PieXII 1955 - S. CONGRÉGATION DES RITES


COMMUNIQUÉ CONCERNANT UNE RÉFORME DU BRÉVIAIRE

23 mars 1

La publication du décret général sur la simplification des rubriques a fait croire à de nombreux prêtres qu'une réforme du texte du bréviaire et du missel était imminente.

Il faut savoir qu'une telle réforme exigera encore plusieurs années ; et dès lors les bréviaires et missels actuels conservent leur valeur pratique, comme aussi ceux qui seront imprimés entre temps et qui doivent, selon les termes du Décret, être en tout conformes au texte actuel.


RÉPONSE A DES DOUTES CONCERNANT LA SIMPLIFICATION DES RUBRIQUES'

2 juin 1

Après promulgation du décret général De rubricis ad simpliciorem formam redigendis du 23 mars 1953, les questions suivantes ont été soumises à la Sacrée Congrégation des Rites pour leur explication convenable ; à savoir :

1. Peut-on célébrer la messe des défunts au choeur les jours allant du 2 au 5 janvier et du 7 au 12 de ce même mois ?

2. Doit-on dire, aux jours de l'octave supprimée de l'Epiphanie, à l'office férial, les antiennes pour le Benedictus et le Magnificat qui sont marquées pour chacun des jours durant l'octave ?

3. D'après le numéro 19, titre II, les dimanches marqués auparavant dans les octaves de l'Ascension, de la Fête-Dieu et du Sacré-Coeur de Jésus, l'office est dit « comme actuellement ». On demande : a) Quelle doit être la couleur des ornements ? b) Quelle Préface doit-on dire ?

4. Le nombre des mémoires dont parle le titre III, n° 4, a, b, c, doit-il s'entendre de façon que les mémoires admises soient toujours prseter et post, les mémoires qui ne doivent jamais s'omettre ?

5. Les fêtes dont on fait mémoire, d'après le titre III, n° 5, comportent-elles encore à l'office une IXe leçon historique ou évangélique ?

6. Si la fête d'un titre ou d'un mystère du Seigneur coïncide, en occurence, avec un dimanche, prend-elle alors des premières Vêpres ?

7. Au sujet de l'office de la Sainte Vierge Marie du samedi, on demande si cet office est réduit à une mémoire ?

8. Quelle antienne doit-on dire aux Vêpres du vendredi, au temps pascal, quand le jour suivant on fait l'office de la Sainte Vierge Marie ou d'une fête qui n'a pas de premières Vêpres ?

9. Au sujet des messes votives solennelles, on demande : si les rubriques qui prescrivent qu'il faut en faire mémoire sous une seule conclusion avec l'oraison du jour, quand on ne peut les célébrer, restent en vigueur ?

ïo. D'après le titre V, n° 4, doit-on omettre les Collectes impérées simpliciter par l'Ordinaire quand les oraisons à dire atteignent le nombre de trois ?

Et la Sacrée Congrégation des Rites, ayant entendu avis de la Commission spéciale, après un examen attentif de la question, a jugé devoir répondre (suivant le même ordre) :

I. Négativement.

IL Affirmativement.

III. Le dimanche pendant l'octave supprimée de l'Ascension, la couleur des ornements sera le blanc et on dira la Préface de l'Ascension ; les dimanches pendant les octaves supprimées de la Fête-Dieu et du Sacré-Coeur de Jésus, la couleur des ornements sera le vert et on dira la Préface de la Trinité.

IV. Négativement, d'après le numéro 3 du titre III qui prescrit de ne pas dépasser le nombre trois des oraisons.

V. Négativement.

VI. Affirmativement, parce que cette fête tient lieu de dimanche. VIL Négativement.

VIII. On doit dire l'antienne des deuxièmes Vêpres du dimanche précédent.

IX. Affirmativement, si l'oraison est prescrite sous forme de précepte. Négativement, si l'oraison est autorisée ad libitum. Mais lors des prières des Quarante-Heures, ou à l'occasion des expositions du Saint Sacrement qui peuvent se faire au cours de l'année, on doit toujours dire l'oraison du Très Saint Sacrement à toutes les messes — et celles-là seules — qui sont célébrées à l'autel de l'exposition.

X. On omet les Collectes impérées simpliciter par l'Ordinaire lorsque les oraisons, avec les Collectes, ont atteint le nombre de trois.


DÉCRET SUR L'ORDO LITURGIQUE DE LA SEMAINE SAINTE

ï6 novembre 1

Les plus grands Mystères de notre rédemption : la Passion, la mort et la résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ furent, depuis l'âge apostolique, célébrés chaque année dans une commémoraison toute spéciale par notre Sainte Mère l'Eglise. Les trois moments les plus saillants de ces Mystères étaient spécialement rappelés dans un triduum particulier, celui du Christ « crucifié, enseveli, ressuscité » 2 ; bientôt s'y joignit la solennelle mémoire de l'institution de la sainte Eucharistie ; et enfin, le dimanche qui précède immédiatement la Passion, s'ajouta la célébration liturgique de l'entrée triomphale de Notre-Seigneur Roi-Messie dans la sainte cité ; de là sortit une semaine liturgique particulière, qui en raison de l'excellence des mystères célébrés, fut appelée Semaine Sainte, et fut dotée de rites pleins de solennité et de piété.

Ces rites étaient au début, célébrés aux mêmes jours de la semaine, et aux heures mêmes où les très saints Mystères s'étaient accomplis. C'est ainsi que l'institution de la sainte Eucharistie était rappelée le jeudi soir par une messe solennelle in Coena Domini ; le vendredi, on célébrait, dans l'après-midi, l'action liturgique spéciale de la Passion et de la mort du Seigneur ; enfin le soir du samedi saint commençait la solennelle vigile qui, le matin suivant, se terminait dans la joie de la résurrection.

Mais au moyen âge, on commença à anticiper l'heure de la célébration liturgique de ces jours, sous l'influence de causes diverses, au point que, vers la fin de cette époque, toutes ces solennités liturgiques avaient été avancées au matin, non sans détriment certes du sens liturgique, ni sans désaccord entre les récits évangéliques et les représentations liturgiques s'y rapportant. En particulier, la solennelle liturgie de la vigile pascale, écartée de sa place propre pendant la nuit, perdit sa force significative originelle ainsi que le sens des paroles et des symboles. En outre, la journée du samedi saint, trop tôt envahie par la joie pascale, abandonna son caractère de deuil commémoratif de la sépulture du Seigneur.

Aux époques plus récentes, se produisit encore un autre changement très grave, lui, au point de vue pastoral. En effet, les jeudi, vendredi et samedi de la Semaine Sainte, avaient été pendant de longs siècles, du

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVII, 1955, p. 838 ; traduction française de l'Osservatore Romano, du 9 décembre 1955.

2 S. Augustin, Ep. LV, 14.

nombre des jours de fête, pour que le peuple chrétien tout entier, libéré des travaux serviles, puisse participer aux cérémonies de ces jours ; mais au cours du XVIIe siècle, à cause des profonds changements des conditions de la vie sociale, les Pontifes romains eux-mêmes furent amenés à diminuer le nombre des jours de fête. Ainsi Urbain VIII, par la Constitution apostolique Universa per Orbem du 24 septembre 1642, se vit obligé de ranger également le triduum sacré de la Semaine Sainte, non plus parmi les jours de fête, mais parmi les jours ouvrables.

Par conséquent, l'assistance des fidèles à ces rites sacrés décrut nécessairement du fait surtout que leur célébration avait été anticipée depuis longtemps déjà aux heures du matin, moment où, les jours de semaine, l'enseignement, les occupations professionnelles et les affaires publiques de tout genre, ont habituellement lieu partout. L'expérience commune et quasi universelle enseigne, en effet, que ces solennelles et imposantes fonctions liturgiques du triduum sacré sont accomplies ordinairement par le clergé, dans des églises presque désertes.

Cela était certes très regrettable. Les rites liturgiques de la Semaine Sainte, en effet, ne jouissent pas seulement d'une singulière dignité, mais aussi d'une force et d'une efficacité sacramentelle particulière pour nourrir la vie chrétienne. Ils ne peuvent obtenir une juste compensation par ces pieux exercices de dévotion qu'on appelle extraliturgiques et qui ont lieu l'après-midi, pendant le triduum sacré.

C'est pourquoi, des spécialistes des questions liturgiques, des prêtres ayant charge d'âmes, et en tout premier lieu les évêques eux-mêmes ont, ces dernières années, présenté au Saint-Siège des voeux instants pour que les fonctions liturgiques du triduum sacré soient ramenées comme autrefois à l'après-midi, afin que tous les fidèles puissent plus facilement participer à ces rites.

La chose mûrement pesée, le Souverain Pontife Pie XII, dès l'année 195a, rénova la liturgie de la vigile pascale, par une mesure provisoire, au gré des évêques et à titre d'expérience.

Or, comme cette expérience a rencontré partout le plus grand succès — ainsi que l'ont rapporté au Saint-Siège la plupart des Ordinaires - ; comme, d'autre part ceux-ci n'ont pas manqué de réitérer leurs instances, demandant que pour les autres jours de la Semaine Sainte, comme pour la vigile pascale, il y ait une semblable rénovation liturgique, rétablissant les fonctions aux heures du soir ; comme enfin les messes du soir prévues par la Constitution apostolique Christus Dominus du 6 janvier 1953 3,

sont partout célébrées avec un plus grand concours de peuple ; ayant considéré toutes ces raisons, Sa Sainteté le Pape Pie XII, ordonna que la Commission constituée par lui pour la réforme liturgique, examinât cette question de la rénovation de l'Ordo de la Semaine Sainte et présentât ses conclusions. Celles-ci obtenues, Sa Sainteté décida que, en raison de l'importance de la chose, toute la question fût soumise à un examen spécial des cardinaux de la Sacrée Congrégation des Rites.

Ceux-ci, réunis au Vatican, le 19 juillet de cette année, en congrégation extraordinaire, étudièrent mûrement la question et jugèrent bon à l'unanimité, d'approuver et de prescrire l'Ordo rénové de la Semaine Sainte, sous réserve de l'approbation du Souverain Pontife.

Le cardinal préfet soussigné, ayant rapporté tout cela en détail au Souverain Pontife, celui-ci a daigné approuver le résultat des délibérations des cardinaux.

C'est pourquoi, par mandement spécial de Sa Sainteté Pie XII, Pape par la divine Providence, la Sacrée Congrégation des Rites établit ce qui suit :

I. — Caractère obligatoire de l'Ordo rénové de la Semaine Sainte

Ceux qui suivent le rite romain sont tenus désormais d'observer l'Ordo rénove de la Semaine Sainte décrit dans l'édition typique vaticane. Ceux qui suivent d'autres rites latins sont tenus seulement d'observer le temps des cérémonies liturgiques établi dans le nouvel Ordo.

2. Ce nouvel Ordo doit être observé à partir du 25 mars, deuxième dimanche de la Passion, c'est-à-dire dimanche in Palmis, de l'année 1956.

3. Pendant toute la Semaine Sainte aucune commémoraison n'est admise, et à la messe sont interdites également les oraisons impérées à quelque titre que ce soit.

II. — Heure convenable à laquelle doit être célébrée la liturgie de la

Semaine Sainte

L'office divin

4. Le deuxième dimanche de la Passion, ou dimanche in Palmis, les lundi, mardi et mercredi de la Semaine Sainte, l'office divin a lieu aux heures habituelles.

5. Pendant le triduum sacré, c'est-à-dire, le jeudi in Cozna Domini, le vendredi in Passione et Morte Domini, et le samedi saint, si l'office est exécuté au choeur ou en commun, on observera ce qui suit :

Matines et Laudes ne sont pas anticipées le soir, mais sont dites le matin, à l'heure convenable. Dans les églises cathédrales cependant, comme le jeudi in Cozna Domini la messe chrismale est célébrée le matin, Matines et Laudes de ce même jeudi peuvent être anticipées le soir.

Les Petites Heures sont dites à l'heure convenable.

Les Vêpres du jeudi et du vendredi sont omises puisque les offices liturgiques principaux de ces jours occupent leur place. Mais le samedi saint elles sont dites dans l'après-midi à l'heure habituelle.

Compiles sont dites le jeudi et le vendredi après les offices liturgiques du soir ; le samedi saint elles sont omises.

Dans la récitation privée, ces trois jours, toutes les heures canoniques doivent être dites suivant les rubriques.

La messe ou action liturgique principale

6. Le deuxième dimanche de la Passion, la bénédiction solennelle et la procession des rameaux ont lieu le matin à l'heure habituelle ; au choeur, après Tierce.

7. Le jeudi in Ccena Domini, la messe chrismale est célébrée après Tierce. Mais la messe in Ccena Domini doit être célébrée le soir, à l'heure la plus favorable, non cependant avant 17 heures ni après 20 heures.

8. Le vendredi in Passione et Morte Domini, la solennelle action liturgique est célébrée l'après-midi, vers 15 heures ; si toutefois une raison pastorale le conseillait, il serait permis de choisir une heure plus tardive non cependant au-delà de 18 heures.

9. La solennelle vigile pascale doit être célébrée à l'heure convenable, c'est-à-dire à celle qui permette de commencer la messe solennelle de cette vigile vers le milieu de la nuit entre le samedi saint et le dimanche de la Résurrection.

Là où cependant, vu les conditions des fidèles et des lieux, il conviendrait, au jugement de l'Ordinaire, d'anticiper l'heure de la célébration de la vigile, celle-ci ne doit pas commencer avant le crépuscule, ou en tout cas pas avant le coucher du soleil.

III. - Prolongation de l'abstinence et du jeûne du carême jusqu'au

samedi saint à minuit

10. L'abstinence et le jeûne prescrits pour les temps du Carême, qui jusqu'ici, d'après le canon 1252 40, cessaient le samedi saint après-midi, cesseront désormais le samedi saint à minuit.

Nonobstant toute chose contraire. C. Card. Cicognani, Praefectus.


INSTRUCTION POUR L'APPLICATION DU NOUVEL ORDO

Comme le dessein de l'Ordo rénové de la Semaine Sainte vise à ce que la vénérable liturgie de ces jours, rétablie aux heures propres et en même temps opportunes, puisse être suivie par les fidèles d'une manière plus facile, plus pieuse et plus fructueuse, il est d'une extrême importance que ce salutaire dessein atteigne le but souhaité.

C'est pourquoi il est apparu opportun à la Sacrée Congrégation des Rites d'ajouter au décret général de rénovation de l'Ordo de la Semaine Sainte une instruction qui rende plus facile le passage aux nouvehes dispositions et qui conduise plus sûrement les fidèles à retirer des fruits plus abondants d'une participation vivante aux cérémonies sacrées.

En conséquence, la connaissance et l'observation de cette instruction sont prescrites à tous les intéressés.

I. — Préparation pastorale et rituelle

1. Les Ordinaires des lieux pourvoiront avec soin à ce que les prêtres, surtout ceux qui ont charge d'âmes, soient bien informés, non seulement de la célébration rituelle de l'Ordo rénové de la Semaine Sainte, mais de son sens liturgique et de son dessein pastoral.

Qu'ils aient soin également que, pendant le saint temps du Carême, les fidèles eux aussi, soient instruits avec diligence, pour bien comprendre l'Ordo rénové de la Semaine Sainte, de façon que d'esprit et de coeur, ils participent avec dévotion à cette célébration.

2. Les principaux points de l'instruction à donner aux fidèles, sont les suivants :

a) pour le deuxième dimanche de la Passion, appelé in Palmis.

Les fidèles seront invités à s'assembler plus nombreux pour la solennelle procession des rameaux, afin de rendre au Christ-Roi un témoignage public d'amour et de reconnaissance.

En outre, les fidèles seront invités à s'approcher en temps voulu, au cours de la Semaine Sainte, du sacrement de pénitence. On devra insister sur cet avertissement, spécialement dans les endroits où l'habitude a prévalu que les fidèles se pressent comme en troupeau au saint tribunal le soir du samedi saint et le dimanche de la Résurrection du Seigneur. Ceux qui ont charge d'âmes, s'appliqueront donc à faciliter aux fidèles, pendant toute la Semaine Sainte, mais surtout pendant le triduum sacré, l'occasion de s'approcher du sacrement de pénitence.

b) pour le jeudi in Coena Domini.

On instruira les fidèles de l'amour avec lequel le Christ Notre-Seigneur, « la veille de sa Passion », institua la sainte Eucharistie, sacrifice et sacrement mémorial perpétuel de sa Passion, à célébrer à jamais par la main des prêtres.

On invitera aussi les fidèles à rendre après la messe in Coena Domini l'adoration qui lui est due à l'auguste sacrement. Enfin, là où le lavement des pieds, signe du commandement d'amour fraternel du Seigneur, est accompli à l'église, selon les rubriques de l'Ordo rénové, on instruira les fidèles de la profonde signification de ce rite et de la convenance qu'il y a pour eux-mêmes en ce jour, à multiplier les oeuvres de la charité chrétienne.

c) pour le vendredi in Passione et Morte Domini.

On préparera les fidèles à une juste compréhension du caractère unique de l'Action liturgique de ce jour, dans laquelle, après les Leçons sacrées et les Oraisons, est chantée solennellement la Passion de Notre-Seigneur ; où sont offertes des prières pour les nécessités de l'Eglise entière et du genre humain, où est adorée ensuite avec la plus grande piété, par la famille chrétienne, clergé et peuple, la sainte Croix, emblème de notre rédemption ; enfin, selon les rubriques de l'Ordo rénové, et comme ce fut la coutume pendant de longs siècles, tous ceux qui le désirent et sont bien préparés, peuvent accéder aussi à la sainte communion, dans cet esprit que, recevant avec piété le corps du Seigneur livré ce jour pour tous, ils en retirent de plus abondants fruits de rédemption.

En outre, les prêtres insisteront pour que les fidèles gardent en ce saint jour un pieux recueillement, et qu'ils n'oublient pas la loi de l'abstinence et du jeûne.

à) pour le samedi saint et la vigile pascale.

Il faut en premier lieu, instruire avec soin les fidèles de la nature liturgique particulière du samedi saint. C'est un jour de très grand deuil, pendant lequel l'Eglise s'attarde au sépulcre du Seigneur, méditant sa Passion et sa mort, s'abstenant du sacrifice de la messe, la table sainte restant dépouillée ; jusqu'à ce que, après la vigile solennelle, attente nocturne de la résurrection, on accueille la joie pascale, dont la profusion déborde sur les jours suivants.

Le dessein et le but de cette vigile, c'est de signifier et de rappeler par l'action liturgique comment vie et grâce ont jailli pour nous de la mort du Seigneur. Ainsi, sous le signe du cierge pascal, c'est le Seigneur lui-même « Lumière du monde » (Jn 8,12), qui nous est présenté ;

Lui qui, par la grâce de cette lumière, a dissipé les ténèbres de nos péchés. On proclame ensuite le Prseconium pascal, dans lequel est chantée la splendeur de la sainte nuit de la Résurrection ; on commémore les hauts faits de Dieu accomplis sous l'Ancienne Alliance, pâles figures des merveilles du Nouveau Testament. On bénit l'eau baptismale, dans laquelle « ensevelis avec le Christ », pour mourir au péché, nous ressuscitons avec Lui, afin de «marcher dans une vie nouvelle» (Rom. VI, 4). Ensuite, cette grâce que le Christ mérita pour nous et nous conféra au baptême, nous nous engageons, par le renouvellemnet des promesses de ce même baptême, à en témoigner devant tous par toute notre vie ; enfin, après avoir imploré l'intercession de l'Eglise triomphante, on termine la sainte vigile par la messe solennelle de la Résurrection.

3. La préparation rituelle de ces cérémonies sacrées de la Semaine Sainte n'est pas moins nécessaire.

C'est pourquoi, tout ce qui concourt à la piété et à la beauté de la célébration liturgique de cette semaine très sainte, doit être préparé et ordonné avec soin ; en outre, les ministres sacrés et tous les autres ministres inférieurs, clercs ou laïcs — tout spécialement si ce sont des enfants — seront formés avec diligence aux fonctions qu'ils auront à remplir.

IL — Remarques sur quelques rubriques de l'Ordo de la Semaine Sainte

a) pour toute la Semaine Sainte.

4. Là où il se trouve un nombre suffisant de ministres sacrés, les fonctions sacrées de la Semaine Sainte seront accomplies avec toute la splendeur des rites sacrés. Là où toutefois les ministres sacrés feraient défaut, on utilisera le rite simplifié, en observant les rubriques particulières, comme il est indiqué en son lieu.

5. Dans l'Ordo rénové de la Semaine Sainte, chaque fois qu'il est dit ut in breviario romano, tout doit être pris dans ce livre liturgique, en observant cependant les normes fixées par le décret général de la Sacrée Congrégation des Rites : de rubricis ad simpliciorem formam redigendis du 23 mars 1955.

6. Pendant toute la Semaine Sainte, soit à partir du deuxième dimanche de la Passion ou dimanche in Palmis, jusqu'à la messe de la vigile pascale inclusivement, à la messe (et le vendredi dans la solennelle action liturgique) si elle est célébrée solennellement, c'est-à-dire avec ministres sacrés, tout ce que le diacre, le sous-diacre ou le lecteur chantent ou lisent de par leur fonction propre, est omis par le célébrant.

b) pour le deuxième dimanche de la Passion ou in Palmis.

7. A la bénédiction et à la procession, on emploiera des branches de palmier, d'olivier ou d'autres arbres. Ces branches, selon les divers usages des lieux, ou bien sont préparées par les fidèles eux-mêmes et sont apportées à l'église, ou bien, la bénédiction accomplie, sont distribuées aux fidèles.

c) pour le jeudi in Ccena Domini.

8. Pour la reposition solennelle du Saint Sacrement, on préparera un lieu convenable dans quelque chapelle ou à quelque autre autel de l'église, selon la prescription du missel romain, et on l'ornera aussi dignement que possible de tentures et de lumières.

9. Conformément aux décrets de la Sacrée Congrégation des Rites sur les abus à éviter ou à proscrire dans la préparation de ce lieu, l'austérité qui convient à la liturgie de ces jours est absolument recommandée.

10. Les curés ou recteurs d'églises avertiront en temps voulu les fidèles, que l'adoration publique de la sainte Eucharistie commencera dès la fin de la messe in Ccena Domini, et qu'elle continuera au moins jusqu'à minuit, c'est-à-dire lorsque, à la commémoraison liturgique de la sainte Eucharistie, succède la mémoire de la Passion et de la mort du Seigneur.

d) pour la vigile pascale.

11. Rien n'empêche que les signes à graver au stylet par le célébrant sur le cierge pascal, soient préparés auparavant au moyen de couleurs, ou de quelque autre façon.

12. Il convient que les cierges que portent le clergé et le peuple, restent allumés pendant qu'on chante le Przconium pascal et que l'on procède à la rénovation des promesses baptismales.

13. Il est bon que le vase contenant l'eau à bénir soit orné convenablement.

14. Si l'on doit administrer le baptême, spécialement à plusieurs sujets, il est permis d'anticiper, le matin de ce même jour, à une heure opportune, les cérémonies du rituel romain qui précèdent la collation elle-même du baptême, c'est-à-dire, pour le baptême des enfants, jusqu'au mot Créais (Rit. rom., tit. III, cap. II, n. 12), et pour le baptême des adultes jusqu'aux mots Qhi's vocaris ? (Rit. rom., tit. III, cap. IV, n. 38).

15. S'il y a également au cours de cette vigile solennelle, des Ordinations à conférer, c'est avant la bénédiction pontificale, que le Pontife placera, cette nuit, la dernière monition (avec l'imposition de ce qu'on appelle la « pénitence ») qui d'après le pontifical romain trouve place après cette bénédiction pontificale et avant le dernier évangile.

16. A la vigile de la Pentecôte, omettant les Leçons ou Prophéties, ainsi que la bénédiction de l'eau baptismale et les Litanies, on commence de la manière habituelle la messe, même conventuelle, solennelle ou chantée, après les prières au pied de l'autel, par l'Introït Cum sanctificatus. fuero, comme il est indiqué à ce jour dans le missel romain pour les messes privées.

III. - La messe, la sainte communion et le jeûne eucharistique pendant le triduum sacré

17. Le jeudi in Ccena Domini, il faut conserver la très antique tradition de l'Eglise romaine, selon laquelle la célébration des messes privées étant interdite, tous les prêtres et tous les clercs assistent au sacrifice in Ccena Domini pour s'approcher de la sainte Table (cf. can. 862).

Là où toutefois, une raison pastorale le demanderait, l'Ordinaire du lieu pourrait permettre une ou deux messes basses dans chaque église ou oratoire public, et une seule messe basse dans les oratoires semi-publics : cela, dans le but de permettre à tous les fidèles, en ce saint jour, d'assister au sacrifice de la messe et de recevoir le corps du Christ. Ces messes sont permises entre les mêmes heures que celles assignées pour la messe solennelle in Ccena Domini (décret n. 11, 7).

18. Ce jeudi in Ccena Domini, on ne peut distribuer aux fidèles la sainte communion qu'aux messes du soir ou immédiatement après ; de même, le samedi saint on ne peut la donner que pendant la messe ou immédiatement après ; mis à part le cas des infirmes et de ceux qui sont en danger de mort.

19. Le vendredi in Passione et Morte Domini, on peut distribuer la communion uniquement pendant la solennelle action liturgique de l'après-midi ; mis à part également le cas des infirmes et de ceux qui sont en danger de mort.

20. Les prêtres qui célèbrent la messe solennelle de la vigile pascale à l'heure qui lui est propre, c'est-à-dire après le milieu de la nuit du samedi au dimanche, peuvent célébrer dans la journée du dimanche de la Résurrection, la messe de la fête, et cela, deux ou trois fois, s'ils en ont l'induit.

21. Les Ordinaires des lieux qui le jeudi in Ccena Domini auront célébré le matin la messe chrismale, peuvent le soir célébrer la messe solennelle in Ccena Domini. Et le samedi saint, s'ils ont voulu célébrer la solennelle vigile pascale ils peuvent, sans y être tenus, célébrer dans la journée de la Résurrection du Seigneur la messe solennelle.

22. Pour le jeûne eucharistique, on observera les normes fixées dans la Constitution apostolique Christus Dominus du 6 janvier 1953 1.

IV. — Solutions à quelques difficultés

23. Comme dans les différents lieux et nations, on compte un certain nombre de coutumes populaires liées à la célébration de la Semaine Sainte, les Ordinaires des lieux et les prêtres ayant charge d'âmes, veilleront à ce que les coutumes de ce genre qui semblent favoriser une piété solide soient prudemment mises en harmonie avec l'Ordo rénové de la Semaine Sainte. On enseignera, en outre, aux fidèles la valeur suprême de la sainte liturgie qui toujours, mais spécialement en ces jours, l'emporte de beaucoup par sa nature sur toutes les autres sortes de dévotion et de coutumes, si bonnes soient-elles.

24. Là où jusqu'à maintenant, était établie la coutume de bénir les maisons dans la journée du samedi saint, les Ordinaires des lieux édicte-ront les dispositions convenables pour que cette bénédiction soit faite en un temps plus opportun, avant ou après la fête de Pâques, par les curés ou par d'autres prêtres ayant charge d'âmes délégués par eux, qui saisissant cette occasion, visiteront paternellement les fidèles à eux confiés, et se rendront compte de leur niveau spirituel (can. 462, n. 6°).

25. La sonnerie des cloches prescrite au début de l'hymne Gloria in excelsis, le jeudi in Ccena Domini à la messe solennelle du soir et le samedi saint à la messe de la vigile, se fera de la manière suivante :

a) aux endroits où il n'y a qu'une église, on sonnera les cloches à l'heure où commencera le chant de cet hymne ;

b) mais aux endroits où il y a plusieurs églises, que les cérémonies sacrées soient exécutées dans toutes en même temps, ou qu'elles le soient à des heures différentes, on sonnera les cloches dans toutes les églises du même lieu, en même temps que celles de l'église cathédrale, mère ou principale. Dans un lieu où il y aurait un doute sur celle des églises qui serait mère ou principale, on recourra à l'Ordinaire du lieu.

C. Card. Cicognani, Praefectus.



ACHEVÉ D'IMPRIMER EN LA FÊTE DE SAINT AUÇUSTIN LE 28 AOUT 1957, SUR LES PRESSES DE L'OEUVRE SAINT-AUQUSTIN, A SAINT-MAURICE, SUISSE



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