Pie XII 1958 - LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT À LA XVIII\2e \0SEMAINE SOCIALE D'ESPAGNE (30 juin 1958)

LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT À LA XVIII\2e \0SEMAINE SOCIALE D'ESPAGNE (30 juin 1958)


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Du 7 au 13 juillet, s'est tenue à Vigo la dix-huitième Semaine sociale catholique d'Espagne ; elle avait pour thème : « Les problèmes de l'émigration en Espagne ». A cette occasion, le Souverain Pontife fit connaître ses directives dans une Lettre de Son Excellence Monseigneur Dell'Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'Etat.

Voici la traduction de ce document rédigé en espagnol, et adressé à Son Excellence Monseigneur Gonzalez y Menendez Reigada, évêque de Cordoue et président des Semaines sociales d'Espagne :

Une fois de plus les Semaines Sociales d'Espagne vont tenir leur réunion annuelle — la XVIIIe, qui aura lieu en la ville de Vigo — et le Souverain Pontife accueillant avec bienveillance la fervente sollicitation de Votre Excellence, très digne président du Comité, a le grand plaisir de s'adresser à cette assemblée, à laquelle participent des personnalités insignes et cultivées, pour lui envoyer sa bénédiction paternelle et quelques paroles d'encouragement dans ses travaux.

1 D'après le texte espagnol de l'Osservatore Romano, éd. quot., du 11 juillet 1958 / traduction française de l'OsserDafore Romano, éd. hebd., du 25 juillet 1958.
2 Sa Sainteté Fie XII, discours au ier Congrès national italien des délégués diocésains de l'émigration, 23 juillet 1957.


Le thème qui va être étudié : les problèmes de l'émigration espagnole, est d'une importance exceptionnelle. Aujourd'hui, l'émigration est un phénomène social de dimensions très vastes, de masses imposantes, nécessité par la triste réalité des temps actuels, dont la nature est telle qu'il « faut... créer une opinion publique en faveur des émigrants, de leurs besoins et de leur protection... pour raviver chez les fidèles l'intérêt et l'affection envers tant de fils lointains » 2. - 347 -

Les mouvements migratoires sont dus à l'heure actuelle presque exclusivement à deux facteurs : ou à la tyrannie de la guerre et à la politique, qui ont déplacé des multitudes d'êtres ; ou à la pression démographique, qui oblige les habitants d'un pays à chercher une vie de dignité hors de leur patrie.


La pression démographique.

Dans toute migration, il faut tenir compte de deux phénomènes différents, dont l'un est l'envers de l'autre : l'émigration ou sortie et l'immigration ou entrée. La question de l'émigration consiste en général en un fait frappant, l'augmentation de la population humaine dans sa relation directe avec la productivité naturelle des régions de la terre où habite cette population croissante. Cette augmentation de population, très souvent, n'est pas en proportion avec les produits que donne la terre, et le résultat de cette disproportion n'est autre que l'impossibilité pour bon nombre de travailleurs de trouver des moyens et une façon d'exercer une activité qui leur permette de vivre dignement. Aussi, tourmentés par une nécessité si pressante, ceux-ci se rendent compte qu'il y a « des régions et des lieux vitaux abandonnés au caprice végétatif de la nature et qui se prêtent à être cultivés par la main de l'homme, pour ses besoins et ses entreprises civiles », et en partant vers ces lieux ils réalisent, par la fin naturelle de l'émigration, une « répartition plus favorable des hommes sur la superficie de la terre » 8.

Quand l'équilibre règne entre la densité de la population d'une zone et la production de celle-ci, les moyens suffisants y existent pour le déroulement de la vie avec ses différents besoins ; il existe donc dans cette société ce qu'on appelle 1'« équation économique du bien-être ». Par conséquent tout le problème consiste en ce que ne survienne pas un déséquilibre qui rompe cette équation et qui oblige la population excédentaire à se transférer en d'autres lieux « parce que la vieille patrie ne peut plus nourrir tous ses fils » 4.

3 Sa Sainteté Pie XII, radiomessage pour le cinquantenaire de l'encyclique Rerum Novarum, ier juin 1941.
4 Sa Sainteté Pie XII, discours à la Conférence internationale de l'émigration, 17 octo- 1957-


Bien que l'émigration puisse obéir à une cause ou à une autre, l'émigrant ne se décide à partir pour d'autres lieux que poussé par une véritable nécessité. Il est, en effet, toujours extrêmement pénible d'émigrer. Celui qui émigré se sépare du milieu social dans lequel il vit. Cette action sera volontaire, mais elle s'accomplit à cause des difficultés rencontrées. L'émigré va à la recherche d'une nouvelle patrie, dans l'inconnu de l'avenir, et il sait que là-bas c'est une vie pleine de dur labeur qui l'attend. Il abandonne les liens de famille et d'amitié pour affronter les épreuves d'un milieu différent, parfois dans la solitude et l'abandon ; aussi, dans tout cela, est-il soutenu par l'espérance d'améliorer ses conditions de vie.



Le droit à l'émigration et à l'immigration.

Les hommes décident de leur propre demeure et peuvent quitter librement leur patrie, leurs parents et la maison paternelle (). Par conséquent quand, poussés par leur triste situation, ils s'en vont vers un -autre pays, désireux « de former un nouveau foyer, qui leur procure des moyens de vie qui leur ont été refusés sous d'autres deux plus ingrats »5, ils ne font qu'exercer le « droit naturel de la personne à ne pas être empêchée dans l'émigration ou immigration 6. Donc en se trouvant dans la nouvelle terre « que Dieu créa et prépara pour l'usage de tous », ils espèrent que -l'on « respecte le droit de la famille à un espace vital » 1, un juste espace « qui réponde, voire de manière modeste mais au moins suffisante, aux exigences de la dignité humaine » 8, en vertu du « principe fondamental... que les biens créés par Dieu pour tous les hommes doivent parvenir équitablement à tous selon -les règles de justice et de charité » 9.

5 Sa Sainteté Pie XII, radie-message pour les célébrations en l'honneur de Notre-Dame des Emigrants' en Argentine, 2 décembre 1956, cf. Documents Pontificaux 1956, p. 731.
6 Sa Sainteté Pie XII, radiomessage de Noël 1952 ; cf. Documents Pontificaux 1952, p. 572.
7 Sa Sainteté Pie XII, radiomessage pour le cinquantenaire de l'encyclique Rerum Novarum, ier juin 1941.
8 Sa Sainteté Pie XII, discours au Congrès international d'Etudes sociales', 3 juin 1950 ; cf. Documents Pontificaux 1950, p. 197.
9 Sa Sainteté Pie XII, encyclique Sertum Laetitiae, ier novembre 1939.


Ce droit naturel de l'homme, selon la Doctrine catholique — en opposition avec l'école libérale et avec la théorie de l'absolutisme d'Etat — est toutefois subordonné dans son exercice au bien commun des Etats intéressés dans la migration :

« pourtant, la souveraineté de chaque nation, bien que fort respectable, ne doit pas s'étendre de telle sorte que, possédant de tous côtés de la terre pour nourrir encore beaucoup d'autres, elle en refuse l'accès, sans motif suffisant et juste, aux nécessiteux nés en d'autres lieux et dotés de moeurs honnêtes, quand cela ne s'oppose pas au bien public pesé justement » 10. Mais « si les deux parties... demeurent loyalement soucieuses d'éliminer tout ce qui pourrait empêcher que naisse et se développe la vraie confiance entre le pays d'émigration et le pays d'immigration, tous ceux qui participent à ce changement de lieux et de personnes en tireront des avantages... De la sorte les nations contribueront avec émulation à l'accroissement du bien-être humain et au progrès de la civilisation » u.



Problèmes religieux et moraux de l'immigration.

On comprend facilement que toute émigration soulève de nombreux problèmes. Ils peuvent être de caractère démographique ou économique ; ils proviennent parfois d'aspects sociaux et politiques ; ils sont de nature psychologique ou technique ; mais ils sont surtout religieux et moraux. Tous doivent être dûment pesés et étudiés ; il reste que la question religieuse et morale les englobe de telle façon que c'est de son influence que dépend une solution plus juste des autres, comme cela se produit dans le cas des pratiques anticonceptionnelles quand il s'agit de la question démographique, ou de la violence pour que l'on renonce aux droits juridiques, dans le domaine politique, ou de ne plus admettre que des ouvriers spécialisés, s'il s'agit du problème technique.

1» Sa Sainteté Pie XII, lettre à la National Catholic Welfare Conférence des Etats-Unis, 24 décembre 1948 ; cf. Documents Pontificaux 1948, p. 461.
11 Sa Sainteté Pie XII, radiomessage pour le cinquantenaire de l'encyclique Rerum Novarum, ier juin 1941.
12 Sa Sainteté Pie XII, discours aux prêtres missionnaires et aumôniers de bord, 6 août ; cf. Documents Pontificaux 1952, p. 405.



Une douloureuse « expérience enseigne que l'homme arraché à sa terre et transporté sur un sol étranger perd une grande partie de son assurance et pourrait-on même dire, de sa dignité humaine. Ce changement atteint et affaiblit, au moins dans la partie affective, les sentiments spirituels les plus profonds, la vie religieuse elle-même » 12. Ce fait, approuvé par les statistiques et par les affirmations des prêtres qui exercent leur ministère auprès des érnigrants, entraîne des conséquences délétères. C'est pour cela que l'Eglise, qui, comme le démontre l'histoire — principalement celle de ces derniers temps 13 — a réalisé une oeuvre universelle et bienfaisante « avec les érnigrants et exilés de tout genre, dont Elle s'est toujours occupée, sans épargner aucun travail, au point de vue religieux, moral et social », leur propose le cas de la famille exilée de Nazareth, Jésus, Marie et Joseph... comme modèle, exemple et consolation des érnigrants de tous temps et tous lieux 14.

Lorsque l'émigrant arrive à sa nouvelle patrie, il n'est pas rare qu'il trouve, avec des coutumes diverses, une ambiance religieuse différente de celle dans laquelle il fut éduqué, et aussi l'existence d'une autre religion. Mais, outre cela, il peut être victime de ceux qui, ne tenant pas compte du facteur religieux, s'emploient par « esprit du mal, en vue de les détourner du Christ, le vrai, l'unique Sauveur, de les jeter dans le courant de l'athéisme et du matérialisme, pour les engager dans des mécanismes d'organisations sociales en contradiction avec l'ordre établi par Dieu » 15.

13 Sa Sainteté Fie XII, Const. apost. Exsul Familia, tit. I, ier août 1952 ; A. A. S., XXXXIV, pp. 651-692, cf. Documents Pontificaux 1952, pp. 339-385.
14 Const. apost. Exsul Familia.
15 Sa Sainteté Pie XII, discours au Congrès international d'Etudes sociales', 3 juin 1950 ; cf. Documents Pontificaux 1950, p. 196.


L'émigrant a besoin de la part de l'Eglise d'une préparation spirituelle qui lui donne des forces pour la nouvelle vie, qui le dirige au milieu des dangers qu'il peut y rencontrer et qui le soutienne de son conseil dans la période difficile de l'adaptation. En même temps, l'Eglise peut l'aider au moyen d'informations sûres et éprouvées relatives aux contrats de travail, lui épargner de lourdes dépenses dans les démarches relatives à l'établissement des documents et lui faciliter la réunion de sa famille, dont la dispersion aboutit à de très graves conséquences ; de la sorte, elle le libérera d'immenses dangers et obtiendra que l'émigration suive des voies humaines et chrétiennes. Mais ce n'est pas seulement cet aspect qui est important : l'histoire enseigne que plus d'un Etat doit sa foi à l'émigration catholique, car « d'humbles colonies de travailleurs chrétiens peuvent se transformer en pépinières du christianisme là où il n'avait jamais pénétré ou encore là où le sens s'en était perdu » 16.


L'émigration, problème international.

Dans les circonstances actuelles, l'émigration s'est transformée en un problème international, dont la solution ne peut dépendre que d'accords collectifs, qui réalisent la meilleure répartition des hommes sur la terre, en les dirigeant là où se fait davantage sentir la nécessité de leur technique et de leur main-d'oeuvre, car, ainsi que cela a été fort bien dit, les hommes sans terre ont le droit de cultiver les étendues inhabitées. Outre cela et sur la base de l'unité de la famille humaine, il est nécessaire de se préoccuper des liens moraux et culturels qui existent entre les peuples, de même que des « déséquilibres économiques dans le monde, auxquels on pourrait remédier considérablement par une distribution plus avisée de moyens de production et de consommation, sans toucher à la liberté et à la justice, et c'est ce que peut faire, en grande partie, un organisme supranational » 11. Toutefois, si l'on n'est pas arrivé à la création de cet organisme faute de solidarité internationale, des efforts louables et méritoires n'ont tout de même pas manqué. Ceux-ci se sont cristallisés en diverses organisations de caractère plus ou moins universel par leur finalité, comme le Comité intergouvernemental des Migrations européennes, l'Organisation internationale des Réfugiés, l'Organisation internationale du Travail et, dans le domaine de l'Eglise, la Confédération internationale des OEuvres catholiques de l'Emigration.


Le cas spécial de l'Espagne.

La fin que poursuit la Semaine Sociale n'est autre que d'appliquer cette doctrine générale au cas de l'Espagne pour arriver à des conclusions efficaces sur ses problèmes de l'émigration, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.

18 Sa Sainteté Fie XII, discours au ier Congrès national des délégués diocésains de ¦ émigration, 23 juillet 1957 ; cf. Documents Pontificaux 1957, p. 401.
17 Lettre de la Secrétairerie d'Etat à la Semaine sociale de Pampelune, 5 juin 1957 ; :f. Documents Pontificaux 1957, p. 310.


L'Espagne, par sa tradition et par son histoire, est un peuple d'émigration. Et c'est à un de ses grands internationalistes,

Vitoria, que l'on doit l'énoncé des principes du droit des peuples qui établirent les bases de la sûre doctrine en cette matière de même qu'il est certain que ce fut l'émigration espagnole qui apporta et développa la foi chrétienne sur le continent sud-américain, vers lequel se dirige encore aujourd'hui son principal courant d'émigration.

La première étude nécessaire doit consister à connaître l'état actuel de cette catégorie de mouvements et les causes de ceux-ci pour pouvoir établir la carte des courants migratoires de la nation et chercher ainsi plus facilement ses remèdes.

Si l'on se rappelle que la rupture d'équilibre entre population et production est un des facteurs qui ont le plus d'influence sur l'émigration, il faut conclure que pour mettre un frein à celle-ci, il n'est rien de mieux que de remettre en valeur les zones pauvres au moyen d'un plan d'industrialisation en « harmonieuse coordination avec l'artisanat et l'agriculture, qui fasse fructifier la production multiforme et nécessaire du sol national » 1S.

Il est profondément consolant de voir les efforts accomplis dans ce sens, aussi bien par l'Etat que par l'initiative privée, mais le chemin à parcourir est long à cause des difficultés qu'entraînent ces oeuvres et des grandes ressources qu'elles exigent ; car il ne s'agit pas seulement d'agrandir les centres producteurs existants, mais aussi d'en créer de nouveaux dans les lieux qui le réclament, en raison de la pénurie de moyens de subsistance.

18 Sa Sainteté Pie XII, discours aux travailleurs d'Italie, 15 juin 1943.


Les problèmes que suscite l'immigration intérieure, bien qu'ils ne soient pas semblables à ceux de l'émigration, portent davantage sur la situation générale du pays. Ce sont les difficultés du logement avec le triste spectacle des faubourgs, qui se prolongera tant qu'existe l'affluence vers les grandes villes ; l'acclimatation pas toujours facile dans d'autres régions ; la dure vie dans les centres urbains populeux ; les dangers d'ordre moral qui guettent l'étranger. On pourra y remédier par des oeuvres de colonisation, qui conservent les solides vertus de la vie rurale et dans lesquelles on prenne soin de « la prudente sélection et de l'adaptation de groupes familiaux plutôt que d'individus isolés », sans oublier que « certains individus... passant en peu de temps d'une condition sociale inférieure à la catégorie de propriétaires moyennement à l'aise, pourraient voir s'altérer dans leur esprit la juste échelle des valeurs, en accordant une estime excessive à ce qui est purement humain et matériel, au détriment du spirituel » 19.

Un esprit mûr de solidarité nationale et régionale peut être un facteur de conséquences consolantes dans ce domaine. Les sentiments charitables et généreux qui animent le coeur des Espagnols, capables de grands sacrifices, doivent être la base de cette solidarité pour manifester ainsi l'efficacité des liens surnaturels qui les unissent à leurs frères dans la foi chrétienne.

Dans cette oeuvre, un rôle spécial revient aux prêtres, qui par leur assistance spirituelle peuvent sécher les larmes de ceux qui émigrent ou se transfèrent en des lieux inconnus de la nation, et répandre le baume céleste sur leurs coeurs affligés. Il n'est pas douteux que le clergé espagnol, qui suit avec tant de sollicitude les nécessités des fidèles, s'offrira généreusement pour cet apostolat, si recommandé par le Saint-Père 20, en secondant les projets que réalise si heureusement la Commission catholique espagnole de l'Emigration.

Sa Sainteté a confiance que les travaux de cette Semaine Sociale seront d'une puissante contribution à la connaissance et à la solution des problèmes de la migration dans ce pays. Il implore du Seigneur les lumières les plus abondantes à cette fin et, en gage de son affection paternelle, Il donne de tout coeur à Votre Excellence et à tous ceux qui assistent à la Semaine la Bénédiction apostolique.

19 Sa Sainteté Pie XII, discours à un pèlerinage du diocèse de Badajoz, 14 novembre 1057 ; cf. Documents Pontificaux 1957, p. 680.
20 Discours au ier Congrès national italien des délégués* diocésains de l'émigration, juillet 1957 ; cf. Documents Pontificaux 1957, pp. 392-401.


En vous renouvelant l'assurance de ma considération la plus distinguée, je demeure le dévoué serviteur de Votre Excellence Révérendissime.




DISCOURS A L'UNION DES FEMMES ITALIENNES D'ACTION CATHOLIQUE (2 juillet 1958)


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Les célébrations du Cinquantenaire de l'Union des femmes italiennes d'Action catholique, ont été couronnées par une audience pontificale, au cours de laquelle le Saint-Père prononça un discours en italien, dont voici la traduction :

Ce sont les mêmes sentiments de réconfort et d'espérance, qui inondèrent le cceur magnanime de Notre Prédécesseur saint Pie X lorsqu'il approuva votre Association naissante, que vous renouvelez aujourd'hui dans Notre esprit, chères filles de l'Union des femmes de l'Action Catholique italienne, réunies autour de Nous pour célébrer avec fruit l'heureux cinquantenaire de la fondation de votre association providentielle. Si ce n'est que la splendide réalité d'oeuvres aussi nombreuses qu'insignes accomplies par l'U.D.A.C.I. en un demi-siècle d'existence, les phalanges denses et actives que celle-ci accueille sous ses drapeaux, la fidélité éprouvée au programme de fondation, mais bien plus encore à l'esprit de dévouement à l'Eglise et à son Chef, qui anima ses premiers membres, ajoutent à ces sentiments une profondeur et une vigueur, que seuls les excellents résultats déjà obtenus sont en mesure de susciter. Unissez-vous donc a l'hymne d'action de grâces que Nous élevons de tout cceur vers le Tout-Puissant pour avoir inspiré et accru de si abondantes moissons de sainteté et d'apostolat, comme l'indique lumineusement le souvenir des cinquante ans passés ; et en même temps, sachez tirer des réalisations, des épreuves, des luttes du passe des enseignements et des stimulants pour l'avenir. Afin de mieux vous aider en cela, Nous jetterons un rapide coup d'oeil sur les cinquante années écoulées de votre Union, non pas tant pour revivre les heureux moments de son histoire méritante, mais plutôt pour vous indiquer les problèmes les plus immédiats et les nécessités les plus urgentes qui vous intéressent à présent, afin que vous leur consacriez votre attention et le zèle de votre activité.



Les origines de l'Union et les encouragements de saint Pie X.

En comparant — comme de coutume en de semblables anniversaires — le développement de votre association à celui d'un organisme vivant, la pensée va spontanément à ses origines, comme à un berceau, pour ranimer cette atmosphère d'espérance qui d'habitude flotte toujours autour de toute vie nouvelle. Particulièrement vous, les mères, vous savez combien il est doux de revenir par la pensée au berceau des enfants, lorsqu'en les contemplant désormais grands vous admirez avec des regards tendres et presque furtifs la vigueur de leur jeunesse et de leur maturité, le dynamisme de leur esprit, spécialement lorsqu'il est appliqué à des oeuvres couronnées par un heureux succès. Alors qu'ils sont désormais devenus utiles au sein de la société, vous vous complaisez à les imaginer encore de tendres enfants, en vous attardant à chercher dans les souvenirs lointains et toujours vivants de leur enfance si leurs premiers cris et gestes auraient en quelque sorte laissé prévoir, dès cette époque, leur réalité présente. Or, si vous tournez le regard vers le berceau de votre Union, vous reconnaîtrez dans les premières voix, dans les desseins, dans les actes et dans les personnes, qui accompagnèrent sa fondation, autant de présages et de vitalité future, les authentiques et saines racines d'où elle tire la sève, grâce à laquelle elle s'accrut en importance et en fécondité.

Avant tout, les souvenirs des origines sont dominés par l'éminent esprit de saint Pie X, désigné par vous dans vos écrits comme « Fondateur » de l'Union, secondé par l'âme d'élite de la première présidente, Maria Cristina, de la famille des princes Giustiniani Bandini, femme de forte trempe chrétienne, prudemment hardie et ouverte aux problèmes de son temps. Sous le déchaînement de la bourrasque laïciste, qui visait non sans quelque succès à isoler l'Eglise de la vie publique et à paralyser l'action des catholiques par le vent glacé du silence et de la dérision, votre fondatrice constata qu'avait sonné l'heure



de Dieu, qui appelait votre milieu à se ranger parmi les forces saines et chrétiennes de la nation, et elle mit en avant, pour ainsi dire comme un étendard, l'incitation du Prince des apôtres : Resistite fortes in fide (1P 5, q). Cette devise, destinée à demeurer efficace également dans l'avenir, interprétait, en harmonie avec les temps et comme un appel à la rescousse, cette autre positive et universelle, choisie par saint Pie X comme programme de son pontificat : Instaurare omnia in Christo : réunir toutes choses en Jésus-Christ, les choses du ciel et celles de la terre (Ep 1,10). C'est ainsi que, dans un climat brûlant de luttes, par de hardis desseins et un dévouement humble et obéissant à l'Eglise, surgit le rejet nouveau de l'Union des Femmes catholiques. Dans vos coeurs, aujourd'hui encore, résonne avec efficacité l'écho des premières exhortations adressées paT le saint Pape et bien dignes d'être répétées en la circonstance de ce jour : « Unies vous pourrez mieux obtenir les moyens qui sont nécessaires pour accomplir vos devoirs dans la famille et dans la société » ; et ces autres mots de la personne qui fut chargée de guider les premiers pas de l'Union : « Descendez en lice, venez livrer les saintes batailles du Seigneur, propager par la parole et par l'exemple le royaume de Jésus-Christ, inculquer les trésors de la charité chrétienne au milieu des familles et dans la société » ; mais vous conservez avec une satisfaction particulière, parmi les souvenirs les plus chers de ces temps-là, le témoignage de confiance exprimé par saint Pie X, comme avec un accent de prophétie : « Les femmes catholiques en Italie feront de grandes choses ; ... ce seront elles qui rendront chrétienne l'Italie ». Rendre chrétienne l'Italie, développer le Royaume du Christ, remplir la mission sociale propre à la femme, de manière qu'elle apparaisse comme un ange d'amour au milieu des douleurs humaines, rendre pratiques, efficaces et appropriées aux nécessités des temps les oeuvres auxquelles la femme se consacre dans le domaine de la religion, de la charité et de l'action sociale, en un mot faire de grandes choses à l'avantage de l'Eglise et de la patrie : ce sont là les heureux présages et les buts élevés de l'Union naissante des femmes d'Action Catholique, que l'on trouve dans ses premiers documents. Votre Union connut aussi ceux qui, habitués à des visions trop étroites des hommes et des choses, jugeaient un tel idéal une pieuse illusion ou une aventure ni recommandée ni recommandable ; mais le splendide témoignage que les cinquante années écoulées sont maintenant en mesure de donner, dépose en faveur de ceux qui voulurent que la femme chrétienne prenne place dans les oeuvres extérieures de l'apostolat ; mais, en outre, il enseigne comment les oeuvres de Dieu naissent et se développent, c'est-à-dire avec l'humilité, le silence, la prière et la persévérance de la part de l'homme et, de la part de Dieu, avec son assistance efficace et décisive qui triomphe de toute faiblesse et opposition. Votre Union a revécu dans les proportions qui lui sont propres la parabole du grain de sénevé, à peu près dans toutes les phases indiquées par le divin Maître (Mt 13,3 et ss. ; Lc 13,19 Jn 12,24). Mais les aspects qui rendent mieux la ressemblance de votre Union avec la graine de l'Evangile sont sa « bonté » et son développement rapide et sûr. L'Union fut, dès le début, une « bonne graine » par la plénitude de ses buts : la formation et la pratique chrétiennes des adhérentes, l'apostolat au sein de son propre milieu, l'action à l'avantage de la société. Dans la perfection géométrique de ce triangle de vie chrétienne, conseillable à tout laïc qui vit dans le monde, l'Union a exercé une activité intense et multiforme, en s'adap-tant avec une vive intelligence aux nécessités propres à l'époque et aux régions et en amplifiant constamment les dimensions de son champ de travail et de son influence sur la nation.



multiples oeuvres entreprises et les beaux résultats obtenus.

Si Nous ne craignions de réduire votre splendide histoire à une simple énumération des oeuvres, Nous devrions Nous attarder longuement à les citer chacune ; toutefois Nous ne pouvons manquer d'en mentionner quelques-unes, comme par exemple, dans le domaine de la formation religieuse, les cours systématiques de culture qui se tiennent chaque année dans les sections distinctes, les réunions extraordinaires de spiritualité, « les tours perpétuels de dévotion à Marie », les cercles d'étude des encycliques pontificales aussitôt dès leur publication, les « Assemblées » dédiées à l'âme d'élite de la vénérable Maria Cristina de Savoie, les retraites spirituelles d'un ou plusieurs jours, les dévotions particulières de l'Union et les actes solennels de culte. Peut-être moins voyantes, ces entreprises ont été et seront toujours le secret du bon succès de toute activité extérieure dans le domaine de Dieu. Egalement imposante est la floraison des innombrables oeuvres apostoliquas, que vous avez distinguées par des titres significatifs et heureux, tels que : l'Apostolat du berceau, l'Armoire du pauvre, Mater parvulorum, le Héraut du Pape choisi dans les Concours catéchistiques. Le travail apostolique qui, lors des premières années, se proposait principalement de réprimer l'impiété alors envahissante, en affrontant, le mieux possible, les attaques de l'ennemi contre l'éducation chrétienne de la jeunesse, le caractère sacré de la famille, l'accomplissement assidu des devoirs du culte, le respect du Vicaire du Christ, a pris peu à peu des valeurs positives, comme de sainte contre-offensive, en apportant le message chrétien au-delà des retranchements de l'adversaire. Les cinquante années passées présentent également une « croissance » constante des activités civiques et sociales, en harmonie avec la vigueur accrue des autres forces catholiques. Si l'on compare les démarches timides et contrariées accomplies par l'Union à ses débuts dans le domaine de l'assistance des classes ouvrières et du service social, avec les réalisations stables et bien ordonnées du présent, on ne peut que remercier encore une fois le Seigneur d'avoir suscité in tempore necessitatis (Ps 31,6) une oeuvre aussi providentielle. On doit noter aussi que d'amples résultats ont été obtenus par un effort silencieux et tenace dans des secteurs qui, parfois, semblaient éloignés des problèmes strictement sociaux, ou même tout à fait étrangers à ceux-ci ; les nouvelles générations s'y préparaient à faire face aux aspirations de justice, en voie de maturation, et surtout s'éduquaient à la sensibilité envers le bien commun. De ces phalanges d'avant-garde qui, durant les premières décades, ne pouvaient rien faire d'autre — et elles le firent généreusement — que de protester contre les partisans du divorce, assister les veuves de guerre, procurer aux familles les nouvelles des soldats disparus, rappeler à l'opinion publique le droit de la femme au vote, sont sorties des phalanges de dirigeantes, expertes et sûres, du milieu féminin, qui se distinguent à présent avec honneur dans les différents secteurs de la vie sociale.



Un mystérieux développement, à l'image du grain de sénevé dont parle l'Evangile.

Où la ressemblance de l'Union avec la graine de l'Evangile se manifeste encore plus clairement, même par des dates et



des chiffres, c'est dans son rapide développement en une grande association, vraiment semblable à l'arbre au feuillage touffu, où les oiseaux du ciel trouvent refuge et repos (Mt 13,32). Les centaines de comités et les nombreux milliers d'adhérentes, à peu près dans toute paroisse italienne, dont parlent vos chroniques dès la première décade, sont déjà par eux-mêmes des témoignages éloquents de la santé de l'organisme et de sa discipline ordonnée. Il est toujours vrai que dans le domaine de l'association, les chiffres élevés peuvent induire en une erreur d'évaluation quant à la force effective, qui résulte davantage de la qualité que de la quantité ; toutefois, d'après ce qui a été dit et en même temps d'après les chiffres présentés à vos congrès, il est permis de conclure en faveur d'une vaste fécon-. dite de votre Union dans le secteur de l'apostolat. Sans aucun doute, les rejets jaillis de ses racines et devenus de robustes plantes autonomes sont plus persuasifs : en premier lieu l'excellente Jeunesse Féminine d'Action Catholique, l'Association des Enfants et, en partie comme greffe, en partie comme bourgeon, la branche féminine de la Fédération Universitaire. Récemment, dans l'immédiat après-guerre, quand votre Patrie se disposait à réorganiser les institutions publiques et privées, l'Union des femmes d'Action Catholique apparut, dans de nombreux cas, comme le vivier le mieux pourvu et le plus sain pour alimenter par ses adhérentes les nombreux mouvements de renaissance religieuse et sociale, que des nécessités nouvelles exigeaient également dans le domaine féminin. Fournir de bons sujets aux associations qui se proposent des buts spécifiques, à condition que cela ne conduise pas, comme vous dites, à une « saignée » de l'Union, non seulement fait honneur à votre association, mais peut-être considéré comme un de ses principaux buts. Les nécessités présentes et les problèmes du monde féminin, si différents par nature et objet, réclament parfois des groupes spécialisés, soigneusement préparés et assidus dans une action spécifique. Du reste l'Union a elle-même compris cette exigence et l'a démontrée en précisant plus nettement ses buts et en s'intéressant à des rapports de collaboration avec ces mouvements, dans un effort uni vers le but commun, qui, dans le passé, fut déjà entièrement et seulement le vôtre : amener le milieu féminin de la Nation à réaliser l'idéal chrétien dans tout secteur important de la vie. Aussi avons-Nous appris avec une vive satisfaction qu'à l'intérieur de l'Union vous vous êtes orientées vers le recrutement par catégorie, en faisant une distinction entre les milieux urbains et ruraux, dont les nécessités différentes imposent des méthodes appropriées de pénétration et de formation ; que, grâce à de bonnes ententes, en dehors ou au sein de l'Action Catholique proprement dite, soit directement soit par des activités spécifiques, vous vous occupez plus diligemment de catégories bien déterminées, telles que celles des parents, des enseignantes, des infirmières, des surveillantes de l'enfance, des jeunes filles vivant hors de leurs familles, des « émondeuses », des érnigrants et des catégories similaires ; que, parmi toutes les activités extérieures, vous préférez celles visant à la défense de la religion contre les attaques de l'athéisme et des sectes non catholiques, à la formation de mères vraiment chrétiennes, à la surveillance de la moralité de la mode, des spectacles, des moyens d'information, de la villégiature, au bon fonctionnement de l'école et de l'oeuvre éducative dans les familles ; que sur le terrain civique et social, vous vous occupez avec un zèle louable de la protection des droits et de l'observation des devoirs de la femme, de sa préparation professionnelle, en accomplissant en même temps une oeuvre de haut civisme et de charité chrétienne.



La formation et la pratique chrétienne des adhérentes, premier but de l'Union.

Comme Nous y avons déjà fait allusion au début de Notre discours, l'histoire et les réalisations présentes de votre Union doivent tendre à vous éclairer et à vous stimuler pour l'avenir que, dès à présent, Nous souhaitons encore plus fécond. De quelle façon pourrez-vous égaler et dépasser le passé ? Ayez avant tout comme solide principe que l'Union des femmes d'Action Catholique est encore nécessaire à l'Eglise et à la patrie, et qu'elle jouit toujours de la confiance du Vicaire du Christ. Les motifs qui incitèrent saint Pie X à l'approuver et à espérer beaucoup en elle, non seulement -subsistent encore aujourd'hui, mais se révèlent sans cesse plus fondés et urgents. Certains secteurs, certaines entreprises, certaines méthodes d'apostolat ne pourraient être confiés à d'autres qu'au coeur particulièrement sensible et toujours maternel de la femme. S'il fallait changer de directions, d'oeuvres, de systèmes, pour adapter l'action aux temps, aucun changement en vue de per-



fection ne peut être apporté au « triangle de vie chrétienne » déjà cité, dans lequel se trouvent circonscrites les finalités suprêmes de l'Union, c'est-à-dire la formation et la pratique chrétiennes des adhérentes, l'apostolat extérieur, l'action civique et sociale. Mais on n'insistera jamais assez sur le premier et principal des trois buts. On pourrait peut-être tolérer que la réalisation des deux autres fût empêchée par des circonstances adverses, particulièrement si l'on considère les conditions personnelles des adhérentes distinctes ; et que les buts proposés par l'Union ne soient pas atteints en raison de causes extérieures ; mais on ne pourrait souffrir un naufrage dans la formation et la pratique chrétiennes des adhérentes. C'est en elles que réside la force intime et irremplaçable de tout organisme religieux ; elles sont les sources d'où jaillissent la charité et le zèle, qui trempent les âmes dans la cohésion et dans la discipline et les rendent éclairées, généreuses et intrépides ; c'est là la force intérieure, qui atterre les adversaires, lesquels, en vain, l'envient et s'efforcent de l'égaler, en créant des mythes tirés des passions humaines. Votre Union, comme aussi les autres associations catholiques d'apostolat, ne craint pas d'autres adversaires davantage que l'aridité spirituelle de ses propres membres.

La grande responsabilité de l'aumônier.

De tout cela on conclut combien est grande la responsabilité de l'aumônier, dont le ministère exercé avec un esprit sacerdotal exemplaire et avec une vie irréprochable, consiste principalement à guider et à stimuler les âmes à la sanctification. Les statuts de l'Union, avec beaucoup de sagesse, lui attribuent une autorité considérable, non seulement parce qu'il doit garantir le titre de « catholique » à votre « action », surtout par la conformité et l'obéissance entières aux enseignements et aux intentions du Siège Apostolique, mais aussi parce qu'il doit leur communiquer le feu de sanctification de l'Esprit divin. Du reste, plus d'une fois, vous l'avez vous-mêmes noté : dans les paroisses, où une de vos Associations peut compter sur un aumônier, parfait dans l'accomplissement de ses devoirs sacerdotaux sacrés et vigilant dans l'application des normes des statuts de l'Union, la ferveur et le rythme de la vie chrétienne et des oeuvres apostoliques sont plus intenses, le niveau de l'instruction religieuse est plus élevé, l'assistance charitable est bien répartie, la défense des principes chrétiens est plus empressée, les familles sont plus saines, le peuple est plus fidèle à l'Eglise. C'est donc votre devoir de prier le Maître de la moisson, afin qu'il vous destine de tels guides et que, les ayant, vous vous laissiez conduire par eux.

Egaler et dépasser le passé ! Tel est l'engagement que Nous proposons à l'Union des femmes d'Action Catholique, au seuil du second cinquantenaire. Le dépasser par la droiture d'intentions, par la multiplicité d'ceuvres, par l'abondance de résultats. La pensée d'un tel dépassement vous effraie peut-être ? C'est vrai : votre humilité chrétienne vous rappelle la faiblesse humaine et indique chez celles qui vous ont précédées dans la sainte émulation de l'apostolat des élévations extraordinaires de dons et de vertus ; peut-être les conditions présentes du monde semblent-elles plus ardues que dans le passé ; peut-être vous sentez-vous comme perdues dans l'océan de nouvelles nécessités à affronter ; peut-être l'imposante organisation des forces du mal vous décourage-t-elle. Tout cela n'est pas une raison valable pour lâcher la charrue et interrompre le sillon, parce que Dieu est avec vous. Vous êtes ses instruments, invitées par Lui à jeter la bonne semence dans le monde ; c'est pour sa gloire que vous vous livrez à vos efforts. Considérez Celle qui vous appartient particulièrement, comme Mère et Reine, la Vierge Marie, et répétez son grand acte de foi et d'humilité : Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum (Lc 1,38), comme le prononcèrent autrefois les premières adhérentes de l'Union. L'intensité de votre confiance en Dieu doit être telle qu'elle mérite l'éloge adressé jadis par le divin Maître à la femme cananéenne : « O Femme, votre foi est grande », suivi de la promesse : « qu'il vous soit fait comme vous le voulez» (Mt 15,28). Dieu offre sa puissance aux créatures qui ont humblement confiance en Lui. Ne craignez donc pas de projeter de nouvelles oeuvres, d'étendre votre rayon d'action, de vous opposer aux menées de l'ennemi apparemment plus fort que vous, de « vouloir » toute entreprise qui aboutisse à la gloire divine, au développement de l'Eglise, au salut de vos âmes et de celles des autres.

Afin que Notre voeu s'accomplisse, Nous invoquons les faveurs célestes pour vous ici présentes et pour les phalanges des adhérentes, disséminées dans la péninsule, et, de grand coeur, Nous donnons à toutes Notre paternelle Bénédiction apostolique.





Pie XII 1958 - LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT À LA XVIII\2e \0SEMAINE SOCIALE D'ESPAGNE (30 juin 1958)