Pie XII 1957 - ALLOCUTION AU COLLÈGE PONTIFICAL ÉCOSSAIS (3 juin 1957)

ALLOCUTION AU COLLÈGE PONTIFICAL ÉCOSSAIS (3 juin 1957)


1


Le lundi 3 juin, le Pape a reçu en audience spéciale les supérieurs et les séminaristes du Collège pontifical écossais de Rome — parmi lesquels un groupe de nouveaux prêtres qui avaient exprimé le désir de recevoir la Bénédiction du Souverain Pontife avant de retourner dans leur pays — et leur a adressé une brève allocution en anglais, dont voici la traduction :

Le coeur de saint Paul brûlait d'affection et, malgré l'oppression de ses épreuves, il s'épanchait avec joie et consolation quand il pouvait s'adresser à ceux de ses communautés chrétiennes, dont la généreuse loyauté avait une si grande importance pour la sauvegarde et la diffusion de la Foi qu'il leur avait enseignée. Nous partageons ces sentiments paternels de l'Apôtre, très chers fils, et Nous en sommes plus que jamais conscient, quand Nous parlons à un groupe comme le vôtre. Ce fut donc une heureuse pensée de votre recteur de demander de vous amener ici, ce matin.

Quelques-uns d'entre vous sont prêtres, avec les saintes huiles pour ainsi dire fraîches sur leurs mains consacrées ; le reste d'entre vous — Nous parlons des plus jeunes — se prépare à ce jour suprêmement heureux de l'ordination, où la mission de la coopération sacerdotale avec le Christ lui-même pour le salut des âmes leur sera confiée. Pour cette préparation, vous êtes venus à Rome de ce lointain pays du Nord, avec ses vallées et ses lacs, son brouillard et ses vastes et grises étendues, qui ont conservé votre affection depuis l'enfance et dont vous rêvez peut-être de temps en temps. Vous auriez pu être préparés et bien préparés ailleurs. Dans d'autres séminaires également, vous auriez pu être formés à cette piété, qui devrait caractériser tout prêtre — un profond et vigoureux amour de Dieu, comme celui d'un fils dévoué pour un noble père. Comme le Christ l'a magnifiquement dit à ses premiers prêtres : « Le Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé et que vous avez cru que je suis venu de Dieu » (Jean xvi, 27). Ailleurs aussi votre amour filial aurait dû s'adresser à votre Sainte Mère l'Eglise, qui vous conduisit à la vie de la grâce et, après des années d'affectueuses sollicitudes, compte maintenant sur vous pour servir ses besoins et ses espoirs.

Mais vous avez été envoyés à Rome. Or, on doit convenir que la préparation romaine a quelque chose de distinct et de précieux pour les esprits et les âmes ouverts à l'accueil de ses dons. L'esprit des premiers apôtres plane encore sous les voûtes de ses basiliques ; des innombrables sanctuaires de saints on entend l'hymne de triomphe sur la souffrance et sur la mort ; et la mémoire, si aisément, si respectueusement, glisse le long des catacombes et remonte à ces jours héroïques où le courage intrépide était le prix exigé par la Foi. Près du coeur de l'Eglise Mère, gardienne jalouse de cette Foi, sous les yeux mêmes du Pasteur suprême des âmes du monde entier, la piété est approfondie et développée. Et comme l'amour par lui-même n'est jamais stérile, il deviendra pour vous le grand ressort de toutes vos activités mentales et spirituelles dans vos efforts pour devenir maîtres des instruments si indispensables pour la tâche qui vous attend. Catéchiser, sanctifier, sauver pour l'éternité, quelle noble, émouvante tâche est-ce là ! Elle mérite certainement le dévouement total, sans aucune réserve, de vos vies sacerdotales.

Le collège auquel vous appartenez a également une histoire qui remonte à plus de trois cent cinquante ans et l'histoire qu'il raconte de l'éminent service pour l'Eglise en Ecosse est à la fois une source de fierté et un puissant appel à vos aspirations sacerdotales. Sous la sage direction d'un recteur de longue expérience et de généreux dévouement, assisté par ses collaborateurs, vous répondrez, avec la grâce de Dieu, à cet appel par un succès digne de votre Aima Mater.

Vous êtes venus pour Notre bénédiction. Ce sera la bénédiction d'un père, qui voit en vous, très chers fils, l'Eglise des futures générations en Ecosse. Que Dieu vous accorde vigueur, développement et sainteté. Et puisse la Bénédiction apostolique être pour vous un gage de ces grâces sacerdotales si nécessaires aux apôtres d'aujourd'hui, et de la généreuse bénédiction de Dieu pour vos chers parents, qui ont été heureux et privilégiés de vous offrir au service de l'Eglise.



DISCOURS A UN GROUPE DE CHIRURGIENS AMÉRICAINS (4 juin 1957)


1

Recevant en audience spéciale un groupe de chirurgiens américains, membres de l'« International Collège of Surgeons », le Saint-Père prononça un discours en anglais, dont voici la traduction :

Il y a quelques années, en Nous adressant à un large groupe de médecins, Nous saisîmes l'occasion pour souligner le besoin et le devoir spéciaux incombant à votre profession de vous efforcer continuellement à une plus grande perfection dans la maîtrise de toute phase des procédés médicaux et chirurgicaux. Nous ne pouvons manquer de rappeler ces paroles d'exhortation, ce matin, en vous recevant, messieurs, avec vos aimables épouses.

Vous venez en tant que représentants de la Section américaine du Collège international de chirurgiens, un collège fondé précisément pour faire progresser la science de la chirurgie et pour permettre aux chirurgiens, dans le monde entier, de partager les résultats du progrès obtenu dans les divers pays. Votre présence ici, à Rome, n'est-elle pas due justement à votre ferme résolution d'arriver à une perfection de plus en plus grande dans votre profession ? Une habileté chirurgicale et un jugement chirurgical ne peuvent point s'acquérir seulement par les livres et les conférences. Une expérience clinique et l'observation de ceux qui sont plus expérimentés sont des compléments essentiels à l'étude de chacun.

Nous ne saurions donc trop louer le but noblement humain de votre collège et son caractère international. Qu'y a-t-il de plus international, ou plutôt supranational, que les maladies humaines ? Vous êtes des hommes de dévouement, qui, dans un esprit d'admirable sacrifice personnel, avez consacré les forces de votre intelligence, de votre coeur et de votre corps à ce bien essentiel de l'individu et de la communauté qu'est la vie ; et de même que ce dévouement comporte le grave devoir, dont vous êtes si conscients, de recourir et de contribuer au développement constant des forces susceptibles de soulager l'homme dans les maladies qui l'assaillent, et d'élargir les frontières de la vie, pareillement il vous élève aussi à un niveau d'activité débarrassé de barrières de race ou de nationalité. Notre intérêt pour votre travail et votre succès est à la mesure de Notre affection illimitée pour tous les hommes. Cette affection, soyez-en sûrs, est exprimée dans Notre prière quotidienne au Créateur et Maître de tout, afin que dans sa bonté infinie, Il donne courage et soulagement à ceux qui souffrent, qu'il éclaire et guide les membres de la profession médicale et qu'à la fin II accorde à tous la vie éternelle.



LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT POUR LA XVII\2e\0 SEMAINE SOCIALE D'ESPAGNE (5 juin 1957)


1





La XVIIe Semaine sociale d'Espagne s'est tenue à Pampelune du io au 16 juin, sur le thème : « La communauté internationale ». Le Souverain Pontife y fit parvenir ses directives par une lettre de Son Excellence Mgr Dell'Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'Etat, à Son Excellence Mgr Albino Gonzalez Menendez, président des Semaines sociales d'Espagne. Voici la traduction du document espagnol :

Un des problèmes qui préoccupent le plus aujourd'hui tous ceux qui suivent avec intérêt et responsabilité la cause de la paix entre les peuples est celui de la Communauté internationale, comme moyen le plus approprié pour établir sur une base sûre les relations entre les Etats. Aussi, informé par Votre Excellence des travaux que la XVIIe Semaine sociale d'Espagne va réaliser dans la ville de Pampelune, le Saint-Père a vu avec une profonde satisfaction qu'on y étudiera ce thème de la Communauté internationale comme contribution à la connaissance et à la consolidation des relations qui doivent unir les peuples.

1 D'après le texte espagnol de l'Osservatore Romano, du 16 juin 1957, traduction française de l'Osservatore Romano hebdomadaire, éd. française, du 5 juillet.




Les conséquences si tristes et si douloureuses qu'ont apportées au monde les deux dernières guerres mondiales et la menace qui pèse encore sur l'humanité, à cause de nouvelles et plus terribles armes de mort, ont puissamment aidé à aviver chez les individus et les nations l'ardent désir de trouver de sûrs moyens pour donner aux hommes des jours de tranquillité et d'ordre.



L'unité naturelle et surnaturelle du genre humain.

Quand Sa Sainteté Pie XII s'adressa pour la première fois aux fidèles, alors que s'était déjà déchaîné l'horrible ouragan du dernier conflit, il proposait à leur considération la « merveilleuse vision, qui nous fait contempler le genre humain dans l'unité de son origine commune en Dieu... dans l'unité de nature... dans l'unité de sa fin immédiate et de sa mission dans le monde ; dans l'unité d'habitation... dans l'unité de fin surnaturelle... dans l'unité des moyens pour réaliser cette fin... dans l'unité de son rachat, accompli pour tous par le Christ... qui laissa tomber de ses lèvres divines la parole qui se prolonge si vivante à travers les siècles suscitant des héroïsmes de charité au milieu d'un monde sans amour et déchiré par la haine : « Ceci est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12) 2.

2 S. S. Pie XII, Encyclique Summi Pontificatus, 20 octobre 1939.

3 S. S. Pie XII, Discours aux juristes catholiques italiens, 6 décembre 1953 ; cf. Documents Pontificaux 1953, p. 610.

4 Encyclique Summi Pontificatus.




Ce fait fondamental d'une nature et d'une fin communes entre les hommes amène les individus et les peuples à ne pas se considérer sans liens entre eux, mais à s'unir par de mutuelles et harmonieuses relations, dans une communication de leurs particularités et dans un échange réciproque de biens. Mais de nos jours, précisément — et les motifs en ont été déjà indiqués — se fait davantage sentir ce rapprochement entre les Etats, « déterminé non seulement par les possibilités techniques incomparablement plus vastes et par le libre choix, mais aussi par l'action plus pénétrante d'une loi immanente de développement » s. Pour tout cela, la base de la Communauté internationale n'est autre que la « loi de solidarité et charité humaines, qui est dictée et imposée par une origine commune et par l'égalité de nature rationnelle chez tous les hommes... et par le sacrifice de la Rédemption, offert par Jésus-Christ... en faveur de l'humanité pécheresse » 4. C'est la conscience de cette solidarité qui engendre la coexistence pacifique des peuples, les pousse à rechercher le bien commun universel, qui ne défend pas seulement les postulats de la justice, mais, en même temps, les perfectionne par la charité et assure efficacement la protection des droits de la personne humaine.

La loi morale, base de tout nouvel ordre international.

L'unité d'origine, de nature et de fin des membres de la famille humaine étant établie, il convient maintenant d'indiquer ce que doivent être les bases morales de cette communauté.

Le Saint-Père a dit que « la profonde et ultime racine des maux que nous déplorons dans la société moderne est la négation et le refus d'une règle de moralité universelle, aussi bien dans la vie individuelle que dans la vie sociale et dans les relations internationales » 5. Ce manque de morale, qui est chez les individus une origine de péché, a produit dans la vie internationale de très graves catastrophes, aussi bien à cause d'un déplorable égoïsme que du fait d'adopter l'utilité personnelle comme norme suprême d'action. Est-il licite de résoudre les conflits au moyen de guerres quand un accord pacifique est possible ? ou bien oublie-t-on que la morale a ses sanctions ? C'est pour cela que tout nouvel ordre doit « s'édifier sur le roc indestructible et immuable de la loi morale, exprimée par le Créateur lui-même au moyen de l'ordre naturel et gravée par Lui en caractères indélébiles dans les coeurs des hommes » 6.

Les relations entre les Etats ne peuvent se réduire à de simples décisions dictées par des normes occasionnelles, ni encore moins basées sur la simple utilité ou appuyées sur la seule force ; elles doivent avoir un fondement juridique qui ne peut être que celui du « droit des peuples, dicté par la nature ». C'est sur lui que s'appuie « le droit positif des peuples, indispensable aussi à la communauté des Etats... (avec) la mission de définir plus exactement les exigences de la nature et de les adapter aux circonstances concrètes ». De la sorte, dans la « Communauté des peuples, chaque Etat est inséré dans l'ordre du droit international et par là dans l'ordre du droit naturel qui soutient et couronne le tout » 7.

5 Ibid.

6 Radiomessage de Noël 1941.

7 S. S. Pie XII, Discours aux juristes catholiques italiens, 6 décembre 1953 ; cf. Documents Pontificaux 1953, p. 612.




Les normes de politique internationale sont également une des bases de la communauté. On ne peut nier l'étroite union existant entre les aspects politiques et juridiques de la vie internationale. Dans le domaine politique, les liens se créent par une convention librement contractée, qui acquiert force de loi ; et de même que chaque Etat a sa politique, rien n'empêche que celle-ci puisse être commune à un plus ou moins grand nombre d'Etats et donner origine à des accords qui aient une influence notable dans la vie des peuples.



Limites de la souveraineté de l'Etat.

Certains objectent à l'idée de Communauté internationale la difficulté résultant de la conception de la souveraineté des Etats. Mais il faut noter que la souveraineté a ses limites. « Au vrai sens du mot, (elle) signifie autarcie et compétence exclusive au point de vue des choses et de l'espace, selon la substance et la forme de l'activité, même dans le cadre du droit international, mais non dans la dépendance par rapport à l'ordre juridique propre de n'importe quel autre Etat » 8. L'Etat, comme le dit Sa Sainteté, est immédiatement soumis au droit international et si celui-ci ne lui garantissait pas son indépendance à l'égard de quelque pouvoir d'un autre Etat, il ne serait pas souverain 9. C'est aussi une grave erreur d'attribuer à l'Etat une autorité illimitée « parce qu'elle rompt l'unité de la société supranationale, retire son fondement et sa valeur au droit des peuples, conduit à la violation des droits des autres et rend difficile la coexistence pacifique » 10.



Les circonstances actuelles qui facilitent la concorde des peuples.

8 Ibid. p. 612. 8 Ibid. p. 612. 10 Encyclique Summi Pontificatus.




On comprend facilement que d'innombrables obstacles doivent être surmontés pour la réalisation de la Communauté internationale. Il y a tant d'égoïsmes à vaincre, tant de différends à éliminer, tant de ressentiments à oublier, tant de préjugés à dissiper et de haines à éteindre ! Cependant le monde se trouve actuellement dans une série de circonstances qui facilitent la concorde des peuples et qui pourraient donner de louables résultats si l'on s'appuyait sur les solides bases morales énoncées précédemment. La facilité croissante des communications et des transports, qui atteignent en très peu de temps les extrémités de la terre, l'échange des genres distincts de civilisation et de culture ; les progrès de la technique, qui implique une ample collaboration et dont les applications s'étendent à toute la terre, avec l'ambition de dominer la matière ; tout cela est en train de donner comme résultat des liens de plus en plus étroits entre les Etats, désireux de coopérer et de s'unir pour l'acquisition du bien commun universel.



Les problèmes économiques.

Il y a en cette matière un secteur d'importance exceptionnelle, le secteur économique. Si l'on considère les imposantes dépenses que la nécessité d'armements militaires, devant un danger persistant de conflagration, suppose pour le trésor public, on ne pourra manquer de voir que la Communauté juridique internationale est le moyen qui garantit la paix internationale et en même temps une source de prospérité économique universelle. Mais, en outre, il existe dans le monde des déséquilibres économiques auxquels on pourrait remédier considérablement par une distribution plus avisée de moyens de production et de biens de consommation, sans toucher à la liberté et à la justice, et c'est ce que peut faire en grande partie un organisme supranational.



L'émigration.

U S. S. Pie XII, Radiomessage pour le 50e anniversaire de l'encyclique Rerum Novarum.




La question de l'émigration présente une certaine affinité avec les problèmes économiques. L'unité spécifique de nature existant entre les hommes implique que, en aucun lieu de la terre, ceux-ci ne soient considérés comme complètement étrangers. Il est vrai que chaque être humain possède ses propres caractéristiques, mais celles-ci ne peuvent supprimer la force de la nature commune. D'autre part, l'homme a le droit de pouvoir mener une vie digne, dans laquelle des moyens d'existence suffisants ne fassent pas défaut. Alors, s'il ne peut les obtenir dans sa propre patrie, il lui faudra chercher d'autres terres où ils se trouvent. Il est certain que tout cela présente des problèmes difficiles à résoudre, mais on ne pourra nier que des déplacements de personnes de cette nature, établissent une puissante relation entre les peuples ; cela est entièrement du domaine international, et « les nations qui donnent des émigrés et les Etats qui les reçoivent contribuent à l'envi à l'accroissement du bien-être humain et au progrès de la civilisation » 11.

Les institutions internationales.

Dans l'effort pour créer et organiser la Communauté internationale, il faut reconnaître — en laissant à part ce qui a pu être fait en la matière dans les temps passés — que c'est seulement au XXe siècle que l'on a pensé à la réalisation d'un organisme juridique universel, et cela lorsque des nécessités spéciales l'ont fait apparaître comme plus urgent et les nouveaux progrès comme plus réalisable. La Société des Nations ayant pris fin, il existe aujourd'hui l'Organisation des Nations Unies, qui a vu naître autour d'elle un certain nombre d'institutions internationales, affectées aux divers domaines : culturel, social, économique et politique. Ce n'est pas le lieu d'examiner ici ses bases, son fonctionnement et ses perfectionnements possibles ; mais l'on peut rappeler aux catholiques leur position en face de ces problèmes. Le catholique « non seulement... peut, mais il doit travailler à l'avènement de cette Communauté encore en formation, car l'exemple et l'ordre du divin Maître constituent pour lui une lumière et une force incomparables » 12. En réalité, il convient de louer les efforts accomplis pour donner vie aux organismes internationaux récemment fondés dans des buts élevés et il est à désirer qu'il en résulte des fruits abondants qui consolident leur activité.



L'Eglise et la communauté des Etats.

L'oeuvre de l'Eglise a toujours été importante, en ce qui concerne la Communauté internationale, conçue sous une forme ou une autre. En effet, le catholicisme fait que, sans diminuer en rien l'obéissance des fidèles à l'autorité civile, ils vivent une doctrine de vérités universelles et une loi d'amour n'excluant personne, qui engendre une communauté spirituelle fortement unie et qui peut être la solide base d'une organisation juridique qui englobe toutes les nations.

12 S. S. Pie XII, Discours à la Xle Assemblée de Pax Romana, 27 avril 1957 ; cf. ci-dessus p. 202.




La sublime doctrine du Christ, divin fondateur de l'Eglise ; son catholicisme de droit et de fait ; l'expansion universelle des Ordres religieux et les organisations d'apostolat, également internationales : la condition particulière de la Papauté, placée au-dessus des intérêts de chaque peuple, mettent l'Eglise dans une situation privilégiée et indiscutable pour travailler efficacement en faveur d'un véritable ordre international.

Son influence dans ce sens a été admirable. Elle a proclamé l'égalité de tous les hommes devant Dieu, au-dessus des barrières de races et de nationalismes ; elle a favorisé l'abolition de l'esclavage ; elle est intervenue d'innombrables fois pour apaiser des différends ; elle a exercé de nombreux actes d'arbitrage ; et tout cela n'a-t-il pas été une précieuse contribution au progrès vers l'union des peuples ?

Devant les divisions auxquelles nous assistons, l'Eglise peut toujours offrir l'unité du Corps Mystique, ce « Corps social parfait » selon la volonté du Christ, où « l'union doit consister dans le concours de tous les membres vers la même fin » 13. Ainsi s'explique que « la principale signification de la supranationalité de l'Eglise soit de donner une figure et une forme permanentes à la base de la société, au-dessus de toutes les divergences et au-delà des limites de l'espace et du temps » 14.

La mission de l'Espagne.

Parmi les peuples préparés et appelés à ce travail en faveur de la Communauté internationale, l'Espagne occupe une place prépondérante. Le catholicisme qu'elle a vécu à travers son histoire et l'esprit de rénovation avec lequel elle le développe à présent ; sa fidélité aux enseignements de la Chaire de Pierre ; la diffusion de la vraie foi au milieu d'une multitude de nations ; le fait qu'elle est la patrie de Francisco de Vitoria et de Suarez, des grands théologiens juristes du XVIe siècle, qui surent enseigner et appliquer mieux qu'aucun autre les normes du droit international, voilà autant de motifs, pour que, conformément à son passé, elle continue de travailler à l'heure actuelle, avec efficacité et générosité d'esprit, à l'urgente entreprise de l'union des peuples.

13 Encyclique Mystici Corporis.

14 S. S. Pie XII, Discours aux nouveaux cardinaux, 20 février 1946.




En exhortant tous ceux qui participeront à la Semaine, à poursuivre avec zèle les nobles desseins qui les animent, le Souverain Pontife demande au Seigneur qu'il les guide de ses lumières divines ; et, en témoignage de sa bienveillance paternelle, il donne de tout coeur à Votre Excellence, aux prélats, aux savants conférenciers et aux participants à la Semaine la Bénédiction apostolique.




DISCOURS AUX ASSOCIATIONS CHRÉTIENNES DES TRAVAILLEURS ITALIENS

(7 juin 1957) 1






En juin 1957, les Associations chrétiennes des travailleurs italiens (A.C.L.L) ont organisé à Rome un congrès national sur le thème « L'automation et le monde du travail ». Avant de commencer leurs travaux, les Congressistes furent reçus en audience par le Saint-Père qui leur adressa un important discours en italien, dont voici la traduction :

Le plaisir que votre présence Nous procure, chers fils, est rendu encore plus vif cette fois par le choix du sujet si important et suggestif, proposé par les « Associations chrétiennes des travailleurs italiens » (ACLI) comme sujet de votre Congrès national d'étude : « L'automation et le monde du travail. » En même temps que Nous félicitons les ACLI pour leur sens de l'opportunité et leur constante sollicitude en faveur des travailleurs, Nous désirons vous exprimer à vous, insignes spécialistes, Notre satisfaction pour l'expérience et la hardiesse avec lesquelles vous affrontez et approfondissez un problème aussi vaste et délicat, essayant d'être une sorte de pont entre la science pure et la vie pratique de l'économie, de la technique et de l'administration.

Nous connaissons la complexité du problème, qui, selon les différents aspects sous lesquels on l'envisage se présente tantôt comme une promesse et tantôt comme une menace. Il est important de s'engager sur ce terrain difficile non seulement en savants et en techniciens, mais aussi en sociologues et en chrétiens, parce qu'une erreur dans la façon d'aborder le problème aurait de graves répercussions sur les valeurs aussi bien matérielles que morales et spirituelles, inséparables chez l'individu.

Votre parfaite connaissance du sujet Nous permet de restreindre notre exposé à quelques points essentiels que Nous avons relevés dans le matériel qui Nous a été courtoisement envoyé.




I L'AUTOMATION EST-ELLE DONC UNE IMAGE DE L'AVENIR DE L'HUMANITÉ ?

Les oeuvres et les articles qui en traitent donnent plus d'une fois l'impression qu'elle ouvre dans l'histoire une ère entièrement nouvelle. En effet, jusqu'à présent, la « mécanisation », la « rationalisation » et « l'automatisation » étaient déjà des méthodes modernes destinées à rendre plus élevées la production et la distribution des biens et à permettre un meilleur usage organisé des forces de travail dans les usines et dans les bureaux. Si l'on parle donc aujourd'hui avec tant d'enthousiasme de l'automation, on pense évidemment à quelque chose de plus capable de transformer radicalement non seulement l'économie, mais la vie même de l'homme et de la société. A l'époque présente déjà agitée en elle-même par des appréhensions et par des espérances pour l'avenir, le mot « automation » divise les esprits en optimistes et pessimistes au sujet de l'homme et du monde de demain. Ainsi naît la sensation que l'on entend créer avec elle quelque chose qui dépasse essentiellement la mécanisation, la rationalisation et l'automatisation.



L'homme ne sera jamais le maître autonome du monde.

Celles-ci dérivent non de l'expérience pratique, mais des connaissances théoriques des sciences naturelles modernes ; ce fait ne peut revêtir en soi le caractère de chose fondamentalement nouvelle dans le cadre des efforts présents pour le développement de l'automation, sinon celui d'une plus grande influence des méthodes mathématiques récemment élaborées sur la recherche des rapports quantitatifs légitimes. Si, malgré cela, on pense donc que l'automation inaugure une période entièrement nouvelle dans l'histoire de l'humanité, il est clair que l'on



veut assurer aux sciences naturelles une place tout à fait nouvelle dans la contribution à la formation de la vie humaine. On voudrait leur donner une position centrale, c'est-à-dire un poste que, tout au moins jusqu'à présent, elles devaient partager avec les autres sciences, y compris la théologie et la philosophie. Aussi en arrive-t-on à affirmer qu'avec l'automation commence un monde complètement « fait par l'homme » et qu'aujourd'hui, pour la première fois, l'homme, éclairé par les sciences exactes, occupe le poste du démiurge, du maître autonome du monde.

Nous ne voudrions certes pas diminuer votre ardeur dans l'étude des problèmes urgents de l'automation en disant qu'ils doivent être considérés avec la plus grande objectivité et, surtout, en écartant toute idée fausse de l'homme et du monde. On dit que les publications parues jusqu'à ce jour sur cette question ont dépassé le chiffre de 30.000 et, cependant, on lit toujours de nouveau que les spécialistes ne sont pas encore arrivés à une définition satisfaisante. On peut seulement en décrire les éléments : des groupes de système de travail pour la fabrication d'un objet ou même l'entier processus de la production avec ses multiples étapes sont exécutés à la manière d'un automate. Bien plus. Afin que cette production automatique soit assurée, on y insère des ensembles qui s'y appliquent et agissent automatiquement : appareils hydrauliques et électriques de « contrôle », systèmes optiques et acoustiques d'avertissement, mécanismes pour surveiller la qualité et la quantité de la production et transmettre les ordres, régulateurs électroniques pour une série déterminée du programme à exécuter. De la sorte non seulement les muscles, mais aussi les nerfs et le cerveau de l'homme sont rendus inutiles dans le processus de la production ; on en arrive même à imaginer ou concevoir une fabrique sans hommes. Si l'on estime que la découverte de l'énergie atomique est supérieure et plus importante, elle serait toutefois inapplicable sans l'automation ; en effet, seule cette dernière conférerait au travail une sûreté et une précision que le travail humain direct ne peut obtenir, mais qui est précisément indispensable dans l'emploi de l'énergie atomique.



L'automation n'est pas le facteur le plus important de l'avenir.

Tout cela est vrai et inspire surtout au chrétien une admiration reconnaissante pour la grandeur du Dieu Créateur et de ses oeuvres. Mais que l'automation, en tant que telle, comme nouveau type d'organisation des forces matérielles de production, serve par elle-même à changer radicalement la vie de l'homme et de la société, cela peut être affirmé spécialement par ceux qui, avec le marxisme, attribuent à tort une importance fondamentalement décisive au côté technique de la vie humaine, au mode sensible d'exécution du travail. L'époque présente, qu'on a l'habitude d'appeler l'ère de la technique, est portée à admettre de semblables conceptions de l'avenir. Toutefois le développement est toujours déterminé par la totalité de l'homme au milieu de la société et, en conséquence, par la multiplicité des facteurs liés à son unité, et c'est seulement dans ce cadre que le facteur technique lui-même est efficace. Il ne peut à la longue prévaloir ni contre le sens de l'économie ni contre celui de la vie sociale en général. S'il en était autrement, votre congrès n'aurait aucun sens et le monde du travail devrait accepter aveuglément l'automation comme un destin fatal. Si grande que puisse être l'influence de l'automation, elle demeurera naturellement limitée ; elle est un des facteurs de l'avenir, mais elle n'est pas par elle-même décisive ni contraignante.

Elle ne confère pas non plus à l'homme le pouvoir de devenir le démiurge d'un « monde fait » entièrement par lui. Sans doute, grâce aux méthodes de production que l'automation instaure, l'homme crée une réalité, qui répond plus exactement au programme déjà élaboré auparavant, et à ce point de vue c'est un « monde fait » par lui. La conquête technique de l'automation consiste précisément en ceci qu'elle réussit à faire 1'« âme » d'un tel programme, âme qui inspire et dirige en même temps tout un processus de production matérielle. Il n'y a donc rien de surprenant si certains voient dans le progrès des sciences naturelles la possibilité, sur la base du principe d'automation, d'ordonner selon un programme déterminé la vie de la société humaine, de manière à former un « monde fait ». Mais pour la réalité sociale et son organisation stable, les programmes statistiques et mathématiques ne suffisent pas, du fait qu'aujourd'hui encore les sciences sociales tendent vers cette conception unilatérale de leur objet. La vie sociale exige en outre et principalement d'autres connaissances, la théologie, la philosophie et les sciences de la vie spirituelle de l'homme et de son histoire.


II



AUTOMATION ET ÉCONOMIE NATIONALE

On ne peut affirmer sans condition que l'automation est l'image d'un nouvel avenir de la société humaine. L'homme visant à la domination du monde, demeure toujours, voire à son avantage, enfermé dans des limites, aussi étendues que l'on voudra, mais insurmontables, imposées par la nature ou, pour mieux dire, par la sagesse divine elle-même, qui « fixait à la mer ses limites, afin que les eaux n'en franchissent pas le rivage » (Prov. vin, 29). Toutefois, même si on la considère comme une nouvelle méthode de production, l'automation ne cesse pas d'être un problème délicat, qui exige réflexion et prudence.



Productivité technique et productivité économique.

Avant tout se présente le danger que l'on confonde dans l'automation la productivité technique avec la productivité économique. Ce qu'elle offre de nouveau et en même temps de fascinant, c'est la possibilité de maintenir dans les entreprises un processus de production continu, ininterrompu. Il est clair que s'effectue de la sorte une augmentation fantastique de leur capacité de produire. Mais a-t-on d'autre part une véritable augmentation de productivité de l'économie nationale ? Nous voudrions dire par cela la réalisation durable et sûre d'un état de choses, où est possible le bien-être matériel et humain de tous les membres de la population, afin que tous ceux qui contribuent immédiatement — par le travail, par le sol, par le capital — à l'économie nationale tirent un revenu correspondant de leur apport. En outre, un tel état de productivité économique nationale devrait être de nature à permettre de surmonter facilement les tensions sociales.

Le passage à l'automation aplanira-t-il donc la voie à cet état de choses ? Si l'on étudie les conditions du processus technique, on comprend nécessairement qu'il exige un important capital et principalement des fonds disponibles à longue échéance. On ne doit pas oublier non plus qu'il faut disposer d'une foule de spécialistes capables de préparer les programmes pour une production si complexe et d'en surveiller attentivement l'exécution. Enfin il est indispensable qu'un large marché d'écoulement soit plus que jamais assuré.

Après cela, on comprend aisément que même les pays d'Europe, qui possèdent davantage ces présupposés, affrontent le problème de l'automation avec prudence et se contentent provisoirement d'une automation partielle. On sait d'autre part que l'automation n'a été jusqu'à présent vraiment expérimentée en aucun lieu dans ses répercussions sur l'authentique productivité économique nationale. Le fait que l'automation est née pour la production des armements et qu'elle y trouve encore aujourd'hui ses applications les plus avantageuses, prouve seulement sa productivité technique incontestable. On peut ajouter qu'il ne sera possible de considérer économiquement l'application de l'automation dans la plupart des pays que lorsque le désarmement libérera les capitaux et quand le développement de la technique, hâté avant tout par la course aux armements, ne rendra plus aujourd'hui que de peu de valeur ou d'aucune ce qui, hier, était encore estimé comme un progrès. De toute façon, un peuple qui n'est pas riche et se trouve limité par des obligations immédiates urgentes dans divers domaines, comme l'enseignement, les voies de communication, la réforme agraire, la construction d'habitations, doit pouvoir se suffire à lui-même avec des capitaux restreints ; et il ne peut en aucune manière vivre au-dessus de sa condition : ce qui arrive facilement quand les dépenses et les investissements sont dominés par la fascination du progrès technique.



Le chômage technique.

Un autre point important de la vie sociale, qui doit être attentivement pesé, est celui du chômage technique, qui pourrait très probablement se manifester, selon les circonstances, avec l'introduction de l'automation. Certains estiment que ce danger ne se ferait sentir que pendant une brève période, parce que d'autres possibilités d'emploi s'ouvriraient à la longue pour les chômeurs avec les nouvelles industries, avec la réadaptation de la main-d'oeuvre à d'autres postes, la diminution des heures de travail avec salaire égal, le tout joint à une augmentation du travail en série, dans le but également de tirer le plus grand profit, jour et nuit, des installations si coûteuses. Il semble que de semblables moyens pourraient à longue échéance triompher du chômage technique. Mais, à vrai dire, ils limiteraient davantage la liberté du travailleur, accroîtraient dans des circonstances déterminées les différences entre les catégories d'ouvriers, rendraient impossible — elle est déjà menacée — sa sanctification en commun du dimanche dans les familles. Il y aurait lieu, en outre, de se demander même si ces dispositions ne feraient pas de l'automation une charge pour la productivité économique nationale. Mais même si tous ces problèmes pouvaient être réglés de manière satisfaisante à longue échéance, il faudrait constater que l'accroissement du chômage technique, même pour une brève période, représenterait pour certains pays un mal qui ne peut être affronté à la légère. Dans ce domaine non plus, il n'est pas permis d'adopter le faux principe qui, dans le passé, poussa certains politiciens à sacrifier toute une génération en vue du grand avantage qui en résulterait pour les suivantes.

Les problèmes que l'automation a posés à l'économie nationale — et auxquels Nous avons fait une simple allusion — étaient toujours dominés par celui du maintien de sa productivité ; cela venait surtout du fait qu'une économie nationale, entièrement équipée selon la nouvelle technique, semble devoir être bien plus vulnérable dans son ensemble et beaucoup moins souple en cas de crise ou d'autres troubles. Ce problème central devrait donc mettre d'accord plus que jamais les intérêts des employeurs et des ouvriers, les rendre conscients du sort commun d'une économie sociale, qui développe d'une manière de plus en plus harmonieuse les forces de production sur tout le territoire de la nation, qui s'étende même en Europe et soit ouverte au reste du monde. Dans de telles circonstances un seul mot d'ordre est possible pour les parties organisées du contrat de travail : il vaut mieux traiter que se battre. C'est le seul mot d'ordre qu'elles puissent adopter devant leurs consciences et devant le peuple.



La question des salaires.

La question du salaire surtout exige des vues nouvelles, une fois que l'automation aura fortement modifié le secteur du travail. Parce que jusqu'à présent il se trouvait au milieu du processus de la production, il était l'apport — mesurable selon le rendement obtenu — de la force des muscles et de l'habileté de la main ; maintenant au contraire, l'individu est au-dessus du processus de production et doit coopérer incessamment, avec attention et savoir technique, afin que le processus de production se déroule durablement et, en cas de trouble, soit remis en mouvement le plus rapidement possible. Il faudra donc adopter de nouveaux critères pour estimer la valeur du travail salarié et même prendre en considération de nouveaux types de travailleurs : problèmes intérieurs des syndicats et même peut-être de leur forme présente, spécialement si l'on pense que dans divers secteurs de l'économie nationale la catégorie ouvrière, même dans le futur, ne sera pas notablement touchée par l'automation.

La multiplicité de ces questions, d'une part, et, de l'autre, la technique surprenante de l'automation, c'est-à-dire d'une production qui s'accomplit sans interruption, selon un programme unitaire, font naître dans l'esprit d'un certain nombre l'idée que, dans l'ère de l'automation, les problèmes sociaux ne peuvent ni ne doivent être résolus que selon la formule du socialisme, c'est-à-dire par l'exclusion de l'institution de la propriété privée, tout au moins en tant que norme de base pour l'utilisation ordonnée des biens matériels.

Nous avons déjà fait allusion à l'influence marxiste. Sans doute dans l'économie nationale et européenne, une plus large planification deviendra nécessaire. Mais celle-ci ne peut pas être identique à un dirigisme plus ou moins absolu et elle n'en a pas besoin. Elle ne le peut : parce que l'indépendance des familles et la liberté des citoyens sont liées à la saine réalisation de la propriété privée comme institution sociale d'ordre. Elle n'en a pas besoin si, dans les intentions comme dans les institutions, le lien du bien commun se fait sentir de plus en plus fort et, en outre, juridiquement efficace, dans les entreprises, dans les divers secteurs de la production, au gouvernement et parlement, partout où sont prises des décisions qui intéressent l'homme et l'économie.

Pie XII 1957 - ALLOCUTION AU COLLÈGE PONTIFICAL ÉCOSSAIS (3 juin 1957)