Pie XII 1958 - DISCOURS AUX JEUNES GENS DE L'ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE


ALLOCUTION A LA COLONIE DES MARCHES

A ROME

(23 mars 1958) 1






Recevant en audience spéciale dans la Basilique vaticane les membres de la colonie des Marches, vivant à Rome, le Saint-Père a prononcé une allocution en italien, dont voici la traduction :

Le « Pio Sodalizio dei Piceni », qui exerce sa bienfaisante activité dans la Ville Eternelle et qui réunit autour de lui les adhésions et les approbations de la colonie des gens des Marches à Rome, a voulu se faire votre interprète à tous ; et c'est en Nous rappelant par une aimable pensée l'origine des liens particuliers de Notre famille avec la terre des Marches de S. Angelo in Vado, que Nous fut demandée cette rencontre, source de joie pour Notre esprit, comme aussi pour vous-mêmes.

Rome fut vraiment pendant longtemps un but presque unique de migrations à l'intérieur du pays ; vous êtes aujourd'hui ici une des plus grandes communautés —, à laquelle appartiennent pour la plupart des citoyens qui font honneur à votre terre par les moeurs de leur vie, par leur zèle au travail, par la fonction importante que plus d'un exerce. Celui qui contemple cette solennelle assemblée peut s'en rendre compte, parce qu'il lui est possible de noter la ferveur de votre foi, outre la diversité et les qualités des personnes présentes.

Nous vous souhaitons donc une bienvenue parternelle et Nous vous félicitons pour votre esprit de légitime attachement à votre terre, à ses valeurs, à ses traditions.

Votre région se présente avec l'enchantement de sa mer et de son ciel, avec la richesse et la variété de ses terres : avec tout un ensemble de caractères naturels agréables à la vue par la descente des chaînes de montagnes vers les rives de la mer ; il y a, sur vos collines spécialement, toute une végétation variée et riante, et partout sur les douces pentes prospèrent la vigne et l'olivier, tandis que, dans les plaines méridionales, protégées par le Cônero contre les vents du nord, l'air est embaumé par les fleurs d'orangers. Vos villes — qu'elles se trouvent dans la plaine, comme Fano, Senigallia, Ascoli ; ou sur de hauts plateaux, comme Iesi ; ou dans un repli, comme Fabriano ; ou sur les collines comme Osimo, Recanati, Fermo, Macerata ; sur la montagne, comme Cingoli et Urbino et, encore plus haut, Came-rino ; qu'elles soient entre la plaine et la montagne, comme Tolentino et San Severino ; ou qu'elles s'étendent enfin pour ainsi dire au flanc de deux monts, comme Ancône et Pescara — vos villes sont toutes construites avec dignité et décence, toutes apparaissent propres et nettes et pleines de sérénité et de paix aux yeux de tous ceux qui les visitent.

« Terre jeune » disent les géologues qui étudient les Marches parce qu'elles comprennent certaines des formations les plus récentes de la péninsule. Mais celui qui veut étudier votre région sous l'aspect géographique, géologique et historique, a besoin de considérer les millénaires, de se rencontrer avec eux. Parce que votre vie, et par conséquent votre histoire, est une vie, est une histoire millénaire ; il suffit de regarder les signes évidents de la civilisation de la pierre, dans les phases paléolithique et néolithique, et les signes de l'âge du bronze et du fer.

Les populations des Marches, qui furent autrefois guerrières — comme l'attestent de fréquentes découvertes d'armes dans les tombeaux —, apparaissent aujourd'hui sobres, discrètes, laborieuses, et il ne leur manque pas la qualité d'une amabilité innée et d'une grande cordialité, même si d'ordinaire elle est mesurée. Il y a aujourd'hui dans les Marches, comme, à vrai dire, il y eut toujours, des hommes qui surent et savent exceller dans les sciences et dans les arts de différentes façons ; la renommée de beaucoup a traversé le monde entier.

Nous voici donc au milieu de vous comme Père de vos âmes ; Nous voici prêt à vous bénir avec toute l'effusion de Notre cceur ; Nous voici prêt à vous dire une parole de réconfort et d'enseignement.

Votre présence, chers fils, attire Notre pensée sur le problème de la Région, au sujet duquel les opinions sont divisées et les oppositions sont nombreuses.



Nous laissons à qui de droit (et par conséquent à beaucoup également présents ici, qui ont la qualité et la capacité pour le faire) l'étude et la solution de ce problème. Nous voudrions, en revanche, vous exposer certaines de Nos réflexions qui, espérons-Nous, puissent vous aider à être de bons fils des Marches, de bons italiens, de bons chrétiens.



Le culte des ancêtres et l'imitation de leurs vertus.

i° - La région est, sans aucun doute, une des diverses unités que la force des choses, plus encore que la libre volonté des hommes, a constituée dans les différents Etats. Elle a donc sa valeur qui doit être conservée et, autant que possible, accrue. La région, d'autre part, signifie une certaine homogénéité de sang, parce que les populations ont pour coutume pour la plupart de former leurs familles là où elles vivent habituellement. Et comme l'homme hérite par sa partie matérielle de tout un ensemble d'inclinations, que l'âme pourra librement transformer mais qui demeurent toutefois permanentes, sous tant d'aspects, il en résulte que les vertus des ancêtres revivent en vous, c'est-à-dire dans certaines de vos inclinations déterminées. Si, celles-ci sont, supposons-le, plus facilement subordonnées à l'esprit, on peut dire que vos pères ont réussi à créer en vous une inclination favorable à la probité, à l'honnêteté des moeurs, au sens du travail.

Mais il y a dans la région tout un ensemble de valeurs strictement spirituelles et elles sont les gloires du peuple, gloires militaires, gloires littéraires, gloires scientifiques, gloires artistiques. Il y a en outre les grâces spécifiques qui lui sont accordées par Dieu : grâces de salut, de sanctification, d'apostolat.

La population des Marches, peut-être favorisée également par sa situation géographique, a pu conserver un patrimoine homogène et certaines vertus traditionnelles, qui ne se trouvent pas facilement ailleurs. Il y a chez vous un sens de réserve personnelle et de modestie uni à la parcimonie, mais qui ne vous empêche pas de secourir les plus nécessiteux et de les secourir efficacement, radicalement, comme en témoigne également la bienfaisante activité du « Pio Sodalizio Piceno ». Vous n'avez pas subi aussi fortement que d'autres régions l'insertion dans l'histoire universelle ; mais cela a favorisé chez vous un recueillement qui, sans aucun doute, est lui aussi une richesse ; et quant à vos valeurs spirituelles caractéristiques, il suffit de penser à la « Santa Casa » de Lorette pour voir là une bénédiction toute spéciale de Marie, qui vous a fait et vous fait visiter par d'innombrables âmes qui viennent à vous avec une attitude de piété sincère, de foi ardente, d'humilité profonde, outre un esprit de mortification propre à tout pèlerinage vraiment dévot.

Que vous ayez une juste fierté d'appartenir à votre région ; que vous évoquiez avec complaisance vos gloires et vos souvenirs ; que vous cultiviez avec modestie et avec ténacité vos vertus traditionnelles ; que vous vous mainteniez en une noble émulation avec les autres régions dans le but d'arriver les seuls ou, si ce n'est pas possible, les premiers à certains buts ; que vous vous sentiez des gens des Marches même en vivant à Rome, c'est là ce qui Nous fait vous dire Notre première parole, une parole affectueuse de félicitation paternelle.



dévouement à la patrie.

2° - Mais afin que votre fierté et votre légitime amour de prédilection pour les Marches ne dégénère pas en une forme de régionalisme mal compris, il est nécessaire que vous visiez plus haut, que vous considériez la patrie commune, l'Italie.

Aujourd'hui, on rencontre parfois des citoyens qui semblent pris de la crainte de se montrer particulièrement dévoués à la patrie. Comme si l'amour pour sa terre pouvait signifier nécessairement un mépris envers les terres des autres ; comme si le désir naturel de voir sa propre patrie belle, prospère à l'intérieur, estimée et respectée à l'étranger, devait être inévitablement une cause d'aversion à l'égard d'autres peuples. Il existe même des personnes qui évitent de prononcer le mot de « patrie » et qui tentent de lui substituer d'autres noms plus appropriés, pensent-ils, à nos temps.

Certes, chers fils : il faut convenir que parmi les signes d'une désorientation des âmes, cet amour diminué pour la patrie, cette plus grande famille qui vous a été donnée par Dieu, n'est pas un des derniers.

Mais quand la patrie s'appelle l'Italie, il n'est personne qui ne voie les motifs spéciaux qu'il y a de se sentir attaché à elle par des liens de dévouement et d'affection.

Située au milieu de la mer qui voit se croiser les voies du monde et unit les trois plus grands blocs de terres émergées, l'Italie est, en un certain sens, un centre géographique du monde ; si bien que tous les peuples y sont passés et repassés, contribuant à lui donner un caractère universel, compréhensif et ouvert, comme on ne le trouve pas facilement dans d'autres nations. On peut dire en effet que l'Italie n'appartient pas seulement aux Italiens, parce qu'elle appartient à tous les peuples. Il en fut ainsi dans l'histoire du passé ; il en sera ainsi dans l'avenir.

Le Droit romain est un patrimoine de l'humanité ; la Philosophie thomiste, qui naquit en Italie, est, entre toutes, la plus universelle, parce qu'elle présente et illustre la hiérarchie de l'être ; la Divine Comédie est un poème à la fois national et universel, de même que l'humanité réunie dans l'attente inquiète du jugement de Dieu est l'expression suprême de l'art de Michel-Ange. On doit ajouter que la culture gréco-italienne est l'initiatrice de la culture de l'Europe et, par conséquent, de la culture moderne.

L'Italie, conçue et voulue par Dieu comme terre où le centre de l'Eglise a son siège, fut l'objet à la fois de son amour spécial et d'une de ses actions toute spéciale. Car aucun peuple n'a, comme le peuple italien, ses destins liés à l'oeuvre du Christ.

Heureux d'être les membres de la grande famille des Marches, ne soyez donc pas moins soucieux d'appartenir à l'Italie. Faites généralement tout ce que vous pourrez pour la transformer ou la consolider en une nation qui vive et travaille dans la tranquillité et dans l'ordre. Certains parmi vos meilleurs hommes se trouvent au premier rang dans cette bataille pacifique. Mais, précisément parce que c'est en Italie que se trouve le coeur de l'Eglise, il est facile de prévoir que les ennemis de Dieu s'emploieront par tous les moyens à y jeter la semence de la subversion, le poison de la haine ; alors que mettre des obstacles à la mission universelle et, par conséquent, chrétienne de l'Italie, c'est trahir l'Italie elle-même, parce que c'est comme vouloir en diminuer et même en détruire la véritable grandeur.



La fidélité à l'Eglise.

3° - Mais l'amour de la patrie peut également dégénérer et devenir un nationalisme excessif et nuisible. Pour que cela n'arrive pas, vous devez viser bien au-delà de la patrie ; vous devez considérer le monde. Mais il n'y a qu'une seule façon de considérer le monde, tout en continuant à aimer sa région et à aimer sa patrie : il faut prendre conscience d'une réalité suprême : l'Eglise. Et il faut en être une partie vivante.

Il faut que chaque individu soit une partie vivante de l'Eglise ; qu'il subordonne tout à la grâce divine qui doit être conservée et accrue ; qu'il soit prêt à surmonter tous les obstacles, à affronter même la mort pour ne pas perdre la foi, pour ne pas perdre la grâce. C'est ce que fit une jeune fille née parmi vous, sur une terre des Marches : Maria Goretti.

Que vos familles soient une partie vivante de l'Eglise. Dans le célèbre sanctuaire, la « Santa Casa » de Lorette, resplendit le souvenir de la plus sainte des familles : la Sainte Famille. Regardez-la comme votre modèle et imitez-la ; faites que Jésus soit au centre de vos demeures, maître absolu de vos pensées et de vos coeurs.

Que vos cités soient une partie vivante de l'Eglise. Il y a des gens, en Italie, qui s'agitent parce qu'ils craignent que le christianisme enlève à César ce qui est à César. Comme si donner à César ce qui lui appartient n'était pas un commandement de Jésus ; comme si la légitime et saine laïcité de l'Etat n'était pas un des principes de la doctrine catholique ; comme si ce n'était pas une tradition de l'Eglise, de s'efforcer continuellement à maintenir distincts, mais aussi toujours unis, selon les justes principes, les deux Pouvoirs ; comme si, au contraire, le mélange entre le sacré et le profane ne s'était pas plus fortement vérifié dans l'histoire quand une portion de fidèles s'était détachée de l'Eglise.

Les villes seront une partie vivante de l'Eglise, si la vie des individus, la vie des familles, la vie des grandes et petites collectivités y est alimentée par la doctrine de Jésus-Christ, qui est amour de Dieu et est, en Dieu, amour de tout le prochain.

Individus chrétiens, familles chrétiennes, villes chrétiennes, Marches chrétiennes.

Que toutes les Marches deviennent comme une grande « Santa Casa » ; et que la famille des Marches soit une unique et grande Sainte Famille !




LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT AU Xle CONGRÈS NATIONAL DES INSTITUTS CATHOLIQUES DE FRANCE

(24 mars 1958) 1






Du 29 au 31 mars 1.958, s'est tenu à Paris le onzième Congrès des Instituts catholiques de France. A cette occasion, par l'entremise de S. Exc. Mgr Dell'Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'Etat, le Souverain Pontife adressa ses voeux et directives dans la lettre suivante, en français, à S. Exc. Mgr Blanchet, recteur de l'Institut catholique de Paris :

Dès réception de la lettre que m'adressait Votre Excellence, le 8 mars dernier, pour m'informer de la prochaine réunion à Paris du Conseil national des étudiants des cinq Instituts catholiques de France, je me suis fait un devoir d'en porter la nouvelle au Souverain Pontife et d'attirer Son attention sur le thème des travaux, inspiré de l'encyclique Fidei Donum sur la situation des missions catholiques notamment en Afrique.

Le Saint-Père fut heureux d'apprendre l'écho qu'avaient trouvé auprès des étudiants catholiques les exhortations pressantes de Son encyclique ; et II ne doute pas de la réponse généreuse qu'ils voudront donner à Son appel. Les problèmes posés, en effet, par l'extension de l'Eglise dans le continent africain — et notamment dans les territoires qui sont en relation plus directe avec la France — ne doivent pas laisser indifférents les jeunes de vos Universités. Sans prétendre, comme le souligne à juste titre Votre Excellence, trancher imprudemment les questions de tous ordres, et fort complexes, que soulève un pareil sujet, ces étudiants trouveront dans l'étude du programme qu'ils se sont fixé matière à des résolutions précises, immédiates et valables pour tous : quand ce ne serait, par exemple, qu'une meilleure connaissance de leurs responsabilités chrétiennes à cet égard et l'entretien de rapports fraternels avec les étudiants d'outre-mer séjournant en France.

Plaise à Dieu, au surplus, que certains se sentent appelés à se donner plus totalement au service de cette cause apostolique, si chère au cceur du Saint-Père ! Les tâches sont multiples. Comme prêtres, comme religieux et religieuses, comme laïcs d'Action catholique, il est fait appel aujourd'hui au concours d'une jeunesse généreuse prête à se consacrer à l'évangélisation des populations africaines et à une forte implantation de l'Eglise en ce continent. Mais, dans l'ordre professionnel également, chacun sait désormais que les peuples techniquement moins développés ont besoin d'une assistance fraternelle, à laquelle il convient que les chrétiens prennent une large part ; des étudiants et étudiantes catholiques doivent être ouverts à ces perspectives.

C'est donc de grand cceur que le Saint-Père appelle sur les travaux du Congrès une large effusion de grâces et accorde à tous les étudiants qui y participeront, une paternelle Bénédiction apostolique.


DISCOURS A DES OUVRIERS DE L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE

(zg mars 1958) 1






Le Saint-Père a reçu en audience quelques centaines d'ouvriers des cordonneries de Vigevano, et leur a adressé un discours en italien, dont voici la traduction :

Nous vous souhaitons paternellement la bienvenue, chers fils et filles, travailleurs des fabriques de chaussures de Vigevano. Et tout en vous remerciant pour vos dons — d'autant plus précieux qu'ils sont faits de vos propres mains — Nous vous exprimons de vives félicitations et des voeux fervents pour votre travail si décisif pour la prospérité de vos familles et de votre belle et industrieuse cité.

Tout ce que la vie de la renaissance vous apporta d'heureux n'a pas complètement disparu à Vigevano : il suffit pour s'en convaincre de s'arrêter sur votre merveilleuse place, qui est peut-être le modèle le plus parfait de cour ducale dans le style lombard et certainement le plus grandiose ; il suffit d'observer ce qu'on appelle la « Tour de Bramante » et de réfléchir sur les restes du Château ; s'il ne montre plus désormais que peu de chose de son antique splendeur, il n'en donne pas moins une idée suffisante de ce que fut la superbe construction primitive. L'intérieur de votre Cathédrale est également grandiose et solennel, et votre Musée municipal est riche dans sa partie paléon-tologique et préhistorique.

A l'époque de la conquête romaine, Vigevano fut un château, « castrum », qui devait servir d'avant-poste armé, ainsi que de point de ravitaillement pour les troupes de passage. Cen'est que bien plus tard que se développa de façon organique sa vie économique ; limitée au début à l'activité commerciale, avec la construction d'un marché qui eut une fortune peu ordinaire. A côté de l'économie agricole, une activité textile avait surgi entre temps, avec les formes industrielles que permettait l'époque. A travers des événements nombreux et variés et après le merveilleux épanouissement durant la période napoléonique, on arriva à 1872 : année où apparut à Vigevano la première industrie de la chaussure.



Histoire de la chaussure.

L'usage des chaussures — comme vous le savez bien — a son origine dans le besoin qu'éprouvèrent les hommes d'adapter au pied une protection contre tout ce qui pouvait l'endommager, spécialement quand ils durent se mettre en marche d'une zone à une autre à la recherche de lieux plus hospitaliers. Chez les peuples grecs la chaussure fut, au début, une simple semelle de bois liée sur le dessus du pied. Tout de suite après vinrent les sandales ; puis la chaussure et enfin, la bottine. C'est à cette période qu'appartiennent la « crépide » et le « cothurne ».

Chez les Romains on a en revanche : les « solae » et les « calcei » ; les « zoccoli » et les « caligae », qu'utilisaient les soldats.

Au Moyen Age, la chaussure reflète tour à tour l'ascétisme chrétien, le faste byzantin, le lourd esprit barbare et la chevalerie naissante.

Mais en 1500, tandis que pour les usages les plus pratiques et courants on trouve le type « haut-de-chasses », la chaussure de société s'enrichit de nouveau jusqu'au type, très décoratif, au talon haut et coloré : les « talons rouges » dont le nom caractérise tout à fait cette période de l'histoire ; puis la chaussure blanche, aux larges et riches boucles de métal.

Avec la révolution française, toute mode raffinée se simplifie ; la chaussure devient utilitaire.

1900, dès ses débuts, renouvelle tous les types et formes ; la ligne devient plus légère et élancée.

A Vigevano, l'industrie de la chaussure s'établit résolument après les premiers pas : aujourd'hui, votre cité est désormais au premier rang sur le plan national et est appelée, à juste titre, « la capitale italienne de la chaussure ».



Trois cents fabriques de chaussures — selon ce que Nous avons appris d'après le matériel qui Nous a été courtoisement envoyé — avec les deux cents ateliers auxiliaires et de mécanique, donnent du travail à environ vingt mille ouvriers et peuvent produire journellement soixante mille paires de chaussures. Cela contribue efficacement à la valeur de la chaussure italienne et donne un apport notable à l'actif du bilan commercial. On doit ajouter qu'à Vigevano, on ne fabrique pas seulement des chaussures, mais tout ce qui leur est inhérent et surtout les machines qui dépassent les limites du marché intérieur et attei-gent l'étranger, où des fabriques de chaussures entières ont été installées par des maisons de Vigevano.

Aujourd'hui également, de l'avis de beaucoup, on peut dire ce qu'il y a plus de quatre siècles le célèbre humaniste Ermolao Barbaro écrivait à propos de la terre des Sforza autour de Vigevano : « Villa gleba fui, modo sum ditissima tellus » 2. En effet, votre terre est riche par la fécondité des champs, par l'ardeur du travail industriel et artisan, mais surtout par les hommes capables et constants, auxquels est due, plus qu'aux circonstances fortuites, la prospérité qui, à travers les siècles, est restée à peu près sans changement.

Le bien que Nous désirons pour tous Nos fils, spécialement pour les plus humbles, Nous fait Nous réjouir quand Nous voyons dans votre pays une situation qui supprime — tout au moins comme cela Nous a été rapporté — le problème du pain quotidien pour la plupart des habitants. Vous êtes en réalité des spectateurs et des acteurs d'un progrès, qui se vérifie chaque année et dont témoignent entre autres les chiffres qui apparaissent dans la documentation qui Nous a été également remise. En 1955, plus de trois millions de paires de chaussures furent exportées, pour une valeur de six milliards de lires ; en 1956, l'exportation s'éleva à près de cinq millions de paires pour une valeur de plus de dix milliards de lires ; pendant le premier semestre de 1957, on avait déjà exporté cinq millions et demi de paires de chaussures atteignant une valeur d'environ onze milliards de lires.

2 Cf. Ermolao Barbaro, Epistolae, Orationes et Carmina, édition critique de Vittore Branca, Florence 1943, vol. 2, p. 124.




Le Seigneur sait avec quelle pensée paternelle et avec quelle joie Nous avons appris tout cela. Il sait également avec quelle insistance affectueuse Nous avons prié et continuons à prier pour que votre prospérité se maintienne et même s'accroisse dans les limites du possible. Mais Nous sommes avant tout Père et Pasteur de vos âmes ; votre bien spirituel Nous intéresse donc encore davantage et personne ayant du bon sens et de la conscience ne pourra s'en étonner.

Aussi vous confions-Nous non sans tristesse que les éléments en Notre possession Nous obligent à penser que tout n'est pas lumière, que tout n'est pas vie dans votre cité, dans votre diocèse. Ce qui ne signifie nullement que tout y soit ténèbres, que tout y soit mort ; cela signifie seulement que Nous ne pouvons Nous dispenser de vous exhorter paternellement à méditer sur ce que devrait être — et n'est pas encore — l'état religieux de votre ville. Nous avons confiance qu'un réveil graduel sera suscité par la grâce divine dans chaque âme, dans les familles, dans les paroisses et dans tout le diocèse ; Nous avons le ferme espoir que vous serez tous vigilants et que vous agirez avec empressement et courage. Votre zélé Pasteur, les prêtres et toutes les âmes consacrées à Dieu ont certes l'anxiété de voir le mal arrêté ; ils ont la volonté résolue de faire triompher le bien ; mais il est d'autre part nécessaire d'avoir l'aide de laïcs préparés, capables, hardis et disposés à tout faire, à tout oser, pour être un ferment efficace dans le peuple au milieu duquel ils vivent. Car une partie de celui-ci est plus d'une fois indifférent ou même hostile. Hostile à l'Eglise ; souvent hostile aussi au Christ ; parfois hostile à Dieu même. Pourquoi ?

Nous pensions à ce douloureux phénomène, tandis que, comme déjà d'autres fois, Nous cherchions dans la Liturgie sacrée de ces jours comme l'inspiration pour Nos brèves et simples paroles.



Le problème religieux à Vigevano.

1. — Demain, chers fils, l'Eglise évoque l'entrée, le triomphe de Jésus à Jérusalem. Ce furent sans doute les enfants qui le suscitèrent ; ayant les yeux limpides et le coeur pur, ils virent et sentirent plus intensément le besoin d'élever le cri : Hosanna à Jésus (Mt 21,15-16). Et ce fut alors toute la cité qui accourut pour étendre vêtements et branches de palmiers sur le chemin, avec des acclamations, des cris : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! ».

A l'écart de cette scène, spectateurs irrités et frémissants, se trouvaient quelques ennemis de Jésus, qui depuis longtemps cherchaient l'occasion de le perdre, mais ce jour-là ils n'eurent pas le courage de se mêler à la foule ; ils tentèrent alors de faire cesser les hosannas et s'adressèrent directement à Jésus, en lui disant : « Maître, imposez silence à vos disciples ! », et Jésus répondit : « Je vous le déclare, si ces gens-là se taisent, les pierres se mettront à crier» (Lc 19,39-40).

Mais voici : quelques jours passent et une autre scène se déroule devant Pilate ; Jésus se trouve debout, enchaîné : couronné d'épines, couvert des plaies de la flagellation, objet d'insultes, souillé par les crachats. Regardez maintenant, en bas : sur la place, il y a une grande foule. Selon toute probabilité, il y avait également certains de ceux qui étaient si joyeux quelques jours plus tôt. De toute façon, la multitude n'a plus maintenant l'aspect d'alors : elle a un autre visage, parce qu'elle a un autre cceur, une autre âme. Quelqu'un l'a retournée, l'a transformée, en l'empoisonnant par ses insinuations, par ses instigations. Observez encore chers fils : Pilate cherche à sauver Jésus ; et comme c'était la coutume que pour chaque fête de Pâques on libérât un détenu, selon les désirs du peuple, il en offrit deux au choix : Jésus et un détenu fameux, séditieux et homicide, Barabbas.

Pilate dit à la foule : « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? ». Au milieu de la foule, il y avait les scribes et les anciens, qui persuadèrent le peuple de demander Barabbas et d'envoyer Jésus à la mort. Pilate répéta la demande : « Qui voulez-vous que je relâche ?» ; et la réponse du peuple vint immédiate, précise, unanime : « Nous voulons que Barabbas soit libéré ». Pilate demeura comme étourdi. Il insista donc : « Alors que faut-il faire de Jésus, dit le Christ ? ». Nouvelle agitation de la foule et nouvelle suggestion des ennemis : et, encore une fois, de ces lèvres jaillit un cri unanime : « Qu'il soit crucifié ! » Pilate, au comble de la consternation, demanda encore à la foule : « Quel mal a-t-il donc fait ? ». Jésus n'avait rien fait de mal ; il avait accompli tout le bien qu'il avait eu l'occasion de faire : «bene omnia fecit». Il était passé en bénissant tout le monde, en guérissant tout le monde : « pertransiit benefaciendo et sanando omnes ». Où étaient donc en ce moment les aveugles qui avaient recouvré la vue, les paralytiques dont les membres s'étaient dénoués ? Où étaient les témoins des innombrables prodiges, tous accomplis pour le bien des hommes ? Hélas ! personne n'osa prendre la défense de l'innocent ! Les disciples, timides et craintifs, s'étaient enfuis ; les autres partisans du Christ s'étaient soustraits au tumulte et se cachaient inquiets de l'événement inattendu. Désormais, l'effet des insinuations et des instigations était complètement obtenu. Il n'y eut donc plus besoin de rien d'autre, et la foule cria encore : « Qu'il soit crucifié ! ». Pilate tenta de protester : « Je suis innocent du sang de ce juste » s'écria-t-il ; mais ses paroles furent couvertes par un cri infernal : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ».



La versalité des foules et le danger des faux-prophètes.

i. — Cette page tragique de l'Evangile attire encore une fois notre attention sur la nécessité de rendre sans cesse plus réelle et active la présence d'âmes vraiment capables et apostoliques au milieu de la foule des hommes. En effet, si les insinuations et les instigations de quelques malheureux sont suffisantes pour troubler les coeurs, pour semer la discorde et pour inciter à la rébellion, il est également possible de prévoir qu'une phalange d'âmes généreuses réussira — pourvu qu'elle le veuille — à induire et conduire au bien ceux qui hésitent encore et sont comme dans l'attente de quelqu'un qui vienne leur indiquer le but à poursuivre et le chemin à parcourir.



Le rôle décisif des apôtres laies dans le redressement spirituel d'une on.

Pensez, chers fils et filles, aux innombrables hameaux dispersés dans vos campagnes ; ne serait-il donc pas hautement utile et tout à fait providentiel que leur parvienne la parole d'une âme discrète, mais soucieuse du salut et de la sanctification de ses frères ? Et dans vos ateliers ? Dans ceux-ci — malheureusement — la semence de l'erreur et de la haine fut jetée plus facilement et plus abondamment ; employez-vous donc à y ramener la lumière de la vérité et la flamme de l'amour. Rapprochez-vous avec une sollicitude affectueuse de vos frères égarés, mais pas mauvais ; faites tous vos efforts pour vous substituer à ceux qui — ceux-là, oui, sont des pervers, il Nous est pénible de le dire — ont réussi à les tromper, à leur fermer les yeux, à les enchaîner solidement. Donnez-leur la certitude que c'est seulement en Jésus qu'ils trouveront la paix de l'âme ; seulement avec Jésus qu'ils obtiendront la sérénité pour les familles ; aidez-les à se rendre compte de leurs propres yeux de toute la rancoeur, de toute la tristesse que cause le fait d'être loin du Christ. Qu'ils ne craignent rien pour leur bien-être matériel convenable ; pour la réalisation des justes aspirations en employant des moyens légitimes, il n'est nullement nécessaire de se remettre entre les mains des négateurs de Dieu. Celui qui nie Dieu, en effet nie la justice, comme il nie l'amour. L'Eglise a toujours protégé l'ouvrier et son travail. Particulièrement en ce moment, elle désire que l'on arrive, en réalité, à une augmentation du revenu national, de telle sorte que les prix se maintiennent substantiellement et que soit en même temps élevé le revenu auquel a droit chaque individu. A ceux qui cherchent le ciel, la possession de la terre sera également donnée dans une juste mesure. Celle-ci ne deviendra jamais un paradis, mais elle cessera d'être, comme Nous l'espérons, ce lieu de tourment, qui fatigue tant et remplit de découragement.

Ainsi, tout en continuant à progresser sur la voie du bien-être matériel, votre population saura avancer avec rapidité également sur les voies de l'esprit : comme il convient à des créatures humaines, comme il convient spécialement à des chrétiens conscients et fidèles.


DISCOURS A DES ANCIENS COMBATTANTS ET A DES FAMILLES DE DISPARUS

(30 mars 1958) 1






Les quelque trente-cinq mille participants à la « Journée du disparu en guerre et du prisonnier rapatrié », venus de toutes les parties de l'Italie, prirent part à l'audience générale du dimanche 30 mars dans la Basilique vaticane, au cours de laquelle le Souverain Pontife prononça un discours en italien, dont voici la traduction :

Nous avons accueilli volontiers votre désir d'être bénis par Nous, chers fils, anciens combattants et familles de disparus en guerre. Malheureusement, Nous ne pouvons pas Nous entretenir longuement avec vous, en raison des limites qui Nous sont imposées par le peu de temps disponible ; Nous avons déjà traité, d'autre part, à plusieurs reprises, le triste sujet de la guerre, jugeant de sa licéité, étudiant ses causes, soulignant ses conséquences, suggérant des remèdes. Nous ne pouvions toutefois renoncer à une rencontre avec vous, qui portez dans votre chair et dans votre cceur les signes d'une souffrance bien difficile, si ce n'est même tout à fait impossible, à s'apaiser ; voici donc que Nous revenons, ne serait-ce que pour quelques instants, aux innombrables champs de bataille, où, par la volonté de chefs, de jeunes hommes forts et généreux s'affrontèrent et perdirent la vie.

Comme Nous avions alors prévu ce qui, malheureusement, se produisit, Nous ne manquâmes pas d'avertir solennellement les chefs de peuples, afin que rien ne fût omis de ce qui pouvait arrêter les hommes au bord du terrible gouffre ; en ce jour désormais lointain, Nous proclamâmes que rien n'était pendu avec la paix, tandis que tout pouvait être perdu avec la guerre 2. Malheureusement, Notre voix de Père éploré ne fut pas écoutée. La guerre fut déclenchée ; et il y eut d'épouvantables rencontres de peuples, des destructions de cités ; il y eut la séparation de tant de familles, la disparition de tant de bien-être ; il y eut les haines, les violences les plus atroces, l'insouciance et le mépris de tout droit.

Beaucoup, grâce à Dieu, revinrent de cette guerre et purent de nouveau embrasser ceux qui leur étaient chers, reprendre leur travail. Nous saluons les anciens combattants ici présents, avec toute l'effusion de Notre affection paternelle, en même temps que Nous demandons au Seigneur de vous procurer, ainsi qu'à vos familles, le nécessaire pour votre entretien, et Nous rappelons d'autre part, à qui de droit, le devoir de ne pas oublier le sacrifice que vous avez fait en répondant à l'appel de la patrie, laissant vos êtres chers et affrontant généreusement, souvent héroïquement, les épreuves indicibles de la guerre.

Mais il y a ici avec vous des familles de morts et de disparus de la guerre ; Nous voudrions leur dire particulièrement de brèves mais affectueuses paroles de réconfort.



En face de la mort : désespoir et révolte de l'incroyant...

2 Cf. A. A. S., 31, 1939, p. 334 ; Discorsi e radiomessaggi, 1, p. 306.




1. — Pour qui n'a pas la foi, pour ceux qui n'ont pas d'espérance, qui spem non habent (1Th 4,13), les morts sont finis pour toujours : réduits en poussière, confondus désormais avec la terre qui les accueillit, quand ils tombèrent sur les champs de bataille. Quant aux « disparus », leur sort n'est guère meilleur : en effet, on ne sait s'ils sont vivants, on ne sait où ni comment ils vivent ; les espoirs de pouvoir les embrasser de nouveau sont à peu près perdus ; peut-être — ainsi se l'imaginent-ils — mourront-ils bientôt et la mort sera pour eux aussi la fin de tout, pour toujours. Devant les morts, en pensant aux « disparus », celui qui n'a pas la foi ne peut que se laisser aller à la douleur, ne peut qu'être envahi par la désolation, peut-être même par le désespoir. Il arrive alors que spécialement les mères ne veulent pas être consolées et pleurent parce que leurs fils ne sont plus.



. . espérance et acceptation du chrétien.

2. — Mais vous, chers fils, vous avez la foi. Pour vous tout en demeurant extrêmement douloureuse, la scène, n'en est pas moins éclairée par une grande lumière. Parce que les fidèles du Seigneur, attristés par la certitude de la mort, sont consolés par la promesse d'une vie immortelle : ut quos contristat moriendi conditio, eosdem consoletur futurae immortalitatis promissio3. Leur mort n'est donc pas une ' destruction de la vie, mais une transformation ; parce que, tandis que le corps commence à se dissoudre, l'âme de celui qui meurt dans le Seigneur s'envole, rejoint Dieu : elle le possède et est possédée par lui ; et elle jouit avec lui jusqu'au jour où le corps ressuscitera également et, réuni à l'âme, sera lui aussi bienheureux pour toujours. Donc vous, ô mère, vous n'avez plus votre fils sur la terre, mais vous savez qu'il vous attend au ciel ; et vous pouvez lui parler ; vous pouvez, en un certain sens, même l'écouter. Vous croyez que votre fils peut vous aider auprès de Dieu encore plus qu'il ne pouvait le faire lorsqu'il était sur la terre. Et vous savez aussi que si son âme se trouvait encore dans le lieu de la purification, vous pouvez, ô mère, lui procurer un soulagement ; vous pouvez en hâter la libération et, en même temps, en recevoir une aide.

Les « disparus » eux non plus, ne le sont pas complètement pour celui qui a la foi ; le regard de Dieu les suit partout : Dieu, Père aimant et tout-puissant, sait où ils sont, il sait ce qu'ils font, il sait ce dont ils ont besoin. Dieu qui voit pourvoit également ; pour eux aussi vaut la parole de Jésus : « tous les cheveux de votre tête sont comptés » (Mt 10,30) et « il ne tombera pas un cheveu de votre tête » (Lc 21,18), sans la permission ou la volonté du Père céleste. Vous avez donc, chers fils et filles, une foi solide en cette universelle et paternelle prévoyance de Dieu ; vous avez aussi la certitude que les rapports entre vous et vos chers « disparus » ne sont pas complètement interrompus ; vous pouvez en quelque sorte les atteindre, vous pouvez les aider par vos prières. Eux de leur côté — Nous le souhaitons — sont en train d'élever des prières à Dieu pour vous, pour votre sérénité, pour votre paix.

Nous aussi, Nous prions afin que le Seigneur, après le sang répandu en tant de lieux, après les souffrances de tant de soldats combattants et de tant de familles restées dans la désolation et dans l'abandon, veuille conjurer le péril d'une nouvelle guerre. Une guerre « mondiale » comme aucune autre et donc, comme aucune autre, terrible et désastreuse pour le sort de l'humanité entière.

Voici, chers fils, ce qui est né dans Notre cceur et est monté à Nos lèvres, en cette brève mais affectueuse rencontre. Nous espérons vous avoir rendu la certitude qu'entre vous et vos êtres chers il existe, indestructible, la véritable union. Parce que Nous, et vous aussi, nous croyons fermement dans le dogme consolant de la communion des saints : communion de choses saintes entre les saints, c'est-à-dire entre tous les fidèles.



Sollicitude du Pape pour les prisonniers de guerre.

Et maintenant, avant de terminer Notre message, Nous ne pourrions manquer d'ajouter une parole et une imploration pour ceux qui sont encore retenus prisonniers, afin qu'ils soient finalement rendus à leurs familles et à leur patrie ; parole que Nous entendons adresser tout particulièrement aux représentants des associations étrangères présentes à cette audience et que Nous saluons ici cordialement.

Puisque Nous parlons à ceux qui sont revenus de la guerre, Nous ne pouvons omettre d'évoquer aussi tous ceux qui treize ans après la fin des hostilités, sont encore retenus loin de chez eux comme prisonniers, Nous invitons instamment les autorités, dont dépend leur sort, à dégager cette question de toutes les implications et visées politiques et à la considérer comme elle est en réalité : une question d'humanité et de responsabilité morale devant Dieu. A tous les prisonniers, rendez enfin leur famille, leur patrie, la liberté.

Nous invoquons les faveurs divines sur vous-mêmes, chers fils, et sur ceux qui vous sont chers, sur les familles encore désolées par l'absence d'un être aimé, sur ceux qui, retenus loin de leur foyer, confient à Dieu leur espoir de retour ; dans l'effusion de Notre coeur paternel, à tous Nous en accordons comme gage Notre Bénédiction apostolique.






Pie XII 1958 - DISCOURS AUX JEUNES GENS DE L'ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE