PieXII 1951 - LORS DE LA BÉATIFICATION DU PAPE PIE X


ALLOCUTION A DES PÈLERINS PORTUGAIS

(4 juin 1951) 1

Le pèlerinage national portugais est venu cette année offrir au Saint-Père les ressources nécessaires à la décoration de la chapelle de Notre-Dame de Fatima, dans la basilique Saint-Eugène de Rome :

Chers Fils, soyez les bienvenus ! Les très bienvenus de la lointaine tête de l'Europe, « où la terre finit et la mer commence », et où Phébus se repose sur l'Océan (Camoëns), les bienvenus dans la Cité vaticane dans le coeur du monde, où réside toujours Pierre, soucieux d'accueillir et attentif à paître le troupeau du Christ.

Souvent, à partir des débuts de l'Année Sainte, Nous avons eu l'occasion d'accueillir les ambassadeurs qui, de la Terre de Sainte Marie, venaient Nous trouver et Nous rappelaient le céleste Message de Notre-Dame de Fatima, qui a été annoncé là-bas, mais afin d'être transmis au monde et qui était presque le message anticipé d'une Année Sainte sans fin.

Mais Nous croyons qu'aucune de ces ambassades ne s'est présentée à Nos yeux aussi spécialement représentative que la vôtre, à la fois, par les personnages qui la composent — parmi lesquels Nous distinguons la très illustre Commission Nationale qui a collaboré à l'érection de l'église jubilaire de Saint-Eugène, et le groupe nombreux des bienfaisantes « Servîtes » de Notre-Dame de Fatima — et par l'honorable mission qu'ils ont reçue et dont ils s'acquittent officiellement en ce moment devant Nous *.

Dans l'illustre Commission, Nous voyons le Portugal tout entier, tous Nos fils aimés du Portugal continental, insulaire et d'outre-mer, lesquels viennent Nous offrir presque de leurs

1 D'après le texte portugais de l'Osservatore Romano du 6 juin 1951.

2 les « Servîtes » constituent un groupe de personnes vouées à l'assistance des malades qui viennent en pèlerinage à Fatima.

propres mains, le monumental souvenir par lequel ils ont voulu s'associer à notre jubilé épiscopal. Précieux souvenir en soi-même, précieux par l'amour et la dévotion au Saint-Père dont il est l'éloquent et sensible témoignage et précieux encore par sa très haute signification.

C'est le magnifique autel de Notre-Dame de Fatima, en Notre église jubilaire. Dans son traditionnel dévouement au Vicaire du Christ, le Portugal n'a pas pu rester étranger à ce concert grandiose d'hommages filiaux et parmi les premiers, il s'est offert à y contribuer pour sa part ; mais vous avez voulu donner à votre contribution un sens très particulier. C'est pourquoi vous avez voulu — et combien a été heureuse l'inspiration de votre dévouement filial — vous avez voulu que le monument commémoratif de Notre consécration episcopale rappelât en même temps la providentielle coïncidence qui l'a signalée 3.

Cette date grande, formidable dans Notre vie, peut-être que dans les secrets desseins de la Providence, sans que Nous puissions le soupçonner, préparait une autre date plus grande encore, celle où le Seigneur ferait peser sur Nos épaules le soin de l'Eglise universelle. Mais à cette date-là, à la même heure, dans la montagne de Fatima, était annoncée la première apparition de la blanche Reine du très saint Rosaire, comme si la très pieuse Mère voulait Nous faire comprendre que dans les temps de tempête où s'écoulerait Notre Pontificat, au milieu d'une des plus grandes crises de l'histoire mondiale, Nous aurions toujours pour Nous envelopper, pour Nous protéger et pour Nous guider, l'assistance maternelle et vigilante de la grande Victorieuse de toutes les batailles de Dieu. Nous savons que c'est là votre conviction intime et de même celle de tous ceux que vous représentez ici. C'est pourquoi vous avez voulu la traduire et l'éterniser dans les marbres de l'autel consacré à la Vierge de Fatima. Et n'est-il pas vrai que Nous avons senti, touché même sensiblement la protection manifeste de la Vierge, non seulement dans les merveilles que la Vierge Pèlerine est en train de distribuer à pleines mains par le monde entier mais aussi dans le dessein providentiel qui Nous a permis de consacrer ce même monde à son Coeur Immaculé et de définir sa glorieuse Assomption ? 4

3 On sait que le sacre épiscopal de Mgr Eugène Pacelli eut lieu le 13 mai 1917, jour 1 premières apparitions de la Vierge Marie à Fatima.

4 Pie XII consacrait le monde au Coeur Immaculé en 1942 f A. A. S., 34, p. 343)

Et l'autel de Notre-Dame de Fatima dans la Cité éternelle rappellera à tous, dans son langage élégant d'oeuvre d'art, la présence de la Vierge, qui vient accueillir de près les supplications de ses enfants et leur apporter les divines miséricordes enveloppées dans les sourires et dans les bénédictions de son Coeur Immaculé.

Le cadeau que vous avez fait, vous l'augmentez encore aujourd'hui d'autres dons complémentaires mais non moins expressifs. C'est une pierre d'autel : simple pierre d'autel, mais du berceau du Portugal (Guimaraens) ! Parce que c'est bien le berceau sacré de la patrie, l'Eglise où est rené comme fils de Dieu son héroïque fondateur (Alphonse Henriques) ; lequel sitôt constitué le premier noyau du Portugal, le mit sous la protection de Saint-Pierre, pour que sa bénédiction l'armât chevalier du Christ et de la Sainte Eglise à travers les siècles.

C'est l'or qui, dans les divines Ecritures, est déjà le symbole de la charité, et qui Nous permettra de l'exercer en une plus large mesure pour le bien d'un grand nombre de ceux qui se trouvent dans le besoin ; c'est la nappe d'autel et l'aube, travail très fin dans lequel des mains délicates d'artistes ont brodé dans les perles de l'Atlantique (îles portugaises) leur filial dévouement à la Vierge Marie et au Vicaire du Christ ; c'est finalement la matière du divin Sacrifice qui Nous paraît représenter, unis dans un seul coeur, les coeurs de tous Nos enfants du Portugal d'en-deçà et de l'au-delà de la mer, pour que Nous les offrions dans le calice à la Très Sainte Trinité sous le regard et par les mains de la Vierge Marie.

Chers enfants, en même temps, que Nous vous manifestons encore une fois la très vive reconnaissance de Notre coeur paternel, Nous l'élevons à Dieu avec les voeux les plus ardents afin que le Seigneur, par l'intercession de Notre-Dame de Fatima, continue à vous accorder la merveilleuse assistance et les extraordinaires bienfaits dont elle vous a comblés, comme le reconnaissait, il y aura bientôt vingt ans, Notre grand Prédécesseur d'immortelle mémoire, et Nous-même plusieurs fois avons dû le remarquer. Mais n'oubliez pas non plus le céleste message que vous avez eu le bonheur d'écouter les premiers. Gardez-le dans votre coeur et traduisez-le dans les oeuvres, qui sont le gage le plus sûr de plus riches bénédictions.

Les bienfaisantes « Servites » de Notre-Dame que Nous voyons ici représentées en si grand nombre, nous semblent une réalisation vivante et éloquente du céleste message. Nous ne savons pas s'il y a parmi vous des miraculées. Mais Nous savons que votre exemple débordant de coeur, de sacrifice et de charité, est un des miracles de Fatima et non pas des plus petits. Le coeur, dans lequel l'on se met presque tout entier — don parmi les plus beaux que vous Nous avez offerts aujourd'hui et pour lequel Nous vous remercions très vivement — aide à obtenir les grâces du ciel ; votre esprit de sacrifice et de charité soulage et réconforte les malades, tout en aidant à l'amélioration physique et morale de beaucoup ; et il est aussi, pour tous ceux qui savent le contempler, un enseignement vivant qui fait du bien à eux et à vous, vous assure le titre de « Bénies de mon Père », que le Roi éternel accordera à tous ceux qui, le reconnaissant malade dans les déserts de la vie, l'auront charitablement assisté et réconforté.

Poursuivez donc inlassablement votre grande oeuvre d'une charité chrétienne très exquise ; n'oubliez cependant pas qu'aujourd'hui le grand malade est le monde même. Sans cesse demandez en sa faveur l'intervention miraculeuse de la très haute Reine du Monde, pour que les espoirs d'une ère de véritable paix se réalisent au plus tôt, et que le triomphe du Coeur Immaculé de Marie amène plus vite le triomphe du Coeur de Jésus dans le Royaume de Dieu.

Avec ces voeux, à vous, à tous ceux que vous représentez ici, à vos familles, à tous Nos chers fils du Portugal très fidèle — continental, insulaire et d'outre-mer — Nous accordons de grand coeur la Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION AUX MEMBRES DE L'ASSOCIATION DES INGÉNIEURS ET ARCHITECTES

(17 juin 1951) 1

Quatre cents membres de l'Association romaine des Ingénieurs et Architectes furent reçus en audience par Pie Xli qui leur adressa la parole :

C'est bien volontiers, chers fils, que Nous recevons l'hommage de votre filiale dévotion et c'est avec une satisfaction toute particulière que Nous vous voyons ici accompagnés de vos familles.

Aux uns et aux autres, Nous exprimons nos souhaits cordiaux de bienvenue.

Nous avons eu à plusieurs reprises l'occasion de manifester Notre intérêt pour l'exercice de votre profession. En effet, pour ne Nous arrêter qu'à la plus vaste et la plus grandiose de ses activités, dont votre Président est le maître insigne — Nous voulons parler du bâtiment — quels n'en sont pas les multiples objets ? Procurer rapidement un foyer décent, sain et autant que possible confortable, à tous, spécialement à de nombreux expatriés, réfugiés, errants sans demeure ; faire bâtir ou reconstruire sur les ruines les édifices publics nécessaires ou utiles à la vie sociale, économique, commerciale, industrielle ; construire ceux qu'exige la culture morale, intellectuelle, artistique, tels que les écoles, les instituts, les musées ; élever à la gloire de Dieu et pour les besoins religieux des populations des sanctuaires, des temples, dignes de leurs fins sublimes.

Or, pour tout ceci, depuis les plus humbles habitations jusqu'aux édifices les plus somptueux, il faut savoir unir à l'utilité pratique, accrue et perfectionnée, par tous les progrès modernes, la dignité et la valeur esthétique, héritage d'une tradition qui,

l D'après le texte italien de VOsservatore Romano des 18 et 19 juin 1951.

loin de dévier en d'étranges déformations, se maintient et s'enrichit chaque jour, au cours d'une continuelle évolution, sans incohérence ni caprices.

Il est évident que la perfection de cette alliance de la technique, du confort, et de la beauté, exige de l'ingénieur et de l'architecte une science, une expérience, un goût, qui supposent des dons naturels, cultivés et affinés par l'étude et le travail.

Lorsqu'on pense à l'importance qu'ont, pour le bien commun, le logement convenable des familles, l'heureuse installation des différentes activités dans les conditions favorables au travail collectif, à l'étude et à la culture, le caractère religieux recueilli et élevant des édifices sacrés, on est forcé de reconnaître que vous avez droit aux éloges et à la gratitude de ceux à qui vous avez donné, pour une grande part, le bien-être de leur vie domestique, l'agrément de leur travail, le progrès et l'élévation de leurs âmes.

C'est pourquoi, tandis que de tout coeur Nous vous félicitons, Nous vous donnons avec affection, ainsi qu'à vos familles et à votre Union, Notre Bénédiction apostolique.

DISCOURS A SON EXCELLENCE LE Dr CÉSAR COLOMA SILVA, AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE L'EQUATEUR

(18 juin 1951) 1

Remettant ses Lettres de créance, le nouvel ambassadeur de l'Equateur 2 fut reçu en audience par Vie XII qui lui déclara :

Pour la troisième fois en un laps de temps qui n'arrive pas à sept ans 3, l'occasion pour Nous se renouvelle de recevoir un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'Equateur qui remet entre Nos mains ses lettres de créance. Et une fois de plus comme toutes les précédentes, cet acte solennel se voit caractérisé par les paroles élevées de celui que la confiance de l'autorité suprême de l'Etat, Son Excellence Monsieur le Président de la République, a désigné pour représenter auprès de Nous son noble peuple 4.

Votre Excellence, après une longue carrière — pleine de travaux et d'expériences, dans sa patrie et hors de celle-ci, et également au ministère même des Affaires étrangères — qui lui a offert les occasions les plus propices pour se distinguer au

1 D'après le texte espagnol des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 550.

2 Le Dr César Coloma est né à Quito le 24 avril 1901. Après avoir terminé ses études de droit et de sciences sociales, il entra à 27 ans dans la carrière diplomatique. Après avoir rtmpli différents postes, il devint, en 1943, directeur du département diplomatique du Ministère des Affaires étrangères, puis ministre de l'Equateur au Pérou, en Uruguay et à Panama.

3 On lira : Discours à Son Exc. Emmanuel Sotomayor Luna, 27 décembre 1944 (A. A. S., 36, p. 332) ; Discours à Son Exc. M. Emmanuel Larrès Ribadeneira, 13 juillet 194& (Documents Pontificaux 1946, p. 262).

4 Le Président de la République de l'Equateur est M. Galo Plaza Lasso, élu en 1948-Pie XII lui envoya un message le 15 juillet 1950 (Documents Pontificaux 1950, p. 249).

service, non seulement de son pays, mais aussi de toute l'humanité, voit maintenant en sa mission dans la Ville éternelle et en sa haute fonction qu'il commence si brillamment à exercer un don tout spécial de la divine Providence.

Et Nous, comment pourrions-Nous manquer de souhaiter la plus cordiale bienvenue, pleine de bienveillance paternelle et de joie intime au nouveau représentant du peuple équatorien, si près de Notre coeur, à ce nouveau représentant qui, avec de tels sentiments et de si nobles vues, franchit pour la première fois le seuil du Palais apostolique ?

La République de l'Equateur, comme cela a été fort bien dit, est elle-même tout ce qu'est ce noeud prodigieux de sommets et de volcans, de vallées et de cascades, de spectacles majestueux et sublimes dans leur beauté, que forment les Andes. Cependant, Nous oserons ajouter que le peuple équatorien est aussi comme un prolongement spirituel de sa cordillère mère, parce que, comme elle, il sait être magnifique dans la grandeur, doux et profond dans l'intimité de ses sentiments et plein de force et d'ardeur dans toutes les grandes entreprises.

Ce peuple fidèle qui, au cours du mois consacré au Sacré-Coeur de Jésus, en l'année mil neuf cent quarante-neuf, chanta dans sa capitale 5 — qui est également l'aimable petite patrie de Votre Excellence — un hosanna au Seigneur de l'Eucharistie, dont l'écho ne s'est pas encore éteint ; ce peuple de vieille et profonde foi, dont il Nous fut donné, durant la toute récente Année Sainte, devant son Episcopat et devant ses représentants et ses pèlerins, de canoniser une héroïne de la foi, sa digne fille, honneur de toute l'Amérique espagnole, et de l'Espagne-mère, Marie-Anne de Jésus de Paredes 6 ; ce peuple respectueux et dévoué à l'égard de ses autorités, mais toujours soucieux, avec une vigilance attentive, de ses droits et libertés religieuses, doit savoir que ses aspirations sont les Nôtres et que sont également Nôtres ses préoccupations et ses anxiétés ; et qu'en ce qui les concerne, Nous pourrions difficilement éprouver une plus grande joie que de leur savoir garantie — en collaboration de tous les gens de bien — cette liberté de mouvement dans le domaine religieux culturel et, spécialement, de l'éducation, sans

5 Cf. Radiomessage au Congrès eucharistique de l'Equateur, 19 juin 1949 (Documents Pontificaux 1949, p. 228).

6 Sainte Marie-Anne de Paredes fut canonisée le 9 juillet 1950 (Documents Pontificaux i95o, p. 257)laquelle son magnifique trésor de foi catholique pourrait se voir diminué et certainement empêché de produire ses féconds et salutaires effets.

Dans toutes les nations, les citoyens les meilleurs et les phiS fidèles sont ceux qui considèrent leurs relations avec leur peuple et avec leurs institutions d'Etat, non point comme le simple résultat, limité quant au lieu et au temps, du destin terrestre et transitoire, mais bien comme une partie, et très importante de leur conception morale de la vie et du monde. Plus profondément le citoyen se sent-il lié aux bases éternelles de la foi et de la loi divine, d'autant plus solides et résistants seront les liens qui l'uniront à l'Etat même.

Nous sommes tout à fait certain que tous ceux, entre les mains desquels se trouvent le pouvoir et la responsabilité, se persuaderont que nul Etat ne peut rendre de meilleur service à ce qui constitue les conditions fondamentales de son pays et de son ordre intérieur, de son progrès culturel et social et de sa féconde collaboration dans les grands et communs intérêts de la chrétienté et de l'humanité, que de garantir aux forces religieuses qui se manifestent sur son territoire, cette liberté d'action qui doit se révéler profitable également pour la société civile.

Nous ne pourrions terminer, Monsieur l'Ambassadeur, sans vous exprimer tout le plaisir avec lequel Nous avons reçu les voeux et le salut du Premier Magistrat de la République, que votre Excellence Nous a présentés si courtoisement.

Aussi, en invoquant la protection divine, en faveur de l'Equateur, de ses gouvernants et ses gouvernés, Nous accueillons avec joie la requête expresse de Votre Excellence en donnant de tout coeur à tous Nos chers fils de votre belle Patrie, qui Nous sont si unis par les liens de la foi et de la charité, Notre Bénédiction apostolique.


DISCOURS

A SON EXCELLENCE SIR WALTER ROBERTS ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE DE LA GRANDE-BRETAGNE

(23 juin 2951) 1

Recevant le nouveau ministre de Grande-Bretagnes, le Souverain Pontife prononça le discours suivant :

En offrant à Votre Excellence une très sincère bienvenue comme Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire de Georges VI d'Angleterre, Notre première pensée tout naturellement est pour Sa Majesté, dont vous avez eu le privilège de Nous présenter les Lettres royales. Les cordiales salutations que Sa Majesté a désiré Nous renouveler en cette favorable occasion Nous ont profondément touché, et Nous Nous empressons de vous demander de lui transmettre l'expression de Nos bons voeux ainsi que Notre prière que Dieu puisse répandre sur sa royale personne et tous les membres de la famille royale les bénédictions les plus choisies du ciel.

Votre Excellence a fait allusion, et avec raison, au conflit d'idées et de buts qui divise aujourd'hui le monde, politiquement et idéologiquement, avec les deux partis avançant certaines revendications, quoique évidemment dans un sens très différent, mais toutes trop souvent avec l'intention de masquer des desseins ultérieurs.

1 D'après le texte anglais des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 552.

2 Sir Walter Roberts est né le 14 décembre 1893, il a fait ses études à l'Université ^'Oxford. Après la guerre de 1914-1918 où il se distingua, il remplit différents postes diplomatiques : notamment en 1943, il fut ambassadeur à Lima et, en 1949, ministre à Bucarest.

Nous croyons que vos remarques peuvent s'appliquer exactement à ces deux importants sujets, depuis si longtemps sur les lèvres de tous et qui constituent le point central des discussions publiques : la liberté et la paix.

Le Pape expose la pensée de l'Eglise sur la liberté :

La liberté, en tant que base de relations humaines normales, ne peut être interprétée comme une liberté sans frein, qu'il soit question d'individus ou de partis, ou de tout un peuple, la collectivité comme on dit aujourd'hui, ou même d'un Etat totalitaire, qui veut utiliser n'importe quel moyen, sans scrupule, pour aboutir à ses fins. Non, la liberté est quelque chose de tout à fait différent. C'est le temple de l'ordre moral édifié sur des lignes harmonieuses ; c'est l'ensemble des droits et des devoirs des individus et des familles — dont certains de ces droits sont imprescriptibles même lorsqu'un bien commun apparent peut les réclamer — des droits et devoirs d'une nation ou d'un Etat et de la famille des nations et Etats. Ces droits et devoirs sont soigneusement mesurés et équilibrés par les exigences de la dignité de la personne humaine et de la famille, d'une part et du bien commun de l'autre.

De même, Pie XII expose la notion exacte de la paix :

La paix ne peut être établie en obligeant le faible à se soumettre au fort. Non, c'est seulement la réalisation de la véritable liberté qui peut créer la véritable paix. Pendant les années de guerre, Nous avons saisi l'occasion pour désigner les bases et les exigences d'une paix véritable, en élevant Notre voix en un grave appel aux nations du monde, et spécialement à leurs dirigeants, pour étouffer et éliminer tous les sentiments de rancoeur et de haine, tous les égoïsmes impies et méfiances réciproques, le tout dans un esprit de coopération fraternelle pour rendre hommage dans leur vie et leur conduite au principe que la parole donnée est une chose sacrée, que la pure force ne confère jamais un droit, que la sincérité, la courtoisie, la justice et une distribution équitable de la richesse sont indispensables à un monde en paix. Certainement, c'est un but qui doit être espère avec ferveur, bien qu'il semble reculer de plus en plus, et que nombreux sont ceux qui osent à peine espérer le voir atteint.

La liberté et la paix véritables ne se trouvent que dans le christianisme :

Et en vérité les dernières décades, avec la perspicacité suggestive d'un jugement pour ainsi dire apocalyptique du monde, ont montré et prouvé que la liberté et la paix sont des valeurs spirituelles qui ne peuvent être obtenues que par la foi en un Dieu personnel et une reconnaissance inconditionnée de la loi morale de la Chrétienté. Elles donnent une preuve tangible que là où la foi fait défaut le temple de la liberté et de la paix repose sur le sable et que les deux conceptions ont perdu leur signification.

C'est donc, Monsieur le Ministre, tout ce qu'il y a de plus agréable pour Nous de savoir que Votre Excellence est pénétrée de cette foi et de cette vérité fondamentale et Notre joie est rendue plus profonde par votre affirmation que le Gouvernement et les peuples que vous représentez, possèdent des idéaux et des aspirations semblables à ceux proclamés par le Saint-Siège.

Le Pape termine en faisant l'éloge de l'ancien ministre de Grande-Bretagne auprès du Saint-Siège :

L'allusion faite avec un sentiment si délicat par Votre Excellence, à votre prédécesseur immédiat ravive les souvenirs aimables d'un gentleman de noble allure, que la mort, suivant la volonté divine, a ravi de façon si inattendue au cercle de ceux dont il avait gagné à juste titre l'admiration et l'estime3. Tout en ayant une pensée affligée pour cette perte, la longue et remarquable carrière de Votre Excellence dans des postes de haute responsabilité, qui donnent une preuve immédiate de la confiance de votre gouvernement et du succès avec lequel vous avez répondu à cette confiance, Nous donne l'entière assurance que, sous votre direction, la tradition de compréhension mutuelle et de collaboration amicale sera efficacement poursuivie pour resserrer les liens qui unissent le royaume de Sa Majesté au Saint-Siège. Votre Excellence peut compter sur Notre entière confiance et en même temps Nous prions pour que Dieu veuille bénir vos travaux et rendre votre séjour à Rome heureux et fécond.

3 Depuis 1947, Sir Victor Perowne représentait la Grande-Bretagne au Vatican (cf. Discours de réception, 30 juin 1947, A. A. S., 39, 1947, p. 266). Celui-ci mourut subitement à Rome le 7 janvier 1951.


HOMÉLIE LORS DE LA CANONISATION DE SAINTE EMILIE DE VIALAR ET DE SAINTE MARIE MAZZARELLO

(24 juin 1951) 1

Lors de cette canonisation, le Saint-Père prononça en la Basilique de Saint-Pierre, l'homélie suivante :

En considérant la vie des deux vierges chrétiennes élevées aujourd'hui aux honneurs suprêmes des autels, Nous sommes frappé avant tout par leur esprit de force 2. Dès leur jeunesse, elles mirent tout en oeuvre pour surmonter les obstacles qui s'opposaient à la réalisation de leur idéal évangélique et pour l'inculquer à leurs compagnes. Quitter le foyer paternel, renoncer

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 529.

* Emilie de Vialar est née le 12 septembre 1797 à Gaillac dans le Tarn. Elle fonda dans son village natal l'Institut des Soeurs de Saint Joseph de l'Apparition qui devait « réunir toutes les oeuvres de charité que l'on trouve éparses dans les divers Ordres existants ». Cette nouvelle Congrégation était approuvée en 1832. Dès 1834, elle se rend â Alger pour y fonder une maison ; le nombre des fondations se multiplie rapidement. Les Soeurs s'installèrent en Tunisie, en Italie, à Chypre, à Malte, en Syrie, en Grèce, en Australie, etc., tandis que la maison-mère était transférée à Marseille, 35, Grande-Rue de Marengo. En 1855 la fondatrice mourait. Aujourd'hui, l'Institut compte 125 maisons et 2.000 religieuses. Le 18 juin 1939, Emilie de Vialar était béatifiée : Décret sur les miracles, 11 décembre 1938 (A A. S., 31, 193g, p. 173) ; Décret de béatification, 26 mars 1939 (A A. S., 31, 1939, p. 183) ; Lettre Apostolique décrétant la béatification, 18 juin 103« (A. A. $., 31, 1939, p. 252).

Marie-Dominique Mazzarello est née en 1S37 à Mornese Montferrato dans le Piémont. Elle dirigea un groupe de jeunes filles auquel saint Jean Bosco donna une règle et l'habit religieux : ce fut la branche féminine des Salésiens, les Filles de Marie-Auxiliatrice. Lorsque Marie Mazzarello mourut en 1881, l'Institut était déjà établi en Italie, en France et en Amérique du Sud. Actuellement, il compte 1.077 maisons et 14.479 religieuses. Elle fut béatifiée le 20 novembre 1938 : Décret de béatification, 20 novembre 1938 (A. A. S., 31, 1939, p. 16) ; Décret sur les miracles, 27 mars 1951 (A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 293) / Décret sur les miracles, mai 1931 (A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 489).

généreusement aux joies qu'on peut espérer en cette terre dans toutes les situations sociales, ne rien préférer à la volonté de Dieu, qui les appelait à de grandes entreprises : tout cela révèle le caractère de ces deux vierges. Déjà naturellement énergique il fut encore renforcé par la grâce.

La force d'âme de ces deux vierges brilla lorsque, après la fondation de leur communauté, elles durent faire face à de multiples et graves difficultés. Sans ménager leurs forces, ni leurs démarches, elles ouvrirent en de nombreux endroits, des écoles pour les filles surtout des milieux populaires. Elles fondèrent des ateliers, des collèges et des écoles enfantines. Stimulées par la charité ardente de leurs fondatrices, les religieuses des deux Communautés s'employèrent au soulagement des misères. Elles se prodiguèrent avec tant de douceur au soin des malades, que souvent elles leur rendirent la confiance et la paix de l'âme. Bien plus, désirant ardemment voir la foi se propager jusque dans les terres encore privées de la lumière de l'Evangile, elles y envoyèrent leurs filles pour seconder les missionnaires et les aider spécialement dans la formation des jeunes filles et des femmes.

Un fait est digne de relief dans les multiples entreprises de ces deux vierges : malgré leurs travaux et leurs soucis, malgré les périls et les difficultés qui les entouraient, elles ne perdirent jamais rien de la sérénité et de la douceur qui semblaient en elles comme un don naturel.

Mais il n'en était pas ainsi. Fruit de la grâce, cette sérénité grandissait et se fortifiait dans la pratique de l'amour de Dieu et du prochain. Unies continuellement et intimement au Christ, elles se plaisaient à converser familièrement avec lui et à multiplier les actes d'amour. De cet ardent amour jaillissait une force qui leur permettait de surmonter facflement tous les obstacles.

Ce livre d'or qu'est l'Imitation l'explique en une page qui est digne d'une profonde méditation : « C'est quelque chose de grand que l'amour, et un bien au-dessus de tous les biens. Seul il rend léger ce qui est pesant 3, et fait qu'on supporte avec une âme égale toutes les vicissitudes de la vie.

Il porte son fardeau, sans en sentir le poids, et rend doux ce qu'il y a de plus amer.

L'amour de Jésus est généreux ; il sait entreprendre de grandes choses, et il excite toujours à ce qu'il y a de plus parfait.

» Matth., 40, 30.

Rien n'est plus doux que l'amour, rien n'est plus fort, plus étendu, plus délicieux ; il n'est rien de plus parfait ni de meilleur au ciel et sur la terre, parce que l'amour est né de Dieu et qu'il ne peut se reposer qu'en Dieu au-dessus de toutes les créatures.

Celui qui aime, court, vole, il a de la joie, il est libre et rien ne l'arrête.

Il donne tout pour posséder tout, et il possède tout en toutes choses, parce que, au-dessus de toutes choses, il se repose dans le seul Etre souverain, de qui tout bien procède et découle4 ».

Ces splendides et salutaires maximes sont riches d'enseignement pour le monde moderne ; il trouve de nombreux exemples à imiter dans la vie de ces deux saintes vierges. Nos contemporains s'écartent trop souvent des biens éternels pour se plonger et se noyer tristement dans les biens passagers et caducs, comme si les plaisirs de cette vie pouvaient rassasier leurs désirs d'infini.

D'où l'agitation perpétuelle des hommes au milieu des événements et l'inquiétude des esprits et des coeurs. N'aimant point Dieu, ils n'ont pas de repos. Ecartés des sources de la grâce divine, où trouveraient-ils la force pour pratiquer la vertu et surmonter les difficultés si nombreuses sur la voie du devoir T Ils tombent facilement, leurs volontés s'énervent. Loin de s'élever vers les sommets, elles se portent malheureusement vers les bas-fonds.

Vous tous qui assistez à cette cérémonie, qui en écoutez la transmission radiophonique ou qui en lirez dans la presse, le récit, tournez vos esprits et vos coeurs vers la lumière céleste qui rejaillit de ces deux saintes. Soyez-en bien convaincus : il n'y a rien en ce monde de plus beau, de plus aimable ni de plus fécond que la vertu. La vertu chrétienne apaise et dirige les mouvements de l'âme ; elle forme les volontés, elle inspire la prudence et la force ; elle donne le repos dans l'anxiété, elle procure enfin le zèle ardent des âmes si nécessaire dans les oeuvres de l'apostolat qui est aujourd'hui surtout l'affaire non seulement du clergé mais aussi des laïcs.

Puissent les nouvelles saintes obtenir ces grâces de Dieu, auteur de tout bien, afin qu'un saint renouveau s'étende sur cette terre et que tous les hommes, fidèles à leurs devoirs d'état, jouissent d'une paix intérieure qui soit comme une image et un gage du bonheur éternel.

4 Imitation de Jêsus-Christ, 3, 6.


DISCOURS AUX PÈLERINS VENUS A ROME A L'OCCASION DE LA CANONISATION DE SAINTE EMILIE DE VIALAR ET DE SAINTE MARIE MAZZARELLO

(27 juin 1951) 1

Le 24 juin, le Saint-Père canonisait deux nouvelles saintes * ; le mercredi suivant, lors de l'audience générale, Pie XII s'adressa tout particulièrement aux pèlerins venus à Rome à cette occasion :

Unissez en un seul et même hymne de grâces votre joie et votre reconnaissance, chères filles des deux grandes saintes, dont vous célébrez ensemble la glorification suprême. Selon qu'on les considère l'une et l'autre du point de vue mondain et superficiel ou en revanche du point de vue sérieux et chrétien, elles apparaissent, tour à tour différentes jusqu'au contraste ou semblables jusqu'à la fraternité d'esprit et d'ceuvres.

Après cet exorde en italien, le Pape s'adressa ensuite en français à la foule pour exalter les vertus de sainte Emilie de Vialar :

De condition fortunée, quant aux biens de la terre, de naissance aristocratique, d'une instruction et d'une éducation raffinées, malgré les péripéties de son enfance, Emilie de Vialar, obéissant à une irrésistible impulsion de la grâce, pratique, dès sa jeunesse, à un degré héroïque, toutes les oeuvres de la piété et de la charité. Malgré cela, dans une lumière lentement croissante, elle comprend, petit à petit, que Dieu l'appelle à une vie religieuse proprement dite. Mais où ? et sous quelle forme

1 D'après le texte italien-français de VOsservatore Romano du 28 juin 1951.

2 Cf. Homélie lors de la canonisation, 24 juin 1951, p. 258.

d précise ? Elle ne le voit pas encore. Après les crises traversées après celle de la Révolution française, il était difficile, surtout dans des cas comme le sien, de trouver aussitôt un guide tel qu'elle en ressentait le besoin. Elle marche à tâtons.

En dépit de tous les obstacles, de toutes les oppositions, elle avance, pas à pas, menant étrangement comme une double vie joignant les devoirs et les convenances de la vie du monde avec les exigences d'une vie religieuse hautement contemplative et prodigieusement active à la fois. Tour à tour, au cours de ses journées, elle passe des salons où on l'aime et l'apprécie, aux taudis que sa visite illumine et console. C'est même dans une de ces charitables tournées, en traînant toute seule, sur de mauvais chemins, un sac de blé trop lourd pour ses forces, qu'elle contracte l'infirmité douloureuse dont, au bout de quarante années de souffrances, elle mourra sans que personne n'en ait rien su.

Elle a atteint ses trente-cinq ans, lorsqu'elle peut commencer à réaliser ses désirs. Elle n'est pas pourtant au terme de ses tribulations. Aucune difficulté, aucune contradiction ne lui sont épargnées ; humiliantes à sa fierté naturelle, de la part de son milieu de famille et de société ; crucifiantes à son coeur de la part de son père tant aimé ; paralysantes de la part d'autorités, envers lesquelles elle n'éprouve qu'amour et respect ; soutenue seulement, non par sa seule conviction personnelle, dont elle eût fait bon marché, mais par les encouragements et la volonté d'une autorité plus haute encore, de l'Autorité suprême sur la terre, par le secours d'en-haut qui la console en ses angoisses, comme il avait, par l'ange, consolé saint Joseph dans les siennes. C'est ainsi qu'elle avance, pas à pas ; elle avance quand même, mais sur quel chemin ! sur la montée de quel Calvaire !

Puis, en italien, le Pape poursuit l'éloge de sainte Marie Mazzarello :

A l'époque, où Marie de Vialar rédigeait ses Constitutions, Marie Mazzarello venait au monde, dans une famille de simples villageois. Elle grandit pieusement, paisiblement au milieu des travaux de la maison et des champs. En matière de sciences et de lettres profanes, elle est et demeurera toujours — et elle se plaira à le proclamer hautement — peu instruite. Bien loin d'avoir à s'imposer pour répondre à une vocation clairement connue de fondatrice, elle aura, au contraire, à lutter en vain

pour s'en défendre. Comme par inspiration divine, elle est créée Supérieure, avant même qu'elle et ses compagnes aient une idée précise de ce qu'est la vie religieuse. A l'exception de quelques nuages passagers, elle avance dans la lumière. Il ne lui manque ni les appuis ni les conseils ; soutenue et guidée par des hommes éminents par leur sainteté et qualifiés, objet des soins de directeurs spirituels, attentifs et vigilants, il semblerait qu'elle n'ait eu qu'à se laisser conduire, et que son Institut, à l'ombre de celui de saint Jean Bosco, se soit fondé, établi, consolidé pour ainsi dire de lui-même. Sans doute, les épreuves n'ont pas manqué à Marie ainsi que les joies à Emilie, mais elles sont de caractère bien différent.

De même que sont divers les deux domaines où se déroule la vie des deux saintes, tout aussi considérables par leur conformité, sont l'esprit, l'objet, le développement de leurs Instituts.

L'esprit de l'un et de l'autre est de secourir par tous les moyens appropriés les nécessités et les misères, en s'intéressant de préférence aux plus urgentes, aux plus pitoyables. Puis l'objet de l'un et de l'autre est très varié et multiple et embrasse, si l'on peut dire, toutes les branches et formes de l'enseignement et de l'assistance : la visite des indigents, la sollicitude à l'égard des prisonniers, le soin des malades, la veillée des moribonds à domicile et dans les hôpitaux, les dispensaires, l'enseignement gratuit aux pauvres rendu possible par celui des enfants des familles aisées. Dans cette énumération sommaire réside l'activité des Soeurs de Saint-Joseph de l'Apparition ; y aurait-il beaucoup à modifier pour indiquer celle des Filles de Marie Auxiliatrice ? Quelques paroles marquantes de Don Bosco répondent suffisamment à cette interrogation : « Leur Congrégation est égale à la nôtre ; elle a la même fin et les mêmes moyens. »

Les deux Instituts, par l'influence visible des causes secondaires, bien diverses, progressent toutefois sous l'action invisible de la Providence à un rythme prodigieusement accéléré ; et les deux Fondatrices ne cessent d'en suivre attentivement le développement à l'aide de leurs visites et de leur correspondance. Le souci des vocations, nécessaires pour suffire à tant d'entreprises, ne les incite pas à relâcher la sévérité dans le choix et dans la conservation des aspirantes, ni à hésiter à répondre aux demandes de nouvelles fondations.

Les nouvelles qui parvenaient sur les merveilleuses oeuvres apostoliques des Salésiens en Amérique latine, avivaient le zèle de Marie Mazzarello et de ses filles et suscitaient, l'un après l'autre, de nombreux départs, non seulement pour l'Argentine et l'Uruguay mais bientôt également pour les régions indiennes de la Patagonie.

Le Pape termine par ces mots prononcés en français :

Dès sa jeunesse, Emilie de Vialar s'était senti un grand attrait pour les missions et, petit à petit, elle entrevoyait que sa Congrégation serait une Congrégation missionnaire. Et voilà que, en peu d'années, dans les immenses régions de l'Algérie, et de la Tunisie, de la Syrie, de la Terre Sainte, des îles du Levant et jusqu'en Birmanie elle envoie ou même conduit ses filles, pour s'y dévouer en toutes sortes d'oeuvres spirituelles et corporelles de miséricorde au service des populations juives et musulmanes.

Comment expliquer une telle conformité dans une diversité si frappante, sinon par l'identité de l'esprit qui animait vos deux Mères ? Il faudrait pouvoir étudier les vertus que cet esprit faisait fleurir en elles. Qu'il suffise de souligner le degré d'excellence, où s'était élevé leur amour de la pauvreté, du sacrifice, la charité inépuisable envers Dieu et envers le prochain, la force et la tendresse maternelle. N'est-il pas touchant de les voir, unies dans la gloire, sourire à l'union entre vos familles religieuses ? Unissez-vous pour les prier d'attirer sur vous l'abondance des faveurs divines, en gage desquelles Nous vous donnons de grand coeur Notre Bénédiction apostolique.


PieXII 1951 - LORS DE LA BÉATIFICATION DU PAPE PIE X