Catéchèses Paul VI 28771

28 juillet 1971: DIGNITE SACREE DE L’HOMME

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Chers Fils et Filles,



Nous recherchons les valeurs fondamentales du Concile. Par ces valeurs nous entendons les biens relatifs, à l’homme et à sa vie. Mais avant tout priment les biens réels, vrais, transcendants. Pourquoi le Concile s’est attaché à considérer les valeurs plutôt que les vérités à connaître et à croire ? Pour deux raisons : la première est de s’approcher davantage de la mentalité moderne, qui n’agit qu’en fonction de valeurs, c’est-à-dire de pensées à l’intérêt subjectif, intéressant la vie de l’homme comme centre unique dominant l’expérience, l’histoire, le monde. Cette conception fait penser à celle de Ptolémée, qui mettait la terre au centre du monde ; ainsi l’humanisme moderne, sécularisé, se libère de toute référence au Principe et à l’Ultime réalité suprême, qui est Dieu.

La seconde raison, qui a conduit le Concile à l’estimation de valeurs plutôt qu’aux recherches objectives et aux définitions dogmatiques, est son but pastoral, le bien des âmes qui est le plus important.

Quelle est la valeur la plus importante que le Concile a voulu considérer ? L’homme, nous l’avions noté dans le discours de clôture.

Il en résulte non seulement un enseignement doctrinal, affirmé à chaque ligne des documents conciliaires ; mais surtout une éducation morale, un comportement à appliquer dans notre vie, si nous la voulons humaine et chrétienne.


Visions partielles


Après le Concile, notre grand devoir est de reconstruire une vision authentique et chrétienne de l’homme, son être, sa vie, ses droits et ses devoirs, son destin. Pour commencer, nous devons admettre que l’homme, dans la profondeur et la complexité de son être, est un mystère (cf. Gaudium et Spes,
GS 22). Seule la foi nous le révélera. Alors que nous sommes distraits, vaniteux de nos expériences souvent réduites à un contact superficiel avec le monde extérieur, aveuglément assurés du langage scientifique qui nous instruit et nous charme, nous croyons nous connaître parfaitement. Mais le vieil adage « Connais-toi, toi-même » continue à nous tourmenter, si nous voulons donner une réponse satisfaisante au besoin de nous connaître entièrement.

Le plus souvent l’homme est aveugle. Car une erreur fondamentale corrompt l’anthropologie moderne, qui prétend éclairer l’homme et donner de lui une définition complète ; voilà l’erreur : l’homme, comme nous le savons, est un être extrêmement compliqué, et certains croient pouvoir limiter son étude à un seul aspect, en ignorant et même niant tous les autres.

L’homme est corps, et d’aucuns ne verront que sa parenté avec l’animal, la matière et ses lois. L’homme est esprit, et de nombreux savants s’arrêteront à cette noble réalité pour en arriver à un idéalisme unique et idolâtre de la pensée humaine. L’homme est aussi sens et alors on dira que sa vie s’épanouit uniquement dans le domaine des sens. L’homme est un être social, au point que l’on voudra attribuer à une considération sociologique, la clé des solutions aux problèmes de l’existence humaine. Et ainsi de suite.

La conception chrétienne, est-elle aussi unilatérale en s’attachant uniquement aux valeurs religieuses ? Est-ce que le Concile considère uniquement le rapport entre l’homme et Dieu ? Non. Car dans son enseignement, il attribue à toutes les valeurs naturelles, leur propre prix, leur propre rôle.


La dignité de l’homme est en Dieu


A ce point de vue, l’Eglise a été bienveillante et courageuse. Elle a regardé et donc reconnu tous les aspects de l’homme. Elle a aussi assimilé la connaissance de l’homme qu’a le Christ « Lui qui savait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2,25 Lc 6,8 Mt 12,25) ; et elle a donné à la réalité humaine, même profane et terrestre, une estimation exacte (cf. Apostolicam Actuositatem, AA 7 AA 29 Gaudium et Spes, GS 4 Lumen Gentium, LG 31, etc.). Elle a proclamé et défendu tous les droits légitimes de l’homme (cf. Gaudium et Spes, GS 41, etc.).

Mais cette exaltation, le Concile, comme l’Eglise depuis toujours, l’a proclamée en vertu d’un principe suprême et inaliénable, celui du rapport de l’homme avec Dieu.

Rappelons-nous cette très belle maxime de St. Irénée (un des Pères de l’Eglise de la fin du IIe siècle) : « L’homme vivant est la gloire de Dieu » (Adv. Haer. IV, 20, 7 ; PG 7,1037).


« Gloria Dei, vivens homo »


Dieu cherche sa gloire ; son rayonnement dans l’univers, dans la vie de l’homme. Qui nie Dieu, nie la lumière humaine, nie l’homme dans toutes ses prérogatives. L’homme, à la lumière de Dieu, reflète Son oeuvre créatrice et aimante. D’abord, sa dignité. S. Léon le Grand nous le proclame dans une phrase célèbre : « Reconnais, ô chrétien, ta dignité ».

Cette dignité est innée et sacrée, inviolable et transcendante. Les parents, dès la conception de leur enfant, doivent la respecter. Il est horrible de penser qu’ils peuvent être eux-mêmes homicides, lorsqu’ils ne tiennent pas compte d’être entrés dans un système qui les dépasse et les conduit à l’accomplissement héroïque du devoir.

Dignité de l’homme ! Nous ne voulons pas nous étendre sur ce thème, cela nous conduirait à déplorer amèrement les offenses si répandues aujourd’hui à cette dignité ; modes impudiques, spectacles frivoles, immoralité des moeurs, pornographie, anesthésie de la conscience, exploitation de la sensualité, déformation d’une saine éducation sexuelle. Des expériences licencieuses sont admises comme des conquêtes libératrices. Mais de quoi ? Libération de la conscience du bien et du mal, du respect dû à la personne humaine, de l’estime des valeurs les plus précieuses qui conservent l’équilibre entre l’esprit et la chair, pudeur, innocence, domination de soi, choix généreux et conscient de la vérité de l’amour.

Dignité de l’homme ! Nous ne l’aurons jamais assez appréciée sous un double aspect : le premier, positif, qui nous révèle dans le visage humain « l’image et la ressemblance de Dieu » (cf. Gn 1,26) ; le second, négatif, où la petitesse, la faiblesse, la dégradation de l’homme nous laissent voir, divin et souffrant, notre Frère Jésus (cf. Mt 25,37-40).


Une exigence incoercible de dignité


D’où l’humanisme chrétien. Le Concile en parle longuement. Citons-en une phrase, comme conclusion : « Aujourd’hui grandit la conscience de l’éminente dignité de la personne humaine, supérieure à toutes choses, et dont les fruits et les devoirs sont universels et inviolables... Quant au ferment évangélique, c’est lui qui a suscité et suscite dans le coeur humain une exigence incoercible de dignité » (Gaudium et Spes, GS 26).

Pensons-y, si nous voulons donner au Concile une vraie continuation dans notre vie. Avec notre Bénédiction Apostolique.





4 août 1971: L’AMOUR DE L’EGLISE, EXIGENCE DU RENOUVEAU

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Chers Fils et Filles,



L’idée du renouveau est sûrement l’une des plus importantes parmi celles que nous cherchons à détailler et à approfondir dans la doctrine du Concile. Nous devrions relire la Bulle Pontificale par laquelle notre prédécesseur Jean XXIII intima officiellement le Concile (25 déc. 1961 ; AAS 1962, p. 5 ss.) et nous devrions réécouter son discours d’ouverture (11 oct. 1962 ; AAS 1962, p. 786 ss.) pour sentir cet espoir qui, par sa voix, a rempli l’Eglise comme une parole prophétique. Pour les profanes ce fut presque un poème de Virgile : « Magnus ab integro saeculorum nascitur ordo » (Ecl 4, 4) ; mais pour les chrétiens elle prit une résonance biblique : « Voici que je fais quelque chose de nouveau, déjà il germe » (
Is 43,19). Ce renouveau paraissait la promesse fondamentale du Concile, un réveil spirituel, « l’aggiornamento », l’oecuménisme tant désiré, le renouveau du christianisme selon les exigences de notre temps, la réforme de la vie et des lois de l’Eglise.


Le renouveau est une invitation du Christ


Ce sens du renouveau doit rester, et il doit même agir en nous. Il doit être considéré comme une invitation qui nous vient du Christ, seul chef suprême et invisible de l’Eglise qu’il rajeunira, pour lui donner cette certitude de survie après les siècles destructeurs et dramatiques de l’existence humaine. Pour réveiller en l’Eglise cette conscience de forces encore cachées, pour lui donner le courage de se montrer capable de suivre l’Evangile et la Croix, pour l’animer dans sa mission de salut de l’humanité. Cette dernière s’exalte dans ses conquêtes temporelles et est accablée, non seulement par le vide profond de ses doutes inexplicables, mais aussi par des misères sociales passées ou présentes.

Ce sens de renouveau doit finalement réconforter l’Eglise dans son défi impitoyable pour affirmer la foi. Une foi théologique, parfaite, apparemment anachronique et incompréhensible, mais rayonnante de vérité, s’exprimant dans un langage toujours nouveau, dans le monde sécularisé, immense et tourbillonnant, de notre temps. Et avec la foi, un message d’espérance pour aujourd’hui et pour toujours. Avec cette espérance propre à l’Eglise, le don gratuit de son amour, confirmé par son humilité et par son oeuvre. Vision de nouveauté, de jeunesse, de courage, de joie et de paix, voilà ce que propose le Concile à l’Eglise.


Deux attitudes


Examinons deux réactions devant le renouveau conciliaire. D’abord la méfiance, comme s’il s’agissait d’un enthousiasme éphémère, presque dangereux et contraire au devoir de l’Eglise, qui doit garder jalousement les trésors de la révélation et de la tradition, et qui doit instruire les fidèles, conformément à ses croyances, à la stabilité de ses lois, au témoignage de sa perfection. Pour les hommes attachés davantage aux coutumes qu’à la nouveauté, le Concile a laissé une impression de malaise. Cette réaction a été d’autant plus inquiète et maladive que certains milieux ecclésiastiques, favorables aux nouveautés, à l’Eglise postconciliaire, manifestaient une attitude précipitée et radicale. L’attitude d’un renouveau approprié, selon le « Bon esprit » promis par le Père céleste « à qui l’en prie » (cf. Lc 11,11) est la nôtre, et sûrement la vôtre. C’est la bonne attitude.

Nous pourrions donner des preuves convaincantes des dispositions prises par le siège apostolique durant toute cette période, par exemple le grand renouveau de la réforme liturgique, les nouvelles structures dans l’Eglise, le Synode des évêques, les conférences épiscopales ; la révision des règles des congrégations religieuses ; la promotion du laïcat catholique, aux niveaux local et international. Nous avons confiance de pouvoir organiser davantage l’activité du Corps mystique si le renouveau procède avec ordre et dans le « sens de l’Eglise » qui est requis.


Dangers de la recherche de nouveauté


Nous devons faire attention à des dangers produits par là recherche du renouveau et qui pourraient amener à des résultats opposés. Nous parlons à ceux qui aiment l’Eglise. Nous nous limiterons à quelques simples observations qui portent à réfléchir. Renouveler l’Eglise ne peut pas signifier trahir les normes de la foi ; celle-ci ne s’invente pas, elle ne se manipule pas; on la reçoit, on la garde, on la vit. Sinon on offense l’idée de l’Eglise, une, communautaire et hiérarchique, telle que l’a voulue le Seigneur et l’a développée la tradition apostolique (même si l’on reconnaît les droits particuliers de la personne de l’Eglise locale, de la collégialité, etc.) « Je suis la vraie vigne, vous êtes les sarments » (Jn 15,1 Jn 15,6) ; n’oublions jamais cette étonnante image de l’Evangile ; même lorsque la vigne doit être taillée, il faut enlever les sarments stériles afin que les autres soient plus féconds. On ne peut justifier l’attrait de la nouveauté pour la nouveauté, surtout en cédant à la tentation caractéristique de notre époque ; abolir tout respect pour la tradition, l’histoire, l’expérience qui nous ont donné l’Evangile et rendu l’Eglise présente.

Certains voudraient oublier leur patrimoine religieux, partir de zéro pour bâtir à leur façon une impossible Eglise nouvelle et arbitraire. La passion oecuménique, ne nous enseigne-t-elle rien ?


Le charisme de la charité


A leur façon ? Quand on examine ces tentatives de fondation d’une Eglise nouvelle, d’une chapelle à soi, refusant celle qui existe, on s’aperçoit que ces essais ne sont ni nouveaux ni libérateurs.

Ce sont des concessions à la mentalité profane du temps, à laquelle on voudrait assimiler l’Eglise, avec l’intention, peut-être bonne, de l’intégrer dans la vie moderne ; on supprime ainsi son originalité divine et humaine. On lui attribue, avec ironie, des caractéristiques d’un autre âge : « Constantinienne », néohellénique, féodale...

On a beaucoup parlé du renouveau des « structures », en rêvant d’une constitution nouvelle de l’Eglise, en dévaluant les Conciles précédents ; on retombe alors, sans y faire attention, dans un nouveau juridisme. On voudrait donner une fonction autonome à l’affirmation charismatique du peuple de Dieu, en oubliant son rôle au service de la communauté ecclésiale (cf. 1Co 12-14) dont la structure ministérielle ne peut être « désintégrée « que tout se passe décemment et dans l’ordre » (1Co 14,40).

Frères et fils très chers, nous désirons donner à l’Eglise postconciliaire un visage nouveau et nous travaillons dans ce but, surtout grâce au renouveau intérieur (Ep 4,23) dont nous vous avons déjà parlé. L’effort à faire pour tous c’est d’aimer l’Eglise et de rechercher pour nous avec humilité et ferveur le charisme supérieur, celui de la charité (cf. 1Co 12,13).

Avec notre Bénédiction Apostolique.





11 août 1971: CORESPONSABILITE DU LAÏCAT DANS LA MISSION DE L’EGLISE : PAS DE CHRETIEN PASSIF

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Chers Fils et Filles,



Le laïcat : voilà encore un mot qui nous vient du Concile, révélateur des structures de l’Eglise. Une définition qui nous concerne tous, un programme faisant partie de la mission apostolique de l’Eglise même. On en a tellement parlé ces dernières années, même avant Vatican II, qu’il nous semble superflu de le choisir comme sujet d’un nouveau discours. Il n’est pas inutile cependant d’y consacrer un instant de réflexion dans la mesure où il nous intéresse, et d’essayer de tirer des enseignements caractéristiques du Concile, des principes d’action. Le terme « laïc » n’est pas nouveau dans notre vocabulaire, on l’a étudié et on s’en est servi avant le Concile. Par exemple, en 1946, notre prédécesseur Pie XII, s’exprimait ainsi : « Eux, surtout eux (les laïcs) doivent être conscients, non seulement d’appartenir à l’Eglise, mais d’être l’Eglise, c’est-à-dire la communauté des fidèles sur terre, guidée par un chef commun, le Pape et les évêques en communion avec lui. Ils forment l’Eglise » (AAS 1946, p. 149 ; Y. congar, Jalons pour une théologie du laïcat, Unam Sanctam, Paris 1953). Cependant ce mot offre une caractéristique, car Vatican II a longuement traité cette question et souvent. Il suffit de nous rappeler que la Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen Gentium, réserve aux laïcs tout le chapitre IV et qu’un Décret spécial a été réservé à l’apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem. Si on ne réserve pas une place spéciale au laïcat, on ne peut avoir une idée appropriée, même sommaire de la doctrine du Concile.


Attention aux faux sens


Mais attention aux divers sens du mot « laïc » ; étymologiquement il faut le comparer à « populaire » ; « laos » en grec, veut dire peuple. Pour nous est laïc celui qui appartient au peuple de Dieu. Le Concile a exalté cette expression au point d’en faire la définition historique, sociale, et spirituelle de l’Eglise à intégrer avec d’autres et tout spécialement avec corps mystique du Christ. Pour l’Eglise, un laïc c’est celui qui s’insère en elle activement par les sacrements de l’initiation chrétienne, le baptême en premier lieu. Un aspect négatif limite le laïc, il n’est pas marqué par l’ordination sacramentelle qui fait du chrétien un ministre doté d’un pouvoir particulier, diaconal ou sacerdotal, ou une appartenance officielle à l’état religieux : le laïc n’est ni prêtre, ni religieux. Et cela suffit pour que le terme laïc prît dans le langage commun, le sens profane (rappelons ce vers d’Horace : Odi profanum vulgus et arceo), de séculier, et puis de a-religieux, pire encore de laïciste, souvent anti-religieux ou anti-clérical.

Mais arrêtons-nous sur la définition chrétienne, pour rappeler que être « laïc » veut dire que chacun de nous est un citoyen du peuple de Dieu, membre de l’Eglise, fidèle et chrétien.

Prenons à coeur ce que dit le Concile sur la dignité du laïc et ses droits, la dignité de sa mission, ses devoirs.


La dignité du laïcat


Nous pouvons trouver la Charte des droits du laïc catholique dans Lumen Gentium et illustrer ses devoirs par le Décret sur l’activité des laïcs, activité bien noble : elle est apostolat. Ces pages très belles nous enseignent tant de choses à dire, à étudier, à faire.

Nous vous invitons tous à mieux les connaître. La structure du laïcat s’enracine dans la structure sacramentelle de l’Eglise. Le laïcat, dérivé du baptême, fortifié par la confirmation, alimenté par l’Eucharistie, forme les bases d’égalité entre tous ceux qui ont la chance d’être les membres de l’Eglise.

Vous êtes tous des frères (
Mt 23,8). Nous sommes tous animés par le même esprit vivifiant et sanctifiant (1Co 12,4) et l’unité est le principe et le but de la vie de l’Eglise, son exigence vitale qui engendre et justifie même là pluralité des fonctions hiérarchiques afin que l’Eglise soit un peuple de prêtres (cf. Ap 1,6 1P 2,4-10), se dévouant au culte divin, à sa propre sanctification et à celle du monde, formée et gouvernée par un sacerdoce qui participe pleinement à celui du Christ et doté de facultés surhumaines bien définies pour le ministère des frères (Lumen gentium, LG 10 LG 34). La structure mystique et visible de l’Eglise apparaîtra plus évidente dans ses aspects unitaire et communautaire, organique et hiérarchique, charismatique et institutionnel.


La mission des laïcs


Voilà un point qui, aujourd’hui, doit retenir toute notre attention. Que dirons-nous de l’apostolat des laïcs ? C’est une vocation, mais aussi un devoir moral. Une des vérités affirmées avec le plus d’énergie par le Concile est la suivante : la participation à la mission de l’Eglise est demandée à tous les chrétiens ; ouverture mais aussi obligation. C’est pour cela qu’il ne doit pas exister de chrétien passif dans le corps mystique du Christ. Tous et chacun doivent collaborer sous différentes formes, mais avec une coresponsabilité commune, à l’oeuvre apostolique de l’Eglise.

On en a tant parlé, mais devant l’indifférence de beaucoup de catholiques, la défiance même que trop d’entre eux montrent envers les associations, le prosélytisme, l’anxiété devant la communication aux autres de la foi et de la charité de l’Eglise, on pourrait se demander si l’apostolat actif et organisé est en train de progresser, de stagner, ou bien de s’effriter.

Heureusement cette vitalité et cette charité que nous appelons l’apostolat se manifeste de différentes façons. Ceci nous aide à espérer, mérite toute notre compréhension et tout notre soutien.

Une formule qui reste classique est celle qui établit des rapports étroits et organiques entre l’activité apostolique des laïcs et la hiérarchie ecclésiastique ; on l’appelle l’Action Catholique.

Nous ne cessons de la recommander au clergé, pour qu’il la favorise, aux laïcs plus courageux, pour qu’ils y infusent leur connaissance des besoins du temps, leur richesse d’énergie, leur communion à l’Eglise (cf. Lumen Gentium, LG 10 LG 34). Notre Bénédiction Apostolique s’adresse à tous les laïcs pour que notre parole ne soit pas vaine, à vous tous aussi, qui nous écoutez.



* * *

Parmi tant de pèlerins qui se pressent à tette audience de Castelgandolfo, Nous sommes heureux de saluer tout particulièrement les étudiants universitaires africains guidés par le Père Georges- Xavier Everard de Harzir, directeur du Centre d’assistance culturelle aux étudiants africains. Vous savez que demain s’ouvre à Accra un Symposium sur l’apostolat des laïcs, avec une importante participation d’Africains venus de tout le continent. C’est vraiment un avenir plein de promesses qui s’ouvre pour la foi en tette terre fécondée par l’apostolat des missionnaires et le sang des martyrs. De tette foi, vous êtes venus à Rome chercher l’enracinement historique, auprès du tombeau des saints apôtres Pierre et Paul. Que ces géants de la foi soient vos modèles et vos inspirateurs: en le leur demandant dans la prière, de grand coeur Nous vous donnons Notre paternelle Bénédiction Apostolique.



18 août 1971: LA LIBERTE RELIGIEUSE : MAÎTRISE DE SOI POUVOIR D’OPTION, AUTONOMIE

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Chers Fils et Filles,



Nous avons déjà réfléchi ensemble sur les multiples enseignements du Concile; rappelons, aujourd’hui, à votre attention les documents de Vatican II consacrés à la liberté religieuse (Dignitatis Humanae), ce don naturel qui rend l’homme maître et responsable de ses propres actions.

Que de choses ont été dites et écrites à propos de la liberté ! Elle a été tantôt exaltée, revendiquée, tantôt niée, ramenée même à une illusion psychologique, victime d’un déterminisme implacable.

Dans tous les domaines de l’activité humaine, et surtout dans les milieux politiques, elle est une valeur inestimable que l’on veut sauvegarder à tout prix, mais que l’on n’hésite pas à réfuter par des systèmes de répression les plus variés. La liberté représente l’un des thèmes les plus prenants de la culture moderne, domaine où les hommes sont censés prendre position, mais où, hélas, ils finissent par se séparer plutôt que de s’unir dans cette marche vers le progrès historique et spirituel de la civilisation.

Quel est en réalité le véritable sens du mot « liberté » ? Il indique : maîtrise de soi, pouvoir d’option, autonomie (Liberum est quod causa sui est. st. thomas,
I 83,1 ; cf. Si 15,14), et en appelle à la volonté. Tandis que l’intelligence est liée à la connaissance, la volonté l’est à l’action ; mais, si elle veut être humaine et non pas esclave des instincts, c’est dans la raison qu’elle doit motiver son choix et ce dernier sera alors orienté vers le bien (cf. Jn 8,32 st. thomas, I-II 17,1 ad 2). La liberté ne constitue pas une fin en soi ; elle nous guide dans la recherche des valeurs essentielles du Bien absolu et de notre bien.

Cette analyse psychologique du rapport raison-volonté revêt une extrême importance et mérite d’être approfondie afin que l’on puisse découvrir l’une des tares dont nous a marqués le péché originel. Le lien étroit entre raison et volonté n’est pas des plus parfaits, notre pensée et notre action ne sont pas toujours cohérentes (cf. Rm 7,15).

Nous voudrions, ici, analyser le processus par lequel la grâce pénètre mystérieusement dans notre âme, afin d’éveiller notre esprit, nos connaissances, d’orienter et d’affermir notre volonté, tout en gardant le profond respect de la liberté humaine : c’est là l’un des problèmes les plus complexes de la théologie ; St. Augustin lui a consacré des pages admirables.


L’usage extérieur de la liberté


Mais ce qui retient, aujourd’hui, notre attention, ce n’est pas cette délicate introspection de la liberté ; c’est plutôt l’usage extérieur, social et politique que l’on en fait. La liberté est pour certains un dogme, pour d’autres un danger. La marche vers l’épanouissement de cette liberté est parsemée d’obstacles. Un idéalisme noble et courageux — qui est d’ailleurs proche de notre pensée — pousse l’homme à la destruction de tout ce qui est susceptible d’arrêter le développement de sa personnalité et de son activité : esclavage, absence de droits civils, misère, ignorance. Bien des hommes, au courage lucide, luttent de nos jours pour cette cause. Mais il nous est tout aussi facile de constater que, parfois, l’usage de la liberté engendre le désordre : répression, désintégration de la communauté, etc. Si, sous prétexte de liberté, nous agissons à notre guise, nous verrons alors la décadence de la société et l’ordre moral laisser la place à la violence des instincts et des passions. C’est là que surgit, la contestation par l’Eglise des principes du libéralisme, dont elle reconnaît certains aspects positifs. Elle le condamne pour son agnosticisme à l’égard du transcendant ; pour son optimisme quant à la valeur d’une lutte inévitable, où triomphe trop souvent la violence des forts surtout dans les domaines économiques et sociaux, pour son naturalisme qui, aux dépens de la morale, favorise l’indifférence théorique à l’égard des souffrances du prochain. Le Magistère condamne enfin le libéralisme pour son refus instinctif des lois, cause d’agitation sociale et source de révolution et de totalitarisme.


Les enseignements du Concile


Malgré cela, l’Eglise « a choisi la liberté ». Le Concile a voulu reconnaître à l’homme cette prérogative essentielle qu’est la liberté. La raison profonde de la liberté de l’homme réside encore dans sa dignité : La vraie liberté est en l’homme un signe privilégié de l’image divine. Car Dieu a voulu le « laisser à son propre conseil (Si 15,14) pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, s’achever ainsi dans une bienheureuse plénitude » (Gaudium et Spes, GS 17). Privons l’homme de sa libre adhésion à Dieu et nous ôtons tout sens à sa liberté. De plus, les hommes ne doivent subir aucune contrainte de la part de l’Etat dans leur rapport avec Dieu, le domaine religieux ne relevant pas de la compétence des autorités civiles. C’est, là, le principe fondamental du Décret Conciliaire sur la liberté religieuse. Nous vous exhortons à faire bon usage de cette liberté : depuis toujours et aujourd’hui plus clairement encore, l’Eglise Catholique ne cesse de la prêcher et invite ardemment les chrétiens à accorder à la foi la place primordiale qui lui revient, en allant, s’il le faut, jusqu’au sacrifice de leur propre vie. Certes, nous savons bien qu’en ce qui concerne cette conception de la liberté, nombre de pages de l’histoire de l’Eglise méritent réserves et explications. Elles relèvent d’un contexte historique plus attentif à la mentalité de l’époque qu’aux valeurs de l’Evangile.


Conscience et responsabilité


Réjouissons-nous d’un nouvel enseignement, plus conforme à l’esprit du Christ. Veillons à ce que la liberté, ce bien si précieux, demeure toujours le reflet de Dieu en nous ; la conscience doit être son guide, il est vrai, mais que cette conscience soit éclairée par les véritables valeurs divines et humaines. La vérité nous rend libres. La liberté elle, doit pouvoir s’exercer sans entraves, mais le bien doit être son but; c’est ce que nous appelons sens de responsabilité et du devoir. La liberté est un privilège personnel mais elle n’en doit pas moins respecter les droits d’autrui. Elle ne peut se séparer de la charité qui, non seulement nous soumet aux pouvoirs civils (cf. Rm 1,7) mais nous interdit même ce qui est licite, dans la mesure ou il peut porter atteinte à notre prochain. La charité nous dépouille de tout égoïsme et transforme notre liberté personnelle en offrande à Dieu et en amour d’autrui. Avec notre Bénédiction Apostolique.


***


Parmi les nombreux groupes de langue française qui se pressent à cette rencontre familière de Castelgandolfo, nous sommes tout particulièrement heureux de saluer les religieuses venues participer à une rencontre interconfessionnelle chez les religieuses franciscaines missionnaires de Marie, à Grottaferrata, sur le thème: «la vie consacrée comme service». Comment ne Nous réjouirions- Nous pas de votre désir d’approfondir ensemble la beauté et la grandeur de votre vie consacrée à Dieu et aux hommes, comme un service? Nous rappelions Nous-même, le 29 juin dernier, les «tâches au service des hommes: vie pastorale, mission, enseignement, oeuvres de charité, etc.» dans l’Exhortation apostolique que Nous avons adressée sur le renouveau de la vie religieuse selon l’enseignement du Concile (Cfr. Evangelica testificatio, 9-10). Vatican II a en effet longuement et à bon droit insisté sur ce service du peuple de Dieu au milieu du monde (Cfr. Gaudium et Spes GS 11 et GS 89) et sur le service singulier et particulièrement fécond de ceux et de celles qui ont voulu consacrer leur vie à Dieu par la profession de conseils évangéliques dans l’Eglise (Cfr. Lumen gentium LG 44 LG 46). De nouveau Nous livrons à votre méditation son enseignement: «Il ne faut pas penser que les religieux, du fait de leur consécration, deviennent étrangers aux hommes et inutiles dans la cité terrestre. Même si parfois ils n’apportent pas une aide directe à leurs contemporains, ils leur sont cependant présents d’une manière plus profonde dans la tendresse du Christ, et ils coopèrent spirituellement avec eux pour que l’édification de la cité terrestre ait toujours son fondement dans le Seigneur et soit orientée vers lui, de manière que ceux qui l’édifient ne travaillent pas en vain» (Lumen gentium LG 46, cité par Evangelica testificatio, 49).

Que ces pensées vous guident toutes, les unes et les autres, dans votre service du Christ, votre service de l’Eglise, votre service des hommes. Dieu, Nous en sommes sûr, fera porter à vos vies consacrées ses fruits de grâce, pour vous-mêmes, l’Eglise et le monde. Nous le lui demandons en vous donnant de tout coeur une particulière Bénédiction Apostolique.

Nous bénissons aussi avec joie les groupes de jeunes venus du Liban qui participent à cette audience. Chers fils et chères filles, Nous sommes heureux de cette rencontre. A travers vous, Nous saluons tous ceux que vous aimez, et votre noble pays, et Nous appelons sur vous l’abondance des divines grâces.



25 août 1971: DANS L’ESPRIT CONCILIAIRE, AUTORITE EGALE SERVICE

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Chers Fils et Filles,



Après notre étude sur la liberté, nous voulons vous inviter à réfléchir aujourd’hui, sur un autre terme auquel le Concile a accordé une large place : « Servir ».

« Liberté » et « Service » semblent s’opposer l’un à l’autre ; mais le Concile affirme que tous deux sont liés, et, souvent, dans un même contexte, l’un est le complément de l’autre : Nous devons servir librement Dieu, le Christ, l’Eglise, le prochain. Ici, par exemple, « Liberté » et « Service » définissent une même attitude religieuse et morale.

Quel sens le Concile donne-t-il au mot « Service », à ce concept préféré de sa doctrine ? Pour l’expliquer, Vatican II en appelle à l’oeuvre de Salut que le Christ a réalisée dans le monde, obéissant à la volonté du Père. Cette dépendance de Dieu exprime l’idée de service et reflète l’image du Christ, préfigurée dans la célèbre prophétie du serviteur de Yahvé, personnification du Messie Rédempteur (cf.
Is 49 s., Is 53), Fils de Dieu et Fils de l’homme, venu dans le monde, ainsi qu’il l’a annoncé, « pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10,45).


Le Christ serviteur


C’est, là, l’idée fondamentale du plan de salut qui révèle deux intentions relatives au service du Christ : l’insertion de la volonté du Christ dans la volonté mystérieuse et miséricordieuse du Père. Jésus est obéissant «jusqu’à la mort » (Ph 2,8), soumis à la volonté suprême du Père ; Lui, de condition divine (« in forma Dei esset ») a voulu s’anéantir, en prenant la condition d’esclave et en devenant semblable aux hommes (ibid. Ph 2,7). Nous pourrions multiplier les témoignages que Jésus a lui-même fournis sur sa dépendance absolue à la volonté du Père : « Je fais toujours ce qui Lui plaît » (Jn 8,29 Jn 14,31 etc.). Rappelons les paroles sublimes et tragiques que Jésus a prononcées à Gethsémani : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux » (Mt 26,39). Il est impossible de reconstruire l’image du Christ sans se rendre compte de l’importance que revêt pour Lui l’accomplissement de la volonté du Père, c’est-à-dire cette obéissance qui l’abaisse au rang de serviteur et qui l’élève à la gloire de son Père (Ph 2,9-11). Telle est la condition établie par Dieu et choisie par le Christ ! A ce propos, il faudrait lire et méditer le passage de la lettre aux Hébreux (Jn 5-10) ; il nous rappelle l’intention qui guide cette humilité, ce sacrifice ; c’est l’intention de l’oeuvre de Rédemption. Pourquoi Jésus est-il allé jusqu’à dire de lui-même : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir » ? (Mt 20,28 Rm 5,6 Rm 8,34 1Tm 2,6). Pourquoi ? Le « Credo » nous en donne la réponse : « A cause de nous et pour notre salut » ! C’est l’amour qui a conduit le Christ à se faire, serviteur et à s’immoler pour nous (cf. Lumen Gentium, LG 5). « Servir » ne veut plus dire faire outrage à la dignité et à la liberté de l’homme, car si nous songeons dans quel but le Christ a fait sien ce verbe, ce dernier acquiert la plus haute valeur morale : don de soi, héroïsme, sacrifice, amour infini.



Autorité, service, ministère


Mais dans les textes conciliaires, le terme « service » se réfère spécialement à tous ceux qui, au sein de l’Eglise, sont revêtus d’une certaine autorité, c’est-à-dire à tous ceux qui, pour les autres et sur les autres exercent une fonction doctrinale, sanctificatrice. Pour Jésus, pour le Concile, pour l’Eglise, « autorité » égale « service ». Il s’agit, sans nul doute, d’une affirmation sévère et péremptoire, mais vraie (cf. Lc 22,25 Mc 10,42-45 cf. manzoni, « la supériorité de l’homme sur les hommes n’est justifiée que dans la mesure où ils se rendent service les uns les autres », Ch. XII).

C’est une constitution que le Concile a établie et c’est bien en raison de cela que l’exercice de l’autorité dans l’Eglise s’appelle ministère, que l’autorité de l’Eglise a un caractère pastoral : « Cette charge confiée par le Seigneur aux Pasteurs de son peuple, est un véritable service : dans la Sainte Ecriture, il est appelé expressément « diakonia » ou « ministère » (Lumen Gentium, LG 24).

Dans l’Eglise comme dans la vie civile, l’autorité doit recouvrer son sens réel et perdre celui que l’expérience passée (union du pouvoir temporel au pouvoir spirituel) et cette tendance instinctive de l’homme à faire du pouvoir un instrument de domination personnelle et une source de mauvais gains, lui ont attribué: non au despotisme, à l’orgueil, à l’égoïsme, au triomphalisme ! Recherchons le bien commun et mettons-nous au service des nécessiteux, selon l’enseignement de l’Evangile; faisons de cette autorité une pastorale ; qu’elle soit la manifestation des vertus dont le Christ a rayonné, Lui, « Seigneur et Maître » (Jn 13,13) humilité et amour. Il est venu parmi nous pour nous instruire, nous sanctifier, nous guider et former une société, l’Eglise, une dans la foi et la charité.


La source de l’autorité


Cette révision de l’autorité de l’Eglise et dans l’Eglise, vue à travers le verbe « servir », peut, surtout aujourd’hui, favoriser d’autres déviations. Certains voudraient que l’autorité ecclésiastique, comme il advient dans de nombreuses sociétés civiles, trouve son origine et qu’ainsi la hiérarchie ne tire pas sa raison d’être et son pouvoir de l’ordre établi par le Christ, mais du mandat de la communauté. Puisque la hiérarchie a pour but le service du peuple chrétien, qu’elle soit, par essence, à son service et qu’elle tire son autorité du peuple lui-même, comme il en est dans les démocraties modernes. D’aucuns voudraient même contester la nécessité et la légitimité d’une hiérarchie, d’un ministère investi de pouvoirs divins, comme si le rapport avec le Christ n’avait pas besoin d’une médiation pastorale canonique (cf. 1Co 4,1 Ep 3,7).


Collaborer avec amour


L’autorité est devenue aujourd’hui une « cible de contradiction » (Lc 2,34). Nous ne voulons pas faire son apologie ni celle de la hiérarchie et de la structure de l’organisation communautaire ; vous en connaissez certainement l’origine divine et le développement traditionnel. A ceux qui veulent enrichir leurs connaissances historiques, nous proposons la lecture de l’ouvrage de Pierre Batifoll : « L’Eglise naissante et le Catholicisme » (Vallecchi, Florence 1971). Ce volume existe aussi en italien et le Gard. Daniélou en a écrit la préface. Vous-mêmes savez que l’activité post-conciliaire tend à s’adapter aux temps nouveaux, tout en respectant les fondements constitutifs de l’Eglise (Conférences Episcopales, Synodes, Conseils presbytéraux et pastoraux), de sorte que le rapport service-autorité soit animé par un seul principe : la Charité (cf. journet, L’Eglise.1, 27).

Nous vous invitons à collaborer avec amour (He 13,17) afin que celui qui est chargé de guider l’Eglise « le fasse avec joie et non en gémissant ».

Avec notre Bénédiction Apostolique.


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Chers pèlerins de Strasbourg, guidés par l’abbé Alphonse Ramp, une fois de plus Nous sommes heureux de vous accueillir. Strasbourg, c’est d’abord pour Nous votre admirable cathédrale et votre évêque si zélé, le cher Monseigneur Arthur Elchinger; Strasbourg, c’est aussi votre prestigieuse Université au confluent de deux cultures; Strasbourg, carrefour des peuples, c’est encore, tournée vers l’avenir, une vocation européenne qui s’affirme avec ténacité. Chers pèlerins de Strasbourg, qui évoquez pour Nous tous les prêtres et les fidèles de l’Alsace chrétienne, vous avez voulu mettre votre pèlerinage sous l’égide du mouvement Pax Christi. C’est dire que vous voulez oeuvrer pour la paix. Vous le savez, la paix s’enracine dans les coeurs: c’est là qu’il faut vaincre les égoïsmes, surmonter les divisions, bannir les haines fratricides. Aussi votre démarche est-elle tout naturellement spirituelle, ressourcée dans la prière, animée par l’amour du Christ pour tous les hommes. Chers fils de Strasbourg, de grand coeur Nous vous encourageons à devenir des militants de la paix du Christ. Que le Seigneur féconde de ses grâces vos généreux efforts. Nous le lui demandons en vous donnant Notre paternelle Bénédiction Apostolique.

Groupés autour de l’abbé Henri Fallot, votre si dévoué aumônier de Garches, chers jeunes de l’hôpital Poincaré, Nous vous souhaitons de tout coeur la bienvenue, à vous comme aux médecins, aux infirmières, aux agents des services hospitaliers qui vous accompagnent, avec des amis fidèles. Que cette étape de Rome soit une halte bienfaisante dans votre épreuve de santé. Qu’au milieu de tous les frères qui vous entourent, dans la maison du Père Commun de tous les fidèles, vous vous découvriez davantage catholiques, participant de toute votre âme, unis au Christ Rédempteur, au salut du Monde. Nous le lui demandons en implorant, pour vous comme pour tous ceux qui vous sont chers, l’abondance de ses divines grâces, avec Notre affectueuse Bénédiction Apostolique.





Catéchèses Paul VI 28771