Pie XII 1952 - LETTRE A M. CHARLES FLORY PRÉSIDENT DES SEMAINES SOCIALES DE FRANCE


ALLOCUTION AUX PORTEURS DE TÉLÉGRAMMES

(13 juillet 1952) 1

Recevant en audience des télégraphistes de Rome, le Pape déclara :

Leur travail si important et qui ne connaît point de pause, — ni de jour ni de nuit, — pour la distribution des télégrammes, des exprès et des autres correspondances ayant un caractère d'urgence, exige avant tout deux qualités : exactitude parfaite et promptitude indéfectible. Ces braves garçons qui, sur leurs bicyclettes se faufilent avec hâte le long des rues, sont exposés au vent, à la pluie et à toutes sortes d'intempéries en hiver, à la chaleur brûlante du soleil en été, sans compter les périls du trafic devenu à présent si intense. Mais en plus des dangers du corps, ils sont également sujets à ceux de l'âme. Les petits journaux, les feuilletons, la presse pornographique, les scènes indécentes au bord des routes, mettent en sérieux danger leur vie morale. Aussi méritent-ils des sollicitudes et des faveurs spéciales ; et Nous, chers fils, avec une affection d'autant plus grande, Nous vous bénissons, ainsi que vos familles et tous ceux qui s'occupent de vous, et Nous souhaitons à l'activité de votre Groupe sportif, récréatif et culturel selon les enseignements de l'Eglise, des succès sans cesse plus heureux.


LETTRE A SON EM. LE CARDINAL GRIFFIN POUR LA CROISADE DU ROSAIRE

(14 juillet 1952) 1


Le Révérend Père Patrick Peyton C. S. C. après avoir lancé avec succès aux Etats-Unis la Croisade de la récitation du chapelet en famille, est venu en Angleterre inviter les catholiques anglais à s'enrôler dans cette même croisade. A cet effet, une grande manifestation religieuse avait été prévue le 27 juillet au stade de Wembley à Londres. C'est ce jour que le cardinal de Westminster donna communication du message suivant :
¦


Nous avons appris avec un intérêt paternel qu'une Croisade du Rosaire en famille était dirigée, dans l'archevêché de Westminster et les diocèses de Southwark et de Brentwood2, par Notre fils bien-aimé Patrick Peyton.

Jamais le monde n'a eu besoin d'autant de prières, qu'en ce jour où une forme dangereuse du matérialisme tend à corrompre les relations des hommes avec leur Créateur et avec leurs semblables, et à détruire la sainteté de la vie familiale.

Le plus puissant antidote contre les maux qui menacent la société, c'est la prière, et tout particulièrement la prière collective, car Notre-Seigneur a dit : « Si deux d'entre vous s'accordent sur la terre, quelque chose qu'ils demandent, ils l'obtiendront de mon Père qui est dans les deux, car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux » 3. Et quelle forme de prière collective pourrait être plus simple et en même temps plus efficace que le chapelet récité en famille, où parents et enfants se rassemblent pour supplier le Père éternel par l'intercession de la très aimante Mère, en méditant les mystères sacrés de notre foi ? Il n'y a pas de moyen plus sûr pour obtenir de Dieu les bénédictions sur la famille et tout particulièrement pour maintenir la paix et le bonheur au foyer, que de réciter quotidiennement le chapelet. Car en plus de sa puissance de supplication, le rosaire récité en famille peut avoir des effets lointains : si l'habitude de cette pieuse pratique est inculquée aux enfants à l'âge de la jeunesse impressionnable, eux aussi deviendront fidèles à cette pratique au cours de leur vie, et par là leur foi sera nourrie et fortifiée.

C'est pourquoi de tout coeur, Nous exprimons l'espoir que la Croisade du Rosaire en famille qui a été organisée sous votre direction zélée, cher Fils et sous celle de Nos vénérables Frères les évêques de Southwark et de Brentwood, produise beaucoup de fruits spirituels.

Nous exhortons vivement Nos fils bien-aimés auxquels s'adresse la Croisade, de considérer la récitation commune du Rosaire dans la famille comme un acte collectif de grande importance dans leur vie quotidienne, et un moyen très sûr d'obtenir les faveurs spirituelles et temporelles dont on a grand besoin.

Nous demandons à Dieu des bénédictions spéciales pour tous ceux qui ont collaboré à cette Croisade du Rosaire en famille, et en gage de celles-ci, Nous vous accordons cordialement à vous, cher Fils, et à Nos vénérables Frères Cyril Cowderoy et George Beck, au clergé et aux fidèles réunis au stade de Wembley en cette assemblée finale, Notre Bénédiction apostolique.



» D'après le texte anglais des A. A. S., XXXXIV, 1952, pp. 624-625.

ï Ces trois diocèses recouvrent le territoire de Londres et de sa banlieue

s Matth. XVIII, 19-20.




ALLOCUTION AUX ENFANTS DE LACTION CATHOLIQUE ITALIENNE

(15 juillet 1952) 1


Les Associations d'Enfants de l'Action Catholique italienne fêtaient ce jour le XXVe anniversaire de leur fondation. Les accueillant dans la Basilique Saint-Pierre, Pie XII déclara :

Vous ne pouvez imaginer, chers enfants, la joie que Nous éprouvons à vous accueillir en ce jour où vous célébrez le vingt-cinquième anniversaire de votre Association. Que Notre Seigneur Jésus en soit remercié, Lui qui Nous a choisi pour remplir ce rôle auprès de vous et pour vous dire combien II vous aime et combien la Sainte Eglise est soucieuse d'étendre sur vous sa protection maternelle.

Ce n'est pas sans une inspiration particulière de la grâce divine que Notre Prédécesseur de vénérée mémoire Pie XI s'est tourné vers vous. Il apparut à un si bon Pape et Pasteur que les plus tendres de ses agneaux, ceux qui exigent une plus grande vigilance, couraient le péril d'être ravis par les loups qui ont de tout temps menacé le troupeau du Christ.

Alors, sachant qu'il pouvait compter sur le dévouement absolu de ses filles, les Femmes de l'Action Catholique, il vous adressa son appel. Comme la voix du Pasteur est tout de suite écoutée par ses brebis ! Comme elles lui sont dociles ! Comme elles accourent immédiatement autour de lui pour avoir aide et défense, pour l'assurer qu'elles sont prêtes à le suivre partout où il les conduira !

C'est ainsi qu'il y a vingt-cinq ans, en 1927, les enfants les plus chers à l'Eglise et au Pape se réunirent pour la première fois à Rome. Et, en cette occasion, il leur dit : « Vous êtes le

D'après le texte italien de l'Osseroatore Romano, du 16 juillet 1952.

dernier rameau, le plus délicat, le plus beau, le plus prometteur du grand arbre de l'Action Catholique ». Et ils démontrèrent que ses espérances étaient bien fondées, comme vous le prouvez aujourd'hui vous aussi par l'ardeur extraordinaire qui vous anime en cette grande audience, par vos chants joyeux, par votre enthousiasme. Quel réconfort pour un Père de se sentir de la sorte comblé par la tendre et vive affection de ses enfants préférés ! Car il sait que ces cris, ces chants viennent du fond de votre coeur, qu'en vérité vous voulez manifester à tous ceux qui vous voient et vous entendent votre indéfectible dévotion au Vicaire du Christ.

Vous viendrez ici renouveler votre profession de foi devant l'autel qui indique le lieu où fut déposé le corps du premier Pape, après qu'il eut offert sa vie pour le Maître divin. Vous promettrez de demeurer toujours fidèles à Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, dès à présent, vous vous préparerez à défendre généreusement la Sainte Eglise, à devenir dans l'Action Catholique des chrétiens intrépides et saintement orgueilleux de leur nom. Un soldat ne doit pas craindre les épreuves, il ne doit pas refuser de se fatiguer pour son Chef ; il doit savoir s'imposer de nombreux renoncements. Etes-vous prêts à tout cela ? Nous en sommes sûr. Vous l'avez démontré par les efforts que vous avez accomplis au cours de cette année. Sous la tutelle vigilante des Femmes de l'Action Catholique, vous avez appris à mieux connaître Jésus, vous avez cherché à savoir plus clairement ce qu'il attend de vous. Vous avez fait tout ce que vous avez pu pour être « purs et forts » comme dit votre « devise », purs comme le lis, forts comme le chêne qui ornent votre petit insigne. Vous vous êtes appliqués à être loyaux avec tout le monde, courageux dans les épreuves, joyeux dans le travail. C'est votre loi. Vous voulez montrer ainsi que vous aimez Jésus, que vous lui êtes fidèles. « Jésus, je vous aime », lui dites-vous en le saluant chaque matin ; et vous ajoutez : « Que votre Règne arrive ». Soyez donc ses apôtres ; soyez comme « une flamme allumée par Jésus, pour qu'elle éclaire, enflamme vos frères ». Pour cela, il faut avant tout que Jésus vive dans vos coeurs ; pour qu'une flamme éclaire et réchauffe, il faut qu'elle s'élève haut. Si vous n'étiez qu'une pauvre flammette, que l'on doit protéger avec la main de crainte que le plus léger souffle de vent ne l'éteigne, comment pourriez-vous espérer que d'autres viennent à vous pour s'éclairer et se réchauffer ?

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Soyez donc comme des foyers ardents, et pour cela approchez-vous de la source de toute lumière et de toute chaleur • que la sainte Messe et la sainte Communion soient les réserves où vous allez puiser vos forces, où vous renouvelez votre ferveur et votre générosité. Alors personne ne s'étonnera de voir éclore parmi vous tant de splendides vocations. Nous rendons grâces au Seigneur d'avoir suscité dans vos rangs de nombreuses âmes qui Lui sont consacrées ; claire preuve que la bénédiction divine s'est répandue abondante sur vous et sur celles qui vous consacrent leur temps et leurs forces.

Et se tournant vers les dames de l'Action Catholique, le Saint-Père ajoute :

Oui, chères filles de l'Action Catholique, Nous avons à vous adresser Nos félicitations pour l'admirable activité à laquelle vous vous êtes livrées sans réserve durant ces vingt-cinq années. Quelle somme de fatigues secrètes, d'efforts humbles et persévérants, mais aussi quels magnifiques résultats !

La jeunesse a traversé ces derniers temps, et traverse encore à présent, des heures difficiles. Plus que jamais c'est le moment de dire : l'ennemi, « comme un lion rugissant, rôde aux alentours, cherchant qui il peut dévorer ; résistez-lui, forts dans la foi » 2. Aussi l'Eglise se fie-t-elle à vous, afin que votre vigilance et vos sollicitudes maternelles éloignent les périls et préservent ces enfants de la corruption. Trop souvent la famille ou l'école ne donnent pas cette solide instruction religieuse qui leur serait nécessaire. Vous suppléez heureusement à cette déficience. Et quelle méthode est plus efficace et plus féconde que celle qui non seulement donne aux enfants un enseignement théorique et abstrait, mais s'emploie surtout à faire revivre devant leur esprit les faits de la vie du divin Modèle, à mettre en lumière les grands événements que commémore la liturgie, à imprégner ainsi des exemples divins non seulement leur pensée, mais également leur coeur, et leur sensibilité si délicate à cet âge.

Il est bien naturel que des âmes, mises en contact intime avec le divin Maître, cherchent à l'imiter, à lui consacrer toute leur vie, à se dévouer elles aussi au salut des autres. C'est de cela que résulte cette floraison de vocations qui forment la couronne et le plus beau titre de gloire de votre oeuvre. Et même ceux que le Seigneur n'appelle pas à l'état sacerdotal ou religieux seront plus tard, quelle que puisse être leur fonction sociale, de fidèles serviteurs de l'Eglise et des citoyens conscients de leurs devoirs envers la patrie.

Chères filles, l'oeuvre que vous accomplissez réclame un profond dévouement et beaucoup de sacrifices, mais elle est pour l'Eglise d'une valeur inestimable. Poursuivez-la, développez-la, appliquez-vous à lui gagner un nombre sans cesse plus grand d'enfants catholiques. Le Seigneur tourne vers vous son regard, il vous encourage et vous assiste par sa présence et sa grâce. En gage de celle-ci, Nous vous donnons de tout coeur, à vous, ainsi qu'à vos chers enfants, avenir et espérance de l'Eglise, Notre paternelle Bénédiction apostolique.















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LETTRE

A LA FÉDÉRATION DES FEMMES CATHOLIQUES

ALLEMANDES

(17 juillet 1952) 1


A l'occasion de la XIIIe Assemblée générale de la Fédération des Femmes catholiques allemandes, le Souverain Pontife a adressé à sa Présidente, Mademoiselle Krabbel, une lettre dont nous donnons la traduction :

L'Union des Femmes catholiques allemandes que durant de longues années vous avez conduite à travers des temps agités, avec une abnégation totale, une conscience calme et sûre du but à atteindre, avec un souci intelligent d'adaptation, le regard fixé sur Dieu, sur sa sainte volonté et sa grâce secourable, tient vers la fin de ce mois, à Bonn, sa XIIIe Assemblée générale ; votre Union a sollicité de Notre part, vu l'importance du Congrès, un message aux déléguées et Notre bénédiction ; Nous acquiesçons volontiers au voeu que vous Nous avez exprimé.

Vous avez choisi comme thème de votre assemblée le sujet suivant : « Le mouvement catholique des femmes dans l'évolution du monde. » Votre Union vient d'achever ses cinquante premières années d'existence. Pendant ce laps de temps, bien des choses ont changé dans les divers mouvements catholiques en général, et dans le mouvement catholique féminin en particulier. Pour ne parler que de ce dernier, les buts qu'il s'était fixés au début du siècle et qui paraissaient nouveaux et surprenants, voire même trop osés et utopiques pour certains, ont été atteints et sont devenus des acquisitions solides, voire même traditionnelles ; la raison en est simple : l'entrée inévitable de la femme dans toutes les carrières et dans tous les domaines de la vie publique s'est accomplie sur un rythme encore plus rapide que ne s'est faite l'adaptation du mouvement catholique féminin à la situation nouvelle.

Toutefois, les devoirs assumés et les droits acquis doivent être transmis, avec leur contenu que Nature et Révélation leur confèrent, selon la foi catholique, en sauvegardant un équilibre entre liberté et responsabilité, entre droit individuel et devoirs à l'égard d'autrui, entre égalité et subordination. L'éducation de la femme, la culture et l'action sociale continueront donc à progresser comme par le passé. Pareillement, en ce qui concerne l'aspect personnel, le but de votre Union a peu changé pour l'essentiel : les diverses couches du monde féminin que voulait alors rassembler en premier lieu l'Union catholique des femmes allemandes sont encore aujourd'hui, peut-être plus qu'alors, destinées à recourir à sa direction, à sa protection et à son aide.

A un autre point de vue, on peut dire que le but du mouvement catholique féminin s'est déplacé entre temps d'une manière sensible. Alors qu'il y a cinquante ans, il s'agissait d'introduire la femme catholique dans les carrières et les fonctions publiques où les appelaient les circonstances et auxquelles elles ne pouvaient plus se refuser, aujourd'hui, le devoir primordial consiste peut-être à protéger la femme et à consolider sa situation pour qu'elle ne perde pas, dans les nouvelles circonstances, sa dignité de personne comme femme et comme chrétienne. Il est vrai que de tout temps, le mouvement catholique féminin a eu comme but de former la femme pour en faire une personnalité complète et une authentique chrétienne. Mais aujourd'hui, Nous semble-t-il, ce dernier but est devenu central. Il est devenu tellement une nécessité de l'heure présente, qu'il n'a pas, certes, évincé les autres buts mais les a nettement mis au second rang.

Il semble que tout se soit ligué pour rendre difficile, voire impossible, à l'homme et au chrétien, de sauvegarder la dignité de sa personne. La technique, les méthodes de la réclame et de la propagande, de la radio et du film ne laissent plus guère de repos aux sens et empêchent ainsi tout accès vers un recueillement intérieur. Il se crée un type d'homme qui ne supporte plus de demeurer seul, ne serait-ce que pour une heure, avec soi et avec son Dieu. L'industrialisation qui livre l'individu à l'entreprise ou à l'usine est en train d'imposer ses méthodes égale-



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ment à l'agriculture. La vie de société est caractérisée par les multiples interdépendances de l'individu et de la famille par rapport aux pouvoirs publics, aux contrôles techniques, économiques et sociaux, aux centrales et aux organismes. La vie dans les grandes villes détermine d'une manière toujours plus indiscrète la forme de l'existence humaine ; l'individu est continuellement résorbé par la masse.

Le caractère profondément tragique de cette évolution consiste dans le fait qu'elle se développe précisément au moment où des conceptions d'inspiration nettement matérialiste détruisent consciemment la personnalité humaine et tendent à faire de l'individu un élément de la masse, en utilisant pour atteindre leur but, sans considération d'aucune sorte, la situation technique, économique et sociale.

Nous n'avons pas besoin de vous démontrer quels effets délétères exerce précisément sur le monde féminin et l'âme de la femme l'évolution tendant vers une existence de masse. Les vingt dernières années vous ont fait faire des expériences tragiques. Et le passé n'est peut-être qu'une répétition générale pour un conflit plus pénible encore. Il s'agit de la dignité de la femme chrétienne, de la jeune fille, de la célibataire, tout autant que de celle de l'épouse et de la mère ; il s'agit du mariage et de la famille chrétienne, de la fidélité conjugale, de l'enfant et de son éducation. Tous ces domaines saintement réservés ont déjà subi des assauts et des attaques ennemies dans une mesure telle que jamais l'expérience de l'Eglise ne les avait connus.

Ce qu'exige l'heure présente, à savoir mettre tout en oeuvre pour développer en chacun une personnalité chrétienne, qui, d'elle-même restera fidèle à Dieu et à sa Providence dans l'ordre naturel et surnaturel, tout cela vaut aussi pour votre Union. Nous avons le ferme espoir que vous garderez devant les yeux cet appel et que vous travaillerez et vous sacrifierez à sa réalisation dans les discussions de politique intérieure concernant le mariage, le droit des parents, l'école et l'ordre social.

On parle tant de la culture européenne qu'il s'agit de sauver du passé ou de créer pour l'Europe unie de l'avenir. Que l'on se représente clairement ceci : cette culture européenne sera ou bien authentiquement chrétienne et catholique, ou alors elle sera consumée par le feu dévastateur de cette autre culture matérialiste pour qui ne comptent que la masse et la force purement physique.

Le chrétien, le catholique n'est pas peureux. Sa foi le rend toujours confiant. Vous aussi, soeurs bien-aimées, vous devez l'être. Vous avez avec vous la saine nature humaine et la grâce divine. En construisant sur elles, puissiez-vous vous mettre au travail, avec toutes les ressources de vos forces, pour donner au Christ et à l'Eglise des femmes croyantes et fortes qui soient ouvertes aux problèmes du monde actuel et à la hauteur des exigences de l'époque, mais qui soient aussi capables de remonter le courant, disposées au sacrifice là où les commandements de Dieu et la conscience parlent clairement sans laisser d'échappatoire.

Comme gage de l'accomplissement de vos espoirs et de vos efforts, Nous accordons à la Direction et aux membres de votre Union, avec notre paternelle affection, la Bénédiction apostolique en vous recommandant toutes à l'amour et à la protection de Marie, Vierge forte et Mère très pure.

« katholikentag » d'autriche



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LETTRE A SON ÉM. LE CARDINAL INNITZER LÉGAT AU «KATHOLIKENTAG» DAUTRICHE

(23 juillet 1952) 1


Comme les catholiques allemands, les catholiques autrichiens ont eu leur « Katholikentag », à Vienne, du 11 au 14 septembre 1952. C'était le premier depuis 1933. Le thème en était : « La liberté et la dignité de l'homme ». Le cardinal Innitzer fut nommé Légat Pontifical, par la lettre suivante du Souverain Pontife :

La dernière guerre si funeste étant depuis longtemps terminée, et bien que la République autrichienne ne soit pas encore officiellement en paix2, les chefs ecclésiastiques de cette très noble nation ont pris l'excellente décision, pour le mois de septembre prochain et au jour de la fête du nom de la Vierge Marie, de tenir dans la ville capitale de Vienne un Congrès des fidèles appelé, comme le veut l'usage, du nom spécial de « Journées catholiques ». En effet, après de cruelles luttes et de dures calamités, ledit Congrès sera une profession publique et magnifique de votre foi catholique, la proclamation devant votre nation elle-même et le monde catholique de votre insigne union avec l'Eglise romaine et le Pontife romain en même temps que la marque éclatante de la rénovation de votre vie chrétienne. Par ailleurs, de quelle utilité, de quelle importance ne sont pas les questions qui doivent être traitées dans les réunions, concernant la dignité et la liberté de l'homme, lequel, après la chute de nos premiers parents, racheté par le sang du Christ, est devenu une nouvelle créature, un être nouveau ! Est-il vraiment rien qui puisse paraître, au milieu de tant et de si graves difficultés morales, sociales et économiques, plus salutaire et plus efficace pour l'amendement et le perfectionnement des moeurs des peuples que d'examiner, loin de l'agitation des passions et en vue d'en faire son profit dans la conduite de la vie, selon les préceptes de l'Eglise, la loi à observer pour sauvegarder le chaste lien conjugal, la méthode à suivre dans l'éducation des enfants, les normes qui doivent assurer le maintien et le gouvernement de la société civile et politique ?

Les questions à résoudre, qui sont donc d'une très grande importance, concernent la justice, la paix, la vraie liberté des citoyens chrétiens, bref, les fondements mêmes de la société religieuse et civile. C'est pourquoi Nous qui n'avons rien tant à coeur que de voir prospérer au plus haut point la religion catholique dans Notre très chère Autriche, restaurer avec tout le plus grand zèle les moeurs chrétiennes et sauvegarder les droits des catholiques, Nous approuvons non seulement et louons les initiatives des évêques et l'active préparation du Congrès, mais encore Nous désirons être pour ainsi dire présent et présider à sa célébration. Aussi, cher Fils, qui, orné de la pourpre romaine, remplissez les fonctions pastorales au siège de la capitale de l'Autriche, Nous vous choisissons et nommons Notre Légat « a latere » afin que vous présidiez et représentiez Notre personne au Congrès catholique qui doit avoir lieu dans cette ville en septembre, ainsi qu'aux cérémonies et rites sacrés qui s'y dérouleront. Et afin que ces solennités puissent apporter des fruits plus abondants de salut au peuple chrétien, Nous vous accordons, en outre, le pouvoir de donner, au jour voulu et à la fin de l'office pontifical, aux fidèles présents, en Notre nom et en vertu de Notre autorité, la bénédiction, avec possibilité pour eux de gagner l'indulgence plénière aux conditions prescrites par l'Eglise.

En attendant, que vous soit un gage des faveurs célestes et de Notre particulière affection la Bénédiction apostolique que Nous vous accordons bien affectueusement dans le Seigneur, à vous, cher Fils, aux autres évêques et à tous ceux qui assisteront au Congrès.










DISCOURS A DES CONGRESSISTES



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DISCOURS A DES CONGRESSISTES

(23 juillet 1952)1


Selon une tradition, tous les mercredis le Pape accorde une audience générale aux pèlerins de passage à Rome. A cette audience était présent un groupe qui avait consacré ses sessions d'études au thème « Les Catholiques et la Vie internationale ». S'adressant à ceux-ci. Pie XII déclara :

Nous vous souhaitons volontiers la bienvenue, chers fils et filles, qui ces jours-ci vous êtes consacrés à l'étude du problème « Les catholiques et la vie internationale ».

A ce sujet on a déjà beaucoup parlé et discuté dans le domaine de la théorie et dans celui de la pratique. Nous-même, à plusieurs reprises — c'est-à-dire quand se sont réunis autour de Nous les participants de Congrès visant à organiser l'unification européenne et le rapprochement des Etats dans une plus haute unité culturelle et politique, — Nous avons manifesté Notre pensée sur cette question. Aussi, en cette audience générale, Nous pouvons Nous borner à quelques brèves observations.

L'unification internationale fait de notables progrès malgré les obstacles psychologiques nullement faciles à surmonter rapidement. Car la technique, l'économie, la politique, la nécessité d'une défense commune pressent et semblent pouvoir et vouloir atteindre leur but. Par cela même se trouve confiée à l'Eglise et aux catholiques des divers pays une tâche qui réclame une attention vigilante et un zèle sérieux.

Les catholiques sont en premier lieu extraordinairement aptes à collaborer à la création de l'atmosphère sans laquelle une action internationale commune ne peut avoir ni consistance ni développement prospère. C'est l'atmosphère de la compréhension mutuelle, où les éléments fondamentaux peuvent être indiqués de la façon suivante : respect réciproque, loyauté mutuelle, qui reconnaissent honnêtement aux autres les mêmes droits que l'on exige pour soi-même ; disposition à la bienveillance envers les fils des autres peuples, comme envers des frères et des soeurs.

Les catholiques du monde entier devraient précisément vivre toujours dans cette atmosphère. Ils sont eux-mêmes unis dans toute la richesse de leur foi, et par conséquent dans ce qu'il y a pour l'homme de plus élevé, de plus intime et de plus dominant, non moins que par le rayonnement de leur foi dans la vie sociale et culturelle. Les catholiques sont d'ailleurs formés dès l'enfance à considérer tous les hommes, de n'importe quelle région, nation ou couleur, comme des créatures et des images de Dieu, comme rachetés par le Christ et appelés à une destinée éternelle, à prier pour eux et à les aimer. Il n'existe aucun autre groupe humain qui présente des conditions si favorables, en ampleur et en profondeur, pour l'entente internationale.

Naturellement cela fait également peser sur les catholiques une grande responsabilité : c'est-à-dire qu'ils doivent avant tout se sentir appelés à surmonter et à vaincre toutes les étroitesses nationales et à chercher une véritable et fraternelle rencontre entre Nation et Nation.

Nous avons déjà souvent fait observer combien sont nécessaires si l'on ne veut pas intoxiquer tout rapprochement mutuel, une discrétion et une considération respectueuses envers les sains particularismes culturels de chaque peuple. Nous voudrions ajouter aujourd'hui : Nous craignons que toute civilisation qui aspire bien à conserver les bons effets terrestres, — et ils ne sont pas peu en vérité, — de l'antique civilisation chrétienne, mais qui refuse, ouvertement ou d'une manière larvée, le sens même de celle-ci, ne soit irrémédiablement destinée à tomber victime des attaques du matérialisme. Vous connaissez les efforts qui sont accomplis pour former une culture européenne de caractère, d'esprit, d'âme non chrétiens. Vous, fils de l'Eglise, — et vraiment vous n'êtes, en Europe, ni peu nombreux, ni faibles, — vous avez le devoir sacré de vous opposer à de telles tendances. Vous rendrez à l'Europe future le service le plus signalé si vous réussissez à faire en sorte que l'authentique culture chrétienne, basée sur la foi catholique, trouve partout le respect de ses libertés et de ses facultés, ou au moins un droit de citoyenneté pleinement reconnu.

Que soient tels vos efforts tenaces et vos claires espérances !



centenaire carmelitain



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LETTRE A SON ÉM. LE CARDINAL PIAZZA A L'OCCASION D'UN CINQUIÈME CENTENAIRE CARMÉLITAIN

(25 juillet 1952) 1


En 1452, à la fois l'Ordre des Carmélites et le Tiers-Ordre Carmé-litain étaient fondés, prenant rang à côté de l'antique Ordre des Carmes. S. Em. le Cardinal Piazza, carme lui-même, et protecteur de l'Ordre du Carmel, reçut à cette occasion la lettre suivante :

« Il y a cinq siècles, l'illustre Ordre des Carmes avait déjà constitué, en de nombreuses régions, de pieux groupements qui avaient pour but d'honorer ardemment sous le titre du Carmel la Vierge Marie, Mère de Dieu, et de fonder, sur la façon de vivre de ce même institut carmélitain si méritant de la religion catholique, un genre de vie répondant aux exigences particulières des personnes qui vivent dans le siècle.

Notre prédécesseur, Nicolas V, par la Lettre Apostolique « Cum Nulla », du 7 octobre 1452, consentit que ces groupements prissent un développement plus large et plus solide ; et le bienheureux Jean Soreth, Prieur Général des Carmes, suivit si fidèlement les normes de ce document, lors de l'établissement des ordonnances de ces groupes, que nous pouvons affirmer en toute vérité que cette Lettre marqua la naissance des monastères des vierges carmélitaines, comme celle de votre Tiers-Ordre.

Il est donc juste que toute la famille religieuse dont vous êtes le digne protecteur, et surtout les membres du second et du troisième Ordre commémorent cet événement ; qu'ils évoquent avec reconnaissance et contemplent le nombre et la qualité des splendeurs de sainteté qui brillent dans ces nouvelles légions carmélitaines approuvées par le Souverain Pontife. En effet, tandis que dans une longue suite de bouleversements, le schisme d'Occident semblait secouer les inébranlables fondements de l'Eglise construite sur un roc solide ; tandis que beaucoup d'esprits étaient fascinés par le culte de l'art et de la littérature humanistes au point d'oublier presque les valeurs de la sagesse chrétienne et de revenir très souvent à la façon de penser et de vivre des païens, ce nouveau zèle de la religion catholique et, surtout, ce renouveau de vie intérieure, conduisirent en bien des lieux à l'heureuse floraison d'un printemps de sainteté, non sans un accroissement salutaire à toute la chrétienté.

Il en fut ainsi, non seulement en Italie, mais en Espagne, en Hollande, en Angleterre et en d'autres nations où furent édifiés et dûment constitués de nombreux monastères de vierges carmélitaines, foyers de la perfection évangélique. On y vit briller, comme des exemples, la splendeur de toutes les vertus.

Lorsque, au siècle suivant, se fit jour l'hérésie des Novateurs, et qu'en conséquence, le Concile de Trente, après avoir sanctionné et assuré l'intégrité de la Foi, eut édicté les sages normes pour le développement de la vie chrétienne parmi les fidèles, le clergé et les religieux, alors, sans aucun doute, les Carmes et les Carmélites répondirent à l'appel et aux consignes de l'Eglise, avec une volonté si forte et si active qu'ils fournirent une contribution importante à la rénovation souhaitée par tous les honnêtes gens.

Parmi les nombreux souvenirs qui s'offrent à votre méditation et à votre imitation, il Nous est agréable de signaler particulièrement les suivants : sainte Thérèse de Jésus, l'éminente maîtresse de sainteté et d'ascèse chrétienne, admirable dans ses efforts pour la réforme du premier comme du second de vos Ordres, qui ne se laissa abattre par aucune difficulté, et elle ne recula devant aucun voyage pour faire refleurir chaque jour davantage dans sa pureté l'esprit de l'Ordre carmélitain ; sainte Marie-Madeleine de Pazzi, la vierge florentine, qui plus que par sa noblesse native, brilla par l'héroïsme de ses vertus et, particulièrement, par son ardent amour pour Dieu et pour le prochain ; les seize vierges martyres de Compiègne qui, au cours de la Révolution Française, consacrèrent de leur sang la palme de la virginité ; sainte Thérèse-Marguerite Redi, flamme d'amour divin, qui sembla vivre une vie angélique plutôt qu'une vie humaine ; et, de nos jours, sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus,




Pie XII 1952 - LETTRE A M. CHARLES FLORY PRÉSIDENT DES SEMAINES SOCIALES DE FRANCE