Pie XII 1947 - NE CRAIGNEZ PAS!


LA PAIX

Face à la triste réalité de ces funestes et multiples contradictions qui déchirent si douloureusement le monde d'aujourd'hui et lui barrent le sentier de paix, il serait également coupable de fermer les yeux pour ne pas voir, ou de se croiser les bras pour ne pas agir, alléguant pour excuse qu'il n'y a plus rien à faire. Plus rien à faire ? Précisément à l'heure où les chrétiens peuvent opposer à tant d'hésitations dissolvantes et étouffantes, cette intrépidité qui, plus que l'heureuse exubérance d'une riche nature, est la manifestation d'une force surnaturelle, alimentée par les vertus théologales de foi, d'espérance et de charité? En vertu de cette force, un grand courant d'air pur passera à travers le monde, dissipant l'atmosphère de panique et de pessimisme qui menace de l'empoisonner ; les yeux dessillés s'ouvriront à la claire vision de la vérité et de la justice ; les dévoyés, de bonne foi et de bonne volonté, découvriront la voie pour sortir d'un état devenu presque intolérable et s'acheminer vers la solution de contrariétés apparemment insurmontables, Car pour ceux qui voient les choses dans la lumière de l'ordre divin, il n'est pas douteux que, même dans les plus graves antagonismes d'intérêts humains et nationaux, il y a toujours place pour un pacifique accommodement.

N'est-ce pas là la mission du chrétien, du catholique, dans le tourbillon des agitations sociales et politiques du temps présent ? Voilà précisément la raison de la haine que nourissent contre l'Eglise tous ceux qui, vivant de discordes et de conflits, ont à coeur de les attiser toujours davantage. Ils sentent presque d'instinct que l'Eglise, établie par Dieu comme un roc de fraternité et de paix, ne peut pactiser avec les idolâtres adorateurs de la violence brutale, des luttes extérieures ou intérieures pour l'hégémonie universelle.

Cette observation devrait suffire pour vous remplir, vous, catholiques, d'un saint orgueil, car la haine dont elle est poursuivie met en lumière la grandeur spirituelle et morale de l'Eglise et de son action pour le bien de l'humanité. Ayez conscience de cette grandeur ! Elle signifie mission, devoir, responsabilité. Ce n'est pas en vain que la Providence divine a voulu que, jamais peut-être plus profondément qu'à présent, se manifeste chez tous les membres de l'Eglise sur terre la conscience d'une forte et commune appartenance au même Corps mystique. Et plus l'effort des obscures puissances de décomposition, de discorde et de destruction s'étend aujourd'hui sur le monde entier, plus grande doit être l'efficacité de l'action prépondérante des chrétiens, de leur force d'union, d'ordre et de paix.

Quel vrai catholique pourrait penser se soustraire à un devoir aussi urgent ? Appliquez-vous donc tous avec ardeur à cette action : intrépides au milieu des timorés, croyants au milieu des incrédules, confiants au milieu des découragés, aimants au milieu des sceptiques sans amour.


L'AMOUR

Votre amour est intense et vaste comme le monde. Nous le connaissons par expérience et Nous pouvons en quelque manière le mesurer par l'admirable générosité avec laquelle les catholiques des pays restés prospères contribuent à soulager les besoins des populations plus malheureuses. Ils ont même donné incomparablement plus que les chiffres publiés en certains endroits ne le laissent supposer. A l'expression renouvelée de Notre gratitude envers tous les donateurs Nous unissons cette fois encore Notre fervente exhortation : que votre amour ne s'attiédisse pas, mais qu'il se dilate en oeuvres nouvelles. Il y a encore tant de régions, d'où monte vers le ciel un cri d'angoisse et de supplication. Le ciel écoute ce cri d'angoisse, mais il veut l'exaucer par le ministère de votre charité. La parole du Christ : « Toutes les fois que vous avez fait quelque chose à un de ces petits d'entre mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25,40), peut se traduire équivalemment : le bien que chacun d'entre vous a fait au prochain besogneux, il l'a fait au Christ. Le Christ lui-même, en vous et par vous, aide les pauvres et les abandonnés.

Aussi dans la bienheureuse certitude que le Christ vit et opère en chacun de nous, disons-Nous à tous Nos fils et filles du monde entier : Resistite fortes in fide ! Résistez, fermes dans la foi ! L'avenir appartient aux croyants, non aux sceptiques et aux indécis.

L'avenir appartient aux énergiques, qui espèrent et agissent avec fermeté, non aux timides et aux irrésolus.

L'avenir appartient à ceux qui aiment, non à ceux qui haïssent.

La mission de l'Eglise dans le monde, loin d'être terminée et périmée, va au-devant de nouvelles expériences et de nouvelles entreprises.

La tâche qui vous est confiée par la Providence en cette heure cruciale n'est pas de conclure une paix languissante et pusillanime avec le monde, mais d'établir pour le monde une paix vraiment digne à la face de Dieu et des hommes.

Implorer cette paix — que l'humanité ne peut atteindre par ses propres forces — de la miséricorde divine sur cette pauvre terre, déchirée et martyrisée, est un devoir que tous, pasteurs et fidèles, doivent remplir avec une ferveur ardente, surtout durant ce mois consacré au Coeur du Rédempteur divin.

Animé d'une confiance inébranlable dans la force de cette prière suppliante, et en gage de son efficacité, Nous accordons de tout coeur à vous, Vénérables Frères, et à tous Nos fils et filles dispersés sur la face de la terre, Notre Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION AUX REPRÉSENTANTS DE LA COMPAGNIE D'AVIATION K. L. M.1

(11 juin 1947) 2

Lors du vol inaugural de la nouvelle ligne aérienne Amsterdam-Rome de la Compagnie royale d'aviation hollandaise (K.L.M.), le Saint-Père accorda une audience privée aux participants accompagnés et présentés par S. Exc. M. Jonkheer Marco van Weede, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Hollande. Parmi les hâtes de ce voyage, se trouvaient de nombreux journalistes hollandais et quelques-uns de leurs confrères de Suisse et d'Irlande, Après avoir reçu les hommages de chacun, le Souverain Pontife prononça en français l'allocution ci-dessous :

C'est sous d'heureux auspices que vous avez inauguré le nouveau service aérien. La bénédiction donnée au premier avion qui a atteint la Ville éternelle, attirera, Nous en avons la ferme confiance, la protection de Dieu sur tous les vols futurs ; et votre désir de terminer et de conclure, pour ainsi dire, votre vol inaugural dans cette Cité du Vatican, en Notre présence, est un acte d'hommage que Nous apprécions hautement. Il Nous offre d'ailleurs une excellente occasion de vous exprimer Nos félicitations et Nos voeux pour cette nouvelle ligne qui, établie entre le nord et le sud de l'Europe, entre deux peuples industrieux et amants de la paix, facilitera et encouragera ces échanges culturels et commerciaux, d'une si grande importance pour renouer des liens de mutuelle confiance et d'amitié.

Par votre profession même, vous êtes intéressés, Messieurs, à ces échanges d'idées, à cette coopération économique. N'a-t-il pas une valeur symbolique, le choix qu'on a fait de vos personnes comme hôtes honorés de ce premier vol ? Vous userez certainement de votre pouvoir et de votre influence, pour abaisser et non pour dresser les barrières entre nations ; pour mitiger et éliminer les causes de discordes, et non pour les fomenter et les exacerber ; pour améliorer le triste état actuel de la société humaine, non point au moyen de vains mirages et de fallacieuses promesses, mais en ajoutant de nouvelles énergies à la vie spirituelle et morale de tous ses membres.

Cela signifie en premier lieu que les hommes doivent connaître Dieu et obéir à sa loi. Il n'y a pas d'autre voie pour réaliser l'union et la paix. Le salut du monde est venu par Celui qui fit toujours ce qui plaît au Père (Jn 8,29), et les fruits de ce salut seront gardés et thésaurises par ceux qui suivent l'exemple du Maître divin. Puisse cette grâce être à jamais le précieux trésor de vos compatriotes, auxquels va Notre affectueuse bénédiction, en cette heure de rénovation de leur vie normale, libre et pacifique, sous la bienveillante égide de Sa Majesté votre gracieuse reine.

Sur vous et sur tous ceux qui vous sont chers, Nous invoquons les meilleures faveurs du Ciel.


LETTRE A SON EM. LE CARDINAL ROQUES ARCHEVÊOUE DE RENNES LE NOMMANT LÉGAT PONTIFICAL AU CONGRÈS EUCHARISTIQUE DE NANTES

(16 juin 1947) 1

Du 2 au 6 juillet, se réunissait à Nantes le XIIIe Congrès eucharistique national, qui reprenait ainsi la tradition interrompue par la guerre. Le XIIe Congrès eut lieu à Lisieux, en 1937.

Le Pape nomma S. Em. le cardinal Roques pour le représenter à titre de légat à cette cérémonie :

Ce n'est pas sans une joie particulière que Nous avons appris, il n'y a pas si longtemps, qu'un Congrès eucharistique de toute la France se préparait, qui doit tenir ses heureuses assises dans l'illustre ville de Nantes, au mois de juillet prochain. Nous avons gardé, en effet, un très agréable souvenir du dernier Congrès eucharistique national, célébré il y a dix ans, à Lisieux, où Nous-même, envoyé en France en qualité de légat de Pie XI, Notre prédécesseur de vénérée mémoire, Nous consacrâmes une nouvelle basilique dédiée à sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Nous ne Nous étonnons pas le moins du monde de voir qu'après tant de si grands désastres de la guerre qui vient de s'achever, au milieu de tant d'angoisses et de difficultés, les vertueux fidèles de France renouvellent cette mémorable manifestation de foi et de religion, tant il est vrai que plus lourd est le poids de misères qui s'abat sur les affaires publiques et privées, plus faibles apparaissent les secours humains, plus aussi il faut rechercher avec confiance les secours divins, plus il faut se réfugier avec

empressement et assurance dans l'auguste sacrement d'où le Rédempteur du genre humain, caché sous les voiles de l'hostie, lance à ses brebis errantes et blessées son séduisant appel : « Venez à moi, vous qui peinez et portez un fardeau accablant et je vous soulagerai » (Mt 11,18).

Dans un tel désaccord des esprits et des doctrines, dans une telle opposition des volontés et des résolutions, quel plus beau spectacle se peut-il trouver, que peut-il surgir de plus utile à la société humaine que ces foules nombreuses et joyeuses d'hommes de bien réunies de tous les points de la France, illuminées par les splendeurs d'une même foi, stimulées par les promesses d'une même espérance, unies par les liens d'une même charité, s'approchant de la même table du Seigneur pour participer ensemble au même banquet ?

C'est pourquoi ce solennel Congrès eucharistique qui doit se tenir prochainement dans la France très aimée, désirons-Nous de tout coeur le suivre non seulement par Notre profonde affection, mais encore par Notre présence.

Aussi est-ce vous, Notre cher fils, qui occupez votre insigne siège métropolitain « dans la foi et la douceur » vous qu'enflamme une particulière piété envers le culte eucharistique et qui brillez de l'éclat de la pourpre romaine, que Nous choisissons et proclamons Notre légat a latere, afin que ce Congrès eucharistique qui doit se tenir prochainement à Nantes, vous le présidiez en Notre nom et revêtu de Notre autorité.

Nous sommes sûr que les chrétiens de Nantes, derrière leur excellent évêque et leur clergé, et tous les autres fils de France qui doivent s'y réunir, chercheront avec ardeur à égaler la louange religieuse de leurs ancêtres et la vénération que leurs pères leur ont transmise envers l'Eucharistie, et que vous-même vous acquitterez avec bonheur de cette honorable ambassade.

Comme gage et messagère de succès et de fruits abondants de cette légation, en témoignage de Notre spéciale affection, Nous vous donnons de tout coeur, à vous, Notre cher fils, et à tous ceux qui assisteront à ces saintes solennités, Notre Bénédiction apostolique.2


RADIOMESSAGE AU CONGRÈS NATIONAL MARIAL DU CANADA

(19 juin 1947)

Dans l'après-midi du jeudi 19 juin 1947, le Saint-Père adressa en français et en anglais, le radiomessage suivant aux participants du Congrès mariai national du Canada, tenu à Ottawa, sous la présidence de S. Em. le cardinal McGuigan, archevêque de Toronto.

DISCOURS EN FRANÇAIS1

C'est avec une douce et paternelle émotion que Nous Nous rendons en esprit au Congrès mariai d'Ottawa et que, par la voie des ondes, Nous adressons à Nos chers fils qui s'y trouvent réunis dans un unanime élan de piété envers la Mère de Dieu, notre Mère, l'expression de Nos encouragements, de Nos félicitations, de Nos voeux.

S'il est vrai, comme l'a dit Bossuet, que « quand Jésus entre quelque part, il y entre avec sa Croix » 2, il est également vrai qu'il n'y entre jamais sans Marie.

Le Canada, lorsqu'il accueillit la Bonne Nouvelle que, au prix de leurs sueurs et de leur sang, lui apportaient d'intrépides missionnaires, ne pouvait faire exception à cette règle d'or, à cette économie divine. Le jour où Jacques Cartier plantait la croix sur les rives du Saint-Laurent et sur chaque point où il abordait — la montrant du doigt aux sauvages et levant les yeux vers le ciel — le jour où, appliquant contre un arbre une image de Marie, il lui confiait le salut de son expédition atteinte par la maladie ; Jésus prenait possession de votre terre, avec sa croix, avec sa Mère. Bien humble entrée ?

La dévotion du Canada à Marie.

Voyez donc ! N'est-ce pas plutôt le prélude d'une marche triomphale qui ne cessera de progresser et dont les solennités d'aujourd'hui avec tout leur éclat ne marquent qu'une station, préparant une étape en avant vers de nouveaux triomphes de Jésus, de sa croix, de sa Mère ? A mesure qu'elle se déroule depuis plus de quatre siècles, la voix des foules, loin de se taire, s'est faite plus sonore, plus vibrante, plus enthousiaste, dans l'hosanna au Béni qui vient au nom du Seigneur, dans la louange à celle par qui il est venu. Et sans qu'elle se tût, est venue se joindre, puissante, la voix du bronze qui, sur l'initiative de Champlain s'est mise, en 1634, à sonner, comme dans la mère-patrie, l'angelus du matin, du midi et du soir, la voix des pierres aussi qui, à leur tour, se sont mises à chanter, dans des centaines et des centaines de chapelles et d'églises, le nom de la Reine du ciel et de la terre, proclamée Souveraine du Canada. Consacrant à Marie, le 8 décembre 1635, toutes les missions présentes et futures du Canada, saint Jean de Brébeuf et ses compagnons dédiaient à l'Immaculée Conception un humble sanctuaire sur un petit fortin : tel fut le berceau de la vaste et opulente cité de Québec, où se dresse aujourd'hui le temple de Notre-Dame des Victoires. Depuis, quelle floraison !

Les Missionnaires de Marie.

Témoignage plus éloquent encore celui du sang des martyrs, du zèle des apôtres, évêques, prêtres, religieux et religieuses, depuis les Ordres plus anciens jusqu'aux plus récentes familles religieuses et aux nombreuses phalanges de l'apostolat laïque ; tous, voués au culte et au service de la Mère de Dieu, se sont appliqués à la faire connaître, à la faire aimer ; tous ont placé sous son patronage leur oeuvre d'évangélisation et de sanctification. D'un océan à l'autre, des grands centres industriels aux steppes glacées des Esquimaux, sur toute l'étendue de votre immense patrie, rayonne, avec la splendeur de Jésus, le maternel sourire de Marie. Et comment ne pas donner en cette mémorable circonstance une mention spéciale aux dignes fils du grand évêque Mazenod, dont le nom même d'Oblats de Marie Immaculée est à lui seul tout un programme, dont l'activité, déployée à Ottawa même, dans cette magnifique université déjà célèbre, reçoit en ce jour la plus encourageante récompense ?

Recommandation.

Quel chemin parcouru sous le regard de la Vierge Immaculée et quelles perspectives s'ouvrent sur un avenir plus glorieux et plus fécond encore ! Visiblement, la douce étoile a, depuis l'origine, brillé sur l'Eglise catholique du Canada ; elle continue de briller sur elle et de la protéger. Que toujours, de plus en plus, votre espérance se repose en elle, qui vous conduira par les voies saintes et sûres. A elle Nous vous confions au début de ces radieuses journées mariales.

A son amour et à son intercession, Nous confions votre bien-aimée patrie : que par Marie, celle-ci jouisse dans le calme et dans la paix des trésors de la nature dont Dieu l'a favorisée ; que, dans la reconnaissance envers le Créateur de tous ces biens, fidèle à le servir, elle poursuive sa mission de charité, venant fraternellement en aide aux poignantes nécessités d'autres peuples.

A l'amour et à l'intercession de Marie, Nous vous recommandons vous-mêmes, chers fils et chères filles, afin que vous gardiez et que vous mettiez en valeur, comme votre bien le plus précieux, l'héritage de foi et de vie chrétienne que vous ont légué vos pères et auquel il Nous est bien doux de rendre en ce moment hommage. Oui, gardez jalousement vos magnifiques traditions : défendez-les vaillamment contre tout ce qui pourrait les ruiner ou les affaiblir. Loin de là, soyez bien persuadés que, en elles, votre peuple possède ses meilleures garanties d'avenir.

Ouvrez les yeux et, d'un regard large et profond, scrutez l'horizon pour prendre conscience des devoirs que comportent les problèmes sociaux d'aujourd'hui et que la justice sociale vous impose.

Et puis, soyez unis entre vous. Votre commune participation à un même pain eucharistique, votre commun attachement à la Mère céleste, la conscience de la commune responsabilité que portent ensemble tous les fidèles d'une même terre, voilà bien de quoi vous maintenir dans la solidarité d'un grand amour, devant lequel tombent misérablement les préoccupations trop personnelles et mesquines qui pourraient tendre à diviser et à séparer. « Vivez unis et dans la paix ; et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous » (2Co 13,11). Daigne Marie se montrer à vous médiatrice de cette paix et de cet amour !

Avec une confiance sans bornes et sans réserve dans sa maternelle sollicitude pour vous, chers fils et chères filles, Nous vous donnons à vous tous, assemblés en ce moment dans un commun hommage à la Mère de Dieu, à vous tous, évêques, prêtres et fidèles, au bien-aimé archidiocèse d'Ottawa, en cette année centenaire de sa fondation, et à son dévoué pasteur, ainsi qu'à tout le pays et à tout le peuple du Canada, comme gage des meilleures faveurs célestes, la Bénédiction apostolique.


DISCOURS EN ANGLAIS 3

Chers fils en Jésus-Christ, vous avez inauguré un congrès qui sera digne de mémoire dans les glorieuses annales de votre pays. Ce n'est pas la première fois que le ciel du Canada a été traversé par des hymnes de louange en l'honneur de celle que le Roi des rois a désiré honorer. Il y a plus de trois siècles, le doux nom de Marie était donné aux rivières et aux lacs, aux pics et aux baies de votre pays et la dévotion à son coeur très pur sanctifiait tous les foyers. Un premier établissement ne pouvait comporter que de grossières huttes, installées le long des rives basses de la rivière ; cependant il y avait toujours là une chapelle dédiée à Dieu pour honorer l'Immaculée Conception de Marie. D'autres aventuriers courageux pénétraient plus avant en remontant le fleuve et la ville qu'ils fondèrent devait appartenir en propre à Marie ; leur cri de guerre contre les tribus sauvages des forêts était : Ave Purissima !

Mais ces anciens champions de l'honneur de Marie pour la gloire de son Fils, malgré toute leur ferveur d'aventuriers, n'auraient cependant jamais pu imaginer la scène que le Canada présente aujourd'hui. Dans la capitale nationale, devant les représentants les plus éminents de l'Eglise et de l'Etat, des milliers de personnes se sont assemblées pour faire profession publique de foi, riche héritage du Canada provenant de la vieille France, et pour dédier à nouveau à Marie Immaculée le pays qu'ils aiment et dont l'avenir conditionne le bonheur et la prospérité de leurs enfants et des enfants de leurs enfants. Avec grande joie Nous avons conscience d'être présent au milieu de vous, en la personne de Notre cardinal légat Notre Vénérable Frère. Le dévoué pasteur de vos âmes a certainement répondu à une inspiration divine quand il a émis le projet de commémorer le centenaire de la fondation du diocèse d'Ottawa par un congrès mariai, dont les sessions et les offices liturgiques devaient vous aider à mieux connaître et à aimer davantage la gloire incomparable de la création et dont le couronnement devait être la consécration de tous, villes et provinces, à Marie, la Mère de Dieu.

La maternité de Marie.

La Mère de Dieu ! Quel titre ineffable ! La grâce de la maternité divine est la clé qui ouvre à nos faibles désirs humains les richesses inexprimables de l'âme de Marie ; elle est également un appel réclamant pour elle la plus haute révérence de la part de toute créature. « Elle seule, par sa dignité, surpasse les cieux et la terre. Aucun être créé, visible ou invisible, ne peut être comparé à elle dans son excellence. Elle est en même temps la servante et la Mère de Dieu, elle est Vierge et en même temps Mère ».4

Mais quand la jeune fille de Nazareth prononça son fiat en réponse au message de l'ange, et quand le Verbe se fit chair dans son sein, elle devint non seulement la Mère de Dieu dans l'ordre physique de la nature, mais encore elle devint dans l'ordre surnaturel de la grâce, la Mère de tous ceux qui par le Saint-Esprit sont unis sous un même chef : son divin Fils. La Mère de la Tête devient la Mère des membres.5 La Mère du tronc de la vigne serait la Mère des sarments.

Recommandation.

Notre amour filial envers Marie Nous invite durant quelques instants à méditer et à prier avec vous, fils bien-aimés, en considérant ces magnifiques vérités. Mais le temps ne nous le permet pas. Vous méditerez dans vos coeurs durant ces jours de grâce extraordinaire qui commencent pour vous. Que l'âme pécheresse reprenne courage et sache qu'un coeur de Mère rempli de miséricorde plaide devant son divin Fils pour obtenir l'octroi des grâces nécessaires au repentir et au pardon. Que la jeunesse des deux sexes sachent que les yeux de cette Mère aimante sont toujours fixés sur elle. Aucun sentier, aucune occasion n'échappe à ses soins vigilants. Allez donc de l'avant avec décision, chers jeunes gens et chères jeunes filles, et affirmez la gloire de votre Mère Immaculée. En face d'un monde

vicieux, prouvez que de jeunes coeurs peuvent rester chastes. Oh ! combien dépend d'un foyer catholique authentique et rayonnant !

Réjouissez-vous, oh ! toute pure Mère de Dieu, dans les saints désirs et résolutions de vos chers enfants du Canada. Ils sont vôtres ; ils veulent se cramponner pour toujours à votre main directrice. Protégez-les sous les ailes de votre affection et de votre miséricorde. Défendez-les contre les périls qui menacent la famille humaine et qui mettent en danger tout particlièrement ceux qui veulent rester fidèles à votre Fils et à son Eglise.

Comme gage de ces précieuses bénédictions, fils bien-aimés, et comme marque de Notre paternelle affection pour vous, pour tous ceux qui prennent part à ce congrès et qui ont apporté leur collaboration à sa préparation, Nous accordons la Bénédiction apostolique.


HOMÉLIE LORS DE LA CANONISATION DES SAINTS JEAN DE BRITTO, JOSEPH CAFASSO ET BERNARDIN REALINO

(22 juin 1947)1

1 D'après le texte latin des A. A. S., 39, 1947, p. 250.

Le dimanche 22 juin, Pie Xli éleva au suprême honneur des autels les saints Jean de Britto, Bernardin Realino et Joseph Cafasso, sublimes modèles de vertus sacerdotales et apostoliques. Voici l'homélie que le Saint-Père prononça à cette occasion :


Les nouvelles étoiles qu'on peut aujourd'hui apercevoir dans les cieux étincelants de l'Eglise, c'est-à-dire ces hommes illustres que, obéissant à l'inspiration divine, Nous venons de décorer de l'auréole de la sainteté, nous convoquent et nous invitent avec douceur, là où nous obtiendrons non pas les joies désordonnées et éphémères de cette vie périssable, mais où nous jouirons d'un bonheur plein, stable et éternel ; « car la vertu elle-même parle par leurs bouches » 2, la vertu chrétienne notamment qui nous ouvre la voie et nous donne accès par la souffrance à la gloire, si nous sommes armés d'une volonté forte et inflexible et si nous avons confiance en l'aide divine.

Il Nous plaît donc de contempler leurs illustres exemples pour éveiller en nous le désir ardent de les imiter et de les suivre avec une vive ardeur.

2 Cf. Cicéron, Tusc, 2, c. 19.


Jean de Britto.

Jean de Britto, poussé par une impulsion d'en haut et inspiré par un esprit surnaturel, quitta le palais royal du Portugal, où il occupait un poste honorable, et gagna la clôture paisible de la Société de Jésus où il fut si bien formé et modelé selon les règles et la sainteté que ses progrès provoquèrent l'admiration tant de ses maîtres que de ses confrères. Puis, brûlant d'un zèle extraordinaire pour l'apostolat, il considéra comme le plus grand des honneurs de quitter sa patrie et, après avoir traversé les espaces immenses de l'océan, de gagner les vastes régions des Indes et d'y prêcher la doctrine, l'amour et le règne de Jésus-Christ. Que de fatigues il a supportées avec un enthousiasme infatigable, que de graves dangers il a vaincus, que d'actions extraordinaires il a accomplies avec l'aide de Dieu, qui lui ont valu de ramener à la pratique des commandements du divin Rédempteur des quantités d'hommes qui ignoraient complètement la religion catholique, la méprisaient ou la déshonoraient et, purifiés par le saint baptême, de les rendre héritiers de la vie surnaturelle et de l'éternelle béatitude. Imitateur et émule très zélé de saint François-Xavier, il tirait sa force d'une foi vivante et active, il brûlait d'une charité ardente et comme il mettait tout son espoir en Dieu, il ne se laissait jamais vaincre par aucune difficulté, ni intimider par aucune menace. Il apporta à des peuples nouveaux la civilisation profane et chrétienne et par tous les moyens étendit et recula les bornes du royaume de Jésus-Christ jusqu'à des territoires jusqu'alors inconnus. Enfin il put faire sienne la magnifique parole de l'apôtre des Gentils : « Le Christ est ma vie, et la mort m'est un gain » (Ph 1,21) ; car lui-même, après avoir assumé de longs travaux apostoliques, entrepris des voyages très difficiles et bravé de nombreux dangers au péril de sa vie, s'attira la fureur des païens hostiles qui le jetèrent en prison où il fut décapité et obtint par une très pieuse mort la palme du martyre.

Bernardin Realino.

Ce que Jean de Britto accomplit très saintement dans les régions lointaines et étrangères, Bernardin Realino le fit avec non moins de résultats salutaires dans sa propre patrie. Ayant renoncé, en effet, aux biens paternels et à la fonction honorable qu'il exerçait, il fut admis également dans la Société de Jésus. Il y mena une vie très sainte et progressa si bien dans l'exercice de toutes les vertus qu'en peu de temps il sembla atteindre aux plus hauts sommets de la sainteté. Après avoir ainsi conquis heureusement avec la grâce de Dieu cette renommée de vertus, il ne manqua aucune occasion de les recommander avec un zèle infatigable à tous ceux qu'il pouvait atteindre, soit par des sermons adaptés à toutes les classes sociales, soit par des avis, soit par des discours pleins de conseils marqués d'une extrême prudence, et surtout par le témoignage de son propre exemple. Qu'il prêchât à des prolétaires rudes et incultes ou à des hommes d'une fortune et d'une culture supérieures, ou même à des prêtres dont il a tellement promu la formation, la discipline et la sainteté, il gagnait si bien l'esprit de ses auditeurs qu'il les excitait fortement à déplorer leurs péchés et à prendre des résolutions opportunes pour rénover leur vie. Mais c'est surtout au tribunal sacré de la pénitence qu'il cueillit les fruits les plus abondants et salutaires. Là, en effet, les membres gelés par le froid de l'hiver ou transpirant par l'effet de la chaleur de l'été, il accueillait, avec un visage bienveillant et doux, durant de longues heures ceux qui se présentaient; il excitait leurs coeurs rendus insensibles par le vice ou endurcis par le péché à déplorer leur passé et à rentrer dans la bonne voie ; il consolait par tous les moyens les malheureux et les misérables ; il réconfortait, redressait et dirigeait prudemment les sceptiques, les indécis et les désespérés ; il exhortait avec patience par ses conseils et ses incitations ceux qu'il trouvait paresseux, négligents ou peu courageux, à faire de jour en jour davantage de progrès dans la perfection chrétienne. Aussi arriva-t-il que, quand il eut pris son vol vers les cieux après une mort très pieuse, tous se montrèrent inconsolables, le regrettant et le pleurant comme un père, un maître et un apôtre.

Joseph Cafasso.

Joseph Cafasso présenta déjà dès son enfance les indices les plus clairs de sainteté. Il conserva intact le lis immaculé de son innocence en l'entourant des épines de la pénitence. Il attirait avec force à la vertu tous ses camarades qu'en toute occasion il pouvait atteindre, par la douceur de son caractère, par ses exhortations et par ses exemples. Revêtu de la dignité du sacerdoce, il imprégna toute son action d'une force et d'une inspiration si surnaturelles qu'il ne semblait plus vivre lui-même, mais le Christ en lui. Rappeler au droit chemin les hommes qui s'en étaient éloignés ou s'étaient fourvoyés, éclairer par la vérité divine leurs esprits obscurcis, encourager les ames plongées dans le vice à implorer le pardon du Père de miséricorde, consoler les infortunés et les malheureux de toute sorte et leur rendre l'espérance des choses éternelles, rendre visite aux prisonniers et les ramener dans la bonne voie, essuyer les dernières larmes des condamnés à mort et sanctifier leur dernier soupir par les dons célestes ; tous ces apostolats ne cessèrent de le combler de la joie la plus vive. Mais la mission spéciale dont l'avait chargé un décret de la divine Providence fut d'instruire et de confirmer le clergé dans l'intégrité de la doctrine évangélique et de l'exciter au plus haut degré, non sans des fruits abondants, à la perfection sacerdotale. Aussi quand, pleine de vertus et de mérites, sa vie d'ici-bas toucha à sa fin, il ne craignit pas la mort mais l'accepta de bon gré, et souriant doucement et les bras levés vers le ciel comme s'il prenait possession et jouissait déjà à l'avance des joies célestes, il s'envola vers les choeurs des bienheureux.

Gardez ainsi sous les yeux, Vénérables Frères et chers fils, ces exemples illustres de sainteté, contemplez-les donc avec un esprit attentif et une âme de bonne volonté. Que ceux qui se livrent à de saintes expéditions auprès des peuples étrangers apprennent surtout de saint Jean de Britto l'ardeur dans l'apostolat et le courage jusqu'à la mort. Que ceux qui s'occupent à apporter le salut de l'âme à leurs propres concitoyens apprennent de saint Bernardin Realino et de saint Joseph Cafasso l'enthousiasme indéfectible, la patience, la bienveillance et surtout la persévérance assidue dans la sainte prière, puisque tout effort humain est vain et inefficace sans la bénédiction divine. Qu'enfin tous ceux qui s'efforcent, comme c'est leur très grave devoir, d'arriver après cet exil terrestre à la patrie céleste, où nous jouirons enfin de la paix éternelle et du bonheur suprême, se sentent encouragés par eux à atteindre la perfection chrétienne. Ainsi soit-il !


DISCOURS A L'OCCASION DE LA CANONISATION DES SAINTS JEAN DE BRITTO, JOSEPH CAFASSO ET BERNARDIN REALINO

(23 juin 1947) *

Plusieurs milliers de personnes, venues d'Italie, du Portugal et d'autres nations européennes, ainsi que des territoires portugais d'Afrique et d'Asie, se pressaient à l'audience pontificale de l'après-midi du 23 juin dans la cour Saint-Damase, à l'occasion de la canonisation des saints Jean de Britto, Bernardin Realino et Joseph Cafasso. Rappelant les vertus héroïques de ces trois saints, le Saint-Père adressa à la foule ce discours :

L'unité et la variété dans la sainteté de Jean de Britto et de Bernardin Realino.

La sainteté, bien-aimés fils, est une pierre admirable et multiforme dont l'Eglise, épouse du Christ, orne son manteau étoile, choisissant et travaillant avec un art minutieux de la grâce divine les pierres précieuses les plus diverses qui se trouvent dans toutes les conditions et dans toutes les régions du monde. Aujourd'hui la Compagnie de Jésus lui offre la splendeur simultanée de deux nouvelles gemmes : deux éclats divers, mais tous deux resplendissant d'une même beauté religieuse ; comme déjà un lumineux exemple avait été présenté à Notre grand prédécesseur Léon XIII dans les trois saints : Pierre Claver, Jean Berchmans et Alphonse Rodriguez, différents par l'âge, par les fonctions et par les saints projets.

Dans la beauté de la sainteté que nous vénérons sur les autels, resplendit cette harmonieuse unité qui concentre en une même lumière les rayons de sa multiple variété. Ne semblerait-il pas, à qui regarde l'Institut et les héros de la Compagnie de Jésus, que la divine Providence se plaît à faire de l'émulation variée d'une égale sainteté l'une des caractéristiques des fils de Loyola ? Non moins semblables et divers se présentent à Nous les deux nouveaux saints, Jean de Britto et Bernardin Realino, malgré le contraste que semblent présenter, à qui les regarde de l'extérieur, leurs caractères comme les circonstances de leurs vies riches d'activité et de vertu dans leurs progrès jusqu'à une sainte mort. Cependant une ressemblance plus vive encore fait reconnaître en eux deux véritables frères, deux fils d'un même père, dont ils portent dans leurs traits l'empreinte qu'on ne peut confondre.

La jeunesse de Bernardin Realino...

Fils aîné d'un gentilhomme au service des cours de l'Italie septentrionale, Bernardin s'élance, l'âme épanouie et ardente dans la vie juvénile de l'université, passant de l'une à l'autre, s'adonnant toujours avec le même élan et le même succès à l'étude de la médecine et des lettres, de la philosophie et du droit, gai compagnon des étudiants de Modène dont il partageait les bruyants amusements. S'ache-minant ainsi sur une pente glissante, où aboutira-t-il ? Le frein de sa profonde foi religieuse l'arrête au bord de l'abîme, tandis qu'un chaste amour entretenu dans le secret de son coeur le garde et, stimulant son application, l'oriente à l'étude et le conduit à la jurisprudence. Triomphant des séductions et méprisant les tentations vulgaires, il reste cependant altier et inflexible lorsqu'il s'agit du point d'honneur, ne sachant pas encore se maîtriser suffisamment, ni retenir son épée qui vibre et frémit dans le fourreau. Proscrit par un jugement rigoureux de son prince, il est désiré et accueilli partout ailleurs. Quelqu'affront péniblement ressenti et une angoissante adversité le tourmentent, mais réveillent son sentiment chrétien et tout lui sourit de nouveau. Voici que le chemin brillant de la magistrature s'ouvre devant ses pas ; mais en même temps la voix de Dieu, qui lui parle discrètement au coeur se fait entendre toujours plus pressante : touché par elle, vous le verrez à l'âge de trente-quatre ans se présenter au noviciat de Naples.

... et celle bien différente de Jean de Britto.

Combien différente de cette jeunesse pleine de mouvement et de vicissitudes apparaît celle de Jean de Britto ! Benjamin de sa famille,

orphelin de père dès sa plus tendre enfance, élevé à la cour du sage roi du Portugal, Jean IV, il réalise l'aimable image d'un nouveau Stanislas, au milieu de la gaieté des pages, ses compagnons. Sa modestie, sa piété, la conservation franche de sa pureté angélique, devinrent pour lui autant d'occasions de moqueries et de traitements plus indiscrets encore qui, supportés avec une constante patience, le firent surnommer, presque comme présage de sa fin héroïque, le martyr. Ne le croyez pas insensible à ce qui blessait son amour-propre, mais il est d'un tempérament tellement bienveillant, même avec ceux qui n'apprécient pas sa vertu, qu'il répond à qui le raille et l'offense avec un sourire plus doux et une amabilité plus grande encore. Lorsqu'il arrive à l'adolescence, des pensées plus hautes éclairent son esprit et des projets plus ardents et plus vastes enflamment son coeur ; si bien que, triomphant des instances de la famille royale qui voulait le retenir à sa Cour afin qu'il en fût le modèle et, un jour, l'apôtre, il renouvelle et réalise le désir conçu depuis longtemps de se donner tout à Dieu dans la Compagnie de Jésus.

diversité de la vie religieuse extérieure de l'un et de l'autre.

Si la grâce ne détruit pas la nature et les bonnes inclinations humaines, mais les perfectionne, la vie religieuse des deux saints, vécue dans leur force naturelle, ne présentera pas un moindre contraste. Par un singulier changement de leurs destins, toujours cependant dans la main de Dieu, le jeune page de Lisbonne, silencieux, concentré dans son ardeur apostolique, quitte sa patrie, ses parents et tout ce qui l'entoure et part pour l'Inde, où l'attend un champ immense de fatigues et de dangers, une vie d'incessantes entreprises missionnaires, d'aventures, d'épreuves, de persécutions jusqu'au martyre. Il sera martyr et même par deux fois : la première fois, déjà torturé, il échappera à la mort seulement parce que le ciel le réservait pour d'autres grands travaux et souffrances. Les intérêts des missions qui lui étaient confiées et la volonté de ses supérieurs l'obligèrent à prendre la mer pour retourner au Portugal ; mais l'amour de la patrie, loin de le retenir, avive le zèle de l'apôtre de l'Inde, où il retourna après une longue et pénible navigation, pour consumer à l'âge de quarante-cinq ans le sacrifice déjà commencé, lequel se terminera quand les bêtes sauvages dévorèrent en grande partie sa dépouille mortelle.

Au contraire, que voyez-vous dans l'ancien magistrat italien ? Après avoir consacré quelques années, à Naples même, à sa propre perfection spirituelle et aux oeuvres de l'apostolat, spécialement au profit de ses confrères et de la jeunesse, voici qu'il est envoyé à Lecce, champ d'exercice de son zèle ardent, qui fut son Inde où le dessein de la Providence ne cessera de le maintenir par force et presque miraculeusement, afin qu'il lui dédie toutes ses journées dans l'humble ministère du confessionnal et de la direction spirituelle des âmes, qui trouveront en lui un guide sage dans la voie de leur salut éternel et se presseront autour de lui comme d'un père très aimant. La mort viendra le prendre à l'âge de quatre-vingt-six ans, entouré de la vénération de tous et dans sa ville d'adoption qui l'avait choisi, encore vivant, pour son protecteur et son patron. « Son sépulcre sera glorieux ».

Leurs ressemblances dans la vie de l'âme.

Mais si la différence entre ces deux saints apparaît grande dans leur physionomie et leur histoire, plus grande encore, parce que plus intime et profonde, est leur ressemblance. La vie extérieure de l'homme, son tempérament naturel, les événements qui forment la trame de ses journées, ce qui se présente à notre vue, n'est pas tout l'homme. L'homme est esprit plus que corps, et cet esprit immortel qui à travers l'intelligence et la volonté s'exprime au-dehors, conçoit de grands desseins, surmonte la fluctuation entre le bien et le mal, entre la justice et l'offense d'autrui. C'est en cet esprit immortel que réside la vie intérieure et la vie plus personnelle de l'homme, le principe de ses actions et de ses opérations, la racine et le progrès, l'importance et la valeur des plus grands événements comme des plus petits incidents de la vie terrestre, non moins que leur signification et leur couleur.

Sans doute on pourra toujours dire que, du côté de l'esprit, tous les saints se ressemblent et sont les imitateurs du Christ, modèle de toute sainteté, quelle que soit la manière dont elle se présente à vos regards, car tous reflètent en eux sa clarté à Lui, tous resplendissent de sa grâce, tous brûlent de sa charité, tous rayonnent une même ardeur sous des formes multiples de zèle pour les âmes et le service de Dieu. Mais comme les charismes, ainsi la grâce a ses divisions (cf. 1Co 12,4) et le Soleil de justice qui illumine tout le monde spirituel des saints varie et multiplie indéfiniment ses splendeurs de sainteté.

La réalisation de l'idéal de la Compagnie de Jésus dans les deux nouveaux saints.

Ainsi dans nos deux saints nous voyons briller d'une splendeur merveilleuse le même idéal lumineux de la Compagnie de Jésus, qui resplendissait varié et identique dans l'esprit et le coeur de saint Ignace, et que vos premiers Pères, employant le langage de l'apôtre Paul (Ga 6,14) formulèrent et exprimèrent heureusement dans la préface de vos Constitutions.

Homines mundo crucifixus et quibus mundus ipse sit crucifixus : tels apparaissent à nos regards l'un et l'autre de ces nouveaux saints, Jean de Britto et Bernardin Realino, images de leur chef, le Christ crucifié. Qu'importe la variété du métal et la forme des clous visibles, lorsque l'amour invisible plus fort que le fer les fixe sur la croix du Maître ? Eclairé par sa propre expérience sur la vanité des joies du monde, l'inconstance de ses biens et de ses faveurs, Bernardin comprend de plus en plus la fugacité de tout ce qui l'environne et se détache plus résolumment de tout ce qui passe, richesses, honneurs, liens d'affections légitimes pourtant, mais trop humaines, pour se consacrer sans réserve à Celui qui seul demeure l'immuable Seigneur, inspirateur, gouverneur et rémunérateur de tout bien parmi les fluctuations de la présente vie mortelle.

Jean qui fut sanctifié dès sa naissance par les dons de la grâce divine et goûta ensuite combien le Seigneur est doux, passe à travers le monde comme l'éclair dans l'ombre d'un bois obscur ; il croît comme un lis parmi les épines, s'élève vers le ciel et fleurit, oubliant tout ce qui est à ses pieds ; il cultive en lui, au souffle des divines faveurs, cette forte adolescence laquelle — « lorsqu'il plut à Celui qui l'avait choisi dès le sein de sa mère, de l'appeler pour prêcher son Fils aux nations, ne prit pas conseil de la chair ni du sang » (cf. Ga 1,15-16) — se soustrait à la tendresse maternelle, aux affections royales, à la tranquillité de son sol natal. Mais tous les deux ont désiré ardemment se clouer, avec la crucifixion des trois clous religieux de la pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance, à l'arbre salutaire triomphateur du Roi éternel, sous la protection de la Mère commune des hommes.

In laboribus. Regardez le jeune missionnaire et l'héroïsme de son action qui s'étend au milieu des peuples infidèles, action splendide, action intrépide, action féconde. Il faudrait n'avoir aucun idéal dans le coeur pour ne pas sentir l'enthousiasme que suscite le récit de cette vie ardente, pour ne pas éprouver avec un sentiment de sainte jalousie le désir de participer à des travaux d'évangélisation aussi ardus et tâcher de rivaliser en mérites, chacun selon sa propre force. Cette sainte jalousie, ces désirs enflammés dévoraient l'âme généreuse de Realino ; il avait aussi songé à l'Inde, en avait soupiré, avait demandé la faveur de partir pour ces lointaines régions vers lesquelles il ne cessa plus pendant toute sa vie de tourner sa pensée pleine de sollicitude. Mais ses missions, son Inde, ne devaient être autres que la proche Lecce : là, dans la sombre retraite du confessionnal et de sa chambre, le retinrent, jusqu'à l'extrême vieillesse, l'obéissance et la charité. Dieu lui avait désigné la chaire de sa mission, la diffusion dans le peuple de la parole et de l'Evangile du Christ, le terrain de la moisson copieuse de son long et incessant labeur et de son zèle sacerdotal.

Dans l'un de ces héros de la sainteté se trouve un infatigable mouvement d'action sans trêve ni répit, où la vie active du missionnaire se serait vite consumée, si le martyre n'était pas survenu aussi rapidement arrêter l'activité et l'ardeur de la prédication et de la morale évangélique, interrompant le chemin de la vie et des oeuvres entreprises.

Dans l'autre se trouve l'immobilité sans impatience du confesseur, du directeur spirituel, du maître des pénitents, du soutien de ceux qui luttent et qui souffrent, qui se sacrifie jour par jour, heure par heure, minute par minute, pendant toute la longueur de sa vie déjà avancé, se livrant lui-même et tous les instants de sa vie et de ses fatigues, pour donner aux hommes pendant le jour la lumière de sa doctrine et le feu de sa charité, et à Dieu pendant la nuit les séraphiques élévations de son âme contemplative.

Dans leur zèle apparaît le feu qui ne dit jamais : assez (Pr 30,16). Peu s'en faut que le zèle apostolique de leurs deux coeurs n'outrepassât point les extrêmes limites de leurs possibilités, si jamais il fut possible d'éteindre leur désir intense de former des apôtres, comme les y incitait leur Père Ignace, ou mieux encore, le divin Maître, qui multiplient et étendent leur propre action, sans limites d'espace ni de temps. Les victoires de la foi vont en augmentant. Parmi les nouveaux chrétiens, quelques jeunes, fleurs des néophites, participent, aident et favorisent les labeurs de leur missionnaire et font leurs ses souffrances : ils gagnent au Christ leurs parents, leurs amis, et enfin leurs geôliers. Un siècle avant, Realino, sans bouger cependant de son poste, évangélise toute la ville de Lecce, pénétrant invi-siblement dans les coins les plus cachés, dans les retraites les plus inaccessibles, soulageant les misères les plus intimes et timides, prévenant par sa parole et ses invitations les plus endurcis et les plus farouches.

De cette manière l'idéal de la Compagnie continue à se dessiner en eux : « Passant par les choses prospères comme par les adverses, avançant à grands pas vers la patrie céleste, entraînant aussi les autres avec tout effort et diligence, maximam Dei gloriam semper intuentes. L'ardeur à promouvoir la gloire de Dieu fut la flamme illuminatrice et la source de l'énergie toujours croissante de la vie et des actions de Jean de Britto et de Bernardin Realino, et les fit frères dans l'inlassable activité en faveur des âmes rachetées par le Christ. Elle nous révèle le secret de ce mépris du monde, de ces labeurs héroïques, de cette indifférence pour tous les accidents de la route, par laquelle ces deux apôtres ne cessaient de redresser et de guider tous ceux qui les suivaient et qui écoutaient la parole des ministres de Dieu touchant le salut de la vie éternelle.

Honneur et encouragement.

Dans la lumière de la plus grande gloire de Dieu vous les reconnaissez et les vénérez, bien-aimés fils de la Compagnie de Jésus, comme vos frères et vos modèles parvenus aux honneurs suprêmes des autels. De leur élévation, quel honneur et quel encouragement découlent pour vous qui, ayant la même vocation, vous efforcez avec la grâce divine de rivaliser avec eux dans l'immense variété de vos devoirs religieux et de vos ministères apostoliques !

Honneur et encouragement qui s'étendent aussi sur vous, chers pèlerins de Carpi, de Modène et de Naples, et surtout sur vous, fils de cette « très noble, très dévote et très aimable ville de Lecce », comme Realino se plaisait à l'appeler. Saintement fiers de garder sa dépouille mortelle, particulièrement fidèles à maintenir vivante la mémoire et l'observance de ses paternels enseignements, soyez bien sûrs que, s'il accueillit de son vivant la demande d'être votre patron, il ne manquera pas de se montrer dans la gloire céleste ce qu'il promit et voulut être : un grand intercesseur auprès de Dieu en votre faveur.

Honneur et encouragement pour vous aussi, bien-aimés fils du Portugal 2, tant du continent que d'outre-mer : l'un donna au glorieux martyr saint Jean de Britto le berceau et la formation ascé

2 Le Saint-Père s'adresse ici aux pèlerins portugais, dans leur langue maternelle.

tique, l'autre, le champ d'apostolat et l'autel du sacrifice ; tous deux sont représentés ici brillamment par cette couronne de pèlerins nombreuse et choisie, venus à l'apothéose du concitoyen et de l'apôtre.

Lorsque, il y a quatre siècles, une célèbre ambassade offrit au trône de Pierre les riches prémices des terres récemment découvertes par les courageux navigateurs portugais, il y avait dans ce geste du roi Venturoso la promesse bien arrêtée de travailler pour attirer à la foi toutes ces immenses régions et les amener un jour à l'obéissance au Vicaire du Christ.

Aujourd'hui votre ambassade est bien plus brillante, avec l'éclat de deux pourpres cardinalices et de presque tout l'épiscopat, et aussi bien plus précieuse parce qu'elle porte des trésors immortels, des âmes régénérées dans le sang du Christ, glanées dans tout le territoire qui s'étend des plages africaines, Congo, Angola, Mozambique, à travers le continent indien et chinois, jusqu'aux archipels du Pacifique ; aujourd'hui cette ambassade d'âmes vient démontrer de manière sensible les efforts accomplis pendant des siècles et les fruits obtenus dans la réalisation de ce dessein si chrétien, et fait revivre à Nos yeux tant de légions d'intrépides missionnaires qui, émules héroïques de Xavier et de Britto, écrivirent là-bas avec leurs sueurs apostoliques et souvent signèrent de leur sang une des pages les plus glorieuses et les plus ineffaçables de l'histoire de l'Eglise.

La gloire du nouveau saint éclaire de splendeurs nouvelles les mémoires de ces héros et de tous ceux qui collaborèrent généreusement avec eux dans cette divine entreprise, la facilitant, la protégeant, l'aidant ; mais elle se reflète avec un honneur singulier sur vous, héritiers de sa grande vocation civilisatrice et missionnaire.

Honneur singulier, qui doit être en même temps un encouragement pour vous et pour toute la « Casa Lusitana » pour « des audaces toujours plus chrétiennes ». Que l'exemple de l'invincible apotre suscite de nouvelles légions d'âmes généreuses, prêtes à suivre ses traces dans le chemin de l'apostolat ! Que l'ardeur de son zèle infatigable rallume en ceux qui se glorifient d'être catholiques et portugais la noble émulation qui animait vos ancêtres, pour collaborer à la « dilatation de la foi dans l'empire », en sorte que là où flottent les Quinas, règne pleinement la Croix du Christ, et qu'il n'y ait pas un sujet du Portugal, de n'importe quelle couleur ou race, qui ne rehausse pas la noblesse de ce nom, de celui plus grand encore de fils de Dieu et de l'Eglise !

La gloire de Joseph Cafasso. Exhortation au clergé 3.

Enfin, avec une satisfaction profonde, Nous adressons Notre paternelle salutation au groupe de pèlerins venus à Rome pour célébrer la gloire de Joseph Cafasso, que Nous avons orné hier également de l'auréole des saints.

Notre salut est adressé avant tout à vous, Vénérables Frères et bien-aimés fils, évêques et prêtres, qui voyez dans le nouveau saint un père, un maître, un modèle. Aucun, peut-être, plus que lui n'a gravé son empreinte dans le clergé piémontais des 19e et 20e siècles ; il l'a soustrait à l'ambiance desséchante et atrophiante du jansénisme et du rigorisme, l'a préservé du danger de se profaner et de se submerger dans la sécularisation et le laïcisme. Combien de ministres du sanctuaire doivent à l'influence de son esprit éclairé d'en haut et à la direction de sa main sûre, leur fermeté dans le sentire cum Ecclesia, la sainteté de leur vie sacerdotale, leur indéfectible fidélité aux multiples devoirs de leur vocation !

Unissez-vous donc à Nous, Vénérables Frères et bien-aimés fils, pour rendre grâces au Dieu tout-puissant de l'oeuvre souverainement importante et féconde de la formation et de la sanctification du clergé, que le Seigneur a accomplie et continue encore à accomplir par le ministère de son serviteur Joseph Cafasso. Sans doute les temps ont changé, et le soin des âmes doit aussi s'adapter aux circonstances toujours changeantes. Ainsi, les devoirs sociaux qui pèsent aujourd'hui sur les épaules du prêtre, sont incomparablement plus difficiles et plus graves que du temps du nouveau saint. Cependant, à travers toutes les vicissitudes humaines, le fondement solide, l'esprit, le principe de la vie et de l'activité sacerdotales restent invariables. Comme le phare demeure immobile sur le rocher, ainsi la bouée, que le flot berce, qui s'élève et s'abaisse avec lui et semble obéir à ses caprices, n'est pas un guide sûr, si elle n'est pas fermement ancrée au fond tranquille et stable. Tel est l'enseignement constant que notre saint a donné par ses missions, ses leçons et ses Exercices, mais surtout par l'exemple de sa vie.

Dans tous les temps le prêtre, selon la promesse du divin Maître, a été en butte aux injures et aux persécutions, et cette promesse est pour son coeur une béatitude. Mais aujourd'hui il est bien plus exposé au feu crucifiant des critiques amères, non seulement de la part d'adversaires sans scrupules qui jettent sur lui la boue du dénigrement et de la calomnie, mais parfois aussi, ce qui est plus pénible, de la part des fidèles. Nous pensons d'une manière particulière à un cas concret et récent arrivé de l'autre côté des Alpes, un cas de critique irrespectueusement agressive et âprement injuste, partie d'une plume catholique. Et puisque les conditions présentes des choses laissent trop désarmées et sans défense les victimes de telles diffamations, il est d'autant plus nécessaire, bien-aimés prêtres, que vous évitiez de donner à la critique non seulement le moindre motif, mais pas même le moindre prétexte. Pour arriver à cette fin, le moyen le plus élevé et le plus saint est de modeler votre conduite sur celle de Joseph Cafasso, dans une abnégation absolue de vous-mêmes, affranchis de toutes les inclinations et de tous les intérêts terrestres, dans une vie irréprochable, unie à ce tact affiné et à cette délicate compréhension des âmes qui fut à un si haut degré sa caractéristique.

Mais Notre salut s'adresse aussi à Vous, bien-aimés fils et filles qui, pèlerins de la Ville Eternelle, avez voulu suivre vos évêques et vos prêtres pour porter à votre saint l'hommage d'une pieuse dévotion. Parce qu'il est bien vôtre, et vôtre surtout, pèlerins de Castelnuovo Don Bosco. Heureux Castelnuovo, qui pouvez appeler vraiment vôtres les deux astres jumeaux qui brillent dans le firmament du 19e siècle, les deux incomparables prêtres Jean Bosco et Joseph Cafasso, intimement et fraternellement unis, même de leur vivant, par les liens d'une sainte amitié et d'un commun labeur apostolique!

'union à réaliser entre prêtre et fidèles.

Votre présence, bien-aimés fils et filles, est la manifestation sensible de l'étroite union entre le prêtre et le peuple, du respect que portent les fidèles à la dignité sacerdotale, de la filiale confiance qu'ils ont en celui qui est le ministre du Christ au milieu d'eux. Là où cette union se ralentit, il n'est pas difficile de diagnostiquer l'affaiblissement de la vie religieuse. Par contre, où cette union fleurit, on peut conclure avec assurance que là se trouve un bon pasteur, entouré de l'estime de ses ouailles.

Nous avons récemment mis en lumière la forte conviction, le sens intime de la commune appartenance au même Corps mystique, qui anime présentement les fils de l'Eglise catholique dans tout le monde. Il faut reconnaître en cela la main du Christ ; mais comment serait-il possible qu'en même temps ne croisse et ne se fortifie aussi l'union entre le prêtre et le peuple ? D'un coeur ardent recommandons cette intention à Joseph Cafasso. Ayant reconnu en lui un saint prêtre, tous les fidèles, jeunes et vieux, pauvres et riches, d'humble ou de haute condition, lui ouvraient leurs âmes et leurs consciences avec le plus confiant abandon. Que le nouveau saint daigne obtenir de Dieu pour sa patrie et pour toute l'Eglise un peuple plein de confiance envers le prêtre et des prêtres qui méritent entièrement cette confiance !

Avec ce souhait, Nous implorons sur vous, Vénérables Frères et bien-aimés fils, et sur tous ceux qui vous sont chers, par l'intercession des trois glorieux nouveaux saints, l'abondance des grâces célestes dont la paternelle Bénédiction apostolique que de grand coeur Nous vous donnons, sera le gage.


Pie XII 1947 - NE CRAIGNEZ PAS!