Pie XII 1958 - INSTRUCTION « DE MUSICA SACRA » SUR LA MUSIQUE SACRÉE ET LA LITURGIE


CHAPITRE PREMIER - NOTIONS GÉNÉRALES



1. « La liturgie sacrée est le culte intégral du Corps mystique de Jésus-Christ, c'est-à-dire du chef et de ses membres. » [3] C'est pourquoi les « actions liturgiques » [4] sont ces cérémonies sacrées qui, de par l'institution de Jésus-Christ ou de l'Eglise, et en leur nom, sont accomplies par des personnes légitimement députées à cette fin, en conformité avec les livres liturgiques approuvés par le Saint-Siège pour rendre à Dieu, aux saints et aux bienheureux le culte qui leur est dû (can. 1256) ; les autres cérémonies sacrées qui se font dans une église, soit en dehors, avec ou sans prêtre, sont appelées « pieux exercices » [5].

2. Le Saint Sacrifice de la messe est un acte du culte public, rendu à Dieu au nom du Christ et de l'Eglise, quel que soit le lieu ou le mode de célébration. On doit donc éviter l'expression « messe privée ».

3. Il y a deux sortes de messes : la messe « chantée » et la messe « lue ».

La messe est dite chantée si le prêtre célébrant chante effectivement lui-même les parties que les rubriques prévoient devoir être chantées. Sinon, elle est lue.

De plus, si la messe « chantée » est célébrée avec l'assistance des ministres sacrés, elle est dite messe solennelle ; si elle est célébrée sans ministres sacrés, elle est dite messe chantée.

4. Par musique sacrée, on entend :

a) Le chant grégorien,

b) La polyphonie sacrée,

c) La musique sacrée moderne,

d) La musique sacrée pour orgue,

e) Le chant populaire religieux,

f) La musique religieuse.


5. Le chant « grégorien » utilisé dans les cérémonies liturgiques est le chant sacré de l'Eglise romaine qui, saintement et fidèlement cultivé et or-donnancé, ou, à une époque plus récente, modulé selon les documents de l'ancienne tradition, est recueilli dans des livres approuvés par le Saint-Siège, pour être utilisé dans la liturgie selon un usage antique et vénérable. La nature du chant grégorien n'exige pas qu'il soit accompagné par l'orgue ou un autre instrument de musique.

6. Par « polyphonie sacrée », on entend le chant mesuré à plusieurs voix, et sans accompagnement d'instrument musical, qui, né des choeurs grégoriens, a commencé à être employé dans l'Eglise latine au moyen âge. Son plus grand auteur fut, dans la seconde moitié du XVIe siècle, Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594), et il est encore cultivé par des maîtres remarquables de cet art.

7. La « musique sacrée moderne » est la musique à plusieurs voix, n'excluant pas les instruments de musique, créée récemment en tenant compte des progrès de l'art de la musique. Etant directement destinée à un usage liturgique, il faut qu'on sente en elle la piété et le sens religieux, et c'est à cette condition qu'elle est acceptée dans la liturgie.

8. La « musique sacrée pour orgue » est la musique composée uniquement pour l'orgue qui, depuis l'époque où l'orgue à tuyaux est devenu un instrument de musique bien adapté, fut abondamment cultivée par d'illustres maîtres, et qui, si l'on observe fidèlement les lois de la musique sacrée, peut grandement contribuer à rehausser la sainte liturgie.

9. Le « chant populaire religieux » est le chant né spontanément du sens religieux dont a été doté l'homme par son Créateur même et qui, par conséquent, est universel et fleurit parmi tous les peuples.

Ce chant étant particulièrement propre à imprégner d'esprit chrétien la vie privée et sociale des fidèles, il fut très en honneur dans l'Eglise depuis les temps les plus anciens (cf. Ep 5,18-20 Col 3,16) et il est hautement recommandé également à notre époque pour réchauffer la piété des fidèles et rehausser les pieux exercices, ainsi que les actions liturgiques elles-mêmes, chaque fois qu'il peut y être admis [6].

10. La « musique religieuse », enfin, est celle qui, tant par l'intention de l'auteur que par le sujet et la fin de l'oeuvre, vise à exprimer et à susciter des sentiments pieux et religieux, et par conséquent « aide grandement la religion » [7] ; comme elle n'est pas ordonnée au culte divin et qu'elle revêt un caractère plus libre, elle n'est pas admise dans les actions liturgiques.






CHAPITRE II - RÈGLES GÉNÉRALES



11. Cette Instruction s'applique à tous les rites de l'Eglise latine ; par conséquent, ce qui est dit du chant grégorien vaut aussi pour le chant liturgique propre, s'il en est, des autres rites latins.

Par « musique sacrée », dans cette Instruction, on entend parfois « le chant et la musique instrumentale », parfois « la musique instrumentale » seulement, comme l'indique facilement le contexte.

Enfin, par « église », on entend ordinairement tout « lieu sacré », c'est-à-dire : une église au sens strict, un oratoire public, semi-public ou privé8, à moins que le contexte indique qu'il s'agit seulement de l'église au sens strict.

12. Les actions liturgiques doivent se dérouler en conformité avec les livres approuvés par le Saint-Siège, soit pour l'Eglise universelle, soit pour quelque Eglise particulière ou famille religieuse 9 ; mais les pieux exercices se font en suivant la coutume et les traditions des lieux ou des groupes, approuvées par l'autorité ecclésiastique compétente 10.

Les actions liturgiques et les pieux exercices ne doivent pas se mélanger ; mais, si les circonstances le demandent, les pieux exercices précèdent ou suivent les actions liturgiques.

8 cf. can. CIS 1154 CIS 1161 CIS 1188.
9 Cf. can. CIS 1257.
10 Cf. can. CIS 1259.

13. a) La langue des actions liturgiques est le latin, à moins que dans les livres liturgiques, soit généraux, soit particuliers, dont il a été parlé plus haut, une autre langue soit explicitement admise pour certaines actions liturgiques, sauf les exceptions prévues plus loin.

b) Dans les actions liturgiques avec chants, il n'est permis de chanter aucun texte liturgique traduit en langue vulgairen, sauf des concessions particulières.

11 Motu proprio Tra le sollecituâini, du 22 novembre 1903, n. 7 ; A. A. S., 36, 1903-1904, p. 334 : Decr. auth. S. R. C. 4121.

c) Les exceptions particulières accordées par le Saint-Siège au principe de l'emploi exclusif du latin dans les actions liturgiques restent en vigueur ; mais il n'est pas permis, sans l'autorisation de ce même Saint-Siège, de leur donner une plus large interprétation ou de les étendre à d'autres régions.

d) Dans les pieux exercices, on peut utiliser la langue qui convient le mieux aux fidèles, quelle qu'elle soit.

14. a) Dans les messes chantées, non seulement par le prêtre célébrant et les ministres, mais aussi par la schola et les fidèles, on ne doit employer que le latin.

« Cependant, là où une coutume séculaire ou immémoriale veut que dans la messe solennelle, après le chant en latin des saintes paroles liturgiques, on insère quelques cantiques populaires en langue vulgaire, les Ordinaires des lieux pourront y consentir « si, en raison des circonstances de personnes et de lieu, ils estiment qu'il est imprudent de supprimer cette coutume », tout en observant la loi qui veut que les paroles liturgiques elles-mêmes ne soient pas chantées en langue vulgaire 12. »

12 Encyclique Musicae sacrae disciplina ; A. A. S., XXXXVIII, 1956, pp. 16-17 ; Documents Pontificaux 195$, p. 500.

b) Dans les messes lues, le prêtre célébrant, son servant et les fidèles qui participent directement avec le prêtre célébrant à l'action liturgique, c'est-à-dire qui prononcent clairement les parties de la messe qu'ils ont à prononcer (cf. n° 31), ne doivent employer que le latin.

Si cependant, en dehors de cette participation liturgique directe, les fidèles désirent ajouter certaines prières ou cantiques, selon les coutumes locales, ils peuvent le faire également en langue vulgaire.

c) Il est strictement interdit que, soit l'ensemble des fidèles, soit un commentateur, prononcent à haute voix en même temps que le prêtre célébrant, en latin ou dans une traduction, les parties du propre, de l'ordinaire et du canon de la messe, sauf ce qui est dit au numéro 31.

Mais il est souhaitable que les dimanches et les jours de fête, aux messes lues, l'Evangile et même l'Epître soient lus en langue vulgaire par un lecteur, pour l'utilité des fidèles.

De plus, depuis la Consécration jusqu'au Pater noster, le silence est recommandé.

15. Dans les processions prévues par les livres liturgiques, il faut employer la langue liturgique que ces livres prescrivent ou admettent ; dans les autres processions qui se déroulent comme de pieux exercices, on peut utiliser la langue qui convient le mieux aux fidèles.

16. Le chant grégorien est le chant sacré principal de l'Eglise romaine, chant qui lui est propre ; c'est pourquoi, non seulement il peut être utilisé dans toutes les actions liturgiques, mais, toutes choses égales d'ailleurs, il doit être préféré aux autres genres de musique sacrée.

Par conséquent :

a) La langue du chant grégorien, en tant que chant liturgique, est uniquement le latin.

b) Les parties des actions liturgiques qui, selon les rubriques, doivent être chantées par le célébrant et ses ministres, ne doivent être chantées que selon les mélodies grégoriennes recueillies dans les éditions-types, et l'accompagnement de tout instrument est interdit.

De même, la schola et le peuple, lorsque, en vertu des rubriques, ils répondent aux chants du prêtre et des ministres, ne doivent utiliser que ces mélodies grégoriennes.

c) Enfin, là où, en vertu d'induits particuliers, il est permis, dans les messes chantées, au célébrant, au diacre, au sous-diacre ou au lecteur, après le chant en grégorien du texte de l'Epître ou de la leçon, et de l'Evangile, de proclamer ces mêmes textes en langue vulgaire [8], cela doit se faire par une lecture à haute et intelligible voix, à l'exclusion de tout chant grégorien, authentique ou imité (cf. n° 96 e).

17. La polyphonie sacrée peut intervenir dans toutes les actions liturgiques, à cette condition toutefois qu'il y ait une schola qui puisse chanter selon les règles de cet art. Ce genre de musique sacrée convient mieux aux actions liturgiques revêtant une plus grande solennité.

18. La musique sacrée moderne peut également être admise dans toutes les actions liturgiques si elle répond vraiment à la dignité, à la gravité et à la sainteté de la liturgie, et qu'il y ait une schola qui puisse exécuter cette musique avec art.

19. Le chant populaire religieux peut librement être employé dans les pieux exercices ; mais dans les actions liturgiques, on devra strictement observer ce qui a été décrété plus haut aux numéros 13-15.

20. Quant à la musique religieuse, elle doit être absolument écartée de toutes les actions liturgiques ; elle peut cependant être admise dans les pieux exercices ; en ce qui concerne les concerts dans les lieux sacrés, on observera les règles édictées plus loin aux numéros 54 et 55.

21. Tout ce qui, selon les livres liturgiques, doit être chanté soit par le prêtre et ses ministres, soit par la schola ou le peuple, appartient intégralement à la liturgie sacrée. C'est pourquoi :



a) Il est rigoureusement interdit de changer en quelque façon l'ordre du texte à chanter, d'en altérer ou omettre des paroles ou de les répéter d'une façon qui ne convient pas. Dans les chants composés à la façon de la polyphonie sacrée et de la musique sacrée moderne, toutes les paroles du texte doivent être perçues clairement et distinctement.

b) Pour la même raison, il est expressément interdit, dans toute action liturgique, d'omettre en tout ou en partie un texte liturgique qui doit être chanté, à moins que les rubriques en disposent autrement.

c) Si cependant, pour une cause raisonnable comme le nombre insuffisant des chanteurs, ou l'imperfection de leur chant, ou même chaque fois que, en raison de la longueur d'une cérémonie ou d'un chant, l'un ou l'autre texte liturgique revenant à la schola ne peut pas être chanté comme il est indiqué dans les livres liturgiques, il est seulement permis de chanter ces textes intégralement, soit recto tono, soit en les psalmodiant, avec accompagnement d'orgue si l'on veut.
CHAPITRE ni - RÈGLES SPÉCIALES


1. Des principales actions liturgiques où l'on fait usage de la musique sacrée

A. - LA MESSE

a) Quelques principes généraux au sujet de la participation des fidèles [9] 22. La nature de la messe demande que tous les assistants y participent selon la façon qui leur est propre.

a) Cette participation doit avant tout être intérieure, entretenue par une pieuse attention de l'âme et des affections du coeur, de façon à ce que les fidèles « s'unissent étroitement au souverain Prêtre..., offrant [le Sacrifice] avec lui et par lui, se sacrifiant avec lui » [10].

b) La participation des fidèles est plus complète si, à l'attention intérieure s'ajoute la participation extérieure, manifestée par des actes extérieurs comme la position du corps (à genoux, debout, assis), les gestes rituels et, surtout, les réponses, les prières et les chants.

Dans l'Encyclique Mediator Dei, sur la liturgie, le Souverain Pontife Pie XII loue cette participation d'une façon générale :

« Ceux-là aussi méritent des louanges qui s'efforcent de faire de la liturgie une action sainte même extérieurement, à laquelle prennent réellement part tous les assistants, ce qui peut se réaliser de diverses manières : quand, par exemple, tout le peuple, selon les règles rituelles, ou bien répond d'une façon bien réglée aux paroles du prêtre, ou se livre à des chants en rapport avec les différentes parties du Sacrifice, ou bien fait l'un et l'autre, ou enfin lorsque, dans les messes solennelles, il répond aux prières des ministres de Jésus-Christ et s'associe au chant liturgique. » [11]

C'est cette participation harmonieuse qu'ont en vue les documents pontificaux lorsqu'ils parlent de « participation active » ", dont le premier exemple sont le célébrant et ses ministres qui servent à l'autel avec la piété intérieure voulue en observant exactement les rubriques et les rites.

c) La parfaite participation active est obtenue lorsque s'ajoute aussi la participation sacramentelle, par laquelle « les assistants communient non seulement par des affections spirituelles, mais aussi par la réception du sacrement de l'Eucharistie, qui leur fait percevoir des fruits plus abondants de ce Saint Sacrifice »[12].

d) Une participation consciente et active des fidèles ne pouvant pas être obtenue s'ils ne sont pas suffisamment formés, il est bon de se rappeler cette sage loi du Concile de Trente, qui dit : « Le saint Synode ordonne aux pasteurs et à tous ceux qui ont charge d'âmes que, fréquemment au cours de la célébration de la messe (c'est-à-dire dans l'homélie après l'Evangile ou „ dans la catéchèse qui est faite au peuple chrétien"), par eux-mêmes ou par d'autres, ils expliquent des passages de ce qui est lu à la messe, et, qu'entre autres, ils mettent en valeur quelque mystère de ce très Saint Sacrifice, spécialement les dimanches et les jours de fête » [13].

17 Ibid., pp. 530-537.




23. Les différentes façons permettant aux fidèles de participer au Saint Sacrifice de la messe doivent être appliquées en veillant à ce que tout abus soit écarté et que le but principal de cette participation, c'est-à-dire un culte rendu à Dieu plus parfait et l'édification des fidèles, soit obtenu.

b) La participation des fidèles à la messe chantée [14]

24. La messe solennelle représente une forme plus noble de la célébration eucharistique, où la solennité accumulée des rites, des ministres et de la musique sacrée manifestent la magnificence des divins mystères et conduit les esprits des assistants à une pieuse contemplation de ces mêmes mystères. Il faut donc s'efforcer à ce que les fidèles, pour qu'ils entourent cette forme de célébration de l'estime qui lui est due, y participent comme il faut, ainsi qu'il est expliqué ci-après.

25. Dans la messe solennelle, la participation active des fidèles peut revêtir trois degrés :



a) Le premier degré est que tous les fidèles chantent les réponses liturgiques : Amen ; Et cum spiritu tuo ; Gloria tibi Domine ; Habemus ad Dominum ; Dignum et iustum est ; Sed libera nos a malo ; Deo gratias. Il faut mettre tous ses soins à ce que tous les fidèles, dans le monde entier, puissent chanter ces réponses liturgiques.

b) Le second degré, c'est que tous les fidèles chantent aussi les parties de l'ordinaire de la messe, c'est-à-dire le Kyrie, eleison ; le Gloria in excelsis Deo ; le Credo ; le Sanctus-Benedictus ; V Agnus Dei. On s'efforcera à ce que les fidèles sachent chanter ces parties de l'ordinaire de la messe, particulièrement sur les tons grégoriens les plus simples. Si toutefois toutes les parties ne peuvent pas être chantées, rien n'empêche que les plus faciles, comme le Kyrie, eleison ; le Sanctus-Benedictus et Y Agnus Dei, soient réservées pour être chantées par tous les fidèles, le Gloria in excelsis Deo et le Credo étant chantés par la schola.

Il faudra, de plus, veiller à ce que dans le monde entier, les tons grégoriens suivants, qui sont plus faciles, soient appris par les fidèles : le Kyrie, eleison, le Sanctus-Benedictus et Y Agnus Dei n° XVI du graduel romain ; le Gloria in excelsis Deo, avec Vite missa est, Deo gratias n° XV ; le Credo n0 I ou III. On pourra ainsi obtenir cette chose très souhaitable que les fidèles du monde entier puissent manifester leur même foi par les mêmes choeurs joyeux et par leur participation active au Saint Sacrifice de la messe [15].

c) Le troisième degré, enfin, c'est que tous les fidèles soient suffisamment formés au chant grégorien pour pouvoir aussi chanter des parties du propre de la messe. Il faut insister sur cette pleine participation au chant, surtout dans les communautés religieuses et les Séminaires.

26. Il faut également hautement estimer la messe chantée qui, bien qu'il lui manque les ministres sacrés et la pleine magnificence des cérémonies, s'orne cependant de la beauté du chant et de la musique sacrée.

Il est souhaitable que les dimanches et les jours de fête, la messe paroissiale ou la messe principale soit chantée.

Ce qui a été dit au numéro précédent de la participation des fidèles à la messe solennelle vaut aussi pour la messe chantée.

27. Il faut, de plus, dans les messes chantées, observer ce qui suit :

a) Si le prêtre fait son entrée dans l'église avec ses ministres, par une voie assez longue, rien n'empêche que, après avoir chanté l'antienne de l'Introït avec son verset, on chante plusieurs versets du même psaume ; dans ce cas, après chaque verset, ou tous les deux versets, on peut répéter l'antienne, et lorsque le célébrant arrive devant l'autel, arrêtant le psaume si c'est nécessaire, on chante le Gloria Patri et on termine en répétant l'antienne.

b) Après l'antienne de l'Offertoire, il est permis de chanter les anciens airs grégoriens des versets qui, autrefois, étaient chantés après l'antienne.

Si l'antienne de l'Offertoire est tirée d'un psaume, il est permis de chanter les autres versets de ce psaume ; dans ce cas, après chaque verset, ou tous les deux versets du psaume, on peut répéter l'antienne, et, l'Offertoire terminé, on conclut le psaume avec le Gloria Patri et on répète l'antienne. Si l'antienne n'est pas tirée d'un psaume, on peut choisir un autre psaume convenant à la solennité. Après l'antienne de l'Offertoire, on peut cependant chanter un petit chant en latin convenant à cette partie de la messe, mais il ne doit pas se prolonger au-delà de la Secrète.

c) L'antienne de la Communion doit normalement être chantée au moment où le célébrant consomme les saintes Espèces. Mais si les fidèles communient, le chant de cette antienne commence au moment où le prêtre distribue lasainte communion. Si cette antienne de la Communion est tirée d'un psaume, il est permis de chanter les autres versets de ce psaume ; dans ce cas, après chaque verset, ou tous les deux versets, on peut répéter l'antienne, et, la Communion terminée, le psaume se conclut par le Gloria Patri, et on répète l'antienne. Si l'antienne n'est pas tirée d'un psaume, on peut choisir un psaume adapté à la solennité et à l'action liturgique.

Lorsque l'antienne de la Communion est terminée, particulièrement si la communion des fidèles se prolonge un certain temps, il est permis de chanter aussi un autre chant en latin, convenant à l'action sacrée.

De plus, les fidèles qui vont communier peuvent réciter trois fois le Domine nun sum dignus en même temps que le prêtre.

d) Le Sanctus et le Benedictus, s'ils sont chantés en grégorien, doivent être chantés à la suite, sinon, le Benedictus est reporté après la Consécration.

e) Pendant le temps de la Consécration, tout chant, et, là où c'est l'habitude, même la musique de l'orgue ou de tout autre instrument doivent cesser.

f) Après la Consécration, à moins que le Benedictus soit encore à chanter, un silence sacré est conseillé jusqu'au Pater noster.

g) L'orgue doit se taire au moment où le prêtre bénit les fidèles à la fin de la messe ; le célébrant doit prononcer les paroles de la bénédiction de façon à ce qu'elles puissent être comprises de tous les fidèles.
c) La participation des fidèles à la messe lue


28. On veillera soigneusement à ce que les fidèles n'assistent pas à la messe lue « comme des étrangers ou des spectateurs muets »[16], mais qu'ils lui apportent la participation requise par un si grand mystère et qui est source de fruits très abondants.

29. La première façon dont les fidèles peuvent participer à la messe lue, c'est que tous, de leur propre chef, apportent une participation soit intérieure, en prêtant une pieuse attention aux principales parties de la messe, soit extérieure, selon les différentes coutumes régionales approuvées.

Sur ce point, il faut particulièrement louer ceux qui, ayant en main un missel adapté à leurs capacités, prient avec le prêtre en employant les paroles mêmes de l'Eglise. Mais, tous n'étant pas également capables de bien comprendre les rites et les formules liturgiques, et, de plus, les besoins spirituels n'étant pas les mêmes chez tous et ne demeurant pas non plus toujours les mêmes chez chacun, il y a un autre mode de participation qui se présente, ou plus adapté ou plus facile : « Méditer pieusement les mystères de Jésus-Christ, accomplir d'autres exercices de piété et faire d'autres prières qui, bien qu'elles diffèrent des rites sacrés par la forme, s'accordent cependant avec eux par leur nature. » [17]

Il faut faire remarquer, par ailleurs, que si, en quelque endroit, la coutume est de jouer de l'orgue au cours de la messe lue, sans que les fidèles participent soit aux prières communes, soit au chant de la messe, il faut réprouverl'usage de jouer de l'orgue, de l'harmonium ou de quelque autre instrument de musique presque sans interruption. Ces instruments doivent se taire :

a) Après l'arrivée du célébrant à l'autel et jusqu'à l'Offertoire ;

b) Depuis les premiers versets avant la Préface jusqu'au Sanctus inclusivement ;

c) Là où c'est l'habitude, depuis la Consécration jusqu'au Pater noster ;

d) Depuis l'Oraison dominicale jusqu'à V Agnus Dei inclusivement ; pendant le Confiteor qui précède la communion des fidèles ; pendant la lecture de la Postcommunion et pendant la bénédiction, à la fin de la messe.

30. Le second mode de participation, c'est que les fidèles participent au Sacrifice eucharistique en récitant des prières communes et en chantant en commun. Il faut veiller à ce que les prières et les chants conviennent parfaitement à chaque partie de la messe, en observant cependant ce qui est dit au numéro 14 c).

31. Le troisième mode enfin, et le plus parfait, c'est que les fidèles répondent liturgiquement au prêtre, « dialoguant » [18] en quelque sorte avec lui, et disant d'une voix claire les parties qui leur sont propres.

On peut cependant distinguer quatre degrés dans cette participation plus parfaite :

a) Le premier degré, si les fidèles font au célébrant les réponses liturgiques les plus faciles : Amen ; Et cum spiritu tuo ; Deo gratias ; Gloria tibi Domine ; Laus tibi, Christe ; Habemus ad Dominum ; Dignum et justum est ; Sed libera nos a malo.

b) Le second degré, si les fidèles prononcent, de plus, les parties qui, selon les rubriques, doivent être dites par le servant, et, lorsque la communion est distribuée pendant la messe, s'ils récitent aussi le Confiteor et disent trois fois Domine, non sum dignus.

c) Le troisième degré, si les fidèles récitent également les parties de l'ordinaire de la messe en même temps que le prêtre : le Gloria in excelsis Deo ; le Credo, le S anctus-Bene dictus, V Agnus Dei.

d) Le quatrième degré, enfin, si les fidèles récitent en même temps que le prêtre des parties du propre de la messe : l'Introït, le Graduel, l'Offertoire, la Communion. Ce dernier degré ne peut être appliqué avec la dignité qui convient que dans des milieux choisis, plus cultivés et bien formés.

25 « L'Instruction — écrit le R. P. Antonelli — aborde un autre point important, celui de la récitation par les fidèles du Pater. Ce n'est pas ici le lieu de refaire l'histoire de cette prière dans la messe. Sa présence, après le Canon et avant la Communion, est certainement très ancienne, comme est aussi très ancien le caractère qu'on lui attribue à juste raison de préparation à la communion. Dans différents diocèses, on a introduit la récitation du Pater


32. Aux messes lues, tout le Pater noster, qui est l'antique prière adaptée à la Communion, peut être récité par les fidèles en même temps que le célébrant, mais en latin seulement, et tous ajoutent Amen. Toute récitation en langue vulgaire est exclue 23.

33. Aux messes lues, les fidèles peuvent chanter des cantiques, en veillant cependant à ce qu'ils conviennent à chaque partie de la messe (cf. n° 14 b).

34. Le célébrant, surtout si l'église est grande et l'assistance nombreuse, doit dire à haute voix ce qui, selon les rubriques, doit être prononcé clara voce, de façon à ce que tous les fidèles puissent commodément et opportunément suivre l'action sacrée.
d) La messe « conventuelle » ou « in choro »


35. Parmi les actions liturgiques les plus particulièrement dignes, il faut placer la messe « conventuelle » ou « in choro », c'est-à-dire la messe qui doit être célébrée chaque jour en connexion avec l'office divin par ceux qui sont astreints au choeur en vertu des lois de l'Eglise.

La messe, en effet, avec l'office divin, constitue la somme de tout le culte chrétien, la louange complète qui est rendue chaque jour au Dieu tout-puissant, avec une solennité extérieure et publique.

Ce culte divin complet, public et collectif, ne pouvant pas être rendu tous les jours dans toutes les églises, il est rendu d'une façon quasi vicariale par ceux à qui cela revient du fait de l'obligation du « choeur » ; cela vaut particulièrement pour les cathédrales, à l'égard de tout le diocèse.

Toutes les célébrations « au choeur » doivent donc revêtir d'une façon ordinaire une beauté et une solennité particulières, c'est-à-dire qu'elles doivent ordinairement s'embellir des chants et de la musique sacrée.

36. La messe conventuelle doit donc être de soi solennelle, ou au moins
chantée.

Cependant, là où des lois particulières ou des induits particuliers dispensent de la solennité de la messe « au choeur », il faut du moins absolument éviter que les heures canoniques soient récitées pendant la messe conventuelle. Il est, au contraire, préférable que la messe conventuelle lue revête la forme proposée au numéro 31, en excluant toutefois tout usage de la langue vulgaire.

37. Au sujet de la messe conventuelle, il faut de plus observer ce qui suit :

a) On ne doit dire chaque jour qu'une messe conventuelle qui doit concorder avec l'office récité au choeur, à moins que les rubriques en disposent autrement (Additiones et Variationes in rubricis Missalis, tit. I, n° 4). Cependant, l'obligation reste de célébrer d'autres messes au choeur en raison de fondations pieuses ou pour une autre cause légitime.

b) La messe conventuelle suit les règles de la messe chantée ou lue.



par les fidèles, en latin et aussi en langue vulgaire. Aujourd'hui, le No 32 de l'Instruction dissipe toute incertitude. La récitation du Pater en latin par les fidèles a déjà été introduite dans la réforme de la Semaine sainte pour l'office du Vendredi saint, et on sait que là où les curés se sont préoccupés de bien préparer les fidèles, cette récitation n'a pas rencontré de difficultés. Qu'on le note bien : maintenant, la récitation du Pater par les fidèles est seulement permise, et uniquement aux messes lues ; elle n'est donc pas obligatoire. Avant de l'introduire, il faut que les fidèles soient suffisammentt préparés, afin que la prière du Seigneur soit récitée correctement, avec ordre et dévotion. » (Note de la Documentation Catholique.)

c) La messe conventuelle doit être dite après Tierce, à moins que le supérieur de la communauté, pour une raison grave, estime qu'elle doive être dite après Sexte et None.

d) Les messes conventuelles « hors du choeur », qui, jusqu'à maintenant, étaient parfois prescrites par les rubriques, sont supprimées.



e) L'assistance des prêtres au Saint Sacrifice de la messe et les messes dites « synchronisées »

38. Il faut dire d'abord que la concélébration sacramentelle, dans l'Eglise latine, est limitée à des cas précisés par le droit ; il faut, de plus, rappeler la réponse de la Suprême Congrégation du Saint-Office du 23 mai 195720, qui déclare invalide la concélébration du Sacrifice de la messe par des prêtres qui, bien que revêtus des ornements sacrés et quelle que soit leur intention, ne prononcent pas les paroles de la Consécration. Ceci étant dit, il n'est pas interdit que, lorsqu'un certain nombre de prêtres se réunissent à l'occasion de Congrès, « un seul prêtre dise la messe et les autres (ou en totalité ou en très grand nombre) assistent à cette messe unique et y communient de la main du célébrant », du moment que « cela se fait pour une cause juste et raisonnable et que l'évêque, pour éviter l'étonnement des fidèles, n'en a pas décidé autrement », et que dans cette façon d'agir ne subsiste pas l'erreur rappelée par le Souverain Pontife Pie XII, à savoir que la célébration d'une seule messe à laquelle assistent pieusement cent prêtres équivaut à la célébration de cent messes par cent prêtres [19].

39. Cependant, les messes dites « synchronisées » sont interdites. Ce sont les messes célébrées de cette façon particulière : deux ou plusieurs prêtres disent simultanément la messe à un ou plusieurs autels de façon à ce que toutes leurs actions soient faites et leurs paroles prononcées au même moment, en utilisant également, surtout si de nombreux prêtres célèbrent ainsi, certains instruments modernes permettant d'obtenir plus facilement cette absolue uniformité ou « synchronisation ».

B. - L'OFFICE DIVIN



40. L'Office divin se récite soit « en choeur », soit « en commun », soit « seul ». On dit que l'Office divin est récité « en choeur » s'il est récité par une communauté obligée au choeur par les lois ecclésiastiques ; et « en commun » s'il est récité par une communauté qui n'est pas astreinte au choeur.

26 A. A. S., XXXXIX, 1957, p. 370 ; Documents Pontificaux 1957, p. 759.




Mais l'Office divin, quel que soit la façon dont il est récité, « en choeur », « en commun » ou « seul », s'il l'est par ceux à qui cette récitation est confiéepar les lois de l'Eglise, doit toujours être considéré comme un acte de culte public, rendu à Dieu au nom de l'Eglise.

41. L'Office divin est constitué de sa nature pour être récité à voix réciproques et alternées ; certaines parties même demandent en principe à être chantées.

42. Ceci étant établi, la récitation de l'Office divin « en choeur » doit être conservée et encouragée ; la récitation « en commun », ainsi que le chant de certaines parties seulement de l'Office, selon les circonstances de lieux, de temps et de personnes, est vivement recommandée.

43. La récitation des psaumes « en choeur » ou « en commun », qu'elle se fasse sur les tons grégoriens ou sans chant, doit être digne et convenable, en faisant les arrêts voulus et en faisant pleinement concorder les voix.

44. Si les psaumes qui se trouvent dans les heures canoniques doivent être chantés, ils doivent être chantés au moins en partie sur les mélodies grégoriennes, soit en alternant les psaumes, soit en alternant les versets d'un même psaume.

45. L'ancienne et vénérable coutume de chanteT les Vêpres avec le peuple les dimanches et les jours de fête, en observant les rubriques, doit être conservée là où elle existe ; là où elle n'existe pas, il faut l'introduire, au moins pour certaines circonstances de l'année.

Les Ordinaires des lieux veilleront, de plus, à ce que, à cause des messes du soir, le chant des Vêpres ne tombe pas en désuétude les dimanches et les jours de fête. En effet, les messes du soir que l'Ordinaire du lieu peut autoriser « si le bien spirituel d'une partie notable des fidèles le requiert » 2S, ne doivent pas porter détriment aux cérémonies liturgiques ni aux pieux exercices par lesquels le peuple chrétien avait l'habitude de sanctifier les jours fériés.

C'est pourquoi l'habitude de chanter les Vêpres ou de faire d'autres pieux exercices avec la bénédiction du Saint Sacrement doit être conservée là où elle existe, même si l'on célèbre une messe du soir.

46. Dans les Séminaires de clercs, soit séculiers, soit religieux, l'Office divin doit souvent être récité en commun, au moins en partie, et lorsque cela est possible, chanté ; les dimanches et les jours de fête, les Vêpres au moins doivent être chantées [20].

Pie XII 1958 - INSTRUCTION « DE MUSICA SACRA » SUR LA MUSIQUE SACRÉE ET LA LITURGIE