Pie XII 1949 - ALLOCUTION AUX DÉLÉGUÉS DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE DES RÉFUGIÉS


ORGANISATION INTERNATIONALE DES REFUGIES 25

prêt à le faire encore, à continuer de soutenir et de favoriser, autant qu'il le pourra à l'avenir, sa bienfaisante activité.

Nous avons confiance que vous voudrez poursuivre cette activité avec toute la rapidité désirable, avec une profonde compréhension aussi, des besoins variés des différentes catégories de Personnes Déplacées et notamment de Nos fils catholiques qui se trouvent parmi elles.

Nous formons des voeux pour que Dieu vous aide dans votre belle et grande tâche et de tout coeur Nous invoquons sur vous, sur ceux que vous représentez ici, et sur tous ceux qui travaillent avec vous en faveur des Réfugiés, l'abondance de ses bénédictions.


ALLOCUTION A UNE DÉLÉGATION DE PARLEMENTAIRES BRITANNIQUES

(11 janvier 1949) 1

Un groupe de parlementaires britanniques voyageant en Italie jut reçu par le Saint-Père qui lui adressa quelques mots :

Durant votre séjour dans la Ville Eternelle, vous avez exprimé le désir d'être reçus par Nous. Bien volontiers, Nous vous souhaitons une chaleureuse bienvenue dans cette maison où Nous avons exprimé à beaucoup d'autres nos sentiments envers votre patrie bien-aimée et leur avons donné des preuves de Notre affection particulière.

Le visiteur venant d'Angleterre, n'est pas un étranger dans cette Cité où il trouvera maints souvenirs historiques ; en fait, tout à côté des frontières de Notre Etat du Vatican, il y a encore des noms qui sont dérivés de votre ancienne langue et rappelle d'heureux souvenirs ''. Nous sommes heureux de constater que votre délégation parlementaire est composée de membres de différents partis, indiquant par là votre désir d'apprendre, à l'école des autres, et de profiter d'un échange d'expérience. Vous vous êtes rendus compte que le temps est révolu où les individus, les organisations et les nations peuvent se contenter de vivre dans l'isolement complet. La connaissance et la compréhension

1 D'après le texte anglais de l'Osseroafore Romano du 12 janvier 1949.

2 Dès le haut moyen âge, les Anglais ou « Saxons » avaient leur hospice national à proximité de Saint-Pierre de Rome. Le souvenir en est resté dans la toponymie du Borgo «in Sassia » et de l'église de Santo Spirito «in Sassia ». Le palais Torlonia, où siège le Comité Central de l'Année Sainte, a été construit, dans la même région, par Henri VIII, pour servir de résidence au représentant diplomatique de l'Angleterre avant la Réforme.

sympathique sont des conditions essentielles pour abattre les barrières et les préjugés qui divisent les peuples et les engagent dans une lutte âpre.

Parmi les nobles traditions de votre système parlementaire qui a affronté l'épreuve des siècles, cet échange mutuel d'idées est mis en valeur ainsi que la liberté de parole. Quand cette liberté est exercée dans une atmosphère de compréhension, et de respect envers la justice et la vérité, et sous la direction d'un juge impartial, il est difficile d'en exagérer les bienfaits pour le pays.

Puisse votre visite être marquée par un progrès dans les relations mutuelles entre les nations, progrès dans l'esprit de vérité et de compréhension, puisse-t-il ancrer en elles la conviction qu'il y a un puissant moyen de fonder l'harmonie entre les hommes, dans la croyance que tous ont Dieu pour Père. Puisse Dieu veiller amoureusement sur les délibérations de la vénérable assemblée dont vous êtes les représentants.

Nous demandons à Dieu qu'il accorde Sa bénédiction à votre activité présente et que des grâces de choix descendent sur votre Roi, la famille Royale, le Gouvernement de Sa Majesté et sur le peuple britannique tout entier.


DISCOURS A LA NOBLESSE ET AU PATRICIAT

DE ROME

(15 janvier 1949) 1

Le 15 janvier, S. S. le Pape Pie XII a reçu en audience particulière, dans la salle du Consistoire, la noblesse et le patriciat de Rome qui Venaient présenter leurs souhaits de nouvel an.

Le Saint-Père a d'abord entendu une adresse d'hommage et de voeux qui lui était adressée par S. Exc. le prince Colonna, assistant au trône pontifical.

Puis Sa Sainteté, prenant la parole, a donné des directives concernant les devoirs de la noblesse au temps présent. Nous les reproduisons ici :

Les fêtes de Noël et du renouvellement de l'année sont, pour les familles chrétiennes, une occasion, qu'elles accueillent toujours avec joie, de resserrer puissamment les liens d'affection qui les unissent et de manifester leur amour réciproque, en y joignant des voeux et une mutuelle assurance de prières.

Cette joie, Nous l'éprouvons en ce jour où, conformément à une ancienne tradition, vous êtes venus, chers fils et chères filles, pour Nous offrir votre pieux hommage, si heureusement formulé par votre illustre et tout jeune interprète.

Cette présentation de voeux n'est pas une simple cérémonie protocolaire, mais le Père de famille saisit cette occasion pour exprimer ses souhaits, c'est-à-dire ce qu'il attend de ses enfants :

Les membres d'une famille digne de ce nom ne se contentent pas d'échanger les habituelles formules de voeux.

Chaque année, le père renouvelle ses recommandations, les illustrant et les complétant selon les exigences de l'heure. De leur côté, les enfants examineront leur conduite pour pouvoir, le cas échéant, affirmer loyalement leur docilité aux conseils paternels.

Ainsi faisons-Nous aussi Nous-même. Chaque année, Nous vous rappelons, dans la variété de leurs multiples aspects, les devoirs fondamentaux et immuables que vous impose la situation que vous occupez dans la société. L'an dernier, Nous vous les avons tracés aussi brièvement que l'exigeaient les circonstances 1.

// convient d'abord de faire un examen de conscience pour voir si l'on a observé loyalement les résolutions prises l'an passé, en cette même occasion :

Nous n'en doutons pas : vous vous êtes demandé, en interrogeant votre conscience, avec quelle fidélité et de quelle manière pratique, concrète et effective, vous avez donné, au cours de l'année passée, des preuves de force d'âme, de disposition à l'action, de généreuse adhésion aux préceptes de la doctrine et de la vie chrétiennes selon votre propre état.

Sans aucun doute, ce triple devoir lie tout le monde et en tout temps, mais il diffère et se différencie selon les événements toujours sujets à changement et selon les conditions spéciales de ceux qu'il assujettit. . ¦ . i .

Dans la société, les fonctions sont diversifiées et les devoirs d'un chacun, par conséquent, varient également :

La Divine Providence a assigné à chacun, dans la société humaine, une tâche particulière et elle a pour cela divisé aussi et distribué ses dons. Ces dons ou ces talents doivent à présent donner leurs fruits et vous savez que le Seigneur fera rendre compte à chacun de l'usage qu'il en aura fait. Selon le rendement obtenu, il jugera et discernera les bons et les mauvais serviteurs (Matth. XXV, 14 ss ; Luc. XVI, 2).

1 Cf. Allocution à la Noblesse romaine, le 14 janvier 1948 (Cf. Documents Pontificaux 1948, p. 24).

Si aujourd'hui, à la suite des bouleversements économiques, les membres de l'aristocratie sont tenus à gagner leur vie par un travail rémunérateur, ils n'en restent pas moins tenus à des devoirs spéciaux, parce que membres de l'aristocratie :

Il est bien vrai que, dans la nouvelle Constitution d'Italie, « les titres nobiliaires ne sont pas reconnus », sauf naturellement, en conformité de l'art. 42 du Concordat, en ce qui concerne le Saint-Siège, pour les titres nobiliaires accordés dans le passé ou à conférer dans l'avenir par les Souverains Pontifes ; mais la Constitution elle-même n'a pas pu effacer le passé, ni l'histoire de vos familles \

Aussi maintenant encore, le peuple — qu'il vous soit favorable ou hostile, qu'il vous entoure de respectueuse confiance ou d'hostilité — regarde et observe quel exemple vous donnez dans votre vie. Il vous appartient donc de répondre à cette attente et de montrer en quelle manière votre conduite et vos actes sont conformes à la vérité et à la vertu spécialement sur les points que Nous avons signalés et recommandés.

Que chacun, devant les difficultés d'aujourd'hui, fasse preuve de force :

Tout le monde aujourd'hui a besoin de force d'âme, pour supporter courageusement les souffrances, surmonter les difficultés de la vie, remplir avec constance son devoir d'état. Qui n'est pas sujet à la souffrance ? Qui ne doit pas lutter et peiner ? Ceux-là seuls qui se rendent et fuient. Mais vous avez moins que beaucoup d'autres le droit de vous rendre et de fuir. Les souffrances et les difficultés sont aujourd'hui le lot de toutes les classes et de toutes les familles.

Ceux qui disposent encore des biens de la fortune doivent en user pour soulager les misères des autres :

1 L'article 42 du Concordat signé le II février 1929 stipule: «L'Italie admettra la reconnaissance, moyennant un décret royal, des titres nobiliaires conférés par les Souverains Pontifes, même après 1870 et de ceux qui seront conférés à l'avenir ».

Si certaines personnes nagent dans l'abondance et les jouissances, elles devraient, du fait même de ces conditions, se pencher sur les misères et les difficultés d'autrui. Pourrait-on sans rougir vivre dans l'oisiveté et la frivolité, le luxe et le plaisir, alors que tout autour une foule de gens se trouvent dans la tribulation ?

L'aristocratie doit se mettre au service du bien commun et le

e détaille la manière de servir :

Seconde consigne du Pape à la noblesse : engagement. Dans la grande solidarité personnelle et sociale, chacun doit être prêt à travailler, à s'immoler et à se consacrer au bien de tous. La différence ne réside pas dans le fait de l'obligation, mais dans la façon de la satisfaire. Ceux qui disposent de plus de temps et de moyens plus abondants, doivent être plus assidus et plus empressés au service d'autrui. Par moyens, il ne faut pas entendre exclusivement ni premièrement les richesses, mais aussi tous les dons de l'esprit et du coeur, la culture, l'éducation, l'autorité. Ces dons, Dieu ne les accorde pas à certains privilégiés pour leur avantage exclusif, ou pour créer d'irrémédiables in-égalités entre les frères, mais pour le bien de toute la communauté sociale.

En tout ce qui est au service du prochain, de la société, de l'Eglise, de Dieu, vous devez toujours être les premiers. C'est là que se trouve votre véritable honneur, votre préséance la plus noble.

Il faut enfin accepter sans tergiversation les exigences du dogme de la morale chrétiennes :

Fidélité à la doctrine et à la morale chrétiennes. Telle est la dernière consigne du Pape.

Les préceptes chrétiens sont les mêmes pour tous, car il n'y a pas deux vérités, deux lois : riches et pauvres, grands et petits, élevés ou humbles ; tous les hommes sont également tenus à soumettre par la foi leur intelligence au même dogme, leur volonté par l'obéissance à la même morale. Dieu se montrera plus sévère envers ceux qui ont reçu davantage, qui sont mieux en mesure de connaître la vérité et de la mettre en pratique, dans la vie quotidienne, envers ceux dont l'exemple et l'autorité peuvent plus facilement diriger les autres sur la voie de la justice et du salut, ou les perdre sur le chemin de l'incrédulité et du péché.

Ces trois consignes : jorce d'âme, engagement social, fidélité au christianisme, formulées par le Souverain Pontife, devront constamment être présentes à l'esprit :

Chers fils et chères filles, l'année écoulée a montré à quel point ces trois forces intérieures sont nécessaires. Elle a mis en relief les brillants résultats produits par leur usage. Ce qui importe surtout, c'est que l'activité ne rencontre aucun arrêt, aucun relâchement, mais qu'elle se développe et se ravive avec constance et énergie. Aussi avons-nous relevé avec une particulière complaisance ce passage du discours de votre interprète, dans lequel il signale combien est profonde votre compréhension des maux de notre époque, dans l'ordre social et combien est ferme votre résolution de contribuer à leur apporter une solution conforme à la justice et à la charité.

Affermissez en vous la résolution de répondre pleinement à l'attente confiante du Christ, de l'Eglise et de la société, afin qu'au jour de la grande récompense vous puissiez entendre la parole réconfortante du Juge suprême : m Serviteur bon et fidèle... entre dans la joie de ton Seigneur ».


ALLOCUTION AUX MEMBRES DE LA MISSION SPÉCIALE AMÉRICAINE EN ITALIE

(18 janvier 1949) 1

Les Etats-Unis ayant créé, en 1948, un organisme de secours économique à l'Europe (Economie Coopération Administration), une mission fut envoyée en Italie pour étudier les besoins de ce pays et surveiller la répartition des secours. Le Saint-Père reçut en audience cette délégation et lui adressa les mots suivants :

Ce Nous est un plaisir d'exprimer Nos souhaits à un aussi grand nombre de membres distingués de la Mission spéciale américaine en Italie, qui forme une partie du programme de la « Reconstruction Européenne ». Vous êtes occupés à réaliser dans le détail un plan généreux dressé par des hommes d'Etat, « contre la faim, la pauvreté, le désespoir, et le chaos ». Nous reconnaissons le noble idéal qui a inspiré ces plans et pour cette raison Nous sommes très désireux de vous entretenir. Notre voix n'a cessé de se faire entendre,depuis près de dix ans, en faveur des affligés. Nous ne cesserons pas de demander des secours pour ceux qui sont dans la détresse et de louer, d'encourager ceux qui se dévouent à cette même tâche.

Il est évident aux yeux de tous que l'Europe ne peut pas être abandonnée complètement à elle-même, après cette terrible épreuve.' Vous apportez votre collaboration à un plan qui tend à remettre l'Europe sur le chemin d'un progrès assuré. Mais tous les plans extérieurs — quelles que soient les bonnes intentions de ses auteurs — doivent être considérés comme temporaires ; ils doivent être animés d'un désir sincère d'aider les pays d'Europe à résoudre leurs

propres problèmes et de décider leur propre destinée. Votre grande patrie, si riche en productions et en biens matériels a également montré sa richesse en projets et entreprises. Et ce fut fréquemment pour Nous une tâche agréable que de louer sans réserve l'authentique générosité de vos compatriotes. En de multiples occasions, ils ont fait preuve d'une vraie charité chrétienne en faisant de réels sacrifices personnels pour secourir des peuples dans la souffrance et la détresse. Ceux qui donnent peuvent comprendre le sens de cette phrase : « il vaut mieux donner que recevoir » ; assurément Celui qui récompense le don d'un verre d'eau donné en Son nom récompensera abondamment le généreux peuple des Etats-Unis d'Amérique.

En vue d'assurer le succès de tout effort de reconstruction, il est essentiel que vous gardiez devant l'esprit le but final de cette tâche qui ne consiste pas seulement à alléger des souffrances physiques et à apporter des secours économiques ; mais en se servant de ceux-ci, il faut rendre plus facile la vie spirituelle des hommes, la rendre plus aisée, avec l'aide de Dieu ; ainsi que la pratique des vertus et élever les coeurs vers le Créateur céleste, l'Auteur de toute vie. Puisse la bénédiction du Ciel descendre sur vous et sur tous ceux qui vous sont chers. Notre prière ardente accompagne vos activités et que Dieu, dans Sa Bonté, couronne vos efforts par d'heureux succès.


DÉCRET DE LA S. CONGRÉGATION DU CONCILE CONCERNANT LE JEUNE ET L'ABSTINENCE

(28 janvier 1949) 1

Le Saint-Père a estimé qu'en .cette année 1949 les fidèles du monde pouvaient à nouveau se plier aux lois du jeûne et de l'abstinence qu'il avait fallu suspendre à la suite des rigueurs de la guerre depuis 1941 2. C'est pourquoi le décret suivant a été publié :

Puisque les circonstances difficiles qui, en 1941, poussèrent à accorder la dispense de la loi d'abstinence et du jeûne se sont presque partout un peu améliorées, pour préparer l'année sainte qui approche et conformément aux voeux exprimés par beaucoup d'Ordinaires, il semble opportun que l'observance de la dite loi soit rétablie, au moins en partie.

Pour ce motif, Notre Très Saint Père le Pape Pie XII a daigné décider qu'à partir du premier jour du prochain Carême, jusqu'à nouvelle disposition, pour tous les fidèles de rite latin3, même appartenant aux Ordres religieux ou aux Congrégations religieuses, la faculté accordée aux Ordinaires de dispenser de l'abstinence et du jeûne, soit limitée de façon suivante :

a) L'abstinence doit être observée tous les vendredis de l'année ;

b) l'abstinence et le jeûne doivent être observés le mer-

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 32.

' Induit communiqué par la S. Congrégation pour les Affaires ecclésiastiques du 19 décembre 1941 (A. A. S., 33, 1941, p. 516).

3 Un décret semblable a été formulé à l'adresse des catholiques de rite oriental par la S. Congrégation pour l'Eglise orientale le 28 janvier 1949 (Cf. A. A. S., XXXXI, 1949, p. 31).

credi des Cendres, le Vendredi-Saint, aux vigiles des fêtes de l'Assomption et de Noël : pour tous ces jours de jeûne et d'abstinence, l'usage des oeufs et du laitage est d'ailleurs partout autorisé dans les repas du matin et du soir.

Les Ordinaires qui se serviront de ce nouvel adoucissement du jeûne et de l'abstinence ne manqueront pas d'exhorter les fidèles, spécialement le clergé séculier, les religieux et les religieuses, à vouloir, dans ces temps très difficiles, ajouter des exercices de perfection chrétienne et des oeuvres de charité, particulièrement à l'égard des pauvres et de ceux qui souffrent, et à prier selon les intentions du Souverain Pontife.


ALLOCUTION AUX ÉTUDIANTS DE ROME

(30 janvier 1949) 1

Plus de 7.000 étudiants catholiques de Rome se réunirent en ce jour au Vatican pour entendre le Pape leur adresser l'allocution suivante :

Vous avez un double titre, chers fils et filles, à notre accueil paternel, vous qui représentez la jeunesse étudiante de Rome, Notre ville natale et episcopale, à Nous pour cela doublement unie ; vous que Nous Nous réjouissons de voir aujourd'hui réunis autour de Nous, guidés par vos illustres Directeurs et Professeurs. Votre manifestation est dédiée à la Chaire de Saint-Pierre, premier évêque de Rome, à la vénération duquel est dédié aussi l'acte d'hommage que vous attribuez à son successeur bien qu'indigne.

Le Pape chante la gloire de la ville de Rome :

Vous êtes la jeunesse romaine. Avez-vous pleine conscience de votre privilège ? L'habitude n'en a peut-être pas atténué en vous l'intensité et la vivacité ! La jeunesse qui vient émue dans la Ville Eternelle, des régions lointaines, souvent pour peu de jours ou de semaines, sait souvent mieux que vous apprécier ce privilège, ou vous l'envie. Vous grandissez dans une ville, comme aucune autre sur la terre, riche d'histoire mondiale. L'ambiance de Rome est imprégnée des plus grands souvenirs ; les pierres de ses monuments, de ses voies et de ses places parlent des siècles et des millénaires passés, depuis les obscures origines, de la période royale, jusqu'au jour où, ignoré du monde, l'humble pêcheur de Galilée, l'apôtre Pierre, fai-

sait naître sous ses pas une autre Rome encore plus resplendissante, et en un sens bien plus élevé, le populum late regem (Virg. En. I ; 21). Vivre en cette ambiance unique au monde de façon à pouvoir faire agir toutes ces impressions sur les yeux, sur l'esprit et sur le coeur, selon toute la réceptivité de l'âme juvénile : voilà le privilège incomparable de la jeunesse romaine.

Mais, en outre, vous, ou au moins la majeure partie d'entre vous, avez, comme jeunesse étudiante, l'avantage de pouvoir connaître et approfondir, mieux que d'autres, les sources vives de l'histoire. . ...

La langue de la Rome antique, le latin, joue encore aujourd'hui un rôle de premier plan :

Parmi les nombreuses matières qui forment les programmes de vos études, vous cultivez la langue latine. Le latin ! langue antique, mais non pas morte, qu'on n'entend plus dans les amphithéâtres détruits, les forums fameux et les temples des Césars, résonne dans les églises du Christ, où les prêtres de l'Evangile et les héritiers des martyrs répètent et chantent les psalmodies et les hymnes des premiers siècles. Désormais la langue de Rome est surtout une langue sacrée employée dans les rites divins, dans les facultés de théologie et dans les Actes du Saint-Siège. Combien de fois vous-mêmes n'adressez-vous pas dans cette langue un doux salut à la Reine du Ciel votre Mère et à votre Père qui règne là-haut. Mais elle est aussi la clef qui vous ouvre le9 sources de l'histoire. Les inscriptions, les écrits et les livres du passé romain et chrétien, sauf quelques exceptions des derniers siècles, sont presque tous en langue latine.

Les étudiants doivent également pouvoir manier avec précision leur langue maternelle :

Pourtant n'interprétez pas Nos paroles comme l'indice d'un moindre intérêt pour les autres branches de vos études. Personne plus que Nous est convaincu que quiconque est appelé à avoir la responsabilité d'une charge, quiconque veut écrire ou parler, doit posséder parfaitement en toute sa pureté sa propre langue natale. Ayez donc toujours à portée de main — nocturna Versate manu, versate diurna — les bons livres italiens. Précisément à l'époque de la ciné-matographie, où vous vivez, le livre acquiert une plus grande importance. Le « film », même s'il est irréprochable, est par sa nature unilatéralement visuel et risque par suite de rendre superficiel l'esprit des jeunes s'ils ne se nourrissent en même temps d'utiles et saines lectures.

De même il est indispensable aujourd'hui d'étudier les langues étrangères :

Nous savons aussi, par expérience, combien est utile et même nécessaire d'apprendre des langues étrangères. Nous même, à votre âge, Nous nous sommes appliqué avec ardeur à l'étude de ces langues, même de celles qui, comme l'allemand, peuvent sembler trop difficiles à un débutant1.

Sans doute, on ne peut aujourd'hui ignorer les découvertes de la technique, mais on ne peut se laisser envahir par cette dernière. C'est pourquoi il est plus urgent que jamais de se plonger dans une étude désintéressée, telle celle de la langue latine :

Nous n'ignorons pas néanmoins la tendance présente • • de la technique à prévaloir toujours, plus sur les sciences spéculatives. 11 serait dangereux de vous plonger trop fortement dans l'élément matériel, au point de perdre ou d'affaiblir le sens de la culture chrétienne, très riche en vérité et en sagesse et toute imprégnée de ce que l'antiquité avait d'éternellement bon. Mais un tel péril sera plus facilement évité, si vous estimez digne de votre diligente attention de vous rendre maîtres aussi de la langue latine.

Forts de cette connaissance, vous serez un jour en mesure de préserver le peuple afin qu'il ne devienne pas toujours plus étranger à la pensée et à l'esprit de cette civilisation, grâce à laquelle ses ancêtres, durant plus de quinze siècles, se maintinrent solidement enracinés dans les principes de leur foi chrétienne.

1 Le Pape fait ici allusion aux nombreuses langues qu'il parle très couramment; en plus du latin et de l'italien, il faut citer le français, l'anglais, l'allemand, l'espagnol et le portugais. •

Rome a une histoire profane :

A travers les témoignages multiples et même entremêlés du passé que Rome abrite en elle, il y a toutefois une nette ligne de séparation. Les restes et les traces de l'histoire profane, même quand celle-ci était une grande histoire mondiale, les fragments de marbre et de bronze, que les fouilles offrent à la sagacité des archéologues, narrent les événements des temps passés, évoquent des races et des civilisations disparues, des puissances et des grandeurs éteintes. C'est la loi générale de tout ce qui est terrestre : aux hautes ascensions, à la vie et à la force succèdent, avec un rythme incomparablement plus rapide, la décadence et la mort. L'éclat de l'Empire romain fut merveilleux, il sembla créé pour des milliers d'années ; et pourtant il paya lui aussi dans une tragique décomposition, son tribut à cette loi : terrible avertissement pour tous les temps, y compris le nôtre.

Rome a une histoire sacrée :

Au contraire, quand nous nous trouvons devant les témoignages du passé chrétien, pour si antiques qu'ils soient, nous sentons toujours quelque chose d'immortel : la foi, qu'ils annoncent, vit encore, multipliée indéfiniment dans le nombre des croyants ; l'Eglise à laquelle ils appartiennent vit encore identique à travers les siècles. C'est l'Eglise du Christ aujourd'hui plus parfaite en ce qui concerne son visage extérieur, plus accomplie, plus achevée qu'aux jours de son aube naissante et de son premier développement. A présent l'Eglise avec ses 400 millions de fidèles répandus sur toute la terre a besoin d'une cohésion, d'un tout autre lien d'organisations et de lois, d'une direction plus efficace au moyen d'un gouvernement central que dans ses premiers jours quand les chrétiens se comptaient seulement par quelques milliers et à part quelques exceptions, appartenaient au même Etat, et à la même civilisation de l'Empire romain. Mais la structure de l'Eglise dans ses caractères essentiels, et sa vie intérieure étaient alors, comme toujours, les mêmes, beaucoup plus même en certains points que ce que la recherche historique aurait pu attendre. Dans sa maturité qui ne connaîtra jamais de décrépitude, l'Eglise n'a pas changé l'expression de son visage. Conservant inaltéré son timbre, la voix de l'Eglise a acquis plus encore de vigueur et d'ampleur.

L'Apôtre Pierre vint ainsi donner à Rome un sens nouveau et unique :

Avec cette affirmation nous nous retrouvons à Rome, près de la Chaire de Pierre. Parce que le Christ a exécuté sa volonté de fonder une Eglise, une et indestructible, avec la promesse faite à Pierre, avec l'institution de la primauté, et ce qui est la même chose de la Papauté. L'Eglise établie sur Pierre et ses successeurs, et seulement elle, devait être l'Eglise du Christ, une en soi, et qui doit durer jusqu'à la fin des temps moyennant la soumission à un chef personnel et visible.

Ce fut une disposition de la divine Providence que Pierre choisisse Rome comme son siège épiscopal. Ici, dans le cirque de Néron, sur lequel nous possédons des témoignages archéologiques incontestables, il mourut confesseur du Christ ; sous le point central de la Coupole gigantesque se trouvait et se trouve le lieu de sa sépulture *. Ses successeurs, les Papes, ont continué sa mission jusqu'à présent.

A Rome se sont succédés des Souverains Pontifes illustres :

Dans la série des Pontifes romains, il y en a eu beaucoup qui, comme le Prince des Apôtres, ont scellé de leur propre sang leur fidélité à celui dont ils étaient les représentants visibles. Beaucoup brillèrent par leur sainteté, par leur génie, par leur science, par leur autorité. Il en fut quelques autres dont les qualités purement humaines correspondaient moins à la hauteur de leur suprême ministère. Mais les plus formidables tempêtes déchaînées depuis le temps de l'Apôtre Pierre jusqu'à nos jours n'ont pas pu ébranler l'Eglise, ni porter préjudice à la mission divine de ses Chefs. Chaque Pape reçoit sa mission divine au

1 Des fouilles entreprises durant le Pontificat de Pie XII sous la Basilique Vaticane, ont permis de prouver que la tombe de Saint Pierre était située sous la coupole de la Basilique.

moment même où il accepte son élection, immédiatement du Christ, avec les mêmes privilèges de l'infaillibilité.

Toutefois le sort de l'Eglise n'est pas indissolublement lié au sort de Rome :

Si jamais un jour — ce n'est là qu'une hypothèse — la Rome matérielle devait s'écrouler ; si jamais cette Basilique Vaticane, symbole de l'Eglise catholique : une, invincible et victorieuse, devait ensevelir sous ses ruines ses trésors historiques et les tombes sacrées qu'elle renferme, même alors l'Eglise ne s'en trouverait pas pour autant abattue ; la promesse du Christ à Pierre resterait toujours vraie, la Papauté durerait toujours, comme aussi l'Eglise une et indestructible fondée sur le Pape alors vivant.

La Rome éternelle en un sens chrétien et surnaturel est supérieure à la Rome historique. La nature et la vérité de la Rome éternelle sont indépendantes de la Rome historique.

Ce ne sont pas les pierres qui comptent devant Dieu mais les prières et la foi :

Telle doit donc être aussi, chers fils et filles, votre foi qui ne doit pas s'écrouler parce qu'elle a pour base la pierre sur laquelle est édifiée l'Eglise. Proclamez-la et portez-la parmi vos compagnons et vos compagnes d'école, avec une vue claire, une conviction profonde, un courage sûr de la victoire. Et priez pour le Pape afin que le Seigneur qui l'a voulu pasteur et évêque de vos âmes (Petr. II, 25),, lui accorde de servir par la parole et par l'exemple ceux qu'il a sous sa juridiction et de parvenir avec eux à la vie éternelle (Miss. Rom. Orat. Pro Papa).

L'esprit rempli de ces sentiments Nous vous accordons de tout coeur Notre Bénédiction Apostolique.


RADIOMESSAGE AU CONGRÈS EUCHARISTIQUE DE BOLIVIE

(30 janvier 1949) 1

A l'occasion de la clôture du Congrès eucharistique de Cali, le Saint-Père adressa à la foule assemblée le message suivant :

Vénérables Frères et bien-aimés fils qui, réunis en la ville de Cali, clôturez en ce moment le premier Congrès eucharistique bolivien.

Si la conscience de Notre ministère et l'amour que Nous professons à Nos fils Nous pousse continuellement à élever la voix pour enseigner la doctrine et exhorter, pour faire cause commune avec tous aux heures de tristesse ou de joie, combien plus le ferons-Nous maintenant, puisqu'il s'agit non seulement d'un seul peuple, mais de plusieurs peuples et de très nobles nations qui se sont réunies pour rendre un hommage solennel à Celui dont la gloire remplit les cieux et la terre ?

Notre regard paternel, bien-aimés fils de Colombie, du Venezuela, du Pérou, de l'Equateur, de Bolivie et de Panama, se réjouit de vous voir fraterniser devant l'autel et sous le patronage de celui qui, comme l'histoire l'a déjà reconnu, par-dessus toutes ses antinomies individuelles, adoucies ensuite avec les années, fut le soutien des droits du Sanctuaire, le prédicateur de la haute paternité des Successeurs de Pierre, et le conservateur conscient, pour les siens, du patrimoine sacré de la Foi 2.

1 D'après le texte espagnol des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 76.

2 On se reportera au Discours à Son Exc. M. Emmanuel Larres Ribadeneira, ambassadeur de l'Equateur (13 juillet 1948), dans Documents Pontificaux 1948, p. 262, où le Souverain Pontife fait également allusion à Garcia Moreno.

La Providence voulut, peut-être, que la réalisation de vos désirs fut ajournée, pour vous mieux préparer à l'école de la douleur, et pour faire que votre Congrès fût aussi un acte de réparation 1. Enfin aujourd'hui vous êtes là, les âmes exaltées par tant de prières et les esprits trempés dans l'épreuve, acclamant dans les rues et les places l'Agneau Divin perpétuellement immolé, renouvelant votre consécration à son Coeur Sacré, et, à présent, attendant un mot de Nous, pour le porter à vos lointains foyers comme un doux souvenir.

Le thème de ce Congrès était : Eucharistie et Famille ; aussi le Pape exalte-t-il le rôle de la famille chrétienne :

Et quel pourrait être ce mot, sinon de vous exhorter une fois de plus à un renouvellement profond de votre vie chrétienne, et spécialement, selon l'esprit de votre Assemblée, à la rechristianisatioii de vos familles par le moyen de l'Eucharistie ?

Peu de besoins sont aujourd'hui aussi urgents que la consolidation de la famille chrétienne: base fondamentale sur laquelle repose toute société humaine, qui est comme la coupole qui couronne tout l'édifice de la création ; peu de besoins sont aussi urgents que l'assainissement de cette source naturelle de vie, si l'on veut sauver l'existence même de l'humanité, et empêcher que le fruit de la Rédemption ne soit gâté en elle. Son unité et son indissolubilité mêmes, sa transcendantale finalité, semblent aujourd'hui en danger.

La famille est union indissoluble des époux entre eux, et union des parents avec les enfants, fondée dans l'amour. Et comment ce lien ne serait-il pas fortifié par le Sacrement qui est le générateur de notre charité (cfr. S. Th. 3, pars, q. 79, art. 1 et 2) et par lequel nous formons avec Lui un seul esprit ? (cfr. 1Co 6,17).

Que les membres de la famille s'approchent ensemble

1 Durant l'année 1948, la Bolivie connut plusieurs tentatives d'insurrection, d'ailleurs rapidement réprimées, tandis qu'en Colombie, au contraire, une révolution éclatait le 9 avril 1948 qui provoqua plus de 1500 victimes, parmi lesquels plusieurs prêtres; des églises et des couvents furent saccagés.

aussi de cette table eucharistique, qu'ils accueillent dans leurs coeurs terrestres ce Coeur Divin, qui les fusionnera avec lui, élevant leurs sentiments et leurs volontés, incorporant à lui-même l'époux et l'épouse, les parents et les enfants, et c'est alors qu'il n'y aura plus entre eux qu'un seul coeur et qu'une seule vie, que les orages du siècle et les peines qu'apporte avec elle la lutte pour l'existence ne pourront jamais rompre, car elle porte en elle-même le sceau de la perpétuité.

Mais la famille chrétienne a une mission presque divine : celle de transmettre et d'allumer la vie, comme se propage le feu sacré en passant de l'un à l'autre dans les mèches des cierges qui se dressent sur l'autel. Epoux, parents et enfants : mystère de l'amour terrestre. Eucharistie : mystère de l'amour divin, qui alimente et perfectionne la vie spirituelle, qui fait fleurir ce parterre choisi de la famille, haussant jusqu'à la cime la plus sublime, la fonction du mariage qui consiste à remplir la terre d'enfants de Dieu, dans les bégayements desquels le Père Tout-puissant et Eternel devra reconnaître la voix de son Divin Fils.

Transformés ainsi, par cette incorporation au Christ, les membres de la famille chrétienne possèdent déjà ce principe qui fera rayonner son influence sanctificatrice dans le foyer et dans l'Eglise. Car, où les parents pourront-ils trouver, mieux que là, les trésors d'intelligence, de prudence et d'oubli d'eux-mêmes qu'exige leur mission éduca-trice ? Où se développera plus harmonieusement et plus intégralement l'esprit de leurs enfants ? L'Eucharistie est source de cette « gratia divina quae pulchrificat sicut lux » (S. Thom. in Psalm. XXV, n. 5) : grâce divine qui embellit comme la lumière. Les voulez-vous soumis et obéissants ? En l'Eucharistie est présent le même Dieu fait chair qui, obéissant à Joseph et à Marie, et vivant avec eux dans la sainte intimité de la famille, grandit en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes (cfr. Luc. V, 51, 52). Les désirez-vous épris de nobles sentiments et d'idéal élevé ? L'Eucharistie possède le charme des tendresses divines, elle est la réalisation la plus lumineuse des ineffables plans de toute la Rédemption.

A cause de cela, peut être, l'Eglise a désiré que la famille, cellule vitale de toute société, et par là donc de l'Eglise elle-même, se régénère et vive, faisant à son tour d'elle-même un centre d'attraction d'effluves eucharistiques, et mettant, en tête des plus doux chapitres de l'histoire du foyer, le Saint Sacrement.

Qu'elles sont belles ces premières Communions, où les enfants sont conduits à l'autel par la main de leurs parents ; cette autre, devant un autel parfumé de fleurs d'oranger ; ces inoubliables Messes du Dimanche et des jours de fêtes en famille ; cette consolante Communion d'adieu des êtres chers ! Que la rage de l'enfer ne réussisse jamais à arracher l'Eucharistie de vos noces, de vos heures tristes ou gaies. Que vous n'oubliiez jamais qu'il est là pour vous soutenir dans le sacrifice. Et c'est là que la famille chrétienne ne cessera jamais de l'être, et elle redeviendra chrétienne à nouveau, là où elle se serait écartée du droit chemin.

Dans sa conclusion Pie Xli félicite les participants :

Avec une louable opportunité vous avez choisi, comme siège de votre réunion, cette fleur souriante de la vallée du Cauca, la belle Cali, qui fut la première ville de Colombie où s'établit l'Adoration Perpétuelle. Avec votre générosité caractéristique vous avez bâti ce lumineux et magnir fique monument qui servira ensuite de centre à un temple grandiose dédié au Saint Sacrement. Avec une intuition infaillible vous avez voulu graver à la base de cet ostensoir que vous avez sous les yeux, les six écussons de vos six nations. On dirait que, par là, vous désirez signifier que le fruit principal de votre Congrès consistera en un vrai renouvellement de vos nobles et très antiques traditions chrétiennes, en un ferme propos d'y être toujours fidèles, et en une décision inébranlable de chercher à tout instant la paix et l'entente entre vos nations, sur la base de la fraternité chrétienne.

Que la Sainte Vierge des Remèdes, votre douce Mère-, vous obtienne cette grâce du ciel, comme une récompense pour cette profession de foi de votre continent presque tout entier ; par cette foi vous édifiez l'Eglise et le monde entier. Et que tous voient où se trouve le fondement de cette paix si fugitive et cependant si ardemment désirée.

Gage de ces précieux dons du ciel veut être la Béné-

¦diction que de tout coeur Nous donnons en ce moment : à Notre vénérable Frère le Cardinal Légat 1, que Nous avons voulu vous envoyer de Rome même, en témoignage de Notre singulière affection ; à Nos Frères dans l'Episcopat, aux Prêtres et à tous les fidèles présents, d'une manière très spéciale aux autorités, qui avec leur appui et leur présence ont voulu contribuer à la plus grande splendeur du Congrès. Que le Dieu Eucharistique vous bénisse, vous tous chers fils, et toutes vos nations catholiques, dans lesquelles l'Eglise a mis tant d'espérances.

1 Le Pape s'était fait représenter à ce Congrès eucharistique par le Cardinal légat Micara (Cf. Lettre à S. E. le Cardinal Micara, l'instituant Légat, LE 6 janvier 1949, dans A. A. S., XXXXI, 1949, p. 71).


Pie XII 1949 - ALLOCUTION AUX DÉLÉGUÉS DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE DES RÉFUGIÉS