Pie XII 1952 - ALLOCUTION AUX DIRIGEANTS DES ORGANISATIONS ITALIENNES DE TOURISME


LETTRE DE MONSEIGNEUR J.-B. MONTINI SUBSTITUT A LA SECRETAIRERIE D'ÉTAT AUX INFIRMIÈRES CATHOLIQUES



(7 avril 1952) 1





Du 16 au 20 avril s'est tenu à Lisbonne le Congrès des Associations d'Infirmières catholiques. La Lettre suivante y fut envoyée par le Saint-Siège :

Le Saint-Père a pris connaissance avec un bienveillant intérêt du programme des Journées d'Etudes de Lisbonne, que vous venez de lui soumettre 2. De tout coeur, il envoie aux Associations catholiques européennes d'infirmières et d'assistantes médico-sociales réunies à cette occasion, ses voeux paternels, les encourageant à approfondir ensemble le si important problème de leur formation technique, professionnelle, doctrinale et morale, psychologique et pédagogique.

Le développement actuel de l'art médical et de la législation sociale exige, en effet, des membres de vos associations, qu'elles allient désormais au dévouement toujours irremplaçable, une compétence de plus en plus rigoureuse. Mais au surplus, on voit se répandre aujourd'hui dans les domaines de la santé et des sciences de la vie, une pensée philosophique et morale étrangère aux principes chrétiens, qui requiert des catholiques une connaissance éprouvée des expériences de leur foi en ces matières et une vigilance accrue contre la pénétration insidieuse de telles influences. C'est sur cet aspect doctrinal et moral de leur formation, que le Saint-Père désire surtout attirer l'attention des participantes des Journées de Lisbonne.














Les préoccupations de Sa Sainteté à cet égard vous sont d'ailleurs connues. Contre les entraînements d'un milieu indifférent ou parfois même contraire, il faut convaincre les esprits droits de l'empire souverain de la morale sur toute activité professionnelle, tout usage de possibilités scientifiques, toute disposition administrative.

Puisant leur esprit de service aux sources mêmes de l'Evangile, les infirmières et les assistantes médico-sociales catholiques prodigueront leur dévouement et leurs conseils à tous indistinctement, mais cette universalité de leur charité envers ceux qui souffrent ne doit jamais compromettre la fermeté et la clarté de leur jugement chrétien. Aussi, quand des pratiques ou des législations nouvelles posent à leur conscience professionnelle de délicats problèmes moraux qu'elles se tournent avec confiance vers l'Eglise, constituée gardienne de la loi naturelle comme de la révélation chrétienne, et qui a reçu mission « d'appliquer les vérités morales, en en maintenant intacte la substance, aux conditions variables de temps et de lieux » 3.

Faut-il ajouter que les infirmières et les assistantes médico-sociales catholiques qui ont spontanément à coeur de porter témoignage dans leur milieu de travail, de ces sûrs enseignements de la doctrine chrétienne, doivent également s'efforcer de les faire prévaloir devant les autorités responsables de la profession et devant les pouvoirs publics ? C'est ce légitime souci qui a suscité d'heureuses initiatives pour unir les efforts au sein d'organismes appropriés et obtenir, selon les modalités jugées en chaque pays les plus opportunes, une solution chrétienne aux nouveaux problèmes que rencontrent aujourd'hui les professions auxiliaires de la médecine.

Avec ses souhaits chaleureux pour le succès des prochaines Journées de Lisbonne, et le développement de votre action, le Souverain Pontife appelle l'abondance des divines grâces sur les Associations catholiques d'infirmières et d'assistantes médico-sociales, et vous accorde de grand coeur la Bénédiction apostolique.










ALLOCUTION AUX ARTISTES ITALIENS



(8 avril 1952) 1





Au début de ce mois d'avril s'ouvrait à Rome la VIe Exposition quadriennale de l'Art italien. Les artistes participants furent reçus par le Souverain Pontife qui dit, s'adressant aux 200 personnes présentes :

Avec une vive satisfaction Nous accueillons, chers fils et filles qui cultivez les arts plastiques, votre dévot hommage et celui de vos familles, vous qui êtes venus à Rome à l'occasion de la Sixième Quadriennale Romaine et Nous vous exprimons Notre plaisir pour le don que vous voulez Nous laisser en souvenir 2.



L'Eglise a toujours aimé les oeuvres d'art :

A quel point Nous est agréable votre visite, la tradition même du Pontificat romain vous l'enseigne, qui, héritier de la culture universelle, n'a jamais cessé d'estimer l'art, de s'entourer de ses oeuvres, d'en faire, dans de justes limites, le collaborateur de sa mission divine en conservant et élevant le destin qui est de conduire l'esprit à Dieu.

Et, vous de votre côté, déjà en franchissant le seuil de cette maison du Père commun, vous vous êtes sentis dans votre monde, en reconnaissant vos idéaux dans les chefs-d'oeuvre réunis ici au cours des siècles. Il ne manque donc rien pour rendre réciproquement agréable cette rencontre entre le Successeur, bien qu'indigne, de ces Papes qui brillèrent comme de généreux mécènes des arts, et vous, les continuateurs de la tradition artistique italienne.














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documents pontificaux



artistes italiens



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Il y a d'ailleurs une affinité intrinsèque entre l'art et la religion :


Il n'est pas nécessaire que Nous vous expliquions — vous le sentez en vous-mêmes souvent comme un noble tourment — un des caractères essentiels de l'art, consistant en une certaine « affinité » intrinsèque de l'art avec la religion, qui fait des artistes en quelque sorte les interprètes des perfections infinies de Dieu, et particulièrement de sa beauté et de son harmonie. La fonction de tout art est en effet de briser le cercle étroit et angoissant du fini dans lequel l'homme est enfermé tant qu'il vit ici-bas, et d'ouvrir comme une fenêtre à son esprit aspirant à l'infini.
C'est donc une erreur que de vouloir séparer la religion et l'art :


Il résulte de cela que tout effort — vain en réalité — visant à nier ou à supprimer tout rapport entre la religion et l'art, aboutirait à une diminution même de l'art, car n'importe quelle beauté artistique que l'on veuille saisir dans le monde, dans la nature, dans l'homme pour l'exprimer par des sons, par des couleurs, par un jeu de masses, ne peut se séparer de Dieu, du moment que tout ce qui existe est lié à Lui par des rapports essentiels. Comme dans la vie, il n'y a donc point dans l'art — qu'il soit entendu comme expression du sujet ou comme interprétation de l'objet — l'exclusivement « humain », l'exclusive-ment « naturel » ou « immanent ». L'art s'élève à l'idéal et à la vérité artistique avec une probabilité d'heureux succès d'autant plus grande, qu'il reflète avec une plus grande clarté l'infini, le divin. Aussi, plus l'artiste vit la religion, et mieux est-il préparé à parler la langue de l'art, à en entendre les harmonies, à en communiquer les frémissements.



L'art religieux constitue en particulier une forme idéale d'enseignement :

Naturellement, Nous sommes bien loin de penser que pour être interprète de Dieu, dans le sens que Nous venons d'exposer, on doive traiter explicitement des sujets religieux ; d'autre part, on ne peut contester le fait que l'art n'a jamais atteint complètement comme dans ceux-ci ses plus hauts sommets.

De cette manière, les plus grands maîtres de l'art chrétien devinrent les interprètes non seulement de la beauté mais également de la bonté de Dieu Révélateur et Rédempteur. Merveilleux échange de services entre le christianisme et l'art ! Ils tirèrent de la foi les plus sublimes inspirations ; à la foi ils attirèrent les âmes, lorsque durant de longs siècles, ils communiquèrent et diffusèrent les vérités contenues dans les Livres sacrés, vérités inaccessibles, tout au moins directement au simple peuple. A juste titre, on appela « Bible du peuple » les chefs-d'oeuvre artistiques, tels que, pour citer des exemples, connus, les vitraux de Chartres, la porte de Ghiberti (dite du Paradis en une heureuse appellation), les mosaïques de Rome et de Ravenne, la façade du Dôme d'Orvieto. Ces chefs-d'oeuvre, ainsi que d'autres, non seulement traduisent en caractères de lecture facile et dans une langue universelle les vérités chrétiennes, mais ils communiquent la signification et l'émotion intimes de celles-ci avec une efficacité, un lyrisme, une ardeur, que ne possède peut-être plus la plus fervente prédication. Or les âmes civilisées, élevées, préparées par l'art, sont mieux disposées à accueillir la réalité religieuse et la grâce de Jésus-Christ. C'est donc là un des motifs pour lesquels les Souverains Pontifes et, en général, l'Eglise, ont honoré et honorent l'art et en offrent les oeuvres comme hommage des créatures humaines à la Majesté de Dieu dans ses églises, qui ont toujours été à la fois des demeures de l'art et de la religion.



Les artistes d'aujourd'hui doivent donc féconder leur art par la contemplation de vérités chrétiennes :

Couronnez, chers fils, vos idéaux d'art par les idéaux religieux que ceux-ci renforcent et complètent. L'artiste est par lui-même un privilégié parmi les autres hommes ; mais l'artiste chrétien est, en un certain sens, un élu parce que c'est le propre des Elus de contempler, d'apprécier et d'exprimer les perfections de Dieu. Cherchez Dieu ici-bas dans la nature et dans l'homme, mais avant tout en vous-mêmes ; ne tentez pas en vain de rendre l'humain sans le divin, ni la nature sans le Créateur ; harmonisez au contraire le fini avec l'infini, le temporel avec l'éternel, l'homme avec Dieu, et vous rendrez ainsi la vérité de l'art, le véritable art. Même sans vous le proposer expressément comme but, apprenez à éduquer les esprits — si facilement enclins au matérialisme — à la délicatesse et au goût du spirituel ; rapprochez-les entre eux, vous à qui il est donné de parler un langage

que peuvent comprendre tous les peuples. Que ce soit là la mission à laquelle tende la vocation artistique, dont vous êtes redevables envers Dieu ; mission si noble et si digne, qu'elle suffit à elle seule à donner à votre vie quotidienne, souvent âpre et ardue, la plénitude et le courage confiant. Et afin que Nos voeux s'accomplissent et que Dieu soit glorifié dans votre art, Nous invoquons sur vous et sur vos familles l'abondance des faveurs célestes dont puisse être le gage la Bénédiction apostolique que Nous vous donnons de grand coeur.









LETTRE DE MONSEIGNEUR J.-B. MONTINI SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A MONSEIGNEUR COURBE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ACTION CATHOLIQUE FRANÇAISE A L'OCCASION DU 66e CONGRÈS DE L'UNION DES OEUVRES
(10 avril 1952) 1






Du 15 au îS avril se tenait à Nancy le soixante-sixième Congrès des OEuvres ayant pour thème : « L'Eglise educatrice des consciences par le sacrement de Pénitence 2. » En vue de ce Congrès, la Secrétairerie d'Etat envoya la lettre suivante :

Les Congrès de 1'« Union des OEuvres » se sont acquis dans les milieux catholiques intéressés aux problèmes de pastorale paroissiale une large audience, par la qualité même de leurs travaux et le concours fraternel des mouvements de l'Action Catholique et sociale qui y collaborent, sous l'égide de Votre Excellence. Aussi le Saint-Père apprit-il avec plaisir, par Monsieur l'abbé Courtois, l'actif organisateur de ces Journées, que le soixante-sixième Congrès se tiendrait à Nancy, sous la présidence de Son Exc. Mgr Lallier et en présence de plusieurs membres de l'épiscopat.

Le thème de ce Congrès : « L'Eglise educatrice des consciences par le sacrement de Pénitence » devait d'ailleurs retenir l'attention de Sa Sainteté qui, tant de fois déjà a déploré l'in-
















quiétante léthargie de trop de consciences catholiques devant les désordres et les périls de l'heure ; tout récemment encore, Elle rappelait avec autorité les principes d'une véritable éducation des consciences et le rôle providentiel qu'à cet égard l'Eglise a reçu de son divin Fondateur3.

Est-il donc besoin de dire avec quelle insistance le Souverain Pontife invite les prêtres, parents, éducateurs à cet effort urgent de redressement moral et spirituel ? S'il y eut un temps où les institutions formaient un cadre solide dans lequel les vertus chrétiennes pouvaient se développer harmonieusement, force est bien de constater que souvent il n'en est plus ainsi. Fouillons au fond de la conscience de la société moderne, déclarait le Saint-Père dans son Radiomessage de Noël 1941. Nous ne pouvons fermer les yeux à la triste vision de la progressive déchristianisation individuelle et sociale qui, du relâchement des moeurs, est passée à l'affaiblissement et à la négation ouverte de vérités et de forces destinées à éclairer les intelligences sur le bien et le mal, à fortifier la vie familiale, la vie privée, la vie des Etats et la vie publique.

Malgré d'admirables efforts auxquels on est heureux de rendre hommage, cette vue d'ensemble reste, hélas ! trop actuelle et c'est pourquoi, dans un milieu de vie exposé à tous les courants de pensée et frappé en quelque sorte d'anémie religieuse et morale, la formation chrétienne des consciences demeure une tâche primordiale « où sont en cause le présent et l'avenir du monde et le destin éternel de tant d'âmes » 4.

Face à cette tâche, le Saint-Père n'hésite pas à répéter spécialement aux prêtres : « Soyez des éducateurs ! Que votre constante préoccupation, à travers les actes divers du ministère, soit d'éveiller les âmes d'enfants au sens du devoir, de tremper le caractère des aînés et de les nourrir de convictions personnelles, d'éclairer la conscience des époux et des parents, de réagir enfin contre ce funeste « dédoublement de conscience » qui soustrait parfois l'activité professionnelle aux exigences de la justice et de la charité chrétiennes.

C'est ici que s'affirme irremplaçable le rôle du sacrement de Pénitence dans l'oeuvre éducative de l'Eglise. Les rapporteurs du Congrès en aborderont tour à tour les différents aspects, doctrinal et pastoral, psychologique et social. Je voudrais seulement me faire, auprès de Votre Excellence, l'écho de deux préoccupations du Souverain Pontife. La première tient à la nécessité de mettre de plus en plus en honneur, parmi les fidèles soucieux de vie surnaturelle et de rayonnement apostolique, la pratique fervente et assidue du sacrement de Pénitence. Un militant d'Action catholique est un chrétien qui communie ; il doit être aussi un chrétien qui se confesse. Dans la réception régulière de ce sacrement, il soumet sa conscience de pécheur repentant au jugement miséricordieux de l'Eglise et reçoit d'elle, avec l'absolution libératrice, les lumières et les secours indispensables à sa vie religieuse et morale. Aussi bien le Saint-Père tenait-il, dans l'Encyclique Mystici Corporis, à recommander vivement « ce pieux usage de la confession fréquente, introduit dans l'Eglise sous l'impulsion du Saint-Esprit » ; et il en décrivait avec délicatesse les nombreux bienfaits. Quatre ans plus tard, il rappelait de nouveau « à la sérieuse méditation et à la docile observation » de ses fidèles les « très graves paroles » dont il s'était servi à cet égard 5.

En second lieu, si les récents appels de Sa Sainteté à une croisade de prières et de sacrifices sont dans la mémoire de tous, il reste toujours opportun d'insister auprès des prêtres, des parents et des éducateurs sur la place normale que doit avoir, dans une conscience chrétienne pleinement formée, la vertu même de pénitence. Celle-ci est, en effet, par nature, une reconnaissance et une restitution de l'ordre moral. « Qui satisfait à Dieu pour le péché, écrivait Pie XI, reconnaît par là même la sainteté des lois suprêmes de la morale, leur propre force d'obligation, la nécessité d'une sanction contre ceux qui la violenta. » Aussi, en maintenant bien haut ce mot de pénitence, illustré par tant de saints, en lui conservant son authentique noblesse, en procurant son application à la vie chrétienne, malgré le discrédit dont on voudrait aujourd'hui le couvrir, l'Eglise se fait au premier chef éducatrice des consciences. Et les plus généreux de ses fils sauront, aujourd'hui comme hier, se saisir de cette « arme de salut » contre les assauts du mal dans le monde.

L'influence du prochain Congrès ne peut donc manquer d'être profonde et durable si, pour couronnement des nécessaires





Encyclique Mediator Dei. Encyclique Caritate Christi.



analyses et des résolutions concrètes, l'esprit des congressistes est élevé à la considération de cette urgente réforme des moeurs que demande le Saint-Père et à laquelle peut si utilement concourir une meilleure compréhension du sacrement de Pénitence. C'est avec ce voeu que Sa Sainteté envoie de grand coeur, à Votre Excellence et à Monseigneur l'évêque de Nancy, ainsi qu'à Monsieur l'abbé Courtois et à tous les orateurs et auditeurs du Congrès une large et paternelle Bénédiction apostolique7.










ALLOCUTION A LA « SOCIETY FOR OLD TESTAMENT STUDY »

(10 avril 1952) 1








La Société britannique pour l'étude de l'Ancien Testament groupant des spécialistes catholiques et non-catholiques a tenu une semaine d'études à l'Institut Pontifical biblique à Rome en avril ; une quarantaine de ses membres furent reçus par le Saint-Père qui déclara :

Alors que Nous Nous disposions à exprimer des paroles de bienvenue et d'encouragement à un groupe si distingué d'érudits étudiant les Ecritures, Notre mémoire se reporta aussitôt à ce que Notre saint Prédécesseur Damase, voici bien treize siècles, écrivit au docte saint Jérôme : « Je ne crois pas qu'il puisse y avoir de sujet plus digne de conversation entre nous que les Ecritures 2. »

Rien ne saurait être plus vrai, lorsqu'on réfléchit que du In principio de la Genèse au Veni, Domine Jesu de l'Apocalypse, les saintes Ecritures contiennent la parole de Dieu. Quelle précieuse veine de richesses indicibles est ouverte pour ainsi dire par chacune de leurs phrases. Mais Nous devons être bref. « Une prairie est aimable, un jardin est beau, mais encore plus aimable est l'étude de l'Ecriture Sainte. Dans la prairie, nous trouvons des fleurs, mais elles se fanent rapidement ; dans l'Ecriture Sainte, nous entendons des mots qui ont le pouvoir de la vie immortelle. Dans la prairie, le zéphyr souffle ; dans les Ecritures, le Saint-Esprit respire.... Dans la prairie, il y a le plaisir éphémère des sens ; la lecture des Ecritures procure des avantages de valeur durable pour l'âme 3. »










' On lira la Lettre de Mgr Montini au LXVe Congrès de l'Union des OEuvres dans Documents Pontificaux ig;o, p. 92.

Mais ces avantages spirituels seront authentiques et solides en proportion de la connaissance sûre et minutieuse que l'on aura de ce que l'auteur sacré a dit. De là la nécessité toujours actuelle de dévoués érudits, qui, dans leur recherche inlassable pour dévoiler la signification exacte de la parole divine, seront en mesure de faire un sage et judicieux usage de ce vaste ensemble de philologie, géographie, histoire, archéologie bibliques, de critique des textes et de sciences naturelles de telle sorte que la Vérité éternelle puisse en rayonner dans toute sa splendeur pour éclairer et réchauffer les esprits et les coeurs des hommes.

Il est agréable de noter à la lecture de votre programme que de tels érudits ne manquent pas aujourd'hui dans les diverses parties du monde, et Nous espérons passionnément que de nombreux autres, qui ont reçu de Dieu dans une large mesure la bénédiction d'un talent naturel, de la piété et du savoir, vous suivront dans ce même louable apostolat.

Vous vous disposez à clôturer votre semaine d'études en un jour sanctifié par le souvenir du glorieux triomphe de Celui dont la personne sacrée plane sur toutes les pages de la Bible. Les différentes parties de celle-ci, comme autant de rayons convergents concentrent leur lumière sur la figure resplendissante de Celui qui, annoncé et longuement attendu, vint, au moment fixé, réaliser les espérances et les aspirations de toute l'humanité à l'égard de la vie éternelle. Le don qu'il offrait était la paix, la paix avec Dieu, le Père de tous. C'est là aussi l'objet de Nos prières quotidiennes, le but de toutes les peines et souffrances de l'Eglise. Lorsque tous les hommes auront cherché et trouvé la paix avec Dieu, ils auront accompli un grand chemin pour jouir des bénédictions d'une véritable paix entre les nations.

Puissent la paix et la joie du Christ ressuscité remplir vos propres coeurs et les coeurs de ceux qui vous sont proches et chers.










ALLOCUTION A DES ÉTUDIANTS BELGES

(12 avril 1952) 1






En ce Samedi Saint, le Saint-Père reçut en audience dans la Salle Ducale 1400 prêtres, professeurs de religion et élèves des Institutions d'enseignement officiel de Belgique. Pie XII en profita pour exalter la grandeur de la foi chrétienne.

Votre foi, chers fils et filles de Belgique, vous a conduits à Rome pendant les vacances de la Semaine Sainte. Vous avez voulu par ce geste collectif, marquer votre attachement à l'Eglise catholique romaine et à son Chef. Aussi est-ce avec une profonde affection que Nous vous accueillons tous, prêtres, professeurs, parents, élèves.

Oh ! que vous avez raison de mettre le trésor de votre foi au-dessus de tous les biens, et que la tâche des professeurs de religion est belle et importante ! Il s'agit pour eux non seulement de transmettre la révélation divine telle que la sainte Eglise l'enseigne et la commente, mais encore de la faire aimer, de la faire préférer à toutes les sciences et de la faire passer dans les actes. C'est tout le drame de la vie chrétienne, que proclame excellemment le vers fameux : « La foi qui n'agit point est-ce une foi sincère ? 2 »

Or, voici qu'à l'invitation des professeurs de religion, vous tous qui êtes venus ici, vous avez voulu faire ensemble un grand acte de foi, renouveler à Rome l'ardeur et la fierté de votre foi.

Aucun lieu n'était mieux choisi. Vous êtes ici au centre de la foi : lorsque vous serez groupés près de la Confession de saint Pierre dans la Basilique, levez les yeux vers le sommet des piliers qui soutiennent l'incomparable coupole de Michel-Ange.














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documents pontificaux



étudiants belges



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Vous y lirez précisément l'explication de votre foi : Hinc una fides mundo refulget. A partir d'ici, à partir de la tombe de saint Pierre, une foi unique a brillé sur le monde. Ce que la Rome païenne avec son génie politique, avec ses armées, avec sa richesse, avec sa puissante administration, n'a pu réaliser, la Rome chrétienne l'a fait et le fait de plus en plus : elle fait l'unité.

Oui, vraiment, c'est ici qu'il faut voir cette merveilleuse unité de la foi. Lorsque Nous célébrons le Saint Sacrifice à l'autel papal, sur la tombe même du Prince des Apôtres, la foule cosmopolite des fidèles qui l'entoure, n'a dans la même foi qu'un coeur et qu'une âme ; elle prie avec Nous, offre avec Nous pour le salut du monde entier le pain et le vin, qui deviendront le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; et lorsqu'entre Nos mains s'élève la Sainte Hostie, du fond de tous les coeurs un même cri de foi retentit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Il n'y a plus de distinction de race ni de couleur, de milieu social ni de culture : une même foi réalise l'unité la plus profonde. Le divin Sauveur, selon la forte expression de saint Paul a renversé toutes les séparations, pour établir la paix 3.

Cette union à laquelle toute l'humanité aspire dans l'angoisse avec la crainte de voir exploser au contraire une horrible guerre fratricide, notre foi la réalise dans le Christ : sans Lui, nous ne pouvons rien faire ; sans Lui, personne ne peut rien faire de durable. Lui seul est notre paix ; Lui seul est la paix de l'humanité. Il est mort pour rassembler tous les enfants du Père, même ceux qui étaient et qui sont hélas ! encore dispersés et divisés.

La foi chrétienne, vous le savez, avec la venue de saint Pierre à Rome, s'est bien vite établie au centre de l'Empire Romain et c'est du tombeau de l'Apôtre, près duquel ses Successeurs ont tenu à demeurer, que depuis près de vingt siècles, le grand appel à l'unité s'est fait entendre. Vous l'aurez mieux senti pendant les jours saints passés dans la Ville éternelle ; vous aurez senti le bonheur d'appartenir à la sainte Eglise, d'en être les membres vivants, de contribuer par toute votre vie à sa mission de salut. On a les yeux sur vous, catholiques, et c'est normal. On vous juge à vos fruits, c'est-à-dire à votre foi pratique, à votre vie vraiment chrétienne, et, avec vous, c'est l'Eglise qu'on juge, qu'on estime ou qu'on méprise — l'Eglise de Dieu et Dieu lui-même. Quel honneur, mais aussi quelle responsabilité !

Vous allez maintenant retourner à vos études, à vos foyers, emportant le souvenir des jours passés au centre de la chrétienté. Votre démarche a réjoui Notre coeur, et Nous demandons au Père des lumières que votre foi resplendisse toujours davantage, que vous soyez toujours de plus en plus « des flambeaux dans le monde, étant en possession de la parole de vie » C'est dans cette intention, et du fond du coeur, que Nous vous accordons à vous-mêmes, à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers, Notre paternelle Bénédiction apostolique.







3 Cf. Eph. II, 14.



< Phil. II, 15-16.



au peuple japonais



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RADIOMESSAGE AU PEUPLE JAPONAIS



(13 avril 1952) 1





Le matin du jour de Pâques, Pie XII envoya le message suivant, en latin, qui fut retransmis par la Radiodiffusion nationale et ensuite traduit en japonais 2 :

En ce jour solennel, tandis que les cloches du monde entier annoncent que le Christ est ressuscité du tombeau, Notre voix accompagnant leur concert, est portée jusqu'à vous par les ondes de la radio, ô peuple japonais. Prié de vous adresser la parole, Nous avons accepté volontiers cette invitation, car depuis longtemps Nous souhaitions manifester publiquement les sentiments de profonde et sincère affection que Nous vous portons. Nous vous bénissons, Vénérables Pasteurs, prêtres, missionnaires et vous tous enfants de l'Eglise, qui êtes séparés de Nous par un si vaste espace de terres et de mers, et Nous vous offrons nos voeux de Joyeuses Pâques ; en même temps, Nous souhaitons à la noble nation japonaise bénédictions, bien-être et prospérité. Nous vous assurons que Nous portons un intérêt plein de sollicitude et d'affection à tout ce qui vous concerne ; et de même que Nous avons souffert de tous les malheurs qui ont frappé votre pays, de même Nous nous sommes profondément réjoui de toutes vos joies. En vérité, Notre affection pour vous fait que tout ce qui vous touche se répercute en Notre coeur comme propagé par des ondes. Nous apprécions grandement la nation japonaise, ses gloires passées et ses mérites remarquables. Nous

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIV, 1952, p. 378.

2 Le 28 avril 1952, le Japon recouvrait son indépendance complète après la signature du traité de paix. Ce même jour les relations diplomatiques étaient établies pour la première fois entre le Saint-Siège et le Japon. Le Dr Augustin Masahide Kanayama est nommé chargé d'affaires à Rome, tandis que Mgr de Furstenberg, à Tokyo, change son titre de délégué apostolique pour celui d'internonce.

estimons hautement sa gravité agrémentée d'amabilité, sa ténacité dans l'action et son courage dans la souffrance, son attachement scrupuleux au devoir et au bien commun, son admirable disposition aux arts libéraux, son culte profond et délicat de la famille, de cette famille qui, hélas ! rencontre aujourd'hui de graves dangers et subit de redoutables attaques. Mais il est autre chose que Nous ne pouvons passer sous silence. Nous nous réjouissons de ce que l'Evangile, qui vous fut porté par saint François-Xavier et qui vous est prêché maintenant par tant de vaillants missionnaires, trouve de plus en plus de respect, de bienveillance et de sympathie au Japon3. Comme Nous sommes persuadé que la gloire et la lumière de l'Evangile, la plénitude de la vérité et de la charité sont les plus grands de tous les biens qui procèdent de Dieu, comme Nous sommes persuadé que la grâce perfectionne la nature, que pouvons-Nous, que voulons-Nous souhaiter de meilleur sinon que cette lumière, encore à son matin, grandisse chez vous jusqu'à son plein midi ? Le très doux Rédempteur, regardant les siècles futurs, a prophétisé que beaucoup viendraient de l'Orient prendre part au Festin du Royaume Céleste4. Puisse cette bénédiction se réaliser pour Notre cher Japon, pour la prospérité et le bonheur duquel en union avec tous les catholiques, Nous élevons à Dieu une incessante prière : « O Roi et Désiré des nations... O Orient, splendeur de lumière éternelle et soleil de justice... » sois favorable au peuple japonais que Tu aimes et qu'en Toi Nous aimons sincèrement.

Les fêtes de Pâques, qui sont célébrées aujourd'hui, rappellent à Notre mémoire de très doux souvenirs : à savoir que le Divin Rédempteur, après qu'il eut été crucifié par l'iniquité des hommes, qu'il avait appelés et engagés à suivre la vérité et à pratiquer les vertus, ressuscita triomphant de la mort. Ce triomphe est une invitation, pour les chrétiens d'abord, mais aussi pour tous ceux qui vivent sur cette terre d'exil, à un renouvellement de leur vie ; renouvellement de vie marqué par l'extirpation des mauvaises habitudes, la mort du péché, le redressement des moeurs et la floraison, en quelque sorte, d'un nouveau printemps dans les âmes de tous.

Tout cela, qui est signifié par les rites sacrés de Pâques, Nous souhaitons que le Christ Jésus, vainqueur de la mort, l'accorde à tous les hommes par sa Lumière éclatante et sa grâce attirante. Et Nous formons le voeu que ce soit le gage du retour d'une paix véritable et solide, ainsi que d'une prospérité chaque jour croissante. Cela Nous le souhaitons d'une manière toute particulière pour vous, très cher peuple japonais, que des actions illustres ont couvert de noblesse au cours des siècles, mais qui avez été affligé récemment par tant de deuils et tant de ruines ; pour vous, afin que, avec l'aide de Dieu, les difficultés présentes et les redoutables dangers actuels fassent place, au plus tôt, à des temps plus heureux.










DISCOURS AU PEUPLE DE ROME

(13 avril 1952) 1






Le jour de Pâques, une messe fut célébrée en la Basilique Saint-Pierre par Son Exc. Mgr Traglia, vice-gérant de Rome.

Après celle-ci, le Saint-Père, du haut de la « Loggia » extérieure de la Basilique, adressa à la foule l'allocution suivante :

RomAins, Hôtes de Pâques de la Ville Eternelle ! Chers fils et filles du monde entier !

Une fois de plus a résonné sur la terre l'annonce joyeuse et triomphante de l'Ange de Pâques, qui invite les âmes à la sainte allégresse : Surrexit ! Jésus est ressuscité ! Alléluia !

Fidèles chrétiens, vous avez bien raison d'exulter, en célébrant le jour radieux de la Résurrection ; en ce jour Jésus revint à la vie ; en ce jour, sa mission divine, qui sembla aux yeux des craintifs s'obscurcir à l'heure de la Passion, s'illumina d'une splendeur renouvelée. Il restera l'éternel triomphateur de la mort, l'éternel possesseur de la vie. Hier, aujourd'hui, dans les siècles, comme à la première Pâques, le Christ est vivant et vainqueur.

Mais la vie indestructible du Christ se communique à son Corps mystique. Aussi Nous vous disons : Vivez ; vivez, chers fils. Vous avez déjà tant de soucis pour assurer l'entretien de votre vie matérielle ; vous travaillez ou cherchez du travail, pour que ne manque pas le pain et une demeure convenable à ceux qui vous sont chers ; juste et impérieuse sollicitude ! Mais — ajouterons-Nous avec les paroles mêmes de Jésus, le divin Maître de l'héroïsme — « à quoi sert à l'homme de gagner le monde entier, s'il vient à perdre son âme 2 ? » Or, l'âme ne peut
















vivre sans respirer, ne peut vivre sans se nourrir ; et la respiration de l'âme est la prière, sa nourriture est l'Eucharistie.

Toutefois, il ne suffirait pas que vous fussiez résolus à vivre de plus en plus intensément, si vous demeuriez insensibles à ce que d'autres meurent autour de vous. Aussi aimerions-Nous que, sur cette place, de milliers et de milliers de coeurs s'élevât comme un cri solennel : « Nous voulons faire vivre également nos frères ; partout où nous rencontrerons la mort, nous voulons apporter la vie ! » Nous aimerions que surgissent d'immenses phalanges d'apôtres, semblables à celles que connut l'Eglise à son aube. Que les prêtres parlent en chaire, dans les rues et sur les places, partout où il y a une âme à sauver ; et à côté des prêtres, que parlent les laïcs qui ont appris à pénétrer par la parole et par l'amour les esprits et les coeurs. Oui, pénétrez, porteurs de la vie, en tous lieux, dans les usines, dans les champs, partout où le Christ a le droit d'entrer. Offrez-vous, reconnaissez-vous entre vous, dans les divers centres de travail, dans les mêmes maisons, tous unis étroitement en une seule pensée et en une seule aspiration. Et puis ouvrez largement les bras pour accueillir tous ceux qui viendront à vous, désireux d'une parole de réconfort et d'encouragement dans cette atmosphère de ténèbres et de malaise. Contre les professionnels du péché, mettez-vous à l'oeuvre, vous, les constructeurs de la maison de Dieu ! De la sorte, la victoire de la foi, de la vertu et de l'amour que Nous souhaitons dans la plus vaste et complète signification, accroîtra en vous l'allégresse chrétienne, étendra heureusement ses fruits également au monde qui ignore ou oublie le Christ, en établissant et assurant cette paix pour laquelle Nous élevons sans cesse Nos prières suppliantes.

O Jésus ressuscité, glorieusement vivant dans Votre humanité, nous Vous rendons grâces pour le don de vie que, par Votre résurrection, Vous avez communiqué à nos âmes et à Votre Eglise. Faites que Vos fils, pieusement rassemblés ici, l'entretiennent en eux avec une persévérance indéfectible en demeurant unis à Vous, en pratiquant Vos préceptes. Accordez que la lumière pascale de Votre grâce éclaire le chemin qui doit ramener les âmes égarées et errantes à la maison de Votre Père ! Relevez dans la vertu ceux qui portent Votre nom, mais sont oublieux de ce qu'il exige ; ouvrez à Votre lumière et à Votre amour les esprits et les coeurs de tous ceux qui prêtent l'oreille à la voix du doute, de la négation, de l'opposition à Votre message de salut, ou qui se laissent séduire par les attraits terrestres vains et trompeurs. Renouvelez la joie de Votre Eglise, et essuyez les larmes de ses membres souffrants, douloureux, angoissés, persécutés pour la vérité et pour la justice. Et que trouve un écho sincère chez tous les hommes le salut que, ressuscité, Vous adressiez aux disciples : Vax vobis ! Que la paix soit avec vous. Ainsi soit-il !










Pie XII 1952 - ALLOCUTION AUX DIRIGEANTS DES ORGANISATIONS ITALIENNES DE TOURISME