PieXII 1951 - 22 avril 1951


INSTRUCTION DE LA S. CONGRÉGATION CONSISTORIALE SUR LES AUMÔNIERS MILITAIRES

Voici le texte d'une instruction concernant les pouvoirs concédés, dans les divers pays à l'aumônier général de l'armée, — le texte latin emploie le mot : vicarius castrensis qu'on peut traduire « vicaire aux armées ».

Ce fut toujours la pratique du Saint-Siège de faire observer par tous, partout, saintement et religieusement, dans la mesure du possible, les lois générales de l'Eglise. Cependant, certaines circonstances de temps et de personne font quelquefois apparaître la nécessité de nouvelles règles afin de pourvoir aux nouveaux besoins des fidèles.

C'est la raison pour laquelle la Sacrée Congrégation Consis-toriale décide ce qui suit, en dérogeant au droit commun, autant qu'il est nécessaire de le faire.

I. Celui qui remplit les fonctions de vicaire aux armées jouit d'une juridiction ordinaire, mais spéciale qu'il doit exercer pour le bien spirituel des fidèles qui lui sont confiés.

II. La juridiction dont jouit le vicaire aux armées est personnelle, dans ce sens qu'elle s'étend exclusivement aux sujets qui sont mentionnés dans le décret consistorial d'érection de chaque vicariat militaire, lors même que ces sujets demeurent dans les corps de garde et dans les endroits spécialement réservés aux militaires.

(23 avril 1951) 1

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 562, traduction française de La Documentation Catholique, t. XLVIII, c. 1312.

La juridiction des vicaires aux armées n'est pas exclusive, et c'est pour cette raison qu'elle ne soustrait pas les personnes, les postes et les immeubles réservés aux soldats (casernes, arsenaux de la marine, aéroports, hôpitaux militaires, etc.) à l'autorité de l'Ordinaire du lieu. Cette juridiction ne crée nullement une exemption, et la fonction d'aumônier militaire ne produit pas une excardination du diocèse.

Cependant, dans ces endroits, les Ordinaires locaux et les curés n'exerceront à l'égard des sujets du vicariat militaire leur pouvoir qu'en second lieu. Il faudra donc que les oeuvres soient coordonnées et que les activités et les charges s'exercent dans une mutuelle entente, surtout en dehors des enceintes militaires.

III. On ne reconnaît d'autre domicile que celui du diocèse ou de la paroisse. Mais pour les procès, soit contentieux, soit criminels, de sujets du vicariat militaire, le vicaire aux armées désigne une fois pour toutes, avec l'approbation du Saint-Siège, un tribunal diocésain ou métropolitain.

IV. Chaque fois qu'il s'agira de la bénédiction de nouveaux édifices réservés aux soldats, ou de navires ou d'avions et dans les autres cas semblables, on suivra la règle suivante :

Si la cérémonie est décidée par les chefs militaires, la bénédiction est réservée au vicaire aux armées : si celui-ci est empêché, l'Ordinaire du lieu dans lequel la cérémonie est préparée, prévenu par le vicaire militaire, donne la bénédiction, en son propre nom. Si la cérémonie est organisée par les autorités civiles, seul l'Ordinaire du lieu est compétent.

V. Le vicaire aux armées informe les Ordinaires locaux de l'envoi des aumôniers dans leurs diocèses et de leur départ de ces mêmes diocèses.

VI. Les registres des baptêmes, confirmations, mariages et décès tenus selon l'usage prescrit par l'Eglise dans le rituel romain (titre XII 1-4), seront gardés sur l'ordre du vicaire aux armées dans les archives générales du vicariat, soit dans les archives, si elles existent, des aumôniers militaires, en imposant à ceux-ci l'obligation de transmettre à la Curie du vicariat aux armées, un exemplaire authentique de ces registres à la fin de l'année, ainsi que le réclame le canon 470 ; § 3 du Code de droit canonique.

VII. Le vicaire aux armées a la faculté de composer YOrdo pour la récitation de l'Office divin et de la célébration de la messe pour l'usage des aumôniers militaires, dans la mesure où les circonstances le conseillent, en tenant compte des lois communes de l'Eglise, spécialement des règles de la Constitution Divino Afflatu du 1er novembre 19112 et du Motu proprio Abhinc duos annos du 23 octobre 1913 3 ainsi que des instructions données ou à donner par la Sacrée Congrégation des Rites. De cet Ordo peuvent user les aumôniers militaires, partout où ils célèbrent pour l'utilité des soldats, et aussi les prêtres qui célèbrent dans les églises et oratoires réservés aux soldats.

VIII. Le vicaire aux armées peut obtenir, comme tous les autres Ordinaires des lieux là où on les accorde d'habitude les facultés quinquennales et décennales.

IX. Le vicaire aux armées est tenu de présenter tous les trois ans à la Sacrée Congrégation Consistoriale un rapport sur les événements et l'état de son vicariat.

X. Dans l'exercice du ministère auprès des âmes qui lui sont confiées par le vicaire aux armées, chacun des aumôniers militaires se souviendra qu'il est astreint aux charges et aux obligations qui incombent aux curés, en faisant les adaptations convenables, toutes proportions gardées.

XL Ni les aumôniers militaires, ni le vicaire aux armées ne sont tenus à appliquer la messe pro populo. Cependant, s'ils reçoivent une solde ou des émoluments considérables, du fait de leur charge, le vicaire aux armées pourra les obliger à appliquer le Sacrifice de la messe au moins les jours déterminés par le canon 306 du Droit Canon. Lui-même suivra cette règle.

XII. Que les prêtres qui sont nommés aux fonctions d'aumôniers militaires « soient des flambeaux resplendissants de sainteté, de dignes ministres du Christ, de fidèles dispensateurs des mystères de Dieu, d'utiles coopérateurs de Dieu, disposés à toute bonne oeuvre » 4. Qu'ils s'adonnent avec ardeur à ce ministère presque paroissial, poussés par l'esprit de leur vocation, et surtout, qu'ils travaillent pour les âmes, de façon à ce que leur apostolat s'inspire de l'exemple du Christ.

A ce sujet, le vicaire aux armées se reportera à l'Exhortation de Notre Saint-Père le Pape :

2 A. A. S. III, 1911, pp. 643-651. 3 A. A. S. V., 1913, p. 449.

1 Pie XII, Exhort. Menti Nostra?, A. A. S., XXXXII, 23 septembre 1950, p. 658.

« Nous vous exhortons, Vénérables Frères, à ne point précipiter, autant que faire se peut, les prêtres encore inexpérimentés au milieu des oeuvres, ni à les placer dans des endroits éloignés du chef-lieu du diocèse ou de ses villes les plus importantes. Car dans ce genre de vie, s'ils se trouvent isolés, inexpérimentés, en butte à des dangers, privés de conseils prudents, ils pourraient sans aucun doute, subir des dommages pour eux-mêmes et pour leur activité 5.

XIII. On pourra également nommer aumôniers des religieux prêtres, très bons et expérimentés, en observant les règles spéciales fixées pour eux par la Sacrée Congrégation des Religieux. Si la chose est possible, on les placera là où ils ont un couvent de leur Institut.

XIV. Les aumôniers porteront l'habit ecclésiastique, selon les coutumes légitimes des pays, et ils ne revêtiront l'uniforme militaire que pour une raison de ministère ou pour obéir aux lois civiles, en gardant cependant un insigne particulier de leur fonction ecclésiastique.

De même, là où elle est en usage, ils porteront toujours la tonsure ou la couronne cléricale, selon la règle des saints canons.

XV. Pour qu'ils soient mus par le désir d'accomplir la volonté de Dieu, il faut que l'esprit de prière ne s'affaiblisse ou ne languisse nullement chez les aumôniers. L'aliment habituel de leur piété sera la messe bien célébrée et tous les exercices de piété, qu'une longue expérience a montré les plus capables de détourner les hommes du péché et de les porter vers les vertus solides, parmi lesquels les Exercices spirituels tiennent le premier rang comme tout le monde le sait.

XVI. Après une bonne formation et une préparation sérieuse, que les aumôniers emploient les formes et méthodes d'apostolat que les besoins spéciaux du peuple chrétien rendent aujourd'hui si importantes et si efficaces.

XVII. Les aumôniers militaires s'efforceront d'assister aux réunions et conférences qui se tiennent selon la règle du canon 131 du Code de droit canonique, dans le diocèse où ils demeurent.

Exhort. Menti Nostree, l p. 692.

XVIII. Le vicaire aux armées délivre les Lettres testimoniales à ceux qui, après avoir servi dans l'armée, désirent entrer en religion ou recevoir les Ordres sacrés, lorsque selon les saints canons, les Lettres testimoniales de l'Ordinaire du lieu sont exigées.

Notre Très Saint-Père le Pape Pie XII, après avoir entendu le rapport du cardinal soussigné, secrétaire de la Sacrée Congrégation Consistoriale, a daigné approuver la présente instruction et a donné l'ordre de la publier. Nonobstant toutes choses contraires, même dignes d'une mention spéciale 8.

• Cf. Convention entre le Saint-Siège et l'Etat espagnol, concernant l'aumônerie militaire, Documents Pontificaux 1950, p. 274.


RADIOMESSAGE A L'ÉPISCOPAT DE L'AFRIQUE DU SUD

(2y avril 1951) 1

Une réunion des évêques de l'Afrique du Sud s'étant tenue à Cape-Town, à l'occasion de la constitution de la Hiérarchie catholique dans cette région 2, le Souverain Pontife transmit le message suivant :

Dans l'office liturgique d'aujourd'hui, cinquième dimanche après Pâques, notre Mère la Sainte Eglise rappelle le début d'une lettre que Saint-Pierre écrivit aux fidèles du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l'Asie et de la Bithynie. Comme l'âme de ce Prince des Apôtres a dû être pénétrée de consolation et d'une légitime fierté lorsqu'il contemplait la rapide propagation de l'Evangile de son Maître divin et aimé ! Ses pensées revenaient-elles aux jours de paix de Capharnaum et du lac de Galilée, lorsque Jésus lui dit ainsi qu'aux pêcheurs, ses compagnons, de lancer leur barque vers les eaux profondes et de jeter les filets pour une prise. Ils avaient pris alors une si grande quantité de poissons que le filet était près de se rompre3. Alors Jésus dit à Pierre : « Ne sois pas effrayé ; désormais tu seras un pêcheur d'hommes.A » Se rappelait-il son premier sermon prêché à Jérusalem, peu après la résurrection du Christ ? « Environ trois mille âmes furent gagnées au Seigneur ce jour-là 5 ». Maintenant il peut s'adresser aux églises florissantes d'un bout à l'autre des régions de l'Asie et de la

1 D'après le texte anglais des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 381.

2 On lira sur la Constitution de la hiérarchie en Afrique du Sud les Lettres Apostoliques du 11 janvier 1951, A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 257.

3 Luc, 5, 4-6. * Ibid., 10.

5 Actes, 1, 41.

Grèce et son propre Siège épiscopal, il veut le fixer à Rome, le véritable centre et coeur de l'empire du monde.

A plusieurs reprises, cette joie éprouvée par le premier Vicaire du Christ a trouvé un écho dans les coeurs de ses successeurs à Rome, lorsque Patrick conduisit l'Irlande dans le bercail du Berger divin, lorsque Augustin amena l'Angleterre, Boniface l'Allemagne, Cyrille et Méthode les nations slaves ; et la pure joie qui pénètre aujourd'hui Notre âme n'est pas différente de la leur au moment où Nous Nous adressons à Vous, Vénérables Frères et chers fils, réunis pour célébrer l'érection de la Hiérarchie dans l'Union de l'Afrique du Sud.

Oh ! de nombreuses décades se sont écoulées depuis l'établissement de l'Eglise dans votre vaste et riche pays ; il y a à peu près un siècle et demi depuis que la Messe fut célébrée pour la première fois à Cape-Town ; et votre vénérée cathédrale de Sainte-Marie a été témoin du développement d'une centaine d'années. Mais aujourd'hui, l'Eglise dans l'Union de l'Afrique du Sud est devenue majeure. Son développement a été constant, solide et sûr. Les écoles sont florissantes ; vous avez votre presse catholique et votre séminaire ; il y a des hôpitaux et des orphelinats pour les membres souffrants et nécessiteux du Corps du Christ. Tout cela fait l'éloge des intrépides missionnaires, dont le courage et la volonté, en dépit de formidables obstacles et d'échecs répétés, ont écrit une glorieuse page dans les annales de l'Afrique du Sud. Nous ne pouvons Nous empêcher de mentionner non plus avec un sentiment particulier de considération et de gratitude les Soeurs, indigènes et étrangères, qui ont été d'une si grande assistance pour le clergé dans les oeuvres spirituelles et matérielles de miséricorde.

S'il est juste de regarder en arrière aujourd'hui, et de se réjouir des réalisations du passé, il est de la plus haute importance d'envisager instamment, avec un zèle religieux et ardent la brillante vision du progrès illimité qui se déroule devant vous. C'est là, Nous en sommes sûr, le souci quotidien de vos Evêques ; et personne ne réalisera plus clairement et plus amplement qu'eux le fait que si l'Eglise en Afrique du Sud doit affronter avec succès l'épreuve de l'avenir, il faut qu'il y ait une augmentation marquée du nombre du clergé indigène. Cela signifie que les foyers catholiques doivent être pénétrés d'une foi vigoureuse, d'une haute estime du clergé, de la conscience du grand privilège et du grand honneur qui revient à toute la famille, lorsque Dieu

appelle un de ses fils au service de l'autel. Des parents pénétrés d'un tel esprit ne manqueront pas de générosité pour donner le meilleur d'eux-mêmes au Seigneur de la moisson, dont le coeur aimant est affligé par le manque d'aides pour rentrer la récolte. Lorsque l'Eglise sera servie et dirigée par des prêtres et des évêques de votre nation, parfaitement formés dans les sciences sacrées et profondément ancrés dans la vie spirituelle, alors les espérances et les prières des premiers missionnaires seront réalisées ; alors leurs longues années de peine et de sacrifices, au milieu des périls et des privations, auront été récompensées au centuple.

Afin que Dieu dans Son amour sans bornes pour l'Eglise de l'Afrique du Sud, veuille hâter ce jour, Nous élevons une fervente prière vers Marie, Reine des Apôtres ; et en même temps, avec une paternelle affection Nous vous donnons, Vénérables Frères, ainsi qu'à vos chers fidèles la Bénédiction apostolique.


LETTRE POUR LE 4< CENTENAIRE DE L'UNIVERSITE DE LIMA

(ier mai 1951)

A l'occasion du 4e centenaire de l'Université de Lima, Sa Sainteté Pie XII a adressé la lettre suivante à Son Excellence Monseigneur Jean Panico, Archevêque titulaire de Justiniana, Nonce apostolique au Pérou :

L'Université Saint-Marc de Lima, gloire insigne du Pérou et ; dont les mérites reconnus sont dignes de passer à la postérité, ; remarquable par son ancienneté, célébrera bientôt, Nous l'avons appris, l'heureux quatrième centenaire de sa fondation. Pour accroître l'éclat des fêtes jubilaires, on Nous a exprimé le souhait que Nous y soyons présent d'une certaine manière. Vu Notre affection pour la nation péruvienne que Nous savons d'expérience, révérer avec une fidèle soumission la religion catholique, engagée et attachée exemplairement au Siège apostolique, Nous répondons volontiers à une telle invitation et dans ce but, Nous vous choisissons, nommons, établissons, Vénérable Frère, pour tenir Notre place dans ces réunions jubilaires, de manière que devenu en quelque sorte Notre voix, vous y fassiez entendre en Notre nom des choses bonnes et salutaires.

Nous savons que cette illustre demeure d'enseignement se glorifie de son origine chrétienne, et considère comme un honneur qu'il faut proclamer, d'être parée du nom du saint Evangéliste. Qu'elle y puise donc encouragement et directives pour poursuivre dans l'union des coeurs et de fermes résolutions tout ce qui est estimé par les meilleurs et tout ce qui est utile à l'humanisme chrétien et à votre chère patrie. Quoi de plus salutaire, en effet, de plus utile et de plus saint que la sagesse chrétienne ? Tant les vérités venues du ciel que celles qui sont découvertes par l'effort humain, la loi de l'Evangile, les préceptes moraux, les arts, les sciences, les lettres : tout cela est disposé devant les yeux par cette même sagesse, chaque chose à sa place, selon la juste hiérarchie des valeurs comme en une immense synthèse, et puise dans la sagesse chrétienne une lumière très féconde pour connaître Dieu, l'homme, l'univers ; toutes ces valeurs en reçoivent une profonde vigueur pour diriger droitement et convenablement les moeurs publiques et privées. Aucune contradiction ne peut, en efiet, exister entre la foi et la vraie science, car elles sont toutes deux issues de Dieu, source de la vérité ; bien plus, si elles sont fraternellement unies, elles permettront, par leur force et leur lumière, au genre humain d'atteindre au bonheur temporel et éternel. Il faut donc estimer grandement les sciences et les arts humains qui, avec l'observance des lois honnêtes, procurent tant de profit et de joies dans la vie ; mais il faut estimer davantage la foi, compagne de la sainteté, foi qui « atteint l'inaccessible, connaît les choses cachées, saisit l'immensité, embrasse les choses les plus merveilleuses, enfin encercle en quelque sorte l'éternité même dans son vaste sein » 2. De cette très large louange, Nous désirons vivement et souhaitons que brille toujours plus vivement cette Université, suppliant Dieu dans de nombreuses prières d'accorder d'En Haut lumière et force aux initiatives, travaux et efforts qui seront dirigés vers ce but. Vous ayant adressé ces voeux salutaires, et pour que la célébration jubilaire annoncée produise de plus grands fruits, répondant de bon coeur aux voeux exprimés, Nous accordons à ceux qui visiteront le jour de la cérémonie la chapelle dite « antique » de la dite Université, une indulgence plénière à gagner aux conditions ordinaires, pour eux-mêmes ou pour les défunts. Il ne Nous reste qu'à accorder au très insigne recteur de l'Université Saint-Marc, aux professeurs et élèves et spécialement à vous, auquel Nous venons de confier la fonction de Légat, la Bénédiction apostolique, gage de la grâce surnaturelle.


ALLOCUTION AUX PÈLERINS VENUS A ROME LORS DE LA BÉATIFICATION DES MARTYRS DU TONKIN

(2 mai 1951) 1

Le 29 avril igs%, Pie XII béatifiait 25 martyrs morts pour la foi au Tonkin de 1857 à 1862. Ces martyrs comptaient : deux évêques dominicains, deux religieux dominicains, deux prêtres séculiers tertiaires de Saint-Dominique et 19 laïcs tous d'origine tonkinoise. — Ce groupe constitue une partie des 1315 prêtres et laïcs morts pour la foi au Tonkin, durant cette même persécution, ordonnée par le roi Tu Duc.

S'adressant aux pèlerins italiens le Pape déclara : g

« Le jour même où l'Eglise a célébré la fête de saint Pierre, martyr, vous avez éprouvé, chers fils de Saint Dominique, une joie bien légitime en voyant s'ajouter à la phalange déjà si nombreuse de Bienheureux vêtus de votre habit blanc et tenant des palmes à la main 2, de nouveaux élus, fils eux aussi, à divers titres, de votre glorieux Patriarche.

A leur tête se trouvent deux Evêques missionnaires d'Espagne, terre de saints, venus au Tonkin pour y apporter, avec la lumière de l'Evangile du Christ, également le don de leur vie 3, consumée dans les fatigues et les risques de l'apostolat, achevée dans le sacrifice suprême. Avec quel élan, avec quel amour l'ont-ils offerte ! Amour pour le Pasteur divin, amour pour les brebis de son troupeau ! Et comme elle est émouvante la figure du Bienheureux Joseph Diaz Sanjurgo4. Ainsi que le

1 D'après le texte italien des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 379.

2 Cf. Apoc, VU, 9.

3 Cf. I. Thessal., 2, 8.

i Mgr Joseph DIAZ SANJURGO naquit en 1818 à Vigo, en Espagne ; il fut ordonné prêtre dans l'Ordre de saint Dominique en 1844, et fut envoyé comme professeur de litté-

cerf altéré a 1'« ardent désir d'un cours d'eau, de même lui, blessé de l'amour de Dieu, aspirait au martyre ! ». C'est ce qu'écrivait de lui, dix-huit jours avant l'immolation, son confrère, Melchior Garcia Sampedro, qui devait, un an plus tard, étancher lui aussi dans son sang la soif du Dieu vivant5 dont il brûlait6.

Conduits par ces deux chefs, vingt-trois autres vainqueurs participent à leur triomphe. Tous vénéraient en saint Dominique leur Père : deux prêtres étaient membres de son Ordre ; deux autres, également prêtres, étaient tertiaires dominicains ; et les autres, dont sept avaient reçu, au baptême, le prénom de Dominique, n'attestaient-ils pas eux aussi sans doute la filiation spirituelle de tout le Tonkin oriental ?

Les yeux levés vers le ciel, ils contemplaient, unis entre eux, et à ceux qui les avaient précédés dans la gloire des autels, l'innombrable phalange des héros qui, surtout au cours des années de 1858 à 1862, avaient donné au Christ le témoignage de leur sang.

Ensuite, se tournant vers les pèlerins venus du Vietnam, Pie XII poursuit en français :

C'est pour vous, chers fils du Vietnam, un bien puissant et bien doux réconfort, au milieu des tristesses et des angoisses de votre belle et bien-aimée patrie, que la glorification de vos martyrs, à laquelle vous venez d'assister en union de coeur avec tous vos compatriotes, que les circonstances actuelles retiennent loin d'ici. Elle est pour vous, un motif de juste fierté et d'inébranlable espérance.

De fierté, car enfin ces milliers de vos frères qui ont, depuis plus de deux siècles, versé leur sang pour la défense et la conservation de leur foi, crient bien haut le courage, la générosité de votre peuple, sa fidélité à Dieu et à la sainte Eglise, en dépit

rature à l'Université St-Thomas, de Manille ; mais dès 1845, il obtint la permission de partir aux Missions du Tonkin où il était sacré évêque. Bientôt il était arrêté et condamné à mort. L exécution eut lieu le 20 juillet 1857, il eut la tête tranchée.

5 Ps. XLII, 3.

6 Mgr Melchior Garcia SAMPEDRO est né en 1821 dans les Asturies près d'Oviedo ; comme Mgr Sanjurgo, professeur aux Philippines, il demanda l'autorisation de devenir mis-Sionnaire au Tonkin ; il prit la succession dans l'épiscopat de son compagnon ; comme lui, ^ fut appréhendé, condamné à mort et exécuté le 28 juillet 1858.

des troubles de la guerre, des persécutions, des ruines de vos villes et de vos temples, de la dispersion et de la situation dramatique de vos prêtres et des fidèles 1. Et néanmoins, malgré tant et de si graves obstacles la religion continue, chez vous, de réaliser de nouveaux progrès, comme l'attestent les nombreuses conversions de ces derniers temps.

D'espérance aussi, disions-Nous, car le sang des martyrs est, comme l'on a dit avec vérité, une semence de chrétiens. Or, quelle admirable légion de martyrs, échelonnée à travers les générations et recrutée dans toutes les classes de votre patrie ! Car ils sont bien aussi de votre patrie, ces missionnaires religieux de divers ordres et de diverses nations, qui ont quitté tout pour se donner à vous et qui ont mêlé leur sang avec celui de vos pères et de vos frères, ce sang dont la voix, unie à celle du sang rédempteur de Jésus, s'élève puissante vers le Père des miséricordes.

Sursum corda ! très chers fils. Faites monter votre reconnaissance vers le Christ, l'Agneau immolé, dont le sang vous a sauvés, vous sauve et vous sauvera toujours ; faites-la monter votre reconnaissance vers la Vierge immaculée, qui naguère passait chez vous, comme une mère au milieu de ses enfants, comme une reine au milieu de son peuple, acclamée par des foules innombrables ; faites-la monter votre reconnaissance vers vos bienheureux martyrs, vers ceux du passé, vers ceux qui viennent de grossir leurs phalanges, vers ces deux Pontifes, fils du glorieux saint Dominique et de la noble Espagne, vers tous vos frères du Vietnam, confesseurs de la foi, qui, par la variété de leurs caractères et de leurs conditions, représentent réellement votre patrie toute entière 8.

7 L'Indochine française fut occupée durant la guerre de 1939-1945 par l'armée japonaise. En 1945, les Français reprirent l'Indochine et la constituèrent en un Etat Fédératif, lui promettant son indépendance.

La République du Vietnam fut ainsi constituée le 6 mars 1946 et gouvernée par le Viet Nim, parti de la coalition, le Président de la République était le Dr Ho Chi Minh. Mais l'accord ne pouvant se faire entre la France et la République, une guerre éclata ; la France refusa de reconnaître plus longtemps le gouvernement de Ho Chi Minh et y substitua un autre gouvernement ; depuis 1949, l'empereur Bao Dai est le chef de l'Etat.

Depuis 1946, une guerre meurtrière met aux prises d'un côté les Français et les partisans de Bao Dai avec de l'autre côté le Viet Nim soutenu par les communistes chinois.

8 Au cours de la même persécution, le bienheureux Théophane Vénard des Missions Etrangères (1829-1861) fut exécuté.

Confiance donc et toujours confiance ! Entendez-le ce cri ! Qu'il vibre joyeusement dans vos coeurs ! Puisse-t-il, malgré la distance et les difficultés des communications, retentir aussi dans les coeurs de Nos bien-aimés fils, retenus loin de Nous et loin de vous par leurs devoirs ou par leurs épreuves ! Qu'à eux aussi, comme à vous, parvienne en gage de Notre paternelle affection, Notre Bénédiction apostolique.


DISCOURS A L'ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE

(3 mai 1951) 1 I

Dans le grand auditorium du « Palazzo Pio » se sont terminés les travaux de l'Assemblée plénière des dirigeants diocésains de l'Action Catholique italienne.

Puis, les membres de l'Assemblée, ainsi que ceux du Congrès de la Confédération des Congrégations mariâtes de Rome, ont été reçus par te Saint-Père qui prononça le discours suivant :

Le Pape indique d'abord ce qu'est l'Action Catholique qui est chargée de former les catholiques d'action :

Chers fils et filles, — Hommes et Femmes, Jeunesse masculine et féminine, Instituteurs et Institutrices de l'Action Catholique italienne, — de tout coeur Nous vous saluons et vous remercions de la diligence avec laquelle vous vous êtes appliqués ces jours-ci à l'étude de deux questions d'une importance capitale pour la vie religieuse, publique et privée en Italie. En ce qui Nous concerne, Nous n'entendons pas revenir de nouveau aujourd'hui sur ces thèmes et Nous ne pensonc pas qu'il est nécessaire que Nous vous exprimions la joie paternelle que vous lisez dans Nos yeux à vous voir rassemblés si nombreux autour de Nous ; mais Nous désirons plutôt attirer votre attention sur quelques pensées qui ont trait à l'Action Catholique elle-même.

1. — Avant tout vous êtes « Action Catholique ». Ce mot « Action », à la fois précis et compréhensif, indique le caractère même de votre organisation et vous distingue des autres organisations catholiques. Non que celles-ci n'exercent, elles aussi, une action, mais leur action tend généralement à un but

particulier et déterminé, que l'on veut atteindre au moyen d'un travail organisé et permanent : soit qu'on se livre à l'activité dans l'ordre religieux et charitable, ou dans le domaine social économique, ou dans d'autres secteurs de la culture. Aussi, généralement ces associations prennent-elles leur nom de la fin qu'elles se proposent.

Vous, en revanche, vous vous appelez simplement « Action catholique », parce que, ayant une fin générale et non point particulière ou spécifique, vous n'êtes pas un axe fixe autour duquel gravite le mécanisme d'une organisation quelconque, mais plutôt une sorte de lieu géométrique, où convergent et s'organisent les catholiques d'action.

Les groupements d'Action Catholique ne peuvent admettre des membres « inactifs », « honoraires ». C'est contredire le but même de l'Action Catholique.

Il s'ensuit qu'il ne peut y avoir parmi vous, — comme il y en a légitimement et utilement dans d'autres associations, — à côté des véritables membres actifs, au sens propre du mot, d'autres membres, pour ainsi dire « honoraires » qui adhèrent simplement au but de l'association, renouvellent régulièrement leur inscription, paient leur contribution financière, peut-être même reçoivent les publications périodiques et, parfois, prennent part aux assemblées. En revanche, on ne pourrait concevoir un groupe d'Action Catholique dans lequel se recruteraient des membres qui ne seraient pas pleinement actifs. Acquérir la carte d'adhérent, écouter des conférences ou des discours, souscrire au journal, peut-être même sans le vivre ensuite, cela peut-il suffire pour se dire véritable membre de l'Action Catholique ? N'y aurait-il point de contradiction entre le nom et la chose ? Le nom d'Action Catholique serait-il mérité par un petit noyau de membres actifs auquel une foule amorphe d'adhérents tiendrait lieu d'escorte et de choeur dans les grandes manifestations publiques ?

Les Congrégations mariales sont de plein droit « d'Action Catholique ».

2. — L'Action Catholique est, — vous le savez bien — à un titre spécial, directement subordonnée à l'autorité de la Hiérarchie ecclésiastique, dont elle est la collaboratrice dans l'apostolat-Dans l'Action Catholique italienne, la Présidence générale, comme la présidence des divers groupes diocésains et paroissiaux revient aux laïcs, qui toutefois sont secondés et guidés par des assistants ecclésiastiques ; tandis que dans les Congrégations mariales, qui peuvent aussi se dire pleno iure d'Action Catholique, le Curé est le président de droit2.

Le Pape indique clairement la mission du prêtre dans les groupements féminins d'Action Catholique :

Mais afin que l'aumônerie de vos Associations féminines soit vraiment sainte et fructueuse, les prêtres, avec une fine et délicate réserve, laissent complètement aux dirigeantes et en tout cas aux soins et entre les mains de femmes pieuses et sages, ce que celles-ci peuvent faire par elles-mêmes, parfois même mieux, limitant ainsi eux-mêmes leur activité au ministère sacerdotal.

Le Pape ajoute quelques avertissements généraux :

a) Vraie conception de l'apostolat.

b) Les laies d'Action Catholique doivent rester subordonnés à l'autorité hiérarchique de l'Eglise.

Ces considérations sur l'organisation de l'Action Catholique Nous incitent à ajouter quelques avertissements généraux, dictés également par certaines déviations qui se sont manifestées à notre époque.

Tout d'abord un mot sur la conception de l'apostolat. Il ne consiste pas seulement à annoncer la bonne nouvelle, mais encore à conduire les hommes aux sources du salut, toutefois dans le plein respect de leur liberté, à les convertir et à préparer les baptisés, par un effort assidu, à devenir de parfaits chrétiens.

Ce serait en outre une erreur de voir dans l'Action Catholique, — comme cela a été récemment affirmé par certains, — quelque chose d'essentiellement nouveau, un changement dans la structure de l'Eglise, un nouvel apostolat des laïcs qui se situerait à côté de celui du prêtre et ne lui serait pas subordonné. Il y a toujours eu dans l'Eglise une collaboration des laïcs à l'apostolat de la Hiérarchie, en subordination à l'Evêque et à ceux à qui l'Evêque a confié la responsabilité du soin des âmes

2 Cf. Constitution Bis soeculari, 27 septembre 1948, A. A. S., XXXX, p. 393 et sq.

sous sa haute autorité. L'Action Catholique entend seulement donner à cette collaboration une nouvelle forme et une organisation de circonstance pour son meilleur et plus efficace exercice.

A cause de la vie moderne, l'Action Catholique doit s'étendre au-delà des limites des paroisses.

Bien que l'Action Catholique soit à l'origine, comme l'Eglise même, organisée selon les diocèses et les paroisses, ceci n'empêche point toutefois son développement au-delà et au-dessus des limites restreintes de la paroisse. On doit avant tout reconnaître que, malgré toute l'importance des valeurs et des énergies fondamentales et indispensables de la paroisse, la complexité technique et spirituelle toujours croissante de la vie moderne, peut réclamer avec urgence une plus large extension de l'Action Catholique. Mais même alors celle-ci n'en demeure pas moins un apostolat des laïcs, soumis à l'Evêque et à ses délégués.

L'Action Catholique s'étend à tout le domaine religieux et social. Elle veut la guérison des misères sociales, d'abord par les moyens les plus puissants, les forces religieuses et les principes chrétiens.

3. — L'activité de l'Action Catholique s'étend à tout le domaine religieux et social, c'est-à-dire jusqu'où s'étendent la mission et l'oeuvre de l'Eglise. Or on sait bien que l'accroissement normal et le développement de la vie religieuse supposent une mesure déterminée de saines conditions économiques et sociales. Qui ne sent point son coeur se serrer en voyant combien la misère économique et les maux sociaux rendent plus difficile la vie chrétienne selon les commandements de Dieu, et trop souvent exigent d'héroïques sacrifices ? Mais on ne peut conclure de cela que l'Eglise doive commencer par mettre de côté sa mission religieuse et pourvoir tout d'abord à la guérison de la misère sociale. Si l'Eglise a toujours été soucieuse de défendre et de favoriser la justice, elle a, dès l'époque des Apôtres, devant même les plus graves abus sociaux, accompli sa mission, et par la sanctification des esprits et la conversion des sentiments intimes, elle a cherché à entreprendre également la guérison des maux et des défauts sociaux, persuadée comme elle l'est que les forces religieuses et les principes chrétiens valent mieux que tout autre moyen pour aboutir à la guérison.

L'Action Catholique doit rejeter toute « organisation mécanique » et la centralisation de tout entre les mains de quelques chefs qui opprimeraient les initiatives personnelles.

4. — L'organisation extérieure et bien disciplinée de l'Action Catholique n'exclut pas mais encourage même la perspicacité personnelle et l'esprit de prévoyance et d'initiative des individus, — chacun selon ses propres qualités et capacités, — en contact permanent avec les membres d'Action Catholique du même lieu, de la même profession, du même milieu. Chacun offre cordialement ses services, chaque fois que se manifeste la nécessité de quelque activité ou campagne catholique. Avec son enthousiasme et son dévouement, chacun apporte une aide désintéressée aux autres unions et institutions, qui peuvent souhaiter son concours pour réaliser plus sûrement et plus parfaitement leur propre objectif.

Autrement dit la véritable conception d'Action Catholique ne serait pas concevable avec la mentalité d'associés qui se considéreraient comme les roues inertes d'une gigantesque machine, incapables de se mouvoir d'elles-mêmes tant que la force centrale ne les fait pas tourner. II ne serait pas admissible de voir les chefs de l'Action Catholique être comme les manipulateurs d'une centrale électrique devant le tableau de commande, attentifs seulement à lancer ou à interrompre, à régler ou à diriger le courant dans le vaste réseau.

Ils doivent surtout exercer une influence morale personnelle, qui sera la conséquence normale de l'estime et de la sympathie qu'ils sauront se concilier et qui donnera du crédit à leurs suggestions, à leurs conseils, à l'autorité de leur expérience, chaque fois qu'il s'agira de mettre en mouvement les forces catholiques prêtes à l'action. ,|

L'Action Catholique ne peut être une organisation politique, mais comme citoyen, ses membres peuvent faire partie d'associations d'activité politique.

5. — Nous n'avons pas besoin de vous apprendre que l'Action Catholique n'est pas appelée à être une force dans le domaine de la politique de parti. Les citoyens catholiques, en tant que tels, peuvent fort bien s'unir dans une association d'activité politique ; c'est leur bon droit, tout autant comme chrétiens que comme citoyens. La présence dans les rangs de celle-ci et la participation de membres de l'Action Catholique, — dans le sens et dans les limites sus-indiquées, — sont légitimes et peuvent aussi être tout à fait désirables. En revanche il ne pourrait être admis, également en vertu de l'article 43 du Concordat entre le Saint-Siège et l'Italie, que l'Action Catholique Italienne devînt une organisation de parti politique.

L'Action Catholique n'a pas à être à la tête des autres oeuvres catholiques. Elle est un point de rencontre pour l'apostolat des catholiques actifs.

6. — L'Action Catholique n'a pas davantage par sa propre nature la mission d'être à la tête des autres associations et d'exercer sur celles-ci un rôle de patronage en quelque sorte faisant autorité. Le fait qu'elle est placée sous la direction immédiate de la Hiérarchie ecclésiastique ne comporte pas en soi une telle conséquence. En réalité c'est la fin propre de chaque organisation qui détermine son mode de direction. Et il peut fort bien arriver que cette fin ne réclame ni ne rende même opportune cette direction immédiate. Mais ce n'est pas pour cela que ces organisations cessent d'être catholiques et unies à la Hiérarchie.

Comparée à celles-ci, la signification spécifique de l'Action Catholique consiste, comme Nous l'avons dit, dans le fait qu'elle est comme un point de rencontre de ces catholiques actifs, toujours prêts à collaborer avec l'apostolat de l'Eglise, apostolat hiérarchique par institution divine et trouvant chez les baptisés et les confirmés ses collaborateurs, qui lui sont surnaturellement unis.

Il résulte de cela une conséquence, qui est en même temps un paternel avertissement, non point pour l'Action Catholique d'un pays déterminé, mais pour l'Action Catholique de tout pays et de toute époque. C'est-à-dire que son organisation devra s'adapter dans les diverses régions aux circonstances particulières du lieu ; mais tous ses membres doivent être semblables sur un point : « sentire cum Ecclesia », dans le dévouement à la cause de l'Eglise, dans l'obéissance envers ceux que le Saint-Esprit a établis Evêques pour gouverner l'Eglise de Dieu, dans la soumission filiale envers le Pasteur suprême, à la sollicitude duquel le Christ a confié son Eglise. Et comment pourrait-il en être autrement, alors que vous, les membres de l'Action Catholique, vous ne formez, pour ainsi dire, presque qu'une seule chose avec l'Evêque et avec le Pape ?

Avec ce souhait, Nous vous donnons de tout coeur, chers fils et filles, Notre Bénédiction apostolique.

M Le Pape montre ensuite toute sa sollicitude pour les Congrégations mariales, indiquant leur grande valeur dans l'Action Catholique.

Et maintenant Notre pensée s'adresse aux Congrégations mariales de Rome et d'Italie, réunies dans la Ville Eternelle pour deux importantes assemblées.

Tant de fois et de manières si diverses, Nous vous avons donné, chers fils et filles, le témoignage spontané de Notre affection et de Notre sollicitude, que Nous n'aurions vraiment rien d'autre à ajouter, même en cette occasion, si ce n'est peut-être une nouvelle exhortation paternelle à répondre à Notre confiance par une docilité toujours plus parfaite à vos règles, à votre esprit, à toutes les recommandations et instructions que Nous vous avons adressées Nous-même, après Nos Prédécesseurs, dans la Constitution apostolique Bis sseculari.

Veuillez voir en elle la Charte des Congrégations mariales, et rappelez-vous que celles-ci seront d'autant plus vigoureuses, prospères et efficaces que vous vous conformerez plus exactement à ses prescriptions. Aussi faites en sorte que tendent à ce but vos efforts personnels, les efforts de chacune de vos Congrégations, les sollicitudes associées de vos assemblées, de vos fédérations et confédérations.

Soyez-en bien persuadés : plus vos Congrégations mariales seront vivantes et fidèles à leur caractère, plus elles travailleront selon leurs méthodes dans leur vaste champ de sanctification, de charité, d'apostolat, plus elles se rendront utiles à l'oeuvre commune de l'Eglise, dont les formes sont variées, mais dont la fin est unique.

Tout cela vous l'avez compris et mis en pratique, comme le démontre le magnifique album dans lequel vous Nous présentez un résumé de vos travaux dans les paroisses et dans les quartiers situés à la périphérie de Rome. Selon vos traditions, vous agissez sans faire de bruit, avec tout autant de discrétion que d'intensité. Nous le savons bien et Nous vous en louons ; mais il convient cependant qu'en certaines circonstances « les hommes voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Mère, qui est aux cieux ».

Mais, très chères filles, il vous revient à vous une parole d'encouragement spécial. Cette année, vous célébrez le second centenaire du Bref « Quo tibi », par lequel Notre immortel prédécesseur Benoît XIV ouvrit aux femmes et aux Congrégations féminines l'accès à la grande famille de la Prima Primaria. Innovation providentielle, car si l'exclusivité avait servi durant deux siècles à donner à la vie et à l'activité des Congrégations mariales une plus grande solidité, la transformation de la société, en arrivait à conférer à la femme une fonction, différente, mais comparable, en force et en ampleur, à celle des hommes.

Avec cette extension rien n'a été changé au caractère d'origine. Les Congrégations n'ont pas réduit leurs exigences pour se mettre à la portée de l'élément féminin, mais c'est celui-ci qui s'est élevé à leur hauteur en les enrichissant de ses précieuses énergies.

Sur vous tous donc et sur tous ceux qui vous sont unis en pensée dans la grande « Journée mondiale », nous invoquons les plus hautes faveurs de Dieu et de votre Mère céleste, en même temps que de tout coeur Nous vous donnons Notre Bénédiction apostolique.

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PieXII 1951 - 22 avril 1951