Pie XII 1950 - INSTRUCTION DE LA COMMISSION BIBLIQUE SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA SAINTE ÉCRITURE


LETTRE DE MONSEIGNEUR MONTINI, SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A MONSEIGNEUR CHARLES CRUYSBERGS, AUMÔNIER DU BOERENBOND, A L'OCCASION DU SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DE CETTE ASSOCIATION

(13 mai 1950) 1

principes chrétiens. Autour de cette organisation, une ligue de plus de 90.000 mères de famille appartenant au monde rural, et des groupements de jeunesse agricole masculine et féminine, poursuivent les mêmes buts et témoignent de l'extension et de la vitalité du mouvement lancé à Louvain en 1890 par l'Abbé Mellaerts et par les ministres Georges Helleputte et François Schollaert.

Mais plus encore que des résultats, Sa Sainteté aime à féliciter le « Boerenbond » de l'esprit chrétien qui anime ses réalisations temporelles. Cette organisation est née, en effet, de la puissante impulsion donnée à la fin du siècle dernier par le Pape Léon XIII à toutes les oeuvres catholiques ; et depuis, elle s'est attachée sans cesse à créer des entreprises qui s'inspirent des directives pontificales et en appliquent les idées maîtresses à la vie professionnelle du monde rural.

Par leur caractère positif et constructif, les réalisations du « Boerenbond » contribuent efficacement à instaurer dans la paix et la justice sociale, les conditions d'une saine prospérité telle que l'Eglise la souhaite à tous les peuples et à chacun de ses fils.

A ce titre, on ne peut que former le voeu que cette entreprise si opportune se développe dans ce même esprit d'activé et loyale docilité aux enseignements de la Hiérarchie.

C'est pourquoi Sa Sainteté se plaît à appeler sur le travail du « Boerenbond » l'abondance des grâces divines, et, au jour des Noces de Diamant de la grande Association Belge, elle envoie de tout coeur à tous les membres et à leurs dirigeants, ainsi qu'aux aumôniers et à Vous-même, une très paternelle Bénédiction apostolique.


LETTRE PROCLAMANT SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE PATRON DES ÉDUCATEURS

(15 mai 1950) 1

En 1952, on fêtera le troisième centenaire de la naissance de saint Jean-Baptiste de La Salle et le cinquantenaire de sa canonisation2. A cette occasion, le Pape déclare le Saint, Patron des Educateurs :

« Celui-là seul, dit saint Bonaventure, est un véritable éducateur qui est capable de marquer son élève d'une empreinte de beauté, de lui infuser la lumière et de lui mettre au coeur une force virile. »

Cette pensée, il faut la méditer attentivement à notre époque surtout où nous constatons souvent que l'instruction, non seulement reste étrangère à la formation morale des enfants, mais encore devient pour les âmes une puissance nocive si le mépris de Dieu et de la religion vient s'y joindre. C'est pourquoi notre Mère la sainte Eglise entoure d'une affection vigilante ceux qui ont mission d'élever les adolescents, car c'est des maîtres que dépendent en grande partie le salut et le progrès de la chrétienté.

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 631.

2 Jean-Baptiste de La Salle est né à Reims en 1651, il y devint chanoine et poursuivit ses études de théologie à Paris.

Au cours des XVIe et XVIIe siècles, l'Eglise se préoccupe de créer des institutions de formation de la jeunesse populaire, car la Guerre de Cent ans avait détruit les écoles d'autrefois. Aussi voit-on un nombre croissant de congrégations religieuses se fonder dans ce but. Jean-Baptiste de La Salle crée en 1679 une école de formation pour instituteurs qui se transforme rapidement en congrégation religieuse : le 27 mai 1684 les Frères des Ecoles chrétiennes inaugurent leur histoire.

Leur fondateur meurt le Vendredi Saint, 7 avril 1719, à Saint-Yon. Le 24 mai 1900, Léon XIII canonisa Jean-Baptiste de La Salle.

Il y a aujourd'hui près de 15.000 Frères des Ecoles chrétiennes dispersés dans le monde. Le Supérieur général réside à Rome, 202, Via Aurélia.

Il s'est trouvé un homme très recommandable par sa sainteté et son intelligence, Jean-Baptiste de La Salle qui, lui-même, et par la Congrégation dont il est le fondateur, a formé et forme-encore les enfants d'après les meilleures méthodes. Et ce Saint a poussé le zèle à ce point que, dans des maisons d'études dites « Séminaires de maîtres d'écoles pour la campagne », il a préparé soigneusement des instituteurs appelés à exercer le ministère sL important de l'éducation parmi les populations les moins favorisées. Aussi lui attribue-t-on à bon droit l'institution des Ecoles normales qui, maintenant, sont répandues partout dans le monde.

D'autre part, ce même illustre pionnier de l'éducation fit tant de cas de la profession d'instituteur qu'il ne voulut pas que les religieux dont il était le Père fussent élevés au sacerdoce, de peur qu'ils ne se détournassent de l'enseignement, convaincu qu'il était que cette fonction est un moyen très efficace pour progresser dans la vertu et atteindre à la sainteté.

Afin donc que ceux qui instruisent les enfants ou qui se préparent à cette mission aient un modèle à imiter et que, le regardant, ils s'efforcent d'imiter ses vertus, l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes, par son postulateur général, nous a adressé d'instantes prières en vue d'obtenir qu'en ce cinquantenaire de sa canonisation, par Notre prédécesseur Léon XIII, de douce mémoire, Nous daignions proclamer saint Jean-Baptiste de La Salle patron céleste près de Dieu de tous les maîtres de l'un et de l'autre sexes, ecclésiastiques ou laïcs, soit qu'ils remplissent la fonction ou qu'ils s'adonnent à l'étude pour s'y préparer. Nous, persuadé que l'éducation chrétienne de la jeunesse est de toute première importance, et afin que ceux à qui est confiée la conduite des âmes d'enfants ou qui se préparent à cette vocation, aient un motif supérieur et un stimulant plus puissant pour s'acquitter consciencieusement d'un emploi si noble au regard de la religion et de la foi, Nous voulons exaucer ce voeu et de très grand coeur.

C'est pourquoi, après en avoir conféré avec Notre vénérable Frère, Clément Micara, cardinal de la Sainte Eglise Romaine, évêque de Velletri et Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, ayant considéré et pesé tous les détails de cette détermination ; de science certaine, après mûre délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, en vertu de ce Bref et d'une manière perpétuelle, Nous instituons et proclamons le confesseur

saint Jean-Baptiste de La Salle patron spécial au ciel, près de Dieu, de tous les éducateurs de l'enfance et de la jeunesse, et Nous lui attribuons tous les honneurs et privilèges liturgiques qui sont de règle pour les patrons principaux des groupements. Nonobstant toutes choses contraires.

Telle est Notre déclaration et décision, et Nous décrétons que le présent Bref soit et demeure toujours stable, valide et efficace, et qu'il obtienne et garde ses effets pleins et entiers ; que ceux qu'il concerne ou pourra concerner lui donnent leur complet acquiescement maintenant et à l'avenir, et que c'est dans le même sens que l'on doit juger et conclure ; que soit enfin annulée dès à présent et jugée sans valeur toute déclaration contraire à ce Bref, de quelque autorité qu'elle soit, faite sciemment ou par ignorance.


HOMÉLIE PRONONCÉE A L'OCCASION DE LA CANONISATION DE SAINTE BARTOLOMEA CAPITANIO ET DE SAINTE VINCENZA GEROSA

(18 mai 1950)1

Le jour de l'Ascension, le Saint-Père canonisa deux nouvelles saintes, co-fondatrices des Soeurs de la Charité, connues sous le nom de « Maria-Bambina ».

Bartolomea Capitanio est née en 1807 à Lovere, ville située à l'entrée des Alpes, au nord de Bergame, elle fut institutrice et décida de se vouer à soulager les miséreux. Elle obtint la collaboration de Vincenza Gerosa, née dans la même localité en 1784 ; celle-ci consacrait tout son temps et sa fortune au bien des âmes. Ensemble, elles fondèrent un nouvel Institut religieux destiné à favoriser la pratique des oeuvres de miséricorde. Dès 1832, la première communauté fondée par elles était installée.

Bartolomea Capitanio mourait dès 1836, âgée de 29 ans. Sa compagne consolida l'oeuvre entreprise qui se répandit à travers toute l'Italie. Lors de sa mort en 1847, il y avait déjà 24 couvents établis. Aujourd'hui, l'Institut compte 8.665 religieuses réparties en 566 couvents en Italie et 70 en terres de Missions.

Sur cette terre d'exil, il n'y a rien, certes, de plus admirable et de plus aimable que la beauté candide de la virginité, qui rayonne du visage, des yeux, de l'âme, et qui attire et oriente insensiblement vers le surnaturel tous ceux qui en sont les témoins. Que si, à cette splendeur d'une intacte pureté vient s'ajouter la flamme de la charité divine, on est en présence de ce qui émeut le plus l'esprit humain, de ce qui entraîne le plus

* Phil., 4, 13.

fortement les volontés et les excite à réaliser ces actions remarquables que, seule, la force chrétienne peut accomplir. Nous pouvons le constater aujourd'hui avec admiration dans les deux saintes auxquelles Nous venons, avec une grande joie, de décerner dans cette cérémonie grandiose, les honneurs des autels.

Bartolomea-Maria Capitanio était douée d'un esprit pénétrant, d'une nature vive et ardente, mais, dès son enfance, elle dompta celle-ci, la modéra et la plia si bien qu'avec l'aide de la grâce, demandée dans d'instantes prières, elle l'orienta uniquement vers le ciel, vers la recherche de la perfection, et, en toutes choses, la soumission parfaite à la volonté divine.

Elle vécut comme un ange dans sa famille et, par ses façons d'agir et de parler, elle sut ramener son père qui s'adonnait au jeu et à la boisson, à une sobriété et à des habitudes chrétiennes. Dans son village, puis au monastère des Clarisses, où elle passa plusieurs années pour son éducation, elle donna à tous des exemples remarquables. Aussi, ornée de telles vertus, et tout particulièrement d'une parfaite chasteté, d'un goût ardent pour la piété et d'une extrême charité envers Dieu et le prochain, elle se sentit appelée par une impulsion divine à dépasser la recherche de son propre salut pour s'occuper le plus possible, par ses conseils et ses activités, du salut des autres.

C'est ainsi qu'elle commença à penser à la fondation d'un Institut de vierges consacrées, pour donner une saine éducation aux jeunes filles, soigner dans les hôpitaux les souffrances morales et physiques, recueillir les vieillards dans le besoin, donner l'hospitalité aux abandonnés, s'intéresser, en un mot, à tous les pauvres et les affligés, pour les aider et les relever.

Mais comment cette simple jeune fille, dépourvue de presque tous les moyens humains, aurait-elle pu mener à bien un projet si grand et si difficile ? Elle déclarait ne valoir absolument rien, mais elle pouvait s'appliquer la parole de l'Apôtre des Gentils : « Je puis tout en Celui qui me fortifie » 2, car elle ne se confiait nullement en ses propres forces, ni en sa volonté, mais uniquement en Dieu et en son secours céleste. Qu'y a-t-il, vénérables Frères et très chers fils, qu'avec la grâce de Dieu, la foi intrépide ne puisse tenter et la charité chrétienne atteindre ? Absolument rien, comme toute l'histoire catholique l'enseigne et la vie des saints et des saintes nous le rappelle.

C'est pourquoi, sur le conseil de son directeur de conscience et confiante dans la grâce, Bartolomea Capitanio jeta les bases de son Institut, avec quelques jeunes filles et sous d'heureux auspices. Mais Dieu devait permettre qu'encore toute jeune, comme un lis candide, elle fût appelée par son divin Epoux à recevoir la récompense de la béatitude éternelle.

Dans ce moment décisif, on crut que l'Institut fondé par elle, tel un jeune arbre encore sans racines profondes, ne tarderait pas à mourir ; mais, voulu par Dieu, et non par les seuls humains, il ne pouvait pas disparaître. Une autre vierge se présenta, non moins douée, et surtout d'une égale vertu, d'une chrétienne droiture, d'une force indomptable et d'une ardente charité. Après qu'elle eut pleuré dans des sentiments d'extrême douleur la compagne bien-aimée de ses travaux trop tôt disparue, Catarina Vincenza Gerosa se rendit devant le tabernacle, et là, ouvrant son âme incertaine, bouleversée et anxieuse, à cet Epoux céleste qu'elle aimait ardemment, elle lui demanda, dans de ferventes prières, lumière, conseil, réconfort et courage.

Elle savait qu'elle ne pouvait rien par elle-même ; mais elle savait aussi qu'elle pouvait tout, soutenue par la force de Celui qui « choisit ce qui est faible aux yeux du monde... pour confondre les forts » 3. C'est pourquoi, l'esprit divinement éclairé et la volonté affermie par une force surnaturelle, après avoir entendu le directeur de son âme lui dire qu'elle était destinée à une oeuvre si élevée, elle accepta avec générosité de poursuivre et de diriger l'oeuvre commencée. Et chaque fois qu'elle se jugeait insuffisante, qu'elle sentait ses forces faiblir et lui manquer, elle allait prier longuement son divin Epoux et elle passait des heures très douces en de suppliantes prières devant l'autel de sa Mère Immaculée. Elle puisait là certainement cette force surnaturelle qui surmonte tous les obstacles, qui donne le repos et la paix à l'âme agitée par les adversités ou les épreuves. C'est pourquoi, avec l'aide de Dieu, elle fut si bonne supérieure, que le petit arbre fragile qu'elle avait reçu à soigner et faire grandir, vit monter et se développer ses rameaux et porter d'abondants fruits de salut.

Que cette Sainte regarde donc du haut du ciel, avec la compagne de ses premiers efforts, que dans un sentiment d'humilité elle aimait appeler sa mère, qu'elles regardent toutes

Cor., 1, 27.

deux avec bonté, dans la gloire nouvelle dont elles sont honorées, la famille religieuse fondée par elles ; qu'elles demandent à Dieu son patronage tout-puissant, afin que toutes leurs filles qui se voient aujourd'hui confier, comme un héritage sacré, cette Institution de perfection évangélique, imitent leurs admirables exemples, d'un coeur empressé et docile, et qu'elles fassent en sorte que tous ceux qui sont confiés aux soins de cet Institut, suivent avec générosité leurs traces si saintes. Amen.4

4 Cf. à propos de sainte Bartolomea Capitanio, décret concernant les miracles, 13 fé-Vrier 194g fyi ,4 5 r XXXXI, 1949, p. 155) ; décret en vue de la canonisation, 6 mars 1949 <A- A. S., XXXXI, 1949, p. 195).

a ALLOCUTION AUX PÈLERINS HOLLANDAIS

(19 mai 1950) 1

Les catholiques de Hollande offrirent au Saint-Père, à l'occasion du cinquantième anniversaire de son sacerdoce, un poste-émetteur à ondes courtes fabriqué par les usines Philips de Eindhoven. Les 1300 pèlerins présents à Rome furent reçus dans la salle Clémentine et le Pape leur dit :

Le don symbolique qu'en ce moment, la direction du comité « Radio Anno Santo » nous a remis, accompagné de l'éloquent hommage de son honoré président, S. Exc. le docteur Van Schaik 2, ne fait qu'annoncer un riche don « pro Ecclesia et Pontifice », qui méritera de figurer avec honneur dans les annales du Grand Jubilé.

Sous la conduite de S. Em. le Cardinal de Jong et de l'épis-copat, et avec la participation de tous les catholiques néerlandais, la technique hollandaise a réalisé un chef-d'oeuvre. Installé dans la cité vaticane, cet émetteur sera au service d'un apostolat devenu aujourd'hui une urgente nécessité.

Cette initiative des catholiques hollandais s'insère dans le plan de modernisation de l'émetteur du Vatican qui, dans les formidables luttes idéologiques actuelles, vise à assurer à la voix de la Rome chrétienne une puissance et un écho répondant aux obligations sans cesse croissantes de notre souverain magistère.

Collaborer à cette oeuvre, c'est participer à l'apostolat de la parole qui, placée au service de la vérité éternelle, s'emploie à sauver les âmes des ténèbres des erreurs modernes.

1 D'après le texte allemand de l'Osservatore Romano du 21 mai 1950.

2 Le Dr Van Schaik, vice-président du Conseil des ministres de Hollande, était le président du comité pour la « Radio de l'Année Sainte » chargé de recueillir les fonds nécessaires en vue d'offrir ce poste émetteur.

Collaborer à cette oeuvre, c'est participer à l'apostolat de l'amour qui lutte contre le démon de la haine ; de cette haine qui a fait tant de mal à l'humanité et qui ne doit pas l'accabler de nouvelles souffrances.

Collaborer à cette oeuvre, c'est participer à l'apostolat de la pacification et de la réconciliation, tâche sacrée du Représentant visible du Prince de la Paix en un temps éprouvé par une discorde presque incurable.

Collaborer à cette oeuvre, c'est renforcer l'union des vrais amis de la paix, c'est resserrer les rangs des hommes qui, disciples du Christ, sont décidés à le servir sérieusement dans tous les domaines de la vie individuelle, familiale, sociale et publique, pour ramener à Celui qui est la voie, la vérité et la vie, un monde largement laïcisé.

Que Dieu bénisse tous Nos fils et toutes Nos filles de Hollande, qui ont contribué à une oeuvre si agréable à Dieu et si utile à la chrétienté.

Que Dieu qui, malgré toutes les épreuves de votre patrie, vous a donné la force de résister et de reprendre avec énergie votre tâche, que Dieu protège votre noble peuple !

Recevez l'expression de la vive gratitude du Chef de la Chrétienté à qui vous offrez la possibilité de resserrer l'union spirituelle du Pasteur et de son troupeau, et de donner un sens plus universel encore aux paroles de l'Apôtre : In omnem terram exivit sonus eorum, et in fines orbis terrae verba eorum 3. (Leur voix est allée par toute la terre, et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde.)

C'est dans ces consolantes perspectives que, de tout coeur, Nous donnons la Bénédiction apostolique à la direction de la fondation « Radio Anno Santo », à l'épiscopat néerlandais, ainsi qu'à tous les prêtres, religieux et fidèles de la Hollande catholique.

Rom., 10, 18.


ALLOCUTION A SON EXCELLENCE LE DOCTEUR H. E. SUKARDJO WIRGOPRANOTO

ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE ET MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE DES ÉTATS-UNIS D'INDONÉSIE       JR

(25 mai 1950) 1

Les Etats-Unis d'Indonésie constituant auparavant les Indes Orientales Néerlandaises, acquirent leur indépendance en 1949. La population de plus de 75.000.000 d'habitants, est — à raison de 95°lo — musulmane. Il y a toutefois 2.500.000 chrétiens. Dès 1950, le nouvel Etat envoyait un ministre auprès du Saint-Siège 2 ; à l'occasion de l'arrivée de ce dernier à Rome, le Saint-Père déclarait :

Ce jour voit un membre s'ajouter au Corps Diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, ce que tous les vrais amis de la paix se plairont à reconnaître comme hautement significatif et plein de promesses pour la poursuite d'heureuses relations entre les peuples et les gouvernements.

En tant que membre nouveau et pleinement qualifié du Conseil des nations, les Etats-Unis d'Indonésie estimèrent qu'il importait de ne pas laisser passer sa première année de liberté et d'indépendance sans fournir une preuve de son attitude amicale envers le Saint-Siège, en établissant avec lui des relations diplomatiques.

Pleinement conscient de la signification de ce geste, Nous souhaitons une cordiale bienvenue à Votre Excellence, à qui le

1 D'après le texte anglais des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 441.

2 Le ministre M. le Dr Sukardjo Wirgopranoto est né dans l'île de Java en 1903 ; ^ a achevé ses études classiques en Europe et est devenu docteur en droit en Ï923. Il fu* magistrat, journaliste et joua un rôle de premier plan au cours des événements politiques de son pays durant ces dernières années.

Président3 a confié la fonction d'Envoyé Extraordinaire et de Ministre Plénipotentiaire.

Occupant un coin du globe qui — en offrant de grandes et extraordinaires possibilités de développement — est aussi exposé à des difficultés et des dangers ; ce peuple de 70 millions de citoyens mérite de recevoir l'assurance fraternelle et l'encouragement de tous ceux qui, sincèrement, veulent — sans retard — procurer aux nations et à la société internationale les bénédictions et les fruits d'une paix juste et durable.

Cette fin, objet des espoirs les plus profonds et des prières les plus ferventes de tous les hommes de bonne volonté, est digne des efforts les plus ardents de l'homme et personne ne désire plus intensément y aboutir que Nous-même. Notre coeur paternel est rempli d'anxiété, tandis que se déroule sous Nos yeux la tragique histoire de la mésentente internationale, et Nous regardons avec crainte les conséquences dans l'ordre matériel et surtout moral, de l'état actuel d'une politique qui persiste à retarder, à freiner et même à menacer la paix du monde.

Monsieur le Ministre, au cours de votre première entrée solennelle dans vos hautes fonctions, parlant au nom de vos compatriotes, vous avez rendu hommage à la source dernière et toute féconde de la vraie et authentique paix. Parmi les principes fondamentaux énoncés par votre Etat naissant dans sa « Pantjasila » 4, le nom et la suprême autorité du Tout-Puissant occupent une place essentielle. Quand la primauté qui revient à Dieu et à Lui seul, est reconnue et maintenue, les hommes, les nations, la démocratie, une conscience sociale droite — créant tout naturellement une harmonie efficace et puissante — fondent un ordre vrai dans la hiérarchie des valeurs, et bien que des circonstances extérieures, ainsi que la faiblesse humaine et la possibilité d'errer puissent parfois entraver le progrès, aussi longtemps que le but et la voie qui y mènent demeurent substantiellement inchangés, aussi longtemps la route reste ouverte à un avenir large et plein d'espoir.

Dieu qui connaît toutes choses, sait combien est sincère Notre souhait que le peuple d'Indonésie si cher à Notre coeur, puisse en cette heure de son existence, faire de rapides progrès

Le Président d'Indonésie est M. Achmed Sukarno.

On désigne par ce mot la nouvelle Constitution indonésienne.

5 Son Exc. Mgr de Jonghe d'Ardoye a été nommé internonce en Indonésie en 19^°' résidant à Diakarta (cf. Lettre apostolique créant l'Internonciature, 15 mars 1950, A- -A-XXXXII, 1950, p. 434).

dans le bonheur et la prospérité. Tel est le voeu de tous ceux qui partagent notre foi et Nos convictions. Nous sommes certains que les enfants de l'Eglise qui travaillent en Indonésie, ne se laisseront surpasser par personne, dans leur ambition de servir leur pays et leurs compatriotes avec un dévouement total dans le domaine de l'éducation, de la charité et du devoir civique. Tel est leur devoir de membres de la grande famille humaine et de catholiques.

Nous rappelons ici avec plaisir les mots de Son Excellence le Président de la République, prononcés lors de la réception de Notre Internonce 5, au printemps de cette année. Se référant aux activités culturelles des catholiques indonésiens, il déclara que celles-ci demeuraient assurées pour l'avenir sous la garantie de « Pantjasila ». Ces mots ont jeté un pont de confiance au-dessus de vastes territoires sur des terres et des mers, pour relier votre lointain pays avec le Saint-Siège. On vous a confié la noble charge d'assurer la force et la stabilité de ce pont. Et Nous n'avons aucun doute, qu'à partir de ce premier jour où Votre Excellence inaugure sa mission, vous remplirez cette mission de manière à donner pleine satisfaction à votre propre haut sens moral et à fournir des bienfaits à votre pays et à son peuple. Dans cet esprit d'heureuse anticipation, Nous vous prions de transmettre Nos souhaits au Président, aux membres du gouvernement et à toutes les classes du peuple indonésien. Que tous soient assurés que Nous Nous réjouissons toujours en voyant les progrès accomplis dans votre Etat, jeune mais conscient de ses hautes destinées, dans un esprit de confiance, de sagesse, de modération, jusqu'à ce qu'il prenne place dans le concert de nations où ses efforts, en vue de promouvoir la prospérité et la grandeur nationale, s'harmonisent efficacement avec le désir de servir le bien commun de toute l'humanité. Dieu le veuille !


LETTRE A SON EXC. MONSEIGNEUR MIGNONE, ÉVÊQUE D'AREZZO, A L'OCCASION DU NEUVIÈME CENTENAIRE DE LA MORT DE GUY D'AREZZO

(25 mai 1950) 1

Guy d'Arezzo (970-1050) fut moine bénédictin et auteur de la notation musicale aujourd'hui en usage. Exilé d'Italie, il vint se fixer à l'Abbaye de Saint-Maur près de Paris et collabora aux travaux musicaux exécutés dans cette Abbaye, sous l'Abbé Odon (1006-1030). Invité par Y évêque d'Arezzo, il retourna en Italie ; ensuite son propre Abbé le rappela dans l'Abbaye de Pomposa. Guy devint enfin Abbé de Y Abbaye de Sainte-Croix a Avellana, près d'Arezzo. — A l'occasion du neuvième centenaire de sa mort, la lettre suivante fut écrite :

Le neuvième centenaire s'achève depuis que le moine Guy, gloire d'Arezzo, parvint à la fin de sa vie mortelle. Si tous ceux qui ont à coeur les gloires de la patrie et le progrès des arts libéraux sont impatients de célébrer un homme si renommé, l'Eglise Catholique ne désire certes pas moins vivement se rappeler son souvenir, puisqu'il a si grandement contribué, par la souplesse et l'acuité de son talent, à noter convenablement et très clairement et à régler selon leur nature particulière les harmonies sacrées, qui non seulement embellissent les rites liturgiques et le culte divin, mais stimulent et réchauffent aussi la piété chrétienne. C'est pourqtioi, à ce congrès d'homme d'élite qui, pendant ces jours, unissent l'abondance de leur science et leurs recherches musicales et historiques, Nous désirons offrir Nos félicitations et de Notre voix devancer la leur. Les obscurités qui entourent encore l'époque où vécut Guy d'Arezzo ne nous permettent pas de voir en pleine lumière son apport propre en la matière par ses réflexions, ses efforts et ses essais ; nous savons cependant qu'il a introduit l'usage d'un moyen absolument nouveau pour noter plus exactement et plus clairement les mélodies, de sorte que nombre d'érudits d'autrefois et d'aujourd'hui l'ont appelé le restaurateur et comme l'inventeur de la musique. Et lorsque Guy d'Arezzo, du monastère de Pomposa où il avait embrassé le genre de vie monastique, vint à Rome, Notre prédécesseur, d'heureuse mémoire, Jean XIX, le reçut volontiers, comme l'histoire le rapporte. « Le Pontife, écrit lui-même Guy, se réjouit beaucoup de mon arrivée, s'entretint longuement avec moi, feuilletant à de multiples reprises notre antiphonaire comme une sorte de merveille et méditant les règles qui se trouvaient dans l'ouvrage »...2 II ressort de ce texte avec évidence que son nom était déjà célèbre et que ses découvertes musicales furent grandement appréciées, même par le Pontife Romain.

Cependant, le but principal qui guidait le moine Guy dans la poursuite de ses études et de ses recherches était de veiller à la splendeur du culte divin par la modulation correcte des mélodies sacrées, de la manière la plus exacte et la plus convenable qu'il le pouvait. A l'Evêque d'Arezzo, Théobald, « le plus digne et le plus saint des prêtres », il écrivait en effet : « J'offre à votre très savante paternité les règles de l'art musical, exposées le plus clairement et le plus brièvement que j'ai pu... prenant soin uniquement qu'il soit utile à l'Eglise et à nos enfants » \ Mais en s'efforçant de pourvoir surtout à la dignité et à la beauté des rites sacrés, il entraînait sans doute possible le progrès de tout l'art musical, en lui frayant en quelque sorte un nouveau chemin. Les artistes de notre époque doivent donc beaucoup en la matière à ce moine pieux et chercheur ; et il convient que tous le comblent de louanges. Plaise au Ciel également que tous apprennent de lui à imiter les vertus chrétiennes par lesquelles il s'est efforcé au cours de sa vie mortelle d'atteindre à la perfection évangélique, de manière à ce que toutes les affaires et principes dans la vie publique et privée soient heureusement façonnés convenablement, unanimement et pour parler le langage musical, comme mélodieusement, vers

2 Lettre Beatissimo atque dulcissimo fratri Michaeli.

3 Lettre à Théobald.

« l'unité... de la cité bien ordonnée, rassemblée dans une variété bien accordée » 4.

Puisque cependant l'habile travail de Guy d'Arezzo a fait que surtout les mélodies liturgiques puissent garder mieux et plus sûrement leur intégrité traditionnelle et s'exprimer plus rigoureusement, Nous avons la confiance que les hommes qui aujourd'hui s'adonnent aux études de musique sacrée et à ses progrès, prendront au cours de ces fêtes séculaires le désir de faire progresser avec encore plus d'ardeur cette entreprise si importante.

Tandis que Nous vous exprimons ces voeux avec grand coeur, Nous vous accordons très affectueusement dans le Seigneur, à vous, Vénérable Frère, à tout le troupeau confié à vos soins et à tous ceux qui embrassent la même vie monastique que Guy d'Arezzo, la Bénédiction apostolique, médiatrice des faveurs célestes et témoignage de Notre bienveillance.

4 S. Augustin, De Civitate Dei, 1, 17, c. 14.


HOMÉLIE PRONONCÉE LORS DE LA CANONISATION DE SAINTE JEANNE DE FRANCE

(28 mai 1950)1

Le jour de la Pentecôte 1950, le Pape canonisait sainte Jeanne de France. Jeanne de Valois naquit en 1.464 à Nogent-le-Roy, elle était la seconde fille de Louis XI et devint en 1498 reine de France, car elle avait été mariée en 1476 à celui qui devait devenir Louis XII. — Jeanne était difforme, aussi son mari la prit-il en aversion et obtint l'annulation de son mariage, invoquant que celui-ci n'avait pas été librement consenti. L'ex-reine répudiée devint duchesse de Berry et se retira à Bourges. C'est là qu'elle fonda l'ordre de l'Annonciade, où elle fit profession. Elle mourut en 1504 et fut déclarée bienheureuse en 1742.

« Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur et vous trouverez du soulagement pour vos âmes 2 ».

Cette parole du Divin Rédempteur monte à Notre esprit lorsque Nous méditons sur la vie de sainte Jeanne, Reine de France, à qui Nous avons décidé de rendre les plus hauts honneurs dus à la sainteté. Elle fut, en effet, très douce et très humble, et brilla par cette soumission chrétienne de l'âme qui n'est pas abdication de l'esprit ni faiblesse de la volonté, mais à proprement parler une vertu. Une vertu, disons-Nous, qui sous les injures, même les plus cruelles, est capable de contenir, de tempérer et de diriger les agitations du coeur ; une vertu qui apporte aux mortels la maîtrise d'eux-mêmes ; qui donne *a tranquillité, la sérénité et la paix ; une vertu qui, dans la joie ou dans la tristesse, fait lever les yeux vers le ciel où chacun,

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 466. * Matth., 11, 29.

après cet exil de la terre, pourra obtenir une récompense si haute que toutes les grandeurs et dignités humaines paraîtront caduques, vaines et inutiles.

Fille de roi, dès les premières années de son enfance, elle ne goûta ni les fastes de la cour ni les pompes du siècle, ni les joies et les amusements habituels à son âge ; mais elle mena une vie retirée, développa sa piété envers Dieu et la Vierge Marie, et chaque fois qu'elle le pouvait, elle distribuait avec une grande douceur des largesses aux pauvres.

Encore enfant, elle fut mariée contre son gré par ses parents, et durant les vingt-deux ans de son mariage, elle ne connut ni ce charme paisible, ni ces joies de la maternité dont en général on peut jouir sur cette terre, mais des peines très aiguës, et pour finir, l'abandon de son époux et la frustration de sa très haute dignité.

Jeanne, dans ces terribles épreuves et adversités, apparut admirablement douée d'une force supérieure, unie à une grande humilité et à tous les autres ornements de l'esprit ; elle conserva un front serein, et se présenta aux hommes avec cette noblesse éminente que la vertu chrétienne augmente et qu'embellit tant à l'intérieur qu'au dehors, l'éclat de la grâce divine. C'est pourquoi, voyant le royaume terrestre échapper de ses mains, elle lui dit calmement et volontiers adieu pour pouvoir plus facilement et plus intensément s'adonner à la recherche et au développement du Royaume de Dieu. Elle se donna tout entière aux oeuvres de religion et de charité, entraînée surtout par les conseils et l'exemple de saint. François de Paule3, et ainsi il arriva que ne pouvant plus marcher à la tête de son peuple bien-aimé avec la dignité de reine, elle le dominait encore et l'illuminait par l'éclat de sa très haute vertu.

Et comme elle approchait déjà de la fin de son exil sur la terre, elle put réaliser, avec une très suave satisfaction pour son âme, le dessein qu'elle formait depuis longtemps, de fonder un Ordre de Vierges. Celles-ci, loin du tumulte du monde, mèneraient dans les cloîtres une vie sereine, elles s'adonneraient à la prière et à la contemplation des réalités célestes, et librement et

3 Saint François de Paule naquit en 1416 en Calabre et, s'étant retiré dans la solitude, fonda avec des disciples venus le rejoindre, l'Ordre des Minimes. Il eut le don de conseil de prophétie. Le roi Louis XI le manda en France et le saint aida le roi à bien mourir.

Il mourut en 1507 à Plessis-les-Tours après avoir été le conseiller de Charles VIII.

spontanément, expieraient leurs fautes et celles de leur prochain par des pénitences et des mortifications corporelles. Elle voulut que cet Ordre fondé par elle soit dédié à la Sainte Vierge, Mère de Dieu, que depuis son plus jeune âge elle aimait tant et vénérait4.

Et de plus, pour faire participer tous les autres à l'intime sérénité dont son âme jouissait grâce à Dieu, elle fonda une association d'hommes et de femmes. Elle voulut que cet Institut soit « l'Ordre de la Paix » 5, pour que tous ceux qui y entreraient tendent vers elle de toutes leurs forces, et pour que cette paix, qui vient du ciel, la vraie paix, fleurisse réellement et efficacement dans les âmes des hommes, dans leurs paroles et même dans l'agitation de la vie, pour la plus grande utilité de tous et de chacun. Qui ne verrait combien cet institut était opportun, en des temps où trop souvent des haines tenaces bouleversaient les peuples, déchiraient les familles en factions et menaçaient même de submerger les fondements de la société humaine par des discordes, des rivalités et bien des fois même par des conflits armés.

Et si cela était très opportun à cette époque, ce ne l'est certes pas moins de nos jours, où, comme tous peuvent le constater, des crises non moins graves se lèvent, des dissensions et des rivalités divisent les esprits et troublent souvent la vie laborieuse des citoyens, pour le plus grand dommage du bien commun.

C'est donc cela que cette Sainte nous conseille par ses exemples et ses enseignements ; c'est cela qu'elle demande à Dieu pour nous du trône céleste où elle jouit des joies éternelles : que tous, ayant apaisé leur haine, s'aiment entre eux ; que tous les peuples, ayant mis fin à leurs divergences pénibles par la justice et la charité, soient enfin unis, dans une active et fraternelle

4 L'Ordre de l'Annonciade fut fondé en 1501 à Bourges. La règle en fut rédigée par le Père Nicolas (Gilbert) O. F. M. A la veille de la Révolution, cet Ordre comptait 45 maisons qui furent toutes supprimées en 178g, sauf le couvent de Tirlemont en Belgique. Aujourd'hui, l'Ordre compte 6 maisons : en Belgique, Tirlemont, Gheel, Merxem ; en France. Thions (Seine), Villeneuve-sur-Lot ; en Angleterre, S. Margaret et Cliff.

5 L'Ordre de la Paix réunissait les hommes et les femmes du monde qui, dans de& temps bouleversés par les guerres, aspiraient à fonder la paix ; c'est pourquoi, ils s'engageaient :

x° à n'avoir aucune haine ni rancune contre qui que ce soit ; 2° à ne jamais dire du mal de qui que ce soit ;

3° à s'employer à faire régner la paix entre  tous  ceux qui,  autour d'eux,  sont ert quelque constestation ou inimitié.

•coopération ; que les Nations enfin, surmontant les discordes nuisibles et funestes, et conciliant les intérêts de chacun, forment comme une grande famille qui, par l'union de son courage et de ses forces, progresse dans la recherche de la prospérité et de la paix pour tous.

Mais que sainte Jeanne nous obtienne surtout, nous l'en prions, ce sans quoi tout le reste ne peut rien, ne vaut rien : que l'amour divin réchauffe les âmes des mortels, que la charité chrétienne envers tous les entraîne, que les préceptes évangé-liques les règlent, les gouvernent et les dirigent.

Que tous saisissent dans la vie de Jeanne et qu'ils apprennent d'elle que ni les grandeurs humaines, ni les richesses, ni les voluptés du siècle ne peuvent communiquer le bonheur aux hommes, mais seulement la vertu, par laquelle « rien n'est plus beau, rien n'est plus noble, rien n'est plus aimable » 6.

Soutenus par la grâce divine, efforçons-nous donc de l'acquérir, et ainsi nous pourrons un jour atteindre cette béatitude éternelle qui ne connaît pas de fin. Amen.7

6 Cicéron, Tam., 9, 14.

7 On lira Antoine Redier, Jeanne de concernant les miracles, 19 décembre 1948 de la canonisation, 13 février 1949 (A. A.

France, Ed. X. Mappus, Le Puy, 1946 ; décret (A. A. S., XXXXI, 1949, p. 38) ; décret en vue S., XXXXI, 1949, p. 51).


Pie XII 1950 - INSTRUCTION DE LA COMMISSION BIBLIQUE SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA SAINTE ÉCRITURE