se prodiguer votre sentiment et votre zèle maternel, et l'un des plus efficaces, car le bien que vous y faites se propage indéfiniment en mettant vos élèves en mesure de faire à d'autres, en famille ou au-dehors, le bien que vous leur avez fait à elles-mêmes.

Et que dire encore de tant d'autres oeuvres par lesquelles vous aidez les mères de famille aussi bien dans leur formation intellectuelle et religieuse que dans les circonstances douloureuses ou difficiles de leur vie ?

b) Sur la réalisation pratique de la vie sociale et politique de la femme.

Cependant, votre action sociale et politique dépend en grande partie de la législation de l'Etat et des administrations municipales. C'est pourquoi le bulletin de vote aux mains de la femme catholique est un moyen important pour accomplir son rigoureux devoir de conscience, surtout dans les temps actuels.

En effet, l'Etat et la politique ont en propre le devoir d'assurer à la famille de n'importe quelle classe sociale les conditions nécessaires d'existence et de développement, comme unité économique, juridique et morale. Alors, la famille sera vraiment la cellule vitale d'une humanité qui recherche honnêtement son bien terrestre et éternel. Tout cela, la femme véritablement femme le comprend parfaitement. Ce qu'elle ne comprend pas, ni ne peut comprendre, c'est que par politique on entende la domination d'une classe sur les autres, la visée ambitieuse d'une extension toujours plus grande de la domination économique et nationale, quelque raison qu'on invoque. Elle sait que pareille politique ouvre la route à la guerre civile sourde ou déclarée, à la charge toujours plus lourde des armements et au danger permanent de guerre. Elle sait par expérience que cette politique tourne de toute façon au préjudice de la famille, qui doit la payer chèrement de ses biens et de son sang. C'est pourquoi nulle femme sage n'est favorable à une politique de lutte de classes ou de guerre. Sa marche à l'urne électorale est une marche de paix. Ainsi donc, dans l'intérêt et pour le bien de la famille, la femme entreprendra cette marche et refusera toujours son vote à toute tendance, d'où qu'elle vienne, qui voudrait assujettir à de cupides égoïsmes de domination la paix intérieure et extérieure du peuple.

Courage donc, femmes et jeunes filles catholiques ! Travaillez sans relâche et sans vous laisser jamais décourager par les difficultés et les obstacles. Soyez, sous l'étendard du Christ-Roi, sous le patronage de la Mère admirable, Reine des mères, les restauratrices du foyer, de la famille, de la société.

Que descendent sur vous abondamment les grâces divines, en gage desquelles Nous vous donnons, avec toute l'affection de Notre coeur paternel, la Bénédiction apostolique.

ALLOCUTION A DE NOUVEAUX REPRÉSENTANTS DE L'U. N. R. R. A.

(22 octobre 1945)

1

Le Saint-Père a adressé les paroles suivantes à de nouveaux représentants de l'U. N. R. R. A. venus lui faire visite ce 22 octobre :

Nous Nous souvenons avec plaisir de la visite que votre directeur général, M. Lehman, Nous a rendue il y a quelques mois ; ce n'est pas une moindre joie pour Nous d'adresser aujourd'hui un mot de bienvenue à ses assistants compétents et dévoués. Nous avons suivi les activités de votre admirable association avec un très vif intérêt et de grands espoirs. C'est une chose admirable, n'est-il pas vrai, de voir des nations qui diffèrent les unes des autres à bien des égards, unies dans un travail d'amour fraternel, mettant en commun leurs ressources afin de porter aide et secours aux victimes d'une guerre impitoyable. Votre entreprise est la plus admirable qui soit par son ampleur et par sa charité qui embrasse tout. Les différences de race, de couleur ou de convictions politiques ne cachent pas la vérité qui fait voir tous les hommes comme des membres d'une grande famille en Dieu.

Mais la noble beauté de votre entreprise comporte aussi un côté prosaïque et de nombreux problèmes ennuyeux. Les meilleures des entreprises humaines rencontrent des obstacles et dans plus d'un cas n'atteignent pas l'idéal qu'on s'était proposé et les espoirs qu'on avait conçus. Nous le savons bien. Cela est vrai en tous temps, mais spécialement dans la désolation consécutive à la guerre ou à des catastrophes naturelles qui submerge les peuples, Nous sommes Nous-même littéralement assailli, comme Nous le sommes aujourd'hui par des milliers de pitoyables appels à l'aide. Et peu 'd'hommes soupçonnent combien Notre coeur paternel souffre 'd'une incapacité à alléger toutes les souffrances et tous les soucis des hommes comme Nous le désirerions. Il est tout à fait normal qu'ils attendent assistance du Père commun. Mais Nos ressources sont si limitées ; malgré tous Nos efforts, Nous sentons combien peu de chose est fait en comparaison des énormes besoins. Vous pouvez drainer une source infiniment plus importante et plus profonde même si cette source est limitée et peut-être parfois vous laisse les mains vides en présence d'enfants qui ont faim. C'est là un stimulant supplémentaire pour tous à se redonner à une tâche qui est au service de tout ce qui est le meilleur dans la nature humaine ; le Seigneur du ciel et de la terre les bénira pour ce qu'ils ont fait au plus petit de ses enfants qu'il aime d'un éternel amour. Que ses faveurs les plus choisies descendent sur toutes les nations dont la générosité a rendu votre association possible. Nous implorons la durable bénédiction de Dieu sur vous-mêmes en particulier et sur tous les êtres chers que vous avez laissés à la maison.

RADIOMESSAGE AUX FIDÈLES D'ARGENTINE

(28 octobre 1945

Ce radiomessage a été adressé aux catholiques argentins réunis à Buenos Aires pour le centenaire de la fondation de l'Apostolat de la Prière dans leur pays et la consécration de l'Argentine au Sacré Coeur de Jésus.

Rappels de chers souvenirs.

Très chers fils de la République argentine qui, réunis en la splendide ville de Buenos Aires, commémorez le centenaire de l'Apostolat de la Prière par la consécration de votre patrie au Sacré Coeur de Jésus, bien souvent, grâce à l'aimable disposition de la divine Providence, Nous vous avons adressé la parole : une fois de près, dans une occasion inoubliable, d'autres fois de loin, au moyen des ondes voyageuses. Vous comprendrez donc Notre joie au moment de le faire encore, maintenant qu'aux imposantes manifestations de votre foi et de votre amour à l'égard du Très Saint Sacrement de l'autel, vous ajoutez avec grandeur l'acte magnifique d'aujourd'hui, journée grandiose et sainte, dies sanctificatus est Domino Deo nostro (n Esdras, 8, 9).

Plus d'une fois aussi Nous avons eu l'occasion de rappeler le centenaire de cette chère et vaillante milice de la gloire de Dieu qu'est l'Apostolat de la Prière ; mais jamais, comme en votre cas, Nous n'en avons vu la commémoration se traduire sous Nos yeux en résultats plus abondants et plus beaux.

La République argentine, la grande nation américaine, le pays des solennels triomphes eucharistiques est à présent et pour toujours consacrée au divin Coeur !

Notez, de plus, cette providentielle coïncidence : c'est justement en la solennité du Christ-Roi, lors de la clôture de ces incomparables manifestations de piété eucharistique du parc de Palermo, que Dieu voulut Nous faire goûter avec vous, que Nos dernières paroles furent précisément pour chanter la royauté du Christ. « Il agréera — disions-Nous en terminant — nos prières et nos supplications ; il régnera dans toutes les âmes et son règne n'aura pas de fin. » Et aujourd'hui vous ne faites que réaliser définitivement votre résolution d'instaurer le règne de Jésus-Christ, de sa loi et de son amour au milieu de votre peuple. Car une nation consacrée au divin Coeur n'est ni plus ni moins qu'un peuple aspirant à ce que l'amour de Jésus-Christ règne chez lui et résolu à mettre ce désir en pratique.

Le fossé qui divise le monde en deux camps se fait chaque jour plus large et plus profond. L'ardeur toujours croissante de l'amour chez les uns et de la haine chez les autres désagrège et dissout plus puissamment chaque fois la tiédeur des zones moyennes. D'un côté, ceux qui nient Dieu, ceux qui prêchent la lutte entre les hommes, ceux qui ne sont jamais rassasiés de grandeur et de domination, ceux qui veulent allumer de toutes parts la flamme de la haine et de la dévastation ; de l'autre, ceux qui respectent la sainte loi de Dieu, ceux qui aspirent à une vie de charité, ceux qui font place en leur coeur à tous les peuples, ceux qui désirent porter dans le monde entier l'Evangile de l'amour. Là, ceux dont les appétits sont insatiables, car ils n'attendent de biens que ceux de la terre ; ici, ceux qui sont vite satisfaits, car ils ne recherchent les choses d'ici-bas que comme une échelle pour monter au ciel.

Quant à vous, dignes fils de la République argentine, vous avez écrit toute votre histoire sous le signe de Jésus-Christ. Mais aujourd'hui, en cette heure solennelle, suivant fidèlement l'exemple de tant de nations, vos soeurs de langue et de sang, et de la grande mère de 1'« Hispanité » elle-même, vous avez décidé de vous élancer à l'avant-garde, au poste de ceux qui ne sont satisfaits qu'après avoir tout donné. « Soucie-toi de mon honneur et de mes affaires », dit un jour Notre-Seigneur à l'un de ses confidents, exprimant ainsi l'idéal de la consécration, « et mon Coeur se souciera de toi et des tiennes ».

Le sens de la consécration.

Jusqu'à hier, donc, vous pouviez dire que vous apparteniez encore à vous-mêmes. A partir d'aujourd'hui, vous êtes d'une manière spéciale à Jésus-Christ, vos autem Christi (1Co 3,23). Jusqu'à hier, vous disposiez de votre activité et de votre liberté, de vos forces et de vos biens extérieurs, de votre coeur et de votre âme. A partir d'aujourd'hui, tout cela est offert au divin Coeur qui veut établir son règne d'amour dans tous les coeurs, détruire et anéantir le règne de Satan. Cependant, en retour, dès maintenant, chose vraiment merveilleuse, vos entreprises comme vos intérêts, vos intentions comme vos résolutions, il les fait siens. Quant à vous, goûtant par anticipation les dons qui sont du ciel, en vous abandonnant totalement à lui et à son très doux empire, vous pourrez jouir de ce paradis de paix qui rend indifférent à tout le reste, car, comparé à lui, tout paraît méprisable.

Le pas, catholiques argentins, le grand pas est fait. Vous voici les heureux témoins et acteurs de cet événement historique. Voici, placé à votre tête, votre vénérable épiscopat, qui vous fera comprendre que la consécration est un acte officiel de l'Eglise. Voici enfin que vient de retentir la voix autorisée de votre très digne cardinal primat, interprète, une fois de plus, du plus profond sentiment de l'âme nationale argentine. Il y a quinze jours à peine, vous avez offert au pied de l'autel du divin Coeur vos enfants, bourgeons qui, demain, seront des fleurs. Dimanche dernier, vous avez consacré devant le même trône vos familles, solide ciment de tout l'édifice social. Aujourd'hui, c'est la nation tout entière qui est agenouillée, en cette heure ténébreuse de l'histoire du monde, au moment où nous voudrions nous réjouir de voir la fin de la tourmente, sans y parvenir cependant, tant que la bonté ne s'épanouira pas généreuse, franche et sincère ; aujourd'hui, vous consacrez au Très Sacré Coeur de Jésus, votre patrie, aussi riche de réalités que de promesses, afin de rendre hommage à Celui qui est digne de tout honneur, d'implorer le don précieux et si rare de la paix et d'obtenir l'union fraternelle de tous les peuples.

Le grand pas est fait. Il ne vous reste plus qu'à être fidèles au pacte conclu ; et si, par l'intégrité de la vie chrétienne, par l'exercice de la charité mutuelle, de la soumission et de l'amour envers la sainte Mère l'Eglise, vous vivez sincèrement votre consécration, Celui qui jamais ne se laisse vaincre en générosité saura vous rendre nobles et grands devant Dieu et devant les hommes. Une âme, une nation, consacrées au Coeur de Jésus, doivent être comme un holocauste parfait placé sur un autel. Que Nos mains, ointes du sacerdoce suprême, soient aujourd'hui celles qui présentent cette victime, puisqu'elles se lèvent en une fervente prière : Recevez, ô très doux Coeur, cette hostie que Nous vous offrons, et que le parfum de son sacrifice rende vos yeux propices à tous et à chacun des fils de ce peuple. Faites que les flammes qui jaillissent de votre blessure pénètrent tous leurs coeurs, qu'elles les brûlent et les embrasent de telle sorte qu'à partir d'aujourd'hui et pour toujours ils ne trouvent leurs délices qu'en vous, qu'ils consument toute leur vie à votre service et qu'un jour, au milieu des splendeurs de votre gloire, ils reçoivent la récompense réservée à vos élus.

En gage de ces grâces, Nous vous donnons aujourd'hui, avec plus d'affection que jamais, Notre Bénédiction apostolique à vous tous, Nos frères dans l'épiscopat qui avez la charge de tant d'âmes et de tant d'intérêts divins, à votre Apostolat de la Prière qui avec un zèle remarquable a su organiser de si brillantes cérémonies, à tout le très cher clergé et peuple argentin, toujours préféré de Notre coeur de Pasteur et de Père.


Pie XII 1945 - LETTRE AU SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION