Pie XII 1946 - DISCOURS AUX PARTICIPANTS A LA XXIXe CONGRÉGATION GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ DE JÉSUS


DISCOURS AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE L'ORDRE DES DOMINICAINS

(22 septembre 1946)1

1 D'après le texte latin des A. A. S., 38, 1946, p. 385 ; cf. la traduction française des Actes de S. S. Pie XII, t. VIII, p. 178.

Au T. R. P. Suarez et aux participants au chapitre général des Dominicains, le pape a adressé un important discours où il a recommandé aux fils de saint Dominique la persévérance dans la paix, l'assiduité à l'étude et le zèle dans la prédication.


Il sied, religieux Dominicains, que Nous vous accueillions d'un coeur joyeux et affectueux, vous qui tenez ici, à Rome, le Congrès ou Chapitre général régulier de votre famille religieuse. Nous en suivons attentivement le développement et les travaux, et Nous ne doutons pas qu'il produira les résultats et les bons fruits souhaités, grâce auxquels votre ordre, sa discipline raffermie et ses forces augmentées, assurera de plus en plus d'utiles triomphes à l'Evangile. Que cela doive arriver conformément à cette pensée, le nouveau maître général que vous avez élu Nous en donne l'espérance. Nous sommes donc heureux de le saluer ici présent ; Nous sommes également heureux de reconnaître publiquement les nombreux mérites acquis par Notre cher Fils Martin Gillet, au cours des longues années de son généralat parmi vous 2.

2 Le Rme P. Martin-Stanislas Gillet a été nommé archevêque titulaire de Nicée le 30 septembre et sacré à Rome le 10 novembre 1946.


Les conseils du Saint-Père :

En songeant et en réfléchissant à ce que Nous pourrions vous dire d'opportun et d'utile dans Notre allocution, quelques mots contenus dans vos Constitutions ont frappé Nos yeux ; vraiment, ils Nous paraissent dignes d'être médités : In pace continui, in studio assidui, in praedicatione ferventes, « unis dans la paix, assidus à l'étude, zélés dans la prédication » 3. Formule courte, mais maxime élevée ; phrase brève, mais importante par la gravité des préceptes ; il y a là, en effet, la lumineuse indication des principales vertus qui seront de garant, le but, l'étoile du glorieux chemin suivi par l'heureuse et chère famille de saint Dominique.


a) la persévérance dans la paix

Persévérants dans la paix. Nous ne parlons pas d'une paix mensongère, 'difficile à obtenir, facile à perdre, remplie d'embûches. Nous voulons dire la paix vraie, solide, sincère, qui est fille de la charité et source de sainte allégresse, ainsi que l'assure l'oracle divin : Pax multa diligentibus legem tuam, « il y a une grande paix pour ceux qui aiment ta loi... » (Ps 118,165), et : Qui autem pacis ineunt consilia, sequitur eos gaudium, « la joie est pour ceux qui conseillent la paix » (Pr 12,20).

Cette sorte de paix est le plus beau don du Christ que le monde ne peut ni nous donner ni nous arracher, mais qu'il peut seulement nous envier vainement ; bien plus, la paix, c'est le Christ lui-même : Ipse enim est pax nostra, « car lui-même est notre paix » (Ep 2,14), c'est-à-dire, c'est le Christ qui habite en nos coeurs et les anime, c'est à lui que nous appartenons si nous vivons comme il convient. Mais comme la paix résulte de l'ensemble harmonieux de vertus agissantes, efforcez-vous toujours plus généreusement de soumettre le corps à l'âme et l'âme à Dieu, et ainsi, épanouis par les effets de la grâce évangêlique, vos désirs et vos pensées plairont aux anges et vos oeuvres aux hommes. Que soit écarté de vous tout ce qui peut troubler la concorde fraternelle, qui convient souverainement aux religieux qu'elle enrichit et orne d'une douce sagesse. Que l'autorité soit parmi vous un secours fidèle ; que la soumission soit un perpétuel holocauste; que votre vie resplendisse aux yeux des autres comme une règle vivante et un remarquable exemple de profession chrétienne.

3 N. 452.

b) l'assiduité à l'étude

Assidus à l'étude. Votre paix n'est pas un indolent repos ; elle comporte, au contraire, une activité qui égale en grandeur et en importance toute autre carrière. Car c'est votre spécialité de briller dans l'étude de la doctrine et, en particulier, de vous enrichir toujours davantage dans la connaissance plus approfondie des sciences divines, de méditer, d'exposer, de défendre les vérités révélées. Que chacun de vous puise donc un stimulant pour acquérir une science plus abondante, qui n'exclut pas la sainteté des moeurs, dans ces sages exhortations de saint Jérôme : « Que jamais le livre ne quitte ta main ni tes yeux ne quittent le livre ; que le psautier soit appris par coeur ; que l'oraison soit ininterrompue ; que l'attention soit en éveil et fermée aux vaines pensées ; que le corps comme l'âme soit tendu vers le Seigneur 4. »

Vous qui avez toujours accordé la principale place à l'étude de la théologie et de la philosophie, vous avez le droit de revendiquer pour vous une gloire particulière ; vous avez donné à l'Eglise saint Thomas d'Aquin, le Docteur commun de ces sciences dont l'autorité est unique en son genre, aussi bien pour l'instruction des jeunes étudiants que pour guider la marche des chercheurs de vérités cachées. Cette autorité est reconnue d'une façon absolue dans le Code même de droit canonique : « Que les professeurs, en ce qui concerne l'étude de la philosophie naturelle et de la théologie et l'enseignement de ces matières aux élèves, suivent en tous points la méthode, la doctrine et les principes du Docteur angélique, et qu'ils se fassent un devoir de conscience d'y tenir 5. »

Nous avons dit ailleurs 6, suivant en cela les conseils et les traces de Nos prédécesseurs, quel grand cas il fallait faire de cette prescription. A ce propos, il semble que maintenant on doive attacher moins d'importance aux questions sur lesquelles l'Eglise a constamment permis la liberté d'opinion et de discussion sous la direction et le contrôle du magistère ecclésiastique, et qui font, quelle que soit leur portée, l'objet de recherches ou de controverses philosophiques et théologiques. C'est pour cette raison qu'il y a lieu aujourd'hui de parler moins des opinions et des doctrines qui concernent les sciences physiques et naturelles, propres et particulières au temps passé, comme aussi de leurs conséquences, attendu que les inventions et les découvertes contemporaines dans les sciences humaines dépassent et surpassent ces opinions ; quant aux découvertes et inventions modernes, l'Eglise les favorise, loin de s'y opposer ; elle les promeut, loin de les craindre.

4 S. Jérôme, Ep. CXXV, ad Rusticum, n. 11 ; Migne, P. L., t. 22, col. 1078.
5 Can. CIS 1366, § 2.
6 Discours aux élèves des séminaires de Rome, 24 juin 1939 ; cf. Documents Pontificaux 1939, pp. 152-155.

Mais il s'agit ici des fondements mêmes de l'immortelle philosophie et de la théologie, que toute méthode et toute discipline catholiques de fait et de nom reconnaissent et respectent ; il s'agit de la science et de la foi, de leur nature et de leurs rapports mutuels ; il s'agit de la base même de la foi, qu'aucun jugement critique ne peut ébranler ; il s'agit des vérités révélées par Dieu, sur lesquelles l'esprit humain est capable d'acquérir par l'étude des notions certaines et d'en déduire rationnellement d'autres vérités. En un mot, il s'agit de savoir si l'édifice que saint Thomas d'Aquin a construit avec des éléments réunis et rassemblés par-delà et par-dessus tous les temps et que lui fournirent les maîtres de toutes les époques de la sagesse chrétienne, repose sur une base solide, conserve toujours sa force et son efficacité, s'il protège encore maintenant d'une manière efficace le dépôt de la foi catholique et s'il est également pour les progrès nouveaux de la théologie et de la philosophie d'un usage et d'une direction assurés.

Cela, l'Eglise, certes, nous l'assure, quand elle se dit convaincue qu'on peut en toute sécurité suivre cette voie pour connaître et affermir la vérité. C'est pourquoi, dans la constitution apostolique Deus scientiarum Dominus du 24 mai 1931, elle confirme la prescription du Code de droit canonique, rappelée ci-dessus. Il faut que la philosophie soit exposée, y est-il prescrit en cet endroit, « de manière que les auditeurs possèdent une synthèse complète et cohérente de la doctrine, suivant la méthode et les principes de saint Thomas d'Aquin » ; et en théologie, « les vérités de la foi étant exposées et prouvées par la Sainte Ecriture et par la Tradition, la nature même de ces vérités et leur raison profonde doivent être recherchées et expliquées suivant les principes et la doctrine de saint Thomas d'Aquin » 7.

Article 29.


Au besoin, il ne sera pas difficile, ainsi que le prouvent l'expérience et l'usage, de traduire pour les laïques en un clair langage moderne et d'expliquer par une paraphrase certaines formules dites techniques qui, d'ordinaire, sont obscures aux personnes non initiées à cette discipline.

Comme ces prescriptions ont valeur de loi en vigueur dans toutes les écoles catholiques de philosophie et de théologie, Nous espérons d'autant plus de vous que, non seulement dans votre conduite extérieure, mais encore dans votre façon intime de juger et dans vos études, vous vous soumettrez à ces règles sublimes qui concernent la doctrine catholique dans son ensemble et également ce qui a trait au droit et à l'ordre social.

Feuilletez assidûment les livres relatifs aux institutions, aux lois, à l'histoire de la religion ; pesez et scrutez avec sagacité tout ce qu'apportent les temps nouveaux et faites-le servir au profit de la science sacrée. Que votre paix, amie et compagne d'une calme activité, resplendisse du reflet des vérités célestes, à l'instar d'un lac tranquille qui, situé au milieu des montagnes et entouré de sapins, réfléchit l'image azurée de la voûte céleste.

Nous ne voulons pas non plus passer sous silence une chose qui Nous tient grandement à coeur : il faut continuer avec un nouveau zèle l'édition léonienne des oeuvres de saint Thomas d'Aquin. Il s'agit, en effet, d'une entreprise qui constituera pour vous un magnifique titre de gloire et pour les sciences philosophiques et théologiques, dont le Docteur angélique reste toujours le maître par excellence et la lumière toujours brillante, un monument immortel et digne un jour d'être admiré.

c) le zèle dans la prédication.

Zélés dans la prédication. La prédication, très chers fils, est un grand mystère. La foi est, en effet, le salut du genre humain ; or, la prédication engendre la foi, ainsi qu'il est écrit : Fides ex auditu, « la foi naît de la prédication » (Rm 10,17). Il y a étroite relation, admirable rapprochement et parenté entre l'Incarnation du Verbe divin et la prédication. Le disciple du Christ, tout comme la très Sainte Vierge Marie, offre, remet, donne aux hommes le Christ ; il est porte-Christ. La Vierge Marie, Mère de Dieu, a revêtu le Christ de membres, le héraut de l'Evangile le revêt du corps aérien des mots : d'un côté comme de l'autre, c'est la Vérité qui enseigne aux hommes, qui les éclaire et les préserve du malheur ; la manière est différente, la vertu est la même.

Or, cet honneur maternel, cette gloire, cette dignité vous sont propres en vertu de votre nom particulier. Restez fidèles à votre nom, réalisez votre profession ; que personne, par indolence ou par crainte, ne s'abstienne de la tâche de la prédication.

Bien plus, il vous appartient de surpasser tous les autres dans ce ministère. Que votre parole soit chez vous toujours d'accord avec votre vie ; ce que vous enseignez, illustrez-le par l'exemple. Bien qu'il faille apprendre et cultiver utilement les lettres profanes, de peur que la parole de Dieu ne soit privée des ornements qui lui sont dus, la force céleste de la parole divine réside cependant dans la grâce du Saint-Esprit, obtenue par les prières et les bonnes oeuvres. « C'est ainsi qu'agit l'orateur chrétien lorsqu'il parle de choses justes, de choses saintes, de choses vertueuses, car il ne doit pas traiter d'autre sujet. Il fait donc tout ce qu'il peut faire, lorsqu'il traite de ces choses, de manière à être compris, apprécié, obéi. Et qu'il soit bien convaincu que, s'il le peut et autant qu'il le peut, il y parvient davantage par la ferveur de ses prières que par les ressources de l'éloquence, et qu'il doit, par conséquent, en priant pour lui et pour ceux à qui il va parler, être priant avant d'être prédicateur. » 8

Telles sont les trois recommandations qui doivent faire l'objet de vos constantes pensées et préoccupations si vous voulez être de nom et de fait des religieux Dominicains : la paix, l'étude de la doctrine, la prédication ; trois recommandations qui ne doivent pas être disjointes les unes des autres, mais unies et conjuguées ; non aimées séparément, mais simultanément. Fortifiés par dies, honorez votre profession, secondez Notre ministère, venez au secours du monde bouleversé. Sit vobiscum gratia, misericordia, pax a Deo Patre et a Christo Iesu Filio Patris in veritate et caritate, « la grâce, la miséricorde et la paix soient avec vous de la part de Dieu le Père et de la part de Jésus-Christ, le Fils du Père, dans la vérité et la charité » (2Jn 1,3).

En vous souhaitant de tout coeur ces grâces, Nous vous donnons affectueusement Notre Bénédiction apostolique.


DISCOURS AUX OUVRIERS CHRÉTIENS ITALIENS

(29 septembre 1946)1

Aux 700 membres du premier congrès national des associations de travailleurs italiens, le Saint-Père a recommandé trois fidélités : à Dieu, à l'Eglise et à la patrie.


C'est avec une paternelle affection que Nous vous souhaitons la bienvenue, chers fils et filles, et que Nous saluons en vous de nombreux milliers de travailleurs et de travailleuses catholiques que vous représentez et pour le plus grand bien desquels vous êtes rassemblés, ces jours-ci, en votre premier congrès italien. Vous savez qu'il Nous est toujours agréable de vous voir réunis autour de Nous dans la maison du Vicaire du Christ.

Vous êtes venus ici de toutes les régions du beau ciel d'Italie pour implorer la bénédiction du Père commun sur vous et sur vos délibérations. Nous vous la donnons volontiers. Que cette bénédiction soit un signe et une source de force pour la triple et solennelle promesse de fidélité qui doit couronner votre congrès de Rome : promesse de fidélité à Dieu, à l'Eglise, à la patrie.

Fidélité à Dieu.

Soyez fidèles à Dieu ! En ces sombres temps de décadence spirituelle et morale, vous devez, en premier lieu, vous prosterner chaque jour devant votre Créateur et Seigneur tout-puissant, dans l'humilité et dans la prière, et accomplir consciencieusement vos devoirs religieux. Ayez le courage de ne pas donner votre adhésion et votre collaboration là où l'on méprise et foule aux pieds les lois de Dieu, les sains principes, la dignité humaine. Vous expérimenterez combien la fidélité à Dieu vous rendra vaillants dans la marche en avant, sans peur en face des dangers, insensibles aux menaces, forts dans la souffrance, invincibles dans la lutte pour la défense de la justice, inaccessibles à la peur, afin de ne pas succomber dans la vie privée et dans 'la vie publique aux séductions, aux ruses, aux courants auxquels un catholique à la foi solide ne peut donner son assentiment. Vous pouvez et devez être, au contraire, le levain qui pénètre dans les masses ouvrières pour les transformer et les vivifier de la pensée et des vertus chrétiennes.

Fidélité à l'Eglise.

Soyez fidèles à l'Eglise ! Elle ne trompe ni ne déçoit l'attente du peuple. Cette affirmation vaut-elle aussi pour la terrible période à peine close de la dernière guerre mondiale et pour ces temps tourmentés de l'après-guerre ? Que d'erreurs ont été répandues et sont encore diffusées contre l'Eglise et le pape, spécialement parmi les classes ouvrières ! Mais maintenant que les publications et les révélations sur les événements des sept dernières années se sont succédé et se succèdent encore les unes aux autres à un rythme croissant, n'ont-elles pas, consciemment ou non, démenti les monstrueuses calomnies et rendu pleinement justice à l'action de la papauté ? N'ont-elles pas montré dans le Siège apostolique une conduite toujours constante, cohérente, droite ? Cette conduite présente comme principales notes caractéristiques six buts, six fins, vers lesquels le Siège apostolique a dirigé, parfois contre toute espérance, tous ses efforts : empêcher la guerre, abréger la guerre, tenir à l'écart de la guerre les nations qui, comme l'Italie, s'en étaient gardées au début, sauver des massacres et des souffrances les personnes, et des destructions les cités, remédier aux désastreuses conséquences de l'atroce guerre, au-dessus de toutes les haines et de tous les conflits, par la plus noble contribution de secours charitables, favoriser et élever les conditions spirituelles et matérielles des masses laborieuses.

Non. L'Eglise ne trompe ni ne déçoit l'attente du peuple. Elle a proclamé et diffusé son message social, non pour obtenir d'éphémères avantages, mais pour accomplir le précepte du Christ, son regard voyant loin, dans l'intérêt de tous les peuples. Le passé a justifié le programme social de l'Eglise, et l'avenir fournira un nouveau témoignage de la vérité et de l'équité sur lesquelles il est solidement fondé.

Fidélité à la patrie.

Soyez fidèles à la patrie ! L'Italie, en cette heure critique, est comme un navire battu par la tempête ; mais si elle est déchue dans son économie, si elle est blessée dans sa chair vive, elle n'en reste pas moins fière des trésors inappréciables qu'elle n'a pas encore perdus et qu'elle défend avec une indomptable énergie. En de tels moments, une seule chose est nécessaire : que chacun accomplisse son devoir et que tous fassent cause commune en s'aidant mutuellement. Unissez-vous, chers fils et filles, contre tout ce qui est grossier égoïsme, trouble de l'ordre public, violence et révolte, propagande de haine. Votre patrie a besoin de la coopération de tous les hommes bons, honnêtes, courageux, capables, même s'ils viennent de camps politiques différents ; elle a besoin d'un travail infatigable, fruit d'abnégation, de patience et de constance tenace. Voilà ce que l'Italie attend de vous et que vous devez être fiers de donner à votre pays, comme de loyaux citoyens et des catholiques exemplaires.

Afin que le Seigneur féconde abondamment de sa grâce votre résolution et votre action, Nous appelons sur vous, chers fils et filles, sur vos compagnons de travail, sur vos organisations, sur vos familles, sur toutes les personnes qui vous sont chères, les plus précieuses bénédictions du ciel.



A LA ROTE

1 D'après le texte italien des A. A. S., 38, 1946, p. 391 ; cf. la traduction française des Actes de S. S. Pie XII, t. VIII, p. 186.

(6 octobre 1946)1

Lors de la réception des membres du tribunal de la Rote romaine à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire, le pape a continué l'exposé qu'il avait commencé l'année précédente de la comparaison entre la procédure ecclésiastique et la procédure civile.


Voici qu'une année s'est déjà écoulée, chers fils, depuis que Nous vous vîmes pour la dernière fois réunis autour de Nous ; une année de labeur intense pour vous, spécialement dans le champ des causes matrimoniales. Continuant l'étude commencée dans Notre précédent discours 2, Nous saisissons aujourd'hui l'occasion qui Nous est offerte de revenir encore une fois sur cette matière qui constitue la partie principale de votre activité et dont a parlé aussi votre vénérable doyen dans son rapport habituel 3.

2 Cf. Documents Pontificaux 1945, pp. 228 et suiv.
3 La veille de l'audience, les membres et le personnel du tribunal de la Rote avaient assisté, dans la chapelle Pauline, au Vatican, à la messe du Saint-Esprit, célébrée par Mgr Felice Agostino Addeo, évêque titulaire de Traianopolis de Phrygie. A l'audience même, S. Exc. Mgr André Jullien, doyen de la Rote, souligna, dans son adresse d'hommage filial au pape, que le tribunal romain avait, durant l'année, accordé la gratuité de la procédure pour la moitié des causes jugées. Il rappela également les attaques dont le mariage chrétien était l'objet presque dans tous les pays, ainsi que les effets désastreux de la guerre sur le lien conjugal et la stabilité de la famille. Il fit ensuite hommage au pape du XXXe volume de la collection S. Romanae Rotae decisiones.


Nous avons commencé l'année dernière à parler de la différence qui existe entre la procédure ecclésiastique et la procédure civile. Ayant, en effet, examiné la distinction fondamentale, au point de vue de leur origine et de leur nature, des deux pouvoirs suprêmes, dont le pouvoir judiciaire est une importante et nécessaire fonction, Nous en avons déduit une différence essentielle également entre les deux procédures judiciaires, malgré les multiples ressemblances qui se rencontrent dans l'une et dans l'autre.

Différence entre la procédure ecclésiastique et la procédure civile provenant de l'objet propre à chacune.

On arrive à la même conclusion, si l'on confronte l'objet propre de chacune. Là encore se trouvent des éléments et des traits communs. En vérité, dans les deux sociétés parfaites, la sauvegarde du bien commun exige que les droits et les biens de leurs membres puissent être reconnus, garantis, récupérés par la voie judiciaire. En outre, ces droits et ces biens sont en partie les mêmes dans l'Eglise et dans l'Etat. De fait, l'Eglise elle aussi est une société visible, dont la vie est nécessairement attachée à un mode physique d'être, aux conditions d'espace et de temps dans lesquelles l'homme vit. Mais, d'un autre côté, il y a des droits et des biens tellement spéciaux et propres à la juridiction ecclésiastique, qu'en raison de leur nature ils ne sont pas et ne peuvent être l'objet du pouvoir judiciaire de l'Etat.

I La défense de la foi catholique.

Parmi les biens que les tribunaux ecclésiastiques (aussi bien ceux des Ordinaires de lieux que du Saint-Siège) ont, au cours de l'histoire, défendus parfois durement, on doit signaler la foi elle-même, fondement de toute la vie surnaturelle. Le tribunal pour la défense de la foi catholique est donc un organe légitime du pouvoir judiciaire dans l'Eglise, en tant que cette dernière est une société religieuse parfaite. Son rôle est de répondre juridiquement à toute attaque qui vise à atteindre un de ses biens les plus vitaux et les plus importants. Les délits d'hérésie et d'apostasie n'ont pu et ne peuvent laisser l'Eglise indifférente et inerte. Sans doute, au cours des siècles, le tribunal chargé de la défense de la foi a pu prendre des formes et des méthodes qui n'étaient pas exigées par la nature même des choses, mais qui s'expliquent à la lumière des circonstances historiques particulières ; il serait toutefois faux de vouloir en tirer un argument contre la légitimité du tribunal lui-même.

Nous n'ignorons pas que le seul nom de ce tribunal heurte le sentiment de beaucoup d'hommes de notre temps. Ce sont ceux dont la pensée et le sens intime se trouvent fascinés par une doctrine qui, rejetant toute idée de surnaturel et de révélation, attribue à la raison humaine le pouvoir de comprendre à fond le monde, la prérogative de dominer toute la vie et, par conséquent, exige en cela la pleine indépendance de l'homme de n'importe quel lien de subordination. Nous connaissons les sources, les partisans, les progrès de cette doctrine ; Nous savons son influence sur la vie intellectuelle, morale et sociale, sur l'économie et sur la politique ; Nous connaissons également ses péripéties au cours de l'histoire des derniers siècles, spécialement des cent dernières années. Ses représentants font appel au principe de « la liberté de conscience », au principe de « la tolérance » dans les matières qui concernent la vie spirituelle, surtout religieuse. Toutefois, trop souvent, à peine ont-ils eux-mêmes conquis le pouvoir, qu'ils n'ont rien de plus pressé que de violenter les consciences, d'imposer à la partie catholique de leur peuple un joug oppresseur, spécialement en ce qui regarde le droit des parents dans l'éducation de leurs enfants 4.

S'il peut paraître à la conscience moderne que la répression des délits dommageables pour la foi a parfois, dans les siècles passés, dépassé les justes limites, par contre, la société d'aujourd'hui montre généralement à ce point de vue une insensibilité et une indifférence excessives. Les contacts toujours plus fréquents et le mélange confus des diverses confessions religieuses au sein d'un même peuple ont amené les tribunaux civils à suivre le principe de « la tolérance » et de la « liberté de conscience ». Il y a aussi une tolérance politique, civile et sociale à l'endroit des fidèles des autres religions qui, en ces sortes de circonstances, est également pour les catholiques un devoir moral.

4 A l'occasion du procès inique fait à Mgr Stépinac, archevêque de Zagreb, par le gouvernement yougoslave communiste, le pape souligne avec preuves à l'appui que l'Eglise réprouve formellement les conversions forcées au catholicisme, et que ni le Saint-Siège ni l'épiscopat croate n'ont admis et approuvé les conversions du genre de celles qu'on reproche sans aucune preuve à Mgr Stépinac.


L'Eglise ne force personne à embrasser la foi catholique. Les prétendues conversions forcées en Croatie.

L'Eglise elle-même, dans le canon CIS 1351 du Code de droit canonique, a donné force de loi à la maxime : Ad amplexandam fidem catholicam nemo invitus cogatur, « personne ne doit être forcé à embrasser la foi catholique contre sa volonté ». Ce canon reproduit les paroles mêmes de Notre grand prédécesseur Léon XIII dans l'encyclique Immortale Dei, du 1er novembre 1885. Il est l'écho fidèle de la doctrine enseignée par l'Eglise depuis les premiers siècles du christianisme. Qu'il Nous suffise de citer le témoignage de Lactance, écrit vers les années 305-310 : « ... Il n'est pas besoin de violence et d'injustice, parce que la religion ne peut être imposée de force ; il faut user plutôt de paroles que de coups, afin d'obtenir ce qu'on veut... C'est pourquoi personne n'est retenu par nous malgré lui ; celui qui manque de dévotion et de foi est inutile devant Dieu... Rien n'est si volontaire que la religion ; si l'âme du sacrifiant y fait défaut, la religion elle-même a déjà disparu, elle est déjà inexistante... » 5

Si, par conséquent, il y a peu de jours, selon les nouvelles données par la presse, le ministère public a affirmé, dans un procès scandaleux, que le pape avait approuvé aussi « lesdites conversions forcées » et cela, ce qui serait encore plus grave, pour des fins d'impérialisme national, Nous avons le droit et le devoir de repousser une accusation aussi fausse. Et afin que Notre assertion ne manque pas d'être sérieusement documentée, Nous croyons opportun de vous donner lecture d'un mémorandum de Notre Secrétairerie d'Etat, daté du 25 janvier 1942, qui constitue une réponse à une demande de la légation yougoslave auprès du Saint-Siège au sujet du mouvement des conversions, mouvement dans lequel, du reste, comme la légation elle-même l'a expressément reconnu, ni le Saint-Siège ni l'épiscopat catholique croate n'ont eu aucune part.

Voici donc le texte de ce mémorandum6 :

5 Divinae institutiones, I. 5, c. 19 ; Corpus Script. Eccles. Lat., vol. XIX, pp. 463-465.
6 Le pape reçut de Mgr Venini, qui se trouvait à ses côtés, le texte français du mémorandum du 25 janvier 1942 tiré des archives de la Secrétairerie d'Etat, et en donna lecture en français.


« Se référant à la note de la légation royale de Yougoslavie près le Saint-Siège, n. 1/42 du 9 janvier courant, la Secrétairerie d'Etat de Sa Sainteté a l'honneur de porter à la connaissance de la même légation ce qui suit :

D'après les principes de la doctrine catholique, la conversion doit être le résultat, non pas de contraintes extérieures, mais de l'adhésion de l'âme aux vérités enseignées par l'Eglise catholique.

C'est pour cela que l'Eglise catholique n'admet dans son sein les adultes qui demandent à y entrer ou à y faire retour qu'à la condition qu'ils soient pleinement conscients de la portée et des conséquences de l'acte qu'ils veulent accomplir.

Par conséquent, le fait que, tout à coup, un grand nombre de dissidents croates demandât à être reçu dans l'Eglise catholique, ne pouvait pas ne pas préoccuper vivement l'épiscopat croate auquel reviennent naturellement la défense et la protection des intérêts catholiques en Croatie.

Loin de prendre acte officiellement, soit explicitement, soit implicitement, de ce fait, il se fit un devoir de rappeler formellement à qui de droit la nécessité que le retour des dissidents pût s'accomplir en toute liberté, et de revendiquer en même temps, pour l'autorité ecclésiastique, la compétence exclusive de donner des ordres et des directives en matière de conversions.

Si un comité épiseopal fut aussitôt constitué avec la charge de traiter et de décider toutes les questions concernant cette matière, cela a été fait précisément dans le but d'obtenir que les conversions fussent, en conformité avec les principes de la doctrine catholique, le fruit de la persuasion et non pas d'une contrainte.

Le Saint-Siège, de son côté, ne négligera pas non plus de recommander et d'inculquer l'observance exacte des prescriptions canoniques et des directives données à ce sujet. »

Pour reprendre maintenant le fil de Notre raisonnement, Nous devons ajouter que le tribunal ecclésiastique, dans l'exercice de sa juridiction, ne peut faire sienne la règle suivie par les tribunaux civils. L'Eglise catholique, comme Nous l'avons déjà dit, est une société parfaite qui a pour fondement la vérité de la foi infailliblement révélée par Dieu. Tout ce qui s'oppose à cette vérité est nécessairement une erreur et on ne peut objectivement reconnaître à l'erreur les mêmes droits qu'à la vérité. De cette façon, la liberté de penser et la liberté de conscience ont leurs limites essentielles dans la véracité de Dieu révélant. Nous disons leurs limites essentielles, si réellement la vérité n'est pas égale à l'erreur et si réellement la saine conscience dans l'homme est la voix de Dieu. Il suit de là qu'un membre de l'Eglise ne peut sans faute nier ou répudier la vérité catholique déjà connue et admise ; et si l'Eglise, après avoir acquis la certitude du fait de l'hérésie et de l'apostasie, le punit, par exemple, en excluant le coupable de la communion des fidèles, elle reste strictement dans le domaine de sa compétence et agit pour la protection, pour ainsi dire, de son droit domestique.


II Compétence de l'Eglise dans les questions et les procès de mariage.

Un autre objet qui fait clairement ressortir la différence entre la procédure judiciaire ecclésiastique et la procédure judiciaire civile, c'est le mariage. Celui-ci est, suivant la volonté du Créateur, une res sacra. C'est pourquoi, quand il s'agit de l'union entre baptisés, il demeure, par sa nature, en dehors de la compétence de l'autorité civile. Mais, même parmi les non-baptisés, les mariages légitimement contractés sont, dans l'ordre naturel, une chose sacrée, de sorte que les tribunaux civils n'ont pas le pouvoir de les dissoudre, et l'Eglise, en pareil cas, n'a jamais reconnu la validité des sentences de divorce. Cela n'empêche pas que les simples déclarations de nullité des mariages eux-mêmes, relativement rares en comparaison des jugements de divorces, peuvent, dans des circonstances déterminées, être justement prononcées par des tribunaux civils, et, partant, être reconnues par l'Eglise.

Il ne fait pas de doute que, concernant les effets purement civils du mariage même entre baptisés, l'autorité civile est juge compétent, ainsi que tous le savent (can. 1016). Mais bien plus ample et profonde est la compétence de l'Eglise dans les questions matrimoniales, parce que c'est d'elle, en vertu de l'institution divine, que dépend surtout ce qui regarde la protection du lien conjugal et de la sainteté des noces.

Vous aussi, chers fils, vous participez à cette compétence, appelés comme vous l'êtes à prononcer vos sentences dans les causes matrimoniales.

Si, au commencement de Notre discours, Nous vous avons exprimé Notre paternelle reconnaissance pour votre activité assidue, particulièrement dans ce domaine, Nous ne pouvons, maintenant, vous cacher Notre préoccupation pour le nombre croissant de ces procès, préoccupation qui, Nous savons, est également la vôtre, ainsi que les considérations exposées par votre digne interprète Nous l'ont nettement manifesté tout à l'heure.

Les procès matrimoniaux en instance devant votre tribunal ne sont-ils pas un indice et ne donnent-ils pas la mesure de la dissolution progressive de la vie conjugale, dissolution qui menace d'empoisonner et de corrompre aussi les moeurs des populations catholiques ? Au développement d'un si funeste désordre, les deux guerres mondiales, mais la seconde incomparablement plus que la première, ont largement contribué. Nul ne peut rester froidement insensible en face de cette tragédie qui traîne encore derrière elle ses lamentables conséquences, ni à la pensée des millions de jeunes époux qu'une séparation forcée a tenus éloignés les uns des autres durant de longs mois et de longues années. Quelle somme de courage, d'abnégation, de patience, quel trésor d'affectueuse confiance, quel esprit de foi chrétienne étaient nécessaires pour maintenir intacte la foi jurée, pour résister ! Un grand nombre, certes, avec l'aide de la grâce obtenue par la prière, ont su rester fermes. Mais à côté d'eux, combien d'autres ont été moins forts ! Que de ruines de foyers détruits ! Que de blessures d'âmes frappées dans leur dignité humaine, dans leur délicatesse conjugale ! Combien de chutes mortelles pour le bonheur familial !

Maintenant, il s'agit de réparer ces ruines, de guérir ces plaies, de soigner ces maux. Le coeur maternel de l'Eglise saigne à la vue des indicibles angoisses de tant de ses fils ; pour leur venir en aide, elle n'épargne aucun effort et pousse jusqu'à l'extrême la limite de sa condescendance. Cette limite extrême se trouve solennellement formulée dans le canon CIS 1118 du Code de droit canonique : Matrimonium validum ratum et consummatum nulla humana potestate nullaque causa, praeterquam morte, dissolvi potest.

Personne ne doute qu'actuellement l'un des principaux soucis de l'Eglise doit être de freiner par tous les moyens la décadence croissante du mariage et de la famille, et elle en a pleine conscience, tout en étant bien convaincue que ses efforts ne pourront obtenir de résultats effectifs que dans la mesure où les conditions générales, économiques, sociales et surtout morales rendront pratiquement moins pénible la conduite d'une vie conjugale agréable au Seigneur. A cet égard, bien grandes sont les responsabilités qui pèsent sur les pouvoirs publics.

Cependant, en attendant que cette amélioration de la moralité publique soit obtenue, vous devrez, chers fils, avec « fatigue et patience » (cf. Ap 2,2), supporter et dominer l'afflux incessant des procès matrimoniaux. Car autre chose est l'action pour l'assainissement de la vie conjugale et familiale, et autre chose la procédure judiciaire concernant les mariages. Celle-ci est chargée de juger et de résoudre les cas qui lui sont présentés, objectivement, selon l'état de fait et les normes du droit canonique. Continuez à apporter dans l'exercice de votre charité, avec l'inaltérable impartialité du juge consciencieux, la conviction que vous contribuez ainsi hautement à l'édification de l'Eglise. La sage équité avec laquelle votre tribunal considère aussi le côté financier des procès eux-mêmes dans les difficiles conditions économiques présentes, équité à laquelle correspond la généreuse coopération des avocats de la Rote, montre déjà clairement que vous concevez votre oeuvre telle qu'elle est réellement : un service rendu au vrai bien des fidèles, au salut des âmes.

m Justification de la procédure suivie par le Saint-Office.

Parmi les objets du pouvoir judiciaire ecclésiastique, Nous devons aussi énumérer les matières qui (outre la défense de la foi) sont propres au tribunal de la Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office. La sévérité de sa procédure est voulue par la sainteté des biens qu'elle a la mission de défendre et par la gravité des délits qu'elle est appelée à juger. Il n'y aurait pas lieu d'en faire une mention particulière, si sa manière de procéder n'était pas signalée comme étant en opposition avec le principe, aujourd'hui généralement admis, de la publicité des jugements, considérée comme une garantie nécessaire contre des sentences arbitraires, au préjudice de la justice.

L'activité du tribunal suprême, même dans les causes criminelles, s'exerce en réalité avec l'obligation du secret. Mais avant tout, il faut rappeler que même la procédure pénale des Etats civils prévoit dans quelques cas que les débats auront lieu, en totalité ou en partie, à « huis clos », c'est-à-dire lorsqu'un tel procédé est requis par le bien commun ; or, précisément, ce principe même, l'Eglise l'applique dans les procès pénaux du Saint-Office. D'autre part, cependant, il est indispensable qu'en pareil cas soient assurées toutes les garanties essentielles d'un juste et équitable jugement : contestation des accusations portées contre l'inculpé, avec faculté pour lui de les réfuter ou d'indiquer tout ce qu'il estime utile à sa justification ; défense libre, soit personnelle, soit par le ministère d'un avocat nommé d'office ou choisi par l'accusé ; pleine objectivité et esprit de conscience des jugements. Or, toutes ces conditions sont réalisées pour le tribunal du Saint-Office.

Exhortation finale aux membres du tribunal de la Rote.

Votre fonction est bien importante, chers fils, non seulement à cause de son étendue, mais encore à cause des responsabilités qu'elle comporte et de l'austérité du travail qu'elle impose. Sainte et bienfaisante fonction, elle est pourtant ignorée d'un grand nombre et méconnue par d'autres. Mais le Seigneur la regarde avec complaisance, et en voyant avec quel courage vous travaillez pour son honneur, pour le service de son Eglise, pour l'intérêt des âmes, pour le salut de la société, il fait descendre sur vous l'abondance de ses grâces, en gage desquelles Nous vous donnons de tout coeur, à vous tous ici présents, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


Pie XII 1946 - DISCOURS AUX PARTICIPANTS A LA XXIXe CONGRÉGATION GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ DE JÉSUS