Pie XII 1949 - DÉCRET DU SAINT-OFFICE CONCERNANT LE COMMUNISME


LETTRE DE MGR MONTINI

Substitut à la secrétairerie d'Etat à S- Exc. Mgr Giovanni Urbani Aumônier Général de l'Action Catholique Italienne (2 juillet 1949) 1

Les aumôniers de l'Action Catholique italienne ont tenu en juillet 1949 une semaine d'études ayant pour sujet : Venseignement du catéchisme. A cetle occasion, le Pape leur fit adresser la lettre suivante :

Le Saint-Père a pris avec une satisfaction particulière connaissance du programme des prochaines Semaines d'Etudes, organisées par l'Action Catholique italienne pour le clergé italien, que Votre Excellence Révérendissime lui a fait parvenir.

Le choix de l'enseignement du catéchisme comme thème principal du programme lui-même, révèle encore une fois que l'Action Catholique entend appliquer son attention et exercer son activité sur des problèmes d'un intérêt urgent et vital. De son côté, le Souverain Pontife assure ces laborieuses et pieuses assemblées de sa plus vive et confiante sympathie et forme dès maintenant tous les meilleurs voeux pour leur plus large et plus fructueuse réussite.

Le Pape montre l'importance primordiale de Venseignement du catéchisme pour l'Eglise :

L'enseignement du catéchisme a été, en effet, en tout temps, la condition indispensable pour créer dans

1 d'après le teste italien de l'Osseroatore Romano du 24 juillet 1949; traduction française dans La Documentation Catholique, t. XLVI, c. 1153.

la conscience une ferme adhésion à la foi chrétienne et une forte volonté d'en inspirer les lois et les moeurs :

« Fides ex auditu, auditus autem per verbum Christi — La foi vient de la prédication entendue, et la prédication se fait par la parole de Dieu » (Rom. X, 17). On ne pourrait trouver aujourd'hui un autre moyen qui puisse, avec autant d'efficacité, ouvrir les âmes à la vérité et engager les individus et les peuples à respecter comme il convient les commandements divins, et partant, à collaborer sagement ensemble dans la justice et dans la charité.

Il faut constater qu'aujourd'hui plus qu' autrefois un très grand nombre de personnes cherchent à s'instruire :

Notre temps, bien qu'affaibli et distrait par d'innombrables sujets du domaine sensible, et absorbé d'ailleurs par des questions techniques et pratiques, ne manque pas cependant de s'intéresser aux études et de les aimer, et l'on voit parfois des catégories de personne, qui ne sont pas particulièrement vouées à l'activité culturelle, montrer, elles aussi, leur goût pour les études.

Mais celte instruction se borne souvent aux études profanes :

Cependant, par suite. de la multiplicité des matières qui intéressent la mentalité moderne, imprégnée de laïcisme, négateur et d'hédonisme 1 jouisseur, occupée tout entière par l'immense développement du progrès extérieur, et aussi, en ces dernières années spécialement, angoissée par d'excessives préoccupations d'ordre économique, notre temps ne s'est pas suffisamment soucié, comme le firent certaines époques passées, du catéchisme.

Nos contemporains demeurent donc souvent ignorants de la vérité religieuse :

On en est ainsi arrivé à une grave disproportion entre la connaissance des sciences religieuses et celle des sciences profanes, disproportion à laquelle s'ajoute aujourd'hui, rae-

1 L'hédonisme est la doctrine qui fait du plaisir la règle suprême des actes humains.

naçante et dangereuse, plus insistante et méthodique, une propagande adverse d erreurs de tout genre, tantôt insidieusement voilées, tantôt ouvertement proclamées.

Comme conséquences, des maux ont été largement propagés : ou un esprit entièrement imbu de préjugés contre la religion, ou une ignorance quasi complète des principes chrétiens, ou encore (ce qui n'est pas moins nuisible) une connaissance superficielle et faible de ces principes laquelle ne peut être d'une aide quelconque en face des difficultés présentes ou contre le choc des attaques ennemies.

C'est pourquoi il est urgent d'intensifier l'instruction religieuse :

Dans ces conditions qui angoissent tant le coeur de Sa Sainteté, il n'est personne qui ne voie la nécessité urgente d'intensifier, aux prix de tous les efforts, une activité catéchistique efficace.

Sans doute de nombreuses initiatives oni déjà été prises pour mettre à la portée d'un grand nombre cet enseignement :

Suivant la tradition et les directives, données en tant de circonstances par l'Eglise, se sont développées, en Italie aussi, de nombreuses et louables initiatives en faveur d'un enseignement catéchistique utile ; on doit citer, en premier lieu les écoles paroissiales, les cours de l'Action Catholique et l'enseignement religieux lui-même donné dans les écoles, qui s'enrichit chaque jour de nouvelles expériences d'une nouvelle littérature.

Les prêtres doivent être au courant des nouvelles méthodes pédagogiques ; ils doivent montrer par leur vie qu'ils professent autheriliquement tout ce qu'ils enseignent ; enfin, ils doivent, vu l'ampleur de la tâche, s'adjoindre des laïcs pour apprendre le catéchisme aux jeunes :

On ne saurait cependant assez recommander que ces initiatives soient partout répandues et perfectionnées, et que les prêtres, auxquels est confiée d'une manière particulière la mission d'enseigner, aient à coeur de se rendre vraiment aptes à la remplir avec honneur et efficacité, grâce à 1 étude, à l'expérience pédagogique personnelle et à la pleine ad-

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S. EXC. MGR GIOVANNI URBANI

hésion de leur vie à la vérité professée et que là où leur action ne suffit pas (comme c'est partout le cas aujourd'hui) ils sachent s'attacher de bons collaborateurs laïques, qui les aident dans l'enseignement catéchistique, spécialement pour la formation des jeunes enfants.

Cette collaboration qui, dans les pays de mission, est une nécessité, est devenue désormais providentiellement une louable pratique dans presque toutes les nations. Elle a l'avantage non seulement de remédier, au moins en partie, à la pénurie de clergé, mais encore d'encourager la formation d'âmes ferventes et apostoliques, toujours mieux trempées en vue du travail d'éducation spirituelle du prochain.

Pie XII insiste encore sur l'importance de cet enseignement :

Pour le prêtre (comme pour ceux qui l'assistent) aucune heure ne pourrait être plus précieuse que celle qui est consacrée à enseigner le catéchisme ; enseignement pour lequel le Concile de Trente a employé la singulière expression de primum et maximum officium — la première et la plus importante fonction.

Il est clair cependant, que cet enseignement doit continuellement s'efforcer d'être digne de la transcendante noblesse que possèdent les vérités énoncées.

Le Saint-Père, parlant le 10 mars 1948, aux curés et prédicateurs du Carême de Rome, leur dit : « Faites en sorte que votre parole soit solide, claire, intéressante, vivante, chaude, proportionnée à l'intelligence et aux besoins spirituelles de vos auditeurs » 1.

Le Pape énumère les qualités que doit remplir un bon enseignement du catéchisme :

L'enseignement devra donc avoir un ensemble de qualités — précision simplicité, vigueur, beauté — telles

1 On trouvera le Discours aux Curés et aux Prédicateurs de Carême de Rome dans Documents Pontificaux 1948, p. 113.

D'autres documents traitent de la même question, notamment: Radiomessage au Congrès Interaméricain d'Education Catholique à La Paz, 6 octobre 1948 (ibid., p. 367).

qu'elles fassent resplendir dans leur éclat primitif les vérités de la foi ; il devra aussi trouver des accents de pastorale bonté qui gravent vraiment cet enseignement dans l'histoire intérieure de toute âme, au cours de son pèlerinage terrestre vers Dieu. Chacun de ceux qui l'écoutent devra bien se persuader qu'il ne s'agit pas de vérités pesantes et ennuyeuses, détachées et comme absentes de la vie pratique (accusation souvent lancée contre notre enseignement), mais extrêmement encourageantes et réellement productives de bien et de renouveau ; de sorte qu'à chaque instant l'élève soit à même de remarquer les liens qui existent entre cette science divine et son application pratique et concrète dans la vie vécue.

Et puis, un enseignement substantiel et sûr ne servirait à rien s'il n'était pas exposé avec la clarté nécessaire et dans des termes expressifs, en employant les méthodes didactiques qui aujourd'hui sont de plus en plus suggestives.

Il ne semble pas inutile de rappeler ici que la mentalité moderne, aussi bien parmi les étudiants et les intellectuels que chez les travailleurs manuels, bien qu'elle se laisse volontiers captiver par l'enchantement des représentations sensibles, aime qu'on aborde immédiatement l'essence de la doctrine, sans recourir aux artifices d'une rhétorique vaine et parfois désuète.

C'est donc pour les prêtres, un devoir délicat, mais attrayant et fondamental, non seulement d'approfondir la vérité, mais encore de s'efforcer de 1 exprimer de la manière la plus incisive et la plus concrète ; tâche difficile mais non pas impossible, si l'on songe qu'elle est la vérité qui s'appuie sur la raison elle-même ; qui contient les promesses de la vie présente et de l'éternité, et qu'elle enferme en soi un secret réconfort de lumière et de grâce dont les âmes éprouvent les mystérieux et consolants effets.

Le Pape annonce qu'aura lieu à Rome, en 1950, un grand Congrès catéchistique international :

Ces aspects et bien d'autres encore du problème catéchistique, seront certainement étudiés avec amour et grande attention durant les Semaines du clergé qui auront lieu en Italie, sous la direction sage et éclairée de l'épiscopat. Ces Semaines elles-mêmes seront par ailleurs une excellente préparation au Congrès catéchistique international prescrit par la Sacrée Congrégation du Concile pour l'Année Sainte prochaine.

En attendant, Sa Sainteté formule des voeux paternels pour l'heureux succès des Semaines elles-mêmes, implore de Dieu sur les assistants ecclésiastiques, les rapporteurs et les congressistes, d'abondantes lumières et leur donne de grand coeur la Bénédiction Apostolique.

1 D'après le texte français de YOsserVatore Romano du 20 juillet 1949.

2 M. Eugène Duthoit (1869-1944), natif de Roubaix, devenu professeur de Droit et d'Economie politique à l'Université catholique de Lille, nommé, à la mort de Henri Lorin, président des Semaines sociales. Il a publié un grand nombre d'ouvrages traitant des principes sociaux.

LETTRE DE MGR MONTINI Substitut à la secrétairerie d'Etat à M. Charles Flory Président des Semaines Sociales de France (4 juillet 1949) 1

Du 17 au 23 juillet 1949 se tenait à Lille la XXXVI" session des Semaines sociales de France ayant pour thème : « Réalisme économique et progrès social ».

A cette occasion, au nom du Pape, Mgr Montini envoya au Président la lettre que Voici :

Le sujet de la Semaine Sociale de Lille ne pouvait manquer de retenir la bienveillante attention du Saint-Père, qui m'a chargé de vous exprimer l'intérêt tout particulier qu'il daigne prendre au succès de vos travaux.

Votre Université itinérante, comme on l'a si bien définie, choisira donc pour siège, cette année, la grande cité industrielle et commerçante du Nord de la France, où s'est spécialement exercé, dès l'origine, le zèle des catholiques sociaux. N'est-ce pas d'ailleurs de la région lilloise qu'est sorti votre ancien président, M. Eugène Duthoit 2, dont le nom, la vie et l'oeuvre, surtout dans le champ des Semaines sociales, resteront à jamais en bénédiction ? Comment ne verrait-on pas, dans de si providentielles rencontres, un gage d'essor et de salutaire rayonnement ?

// est nécessaire, dit ce document, d'analyser les aspects économiques de notre temps :

Le programme de vos prochaines études ne laisse pas d'ailleurs d'apparaître assez nouveau. Non, certes, que les Semaines sociales se soient jamais désintéressées de l'aspect économique et même matériel des problèmes du travail, de la productivité, de la distribution des richesses ainsi créées. Mais par vocation (leur nom l'indique assez) c'est sur l'aspect proprement social et humain qu'elles concentraient davantage leurs observations et leurs réflexions. Aujourd'hui, le titre seul de vos assises lilloises : réalisme économique et progrès social, montre au contraire, que c'est sur le premier membre de ce binôme que vous entendrez mettre l'accent. Et ce n'est pas sans raison, en effet, quand on sait l'importance extraordinaire qu'a prise la technique, sous la pression des deux dernières guerres surtout, et la nécessité, qui s'impose, d'un rajustement et d'une meilleure articulation de l'économique et du social. Lille, avec ses généreuses et multiples initiatives dans le monde de l'industrie, vous offrira, à cet égard, un champ d'expérience exceptionnel.

Il faut que l'Eglise énonce les principes moraux dominant la Vie économique :

Il n'est donc pas indifférent que la voix de l'Eglise s'y fasse entendre, par l'organe de professeurs, d'économistes et de techniciens pénétrés de l'esprit de l'Evangile, sous l'égide d'un eminent pasteur, dont on n'ignore point les singuliers mérites, spécialement en matière de sociologie chrétienne 1.

La lettre cite les sources oà l'on pourra puiser la pensée de l'Eglise sur les problèmes économiques actuels :

De précieux et décisifs éléments de solution vous seront

1 S. E. le Cardinal Achille Liénart, né à Lille en 1884, fut créé Cardinal en 1930. Il a pris une part active au mouvement social du nord de la France. On lira notamment la Lettre de la S. Congrégation du Concile à Mgr Liénart, évêque de Lille, du 5 juin 1929, traitant du syndicalisme « au sujet du conflit existant entre les employeurs et employés dans la région i (A. A. S., 21, 1929, p. 494).

fournis par les enseignements pontificaux, qui ne peuvent manquer d'éclarer souverainement des problèmes si actuels et si urgents. N'est-ce pas en particulier dans la Lettre que Sa Sainteté vous adressait, le 18 juillet 1947, que les questions intéressant la production et la répartition des biens étaient traitées avec une lumineuse autorité, sans compter les précisions de l'année 1946 sur les nationalisations, et les toutes récentes déclarations aux chefs d'entreprise, où le vénéré Pontife délimitait les fonctions respectives du droit privé, dans la réglementation du travail, par où seulement se réalise un équilibre économique, qui est lui-même le support de l'équilibre social 1.

Ces principes moraux, ainsi que les exigences de la science économique, convergeront harmonieusement pour créer un authentique ordre social :

D'ailleurs, il ne peut y avoir incompatibilité entre un réalisme, sainement nourri de faits, de statistiques et de lois économiques, et un ordre social, bien légitimement imbu d'aspirations à plus de justice et d'humanité. Ces deux aspects d'un même problème sont complémentaires, auxquels pourrait s'appliquer la parole évangélique : Haec opportuit facere et illa non omittere — Il faut faire ceci et ne pas omettre cela (Matth. XXIII, 23). On a parfois accusé les catholiques sociaux de poursuivre un idéal trop élevé pour être applicable. La Semaine de Lille prouvera qu'ils ne s'inspirent pas moins des données réelles et positives, à partir desquelles la doctrine sociale de l'Eglise offre un ensemble aussi pratique qu'harmonieux. Les soucis de

1 La Lettre cite ici en particulier:

— Lettre de S. S. Pie XII à M. Charles Flory, du 10 juillet 1946, à l'occasion de la XXXIIIe session des Semaines sociales de France tenue à Strasbourg en 1946 et ayant pour thème: «La communauté nationale» (A. A. S., 38, 1946, p. 315);

— Lettre de S. S. Pie XII à M. Charles Flory, du 19 juillet 1947, à l'occasion de la XXXIVe session des Semaines sociales de France tenue à Paris et ayant pour thème: «Le catholicisme social» (A. A. S., 39,  1947, p. 444);

— Allocution de S. S. Pie XII aux membres de l'Union Internationale des Associations Patronales Catholiques, 7 mai 1949, cf. p. 155.

l'économique en fonction du progrès social les situe à égale distance d'un libéralisme sans frein, et de la tyrannie du matérialisme athée. Pour eux, l'économie reste au service de l'homme, de sa liberté, de sa dignité chrétienne, en même temps qu'au service du bien commun.

Le Pape félicite les promoteurs des Semaines sociales et souhaite un plein succès à la session de Lille :

On voit par là quel champ d'études et d'action s'offre à la Semaine sociale de Lille. Elle continuera les grandes et saines traditions que ses précédentes sessions ont mises à l'honneur. La Semaine Sociale de Lyon, en particulier, qui traita, l'an passé, des peuples d'outremer en rapport avec la civilisation occidentale, n'a pas manqué d'apporter une remarquable contribution à des problèmes que l'après-guerre pose partout avec une particulière gravité. A cet égard, Sa Sainteté ne pouvait vous être que très reconnaissante du filial hommage que vous lui avez fait, du beau compte-rendu de vos derniers travaux et elle me charge de vous en remercier en son nom 1. En vous renouvelant le témoignage de sa paternelle confiance et de ses meilleurs encouragements, l'auguste Pontife se plaît à vous envoyer, ainsi qu'à tous ceux qui participeront aux prochaines assises lilloises, la Bénédiction Apostolique.

1 Cf. Compte rendu de la XXXVe session des Semaines Sociales de France, Lyon 1948: «Peuples d'outre-mer et Civilisation occidentale» (Ed. Chronique sociale de France, 16, rue du Plat, Lyon).


DISCOURS

A S. EXC. LE DR. DHIRAJLAL BHRULABHAI DESAI Représentant de l'Inde (6 juillet 1949) 1

L'Inde a acquis son indépendance politique le 15 août 1947 ; moins de deux ans après, ce pays envoyait son premier représentant auprès du Saint-Siège. A Yoccasion de la remise des lettres de créance de ce dernier, Pie XII déclara :

C'est avec grande satisfaction que Nous acceptons les hommages que Votre Excellence 2, en tant qu'Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire du nouvel Etafc de l'Inde, Nous adresse au nom de votre Gouvernement et de votre noble peuple.

Cette heure marque un événement solennel et réellement historique. De nouvelles dispositions, de nouveaux développements, qui ont sans doute mis longtemps avant d'éclore, dont la deuxième guerre mondiale a plutôt hâté que causé l'apparition, atteignent aujourd'hui de vastes étendues de la terre. L'Extrême-Orient, par-dessus tout émerge politiquement, socialement et spirituellement, et occupe une position de premier rang et de ce fait, il se trouve en face de responsabilités et de devoirs formidables, mais aussi devant des occasions précieuses pour favoriser la prospérité et la paix dans l'humanité.

Dans ce mouvement du monde vers de nouvelles destinées, votre pays aujourd'hui dans son stade initial à côté

1 Diaprés le texte anglais des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 367.

2 Le nouvel Envoyé est né en 1908 et a acquis à l'Université de Bombay le titre de Bachelier-ès-Arts, puis, en Angleterre, le titre de Docteur en Droit. Avocat, il prit part aux luttes politiques de son pays et fut un des membres les plus éminents du Congrès National des Indes.

d'autres, est appelé à jouer un rôle important, ainsi que tout observateur vigilant ne peut manquer de le remarquer.

L'Inde nouvelle, qui Nous a envoyé dans la personne de Votre Excellence, un représentant aussi compétent et aussi distingué, est douée d'immenses possibilités capables de tout transformer, et celles-ci paraissent déjà à l'horizon dans un avenir à la fois proche et lointain. Sa population et ses ressources naturelles, ses capacités de production actuelles et latentes, de même son imposant héritage spirituel, constituent des éléments destinés à remplir certainement des fonctions spéciales au contact avec les autres cultures.

Un élément essentiel de votre héritage spirituel est le sérieux et le respect des sentiments religieux, la conscience profonde, dans l'âme du peuple hindou, de sa dépendance envers Dieu.

Celui à qui Votre Excellence fait forcément allusion comme le « Père de la Nation » 1 a légué à son peuple un héritage de grande valeur, une foi solide dans la primauté des valeurs spirituelles sur les valeurs matérielles.

Votre Excellence a rappelé en termes chaleureux et reconnaissants l'esprit de travail et de sacrifice qui, durant des siècles, a caractérisé les activités, en terre hindoue, de tant de Nos fils et filles spirituelles 2.

Ceux qui, comme eux, admettent les enseignements du Sermon sur la Montagne, comme une règle inviolable de vie, et qui reconnaissent en Celui qui les a proclamés un Maître divin, et un sublime Modèle, ceux-là ne permettront pas que cet idéal de service généreux et dévoué soit affecté par les changements successifs de forme et de contenu que les événements politiques des récentes années ont provoqués. Comme toujours, aujourd'hui et demain, comme hier, suivant l'exemple du Christ et obéissant aux enseignements de Son Vicaire, qui embrasse tous les peuples avec une égale affection, ces enfants qui sont Nôtres ne viseront qu'à être au service de tous, et, par les services rendus, de préparer les voies à la vraie prospérité, à la paix et au bon

1 Le Pape fait allusion ici au Mahatma Ghandi (1869-1948).

2 Depuis que Saint François Xavier a abordé les Indes en 1542, les missions catholiques sont demeurées très florissantes. On comptait aux Indes (Hindoustan et Pakistan) en 1949 : 4 millions de catholiques, près de 4j000 prêtres, 800 frères et 7.500 religieuses.

heur de ce noble peuple auquel ils appartiennent et au sein duquel ils travaillent.

C'est une triste caractéristique de notre temps, qu'en plusieurs endroits, régnent une conception de vie et une conception de la société qui sont viciées par un excès de matérialisme ou qui sont perverties par une négation brutale de toutes les valeurs spirituelles.

Les peuples sont les premiers à souffrir des effets désastreux de telles déviations ou dégénérescences. C'est par là qu'ils perdent non seulement leur liberté mais encore leur dignité.

C'est pourquoi il est d'autant plus nécessaire et urgent que les Chefs d'Etats et de peuples qui reconnaissent dans la primauté de l'esprit sur la matière une des lois fondamentales de leur existence et la base de leurs espérances pour l'avenir, unissent leurs forces individuelles et collectives pour endiguer la marée montante du matérialisme qui doit nécessairement déborder en esprit de violence et de servitude ; qu'ils érigent un barrage pour garder intact le patrimoine du genre humain.

Dans cette alliance spirituelle de tous ceux qui sont opposés — par conviction intime et conscience — à la domination de l'esprit par les forces de la matière et de la violence, la Providence a assigné au pays que Votre Excellence représente, une position qui lui octroie une grave responsabilité, mais aussi une position précieuse en distinction et riche en promesses de succès.

Puisse Dieu accorder au nouvel Etat de l'Inde, se préparant à réaliser de grandes et durables choses, qu'il réponde aux attentes et aux grands espoirs du monde.

Tel est, en effet, notre espoir, tandis que Nous répondons cordialement aux bons voeux exprimés par Votre Excellence, au nom du Gouvernement et du peuple des Indes.

Nous vous donnons également l'assurance, au début de votre noble mission, que vous pourrez compter sur Notre constant désir de compréhension et de secours en toutes les matières capables de développer et de fortifier les relations officielles commencées sous de si heureux auspices 1.

1 Par une Lettre Apostolique du 12 juin 1948, la Délégation apostolique aux Indes est remplacée par une Internonciature, dont le siège est fixé à Delhi (cf.

A.'A. S., XXXXII, 1950, p. 235).

CONSTITUTION APOSTOLIQUE « FORE CONFIDIMUS » SUSPENDANT LES INDULGENCES ET LES POUVOIRS DURANT L'ANNÉE SAINTE 1950 (10 juillet 1949) 1

Le Jubilé jut annoncé au monde par la Bulle a Jubilaeum maximum » du 26 mai 1949 2. Celui-ci devait s'ouvrir le 24 décembre 1949 à midi et se terminer le jour de Noël 1950 à minuit.

Une série de documents sont venus préciser les conditions requises pour gagner les faveurs du Jubilé. En particulier, trois Constitutions apostoliques datées du 10 juillet 1949 ont énoncé une série de règles concernant l'Année Sainte. La première de celles-ci, dont le texte suit, précise que durant l'Année Sainte on suspend, en dehors de Rome, la jouissance de certaines indulgences et de certains pouvoirs.

Pie XII invite d'abord les fidèles à entreprendre en grand nombre le pèlerinage à Rome :

Nous espérons que le prochain grand Jubilé que Nous avons récemment promulgué, apportera à chaque fidèle, comme à la société humaine, des fruits très abondants. Il Nous sera donné, en effet, — et c'est un de Nos désirs —, de voir d'immenses multitudes de chrétiens affluer de toutes les nations vers Rome, pour y vénérer le Siège primat de l'Eglise catholique et du Vicaire de Jésus-Christ, pour nourrir et rénover leur foi, en visitant pieusement les célèbres édifices religieux ; enfin, pour expier leurs fautes et rivaliser

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 337: traduction française dans La Documentation Catholique, t. XLVII, c. 9.

2 Cf. p. 198.

ensemble de zèle dans la pratique de la vertu et la restauration des bonnes moeurs.

Les foules pieuses se réunissant à Rome donneront au monde le spectacle vivant de la charité chrétienne :

Nous espérons également que ce prochain et admirable spectacle d'unité et de charité fraternelle, à une époque où le haine désunit et agite si lamentablement de nombreuses âmes, ne pourra manquer de frapper et d'émouvoir salu-tairement même les non-catholiques.

Il est de tradition que dès l'ouverture de l'Année Sainte, en principe, en dehors de Rome, toutes les faveurs spirituelles extraordinaires sont suspendues :

Mais afin que le plus grand nombre possible de fidèles se rendent à Rome, au cours de l'Année Sainte, en vue d'obtenir les dons de la Grâce divine, ce que Notre Prédécesseur Sixte IV décréta en l'an 1473, Nous-même, par la présente Lettre, avons pensé l'établir, le prescrire ; mais en y apportant de prudentes réserves et modifications, ainsi que Nous allons l'indiquer ci-après. L'indulgence du Jubilé étant proclamée, et déjà susceptible d'être publiquement gagnée, Nous ordonnons que toutes les autres rémissions de peines, ou déjà accordées ou à accorder, ainsi que les pouvoirs donnés à quiconque de dispenser et d'absoudre à l'un et à l'autre for, en dehors de Rome, au nom et en vertu de l'Autorité du Siège apostolique, cessent et soient suspendus pendant la durée de l'Année Sainte.

En particulier, les indulgences pour les vivants sont suspendues 1 :

C'est pourquoi, en vertu de Notre autorité apostolique, Nous décidons de suspendre pendant tout le cours de l'Année Sainte, partout — également dans l'Eglise Orientale, — comme Nos Prédécesseurs l'ont décrété en pareille circonstance, les indulgences ordinaires pour les vivants. Pareil

1 II n'y a rien donc de changé pour les indulgences qu'on applique aux défunts.

lement, Nous arrêtons et suspendons les pouvoirs à exercer en Notre nom en dehors de Rome, exception faite dans l'un ou l'autre cas des indulgences et des pouvoirs que Nous allons énumérer ci-après.

Il y a toutefois des indulgences pour les vivants qui sont maintenues :

Nous voulons, en effet, que parmi les indulgences accordées en faveur des vivants, les suivantes se maintiennent sans changement et dans toute leur étendue.

I. Les indulgences à gagner à l'article de la mort.

II. L'indulgence que peuvent gagner tous ceux qui à l'aube, à midi, et le soir, récitent la prière Angelus Domini, ou, suivant l'époque de l'année, le Regina Caeli, ou, encore, si l'on ne peut réciter ni l'une ni l'autre de ces prières, cinq fois la Salutation angélique : Ave Maria.

III. Les indulgences accordées à ceux qui feront une pieuse visite dans les églises où le Saint-Sacrement est exposé pour l'adoration des Quarante Heures.

IV. Les indulgences que, selon ce qui a été décrété, peuvent gagner ceux qui accompagnent le Saint-Sacrement chez les malades ou qui fournissent à cette occasion un flambeau ou un cierge à porter par d'autres fidèles.

V. L'indulgence à gagner toties quoties, accordée à ceux qui, par dévotion, se rendront à la chapelle de la Por-tioncule, dans l'église Sainte-Marie des Anges, près d'Assise.

VI. Les indulgences accordées à ceux qui réciteront la prière composée par Nous-même pour l'Année Sainte 1950.

VII. Les indulgences que les cardinaux de la Sainte Eglise romaine, les nonces du Saint-Siège ou les internonces et les délégués apostoliques, comme aussi les archevêques, les évêques, les Abbés ou les prélats nullius, les vicaires et les préfets apostoliques ont coutume d'accorder quand ils font usage des pontificaux, soit en donnant leur bénédiction, soit sous quelque forme consacrée par l'usage.

Toutes les autres indulgences ne pourront, en dehors de Rome, durant l'Année Sainte, être appliquées qu'aux défunts :

Nous décrétons que toutes les autres indulgences plé-nières et partielles, soit directement accordées par le Saint-

Siège, soit déjà concédées par d'autres à quelque titre que ce soit, ou qui seront concédées par d'autres à quelque titre que ce soit, ou qui seront concédées en vertu d'un pouvoir conféré par le droit ou par un induit particulier, ne pourront, durant l'Année Sainte, en aucun cas, être applicables aux vivants, mais seulement aux défunts. En outre, par l'autorité des présentes Lettres, Nous prescrivons et ordonnons que, hormis les indulgences du Jubilé, et celles que Nous avons expressément exceptées ci-dessus aucune autre indulgence ne soit publiée en quelque lieu, de n'importe quelle manière, sous peine d'excommunication encourue ipso facto et d'autres sanctions laissées à la discrétion des Ordinaires.

De même on ne peut, en dehors de Rome, jouir de certaines faveurs accordées par le Saint-Siège :

Pour la même raison, qui fait suspendre les indulgences, Nous suspendons et déclarons inapplicables, à qui que ce soit, au cours du Grand Jubilé, les pouvoirs et induits, accordés à qui que ce soit et de quelque façon que ce soit 1, en vertu desquels on peut, hors de Rome et de sa banlieue, absoudre des cas réservés à Nous et au Siège apostolique 2, relever des censures, dispenser des voeux et les commuer, en outre, dispenser des irrégularités et des empêchements 3.

Toutefois, ici encore il y a des exceptions :

Cependant Nous décrétons les exceptions suivantes :

I. Sont maintenus tous les pouvoirs accordés de quelque manière que ce soit par le Code de droit canonique.

II. Sont également maintenus et confirmés les pouvoirs pour le for externe accordés par le Siège apostolique aux nonces, internonces, et délégués apostoliques ; de même

1 Les pouvoirs suspendus sont ceux qui résultent d'induits généraux ou de facultés générales, et non ceux qui auraient été obtenus dans des cas particuliers.

2 On peut continuer à utiliser le pouvoir d'absoudre les cas réservés à l'Ordinaire ainsi que les censures non réservées au Saint-Siège.

3 Les empêchements dont on ne peut dispenser sont les empêchements de mariage.

ceux qui ont été concédés, à quelque titre que ce soit, aux Ordinaires et aux supérieurs des Ordres religieux en ce qui concerne leurs sujets respectifs.

III. Enfin, Nous ne suspendons pas, même en dehors de Rome, les pouvoirs que Notre Sacrée Pénitencerie à coutume d'accorder aux Ordinaires et aux Confesseurs pour le for interne, à condition toutefois, qu'ils ne soient appliqués qu'aux pénitents qui, au moment de leur confession, ne peuvent pas de l'avis de l'Ordinaire ou du confesseur, se rendre à Rome sans grave inconvénient.

Le Saint-Père insiste sur le caractère obligatoire des règles contenues dans cette Constitution :

Nous voulons et ordonnons que toutes les prescriptions contenues dans la présente Lettre soient invariables, définitives, valables nonobstant toutes choses contraires. Nous voulons que les copies ou extraits de cette Lettre, même imprimés, qui porteront la signature manuscrite d'un notaire et le sceau d'un dignitaire ecclésiastique fassent foi, avec la même foi, avec la même force, que si l'on avait sous les yeux l'exemplaire original.

Nul n'aura le droit d'altérer les termes de cette suspension des indulgences et pouvoirs, ainsi que les termes de Notre déclaration et décision ; nul n'aura le droit de s'y opposer par une témérité coupable. Si quelqu'un osait commettre pareil attentat. Nous lui signifions qu'il encourrait l'indignation du Dieu tout-puissant et des bienheureux Pierre et Paul.


Pie XII 1949 - DÉCRET DU SAINT-OFFICE CONCERNANT LE COMMUNISME