Pie XII 1957 - DISCOURS AUX MUTUELLES DES CULTIVATEURS DIRECTS D'ITALIE


RADIOMESSAGE A LASSOCIATION DE LA PRESSE CATHOLIQUE DES ÉTATS-UNIS

(17 mai 1957) 1




Le vendredi 17 mai, le Saint-Père a adressé un radiomessage à l'Assemblée nationale annuelle de la Presse catholique des Etats-Unis, tenue à Saint-Louis sous la présidence de Son Exc. Mgr Gorman, évêque de Dallas-Fort Worth. Voici la traduction du texte original anglais :

Nous sommes sincèrement reconnaissant à Notre Vénérable Frère, le président d'honneur de la Presse catholique des Etats-Unis, pour le plaisir qu'il Nous a procuré de Nous adresser à l'assemblée annuelle de ses membres. Nous saisissons volontiers l'occasion de dire un mot d'éloge et d'encouragement pour ceux qui, très certainement, sont à l'avant-garde des champions de la cause du Christ dans votre pays.



L'influence de la presse sur la formation des courants de pensée.

En ces jours et dans une nation où la liberté de la presse est établie par la loi, il ne serait pas nécessaire d'insister sur l'importance de la presse catholique. Le pouvoir de la parole écrite est défié aujourd'hui par d'autres moyens modernes de communication ; toutefois on ne peut nier la grande influence exercée encore par la presse dans la formation de courants de pensée, qui voudraient tout d'abord affaiblir, puis subvertir les principes de la foi chrétienne et de la conduite morale correcte. La jouissance de la complète liberté, comme vous le savez parfaitement, accroît le danger que seule une opinion publique éclairée et courageuse peut conjurer ou atténuer. Les journaux, magazines et revues, hebdomadaires et trimestriels, membres de votre association, ainsi que le nombre croissant de livres écrits par des catholiques, ont la tâche et l'ambition, nobles et vraiment patriotiques, d'aider cette opinion publique à trouver et suivre la voie de la vérité et de la justice, et, laissez-Nous le dire simplement et sincèrement, d'une sainte vie. Si vous réussissez en cela, vous aurez apporté une importante contribution à la paix, à la prospérité et au pouvoir bienfaisant de votre cher pays.



Une grave responsabilité des jeunes intellectuels catholiques : sou-ir la bonne presse.

Evidemment, l'influence de la presse catholique sera en proportion de l'influence et du nombre de ses lecteurs. Et ici, devant cette assemblée, Nous voudrions adresser un fervent et paternel appel aux collèges et universités catholiques d'un bout à l'autre de la nation. Nous avons vu de Nos yeux beaucoup de vos imposantes institutions d'enseignement et Nous avons admiré tout ce qu'elles expriment de la foi et de la générosité de votre peuple et du dévouement personnel du clergé et des ordres et instituts religieux, dont l'application incessante à l'étude, à la recherche et à l'enseignement les maintient à leur haut niveau de savoir. N'est-il pas juste d'attendre que les étudiants et les diplômés de ces écoles soient le principal soutien de la presse et de la littérature catholiques ? Le sont-ils ? Il est fait beaucoup, Nous en sommes sûr, pour guider le goût des étudiants dans la lecture ; et si, en même temps, ils étaient amenés à réaliser la responsabilité qui attend le laïcat catholique aujourd'hui et, en conséquence, leur besoin d'approfondir par une étude continue leur compréhension de la foi, qui est leur plus précieux héritage ; s'ils saisissaient la nature et l'ampleur des conséquences en jeu dans la lutte permanente que l'Eglise a à soutenir en face de ceux qui, par ignorance ou hostilité méchante, l'outragent et la dénaturent, elle et ses enseignements, voudraient-ils s'abandonner avec faiblesse à des lectures légères et insignifiantes ? Ne voudraient-ils pas, avec une mentalité plus vigoureuse, s'adresser plutôt, dans un vif sentiment de noblesse, aux meilleures sources catholiques d'information et d'instruction ?



Les trois exigences du journalisme catholique : compétence professionnelle, obéissance à l'Eglise, recherche sincère du Royaume de Dieu.

La presse catholique est là qui vise à leur offrir les conseils et directions nécessaires. Nous indiquons que le succès de ce haut apostolat posera trois exigences aux membres de votre association. Tout d'abord, ils doivent démontrer leur compétence, acquise par une sérieuse étude et une sûre maîtrise des principes fondamentaux de la philosophie et de la théologie chrétiennes, et rendue évidente par l'expression claire et soigneuse de solides jugements concernant les importants problèmes du jour. Deuxièmement, ils doivent refléter dans leurs écrits l'unité, l'unicité de l'Eglise dans sa foi et son enseignement moral. C'est à ses apôtres et, par eux, à leurs successeurs que le Christ Notre-Seigneur confia la vérité qu'il était venu ici-bas communiquer aux hommes. Le rôle d'enseignement dans son Eglise, comme chacun sait, appartient à l'Evêque de Rome, son vicaire sur la terre, pour tout le corps des fidèles et aux nombreux évêques pour les groupes de membres de l'Eglise confiés par ce vicaire à leur soin pastoral. Dans l'accomplissement de leur grave devoir d'enseignement, les évêques auront recours à l'aide de prêtres et aussi de laïcs, dont toutefois l'autorité pour l'enseignement ne résultera pas de leur supériorité personnelle dans le savoir, mais de la mission qui leur a été confiée par les évêques. La presse, comme tous les fidèles, leur accordera une loyale soumission. Mais en ce qui concerne les questions sur lesquelles les maîtres divinement désignés n'ont pas rendu de jugement — et le champ est vaste et varié, à l'exception de celui de la foi et de la morale — la libre discussion sera entièrement légitime, et chacun peut soutenir et défendre sa propre opinion. Mais une telle opinion doit être présentée avec la modération nécessaire ; et personne ne condamnera un autre simplement parce qu'il n'est pas d'accord avec son opinion à lui, et encore moins ne contestera sa loyauté.

Ce lien désiré d'union assuré et scellé par la justice et la charité sera impossible à briser, si — et c'est la troisième exigence posée à vos membres — si tous sont toujours conscients de l'unique et sublime but que tous et chacun d'entre vous s'efforcent d'atteindre : — l'expansion du royaume de vérité et de salut du Christ, parmi les hommes. Ce but est dans l'ordre divin de la création. Vous qui y visez, vous avez un caractère qui vous met à part des écrivains ordinaires. Les problèmes concrets, non pas d'un monde idéal, mais de ce monde dans lequel vous vivez et travaillez ici et maintenant, réclament des solutions, et vous devez lutter pour elles ; mais aucune solution, vous le savez, ne sera appropriée ni sûre si elle n'est pas contenue dans les limites clairement fixées par la Vérité et la Bonté infinies. La vision intime de chacun doit donc s'élever des complexités sombres et confuses d'un monde éphémère pour conserver nettement la vue de la pure et blanche lumière de l'éternité. La Presse catholique est offerte et consacrée à Dieu, lui demandant qu'il veuille bien l'utiliser comme un instrument approprié et efficace pour ouvrir à tous les hommes et leur faciliter la voie à la vie éternelle, qui est, a dit la divine Sagesse, de le connaître Lui qui est le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ qu'il envoya.

A Notre Vénérable Frère, votre président d'honneur, à tous Nos Vénérables Frères dont le zèle pastoral guide et encourage la Presse catholique, à tous les membres de votre association et aux êtres qui leur sont chers chez eux, d'un coeur plein de joie pour votre dévouement et votre succès et avec une affection paternelle Nous donnons la Bénédiction apostolique.

RADIOMESSAGE POUR LE IVe CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL ESPAGNOL
(19 mai 1.957) 1






Le dimanche 19 mai, le Souverain Pontife a adressé au IVe Congrès eucharistique national d'Espagne, tenu à Grenade sous la présidence de Son Em. le cardinal Pia y Deniel, archevêque de Tolède, un radiomessage en espagnol dont voici la traduction :

Vénérables Frères et chers fils, qui, dans la ville historique de Grenade, êtes sur le point de conclure le IVe Congrès eucharistique espagnol :

Benedictus Deus et Pater Domini Nostri Jesu Christi (II Cor. i, 3) « Béni soit Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation », qui vous a permis de jouir de cette heureuse journée, où la série des hommages publics et nationaux au Seigneur dans le Saint Sacrement a pu être reprise dans cette nation bien aimée, après une si longue parenthèse.

Ce fut Valence, la perle du Turia, qui avant toute autre, dans le lointain 1893, semblait pouvoir exiger ce privilège, ayant été le berceau de l'Adoration nocturne et la patrie de saint Pascal Baylon, et offrit son cadre pour le premier Congrès ; elle fut suivie trois ans plus tard, avec le second, par la très antique et lointaine Lugo, la cité de l'exposition perpétuelle du Saint Sacrement ; puis, plus tard, en 1926, ce fut l'inoubliable assemblée de Tolède, qui, avec son ostensoir d'Arfe et son « Transparent », semble avoir mis l'art au service du Sacrement des autels. Et c'est seulement aujourd'hui, après trois décades des plus agitées, que se complète, comme un arc-en-ciel de paix, dans un nouveau ciel, cette grande croix tracée sur le sol national, et précisément dans la très noble ville de Grenade, qui, renouvelant les splendeurs des temps où elle était appelée la « Damas d'Andalousie », s'est entièrement transformée en un autel, dont le baldaquin est le bleu si pur de son ciel clair, dont le retable est formé par les fonds neigeux de sa Sierra Nevada, avec les verts incomparables de sa féconde vallée, dont les vases de fleurs sont les jardins parfumés de l'Alhambra et du Generalife, se reflétant dans les eaux claires du Darro et Genil.

Dans ce temple sans pareil, chantant l'Amour par excellence, chantant son Seigneur, chantant ce Dieu, c'est toute l'Espagne qui est là, celle des Conciles de Tolède, avec son antique foi en la présence réelle 2 ; celle des grands Pères défenseurs de cette même croyance : Leandre, Ildefonse, Braulio et, surtout, le grand Isidore 3 ; celle des insignes peintres eucharistiques, celle qui a su faire de sa profonde dévotion pour Jésus-Sacrement une de ses caractéristiques religieuses. Et, heureuse Grenade, ne sont-ils donc pas les tiens ces chanteurs des gloires du grand Sacrement que furent le très pieux frère Luis, le très zélé Juan d'Avila, le très savant Francisco Suarez ou ce pédagogue eucharistique qui s'appelait Don Andres Manjon ? La voix de l'éloquent frère Diego de Cadix, toujours pleine de tendresse envers le Dieu fait homme, ne résonna-t-elle point dans tes églises et ne fus-tu pas témoin des ardeurs séraphiques, devant le tabernacle, de ce héros de la charité qui s'appelait Jean de Dieu ?



Le Christ, centre de toute vérité et origine de toute vie.

Il n'y a donc rien de nouveau si, aujourd'hui, vous avez tous voulu, très chers fils catholiques espagnols, offrir cet hommage spécial à celui que vous avez toujours acclamé comme but ultime de vos intelligences et de vos coeurs, à celui que — vous avez toujours reconnu comme centre de toute vérité et origine de toute vie.

2 Cf. L'Eucharistia nei primi tre Concilii di Toledo, di G. Lachello, Pont. Univ. Grego-riana, 1938.

3 De eccles. officiis, lib. i, chap. 18 - Migne, P. L., t. 83, col. 755.




Ego sum veritas semble-t-il vous dire lui-même, caché sous les espèces sacramentelles. Et vous en l'adorant, on dirait que vous le reconnaissez, parce que vous proclamez en vous proster-



nant à genoux sa divinité et vous affirmez votre foi en Lui ; en allant à Lui suppliants, vous manifestez votre condition de membres d'une nature déchue qui sent le besoin d'aide ; en le chantant, victime immolée, vous lui démontrez votre gratitude pour le bien inestimable de la Rédemption, source de tous nos biens ; en le proclamant glorieux triomphateur de la mort, vous acceptez l'argument définitif de sa très sainte résurrection, prélude certain de la vôtre.

Mais II dit aussi ego sum vita, et l'on pourrait bien assurer que vous le Lui répétez en accourant, en ce moment, vers l'autel, le regard anxieux, comme, un jour, dans le désert, les foules du peuple d'Israël accouraient vers Moïse pour ne pas mourir de soif (Ex. xvii ; Nomb. xx). Le monde est comme un désert spirituel et, dans ce désert, il n'y a pas d'autre eau que cette grâce divine par laquelle nous sommes sauvés (Eph. h, 5) et qu'il nous offre avec abondance et surabondance (Jean x, 10) ; il n'y a point d'autre eau que cette grâce qui vous parvient par les divins canaux que sont les Sacrements. Et le premier, le centre de tous, celui auquel tous sont ordonnés, c'est ce mystère ineffable, perfection de tous les autres, dans lequel, d'une manière ou d'une autre, on participe à la vie du Christ4.



Le Saint Sacrement de l'autel, manifestation de la charité de Dieu.

* S. Thomas, 3 p. q. 65, a. 3.




Cependant, si vous voulez réunir toutes les idées de votre Congrès, comme il Nous a semblé le noter, dans la vision de Christ-Hostie-Amour, alors, certes, il apparaît avec une évidence lumineuse que, précisément dans ce Sacrement, Il est la Vérité, parce que se trouve en Lui la plus grande de toutes les vérités. Deus caritas est (I Jean vi, 16). Seule la charité d'un Dieu manifestée spécialement dans le Saint Sacrement de l'autel a rendu possibles tant de mystères de notre sainte Foi, que nous ne pouvons comprendre qu'en tant qu'effluves de cette charité ; alors oui, on voit avec l'évidence du plein jour qu'il est la vie, parce que pour vivre il est indispensable de s'unir à Lui, et cette union ne s'accomplit que dans la charité, ne se perfectionne que dans l'amour, dans cet amour et dans cette union qui sont capables de toutes les merveilles.

Que cette vérité ne s'éloigne jamais de vos pensées, très chers fils, afin que vous ne vous laissiez jamais séduire par les mirages des autres doctrines, qui n'ont pu résister à la lumière de l'Eucharistie, comme les oiseaux nocturnes ne peuvent résister à la splendeur du soleil ; que cette vie ne meure jamais dans vos âmes, mais se conserve toujours en pleine vigueur pour se transformer ensuite spontanément dans toutes vos actions, en vous aimant les uns les autres, pour affronter ensemble, avec sérénité, les temps que vous prépare la Providence, dans un sincère esprit de paix, de collaboration, de recours constant à Dieu et de confiance dans vos grands destins. Puissiez-vous trouver dans cette source de grâce les forces nécessaires pour vous sanctifier, « dans l'accomplissement exact de tous vos devoirs » 5 ; qu'elle procure réellement « la lumière à vos intelligences, la paix à vos esprits, l'obéissance et la vigueur à vos volontés, le feu de la charité à vos âmes et des ailes à vos pieds pour apporter à vos frères, absents et égarés, le message de votre amour » *.

Et que la Bénédiction de Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, descende sur vous tous ; sur vous, très cher fils, Notre Légat, qui si dignement et dans une vieillesse qui demeure vigoureuse et féconde, occupez le siège primatial d'Espagne ; à Nos frères dans l'Episcopat, avec leur clergé et leur peuple ; à S. E. le chef de l'Etat ; à toutes les dignes autorités présentes et à tous ceux qui ont contribué à la préparation et au succès d'assises si mémorables ; à la ville de Grenade, à toute l'Andalousie et à la très chère Espagne ; à tous les présents et à tous ceux qui, d'une façon quelconque, écoutent notre voix, véhicule impalpable de Notre plus sincère affection.

* Prière du Congrès. 8 Ibid.




Que des vallées de Grenade s'élève, parfumé du meilleur arôme de ses parterres fleuris, le souffle de vérité et de vie, qui envahisse toutes les terres ibériques, hautes et basses, franchisse les Cordillères, traverse les mers et se répande sur le monde entier pour le rendre plus tranquille et plus pacifique, plus saint et plus beau, plus heureux et plus agréable aux yeux sereins du Très-Haut.



RADIOMESSAGE AU IIIe CONGRÈS DE LAPOSTOLAT DE LA PRIÈRE AU PORTUGAL
(19 mai 1957) 1




Le dimanche 19 mai, le Saint-Père a clôturé par un radiomessage le IIIe Congrès de l'Apostolat de la prière qui s'est tenu à Braga, au Portugal, sous la présidence de Son Em. le cardinal Conçalvez Cerejeira, patriarche de Lisbonne. Voici la traduction du texte original portugais :

Nous avons accueilli avec grand plaisir la nouvelle d'un grand congrès qui devait attirer de tout le Portugal, dans la cité des Archevêques, des dirigeants et des membres de l'Apostolat de la Prière, pour passer en revue, à la lumière de l'Encyclique Haurietis aquas, toute l'activité de cet apostolat, et étudier les moyens de mieux le diffuser et réaliser, en ravivant les énergies par de nouvelles et plus grandes entreprises.

Aussi répondons-Nous volontiers à votre désir de Notre présence non seulement par la pensée, mais aussi par la force vivante de Notre parole.

Braga, la ville primatiale, était naturellement indiquée pour cette manifestation ; non seulement parce que le suggérait la coïncidence du 70e anniversaire de la consécration de l'archidio-cèse au Coeur de Jésus avec le centenaire de l'extension de cette fête à l'Eglise universelle, mais aussi parce que la foi et la piété y enfoncèrent leurs racines aux premiers siècles de l'Eglise, si bien qu'elle peut commémorer, cette année, le XVe centenaire du premier roi chrétien en Europe, parce que enfin, grâce au zèle des dignes successeurs de Martin et Fructueux, de Gérald et Barthélémy des Martyrs, l'Apostolat se maintient depuis la première heure avec une activité exemplaire, donnant au congrès une ambiance de bienveillante sympathie et de féconde coopération.

I L'offrande quotidienne des prières, des oeuvres et des souffrances selon les intentions du Sacré-Coeur de Jésus.

Ces jours-ci, d'insignes représentants de la science catholique de différentes nations ont illustré la théorie et la pratique de l'Apostolat.

Profitant de l'occasion qui Nous est offerte, Nous désirons insister sur un seul point, en apparence fort simple et élémentaire, mais qui est l'essence même et le secret de l'immense efficacité de l'Apostolat.

Celui-ci a suscité et suscite louablement diverses manifestations solennelles et pratiques de piété, très utiles à tous ceux qui y prennent part.

Cependant, elles ne doivent pas étouffer ni faire négliger la première pratique essentielle à laquelle Nous avons fait allusion et qui est, vous le comprenez bien, l'offrande quotidienne des oeuvres et des souffrances selon les intentions du Coeur divin et, plus précisément, selon les intentions indiquées pour chaque mois et bénies par Nous. Et encore mieux si l'offrande est enrichie de la participation au sacrifice du Christ par la communion mensuelle et par la protection de Marie, invoquée dans le chapelet.

Pratique élémentaire et simple, comme tout l'Apostolat de la Prière, qui ne multiplie pas les engagements ni les formules compliquées d'organisation, et, par conséquent, peut être étendu, et Nous désirons vivement qu'il s'étende, à toutes les catégories de personnes.

Toute la vie de l'homme, pèlerin en ce monde, doit tendre vers Dieu et tout acte humain doit, à la fin, être un culte de Dieu en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. Or, l'offrande quotidienne des oeuvres est déjà en soi un culte rendu au Seigneur ; c'est une prière qui, consacrant les prémices du jour, le sanctifie.

Mais, quand il est vécu, quand il encourage consciemment à bien accomplir les actions et à bien supporter tout sacrifice, alors c'est toute la vie qui devient réellement un culte de Dieu, alors c'est la « prière vitale » à laquelle font allusion les Saints et que l'Apôtre inculquait aux fidèles, quand il écrivait : « Quoi que ce soit que vous fassiez en paroles ou en oeuvres, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui grâces à Dieu le Père. » (Col. m, 17 ; I Cor. x, 31.)



Alors la vie des fidèles devra tendre à s'élever plus souvent à un haut niveau de sainteté ; parce que le besoin plus profond de vivre dans la grâce de Dieu, afin que nos offrandes lui soient agréables — la pensée plus fréquente des grandes vérités de la foi — une plus grande intimité avec le coeur divin purifieront au fur et à mesure la flamme de l'amour qui triomphe des tentations, qui ne craint pas les sacrifices, qui surmonte les obstacles et conduit à la sainteté.



Il



Les délicatesses de la Providence envers le Portugal.

Chers fils, les annales de l'Apostolat sont une des plus belles pages de l'histoire de l'Eglise au Portugal. Nous savons que, en des temps récents, quand la propagande autorisée du mal se proposait d'éliminer en deux générations les dernières traces du catholicisme en terre lusitanienne, l'Apostolat de la Prière, les évêques en sont témoins, fut une des principales forces de résistance pour maintenir vivant l'esprit chrétien et le faire refleurir vigoureusement dès que la tempête commença à se calmer.

Aujourd'hui, les circonstances sont changées. Le Portugal n'est plus regardé comme le pays martyr, mais est considéré comme une nation catholique. En effet, le respect pour les personnes sauvegardé, conformément à la foi et au caractère de l'âme portugaise, on a réussi à avoir un climat où l'on ne reconnaît pas aux pires aberrations de l'erreur et à la perversion morale qui en résulte les droits qui reviennent à la vérité et à la vertu.

Les accords historiques de 1940, observés dans une atmosphère de compréhension mutuelle, ont donné de précieux fruits à l'avantage des deux parties et l'on espère qu'ils en donneront de plus abondants encore, spécialement dans le domaine de la mission éducative, que Jésus-Christ a confiée et imposée à l'Eglise.

C'est un printemps de bien, dû à la clairvoyance et au dévouement puissant et constant d'hommes de mérite. Mais qui n'entrevoit, au-delà de la portée des sens, l'action de la Providence, qui, à l'heure opportune, prépare, suscite et suit ses instruments jusqu'au triomphe final? Le Sameiro, trône de l'Immaculée, et Fatima, miracle de tendresse maternelle de Celle qui se déclara la Vierge du Rosaire, centres de prières simples, humbles et pénitentes, ne font-ils pas voir clairement l'action de la Providence ? Pouvoir mystérieux, mais irrésistible de la prière !

Afin que le bien demeure et s'accroisse, afin que le mal, qui tente aujourd'hui de tout envahir, ne s'établisse pas sur les terres portugaises, qu'au contraire l'Apostolat de la Prière s'y maintienne, qu'il s'étende et double son activité préservatrice et vivifiante, il importe que les directeurs et les zélateurs augmentent leur ferveur pour former, chez les membres et, par ceux-ci, dans de vastes milieux, la mentalité catholique nécessaire et, avec la mentalité, une vie catholique sincère et éclairée, qui produise perfection et sainteté.

Des événements providentiels et des faits importants de Notre Pontificat tourmenté et de votre histoire nous lient à cette terre de Sainte Marie.

Nous sommes profondément touché par votre filial hommage, fruit spontané de l'amour et de la fidélité inébranlable au vicaire du Christ à Rome. Qu'il soit une exhortation constante à répéter ce que Nous disions, il y a un certain temps, aux représentants de l'Apostolat mondial : « Les mains tendues vers le ciel, Nous sentons peser sur Nos épaules le poids d'une responsabilité indicible, Notre coeur oppressé par une douleur profonde, qui trouve en vous, les plus fidèles, un réconfort à vous voir rester près de Nous, en unissant votre prière à la Nôtre, vos sacrifices à Nos peines, vos oeuvres à Nos fatigues... Regardez vos petits « billets mensuels » ! Quelle ampleur et quelle valeur ont-ils pour qui sait s'en servir comme il convient et comme ils le méritent !... Il vous appartient, chaque mois, de fixer votre esprit sur ces intentions et d'élargir les horizons de votre pensée, d'élever et de rendre plus nobles les sentiments de votre coeur !... Alors, en se modelant progressivement sur celle de Jésus, votre prière se fera sans cesse plus universelle et vous serez enflammés de l'ardeur de la charité, de la véhémence de son désir, et la vie sera elle-même une prière incessante des plus efficaces... »2.

Avec ces voeux, Nous vous bénissons de tout coeur, Vénérables Frères et chers fils, ainsi que tous ceux qui vous sont chers et tout le glorieux et fidèle peuple portugais.







Cf. Discorsi e raâiomessaggi, 4, pp. 365 et 370.




DISCOURS A LA SEMAINE D'ÉTUDES ASTRONOMIQUES SUR LES GALAXIES

(20 mai 1957) 1


L'Académie pontificale des sciences, avec la collaboration de l'Observatoire du Vatican, a organisé en mai 1957 une Semaine d'études sur le problème des populations steïlaires. Des astronomes du monde entier y ont participé. Us furent reçus en audience par le Saint-Père, qui leur adressa en français le discours inaugural suivant :


A l'égal des autres sciences physiques dont l'époque présente admire le prodigieux développement, l'astronomie traverse maintenant une période de recherches et de découvertes des plus fécondes. Aussi nous agrée-t-il particulièrement d'accueillir aujourd'hui, avec le groupe choisi d'astronomes qui participent à la conférence réunie à l'Observatoire du Vatican, les membres de notre Académie pontificale des sciences. Au milieu de cette assemblée de savants insignes et d'infatigables investigateurs des merveilles de la création, Nous éprouvons l'ardent désir de redire l'hymne que le Seigneur met sur les lèvres de tous ceux qui reçoivent de lui avec reconnaissance le don de la vie, de l'intelligence et de l'amour : Caeli enarrant gloriam Dei et opus manuum eius annuntiat firmamentum (Ps 18,2).

Pour connaître mieux encore ce ciel étoile qui vous parle, par son immensité et son ordonnance, de la puissance et de la sagesse de son Auteur, la conférence convoquée sous Nos auspices se propose d'aborder en un débat libre et familier les questions les plus actuelles, qui préoccupent les spécialistes et même tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la connaissance de l'univers physique. Lorsque le congrès de l'Union astronomique internationale se réunit à Rome en 1952, Nous en profitâmes pour féliciter ses membres des conquêtes merveilleuses, que leur science avait accomplies au cours des dernières années. Nous avons alors retracé les étapes marquantes, qui avaient permis de se former une idée plus précise du système galactique et de la position que le soleil y occupe ; puis d'établir la nature véritable des nébuleuses spirales, en reconnaissant en elles d'autres galaxies analogues à la nôtre et peuplées de milliards d'étoiles. Au-delà des mondes connus, on pouvait dès lors en soupçonner d'autres, qui se révéleraient bientôt au regard pénétrant d'un télescope géant. A ce moment d'ailleurs on publiait la découverte faite par Baade, selon laquelle l'échelle communément admise des dimensions de l'univers devait être doublée, ou même multipliée par un facteur plus grand encore.


Les deux groupes de populations stellaires.

C'est à ce même astronome que l'on doit aussi la première mention du thème central de deux types de populations stellaires. L'article de Baade, paru en 1944, signalait d'abord que des photographies prises sur des plaques sensibles au rouge avec le télescope de 2 m 50 du Mont Wilson avaient pour la première fois résolu en étoiles distinctes les deux compagnons de la nébuleuse d'Andromède et la région centrale de cette même nébuleuse. Heureux coup de hasard ? Non point, mais plutôt le fruit d'une recherche longue et ardue. De puissants télescopes permettaient déjà de résoudre en étoiles individuelles les parties extérieures de la nébuleuse, mais le noyau central restait complètement amorphe, même sur les photographies prises avec les meilleurs instruments. Finalement l'habileté et la patience eurent raison de la difficulté ; pour divers motifs, on pouvait supposer que le noyau de la nébuleuse contenait réellement des étoiles distinctes, mais trop faibles pour apparaître comme telles sur les clichés. On pouvait aussi présumer que les plus brillantes d'entre elles seraient les géantes rouges. Baade pensa qu'en utilisant des plaques sensibles au rouge, on réussirait à les fixer. Poussant à la limite des possibilités les moyens dont on disposait alors, il prolongea le temps de pose jusqu'à neuf heures, et réussit à photographier un bon nombre d'étoiles dans le noyau de la nébuleuse d'Andromède et dans ses deux compagnons.

Il démontra ensuite que les astres nouvellement découverts étaient moins lumineux et plus froids que les géantes bleues qui



peuplaient les bras de la spirale, et arriva à la conclusion que les populations stellaires des galaxies se divisent en deux groupes : l'un représenté par les géantes bleues et les étoiles des amas galactiques (Type I), l'autre par les étoiles du noyau, les amas globulaires et les Céphéides variables à courte période (Type II). Les deux types diffèrent non seulement en éclat et en couleur, mais en âge, situation, composition chimique, mode et quantité de la production d'énergie.

Dans le même article, Baade note que, dès 1926, Oort avait découvert dans notre galaxie deux catégories d'étoiles aux caractères différents : les unes douées d'un mouvement rapide par rapport au soleil, les autres se déplaçant plus lentement. Ces deux catégories, qui se distinguaient aussi par la fréquence de leurs types spectraux et par la concentration galactique, correspondent respectivement au Type II et au Type I de Baade. Ainsi les découvertes de Baade et de Oort se complétaient mutuellement et ouvraient la voie à toute une série de théories et de recherches, dont vous traiterez dans cette conférence.

Un simple regard sur le programme, que vous vous êtes fixé, dévoile, même à qui n'est pas spécialiste en la matière, la complexité des questions qui s'offrent à vous et des lignes d'approche que nécessite une investigation complète du sujet. Vous commencez par l'étude des galaxies extérieures et procédez ensuite à la discussion détaillée du système de la Voie Lactée. Tel est en effet le processus logique pour aborder la question des populations stellaires et ce fut la marche suivie en réalité par les progrès de la science, car il a été extrêmement difficile de déterminer les détails de notre galaxie du fait que la terre elle-même y est incluse. Les premiers éléments de solution de votre problème furent donc trouvés dans les galaxies extérieures, bien que tout récemment on ait appris beaucoup au sujet de notre propre galaxie. Ainsi les astronomes hollandais ont réussi à localiser les bras de la spirale, grâce à l'observation des ondes radio-électriques émises par l'hydrogène qui s'y trouve. Puisque les étoiles de notre système sont beaucoup moins lointaines que celles des galaxies extérieures, l'astronome aborde plus aisément leur étude et s'applique à déterminer leur éclat, leurs spectres, leurs mouvements et leur distribution dans l'espace.

Une grande part de ces connaissances ne put être acquise qu'à l'aide des moyens les plus puissants, dont on disposait. Ainsi par exemple, l'étude des amas globulaires, si féconde en renseignements sur les populations Type II, a profité des services du réflecteur de 5 mètres du Mont Palomar. Néanmoins, on accomplit aussi d'excellente besogne avec des instruments plus modestes, notamment pour l'étude des étoiles variables, à laquelle l'Observatoire du Vatican, Nous sommes heureux de le souligner, apporte une utile contribution. Sur les Céphéides, qui constituent une source précieuse d'information pour le problème des populations stellaires, on attend encore une estimation plus précise de leur nombre dans les diverses parties de la galaxie, ainsi que de leur spectre, de leurs mouvements et du mécanisme de leurs variations. Quant aux étoiles éclair, ces astres étonnants, que l'on voit soudain croître pour briller intensément pendant un temps plus ou moins bref, puis revenir à leur éclat primitif, sans doute en découvrira-t-on de nouvelles et parviendra-t-on à mieux expliquer leur comportement et leur distribution.



vie mystérieuse des étoiles.

Vous accorderez une attention aux problèmes, qui concernent l'évolution des étoiles, la production d'énergie à leur intérieur, la formation des atomes et les transformations qu'ils subissent. La collaboration du spécialiste en physique nucléaire et de l'expert en statistiques s'impose ici pour compléter ce que l'on sait déjà sur les modifications subies par les noyaux atomiques soumis à des températures élevées, sur les cycles qui se succèdent dans le développement d'une étoile individuelle et les différences de comportement qui caractérisent sur ce point les divers types d'étoiles. Vous vous efforcerez de préciser le rôle de la composition chimique dans la genèse des différents types et les changements qu'elle subit ensuite, de même que les effets exercés par le milieu interstellaire, poussière ou gaz, sur les astres qui le traversent, les échanges de matière entre le milieu et l'étoile, et les conséquences qui s'ensuivent pour l'un et pour l'autre.

L'écart d'âge, que vous assignez aux divers types, recèle aussi une signification du plus haut intérêt. Tandis que les étoiles de population II comptent environ 5000 millions d'années, c'est-à-dire à peu près l'âge de l'univers lui-même, la population I semble vieille tout au plus de quelques dizaines de millions d'années. Il est naturel que les supergéantes bleues, qui émettent constamment une quantité considérable d'énergie sous forme de chaleur et de lumière, payent cette prodigalité par l'épuisement relativement rapide de leurs réserves, tandis que les étoiles anciennes, comme le soleil, ménagent davantage leurs ressources, encore que la quantité d'énergie émise continuellement par le soleil paraisse énorme. Vous réussirez peut-être à découvrir des étoiles plus jeunes encore que celles que l'on connaît, ou même — qui sait ? — à en observer la genèse.

La formation de l'évolution des étoiles les plus anciennes de la population II, requerra une bonne part de votre attention, malgré l'intérêt bien compréhensible que s'attirent leurs compagnes plus jeunes à cause de leurs transformations spectaculaires. Le soleil mérite bien qu'on ne le néglige pas, car, outre l'influence directe qu'il exerce sur la terre et ses habitants, il consent aussi plus facilement, en raison de son voisinage, à révéler les secrets de son comportement ; son étude ne cessera donc jamais de constituer un secteur essentiel de l'astronomie.

Nul ne pensera cependant à négliger pour cela les galaxies extérieures, dont nous avons souligné plus haut l'importance pour les recherches astronomiques. Les Nuages de Magellan en particulier ont l'avantage d'être les deux systèmes stellaires les plus proches de notre galaxie et de fournir des renseignements qu'on demanderait en vain aux systèmes plus distants. Aussi avez-vous invité à votre conférence le représentant d'un grand observatoire de l'hémisphère sud, qui leur a consacré une part notable de ses efforts.

Les galaxies elliptiques, qui contiennent surtout des étoiles de population II, ressemblent un peu aux amas globulaires, mais s'en distinguent certainement par les dimensions et l'origine. Les amas globulaires eux-mêmes, quand on les soumet à un examen approfondi, révèlent entre eux certaines discordances. Ainsi le diagramme de Hertzsprung-Russel de l'un ne correspond pas exactement à celui d'un autre. Peut-être même en conclura-t-on que les types de populations stellaires ne sont pas limités à deux. Il vous appartient d'en débattre et de vous communiquer mutuellement sur ce point, comme sur tous ceux que nous avons évoqués, les informations que vous avez recueillies et les conclusions, auxquelles vous conduit votre expérience personnelle.

Vérité scientifique et Révélation divine.

Chercher inlassablement des faits précis, élaborer des théories pour les expliquer, vérifier la théorie par de nouvelles observations, la corriger au besoin, la remplacer par une autre plus parfaite, qui tienne compte davantage des données acquises, tel est le labeur incessant de l'astronome, labeur qui, même aux yeux des profanes, apparaît titanesque. Quel que soit le stade atteint par son enquête, l'astronome ne peut se passer d'une image d'ensemble de l'univers, dont il scrute les plus minutieux détails. Même si de lourdes inconnues rendent caduques certaines de ses constructions, il ne se défend pas de l'impression si exaltante qu'il domine le cosmos par la pensée et lui arrachera tôt ou tard de nouveaux secrets.

Mais alors même qu'il tiendra en main les clefs qui lui ouvriront les portes closes, sa tâche sera encore loin d'être terminée. Non seulement parce que l'évolution des mondes stellaires renouvelle sans répit l'objet de son intérêt, mais parce que la vérité qui mettra le terme à son élan occupe en réalité un plan supérieur à celui de la recherche scientifique. La connaissance de l'univers physique, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, grise l'intelligence humaine par ses énigmes déconcertantes et attirantes à la fois, mais elle ne dissipe pas son véritable tourment. Comme tous les autres savants, comme l'ingénieur aux prises avec les applications modernes de l'électronique ou de l'énergie nucléaire, mais aussi comme le plus humble des travailleurs intellectuels ou manuels, l'astronome cherche une vérité qui dépasse de loin celle du calcul mathématique, des lois générales de la physique, ou de quantités matérielles à mesurer, à déplacer, à dominer. L'immensité du cosmos, sa splendeur, son organisation, que seraient-elles sans l'intelligence, qui s'y découvre en le contemplant et qui y voit comme un reflet d'elle-même ? Ce que l'homme lit dans les étoiles, n'est-ce pas le symbole de sa propre grandeur, mais un symbole qui l'invite à monter plus haut, à chercher ailleurs le sens de son existence ? La pensée scientifique contemporaine s'habitue à ne reculer devant aucun problème, et c'est légitime aussi longtemps qu'elle reste dans son ordre propre. Mais, comme l'univers moral transcende le monde physique, toute acquisition de la science se situe sur un plan inférieur aux fins absolues de la destinée personnelle de l'homme et aux relations qui l'unissent à Dieu. La vérité scientifique devient un leurre à partir de l'instant où elle croit suffire à tout expliquer, sans se rattacher aux autres vérités et surtout à la vérité subsistante, qui est un Etre vivant et librement Créateur. L'effort du savant, si désintéressé et courageux soit-il, perd sa raison dernière, s'il renonce à voir, au-delà des fins purement intellectuelles, celles que lui propose sa conscience, le choix décisif entre le bien et le mal, l'orientation profonde de sa vie à la conquête des valeurs spirituelles, de la justice et de la charité, de cette charité surtout qui n'est point simple philantropie ou sentiment de la solidarité humaine, mais qui procède d'une source divine, de la Révélation de Jésus-Christ.

Heureux qui peut lire dans les étoiles le message qu'elles renferment, un message d'une autorité à la mesure de qui l'a écrit, digne de récompenser le chercheur de sa ténacité et de son habileté, mais l'invitant aussi à reconnaître Celui qui donne la vérité et la vie et établit sa demeure dans le coeur de ceux qui l'adorent et qui l'aiment. En formant des voeux sincères pour que ces échanges de vues répondent à votre attente et vous procurent les vives satisfactions d'un labeur plus fructueux, Nous prions l'Auteur de tout bien de vous accorder son aide et sa protection, en gage desquelles Nous vous donnons de tout coeur Notre Bénédiction apostolique.

MESSAGE POUR LE Ve CENTENAIRE DE LA MORT DE SAINTE RITA (20 mai 1957)

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Le Souverain Pontife a envoyé le bref message suivant aux fidèles de Cascia, qui participèrent aux célébrations du Ve centenaire de la mort de sainte Ritu. Voici la traduction française du document italien qui fut lu au cours de la cérémonie de clôture par Son Em. le cardinal Canali, protecteur de l'Ordre des Augustins :

En la solennelle célébration du cinquième centenaire du bienheureux décès de Sainte Rita de Cascia, Nous Nous réjouissons vivement de la ferveur unanime des fidèles de toutes régions accourus avec émulation au sarcophage béni de celle qui sut réaliser l'idéal de la plus haute sainteté.

Reconnaissant au Seigneur qui suscite aujourd'hui, comme hier, de consolantes aspirations à la perfection spirituelle, il Nous est cher d'élever Notre prière de Père et de Pasteur, afin que les célébrations de ce centenaire hâtent, sur l'intercession de l'humble sainte de Cascia, dans chaque coeur et dans toute la famille chrétienne, l'avènement souhaité d'un monde meilleur.

Avec ces sentiments, Nous invoquons sur l'heureux événement la plus large effusion des grâces divines et Nous envoyons à tous les participants la Bénédiction apostolique.



Pie XII 1957 - DISCOURS AUX MUTUELLES DES CULTIVATEURS DIRECTS D'ITALIE