Pie XII 1953 - RADIOMESSAGE AU MONDE


CANON 2319 § 1



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MOTU PROPRIO SUPPRIMANT QUELQUES MOTS DU CANON 2319 § 1, 1

(25 décembre 1953) 1






Le canon 231g § 1 disait : « Sont soumis à l'excommunication réservée à l'Ordinaire encourue « ipso facto » les catholiques : 1° Qui contractent mariage devant un ministre acatholique, contre la prescription du canon 1063, § 1 ». (La partie non-catholique n'encourt donc pas Y excommunication.)

Le canon 1063 § 1 décide : « Bien qu'ayant obtenu de l'Eglise la dispense de Y empêchement de « religion mixte »2, les époux ne peuvent, ni avant ni après le mariage contracté devant l'Eglise, se présenter aussi, en personne ou par procureur, devant un ministre non-catholique agissant comme remplissant une fonction sacrée3, pour donner ou renouveler le consentement matrimonial ». L'un ou l'autre auteur avait cru pouvoir admettre uniquement un mariage civil devant le ministre non catholique. D'où le Motu Proprio suivant :

Le bien de l'Eglise demande que Nous veillions, autant que faire se peut, à ce que des opinions et conjectures mal fondées venant de particuliers au sujet du sens authentique des canons ne mettent en péril la solidité du Droit canon, et qu'en s'attardant à des subtilités et sophismes, on ne favorise injustement les violateurs de la loi, contre la volonté manifeste du législateur, ce qui énerve la discipline ecclésiastique.

Or, quelques interprètes du Droit canon, trop peu attentifs à ce principe, ont atténué la force du canon 2319 § 1, 1° et, s'appuyant plus que de raison sur la prescription du canon 1063 § 1 qui y est citée, ont enseigné que ce n'est pas n'importe quel mariage contracté ou attenté par des catholiques devant un ministre non-catholique qui est puni de l'excommunication réservée à l'Ordinaire.

C'est pourquoi, de peur que les fidèles osent, libérés de la crainte de la peine, commettre cette sorte de faute ; après avoir entendu les Eminentissimes et Révérendissimes Cardinaux de la Suprême Congrégation du Saint-Office ; de Notre propre mouvement et en vertu de la plénitude de Notre pouvoir Apostolique, Nous décidons et ordonnons de rayer du canon 2319 § 1, i° les mots : « contre la prescription du canon 1063 § 1 ».

Et Nous ordonnons que cette Lettre Apostolique, donnée « Motu proprio », soit publiée dans les Acta Apostolicae Sedis.

Nonobstant toutes dispositions contraires, même dignes de la mention « la plus particulière ».


HABITANTS DE TOR DI QUINTO



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ALLOCUTION AUX HABITANTS DE TOR DI QUINTO

(27 décembre 1953)1






Le dimanche 27 décembre, au cours de l'audience générale le Saint-Père s'adressa particulièrement aux fidèles de Tor di Quinto, quartier de la banlieue de Rome.

Notre premier salut affectueux est pour les chers fils et filles du quartier romain de Tor di Quinto, auxquels Nous tenons à adresser particulièrement des paroles de souhait et d'encouragement.

En ces jours de sainte allégresse, un souhait naît dans tant de coeurs et vient sur tant de lèvres : celui que par votre présence vous Nous avez fait et que Nous vous rendons en échange avec toute l'effusion de Notre coeur.

Avec la sainte Liturgie nous vivons dans la joie les jours de la venue de l'Enfant Jésus dans le monde et vous savez combien ce seul souvenir attendrit les coeurs, en répandant comme un léger parfum et en provoquant des échos ineffables chez les individus et dans les familles. En ces jours fleurissent tant d'actes d'exquise bonté, et il semble que cessent les haines et les divisions ; jamais comme en cette époque ne s'entrecroisent dans l'air les « souhaits », en une sainte émulation des hommes à désirer réciproquement les uns pour les autres le bien, la paix, la sérénité. Ce sont des jours de rapprochement mutuel et chacun — dans la mesure du possible — se soucie de célébrer les fêtes de Noël en compagnie de ceux qui lui sont chers.

Le Pape souhaite d'abord que ces fidèles de son diocèse aient la grâce.

« Bonnes et saintes fêtes », souhaitons-Nous donc avant tout à vous qui avez voulu venir ici pour Nous demander le réconfort de la Bénédiction. Puisse l'Enfant Jésus naître mystérieusement, mais réellement dans le coeur de chacun de vous ; puisse-t-il venir en vous et trouver dans votre âme comme une petite demeure préparée et ornée pour y reposer sereinement et qui ne soit pas contaminée par l'esprit d'un monde tourmenté et frénétique !

Oh ! si Jésus trouvait en vous comme un tabernacle vivant ! Oh ! si vous sentiez combien il est doux de se trouver avec Lui, de Lui ressembler, de s'unir à Lui, de faire siennes ses dispositions intérieures et son activité, d'imiter jusqu'à son aspect intime !



Ensuite le Pape songe aux absents.

« Bonnes et saintes fêtes » en second lieu pour ceux qui n'ont pas pu venir.

Nous savions bien que votre nombre déjà si considérable se serait accru si beaucoup d'autres avaient eu la possibilité d'être ici avec vous. Mais Nous voulons les considérer tous de la même manière comme spirituellement présents.

Il y a les chers malades retenus au lit ou pour quelque autre motif contraints à demeurer chez eux ; Notre pensée va aussi aux bons vieillards fatigués ou incapables de se mouvoir ; aux mères avec des enfants encore trop petits : tous Nos chers fils, auxquels Nous vous prions d'apporter Notre souhait paternel et l'assurance de Notre prière, afin que le Seigneur les bénisse tous, qu'il les réconforte tous et qu'il protège chaque maison, en faisant descendre sur tous un rayon de sa Providence divine.



Pie XII invite à l'apostolat auprès des incroyants.

Ensuite « bonnes et saintes fêtes » également à ceux qui pouvaient mais n'ont pas voulu venir.

Sur votre compte, sur votre activité spirituelle, Nous avons appris tant de belles nouvelles, chers fils et filles. Nous savons qu'au mois de mai trente groupes de fidèles ont récité le chapelet dans les rues et sur les places de votre quartier,

devant une petite statue de la Madone ; vous avez organisé, toujours dans les rues, un solennel Chemin de Croix pour réveiller chez tous l'amour pour la Croix ; Nous savons que, d'autre part, vos garçons et vos fillettes sont comme de petits apôtres et attirent leurs compagnons au catéchisme et à la sainte Messe les dimanches et les jours de fête.

Tout cela, comme c'est naturel, Nous a procuré une grande joie. Mais cela peut-il Nous empêcher, chers fils, de penser avec une tristesse émue à d'autres qui ne sont pas avec vous parce qu'ils ne l'ont pas voulu ?

Peut-être depuis longtemps ont-ils abandonné Dieu, se sont-ils éloignés de Jésus, de l'Eglise, du prêtre. D'autres sont aujourd'hui indifférents ; d'autres — cela semble incroyable — sont devenus des ennemis du Seigneur et vivent enchaînés par la haine, donc plongés dans une profonde tristesse sans même imaginer qu'en revenant à la maison du Père, ils retrouveraient la paix et la sérénité perdues. Sans doute en connaissez-vous quelques-uns ; ils ne savent pas ce qu'ils font et leur haine pour ainsi dire incompréhensible et leur aversion inexplicable ont une cause principale : le poison de la calomnie versé insidieusement dans leur esprit par des hommes sans conscience, qui systématiquement accusent l'Eglise, dénaturent les discours du Pape et interprètent avec une pensée malveillante chacun de ses gestes.

C'est là un crime, chers fils, un crime grave. Pouvez-vous, en effet, croire que le Pape, que l'Eglise soient contre les pauvres ? Le Pape peut-il être contre les ouvriers ? Le Pape peut-il désirer la guerre ?

Néanmoins, à ces malheureux, victimes d'une propagande perverse, vous direz également « bonnes et saintes fêtes » au nom du Pape, qui aime tout le monde et qui voudrait voir tout le monde serein dans la concorde et dans un juste bien-être.



Que toute cette population possède la paix du Christ.

Mais Nous voudrions que Notre souhait de « bonnes et saintes fêtes » ait une signification particulière pour vous tous, chers fils de Tor di Quinto, présents et absents. C'est-à-dire que Nous voudrions que vous fussiez tous en paix avec le Seigneur.

Seul Dieu sait combien de tristesse inonde Notre esprit lorsque de graves malheurs frappent certains de Nos fils, comme cela se produisit récemment dans votre propre quartier. Selon Nos possibilités, Nous cherchons à être présent partout pour essuyer les larmes et secourir les infortunés. Mais les désastres matériels sont-ils donc comparables à la mort de l'âme, à sa damnation éternelle ?

Que vous viviez tous en paix avec le Seigneur : voilà Notre premier et principal souhait ; voilà Notre souci quotidien, non seulement pour vous, mais pour tous les hommes de la terre.

Chers fils ! Parmi les nouvelles que votre prêtre zélé a tenu à Nous communiquer, il y en a une qui a particulièrement réconforté Notre coeur et Nous vous en sommes spécialement reconnaissant : de nombreux enfants et aussi beaucoup d'adultes accourent souvent à l'Eglise pour recevoir Jésus. Voulez-vous Nous faire un présent de Noël des plus agréables ? Promettez-Nous de continuer toujours ainsi et engagez-vous à amener d'autres âmes au pied de l'autel, pour qu'elles se nourrissent de Jésus, s'assurant de la sorte la pérennité de la vie divine.

Et Dieu sait combien de joie éprouverait Notre coeur paternel si Nous apprenions que plusieurs d'entre vous, spécialement parmi les jeunes gens et les jeunes filles, sont disposés même à accepter sacrifices et renoncements pour communier chaque jour.

Car si vous vous nourrissez de la Chair de Jésus, vous demeurerez en Lui et Lui en vous 2, et Jésus deviendra, plus tôt que vous ne sauriez le croire, le Dominateur absolu de vos âmes, le pacifique Roi de vos familles.






Jean, Vï, 56












ALLOCUTION AUX JEUNES FILLES DE L'ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE

(30 décembre 1953)[41]




Des déléguées de la Jeunesse Féminine Catholique italienne ayant été reçues ce jour en audience, le Saint-Père leur déclara :

Un mois ne s'est pas encore écoulé depuis que Nous avons parlé, au moyen de la radio, à toute l'Action Catholique [42] mais aussi à chacune de vous, chères filles, Religieuses et Déléguées des Sections Mineures ; jeunes filles zélées représentant des diocèses vainqueurs de Groupe et de Section dans le Concours collectif ; adhérentes et fillettes victorieuses, au Concours individuel régional de culture religieuse. Nous pourrions donc Nous borner à insister pour que vous apportiez le plus grand zèle — au Centre et dans les sections — à pratiquer tout ce que le Saint-Esprit Nous a mis dans le coeur en un moment si grave pour l'Italie et pour le monde.

Et tandis qu'aux petites Benjamines, aux candides visages souriants Nous demandons à nouveau d'aider le Pape avec leur innocence et avec leur prière, à vous, Dirigeantes nationales et diocésaines, Nous voulons répéter combien il est urgent de faire tous les efforts et d'accepter n'importe quel sacrifice pour que devienne sans cesse plus solide l'oeuvre harmonieuse de toute l'Action Catholique. Nous nourrissons la confiance que Nos chères jeunes filles mettront tout leur zèle à atteindre le but désiré.

Mais peut-être ne seriez-vous pas satisfaites si Nous vous laissions partir sans profiter de votre présence pour vous exprimer Notre gratitude paternelle et pour vous dire une parole d'exhortation et d'encouragement. Elle s'adresse avant tout à vous, chères filles appartenant aux diverses Congrégations religieuses ; âmes vraiment héroïques qui passez votre vie dans les Instituts, dans les orphelinats, dans les asiles ; dans le renoncement à toute satisfaction humaine et en travaillant inlassables et silencieuses ; souvent ignorées et parfois même méconnues ; véritables mères spirituelles, dans le sein desquelles l'Eglise dépose, tremblante mais confiante, les fleurs les plus délicates de son jardin. Et puis Notre salut reconnaissant, Notre exhortation s'adressent également aux Déléguées des Sections Mineures, auxquelles sont confiées les plus petites recrues de l'armée féminine de l'Action Catholique Italienne. Saintement fières de votre travail, confiantes dans la grâce de Dieu, employez-vous à former chrétiennement vos fillettes, poussées par un amour éclairé et généreux.

Le Pape souligne le rôle des éducatrices sur les plus jeunes.

Nous désirons vivement avant tout que vous ayez une grande estime pour votre mission sacrée et délicate.

En éduquant l'enfance — naturellement en collaboration avec la famille dont la fonction est indispensable — vous devez être convaincues d'accomplir une des oeuvres les plus dignes. Peut-être votre travail n'apparaît-il guère, mais il exige un grand effort et un esprit d'abnégation, en même temps qu'il est une forme d'apostolat parmi les plus efficaces pour le sort de l'Eglise et de la patrie.

Considérez en effet celles que vous appelez avec des mots si gracieux vos « petits anges », vos toutes-petites, les benjamines et les aspirantes ; ce sont des enfants et des fillettes qui vous sont confiées par Dieu pour que vous les conduisiez jusqu'au seuil de l'adolescence. Vous avez donc affaire à elles et vous les guidez pendant la période, pour ainsi dire, de la plus grande réceptivité c'est-à-dire quand se reçoivent plus facilement les empreintes du bien et du mal. Conscientes de cela, vous avez soin, tout en faisant valoir sagement votre autorité, que votre action ne pèse pas de façon excessive sur leur esprit ; elles la subiraient avec crainte et peut-être avec angoisse et, au lieu de s'ouvrir à la confiance et à la joie, elles se replieraient sur elles-mêmes ; et le souvenir du traitement reçu pourrait peser pendant de longues années sur leur psychologie. Le cas n'est pas rare où de graves troubles psychologiques des adultes s'expliquent par l'incompréhension dont les enfants furent victimes de la part de leurs éducateurs. Mais vous, chères filles, vous connaissez bien les conséquences de votre oeuvre, qui contribue à former et à modeler chez elles des attitudes et des inclinations, qui, plus tard, auront une part considérable dans leur vie. Votre action éducatrice s'exercera donc sereine, dans la tranquillité, dans l'équilibre et dans la cohérence de toutes ses manifestations.



// faut aimer les enfants mais surnaturellement.

L'estime pour votre travail vous fera aimer vos fillettes. Elles sont l'espérance de leurs familles, de la patrie, de l'Eglise, car elles sont — pour la plupart — de futures mères. Et maintenant, elles sont les préférées de Jésus, comme elles l'étaient à l'époque où le Maître divin parcourait les chemins de Palestine. Puissantes pour obtenir des grâces, modèles vivants pour qui veut entrer dans le royaume des deux, elles détournent les châtiments divins de nos familles et de nos cités ; elles méritent donc votre plus tendre amour, vos sollicitudes les plus affectueuses.

Toutefois vous éviterez les démonstrations extérieures d'affection excessive, qui porteraient facilement à des faiblesses nuisibles et rendraient les fillettes dominatrices et arrogantes ; et il ne faudra pas confondre l'amour avec la joie qu'elles peuvent vous procurer grâce à leur présence, à leur candeur, à leur fraîcheur innocente. Cette joie contribuera certainement à vous donner une impulsion et de la ferveur dans l'accomplissement de votre devoir ; mais vous vous rappellerez toujours que l'amour est un don, qu'il est un sacrifice, qu'il est un renoncement. Aussi dans votre dévouement total à l'enfance, vous ne vous rechercherez pas vous-mêmes, vous ne tendrez pas à conquérir l'affection exclusive des fillettes ; mais, en les aimant vraiment et sincèrement, vous arriverez à un détachement du coeur, souvent ardu, mais indispensable. Les fins surnaturelles et apostoliques que vous poursuivez le rendent même plus nécessaire, car vous voulez faire fleurir dans ces âmes innocentes l'amour de Jésus-Christ, à qui elles appartiennent et qui les a rachetées par son précieux sang. Cette généreuse réserve vous permettra de mieux connaître toutes vos déficiences et de supporter avec le sourire sur les lèvres les difficultés et même les insuccès possibles. Ainsi serez-vous de dignes collaboratrices de l'oeuvre rédemptrice, des images vivantes du Christ et de son amour pour l'enfance.

17 faut être des éducatrices compétentes.

Mais, en outre, chères filles, vous cherchez la formation intégrale de vos fillettes ; et comme il ne suffit pas d'aimer pour être de bonnes éducatrices, vous vous soucierez de connaître tout ce qui est nécessaire pour remplir les devoirs d'éducation que vous avez assumés.

C'est pour cela que Nous vous exhortons à une étude sérieuse et assidue ; étudiez les fillettes, étudiez la meilleure méthode pour les instruire, pour les éduquer. Le physicien, le chimiste, le biologiste, le médecin étudient — et pendant de nombreuses années — ; ils s'intéressent à l'analyse d'un rayon de lumière, à la contemplation d'une fleur, et ils aspirent à la profonde connaissance des phénomènes et des lois physiologiques. Combien plus belle est l'étude d'un esprit spontané et libre, que naît et contient le mystère d'une vie.

Vous ne devez pas ignorer les caractéristiques de l'enfance, ses inquiétudes, ses désirs, ses répugnances, ses préférences. En elle il y a l'amour du mouvement, le frémissement des sens, l'agitation d'une intelligence qui se développe. L'enfance aime le jeu, a soif d'affection, tend à la fantaisie, vit d'illusions et de rêves ; elle est spontanée et a l'instinct de l'imitation.

Mais elle est riche également de précieuses énergies religieuses et morales. Nous Nous bornerons ici à citer deux exemples tirés des résultats de la psychologie expérimentale : « La seconde période de l'enfance, de six à neuf ans — notent les auteurs —, est caractérisée par l'amour pour les parents, pour Dieu et pour la vérité », et en outre : « Les années de sept à dix ans comptent parmi les plus importantes pour prévenir la criminalité juvénile ». Encouragement réconfortant et, en même temps, grave avertissement à ceux qui ont la responsabilité de la jeunesse jusqu'aux années de la puberté.

Ces connaissances vous les obtiendrez sans doute grâce au don de pénétration psychologique, nécessaire pour toute éducatrice, mais aussi en utilisant les résultats des recherches et des expériences récentes dans le domaine de l'éducation. On ne prétend certes pas que vous deveniez des savantes dans la psychologie humaine en général ou dans celle spéciale de l'enfance ; mais vous ne pouvez ignorer — et encore moins mépriser — les nouvelles conquêtes de la pédagogie. Non point que toutes les tentatives soient à louer sans réserves.



7/ faut que les jeunes croient dans la grâce du Christ.

Vous ferez donc en sorte que vos fillettes se développent comme des créatures humaines, sans oublier qu'elles sont des âmes rachetées par le Sang de Jésus, et participant à la vie divine.

S'il est vrai que vous ne pourrez leur donner la beauté physique, don de Dieu, vous apporterez du moins tous vos soins à les aider à acquérir cette grâce et cette harmonie et surtout ce sourire qui éclaire et transfigure les traits même les moins avenants. Que vos fillettes soient donc sereines et naturelles, fortes et loyales, et ne les laissez rien négliger de tout ce qui peut rendre chez elles non seulement bien visibles, mais aussi attrayantes la vérité qu'elles possèdent et la vertu dont elles sont ornées.



Il faut assurer la persévérance.

Une dernière parole, chères filles, une dernière recommandation. Le cas n'est pas rare de fillettes qui abandonnent l'Association, quand elles deviennent indécises et impatientes, audacieuses et timides, heureuses et angoissées en face des nouvelles voies qui s'ouvrent devant elles lorsque le coeur se gonfle de tendresses inconnues, que l'intelligence s'éveille et que naît la volonté pour une nouvelle vie plus personnelle et plus indépendante. Cela dépend parfois de la structure insuffisante de l'Association même, qui n'offre pas assez d'attraction pour rendre désirable la vie en commun aux adolescentes et aux jeunes filles ; mais le plus souvent, on n'avait pas cherché à pénétrer profondément dans l'esprit, dans le coeur et dans la volonté de la fillette.

Les connaissances étaient dispersées, apprises distraitement, sans méthode ni ordre ; la vie spirituelle était faite d'habitudes louables, mais non point enracinée dans de fermes convictions, ni alimentée par une foi vive et vivifiante ; les défauts étaient ignorés et n'avaient pas été corrigés à temps ; de petites vanités n'avaient pas été réprimées ou tout au moins guidées avec une sage patience. Certaines fuites, qui souvent rendent triste la « fête des passages » dans l'Action Catholique, doivent être attribuées précisément au peu de solidité de l'édifice, construit les années précédentes, peut-être avec beaucoup de peine, mais avec peu de méthode.

Nous vous exhortons donc, chères filles, à ne pas vous estimer satisfaites tant que vous ne verrez pas vos fillettes formées et transformées profondément. Souvent vous les avez reçues dans un état de désordre, d'agitation, dominées pour ainsi dire absolument par l'impulsion de l'instinct ; vous devez les amener à un état d'équilibre, de règle et d'obéissance à une loi supérieure. Vous devez établir chez elles l'ordre logique dans les connaissances, inculquer la discipline des sentiments, réaliser la cohérence des actions avec les principes moraux ; vous devez surtout leur enseigner à prendre un contact réel avec Dieu, en le rendant tout d'abord plus fréquent, puis continu.

Vous ne devez pas croire que le jeune âge est un obstacle dans le chemin vers une perfection même accomplie, vers la sainteté. « Il y aura des saints parmi les enfants », s'écria Notre saint Prédécesseur Pie X, quand il leur ouvrit les Tabernacles Eucharistiques. Il savait — comme Nous le savons — que 1'« âge physique ne porte pas préjudice à l'âme, si bien que l'homme, même à l'âge d'enfant, peut atteindre la perfection de l'âge spirituel » [43].

Quand Jésus met l'enfance spirituelle comme condition pour l'entrée au Paradis et ensuite implore : « Laissez venir à moi les petits enfants », peut-on donc nier que l'enfant même soit en mesure d'atteindre la perfection évangélique ?

Visez bien haut, chères filles ! Proposez avec simplicité, mais avec clarté et avec force, des buts élevés à vos fillettes ; puis, accompagnez-les avec patience, soutenez-les avec douceur, encouragez-les avec amour durant le chemin. Faites qu'elles se nourrissent fréquemment — et même chaque jour — de la Chair immaculée de Jésus : « Comme le mouvement naturel quand il s'approche davantage du terme devient plus rapide..., de même l'âme qui est en état de grâce, quand elle s'approche davantage de la fin, doit croître d'autant plus [44]. »

Faites donc en sorte que les petites âmes confiées à vos soins ne mettent pas d'obstacles à l'action de Dieu : enseignez-leur à s'abandonner dans les bras de Marie et vous assisterez avec stupeur aux miracles de la grâce qui transforme la vie de vos fillettes en tabernacles vivants de Jésus, en dociles instruments de vie pour Lui.







ACHEVÉ D'IMPRIMER EN LA FÊTE DE NOTRE-DAME AUXILIATRICE LE 24 MAI 1956, SUR LES PRESSES DE L'OEUVRE SAINT-AUGUSTIN, A SAINT-MAURICE, SUISSE


Notes, corrections:


Page 63, 3e alinéa, lire :

Nous sommes obligés par la foi divine et catholique à croire toutes les choses que contient la Parole de Dieu, Ecriture et Tradition, et que l'Eglise propose à la foi comme divinement révélées, non seulement par une définition solennelle, mais encore par son magistère ordinaire et universel.

Page 97, 4e ligne, lire :

dans les affaires à la constance, à la gravité, à l'humanité.

Page 319, 10e ligne, lire :

D'une manière spéciale Nous voulons particulièrement honorer d'un juste hommage ceux qui parmi vous prennent un soin si suivi et si généreux des cultivateurs, pêcheurs et salariés des mines, si bien que, sans tenir compte d'aucune distinction de classe sociale, ils les aiment comme des frères.

Page 349, Article 6, 2e ligne, lire : Saint Pie V.

Page 438, 12e ligne, lire :

laquelle Nous avons l'année dernière (1932), confirmé de...

Page 459, 2e alinéa, dernière ligne, lire : de ses facultés psychiques

Page 460, 2e alinéa, ire ligne, lire :

Si l'estime que trouve la santé mentale

Page 516, 3e alinéa, 3e ligne, lire : Paul IV.

Page 318, ire ligne, lire : sur les sciences spéculatives.

Page 386, 3e ligne, lire : Mgr Cabana.

Page 589, note 3, 2e ligne, lire : la Côte de l'Or.







[1]D'après le texte anglais de l'Osservatore Romano, des 26 et 27 octobre 1053.

! Miss Mary Ellen Kelly est la fondatrice d'une Congrégation Manale de Malades.

Elle souffre elle-même d'arthritisme et habite Madison dans l'Etat d'Iowa.

» Phil., 1, 29.

[5]Petr., 4, 12-13.

[6]Alfred Lord Tennyson, Ulysse.

1 D'après le texte italien des A. A. S., XXXXV, 1953, p. 792.

[8] Cf. p. 448.

[9]D'après le texte allemand des A. A. S. XXXXV, lç-53. p. 787

[10]D'après 1= texte italien de l'Osservatore Romano du n novembre 1953.

[11]D'après le texte latin des A. A. S., XXXXV, 1953, p. 789.

[12]Saint Martin, vers 360, s'était retiré dans une solitude à proximité de la ville de Poitiers où saint Hilaire était évêque ; une communauté d'ascètes vint se grouper autour de lui ; tandis que saint Martin était appelé en 372 à occuper le siège episcopal de Tours. L'abbaye eut des fortunes diverses au cours des âges : de 1606 à 1762, elle fut transformée en collège des Pères Jésuites et fut vendue comme bien national lors de la Révolution.

L'Abbaye fut restaurée en 1853 par Dom Guéranger, Abbé de Solesmes, à la demande de Mgr Pie, évêque de Poitiers.

[13]D'après le texte espagnol des A. A. S., XXXXV, 1953, p. 803.

î Eccl., 3, 5.

[15]Silverio F. de Echeverría, Historia del Santuario e imagen de N. S. de Begona-Tolosa, 1892, pp. 4 et suiv-

[16]Prov., 11, 28.

[17] D'après le texte italien de l'Ossernafore Romano des 23 et 24 novembre 1953.

[18] D'après le texte italien de l'Ossernafore Romano des 23 et 24 novembre 1953.

[19]Cf. Documents Pontificaux 1940, p. 324.

[20] D'après le texte français des A. A. S., XXXXV, 1953, p. 847.

[21] 2 Cor., I 3.

[22] Lettre au Cardinal Maglione, du 20 avril 1941, A. A. S., 33, p. m.

[23] D'après le texte italien des A. A. S., XXXXV, 1953, p. 794.

[24] Cf. p. 464.

[25]Matth., 13,  24-30.

[26]D'après le texte italien des A. A. S., XXXXV, 1953, p. 848.

t Matth., XIII.

« Cf. p. 371.

[29] Matth., 25, 41.

[30]D'après le texte latin des A. A. S„ XXXXV, 1953, p. 806.

a Cf. p. 15-

s Cf. p. 26.

[33] D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVI, 1954, p. 25.

[34] D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVI, 1954, p. 25.

[35] Ce livre est mis à l'Index car l'auteur a trop peu tenu compte de certains points doctrinaux de l'Encyclique Humani Generis en tenant l'évolutionnisme comme une théorie certaine et démontrée.

D'autre part, en date du 4 février 1954, le Saint-Office publiait la note que voici : Camille Muller s'est soumis d'une manière louable au décret du Saint-Office du 2 décembre 1953 qui condamnait et plaçait à l'Index des livres prohibés son opuscule intitulé : L'Encyclique « Humani Generis » et les problèmes scientifiques, Louvain, E. Nauwelaerts, 1951. (A. A. S., XXXXVI, 1954, P- 64.)

[36] Cf. Règles et directives, etc., pp. 6-7.

[37] D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVI, 1954, p. 63.

[38]Sag., 13, i.

t Luc, 2, 14.

[40]Hebr., 1, 3.

[41]D'après le texte italien des A. A. S., XXXXVI, p. 44.

î Cf. p. 624.

[43] S. Thomas, 3, p. Q. 72 a. in corp. et ad Rum.

[44] S. Thomas, In Epist. ad Hebr., c. X, lect. 2 in fine.



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