PieXII 1955 - FEDERATION ROUTIERE INTERNATIONALE


LETTRE

AU TRÈS RÉVÉREND PÈRE AUGUSTIN SEPINSKI A L'OCCASION DU CINQUIÈME CENTENAIRE DE LA MORT DE SAINT JEAN DE CAPISTRAN

(4 octobre 1955)1

Le Souverain Pontife a adressé la lettre suivante au Très Révérend Père Augustin Sépinski, Ministre général des Frères Mineurs, à l'occasion du cinquième centenaire de la mort de saint Jean de Capistran.

Plus rudes sont les vagues qui, au cours des siècles, agitent la divine barque de Pierre, plus proche et plus forte se fait sentir l'aide de la grâce céleste. Cette vérité, que nous enseigne aussi « l'Histoire, témoin des temps, lumière de vérité... maîtresse de vie »2 se présente à Notre esprit, alors que Nous évoquons le Ve centenaire du jour où Jean de Capistran, après tant d'actions illustres accomplies pour la gloire de Dieu et le salut des chrétiens, mourut saintement et partit vers le ciel. Il vécut, en vérité, en des temps agités : certains tentaient de déchirer d'un schisme impie la robe sans couture de l'Eglise ; bon nombre de princes d'Europe, excités par le désir de domination, se menaçaient mutuellement de guerres, et bien souvent, pleins d'une téméraire audace, empiétaient sur les droits sacrés de l'Eglise. Des armées, arrivaient d'Orient et menaçaient déjà les régions d'Europe Centrale, tout près d'y apporter ruines et désastres. Mais, ce qui est pis encore, il ne manquait pas d'hommes pour s'efforcer d'arracher aux préceptes de la doctrine chrétienne, les moeurs des peuples, troublées par tant de tempêtes ; si bien que dans l'âme de beaucoup la piété se mourait ; on en arrivait même à ce point,

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVII, X955, p. 714 ; traduction française de l'Osservatore Romano, du 25 novembre 1955.

2 1 Cic. De Orat., II 9.

que, non sans grand péril pour le salut éternel, en divers lieux, s'insinuaient les hérésies.

Cependant, Jean de Capistran, cet athlète invincible du Christ, tout au long de sa vie travailla avec la plus grande énergie et la plus ferme constance, à déraciner ces maux autant qu'il le pouvait, et surtout à repousser ceux qui attaquaient la religion catholique, à rétablir la concorde mutuelle entre les Princes et les peuples, et à rénover les moeurs par la vertu de l'Evangile. Et tout d'abord, il faut mettre en relief qu'il fut avec S. Bernardin de Sienne, l'auteur de cette pieuse coutume et utile institution, de prêcher publiquement au peuple, surtout aux temps sacrés du Carême et de l'Avent, dans les cités, les villes fortes, les villages, afin d'initier tous ceux qui pouvaient l'être, à la religion catholique, de les amener doucement mais fermement, à recevoir les sacrements, et à se refaire avec bonheur une vie selon l'esprit chrétien.

Lorsque Notre Prédécesseur, d'heureuse mémoire Eugène IV, établit des « prédicateurs apostoliques », qui soient chargés de cette tâche, Jean entra volontiers dans leur première troupe ; il parcourut Rome, l'Aquila, Sienne, Florence, Bologne, Ferrare, Milan, Vérone, Vicence, Mantoue, Pavie, Venise, Brescia3, et bien d'autres villes, héraut de la parole divine, et semeur de vérité. Et il le fit, avec d'abondants fruits de salut, non seulement en Italie, mais aussi en Autriche, en Hongrie, en Bohême, en Allemagne, en Pologne, en Bourgogne et en Flandre, au point qu'il s'est trouvé quelqu'un, lorsque Notre prédécesseur, d'immortelle mémoire, Alexandre VIII l'eut solennellement inscrit au nombre des Saints du ciel, en l'année 1690, pour proposer qu'on l'appelât « l'apôtre de l'Europe ».4 Et des cités, des villes fortes, des châteaux, où il allait entrer, interprète de la vérité divine, et très actif suscitateur de vertu, « le clergé et les magistrats, bien plus, les rois eux-mêmes et leur cour venaient à sa rencontre portant des reliques et l'emblème de la croix, pour le recevoir respectueusement, comme un ange, chantant et répétant sans cesse : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur »5. Nous ne nous étonnons donc pas de ce qu'un autre de Nos prédécesseurs,

3 Cf. Muratori, Kerum ltalicarum Scriptores, 21, p. III, (1940), pp. 100-103 ; J- Hofer, Joannes von Capestrano, ein Leben im Kampf um die Reform der Kirche (Innsbruck, 1936) passim.

4 Acta Sanctorum, Oct. t. X, p. 427 et sq.

5 Lucas Wadding, Scriptores Ordinis Minorum, Romae 1936, t. I, p. 133.

d'heureuse mémoire, Callixte III, plein d'une grande admiration pour tant de travaux, tant de voyages, tant de saintes entreprises supportées par Jean, le nomme « invincible héraut de Dieu, et déjà presque martyr par sa vie ».6

En outre, comme les Pontifes Romains se rendaient compte non seulement de sa sainteté, mais aussi de sa prudence dans la conduite des affaires, ils l'envoyèrent souvent auprès de nombreux princes, pour régler les différends en vue du bien commun, et rétablir la paix ; c'est ainsi qu'il s'en alla à Naples, à Milan, en Bourgogne, en Flandre, en Sicile, et y remplit son rôle avec succès.

Mais, dans les annales de l'Eglise, brille aussi d'un illustre éclat son activité pour exciter les soldats marqués de la Croix contre ceux qui envahissaient l'Europe chrétienne ; et tout particulièrement sa contribution par ses prières, ses conseils et ses exhortations, à cette célèbre victoire qui eut lieu à Singidunum, c'est-à-dire Belgrade, en l'année 1456.

Elle a donc bien des raisons, cher Fils, toute la famille des Franciscains, de célébrer le Ve centenaire du jour où cet invincible défenseur et propagateur de la religion chrétienne, ce très zélé protecteur de la foi catholique, ce fils dévoué et aet auxiliaire infatigable des Pontifes Romains, ce restaurateur très ardent de la discipline ecclésiastique dans son Ordre, et, autant qu'il le pouvait, dans tout le clergé, s'endormit d'une mort sereine. En lui sembla revivre l'esprit séraphique du Patriarche d'Assise et sa très haute sainteté. Mettez-la devant vos yeux, cette sainteté, et, avec l'aide de Dieu, imitez-la, vous qui allez célébrer ce solennel anniversaire. Les temps où nous vivons, ne sont pas moins rudes, pas moins incertains que ceux durant lesquels vécut Jean de Capistran. C'est surtout de sa sainteté que nous avons tous besoin ; de cette sainteté qui, en des temps troublés, quand les moeurs sont relâchées, que la piété faiblit, que croissent les haines et les inimitiés, peut seule fournir de puissants remèdes. Animez donc en vous chaque jour davantage, animez dans tous les coeurs, le désir généreux d'une telle sainteté ; et que ce soit là — Nous le désirons vivement — le fruit le meilleur et le plus salutaire de vos solennités. C'est le souhait que Nous formons, en vous accordant de tout coeur la Bénédiction apostolique, à vous, cher Fils, à toute la Communauté des Franciscains, et à tous oeux qui célébreront les prochaines fêtes du Ve centenaire.

Buttarium Franciscanum, N. S., t. II, no 182, p. 100.


DISCOURS AUX JEUNES SPORTIFS ITALIENS

(g octobre 1955) 1

A l'occasion du dixième anniversaire du Centre sportif italien, de grandes fêtes se sont déroulées à Rome le dimanche 9 octobre. Environ 80.000 jeunes Italiens y prirent part. Dans la matinée, un long défilé les conduisit jusqu'à la place Saint-Pierre où le Pape leur adressa le discours suivant :

Nous vous sommes vivement reconnaissant, chers fils du Centre sportif italien, pour Nous avoir procuré la joie de passer quelques instants avec vous et d'admirer ce remarquable spectacle de fraîcheur et de force juvénile, offert par vos nombreuses équipes d'athlètes : il Nous semble y voir présente toute la jeunesse chrétienne qui Nous est si chère et que Nous saluons et bénissons paternellement.

Vous avez désiré que votre filiale rencontre avec Nous, destinée à marquer la célébration du dixième anniversaire de votre Centre, se déroule ici, sur la place de saint Pierre. Heureux choix ! Quel lieu, en effet, était plus indiqué pour accueillir la jeunesse catholique et sportive, que cette admirable place si riche de signification même pour vous, athlètes, et qui est comme un miroir de ce que vous recherchez dans l'exercice du sport ? La puissance et l'harmonie ; l'ordre et la beauté ; l'effort, la victoire et la renommée de l'exploit, exprimés sous la forme artistique par l'incomparable architecture de la coupole, de la façade, de la colonnade, de l'obélisque : ce sont là précisément les fins idéales auxquelles aspire tout athlète. Surtout l'atmosphère sacrée, qui ici enveloppe tout et que vous êtes venus à dessein respirer, répond à votre désir de tirer des principes chrétiens les motifs et les règles capables d'affranchir le sport


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des servitudes de la matière et de l'élever dans des régions dignes de l'âme spirituelle et immortelle. Laissez-vous donc saisir et assembler dans la foi et les nobles désirs par l'enserrement symbolique de cette colonnade, qui sert de piédestal aux rangées de saints — athlètes, eux aussi, vainqueurs de l'esprit — de même que vous enserrent avec une affectueuse prédilection les bras maternels de l'Eglise, toujours prompte à éclairer et soutenir ses jeunes fils, dans le rude combat de la vie vers les victoires spirituelles.

Nécessité d'une vaste organisation sportive chrétienne.

L'heureuse célébration du dixième anniversaire de votre Centre vous a conduits ici comme pour un réconfortant retour aux sources. Ici, en effet, en la Pentecôte de 1945, vous appreniez de Notre enseignement l'esprit qui devait animer votre association naissante. C'étaient alors les tristes jours de l'après-guerre, marqués, d'une part, par un trouble presque général des esprits et, de l'autre, par une ferveur quasi frénétique de renaissance et d'initiatives nouvelles, dans tous les domaines de la vie de votre Nation. En vérité, beaucoup d'oeuvres, lancées alors sous l'impulsion du moment, et non en vertu d'une nécessité intrinsèque, dépérirent bien vite, comme la semence tombée sur un terrain pierreux ; d'autres, en revanche — bonne semence dans la bonne terre — se développèrent et devinrent plantes vigoureuses. Tel fut le Centre sportif italien, fondé en même temps que d'autres oeuvres et associations catholiques, lesquelles trouvèrent 1'« humus » favorable, où enfoncer leurs racines, dans les rangs de l'Action Catholique ; celle-ci, durant de longues années, dans le silence et malgré l'incompréhension et l'hostilité, avait formé intérieurement une large moisson d'âmes à la prière, à l'action, au sacrifice et, par là, à une prompte renaissance. La frêle tige du Centre sportif poussa heureusement, parce qu'il répondait au besoin ressenti déjà depuis de nombreuses années, d'avoir pour les jeunes catholiques une solide organisation technique de vaste rayonnement, fondée sur les principes chrétiens ; mais les circonstances extérieures en avaient jusqu'alors empêché la réalisation.

Au début de ce siècle, le sport a pris — par ses équipes d'amateurs et de professionnels, par les foules qui se pressent dans les stades et grâce à l'intérêt que la presse lui assure — des proportions telles qu'il constitue un phénomène typique de la société actuelle. Cette importance accrue suscita, à son tour, des considérations et des problèmes nouveaux dans le domaine de l'éducation, de la pratique religieuse, de la moralité, et jusque dans le domaine social, problèmes qui ne pouvaient être ignorés par l'Eglise, toujours soucieuse de promouvoir des organisations répondant aux nouvelles exigences.

Dans la circonstance rappelée ci-dessus de la création de votre Centre, il fut encore une fois nécessaire d'expliquer que l'Eglise ne peut ignorer, comme une oeuvre qui lui serait étrangère, le soin des corps et la culture physique comme si n'étaient de sa compétence que les « choses purement religieuses » et « exclusivement spirituelles » ; expliquer aussi qu'il existe des vertus naturelles et chrétiennes, sans lesquelles le sport ne pourrait pas se développer, mais tomberait inévitablement dans un matérialisme fermé, qui serait à lui-même sa fin ; expliquer enfin que les principes et les normes chrétiens appliqués au sport lui découvrent des horizons plus élevés, illuminés même par des rayons de mystique lumière. Nous Nous sommes donc appliqué, en cette circonstance comme en d'autres, à tracer les lignes maîtresses de l'harmonie des rapports entre les principes chrétiens et les activités sportives, telles qu'elles vous sont souvent rappelées et expliquées.

Heureuse influence du centre sportif chrétien.

Il est juste maintenant, dix ans après la fondation de votre Centre, que Nous vous adressions des éloges mérités ; vous avez en effet recueilli Nos enseignements et obtenu d'excellents résultats au plan de l'organisation et de la technique, grâce à quoi le Centre sportif italien a gagné la confiance de la jeunesse et l'admiration des autres organismes nationaux, au côté desquels vous avez pris place dans un esprit de discrétion et de bonne entente. Mais, au-dessus des autres résultats, Nous désirons signaler particulièrement celui qui constitue le but essentiel de votre Centre, à savoir votre influence chrétienne dans le monde du sport, dont Nous vous proposons, le développement ultérieur comme engagement pour l'avenir. En effet, que cherche l'Eglise en donnant impulsion aux associations de spécialistes ? Elle ne se propose certes pas d'avoir le monopole d'activités déterminées, ni de mettre les fidèles à part dans ces associations, en les retirant du monde ouvert à tous. Non pas cela, mais bien de leur offrir le type d'une action déterminée et d'enseigner comment elle doit être pratiquée selon les principes religieux et moraux. L'Eglise complète donc et parfait ce qui manque à une idée, à une activité ou à une oeuvre, qui, par excès ou par défaut ou par absence de fondements idéals, ne sont pas conformes — si même elles ne sont pas contraires — à la dignité chrétienne. Il est bien évident qu'une association formellement catholique donne à ses membres les meilleures garanties de pratiquer les principes professés et qu'elle est donc — sans préjudice toutefois de l'apostolat envers les personnes et les groupes éloignés de nous — davantage recommandée aux fidèles les plus fervents. Le Centre sportif est une de ces associations, qui, se proposant à l'intérieur la pratique chrétienne du sport, veut en être le modèle à l'extérieur, dans un domaine où il est facile de négliger les plus hautes valeurs de l'esprit, d'exalter plus que de raison celles du corps et d'oublier les devoirs essentiels envers Dieu et la famille.

Levain de christianisme, vous le serez donc dans les stades, sur les routes, à la montagne, à la mer, partout où se dresse avec honneur votre étendard.

Dès maintenant, le regard tourné vers l'avenir, il convient que vous vous fixiez un programme d'extension et de progrès, en sorte que le Centre, une fois passé le premier âge, sache affronter avec la vigueur de la jeunesse la prochaine décade, qui s'annonce riche d'importants événements. C'est à vos dirigeants qu'il revient d'établir les différents points de ce programme, conformément aux principes que Nous désirons vous indiquer.

Directives du Saint-Père : atteindre les classes peu fortunées.

Tout d'abord, au plan de l'organisation et de la technique, il conviendra d'augmenter la diffusion du sport sain, parmi la jeunesse moins fortunée, comme du reste le Centre s'est louable-ment proposé de le faire dès son début. Si vous êtes persuadés que le sport trempe et fortifie les corps, éduque l'esprit et l'entraîne aux plus hautes victoires, vous ne sauriez tolérer que des jeunes en grand nombre soient privés de ces biens en raison de leur pauvreté.

formation sérieuse des dirigeants.

Il faudra en outre veiller à la bonne préparation, non seulement spirituelle mais aussi technique, des dirigeants, car l'orientation technico-scientifique du sport est aujourd'hui reconnue comme une exigence nécessaire. Que l'on sache distinguer d'abord entre la simple gymnastique et l'athlétisme, entre l'athlétisme et le sport de compétition. La gymnastique procure le développement normal et la conservation des forces physiques ; l'athlétisme vise au dépassement de la normale, mais sans confrontation avec d'autres sujets et sans verser dans l'acrobatisme, qui, lui, est plutôt un froid métier ; la compétition à son tour tend, par le moyen de l'émulation, à atteindre les extrêmes limites que peuvent toucher les forces physiques sagement employées. Dans les multiples réalisations du sport, il convient aussi de discerner les exercices où la force prévaut, de ceux où domine la souplesse des muscles ou l'adresse à manier instruments et machines. Or l'orientation technico-scientifique moderne exige justement qu'on procède d'abord avec discernement dans l'admission des sujets aux trois types de sport, de façon qu'ils ne souffrent dommage ni d'un choix malheureux, ni de la disproportion avec leur constitution physique, ni du passage prématuré de l'un à l'autre exercice. Il ne faut pas moins de prudence pour assigner ou permettre telle ou telle spécialité de l'athlétisme et de la compétition. L'examen préventif des sujets, leur orientation vers les spécialités, le contrôle de leurs progrès est une tâche qui revient surtout au médecin, largement doté de nos jours de moyens d'investigation et de recherche, et dont l'assistance ne devrait jamais manquer à une association soucieuse du bien-être de chacun de ses membres.

importance de la technique.

Il est superflu de dire combien est nécessaire le recours à la technique pour la préparation et l'entraînement des sujets idoines. Le sérieux d'une association sportive, qui veut vraiment atteindre son but immédiat, ne permet plus désormais que l'on procède par la voie de l'autodidactisme et de l'empirisme, comme c'était le cas dans le passé, quand le sport se distinguait à peine du simple divertissement. Il existe aujourd'hui dans chaque spécialité du sport une technique qui non seulement facilite l'obtention de bons résultats, mais aussi parvient là où le dilettantisme, même animé de bonne volonté, ne pourra jamais atteindre. Toutefois l'emploi de la technique, encore qu'elle soit un élément nécessaire, surtout dans les concours, n'est pas tout ni même le meilleur. La technique, dans le sport comme dans les arts, ne doit pas entraver l'exercice des forces spirituelles, intuition, volonté, sensibilité, courage, ténacité, qui sont, au fond, le vrai secret de toute heureuse réussite.

l'esprit doit l'emporter sur la technique.

Il ne suffit pas que le sujet soit physiologiquement parfait, ni que soient observées scrupuleusement toutes les règles techniques accumulées par l'expérience des maîtres, pour obtenir une victoire qui mérite l'admiration et suscite l'enthousiasme. Une froide technicité non seulement empêche d'atteindre les biens spirituels que le sport se propose, mais, alors même qu'elle conduit à la victoire, elle ne satisfait ni ceux qui pratiquent ce sport ni ceux qui y assistent pour en jouir. C'est ce que laissent entendre les foules des stades quand il leur arrive de protester parce que les équipes en lice ne jouent pas avec coeur : car en général, lorsqu'il s'agit d'une activité humaine, l'origine et le terme doivent toujours en être l'élément psychologique ; en d'autres termes, l'esprit doit l'emporter sur la technique. Se servir de la technique, mais faire prévaloir l'esprit ; telle sera la règle fondamentale de votre Centre dans l'éducation sportive des jeunes.

gles d'une éducation sportive chrétienne.

Mais quelles sont les règles d'une éducation sportive et chrétienne ? Qu'on n'attende pas une double énumération, nettement distincte, des règles qui regardent le chrétien et de celles qui concernent le sportif : car les unes et les autres se compénètrent en se complétant.

Traitant en d'autres circonstances de cette question, Nous avons indiqué certaines d'entre elles, parmi les principales, que Nous voulons aujourd'hui rappeler brièvement. Les jeunes se persuaderont avant tout que le soin du corps n'est pas une fin en soi, mais qu'il doit être ordonné au perfectionnement intellectuel et moral de l'âme ; que l'exercice du sport ne doit empêcher personne — étudiants, travailleurs, professionnels —, dt pratiquer son devoir d'état, mais qu'il doit en faciliter l'observance, au moins indirectement, comme restaurateur d'énergies ; qu'aucun motif ne dispense le sportif du respect de la loi morale commune dans son triple objet : Dieu, la famille et la société, soi-même. Sur ce dernier point, il faut déplorer l'erreur qui prétendrait sans limites le droit de disposer de son corps, et donc de le soumettre à des risques évidents, à des fatigues épuisantes, ou encore, pour obtenir ce que les propres forces sont incapables de donner, d'absorber des substances gravement nocives : ainsi en est-il des forts excitants qui, sans parler du dommage — peut-être irréparable — qu'ils causent à l'organisme, sont considérés par les experts comme une sorte de fraude. Grande est aussi, en pareils cas, la responsabilité des spectateurs, des organisateurs et des écrivains, quand ils exaltent le risque téméraire ou exigent des athlètes des efforts inhumains.

D'une façon positive, l'éducation sportive visera à développer les facultés de l'intelligence et de la volonté, spécialement dans les compétitions : la première, en formant les jeunes à la réflexion, au raisonnement, à l'économie prévoyante des forces, à l'intuition du comportement tactique des adversaires pour savoir saisir le moment précis de l'engagement de ses propres réserves d'énergie et d'adresse. Plus difficile est l'éducation de la volonté, dont la force, dans le sport de compétition, est, peut-on dire, l'élément déterminant du succès, en même temps qu'elle constitue pour le jeune le gain le plus notable pour sa vie d'homme et de chrétien. Tout peut concourir à cette éducation : la conscience du devoir, le légitime désir de la victoire, le petit sacrifice comme le plaisir, le juste sens de l'honneur.

La volonté bien entraînée à la compétition sportive se traduit par une préparation soigneuse et méthodique, par la persévérance après l'insuccès, par la résistance au plus fort, par le support des incommodités, par la hardiesse et le dépassement de soi-même.

Dès lors, ce ne sont ni la vigueur des muscles, ni la rapidité des réflexes, ni les victoires faciles, qui constituent la noblesse et l'attrait du sport, mais bien l'empire assuré aux facultés spirituelles. Regardez les foules qui se pressent le long d'une route pour juger un peloton de cyclistes et accorder au meilleur leurs applaudissements. Qui est le meilleur, pour elles, sinon celui qui unit à la forme technique parfaite une intelligence lucide et une volonté indomptable ? C'est l'athlète qui ne se lance pas inconsidérément, mais qui sait mesurer ses forces et celles d'autrui, résister aux attaques, utiliser l'aide légitime et rendre à son tour service ; qui, arrêté par de fâcheux incidents, loin d'abandonner, sait se reprendre avec une force renouvelée, poursuivre et rejoindre les « fuyards », l'un après l'autre, pendant des dizaines et dizaines de kilomètres, jusqu'à ce qu'il ait repris son poste d'avant-garde ; qui, sans trêve pour lui-même ni pour autrui, sait lancer son offensive et trouver encore la force pour le dernier bond qui le conduira à la victoire. A une telle volonté l'heureux succès peut faire défaut au dernier moment ; mais cela n'empêche pas cet athlète d'être le meilleur, puisque, au jugement même des experts, ce qui importe, dans le sport, ce n'est pas tant de vaincre, que de prouver sa valeur et sa force.

L'éducation sportive veut, en outre, former les jeunes aux vertus propres à cette activité. Celles-ci sont, entre autres, la loyauté qui défend de recourir aux subterfuges, la docilité et l'obéissance aux sages prescriptions de qui dirige un exercice d'équipe, l'esprit de renoncement quand il s'agit de rester dans l'ombre pour l'avantage de ses propres « couleurs », la fidélité aux engagements, la modestie dans les triomphes, la générosité pour les vaincus, la sérénité dans la mauvaise fortune, la patience vis-à-vis d'un public pas toujours modéré, la justice quand le sport de compétition est lié à des accords financiers librement souscrits, et en général la chasteté et la tempérance déjà recommandées par les anciens eux-mêmes. Bien que toutes ces vertus aient pour objet une activité physique et extérieure, elles sont d'authentiques vertus chrétiennes, qui ne peuvent s'acquérir et se pratiquer à un degré éminent, sans un profond esprit religieux et, ajoutons-Nous, sans un fréquent recours à la prière.

Le sport sur le plan surnaturel.

Pratiqué de cette façon, et élevé au plan surnaturel, le sport peut devenir presque une ascèse, puisque l'Apôtre saint Paul exhorte le chrétien à faire servir à la gloire de Dieu tout ce qu'il accomplit (1Co 31).

Une telle conception spirituelle et presque ascétique du sport serait-elle dommageable à sa technique ? Au contraire ! On a vu récemment, de divers côtés, souhaiter le retour des athlètes au sport « pur », c'est-à-dire à des finalités et à des méthodes qui n'ont rien de commun avec ce qu'on a appelé le « mercantilisme » et le « culte de la vedette », auxquels sont sacrifiés les grands idéals, la justice, la santé des athlètes et le bon renom de la nation, qu'on entend représenter dans les concours.

Si tout cala a quelque importance, rien ne pourra mieux que l'esprit chrétien et les vertus qui en découlent, affranchir le sport des déviations qu'on déplore.

A l'aube de cette nouvelle décade se profile déjà l'important événement des Jeux Olympiques, qui cette fois se sont vu assigner Rome pour siège. Ce choix, vous l'avez accueilli avec joie, parce qu'il équivaut à une marque d'estime des autres nations pour la jeunesse de notre pays. Pour divers motifs, Nous en avons également appris la nouvelle avec satisfaction, non seulement parce que cet événement permettra à un grand nombre de connaître de près tant de belles et saintes choses au centre de la Chrétienté, pour leur plus grand avantage spirituel ; mais ?ussi parce qu'il donnera l'occasion à des peuples différents de respirer l'atmosphère d'universalité propre à la Rome chrétienne. S'il est très opportun, à notre époque, de promouvoir et de favoriser les rencontres entre peuples divers, afin que naissent d'une connaissance réciproque l'amour et la fraternité, leur réunion dans la Ville Eternelle, mère des peuples et pacificatrice par excellence, affermira de façon plus efficace encore, dans les rangs de la jeunesse, la volonté de paix et de collaboration.

Rôle du centre sportif chrétien dans les Olympiades 2 à Rome.

Quel pourrait être le rôle du Centre Sportif dans le cadre des Olympiades ? Souhaitons dès maintenant qu'il puisse préparer des athlètes capables de se distinguer dans ces joutes, et que ceux-ci, unis à leurs compatriotes, fassent honneur à leur drapeau. Mais il importe, plus encore, que les jeunes sportifs catholiques, ainsi que les autres — et avec eux les foules — se révèlent, aux yeux des hôtes dignes du nom et de la grandeur de la Rome catholique, donnant un bel exemple des vertus que Nous évoquions.

Chers fils du Centre sportif italien, et vous tous, jeunes qui, attirés par l'idéal de la perfection physique, ou par le prix à remporter ou par la gloire, vous adonnez au sport, vous savez

2 Olympiade : période de quatre ans entre deux célébrations des jeux olympiques. Ceux-ci avaient lieu chez les Grecs', dans la plaine de la ville d'Olympie. Ils ont été rétablis en Europe à la fin du siècle dernier (1896).

maintenant pourquoi Nous Nous sommes arrêté à vous exposer avec sollicitude quelques-unes de ses valeurs et de ses caractéristiques.

Le sport, lorsqu'il est envisagé chrétiennement, est en lui-même une école efficace pour cette grande épreuve qu'est la vie terrestre, dont les buts sont la perfection de l'âme, la récompense de la béatitude, la gloire incorruptible des saints. De cette lutte plus haute le sport n'est qu'une pâle image, et combien différente ! Tandis qu'aux épreuves sportives on est libre de participer, dans le combat spirituel il faut que tous entrent et persévèrent ; tandis que dans les premières un seul entre beaucoup obtient la palme, dans le second la victoire est prête à couronner tous et chacun ; mais, surtout, tandis que dans celles-là il ne reste, si les énergies font défaut, qu'à se retirer et à se déclarer vaincu, dans celui-ci on trouve toujours, prête à soulager et à restaurer les forces qui déclinent, la force même de Dieu, qui veut pour tous les hommes le salut et la victoire.

Nous vous exhortons donc, chers jeunes gens, pleins de vie, de force et d'ardeur, à réserver la meilleure part de votre ambition et de vos énergies au combat de l'esprit, dans la ferme confiance d'arriver victorieux à la palme, moyennant une indomptable volonté et avec la grâce et l'exemple de l'unique Vainqueur du monde, Jésus-Christ.

Avec ce voeu, que Nous élevons pour vous comme une prière vers le trône du Très-Haut, Nous invoquons sur toute la chère jeunesse catholique l'abondance des faveurs célestes, en gage desquelles Nous vous accordons de grand coeur Notre paternelle Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A DES PÈLERINS SUD-AFRICAINS

(m octobre 1955)1

Le Souverain Pontife a reçu en audience un important groupe de pères et mères, veuves, frères et soeurs et autres parents de militaires sud-africains morts lors de la dernière guerre. Il leur a adressé une allocution en anglais, dont voici la traduction :

Nous éprouvons une satisfaction toute particulière en vous recevant aujourd'hui. Vous avez fait le long voyage depuis l'Afrique du Sud et une pâle ombre de tristesse, dirons-Nous, vous a accompagnés. Vous êtes des mères ou des veuves ou des êtres chers de ceux qui tombèrent en combat loin de leur terre natale et gisent ensevelis en sol étranger ; et vous êtes venus rendre à leurs tombes l'hommage d'une affection inaltérable et d'un fidèle souvenir. Alors même que Nous vous parlons, il Nous semble revivre encore ces longues, longues années de cruelle lutte, lorsque la souffrance et le tourment pesaient si lourdement sur Notre coeur paternel, et il est naturel pour Nous, soyez-en sûrs, de sympathiser très profondément avec votre sentiment renouvelé de deuil.

Vous visiterez les monuments et les célèbres sanctuaires de Notre chère Rome ; et lorsque vous entrerez dans la basilique de Saint-Pierre, Nous voudrions vous demander de vous arrêter quelques instants à la première chapelle à droite. Le chef-d'oeuvre de Michel-Ange vous racontera l'histoire d'une autre mère, une vaillante mère, le plus parfait modèle d'un pur et ardent amour de mère qui a été forgé au feu du sacrifice et d'une héroïque soumission aux desseins de la divine Providence. C'était elle qui se trouvait près de la croix, lorsque la mort réclamait son Fils. En ce mois d'octobre, le mois du Saint Rosaire, l'Egli-


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se évoque particulièrement, en une prière méditée, les joies, les douleurs, la gloire exultante de la plus bénie de toutes les mères. Vous avez connu quelques-unes de ses joies, quelques-unes de ses douleurs. Notre fervente prière est que vous et les chers êtres qui s'en sont allés avant vous puissent obtenir une part de sa gloire.

Et lorsque vous retournerez à votre cher pays de l'Afrique du Sud, emportez avec vous les saluts affectueux du Saint-Père, qui embrasse tous les hommes dans l'amour de Jésus-Christ. Comme marque de cet amour et comme gage des grâces célestes, Nous vous donnons Notre Bénédiction apostolique.


RADIOMESSAGE AU TROISIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DES COMMUNICATIONS

(11 octobre 1955) 1

Mardi 11 octobre, le Saint-Père a adressé, d'une salle de la Villa Pontificale de Castelgandolfo, un radiomessage au troisième Congrès international des communications, organisé à Gênes pour le soixantième anniversaire de la découverte de la radiotélégraphie. Voici la traduction du radiomessage pontifical :

Avec les sentiments de la plus vive satisfaction, Nous avons suivi, Messieurs, votre célébration à Gênes du soixantième anniversaire de la découverte de la radiotélégraphie, et Nous sommes heureux d'exprimer Notre haute admiration pour le célèbre savant Guglielmo Marconi, qui en fut l'auteur et en resta, pendant un demi-siècle environ, l'ardent et inlassable promoteur.

Marconi et Christophe Colomb : deux illustres découvreurs.

En cette heureuse circonstance, comme dans toutes celles, où il Nous est possible au moyen de la radio d'adresser la parole à Nos chers fils disséminés partout dans le monde et d'en sentir ainsi l'affectueuse présence, Nous éprouvons à nouveau un profond sentiment de gratitude admirative envers le génial inventeur, qui accomplit le prodige de supprimer les distances dans les communications d'homme à homme, en leur donnant le moyen facile de s'entendre rapidement et, par conséquent, de s'aimer davantage. L'heureuse expérience effectuée en 1895 par le savant de vingt ans dans sa villa de Pontecchio, sans aucun


CONGRES DES COMMUNICATIONS

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doute siège de la première station de radio de l'histoire, place justement et à de nombreux titres le nom de Guglielmo Marconi à côté de celui de l'immortel découvreur Christophe Colomb ; tous deux, ayant hardiment brisé les colonnes mythiques de la ségrégation et de la limitation des horizons fermés, ouvrirent à l'humanité de nouvelles voies de progrès civil. Leurs découvertes, comme peu d'autres dans l'histoire, ont incontestablement — en dehors de tout mérite technique — une immense valeur humaine ; mais, considérées d'un regard profondément chrétien, elles se révèlent comme exécutrices du clair dessein de la Providence, qui veut que les hommes cherchent et trouvent, dans la communication réciproque de perfections et de biens, une unité, sans cesse plus étroite, de famille, dont Dieu est le Père aimant.

C'est sans doute là le point de rencontre le plus substantiel entre les deux hommes, le navigateur de la fin du moyen âge et le savant de l'âge contemporain, que vous avez voulu honorer, entourés du même nimbe de gloire, en cette solennelle circonstance. Séparés dans le temps par quatre siècles et différents entre eux par les cultures diverses et par les buts poursuivis, ils ont en commun la même hardiesse, la même constance inébranlable, avec lesquelles ils affrontèrent et menèrent à bonne fin leurs entreprises, c'est-à-dire la découverte de nouveaux mondes : Colomb au-delà des mers ; Marconi dans les mystères de l'éther. Hardiesse et constance ! Ce sont les deux qualités typiques de l'esprit qui assurent l'heureux résultat des grandes entreprises, aussi bien sur le terrain profane que dans le Royaume de Dieu. Nous voudrions même dire simplement : de toute grande entreprise vraiment telle, car il n'y a point d'opposition entre profane et sacré dans les oeuvres authentiquement humaines, qui, par conséquent, remontent à Dieu même, comme le proclame l'apôtre saint Paul en une expression classique : « Tout est à vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu » (I Cor. III, 23).

Les découvertes modernes ont leur place dans le plan de la Providence.

Les admirables progrès que la science et la technique ont obtenus en très peu de temps et continuent à réaliser sans signes de fatigue, soit dans les profondeurs sidérales, soit dans les viscères de la terre et dans les replis les plus secrets de la nature et de la vie, ne sont en réalité que la découverte et la possession de forces et de lois préexistantes, que le Créateur a disséminées dans l'univers et qui, depuis les débuts de la création, opèrent activement. Tout est donc un don de Dieu à l'avantage des hommes, et tout, le ciel et la terre, proclame la gloire du Donneur Suprême.

En ce qui concerne la découverte marconienne, il a été noté à plusieurs reprises qu'elle répond grandement aux besoins de l'humanité présente, qu'il s'agisse de lancer un S. O. S., comme cri d'angoisse désespérée invoquant le secours, ou de demander de régions lointaines un rare produit pharmaceutique qui sauvera un malade, ou de conclure des affaires économiques, spécialement si celles-ci visent au soulagement de peuples dans le besoin ou au bien-être commun ; mais, en général, les communications rapides, comme la radiotélégraphie et la radiotéléphonie, comme tous les autres systèmes compris sous le nom de télécommunications, satisfont à un profond et primordial désir de l'âme humaine. Pendant tant de siècles, les hommes, prisonniers de l'espace, peuvent maintenant faire entendre leur voix à leurs semblables où qu'ils se trouvent, au-delà des océans et des continents, sur l'immensité des mers et dans les hauteurs du ciel. Ils se parlent et se voient sur toute la terre, aussi le monde apparaît comme la maison des hommes, résonnant de leurs voix. De la sorte, il est inévitable, mais en même temps réconfortant que, se connaissant mieux et se parlant plus directement, ils se pénètrent sans cesse davantage de la grande loi de la solidarité, qui unit fraternellement les esprits, malgré les différences de race, de culture et d'intérêts. De même, les communications rapides contribuent à éclaircir le problème fondamental d'une coexistence et d'une vie commune harmonieuses entre les peuples, à aplanir les différends, à diffuser la conscience de la responsabilité morale de ceux qui ont le devoir, dans les organismes internationaux, de rendre effective la collaboration entre les nations.

Les télécommunications ont ainsi acquis une importance de premier ordre. Elles sont, sans aucun doute, un instrument efficace de progrès et de bien-être, mais à condition qu'elles soient mises au service de la vérité, également dans le domaine politique, au service du droit et de la justice, de l'estime et du respect que les hommes se doivent entre eux ; au-dessus des frontières des Etats ; au service de tout ce qui aide à les rendre moins étrangers et à susciter la compréhension réciproque. Rien ne contribue plus efficacement à obtenir ce résultat que la vérité, la grâce et l'amour apportés à la terre par le Divin Rédempteur. Ce sont là, en effet, les premiers facteurs irremplaçables de l'unité spirituelle des hommes. Promouvoir le plus largement possible leur diffusion dans les consciences humaines sera la plus noble tâche que peuvent assumer les télécommunications.

Aussi avons-Nous appris avec une vive satisfaction que votre troisième Congrès international des communications a voulu honorer d'un prix international l'installation d'un câble transocéanique, d'au moins trente-six circuits, entre la Grande-Bretagne et l'Amérique du Nord ; entreprise qui, de l'avis de hautes Académies scientifiques, est digne d'une grande considération.

technique doit servir et non asservir l'âme.

Cet incessant progrès de la technique laissera-t-il donc subsister l'inquiétude qui tourmente plus d'un contemporain en raison de la domination croissante de la technologie et de ses applications ? Son extraordinaire avance et son expansion en arriveront-elles à soumettre l'homme de plus en plus à la domination de processus matériels, jusqu'à lui soustraire son poste naturel et légitime de dominateur et d'arbitre de la réalité ? Cette pensée mérite, sans aucun doute, d'être considérée sérieusement ; toutefois, Nous estimons que toute influence nuisible à la dignité de la personne peut être éliminée, à condition que la technique, comme tout autre bien temporel, demeure toujours, en premier lieu, au service de l'âme, des fins spirituelles et des valeurs religieuses.

Tous les secteurs de la technique sont destinés et aptes à se prêter, plus ou moins directement, à un si haut service ; mais les communications, et en particulier la radiodiffusion, ont comme la prérogative de pouvoir être des véhicules directs et efficaces du message même du Christ. Le message du Christ à travers l'éther ou le long des câbles immergés dans les océans ! Quel privilège et quelle responsabilité pour les hommes du siècle présent ! et quelle différence entre les jours lointains, où l'enseignement de la vérité, le précepte de la fraternité, les promesses de la béatitude éternelle suivaient la lente marche des Apôtres sur les rudes sentiers du monde antique, et aujourd'hui, où l'appel de Dieu peut atteindre dans le même instant des millions d'hommes ! Il faut que sur le réseau serré des discours humains, qui traversent les espaces dans tous les sens, domine le langage éternel et sauveur de l'Evangile, le seul qui, soutenu par la grâce.


PieXII 1955 - FEDERATION ROUTIERE INTERNATIONALE