Catéchèses Paul VI 11968

11 septembre 1968 : MOUVEMENTS CHARISMATIQUES ET APOSTOLAT ORGANISE

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Chers Fils et Chères Filles,



Après le Concile, la vie de l'Eglise présente des faits et des aspects, des besoins et des devoirs, des transformations et des nouveautés, des dangers et des espérances que certainement vous connaissez et qu'il est bon de considérer. On parle de réformes, de transformations, d'aggiornamento, qui remplissent les âmes d'espérance et de surprise, mais aussi de doutes et de réserves. Nous devons regarder ce grand phénomène avec attention et confiance, en découvrant en lui un élément général positif, celui de la vitalité, de la vivacité, et, sous certains aspects, celui de l'Esprit du Seigneur, qui réveille et imprègne son Corps mystique, qui le réanime, le spiritualise, le vivifie, le sanctifie.


Le renouveau de l'Eglise après le Concile


Tel était le but du Concile : réveiller, réformer, rajeunir l'Eglise ; éclairer sa conscience, raffermir ses forces, purifier ses défauts, corroborer ses structures, élargir ses horizons, rétablir son unité, lui donner de nouvelles défenses contre le monde et la préparer à de nouveaux contacts avec lui, la remettre en contact avec ses sources et, en même temps, accélérer sa marche vers le but eschatologique qu'est la rencontre finale, ouverte et glorieuse avec le Christ Nôtre-Seigneur.

C'est là une oeuvre vaste et difficile. Rien d'étonnant qu'elle donne lieu à des résistances et des difficultés, ou à des effets inattendus, parfois irréguliers et négatifs, mais plus souvent prometteurs et admirables. Nous ne marchons pas dans le noir : le Concile nous a laissé un ensemble d'enseignements que tous nous ferons bien de nous rappeler, qui devront nous stimuler dans le travail de renouveau et de développement dont l'Eglise a besoin, qui devront nous servir de critère pour choisir la bonne voie. Nous avons en d'autres circonstances parlé de fidélité au Concile ; il est bon que cette boussole nous guide pour garantir l'indispensable cohésion avec la tradition et la continuité droite de notre progrès vers un christianisme toujours plus vivant et authentique, vers une Eglise toujours égale à elle-même, toujours jeune et nouvelle.


Aspects positifs de la spontanéité de pensée et d'action


L'une des manifestations de ce réveil, c'est la spontanéité de pensée et d'action qui a envahi beaucoup de fils de l'Eglise. Nous voulons considérer avec respect et sympathie cette floraison d'énergies spirituelles. Elles naissent d'un acte de réflexion, d'une prise de conscience, d'un geste de libération à l'égard de vieilles habitudes devenues irrationnelles, d'une volonté de sérieux et d'engagement personnel, d'une recherche de l'essentiel, d'un approfondissement intérieur des expressions religieuses, d'une tentative confiante de donner à la vie spirituelle un nouveau langage propre et à la théologie une nouvelle expression originale, d'un courageux et effectif esprit de sacrifice témoignant d'une rare authenticité chrétienne. Tout cela mérite attention, et souvent aussi admiration. Ce sont des bourgeons de printemps qui poussent frais et vigoureux sur de vieilles souches dont on n'attendait plus de signes de vie nouvelle. Ce sont des énergies précieuses, et d'autant plus dignes d'affectueuse considération que bien souvent leur source est jeune et limpide.

Celui qui saisit la psychologie d'une génération dont l'idéal renaît, celui qui a l'intuition des courants d'opinion appelés à s'affirmer demain, celui qui surtout a un coeur pastoral pour les vicissitudes du monde humain, ne peut pas déprécier, ne peut pas négliger de semblables manifestations de spontanéité spirituelles qui, d'abord individuelles, deviennent collectives, où l'on voit des courants indéterminés de spiritualité se polariser autour d'une personne entreprenante, d'une formule originale, d'une école, d'une revue. Le promoteur en est souvent un prêtre, un religieux, qui prend la responsabilité de ces cénacles fervents. Ils osent parfois s'attribuer une vocation ou même des vertus charismatiques.


Aspects négatifs


Mais cette végétation spirituelle pousse d'habitude en dehors des sillons normaux du champ apostolique (cf
1Co 3,9). D'instinct, c'est un phénomène à tendance « anti-institutionnelle ». Il fait appel aujourd'hui à la liberté religieuse, à l'autonomie de la conscience, à la maturité du chrétien moderne. Il se prévaut d'un esprit critique souvent indocile et superficiel qui parfois est bien proche du libre examen. Il tolère à contrecoeur le magistère de l'Eglise, il conteste parfois l'extension et l'autorité. Il veut sortir des organisations catholiques, considérées comme un ghetto fermé, sans se rendre compte qu'il forme d'autres ghettos, plus fermés et arbitraires, où seuls les initiés sont admis et estimés. Il supporte mal les supérieurs et les frères, et il sympathise plus facilement avec les étrangers et les adversaires. Il manque souvent de sûreté doctrinale et de charité familiale et sociale vécue. Il se fait de l'Eglise une idée personnelle, affranchie des objectifs habituels de la communauté rassemblée par la loi canonique. Il se propose par contre des objectifs propres, peut-être bons et austères, mais détachés du contexte ecclésial, et donc facilement décadents. Ce sont là des ruisseaux qui ne font pas des fleuves. Ce sont souvent des forces magnifiques qui, sans le vouloir, construisent peu et parfois jettent le trouble. Après des moments de grande ferveur, généralement elles s'affaiblissent et se perdent dans les sables.


L'apostolat organisé évite la dispersion des efforts


L'Eglise admet le pluralisme des formes de spiritualité et d'apostolat, et elle encourage souvent la création d'associations libres (cf. Apost. act. AA 19). Mais elle recommande sans cesse que l'apostolat soit bien ordonné et organisé, et qu'on évite la dispersion des forces (ibid. AA 19 AA 20). « Les laïcs, dit expressément le Concile, agissent unis à la manière d'un corps organisé, ce qui exprime de façon plus parlante la communauté ecclésiale et rend l'apostolat plus fécond» (ibid. AA 19-20). Le Concile fait aux prêtres cette même recommandation dont les racines remontent à la plus ancienne et authentique tradition de l'Eglise. Il leur rappelle que « l'union des prêtres avec les évêques est une exigence particulière de notre temps » (Presbyt. Ord. PO 7) ; « chaque prêtre est uni à ses confrères par un lien de charité, de prière et de coopération sous diverses formes (ibid. PO 8) ».

On pourrait dire que cette exhortation interprète vraiment l'esprit du Concile et tend à caractériser le renouveau de l'Eglise aujourd'hui. C'est d'elle que tire son impulsion la plus autorisée la pastorale dite « d'ensemble », ou, pour mieux dire, « organique ». La nécessité en avait déjà été ressentie par Notre vénéré prédécesseur Pie XII, qui disait le 10 mars 1955 aux curés et prédicateurs de carême de Rome : « Quand, d'une part, on regarde l'a ferveur de tant d'entreprises où nul ne s'arrête, nul ne ralentit le pas, nul ne s'épargne, et quand, d'autre part, on doit reconnaître que les effets ne sont pas ceux qu'un tel déploiement d'énergies et d'abnégation faisait prévoir, on se demande si peut-être on ne combat pas trop seuls, trop isolés, trop désunis. Qui sait... s'il ne serait pas utile de reconsidérer le travail apostolique à la lumière des principes qui règlent toute collaboration. Il Nous semble que ce soit là une des exigences les plus impérieuses pour l'action apostolique du clergé et du laïcat » (Discorsi e Rad. vol. XVII, p. 9).

« Pastorale organique dans la communauté ecclésiale », voilà une formule-programme vraiment heureuse. Nous Nous réjouissons de constater qu'elle s'affirme de plus en plus dans l'Eglise de Dieu, et que vous, prêtres qui Nous écoutez, vous en faites l'objet de vos études et de vos résolutions dans les réunions et les discussions de la XVIII° Semaine d'aggiornamento pastoral qui se tient actuellement. Nous connaissons l'autorité et l'expérience des promoteurs et des orateurs de cette institution dont le clergé italien tire de précieuses lumières et impulsions pour être à la hauteur de sa sainte et providentielle mission dans les circonstances actuelles et devant les besoins urgents qui existent. Nous ne pouvons que Nous en réjouir, et volontiers Nous encourageons ceux qui organisent et soutiennent ces activités.

Prêtres et fidèles ici présents, Nous vous exhortons tous à travailler généreusement et avec une conscience claire à « édifier l'Eglise », en unissant vos efforts, en travaillant fidèlement, en harmonisant vos plans, en vous donnant de tout votre coeur, dans la certitude indicible et quasi-expérimentale d'être dans cette entreprise si grande, si moderne et si sainte des collaborateurs humbles et nécessaires, des instruments actifs et méritants du Christ lui-même, unique architecte, constructeur indéfectible et toujours présent, qui, en plaçant Pierre comme fondement de son édifice mystique, a prononcé ces paroles prophétiques : « Je construirai mon Eglise » (Mt 16,18). A vous tous, Notre Bénédiction Apostolique.





18 septembre 1968 : LE DEVOIR DE L'HEURE : AIMER L'EGLISE

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Chers Fils et Chères Filles,



Nous disions à Nos visiteurs de la semaine dernière, construisez l'Eglise.


Ceux qui pensent que le Concile est déjà dépassé


Aujourd'hui, Nous poursuivons ce discours avec vous, et Nous vous disons : aimez l'Eglise. Nous Nous référons encore à l'esprit du Concile, que Nous voudrions pur et ardent en ces années où nous devons méditer et appliquer les nombreux et grands enseignements que ce Concile nous a laissés. Certains pensent que celui-ci est déjà dépassé. Ne retenant de lui que son impulsion réformatrice, sans tenir compte de ce que ces solennelles assises de l'Eglise ont décidé, ils voudraient aller plus loin. Ce qu'ils ont en vue, ce ne sont plus des réformes, mais des bouleversements, qu'ils croient pouvoir autoriser d'eux-mêmes, et qu'ils estiment d'autant plus géniaux que moins fidèles et moins en harmonie avec la tradition de l'Eglise, c'est-à-dire avec sa vie ; d'autant plus inspirés que moins conformes à l'autorité et à la discipline de l'Eglise ; et d'autant plus plausibles qu'ils se différencient moins de la mentalité et des façons de vivre du siècle.


La critique corrosive d'une certaine presse


Un esprit de critique corrosive est devenu de mode dans certains secteurs de la vie catholique. Il y a par exemple des revues et des journaux qui semblent n'avoir d'autre fonction que de donner des informations déplaisantes sur les faits et les personnes des milieux de l'Eglise. Il n'est pas rare qu'ils présentent ces informations d'une façon unilatérale, et que peut-être même ils les déforment et les dramatisent un peu pour les rendre intéressantes et piquantes. Ils habituent ainsi leurs lecteurs non pas à un jugement objectif et serein, mais à une suspicion négative, à une méfiance systématique, à une mésestime préconçue envers des personnes, des institutions et des activités de l'Eglise. Ils incitent donc leurs lecteurs et leurs disciples à s'affranchir du respect et de la solidarité que tout bon catholique et que même tout honnête lecteur devrait avoir pour la communauté, et pour l'autorité de l'Eglise. Ce n'est pas le souci de l'information exacte et complète, ce n'est pas le désir d'exercer la correction fraternelle là où elle est méritée, mais le goût du sensationnel, de la dénonciation ou de la contestation qui guident certains publicistes, en semant l'inquiétude et l'indocilité dans les âmes de tant de bons catholiques, y compris certains prêtres et de nombreux jeunes pleins de ferveur.


Une curieuse peur


C'est ainsi que s'insinue une mentalité étrange qu'un éminent et célèbre protestant, professeur d'université, qualifiait, dans une conversation privée, de peur, de curieuse peur existant chez certains catholiques d'être en retard dans le mouvement des idées, de sorte qu'ils s'alignent volontiers sur l'esprit du monde, qu'il adoptent favorablement les idées les plus neuves et les plus opposées à la tradition catholique reçue, toutes choses qui, à mon avis, disait-il, ne sont pas conformes à l'esprit de l'Evangile.


Que dire de certains événements récents ?


Et puis, que dire de certains événements récents comme l'occupation de cathédrales, l'approbation de films inadmissibles, les protestations collectives et concertées contre Notre récente encyclique, la propagande en faveur de la violence politique à des fins sociales, les manifestations anarchiques et le conformisme de la contestation globale, les actes d'intercommunion contraires à la ligne oecuménique juste ? Où sont la cohérence et la dignité propres aux vrais chrétiens ? Où est le sens de la responsabilité envers sa propre foi catholique et celle des autres ? Où est l'amour de l'Eglise ?


« On aura pour ennemis les gens de sa maison »


L'amour de l'Eglise ! Nous voulons encore supposer qu'il n'est pas mort chez des personnes qui se disent catholiques et qui font appel au Christ. Si vraiment ces personnes aiment le Christ et veulent vivre de son Evangile, la rencontre dans la charité, et donc dans l'Eglise, qui, animée par l'Esprit-Saint, résulte précisément de l’intercommunion de tous ceux qui vivent de la charité, devrait toujours exister et se manifester, comme par une impulsion intrinsèque. C'est cette joyeuse manifestation de la charité qui souvent nous manque. Nous désirons d'autant plus cet amour de l'Eglise que plus grand est Notre regret de constater que beaucoup de ces catholiques inquiets sont partis d'une haute vocation à l'apostolat, c'est-à-dire au service et à l'expansion de l'Eglise, mais, comme sous l'action de cet acide esprit de critique négative et habituelle dont Nous parlions, leur amour apostolique s'est appauvri et parfois vidé, au point que dans certains cas ils sont devenus gênants et nuisibles pour l'Eglise de Dieu. Ces paroles de Jésus montent à Nos lèvres : « On aura pour ennemis les gens de sa maison » (cf.
Mt 10,36).


La myopie spirituelle à l'égard de l'Eglise


Mais en ce moment, c'est à vous que Nous parlons, fils fidèles, et Nous aimons voir en vous ceux qui, avec humilité et franchise, aiment l'Eglise et font écho à Notre invitation dans leur coeur et leurs actes. Aimez l'Eglise. L'heure est venue d'aimer l'Eglise d'un coeur fort et nouveau.

La difficulté qu'il faut surmonter, c'est notre myopie spirituelle. Le regard se porte sur l'aspect humain, historique et visible de l'Eglise, et on ne voit pas le mystère de présence du Christ, ce mystère qu'elle appelle, mais qu'elle cache à l'oeil profane non éclairé par la foi et la compréhension profonde de sa réalité mystique. A ce regard extérieur, l'Eglise apparaît comme composée d’hommes imparfaits, d'institutions temporelles et limitées, alors qu'on voudrait tout de suite la voir toute spirituelle, toute parfaite, et même toute idéalisée, souvent selon une image que l'on s'en est faite arbitrairement. Le visage concret et terrestre de l'Eglise fait obstacle à l'amour facile et superficiel. La réalité matérielle de l'Eglise, celle qui tombe sous l'expérience de chacun, semble démentir la beauté et la sainteté qu'elle porte en elle de par un charisme divin.


L'Eglise est notre prochain par excellence


Mais c'est précisément ici que se manifeste l'amour. Si nous avons le devoir d'aimer notre prochain, quelle que soit l'apparence sous laquelle il se présente ; si nous devons l'aimer d'autant plus qu'il semble davantage être blessé et souffrir, nous devons nous rappeler que l'Eglise, elle aussi, est notre prochain, qu'elle est même notre prochain par excellence, car elle est composée de ces « frères dans la foi » (Ga 6,10), auxquels nous devons de préférence un amour effectif. De sorte que les défauts et les infirmités mêmes des hommes d'Eglise devraient rendre plus forte et plus empressée la charité de ceux qui veulent être des membres vivants, sains et patients de l'Eglise. C'est ainsi que font les vrais fils ; c'est ainsi que font les saints.


Un effort magnifique d'authenticité, de renouveau et de sainteté


Et Nous pouvons même dire qu'aujourd'hui il est devenu moins difficile d'aimer l'Eglise dans sa réalité humaine. Aujourd'hui, l'Eglise présente un visage plus digne d'admiration que de reproches et de commisération. On constate aujourd'hui dans toute l'Eglise des efforts magnifiques d'authenticité, de renouveau, de vitalité chrétienne, de sainteté. Cette sainteté est peut-être moins habituelle qu'autrefois, elle est peut-être moins le fait du milieu ambiant ; mais elle est plus personnelle, plus consciente, et aussi plus communautaire, plus agissante. Aujourd'hui, après le Concile, l'Eglise est toute tendue vers sa réforme intérieure ; prière et dogme s'éclairent l'un l'autre et donnent à la vie spirituelle de l'Eglise une note de vérité et de plénitude dans sa conversation avec Dieu, une note d'intériorité pénétrant au plus profond de chaque âme, une note d'harmonie et d'unanimité dans la célébration liturgique des mystères sacramentels. Aujourd'hui, chaque évêque, chaque diocèse, chaque Conférence épiscopale, chaque famille religieuse, est en train de se réformer, de rendre plus authentique la vie catholique. Aujourd'hui, tout fidèle est appelé à la perfection, tout laïc à l'action apostolique, tout groupe ecclésial à une activité ecclésiale responsable, toute conscience et toute communauté à l'expansion missionnaire. Toute l'Eglise est appelée à prendre conscience de son unité et de sa catholicité, tandis que la reprise ardue, mais loyale et ardente, des contacts oecuméniques demande aux catholiques d'accomplir leur propre réforme et de renouveler leur capacité de dialogue cordial avec les frères séparés. Aujourd'hui, l'Eglise est tout entière tournée vers ses sources pour se sentir vraie et vivante, pleinement ouverte aux contacts respectueux et salutaires avec le monde, en cherchant à trouver dans la symbiose avec lui sa propre fonction ministérielle de « lumière » et de « sel » pour le salut universel. Aujourd'hui, la prise de conscience de son pèlerinage eschatologique la rend pauvre, libre et audacieuse, la fait revenir à sa mission primitive de témoin de la résurrection du Christ, de source de cette espérance transcendante qui donne sécurité et vigueur à toute honnête espérance terrestre. Aujourd'hui où elle se purifie de toute contamination terrestre indue, l'Eglise annonce et donne au monde des énergies morales incomparables, une fraternité authentique et solidaire, la capacité de conquérir toute vérité et toute richesse de la création, la joie de vivre dans l'ordre et dans la liberté, dans l'unité et la paix.

Aimer l'Eglise, voilà, fils et frères, le devoir de l'heure. L'aimer, cela veut dire l'estimer et être heureux de lui appartenir: cela veut dire lui être résolument fidèle, lui obéir et la servir, l'aider avec joie et en esprit de sacrifice dans sa mission ardue ; cela veut dire savoir unir l'appartenance à sa société visible et mystique avec l'amour honnête et généreux de toute autre réalité créée qui nous entoure et nous possède : la vie, la famille, la société, la vérité, la justice, la liberté, la bonté.

Qu'il en soit ainsi, très chers fils, avec Notre Bénédiction Apostolique.


Salutations:

...

Nous adressons maintenant Nos respectueuses salutations au groupe d’Anciens Combattants et de jeunes militaires du 22ème Régiment de l’Armée canadienne. Vous voilà de retour en Italie, vingt-cinq ans après la bataille d’Ortona, où bon nombre d’entre vous ont dû livrer courageusement le combat de libération, en vue d’aider l’Europe à retrouver la paix. Vous rencontrez ici des visages d’amis qui se souviennent avec reconnaissance de votre participation et de vos sacrifices. Et vous allez vous recueillir sur la tombe de vos nombreux compatriotes qui, en ce pays, ont payé de leur vie tette existence libre que nous menons. Soyez assurés de Notre prière à leur intention; et de Nos voeux les meilleurs pour vos personnes et vos familles, pour votre noble Pays et la grande cause de la paix que vous devez servir. De tout coeur, Nous vous bénissons.



25 septembre 1968 : LES JEUNES

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Chers Fils et Chères Filles,



Nous savons que de nombreux jeunes sont présents à cette audience, en groupes importants par leur nombre, leur provenance, leurs activités, les institutions qu'ils représentent, le but qui les conduit ici, c'est-à-dire professer leur foi sincère en Jésus-Christ Nôtre-Seigneur, et confirmer leur adhésion filiale à la Sainte Eglise. C'est particulièrement ces jeunes que Nous saluerons aujourd'hui, dans l'assurance que les paroles qui leur sont adressées peuvent valoir d'une façon analogue pour tous les autres. Les jeunes sont représentatifs ; tous, nous voudrions être jeunes. Ils sont la vie dans sa fraîcheur, sa plénitude ; par rapport au passé, ils représentent ce qui est moderne, actuel; par rapport à l'avenir, ils représentent la découverte, l'innovation ; ils sont l'espérance.


La contestation


Il en a toujours été ainsi, mais aujourd'hui la jeunesse revêt des caractères encore plus importants dans le contexte social parce que les jeunes sont maîtres, c'est-à-dire tout de suite mis en possession des biens dont la vie moderne dispose: les instruments de la technique, la culture, le bien-être, le jugement sur toute chose et toute valeur. Tous les liens que constituent l'obéissance, la loi commune, la dépendance à l'égard de la famille, la société, la tradition, sont relâchés jusqu'à devenir presque inexistants. Les jeunes sont libres, ils sont leurs propres arbitres et ils tendent à l'être également des autres. La mode de la « contestation » les séduit, la manie du changement remplace souvent chez eux la conscience des fins à atteindre. Parfois ils ne craignent pas d'en venir à des explosions de folie. Il en est parmi eux qui aiment la violence dans laquelle ils voient un signe de virilité et de capacité, comme un sport courageux, ou comme une généreuse aventure de western. Ils sont jeunes ! Nous ne voulons pas aujourd'hui parler des récentes émeutes extrémistes, dont les excès ne peuvent pas ne pas être déplorés par tout le monde. Nous Nous bornerons à jeter un regard sur l'attitude d'opposition qui est coutumière chez les jeunes.


Y a-t-il incompatibilité entre les jeunes d'aujourd'hui et l'Eglise ?


Et alors pour Nous se pose ici une grosse question : quel rapport peut-il y avoir entre ces jeunes et l'Eglise ? L'Eglise est une institution traditionnelle. Comment peut-elle être comprise et acceptée par une certaine jeunesse qui instinctivement récuse l'histoire du passé, la tradition ? Pour elle tout ce qui est d'hier, c'est Mathusalem, et ce jugement facile est une condamnation sans appel pour les jeunes d'aujourd'hui. L'Eglise est une société extrêmement ordonnée. Elle est hiérarchique, organisée, moraliste. Tout y est prévu, classé, déterminé. Comment peut-elle être comprise et aimée par qui aime la liberté, parfois jusqu'à la licence ou l'anarchie ? L'Eglise est une école sévère, elle prêche la mortification, la maîtrise de soi, l'austérité, la croix. Peut-elle être écoutée par une génération tout entière livrée à l'expérience des instincts, des passions, du plaisir, toujours habituée au confort, à rejeter l'effort, la discipline, le sacrifice ? L'Eglise prêche le « Royaume des cieux », un monde spirituel, une vérité invisible, une fin ultra temporelle ; elle veut la foi, l'amour. Comment peut-elle être écoutée d'une jeunesse formée uniquement à l'expérience sensible, au raisonnement scientifique, au calcul de l'utilité temporelle, à la logique de l'égoïsme et de l'intérêt, au culte de l'homme et non au culte de Dieu ?

Nous pourrions poursuivre cette comparaison déconcertante entre l'Eglise et une certaine jeunesse d'aujourd'hui, semblant confirmer les conclusions de ceux qui condamnent l'Eglise comme une forme de pensée et de vie absolument inadmissible pour une grande partie de la jeunesse d'aujourd'hui. Nous pourrions aussi nous demander jusqu'à quel point est acceptable la tentative de ceux qui veulent changer les structures et l'esprit de l'Eglise pour la modeler aux aspirations et aux dimensions des jeunes d'aujourd'hui. Mais cela entraînerait un long discours et exigerait des analyses approfondies et documentées, et les limites très strictes de ce simple entretien ne Nous le permettent pas.


La richesse que recèle l'insatisfaction des jeunes


Qu'il Nous suffise pour le moment de faire une observation de caractère général, ou, si vous voulez, de contester le diagnostic sur l'esprit des jeunes que Nous venons d'évoquer. Ce diagnostic est incomplet, profondément incomplet; Nous pourrions même dire qu'il est « globalement » faux s'il prétend nous donner une description intégrale et honnête de la jeunesse des années 60 (ou 70 si vous aimez mieux). Il est peut-être partiellement exact, mais il ne correspond pas à toute la réalité de la jeunesse d'aujourd'hui.

Pourquoi ? Parce qu'il oublie certaines caractéristiques très importantes des jeunes de maintenant. Regardons fidèlement le visage authentique de la jeunesse actuelle et nous y découvrirons des caractéristiques qui nous donneront d'elle une image bien différente. Ici également, si l'on voulait bien étudier les choses, il y aurait trop à dire. Nous ne ferons, comme à titre d'exemple, que poser quelques questions.

N'est-il pas vrai qu'aujourd'hui la jeunesse est passionnée de vérité, de sincérité, d’« authenticité », comme on dit aujourd'hui ; et cela ne lui donne-t-il pas un titre de supériorité ? N'y a-t-il pas dans son inquiétude une rébellion contre l'hypocrisie conventionnelle dont la société d'hier était souvent imprégnée ? Et la réaction des jeunes contre le bien-être, contre l'ordre bureaucratique et technologique, contre une société sans idéaux supérieurs et vraiment humains, cette réaction qui, pour la plupart des gens, semble inexplicable, ne veut-elle pas dire qu'ils ne peuvent pas supporter la médiocrité psychologique, morale et spirituelle, la banalité sentimentale, artistique et religieuse, l'uniformité impersonnelle de notre milieu tel que la civilisation moderne est en train de le modeler ?

Et alors, dans cette insatisfaction des jeunes, n'y a-t-il pas un secret besoin de valeurs transcendantes, le besoin d'une foi dans l'absolu, dans le Dieu vivant ? Et puis, peut-on dire que les jeunes d'aujourd'hui soient individualistes et égoïstes alors qu'ils ne savent plus vivre qu'en compagnie d'autres jeunes, qu'ils ont l'instinct, poussé parfois jusqu'à l'excès, de l'association, du conformisme collectif ? Et qui osera soutenir que nos jeunes sont incapables d'abnégation et d'amour du prochain, alors que bien souvent dans les épreuves publiques ou dans les situations sociales intolérables, ce sont précisément eux qui donnent à tous des leçons de disponibilité, de dévouement, d'héroïsme, de sacrifice ? Ils ne connaissent pas les jeunes ceux qui ne savent pas ce dont leur coeur est capable en fait de renoncement, de courage, de service, d'amour héroïque, aujourd'hui peut-être plus qu'hier. Et leur impatience à entrer tout de suite dans l'arène de la vie réelle, comme des hommes, comme des adultes et non comme des enfants, comme des mineurs, qu'est-elle sinon un désir ardent, respectable et souvent louable, de participer aux responsabilités communes ?


La rencontre des jeunes avec le Christ dans l'Eglise


Il convient donc de réexaminer l'esprit de la jeunesse d'aujourd'hui. C'est là une tâche délicate et complexe. Mais, dès à présent, elle Nous offre cette certitude : le rapport entre la jeunesse et l'Eglise, dont Nous avons parlé, n'est pas en fait définitivement négatif. Jeunesse et Eglise ne sont pas opposées, étrangères l'une à l'autre. Le rapport entre elles est positif, c'est celui d'une école où la vérité et l'esprit s'ouvrent, se dévoilent et se rencontrent ; celui d'une communauté organique où l'unité ne crée ni l'oppression ni l'uniformité, mais la réciprocité, le respect et l'amour ; celui d'une plénitude singulière, d'un bonheur inouï : la plénitude des valeurs humaines et spirituelles authentiques, le bonheur de la certitude, de la charité. Ce rapport est une rencontre prodigieuse et merveilleuse avec Quelqu'un, avec Celui qui se tient entre l'Eglise qui le présente et la jeunesse qui le découvre ! C'est en Celui-là que la jeunesse découvre l'unique vrai ami, l'unique vrai maître, l'unique véritable et suprême héros, le seul véritable prototype de l'homme qu'il vaille la peine de chercher et d'intégrer pour toujours dans sa vie. Et Celui-là, vous savez qui il est, c'est le Christ, le Dieu fait homme. Il est le secret, le don de l'Eglise ; et ce don, l'Eglise l'offre à la jeunesse.

Il Nous faudrait maintenant dire comment l'Eglise, celle d'aujourd'hui, celle du Concile, conçoit, veut et remplit cette mission de donner le Christ à la jeunesse. Mais Nous conclurons sur ces quelques mots que Nous laisserons en souvenir à vous les jeunes et à vous tous qui Nous écoutez : entrez dans l'Eglise (Nous voulons dire: entrez dans son coeur, dans le trésor caché de sa foi, de son espérance, de sa charité) ; entrez, et vous y trouverez le Christ qui vous attend.

Nous vous souhaitons de faire cette expérience, avec Notre Bénédiction Apostolique.

Salutations:

...


Chers Messieurs,

C’est de grand coeur que Nous accueillons ce matin votre groupe de parlementaires, représentants distingués de Nos chers Fils du Vietnam. Vous savez avec quel amour de prédilection Nous ne cessons de penser à votre chère patrie, d’agir en sa faveur dans toute la mesure de Nos possibilités. Et surtout Nous prions pour qu’elle puisse enfin vivre dans une juste paix, et consolider son avenir dans la fraternité. Nous osons toujours espérer que tous ceux qui détiennent une responsabilité voudront bien hâter cette heure de la paix. Nous vous demandons d’être les interprètes de Nos sentiments affectueux auprès de vos compatriotes, particulièrement ceux qui sont les plus éprouvés. Et sur vos personnes, vos familles et tous ceux qui vous sont chers, Nous invoquons volontiers, en gage des meilleures grâces, les Bénédictions du Tout-Puissant.



2 octobre 1968 : L'ESPRIT DE PAUVRETE ET SA PRATIQUE DANS LE CONTEXTE TECHNIQUE DE LA SOCIETE CONTEMPORAINE

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Chers Fils et Filles,



Si Nous voulions continuer dans la recherche des expressions particulières que le Concile a mises en circulation, et qui forment pour nous, fidèles à ses enseignements, des motifs de réflexion et d'engagement, Nous en trouverions une, très simple dans la formulation, mais difficile dans l'application : « l'église des pauvres ». C'est une belle expression. Elle nous apporte l'écho de l'évangile. Jésus s'attribue la parole d'Isaïe : « L'esprit du Seigneur... m'a invité à évangéliser les pauvres » (
Is 61,1 Lc 4,18) ; et sa première béatitude comme on se le rappelle, dit : « Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3). Et puis, qui n'a en mémoire la pauvreté de Jésus et son amabilité pour les humbles, les recommandations faites à ses apôtres pour qu'ils se détachent des choses terrestres, qu'ils ne recherchent pas d'encombrants biens matériels. L'exemple du Seigneur est repris dans une phrase lapidaire de St. Paul : Jésus Christ « s'est fait pauvre pour nous alors qu'il était riche, afin que nous devenions riches par sa pauvreté » (2Co 8,9). Il émane du message du salut tout entier une exhortation à la pauvreté, qui nous montre une intention divine à l'intérieur de tout le système des rapports surnaturels instaurés par la révélation entre Dieu et l'homme : le dessein salvifique de Dieu s'adresse aux hommes détachés des biens de la terre ; la pauvreté est une des composantes constitutionnelles du plan de la religion chrétienne. Et ceci à tel point qu'on a parlé d'une théologie de la pauvreté, qui n'a pas manqué de faire entendre sa voix en plein Concile, spécialement à travers une ample intervention explicite du Cardinal Lercaro (Congr. Gén. 35, 6 déc. 1962), reprise par lui en d'autres termes à la troisième session (Congr. gén. 114, nov. 1964) et imitée par d'autres voix et par des propositions particulières.


Une idée qui se révèle féconde


Les documents du Concile, sans donner à ce thème une place spéciale, ont recueilli quelque écho de ces voix et ont conservé beaucoup de leur esprit; il suffit d'une citation : « l'esprit de pauvreté... est la gloire et le signe de l'Eglise du Christ » (Gaudium et spes GS 88, Lum. Gent. LG 8), il suffit de rappeler l'exhortation répétée au clergé dans le décret sur la vie et le ministère des prêtres (Presb. ord. PO 17). L'idée de la pauvreté dans l'Eglise devient féconde.

Beaucoup en parlent ; des livres entiers l'illustrent, parfois avec quelque intention polémique, preuve de sa difficulté et de sa nécessité. On commence à trouver une littérature canonique sur le sujet, spécialement dans les normes récentes des synodes épiscopaux et des chapitres religieux.

Il y a peu, l'assemblée des évêques de l'Amérique latine à Medellin a dédié à ce sujet un de ses documents finaux, concluant par l'apologie de la pauvreté, donnant des orientations pastorales qui en font un test de la solidarité avec les catégories sociales plus humbles, un témoignage exemplaire du style propre de la vie sacerdotale. Ce document atteste de l'esprit de Service qui doit caractériser l'activité de l'Eglise.


Fécondité du travail des hommes


On reconnaît dans cette courageuse révision que l'Eglise fait d'elle-même, le renouveau spirituel et pratique, prévu par le Concile, et que tous, selon leurs propres conditions, doivent favoriser, en eux et autour d'eux. A ce point, surgit une difficulté, importante et complexe, présente aujourd'hui plus que jamais : l'attitude à prendre envers les problèmes économiques. C'est une difficulté qui devient plus grave du fait que le même Concile, reprenant une vision optimiste du monde caractéristique de ses enseignements, nous apprend « à honorer les valeurs humaines et à considérer les choses créées comme des dons de Dieu » (Presb. Ord. PO 17) ; il nous enseigne à faire progresser les biens créés à travers le travail humain, à travers la technique et la culture profane (cf. Lumen gentium LG 3) ; il nous apprend que le travail en général, que toute « l'activité... individuelle et collective, ce gigantesque effort par lequel les hommes, tout au long des siècles, s'acharnent à améliorer leurs conditions de vie, correspond au dessein de Dieu » (Gaud. et spes GS 34) ; qu'ainsi « les chrétiens engagés dans le développement économico-social... doivent être persuadés qu'ils peuvent ainsi beaucoup pour la prospérité de l'humanité et la paix du monde » (Gaud. et spes GS 72) ; au point que Nous-même avons patronné le développement des peuples comme élément indispensable de la paix (cf. encycl. Populorum Progressio).

La nécessité des biens économiques est imposée par la nature humaine elle-même, qui a besoin de pain (cf. Mt 6,11 Lc 11,3 Mt 6,32) ; par le devoir de faire fructifier les talents (Mt 25,15) et de procurer aux autres les moyens de vivre et de prospérer (cf. Mt 20,6). Certains regrettent « l'habitude d'accuser la technique d'être un instrument de contrainte pour la liberté humaine, alors qu'on recherche le bénéfice de sa productivité » (L. de Rosen). Toute la vie moderne, dominée par des buts matériels, et spécialement des biens économiques, dans leur production, leur distribution, la jouissance des biens terrestres, semble se centrer sur la richesse, sur une sociologie pour ou contre le capitalisme, c'est-à-dire sur une conception contraire à la pauvreté, à quoi notre vocation chrétienne semble nous pousser davantage aujourd'hui. Comment répondre à cette difficulté fondamentale ?


Sens chrétien de la pauvreté


Fils très chers ! Se rendre compte de la difficulté, c'est-à-dire du problème posé au chrétien, en raison de l'évangile de la pauvreté, est déjà découvrir la situation dramatique dans laquelle l'homme se trouve, précisément par l'appel, qui lui est présenté par le Christ, à une vie supérieure et différente de celle qui est purement naturelle, liée aux lois et aux nécessités de l'ordre matériel et terrestre. Qu'elle plaise ou non, la pauvreté du Christ est essentiellement une libération, une invitation à une vie nouvelle et supérieure, dans laquelle les biens de l'esprit, et non les terrestres, ont le primat ; qui pour les uns, — les disciples parfaits (cf. Mc 10,21) — devient exclusive, pour les autres, hiérarchisée (cf Mt 6,33 cherchez par dessus tout.) ; c'est la condition la meilleure pour entrer dans le royaume de Dieu (cf. Mt 5,3) ; c'est l'initiation, non à la misère, non à la paresse, non à l'incompréhension du monde qui peine et travaille, qui construit et progresse, mais à l'amour. Pour aimer, il faut donner; pour donner il faut être affranchi de l'égoïsme, il faut avoir le courage de la pauvreté.


Se former à la « pauvreté »


La possession et la recherche de la richesse, comme fin en soi, comme unique garantie du bien-être présent et de la plénitude humaine, engendre la paralysie de l'amour. Les drames de la sociologie contemporaine le démontrent, et avec quelles preuves tragiques et obscures ! Ils démontrent que l'éducation chrétienne à la pauvreté sait distinguer entre une renonciation libre et méritoire aux biens temporels, considérés comme un obstacle pour l'esprit humain dans la recherche et la poursuite de sa fin dernière suprême qui est Dieu, et de sa fin dernière prochaine, qui est un frère à aimer et à servir, et l'absence de ces biens temporels qui sont indispensables à la vie présente, c'est-à-dire la misère, la faim, dont c'est devoir d'amour de s'occuper ; cette éducation chrétienne saura distinguer entre la méfiance à l'égard du travail organisé et productif qui ne reconnaîtrait pas « la valeur libératrice du développement économique » et la valeur morale de l'effort orienté vers une production d'utilité humaine et commune.

Le thème, comme vous le voyez, devient ample et complexe. Nous Nous arrêterons maintenant, avec l'éloge de la pauvreté, qui purifie l'Eglise d'intérêts temporels superflus et peu exemplaires ; qui lui enseigne à refuser de mettre sa confiance et son coeur dans les biens de ce monde (cf. Lc 12,20) ; qui éloigne le chrétien de toute malhonnêteté, de tout affairisme illégal, tournant parfois à l'idée fixe ; qui sensibilise les esprits aux besoins et aux injustices opprimant tant de pauvres gens ; qui habitue à fraterniser avec des personnes de niveau social inférieur (cf. Jc 2,1 Jc 2,16) ; qui libère enfin le coeur de tant de liens d'intérêts secondaires et lui rend la paix et la joie de la prière et de la poésie (cf. le cantique de St François).

C'est une grande et sévère leçon que le Concile nous donne sur la pauvreté. Qu'elle ne nous soit pas donnée en vain. Et avec ce voeu, Nous vous bénissons de tout notre coeur.

Salutations:

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Chers Messieurs,

De nouveau l’occasion Nous est donnée de dire toute Notre affectueuse sympathie pour votre pays ravagé par la guerre et la haine. De grand coeur Nous le faisons. Vous le savez, par tous les moyens qui sont en Notre pouvoir, Nous ne cessons d’exhorter, de prier, et d’agir, pour que la paix revienne sur votre patrie tant aimée.

Veuillent les responsables entendre Notre voix implorante, et le Seigneur écouter Nos prières insistantes. En son nom, et par votre entremise à tous ceux qui vous sont chers, en particulier les membres de vos familles, Nous vous donnons une large Bénédiction Apostolique.


Chers fils de Saint Vincent de Paul, comme Nous sommes heureux de vous saluer ce matin, avant que vous ne retourniez dans vos trente-huit provinces, à travers le monde, témoigner de votre amour généreux pour le Christ et de votre zèle pour les âmes! C’est pour mieux répondre à votre belle vocation, vous qui êtes la Congrégation de la Mission, que vous vous êtes réunis à Rome, pour étudier, selon le Motu Proprio «Ecclesiae Sanctae», la nécessaire révision de vos règles et constitutions, à la lumière du décret conciliaire Perfectae Caritatis. Vous emportez de cette étude confiante avec vos confrères, Nous en sommes sûr, un sens fraternel renforcé, une âme plus catholique, une ouverture plus large aux problèmes des hommes d’aujourd’hui, et en même temps un attachement renouvelé et plus profond à l’Eglise du Christ, dont Nous sommes, quoique indignement, le Chef visible. Aussi est-ce de grand coeur qu’en son nom Nous vous bénissons, à commencer par votre digne Supérieur général, et que Nous appelons sur votre apostolat l’abondance des divines grâces.


Parmi les groupes internationaux qui participent à cette audience, Nous sommes heureux de saluer les petites soeurs de Jésus, avec leurs familles, leur fondatrice, et leur Prieure générale, Vous venez d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, d’Europe, et d’Orient, et vous allez retourner dans ces pays, toutes imprégnées de l’amour de Jésus et rayonnantes de sa charité. Puisse votre témoignage continuer avec fécondité celui du Père Charles de Foucauld, et faire connaître et aimer Jésus-Christ à travers le’ monde, à tous ceux dont vous partagez la vie, en particulier les plus pauvres, les plus loin de l’Eglise, et à qui elle veut s’adresser en priorité. De tout coeur Nous vous bénissons, en particulier celles qui viennent de faire profession perpétuelle dans cette basilique Saint- Pierre, ainsi que vos familles, qui ont tenu, par leur présence, à s’associer à cette démarche d’amour, à cette consécration de votre vie au Seigneur et à l’Eglise. Oui, que le Seigneur Jésus vous bénisse tous et toutes pour ce don sans retour fait dans la joie.





Catéchèses Paul VI 11968