Pie XII 1950 - HOMÉLIE PRONONCÉE LORS DE LA CANONISATION DE SAINTE JEANNE DE FRANCE


ALLOCUTION AUX PÈLERINS DE FRANCE

(2.9 mai 1950) 1

Un pèlerinage groupant plus de 25.000 participants vint de France à Rome, pour assister à la canonisation de sainte Jeanne de France1. Le lendemain — lundi de Pentecôte — il fut reçu en audience et le Pape prononça Y allocution suivante :

La Pentecôte ! la Pentecôte de l'Année Sainte, année d'effusion, extraordinairement abondante, de l'onction divine : spiritualis unctio l Quelle fête ! quelle joie pour l'univers chrétien, pour les pèlerins accourus des quatre points cardinaux à la Ville Eternelle, autour de la Chaire du Successeur de Pierre !

Mais quelle fête et quelle joie spéciales pour vous, chers fils et filles de France, de la nation qui vient de voir couronner du diadème lumineux et impérissable de la sainteté une de ses reines, une reine qui s'était, avec la majesté d'une incomparable humilité et d'une incomparable dignité, laissée frustrer de la couronne terrestre, dont Bossuet, citant les paroles de saint Gré-goire-le-Grand, disait qu'elle était autant au-dessus des autres couronnes du monde que la dignité royale surpasse les fortunes particulières 3.

Cette affluence, ce fleuve imposant de pèlerins, après tant d'autres déjà venus cette année de votre Patrie, porte aujourd'hui ses flots, dans un élan de gratitude, aux pieds de celui qui a eu l'honneur et la consolation de mettre au rang des saints de l'Eglise, près d'un demi-millénaire depuis sa naissance, cette fille de sang royal, Jeanne de France.

Peut-on n'y pas voir comme un plébiscite de la foi d'un peuple fier d'une galerie de saints, qui difficilement le cède en

1 D'après le texte français des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 481.

2 Cf. Homélie lors de la canonisation de sainte Jeanne de France, 28 mai, p. 186.

8 Oraison funèbre d'Henriette-Marie de France (cf. S. Gregorius I., Childeberto, regi Franccrum, 505 sept-, 1. VI ep. Ep 6, Monum.  Germaniae Hist. Epist. t.  1P 384).

ampleur et en magnificence à celle de tous les autres pays du monde ?

Le Pape souligne les traits essentiels de Sainte Jeanne :

Qu'est-elle donc cette nouvelle sainte que, de toutes les provinces et diocèses, pèlerins de tous âges, de toutes conditions, de toutes professions, prêtres, religieux, laïcs, vous êtes venus honorer et vénérer ici dans la capitale de la chrétienté ? Elle est une de ces héroïnes silencieuses, dont la silhouette, d'une grandeur morale exceptionnelle, loin de s'estomper au cours des âges, semble commencer seulement à prendre dans la lumière de l'histoire, des contours plus nets, un coloris plus éclatant.

Telle est Jeanne de France. Elle est du nombre de ces saints, dont la lumière, naissante et croissante à l'écart du monde, était restée au cours de leur vie d'ici-bas, presque entièrement cachée sous le boisseau. Mais cette lumière, aujourd'hui élevée sur le flambeau, rayonne aux yeux de tous les fidèles ; elle marche, elle monte, entraînant dans son sillage de clarté tous ceux qui savent encore regarder, comprendre, apprécier les vraies valeurs de la vie ; Jeanne prend place en reine glorieuse sur un trône que jamais ses contemporains n'eussent songé à lui assigner. Et voici que ce temple même, où viennent de se dérouler les cérémonies solennelles de sa canonisation, est, en ce moment, témoin de i'affectuetise rencontre du Père de la grande famille chrétienne avec sa fille aînée, la France catholique !

Les Français sont invités à suivre l'exemple de la nouvelle sainte :

Aussi, tout rempli encore de l'émotion de cette inoubliable matinée, Nous sentons Notre cceur se dilater et Nos lèvres s'ouvrir pour un paternel souhait de bienvenue, qui spontanément se mue aussitôt en une prière ardente et une tendre exhortation. Nous vous disons à tous : Ecoutez et suivez l'appel intérieur de cette sainte de la terre de France, le message qu'elle adresse à l'âme et à la conscience de tous ceux qui, vivant dans une ambiance, trop souvent hélas ! bien éloignée du Christ, prennent au sérieux leur dignité de chrétiens.

Le Souverain Pontife souligne les éléments caractéristiques de sa sainteté :

Il Nous semble voir la vie et l'oeuvre de Jeanne de France marquée d'un triple sceau divin : dons intérieurs dont l'Esprit-

A Saint l'enrichit dès sa prime jeunesse : intelligence exceptionnellement pénétrante de la vie et de l'action efficace de la Vierge, Mère du Rédempteur, et, fruit de l'union de sa vie avec la vie de la Mère de Dieu, union d'autant plus étroite avec le Christ, sans limite ni réserve, haussée d'un élan généreux au-dessus de toutes les épreuves et de toutes les humiliations, victorieuse de toutes les amertumes et de toutes les douleurs.

1° 11 faut être fidèle aux appels de l'Esprit-Saint :

Cher fils et chères filles, de retour dans votre Patrie, si belle et quand même secouée par les troubles de l'heure présente, restez imperturbablement fidèles à l'héritage que le Christ vous a confié et transmis par la longue chaîne de vos saints. Restez fidèles à l'Esprit que l'Eglise invoque en cette fête de Pentecôte : sans le secours de votre divin pouvoir, l'homme n'a rien en lui, plus rien qui ne soit pour son mal et sa perte : sine tuo numine, nihil est in homine, nihil est innoxium.

Regardez-le notre temps, avec ses misères et ses angoisses, avec ses erreurs et ses égarements, avec ses soulèvements et ses injustices : ne vous offre-t-il pas une trop fidèle peinture de l'horreur qui menace l'humanité tout entière et chacun des individus qui la composent, dès qu'ils prétendent se soustraire au joug aimable de l'Esprit de Dieu ? Seule une France docile à cet Esprit divin, purifiée, obéissante à son essentielle vocation, appliquée à valoriser toujours davantage ses plus belles ressources, sera capable d'apporter à l'humanité, à la chrétienté, en toute plénitude, une contribution digne d'elle pour l'oeuvre de réconciliation et de restauration.

2° Il faut être dévoué envers la Sainte Vierge :

La profonde pénétration de Jeanne de France dans la vie de la bienheureuse Mère de Dieu, la totalité absolue de sa consécration à Marie, le reflet resplendissant des sentiments et des vertus mariales dans sa propre vie et dans son Ordre de l'Annonciade donnent de nos jours à ses exemples et à ses règles l'aspect d'un nouveau Message à la France. Dans les grandes luttes spirituelles de ces temps, où les tenants du Christ et ses négateurs se trouvent confondus dans la foule, »a dévotion à la Mère de Jésus est une pierre de touche infaillible

pour discerner les uns des autres. Catholiques de France, votre histoire, dont toute la trame est tissée des grâces et des faveurs de Marie, vous fait un devoir tout spécial de veiller sur l'intégrité et sur la pureté de votre héritage mariai. Défendez-le contre ceux qui ont rompu leurs liens avec vos antiques et glorieuses traditions, par votre courageuse persévérance dans la poursuite de vos intérêts les plus sacrés, unie à l'exemple du respect des justes lois et de l'ordre légitime de l'Etat4. Vous allez quitter ces lieux, où vous venez d'assister au triomphe de votre sainte, vous allez de nouveau fouler la terre qui tant de fois a éprouvé les effets de la protection et de l'intercession puissante de Marie : faites alors monter vers le ciel d'azur et de lumière le grand désir de votre coeur, l'ardente prière de votre âme ! Vierge sainte, rendez-nous forts dans le combat contre vos ennemis : Virgo sacrata, da mihi virtutem contra hostes tuos !

3° II faut demeurer uni au Christ :

La vie de Jeanne porte enfin le sceau de son union avec le Christ. Cette union l'imprègne, jusque dans les profondeurs de son âme, de grandeur héroïque. Sa naissance de sang royal, sa destinée de reine, fille, soeur, épouse de rois, réservaient à la pauvre créature disgraciée aux yeux du monde, mais toute gracieuse de charmes divins, un sort des plus douloureux. De bien rares éclairs de joie et d'honneur allaient faire descendre un peu de lumière dans la nuit d'une vie de douleur et d'humiliation ; à peine quelques gouttes de douceur allaient atténuer un peu l'amertume de son calice d'affliction. Quel coeur resterait impassible à mesurer la distance de la félicité qui aurait dû être la sienne, à l'abîme de tribulations, où s'est écoulée son existence mortelle. Elle traverse la vallée de larmes et gravit les sommets avec la sérénité de ceux qui, formés à l'école sublime de la folie de la Croix, ont su y tremper et affiner leurs esprits.

4 Le Saint-Père, par ces paroles, semble désapprouver certaines déclarations faites au tours de la campagne menée par les catholiques des régions de l'ouest de la France en faveur de la justice scolaire.

En effet le 23 avril 1950, quatre grands meetings se tenaient à Folgoët, Pontmain, Château-la-Vallière et Saint-Laurent-sur-Seine. Dans cette dernière ville, 200.000 catholiques s engageaient « à employer le seul moyen qui reste actuellement pour arriver à un résultat, c est-à-dire différer le payement de l'impôt, jusqu'à ce qu'une solution du problème scolaire intervienne ».

Un appel particulier est fait aux femmes de France :

Au coeur des femmes de France, à qui, dans les conjectures actuelles, incombe une mission de souveraine importance, daigne Dieu, le Seigneur tout-puissant, infuser en une mesure riche et débordante, le courage dans la souffrance et dans la lutte, par où s'est héroïquement signalée la vie intérieure de Jeanne de France.

Elle est admirable, la part des femmes dans l'histoire de la France. Clotilde la délivre de l'infidélité et de l'hérésie, et par le baptême de Clovis, elle est donnée au Christ ! Blanche de Castille est l'éducatrice de Saint Louis, « le bon sergent du Christ ». Jeanne d'Arc rend à la France sa place dans le monde, et son étendard porte les noms de Jésus et de Marie ! La glorification, aujourd'hui, de Jeanne de France, n'est-elle pas un présage que son message de paix resté si longtemps, comme le grain, enfoui dans la terre et stérile en apparence, va germer enfin et monter en épis dorés, dont porteront joyeusement les gerbes, pour la France et pour le monde, ceux qui l'avaient semé dans les larmes et dans le sang ?

A une condition : que la femme française continue de répondre à sa mission. Ces héroïnes providentielles ont rempli la leur par la sagesse de leur esprit, la force de leur volonté, la sainteté de leur vie, la générosité dans le sacrifice total d'elles-mêmes, en somme par l'imitation des vertus de Marie, trône de la Sagesse, femme forte, servante du Seigneur, Vierge compatissante au coeur percé du glaive, Mère de l'Auteur de la Paix et Reine de la Paix. Soyez telles, femmes de France. Par votre jeunesse virginale, par votre dévouement filial et conjugal, par votre sollicitude maternelle, par la dignité de votre vie chrétienne, privée et sociale, vous ferez plus encore pour la vraie, la grande paix que ne pourraient faire sans vous, les conquérants, les législateurs, les génies.

Le Pape termine son allocution en demandant des bénédictions de Dieu pour la France :

C'est dans cette pensée et avec cet espoir, que Nous appelons sur la France, par l'intercession de sainte Jeanne, les plus belles faveurs de Dieu, en gage desquelles Nous vous donnons de tout coeur Notre Bénédiction apostolique.


DISCOURS AU CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉTUDES SOCIALES

(3 juin 1950) 1

Un Congrès d'Etudes sociales a eu lieu à Rome en juin 1950. Celui-ci avait été organisé par l'Institut International des Sciences sociales et politiques de Fribourg2. De même s'étaient joints aux congressistes les dirigeants de l'Association Internationale Sociale Chrétienne 3.

Le Saint-Père adressa aux congressistes un discours dont voici le texte ;

Tout d'abord le Pape salue les membres présents :

Nous vous adressons Notre salut de bienvenue, membres du Congrès international d'études sociales et de l'Association Internationale sociale chrétienne, et Nous éprouvons un plaisir tout particulier à vous l'exprimer ici, en l'Année Sainte. Cette rencontre est plus qu'une heureuse coïncidence : elle est, de votre part, la manifestation de vos propres dispositions ; elle est, pour Nous, le fondement d'une joyeuse espérance, que vos délibérations et vos résolutions contribueront, dans une large mesure, à faire mûrir les beaux fruits que Nous Nous promettons de cette année de retour et de réconciliation universelle, à savoir, le renouvellement et l'épanouissement, dans la grande communauté humaine, de l'esprit de justice, d'amour et de paix.

1 D'après le texte français des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 485.

2 L'Institut International des Sciences sociales et politiques a son siège à l'Université catholique de Fribourg. Il est un centre de recherches et d'études concernant les problèmes fondamentaux touchant l'homme et la société. Les directeurs en sont le Professeur Eugène Bongras et le R. P. Arthur Utz, O. P. L'Institut publie une revue trimestrielle Politeia.

3 L'Association Internationale sociale chrétienne a été fondée à Saint-Gall en 1947 en vue de grouper tous les catholiques qui s'occupent d'action sociale. Son Exc. Mgr Meile, eveque de Saint-Gall, en est le protecteur et le Dr Scherrer en est le président. Le secrétariat général en est fixé à Bruxelles, 127, rue de la Loi.

Le respect des valeurs morales est la condition de la prospérité des peuples. On a oublié cette loi fondamentale. C'est pourquoi aujourd'hui le monde est frappé de fléaux, et notamment du chômage 4.

C'est, en effet, dans l'absence ou le déclin de cet esprit qu'il faut voir une des principales causes des maux dont souffrent, dans la société moderne, des millions d'hommes, toute l'immense multitude de malheureux, que le chômage affame ou menace d'affamer.

Profitant de la misère humaine, le communisme tente de recruter des adeptes en promettant aux travailleurs des jours meilleurs, alors que son matérialisme ne peut qu'enfoncer l'humanité dans des misères plus grandes encore.

C'est sur leur misère, sur leur découragement, que table l'esprit du mal, en vue de les détourner du Christ, le vrai, l'unique Sauveur, de les jeter dans le courant de l'athéisme et du matérialisme, pour les engager dans des mécanismes d'organisation sociale en contradiction avec l'ordre établi par Dieu. Eblouis par la lumière aveuglante de belles promesses, par l'audacieuse affirmation de succès incontrôlables, ils sont bien tentés de s'abandonner à de faciles illusions, qui ne peuvent manquer de les mener à de nouvelles et effroyables déflagrations sociales. Quel réveil leur ménage la réalité après ces beaux rêves dorés !

C'esf pourquoi il est urgent que tous les catholiques, tous les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté liguent leurs efforts pour apporter au monde les vrais remèdes de salut.

Seule, la coalition de tous les gens de bien du monde entier pour une action de grande envergure, loyalement comprise et en parfait accord, peut apporter le remède.

4 Le chômage en 1949 continue à frapper durement. Ainsi, par exemple, il y a toujours plus de 2 millions de chômeurs en Italie. En Allemagne, il y a près de 3 millions de réfugiés et personnes déplacées et ouvriers sans travail. Les Etats-Unis ont 4 millions de chômeurs, la Belgique 200.000. Au Moyen-Orient il y a 600.000 Arabes qui ont dû quitter la Palestine et qui sont sans travail. En Chine il y a plus de 50 millions de réfugiés sans emploi.

Les causes de ce chômage peuvent être résumées comme suit :

— instabilité internationale ;

— impossibilité de se procurer les matières premières ou l'équipement industriel ;

— difficultés des échanges commerciaux à la suite de l'instabilité des monnaies ;

— concurrence étrangère ;

— manque de débouchés et surproduction ;

— perfectionnements  techniques  éliminant la main-d'oeuvre.

On ne résoudra pas le problème du chômage simplement par une nouvelle répartition géographique de la main-d'oeuvre 5.

Plus de ces oeillères qui rétrécissent le champ visuel et réduisent le vaste problème du chômage à tenter simplement une meilleure distribution de la somme des forces physiques individuelles de travail dans le monde !

Il faut creuser plus profondément la question et créer un nouvel ordre social où toutes les familles doivent pouvoir vivre honnêtement.

Il faut regarder bien en face, dans toute son ampleur, le devoir de donner à d'innombrables familles, dans leur unité naturelle, morale, juridique, économique, un juste espace vital répondant, fût-ce dans une mesure modeste, mais tout au moins suffisante, aux exigences de la dignité humaine.

Devant la nécessité de promouvoir cet ordre nouveau, il faut faire taire toutes les considérations partisanes ; il faut que tous, unanimement, apportent leur collaboration effective, de manière à pouvoir dresser un vaste plan de travail.

Arrière les préoccupations égoïstes de nationalités et de classes, qui puissent gêner le moins du monde une action loyalement entreprise et vigoureusement menée, dans la conspiration de toutes les forces et de toutes les possibilités sur toute la surface du globe, dans le concours de toutes les initiatives et de tous les efforts des individus et des groupes particuliers, dans la collaboration universelle des peuples et des Etats, chacun apportant sa contribution respective de richesses : en matières premières, en capitaux, en main-d'oeuvre. Enfin, tous les participants de cet effort commun doivent apprécier le secours que lui apporte l'Eglise.

5 Le directeur général du Bureau International du Travail, M. David A. Morse, écrivait : " 11 faut utiliser plus largement et plus rationnellement la totalité des ressources humaines et aussi hâter le relèvement économique et assurer la continuité du progrès social... Chaque nation s'emploie à redistribuer l'ensemble de sa main-d'oeuvre selon les besoins de ses diverses branches d'activité et à donner à ses travailleurs toute la gamme des qualifications Professionnelles qu'exige un fonctionnement efficace de son appareil de production. Mais au delà de l'action à entreprendre à l'échelon purement national, le problème se pose de combler les déficits en bras d'un pays en faisant appel aux excédents qui apparaissent ailleurs, c'est-à-dire d'étaler internationalement les ressources en main-d'oeuvre par le recours aux migrations » (Conférence Internationale du Travail, Genève, 1949, Rapport du directeur général, p. 47, Ed. B. I. T., Genève, 1949).

Le Pape n'hésite pas à dire que c'est là que se trouve le grand problème social actuel. Si on ne le résout pas, il y a à craindre que le malaise d'aujourd'hui ne dégénère en conflit international sanglant.

Le voilà le grand problème social, celui qui se dresse à la croisée des chemins à l'heure présente ! Qu'on l'achemine vers une solution favorable, fût-ce aux dépens d'intérêts matériels, au prix de sacrifices de tous les membres de la grande famille humaine : c'est ainsi qu'on éliminera un des facteurs les plus préoccupants de la situation internationale, celui qui, plus qu'aucun autre, alimente aujourd'hui la ruineuse « guerre froide », et menace de faire éclater, incomparablement plus désastreuse, la guerre chaude, la guerre brûlante.

Le problème social actuel est complexe. Sans doute, il a fallu d'abord assurer à l'ouvrier sa majorité. Mais là n'est pas toute la solution.

Bien attardé se montrerait quiconque, dans les vieux pays d'industrie, penserait que, aujourd'hui, comme il y a un siècle ou même seulement un demi-siècle, il ne s'agit que d'assurer à l'ouvrier salarié, dégagé des liens féodaux ou patriarcaux, outre la liberté de droit, celle aussi de fait. Pareille conception manifesterait la complète méconnaissance du noeud de la situation actuelle.

Le mouvement social catholique a apporté tout son appui à cette évolution nécessaire rendant l'ouvrier co-participant à la vie économique et sociale du pays.

Voilà déjà des dizaines d'années que, dans la plupart de ces pays, et souvent sous l'influence décisive du mouvement social catholique, s'est formée une politique sociale, marquée par une évolution progressive du droit du travail et, corrélativement, par l'assujettissement du propriétaire privé, disposant des moyens de production, à des obligations juridiques en faveur de l'ouvrier.

Cette évolution sociale ne peut cependant dépasser un certain stade, sous peine de tomber dans des excès pernicieux.

En effet, la part prise par l'ouvrier dans la vie économique correspond à une part perdue par les patrons. Souvent, le patronat gérait l'industrie sous la forme de sociétés anonymes, ce qui enlevait aux rapports sociaux leur caractère personnel et bienfaisant6 ; il ne faudrait pas que la part prise par les ouvriers redevienne à son tour anonyme et impersonnelle.

Qui veut pousser plus avant la politique sociale dans cette même direction, heurte contre une limite, c'est-à-dire, là où surgit le danger que la classe ouvrière suive à son tour les errements du capital, qui consistaient à soustraire, principalement dans les très grandes entreprises, la disposition des moyens de production à la responsabilité personnelle du propriétaire privé (individu ou société) pour la transférer sous la responsabilité de formes anonymes collectives.

Ce transfert de propriété et de pouvoir dans les mains d'une « collectivité ouvrière » est conforme à la doctrine marxiste qui tend à enlever aux individus la propriété privée des moyens de production pour la confier à des collectivités anonymes.

Une mentalité socialiste s'accommoderait fort bien d'une telle situation.

Mais c'est là une solution dangereuse, car on sait qu'un régime de

propriété collectivisée tue les initiatives et volatilise les responsabilités.

Celle-ci ne serait pourtant pas sans donner de l'inquiétude à qui sait l'importance fondamentale du droit à la propriété privée pour favoriser les initiatives et fixer les responsabilités en matière d'économie.

Il faut de même être prudent quand on préconise la cogestion — par les patrons et les ouvriers — d'une même entreprise. Ici encore, il ne faut pas dépasser certaines limites. En particulier, les patrons comme les ouvriers ne doivent pas être les agents aveugles d'institutions qui, du dehors de l'entreprise, donnent des mots d'ordre à exécuter dans l'entreprise. Celle-ci doit garder son autonomie.

Pareil danger se présente également lorsqu'on exige que les salariés, appartenant à une entreprise, aient le droit de co-gestion

6 A propos de certaines sociétés anonymes, Pie XI disait : « Sous le couvert d'une désignation collective se commettent les injustices et les fraudes les plus condamnables ; les hommes qui gouvernent ces groupements économiques trahissent, au mépris de leurs engagements, les droits de ceux qui leur ont confié l'administration de leur épargne » (Quadragesimo Anno, 15 mai 1931). Le Pape Pie XII a condamné de son côté ces concentrations de forces économiques excessives qui souvent se camouflent sous des formes anonymes, tentent de se soustraire à leurs obligations sociales et rendent impossible aux travailleurs l'acquisition d'une propriété réelle (Radiomessage du ier septembre 1944).

économique 7, notamment quand l'exercice de ce droit relève, en fait, directement ou indirectement, d'organisations dirigées en dehors de l'entreprise 8.

Si la cogestion est désirable, il ne faut cependant pas affirmer qu'il s'agisse là d'un droit naturel9 devant donc être observé en toutes circonstances 10.

Or, ni la nature du contrat de travail, ni la nature de l'entre-

" II faut noter que le Pape parle de cogestion économique et non de cogestion sociale.

8 On lira la mise en garde énoncée par Pie XII contre le risque pour les organisations ouvrières d'abuser de leur puissance : tentation aussi redoutable et dangereuse que celle d'abuser de la force du capital privé (allocution aux délégués du Mouvement Ouvrier Chrétien de Belgique le LE 11 septembre 1949).

9 Les discussions à propos de la cogestion — droit naturel — étaient particulièrement vives chez les catholiques allemands. En effet, lors du 73e Congrès des Catholiques allemands tenu à Bochum du 31 août au 4 septembre 1949, on avait dans les conclusions proclamé : « Les ouvriers et les patrons catholiques sont d'accord pour reconnaître que la participation — la cogestion — de tous les collaborateurs aux décisions concernant les questions sociales et économiques et les questions de personne est un droit naturel conforme à l'ordre voulu par Dieu et qui a pour corollaire que tous prennent leur part de responsabilité. Nous demandons que ce droit soit reconnu légalement. Suivant l'exemple donné par des entreprises progressistes, il faut, dès maintenant, introduire pratiquement ce droit partout» (Cerechtigkeit schafft Frieden, Der 73. Deutsche Katholikentag, p. 114, 1950, Ed. Bonifacius Druckerei, Paderborn).

Il est à noter que cette déclaration fut proposée à Bochum par les patrons eux-mêmes. Et d'après un article de Son Em. le Cardinal Frings de Cologne, rapportant les débats de Bochum où il était présent, il faut interpréter « le droit naturel conforme à l'ordre voulu par Dieu » comme une « haute convenance » et il en examine diverses modalités et ajoute : « L'introduction du droit de cogestion par voie légale ne saurait être pour aujourd'hui ou pour demain ; ce ne peut être que l'aboutissement d'une longue évolution » (cf. La Documentation Catholique du 6 novembre 1949, c. 1148).

Le Dr Otto B. Roegele écrivait dans le Rheinischer Merkur du 10 juin 1950 : « Le discours de Pie XII signifie que prend fin pour l'Allemagne une dangereuse impasse qui a pris son départ à Bochum et qui depuis des mois tient enchaînées des forces précieuses. Il est à la fois inquiétant et consolant de voir que l'Allemagne et ses problèmes occupent une place si importante dans le discours pontifical... »

On trouvera des informations récentes sur le débat soulevé en Allemagne par la cogestion dans Documents, ier juin 1950, Offenbourg ; Die Oberblick, 15 juin et ier juillet 1950, Munich ; La Documentation Catholique, 2 juillet 1950.

10 Déjà le 7 mai 1949, Pie XII avait déclaré dans son allocution à l'Union internationale des patrons catholiques : On n'est pas dans le vrai quand on affirme que toute entreprise particulière est par sa nature une société, de manière que les rapports entre participants y soient déterminés par les règles de la justice distributive, en sorte que tous indistinctement — propriétaires ou non des moyens de production — auraient droit à leur part de l<* propriété ou tout au moins des bénéfices de l'entreprise.

Et le Pape, sans s'opposer aux formules de cogestion, déclarait que celles-ci relèvent uniquement du droit positif et même du droit privé : Que l'entreprise soit constituée sous

prise ne comportent nécessairement par elles-mêmes un droit de cette sorte 11.

Il faut reconnaître que l'économie d'un pays est à titre égal édifiée par les patrons et les ouvriers ; mais cette égalité peut être respectée de diverses manières, soit par le contrat individuel, soit par les contrats collectifs de salaire, soit par une saine cogestion, soit encore par une organisation professionnelle stable. On sait que la doctrine sociale de l'Eglise préconise avant tout cette dernière forme de collaboration entre le capital et le travail.

Il est incontestable que le travailleur salarié et l'employeur sont également sujets, non pas objets de l'économie d'un peuple12. Il n'est pas question de nier cette partie ; c'est un

forme de fondation ou d'association de tous les ouvriers comme co-propriétaires, ou bien qu'elle soit propriété privée d'un individu qui signe avec tous ses ouvriers un contrat de travail, dans un cas comme dans Vautre elle relevé de l'ordre juridique privé de la vie économique.

11 De son côté, l'Union Internationale d'Etudes Sociales de Malines avait déclaré le 28 septembre 1948 :

« On peut soutenir qu'un droit de regard ou de contrôle sur la direction de l'entreprise, tout au moins, appartiendrait au personnel, afin que celui-ci pût vérifier si ses rémunérations, même forfaitaires, répondent aux normes  de la justice.

Là où elles peuvent entrer dans les moeurs, de telles modalités sont souhaitables.

Au travail, valeur humaine, revient dans l'entreprise la primauté morale. La reconnaissance de cette valeur doit se graduer suivant la qualité de la prestation, depuis la direction intellectuelle de l'affaire et l'application de la compétence technique jusqu'aux tâches manuelles d'exécution.

le capital, valeur matérielle, n'est d'autre part offert par ses détenteurs qu'en échange de certains avantages, sans lesquels l'entreprise, faute d'être financée, n'existerait pas.

L'association du travail et du capital est de nature à rétablir ainsi le sentiment de la solidarité entre les divers facteurs de la production.

Parmi ces agents, il y a lieu de faire une place spéciale à celui qui prend l'initiative de créer une entreprise, surtout s'il en assume les risques. Ce rôle confère à la personne physique ou collective qu'on peut appeler l'entrepreneur, un droit particulier à diriger la combinaison des facteurs de la production ainsi qu'à y bénéficier d'avantages pécuniaires. L importance de l'entrepreneur et sa qualité de chef apparaissent surtout dans les entreprises, encore très nombreuses, qui demeurent à la taille de l'homme et où le capital anonyme n est pas prépondérant. »

12 L'Osservatore Romano publiait le 8 juin 1950 un article sous le titre : « Lieux communs », où il y avait la précision suivante : « L'économie et les formes d'organisation du travail ont un sujet irremplaçable qui est l'homme. Par conséquent, dans toutes les élaborerions  théoriques  des  problèmes  économiques  et  sociaux,  on  doit  partir  avant  tout  de

homme et de son inviolable dignité. Tous les systèmes qui renvoient le salut et le bien-être 2 I homme à la mise en pratique d'un programme théorique ne concordent point avec la doctrine catholique. » Dans ce dernier cas, en effet, on considère l'homme comme un objet e science et d'expérience sociales.

principe que la politique sociale a déjà fait valoir et qu'une politique organisée sur le plan professionnel ferait valoir plus efficacement encore I3. Mais il n'y a rien dans les rapports de droit privé, tels que les règle le simple contrat de salaire, qui soit en contradiction avec cette parité fondamentale. La sagesse de Notre Prédécesseur Pie XI l'a clairement montré dans l'Encyclique Quadragesimo anno et, conséquemment, il y nie la nécessité intrinsèque d'ajuster le contrat de travail sur le contrat de société.

Pie XII se réjouit des progrès qui ont été réalisés dans les différents domaines où patrons et ouvriers ont pu trouver des terrains d'entente ; mais il répète qu'on ne peut strictement parler d'un droit à la cogestion ¦économique.

On ne méconnaît pas pour autant l'utilité de ce qui a été jusqu'ici réalisé en ce sens, de diverses manières, au commun avantage des ouvriers et des propriétaires 14 ; mais en raison des principes et des faits, le droit de cogestion économique, que l'on réclame, est hors du champ de ces possibles réalisations 15.

13 L'article cité de l'Osservatore Romano du 8 juin 1950 expliquait encore que le bien •commun de l'entreprise doit être réalisé par la libre collaboration des différentes catégories de producteurs, tous d'ailleurs s'inspirant de la justice. Ce sont les organisations professionnelles, les syndicats, qui sont tout désignés pour jouer ce rôle.

Toutefois l'Etat devra, de son côté, garantir la liberté de ces organismes et veiller à ce que des forces étrangères ne viennent faire jouer des contraintes extérieures à l'entreprise.

Il est utile de rappeler ici le texte de l'Encyclique Summi Pontificatus (20 octobre 1939) : C'esf la noble prérogative et mission de l'Etat de contrôler, soutenir et ordonner les activités privées et individuelles de la vie nationale pour les faire converger au bien commun d'une façon harmonieuse, ce qui ne peut se déterminer par des conceptions -arbitraires.

14 A. A. S., 23, 1931, p. 109.

15 Le R. P. A. Brucculeri S. J. dans 11 Quotidiano du 7 juin 1950 précisait de son côté : i° Si on envisage abstraitement le contrat de travail et la nature des entreprises, on

ne peut découvrir que ceux-ci exigent par eux-mêmes un droit naturel à la gestion économique chez les ouvriers.

20 Si on considère concrètement l'exercice du droit positif de la cogestion tel qu'il est actuellement formulé dans de nombreuses législations, il faut reconnaître que ce droit entraîne certains inconvénients. Notamment celui où les syndicats communistes essaient de se servir du conseil d'entreprise pour en faire un moyen de hâter l'avènement de la dictature du prolétariat. Quand le Pape déclare que la cogestion est hors du champ àes réalisations possibles, il veut simplement énoncer ces réserves.

Le Père Brucculeri ajoute : « Ainsi donc Sa Sainteté n'entend pas arrêter tout court l'évolution sociale de l'entreprise ni la ligne tracée par Quadragesimo anno (15 mai

Le Pape revient à sa pensée exprimée antérieurement ; les discussions sur ces problèmes précis ne peuvent faire oublier le problème fondamental du jour : trouver une solution à la place du chômage qui ne se présente pas comme un phénomène passager, mais qui semble bien s'installer dans les pays industrialisés comme un mal permanent.

L'inconvénient de ces problèmes, c'est qu'ils font perdre de vue le plus important, le plus urgent problème, celui qui pèse, comme un cauchemar, précisément sur ces vieux pays d'industrie ; Nous voulons dire l'imminente et permanente menace du chômage, le problème de la réintégration et de la sécurité d'une productivité normale de celle qui, par son origine comme par sa fin, est intimement liée à la dignité et à l'aisance de la famille considérée comme unité morale, juridique et économique.

Afin d'éviter aux pays neufs, en son temps, cette calamité, il faut y pratiquer dès maintenant une politique sociale sage et prudente. Tous les catholiques doivent s'attacher à la réaliser.

Quant aux pays, dont on commence aujourd'hui à envisager l'industrialisation, Nous ne pouvons que louer les efforts des Autorités ecclésiastiques en vue d'épargner aux populations vivant jusqu'ici dans un régime patriarcal ou même féodal, et surtout en des agglomérations hétérogènes, la répétition des fâcheuses omissions du libéralisme économique au siècle dernier. Une politique sociale conforme à la doctrine de l'Eglise, soutenue par des organisations garantissant les intérêts matériels et spirituels du peuple, et adaptées aux présentes conditions de vie : une telle politique devrait être assurée du suffrage de tout vrai catholique sans aucune exception.

où Pie XI désire que le contrat de travail soit quelque peu tempéré par le contrat de société... ainsi les ouvriers deviennent co-intéressés ou à la propriété ou à l'administration et co-participants en une certaine mesure aux bénéfices, et Pie XII disait de son côté : Là où la grande exploitation continue à se montrer heureusement productive, la possibilité doit être offerte de tempérer le contrat de travail par un contrat de société (Radiomessage du ier septembre 1944).

Le contrat de salaire n'exige pas par lui-même le droit à la cogestion du capital et du travail, mais le Pape n'interdit pas au travailleur, en donnant son travail, de demander en retour de participer également dans une mesure fixée à la gestion de l'entreprise.

Le catholicisme social n'est pas statique, mais dynamique ; il ne nie pas le principe d une cogestion même intégrale, mais avec une gradation et des méthodes qui répondent a la norme morale. »

La création d'industries nouvelles dans ces pays neufs n'est légitime que si elle correspond à des nécessités dictées par le bien commun.

Même dans l'hypothèse de ces nouvelles industrialisations, le problème demeure tout entier et la question se pose encore à leur sujet : contribuent-elles, oui ou non, à la réintégration et à la sécurité de la saine productivité de l'économie nationale ? ou bien, ne font-elles que multiplier encore le nombre des industries toujours à la merci de nouvelles crises ? Et puis, quel souci aura-t-on de consolider et de développer le marché intérieur, rendu productif en raison de l'importance de la population et de la multiplicité de ses besoins, là où le placement des capitaux n'est dirigé que par l'appât d'avantages éphémères et là où une illusoire vanité de prestige national détermine les décisions économiques ?

Il faut condamner les procédés consistant à produire sans limite et à épuiser les ressources naturelles.

On n'a que trop fait l'essai de production en masse, d'exploitation jusqu'à l'épuisement de toutes les ressources du sol et du tréfonds

Il faut davantage respecter les exigences de l'économie rurale.

... surtout, on n'a que trop durement sacrifié à ces essais la population et l'économie paysannes.

I! faut réprouver les thèses de l'économie libérale professant la croyance au rétablissement harmonieux et automatique des forces économiques.

Egalement aveugle est la confiance quasi-superstitieuse dans le mécanisme du marché mondial pour équilibrer l'économie,...

Il faut rejeter également les thèses de l'économie socialiste proclamant que l'Etat a le pouvoir de régler, par voie légale, toute économie nationale et privée.

... et celle dans un Etat-Providence chargé de procurer a chacun de ses ressortissants, et dans toutes les circonstances de la vie, le droit à des exigences, au bout du compte irréalisables.

le vrai problème du jour est celui d'une sage organisation mondiale de l'économie, tant de la production que de la consommation.

Devant le devoir pressant, dans le domaine de l'économie sociale, de proportionner la production à la consommation, sagement mesurée aux besoins et à la dignité de l'homme, la question de l'ordonnance et de l'établissement de cette économie sur le chapitre de la production se présente aujourd'hui au premier plan. Il ne faut en demander la solution ni à la théorie purement positiviste et fondée sur la critique néokantienne des « lois du marché », ni au formalisme tout aussi artificiel de la « pleine occupation ». Voilà le problème sur lequel Nous voudrions voir théoriciens et praticiens du mouvement catholique social concentrer leur attention et faire converger leurs études.

Le Pape prie afin que les spécialistes de la doctrine sociale catholique trouvent les vrais remèdes à cet angoissant problème.

En gage de l'intérêt paternel que Nous portons à vos recherches et à vos travaux, sous les auspices de l'Esprit-Saint, que Nous prions de vous combler de ses dons, Nous vous accordons de tout coeur, à vous, à tous les sociologues catholiques, dans la grande effusion de Notre coeur, Notre Bénédiction apostolique.


Pie XII 1950 - HOMÉLIE PRONONCÉE LORS DE LA CANONISATION DE SAINTE JEANNE DE FRANCE