Catéchèses Paul VI 13972

13 septembre 1972: REAFFIRMER LES VALEURS DE LA MORALE CHRETIENNE EN UNE PERIODE DE GRANDE DECADENCE DES MOEURS

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Chers Fils et Filles,



Dans ces entretiens hebdomadaires nous avons, depuis quelque temps, attiré l’attention de nos visiteurs sur l’aspect moral de la vie qui, comme tant d’autres choses, subit des changements et des altérations qui ne peuvent laisser indifférents ceux qui, comme nous chrétiens, désirent imprimer à leur propre conduite une ligne conforme à certains principes naturels et religieux. Nous voulons, nous devons suivre le Maître, le Seigneur Jésus ; nous désirons ouvrir son Evangile sans nous sentir condamnés par ce code de vérité et de vie, mais plutôt instruits et élevés à la forme idéale de conduite appropriée à notre vocation chrétienne.

Or ce serait un sujet à traiter que celui de la chasteté sur lequel il y aurait tant à dire à cause de son importance dans le développement moral de notre vie, au point de confisquer pour lui, comme par antonomase, dans le discours ordinaire le titre de “ moralité ” ; et pour la gravité et la quantité des problèmes anciens et nouveaux qui s’accumulent sur ce sujet si délicat. Mais évidemment, le lieu pour le traiter n’est pas celui-ci ; qu’il suffise de l’énoncer pour que chacun y porte attention et vigilance. Et voici quelques paragraphes qui s’y rapportent.

1. Le sujet devient envahissant et obsédant. On ne peut pas omettre l’importance, qu’ont les fonctions pédagogiques sur la jeunesse, sur la formation des âmes, sur la pureté des moeurs, sur la moralité publique. D’un sujet délicat parce que de nature impressionnante et par conséquent traité traditionnellement avec beaucoup trop de précaution, parfois jusqu’à être excessive parce que couverte de réticence, il est présenté aujourd’hui avec une ostentation étudiée et, souvent provocante.

Au point de vue scientifique, la psychanalyse ; au point de vue pédagogique, l’éducation sexuelle ; au point de vue littéraire, l’érotisme de rigueur ; au point de vue de la publicité, la bassesse séductrice ; au point de vue des spectacles, l’exhibition indécente, tendue vers l’obscène ; au point de vue des publications, les revues pornographiques perfidement répandues ; au point de vue des divertissements, la recherche des plus ignobles et des plus séduisants ; au point de vue de l’amour qui est le plus haut, c’est la confusion entre l’égoïsme sexuel et passionnel, et le rêve lyrique et généreux du don de soi.

Nous devons faire attention que nous vivons en un temps où l’animalité humaine dégénère en une corruption effrénée : on marche dans la boue. Si nous avons le sens de la dignité personnelle et du respect envers les autres, envers la société, et surtout le sens de notre élévation au niveau chrétien de fils de Dieu, de baptisés et de sanctifiés par la grâce (qui est la flamme du Saint-Esprit dans nos personnes) nous devons nous mettre dans un état de défense, de rejet, de renoncement à tant d’exhibitions et de manifestations des mauvaises moeurs modernes ; et ne pas céder par acquiescement ou par respect humain à la souillure de l’immoralité ambiante.

Et nous devons nous rendre compte que l’impureté à laquelle nous faisons allusion n’est pas un droit du jeune en marche vers la vie, de l’homme moderne qui doit se libérer des traditions d’autrefois, de l’homme mûr, comme s’il était immunisé contre les désordres découlant de la contagion avec l’impureté provocante.

Pourquoi ? Qu’est-ce que nous entendons par impureté ? Nous entendons le fait que prévalent les instincts et les passions de l’homme animal sur l’homme raisonnable et moral. Une prévalence qui stimule, fascine, exalte le premier, dégrade et humilie le second ; rend le premier vulgaire, vicieux et triste, et le second myope, insensible et sceptique envers les choses de l’esprit (cf.
1Co 2,14) ; c’est un désordre grave dans notre être humain qui est complexe et composite, désordre qui facilement descend plus bas.

4. On ne peut taire les degrés inférieurs vers lesquels .s’achemine notre société, glissant sur la soi-disant liberté des sens et des moeurs. Telles sont les grandes questions oui ne la font ni forte ni glorieuse : l’anticonception, l’avortement, l’infidélité de l’amour conjugal, le divorce... Puis, par dessus l’initiation au plaisir sensuel paraît la drogue... C’est la vie de l’homme qui est en jeu ; c’est l’amour vrai qui déchoit. Problèmes graves et présents dont on parle tant, et plus qu’il ne faudrait.

5. Concluons par un paragraphe positif, exactement celui de la formation chrétienne. Cela se résume dans une des béatitudes de l’Evangile : “ Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu ” (Mt 5,8). En celle-ci on peut découvrir plusieurs choses : le rapport entre la vie religieuse et la discipline des moeurs; le lieu primaire de la pureté, qui est le coeur, c’est-à-dire notre vie intérieure, nos pensées, nos affections, nos imaginations, notre conscience (cf. Mt 5,27 ss. ; Mt 15,29) ; l’austérité, c’est-à-dire la force d’âme, la vraie intégrité de notre conduite, condition nécessaire pour maintenir et engendrer l’ordre de notre être, désorganisé par le péché originel et fait le gardien des trésors du royaume de Dieu (cf. 2Co 4,7), l’excellence de l’amour pur et honnête, et béni par le lien sacré, la supériorité de la virginité vouée à l’Amour unique absolu, divin... La pureté est l’atmosphère dans laquelle respire l’amour.

6. Nous voulons ajouter encore un mot. Nous avons dit une autre fois que la morale chrétienne est, par elle-même, difficile. Que devrons-nous dire de ce chapitre relatif à la chasteté et à la pureté, que presque tous ceux qui Sont en dehors de la vie chrétienne considèrent qu’il est impossible à observer ? Nous dirons nous aussi, oui, que c’est difficile, étant donné les circonstances dans lesquelles se déroule la vie de l’homme, spécialement aujourd’hui ; mais ajoutons aussitôt et corrigeons pratiquement la première affirmation générale en disant que c’est facile : grâce à la maîtrise de soi, grâce au choix, quand c’est possible, d’un milieu de vie sain, il est possible de vouloir la pureté : et aussi avec la prière et les sacrements : c’est facile et c’est bienfaisant.

Nous le disons pour vous, jeunes ; pour vous tous avec notre Bénédiction Apostolique.





20 septembre 1972: LA PLENITUDE DE LA LOI CHRETIENNE

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Chers Fils et Filles,



Nous nous occuperons encore une fois, en ce court sermon à l’occasion de l’audience générale, de l’activité humaine, nous voulons dire : de notre agir (c’est-à-dire des actes de l’homme en lui-même), de notre faire (c’est-à-dire des actes que nous accomplissons en dehors de nous), (cf. St. TH., Contra Gentes,
SCG 2,1), bref, de notre manière d’agir qui est l’aspect de la vie sur lequel se concentre surtout l’intérêt de l’homme moderne qui tend à tout considérer et à tout apprécier par rapport à l’activité, à la dynamique de l’exercice de ses facultés. Le travail a une primauté dans notre monde, nous le savons tous : il est devenu jusqu’à être la base constitutionnelle de la société. Chaque vie, chaque chose doit être un mouvement, ordonnée à produire, mesurée par le potentiel de ses forces d’action ; la culture même est soumise à des mesures quantitatives, ou mieux calculées sur son action ; la science est comprise par son application pratique ; la liberté est appréciée par rapport à la capacité d’agir et de faire, de jouir, qu’elle permet. L’homme moderne tend à mettre l’accélérateur sur tout aspect de son existence. Le “ plus agir ” est égal pour lui au “ plus être ” et le “ plus avoir ” ainsi que le “ plus jouir ” est son idéal.

Nous considérons avec un grand intérêt ce phénomène-directeur de la vie moderne qui court sous les noms de travail, de progrès, de développement, de bien-être, de civilisation, parce que c’est un phénomène humain nous pouvons dire comme le vieux Térence : homo sum : humani nihil a me alienum puto, je suis homme : je considère que rien de ce qui est humain ne m’est étranger. Nous chrétiens, nous apprécions en outre cette intensité d’action qui caractérise notre temps pour des motifs qui sont nôtres, qui confèrent à l’activité de l’homme une importance décisive soit par rapport à la perfection humaine (cf. blondel, L’Action ; olle-laprune, La valeur de la vie), soit dans l’ordre du salut : nous serons jugés d’après nos oeuvres sur la balance de l’éternelle vie (cf. l’article : Existe-t-il une morale chrétienne ? dans la revue “ La civiltà cattolica ” du 16-IX-1972, pp. 449-455).

Si donc l’agir s’élève au premier rang des valeurs qui qualifient la vie, laissant parfois pratiquement dans l’ombre jusqu’à la priorité du connaître et de l’excellence de l’être dont cependant, qu’on le veuille ou non, il dépend (nil cupitum quin praecognitum et operari sequitur esse, disent les maîtres) (rien n’est désiré qui ne soit connu d’avance, l’action suit l’être), le problème numéro un se concentre sur le contenu de l’action, ce qui veut dire sur ce que nous devons faire et sur le pourquoi de notre activité, sur l’objet et sur l’intention. Quel est par conséquent le devoir principal de notre existence ? Peut-on résumer dans un idéal dominant le programme général de notre action ?

Nous voudrions que tous sachent découvrir à ce sujet la hauteur et la simplicité merveilleuses de la leçon de l’Evangile. Nous la connaissons tous, mais relisons-la ensemble : “ Un docteur de la Loi lui (à Jésus Seigneur) demanda pour l’embarrasser : "Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ?". Jésus lui dit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit (et l’évangéliste Saint Marc ajoute : et avec toutes tes forces ; Mc 12,30). C’est là le premier et le plus grand commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes"” (Mt 22,35-40).

Dieu avait déjà parlé ainsi dans l’Ancien Testament (cf. Dt 6,5). Jésus confirme : c’est cela qu’il faut faire. La volonté de Dieu sur l’homme, c’est qu’il aime Dieu et son prochain. Et là est le point central de toute la morale, la fin suprême du vouloir, le premier principe de l’action droite. Il y aurait tant à dire en commentaire de ces paroles insurpassables, trop pour cette causerie. Notons seulement par exemple la nécessité logique et l’heureuse possibilité de résumer tous les devoirs en deux principaux, et même en un seul, fin et principe de l’action droite: celui de l’amour de Dieu avec celui, complémentaire, de l’amour du prochain, et cette possibilité est très utile, spécialement sous l’aspect didactique et mnémonique, très commode, pourrions-nous dire, pour toute mentalité, spécialement aujourd’hui pour nous modernes, qui éprouvons de la gêne pour l’effort mental et le “ notionisme ”. L’Evangile nous porte tout de suite au sommet et synthétise tous dans un devoir, et contient et hiérarchise tout “ in nuce ” : l’objet suprême est l’amour, la fin aussi pour laquelle nous devons accomplir les devoirs subalternes : l’amour. “ La plénitude de la loi, c’est l’amour ” (Rm 13,10).

Et ici nous est présentée une question formidable : savons-nous vraiment ce que c’est que l’amour ? Ce mot n’est-il pas parmi les plus utilisés et par conséquent les plus difficiles à définir ? Parmi les sens polyvalents, lequel lui est attribué ? N’est-il pas parmi les plus équivoques, et même parmi les plus sublimes et les plus dégradés ? Ne se réfère-t-il pas à des formes en soi contraires de notre esprit, en sens vertical, se référant à la montée vers Dieu qui est Amour et vers Lequel est essentiellement orientée notre vocation naturelle et surnaturelle ? (Synthèse de Saint Augustin : “ Vous nous avez fait pour vous, ô Dieu, et notre coeur est inquiet jusqu’à ce qu’il se repose en vous ”, Confess., 1, 1) et cette parole, référée aux descentes les plus vulgaires et dégradantes de l’animalité sensuelle, et même contre nature, n’entraîne-t-elle pas vers le bas, comme une pesanteur fatale, au-dessous des niveaux de toute décence et de tout bonheur honnête ? Et, en sens horizontal, c’est-à-dire entre les personnes, est-ce que l’amour ne peut pas signifier parfois le dévouement le plus généreux ou bien la convoitise la plus égoïste ou encore les deux choses ensemble ? Il ne sera pas facilement possible de donner un sens univoque au mot ambigu “ amour ” qui oscille entre “ eros ” et “ agape ” (charité), entre une sympathie instinctive et passionnelle et une aspiration au bien, au bonheur, à la vie.

Comment pratiquerons-nous ce précepte fondamental de l’amour de Dieu et du prochain, si le mot lui-même ne nous aide pas par une interprétation exacte de son sens ? Voici : nous devrons avant tout tâcher d’avoir des idées claires. L’amour vrai est l’acte conscient et volontaire envers le bien. La nature nous aide à nous diriger vers le bien ; l’inclination, amour instinctif et sensible, se fait acte de volonté ; il devient amour vrai ; il s’agit alors d’une double opération : le choix et la force. Nous devons choisir (in ordine intentionis) le souverain Bien, celui qui seul et vraiment est proportionné à la dimension insatiable de notre pouvoir de désirer et d’aimer, et ensuite nous devons faire converger toutes nos forces spirituelles et sentimentales vers le Bien suprême qu’est Dieu. Et de cet accomplissement du tout premier devoir, l’effort composé d’intelligence et de volonté qui fixe en Dieu, Lui-même Amour suprême, notre gravitation morale, tire même de Lui notre énergie d’action, notre capacité d’accomplir tout autre devoir (ordo executionis) qui se planifie sur le premier et prend son honnêteté, sa dignité, sa forme d’entretien de la créature avec le Créateur, du fils avec le Père (cf. St. TH. , I-II 1,4; E. NEUHAUSLER, Exigence de Dieu et morale chrétienne, Cerf 1971 et ensuite toujours les grands maîtres de l’amour : Saint Bernard, Saint François de Sales, etc.).

Toute la vie devient amour. Amour vrai, amour pur, amour fort, amour heureux. Et à ce premier amour qui est religieux, comme vous voyez, et il ne peut en être autrement, est joint le second, l’amour du prochain soit comme échelle pour monter vers l’amour de Dieu (cf. 1Jn 4,20 saint augustin, Tract, in Io. 17,8) soit comme motif pour appliquer l’activité propre au service et au bénéfice du prochain (cf. Rm 13,8-1 1Tm 1,5).

Si nous, chrétiens, nous avions compris cet Evangile de l’amour, sa loi, sa nécessité, sa fécondité, son actualité, nous ne nous laisserions pas surprendre par le doute que le christianisme, notre foi (Ga 5,6), soit incapable de résoudre dans la justice et dans la paix les questions sociales, mais qu’il faut arriver à cette capacité par le matérialisme économique, par k haine des classes et par la lutte civile, avec le danger de noyer notre profession chrétienne dans les idéologies de ceux qui la combattent et de donner aux questions humaines des solutions amères, illusoires et peut-être finalement antisociales et inhumaines.

Il nous revient à la mémoire et au coeur l’hymne de Saint Paul à la charité : “ Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit... La charité est patiente, elle est serviable, elle n’est pas envieuse, elle ne se vante pas etc. La charité ne passe jamais... ” (1Co 13,1-8).

La charité, voilà la synthèse de notre vie morale. Pensons-y.

Avec notre Bénédiction Apostolique.





27 septembre 1972: UNE NECESSITE DE L’EGLISE : RAVIVER LA FOI

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Chers Fils et Filles,



Il nous semble que cette rencontre privilégiée de l’audience hebdomadaire avec les très chers visiteurs qui représentent pour nous le Peuple de Dieu, c’est-à-dire de la sainte Eglise du Christ, cache dans son silence d’introduction une demande de votre part : comment va l’Eglise ? Qu’est-ce que le Pape peut en dire ? Et, une autre demande de notre part : Est-ce que ces visiteurs connaissent les vrais et les plus grands besoins de l’Eglise ? Et, aussi bons et bien disposés soient-ils, que peuvent-ils offrir pour répondre à ces besoins ? Vous comprenez l’ampleur de l’esprit que vous confèrent, à vous et à nous respectivement, de telles questions, même si elles ne sont pas exprimées. Mais nous voulons, cette fois-ci, donner tout de suite une première réponse dans son double contenu, pour vous et pour nous.

La voici. L’Eglise a besoin de la foi. Et vous qui, justement, vous appelez fidèles, vous pouvez et vous devez faire à l’Eglise ce don fondamental et indispensable : votre foi. Précisons. Nous parlons d’une augmentation de la foi comme nous, croyants, avec les paroles de la liturgie, nous le souhaitons toujours (cf. la collecte du XIIIème dimanche après la Pentecôte, avant la récente réforme), et comme Jésus, souvent dans l’Evangile, parfois jusqu’à un reproche, désire l’avoir de la part de ses disciples. Une augmentation de la foi, c’est, nous semble-t-il, le premier et grand besoin de l’Eglise aujourd’hui ; et c’est le besoin auquel vous, chacun d’entre vous, pouvez porter remède.

Et le discours deviendrait immense et complexe. Etes-vous convaincus vous aussi que la foi est le premier besoin de l’Eglise ? C’est la foi qui est la racine de notre religion ; c’est le lien d’origine de la cohésion qui nous fait l’Eglise ; c’est le principe de notre union salvifique au Christ (cf. St. TH.,
III 62,6), c’est la vertu théologale qui engendre l’espérance (He 11,1) et la charité (Ga 5,5-6). Et nous ne pouvons pas ne pas être persuadés que la décadence religieuse dans le monde contemporain, le désintérêt progressif de Dieu (jusqu’à Le déclarer “ mort ” d’une manière absurde), le manque d’intérêt habituel pour nos relations avec Lui, avec sa transcendance (voyez le matérialisme et la sécularisation radicale, l’athéisme aujourd’hui en voie de diffusion partout), et avec son immanence (voyez l’affaiblissement du sens de sa présence, de la responsabilité de nos actions en face de Dieu, d’où dérivent la conscience morale religieuse, le besoin de conversion, le remords authentique, la vraie paix de l’âme, le besoin et le devoir de la prière, etc.), tout cet écroulement spirituel vient du manque de foi.

Il peut rester dans le coeur de l’homme, même sans la foi, une orientation innée et, au fond, incoercible, vers le monde divin, même chez l’homme moderne si profane et presque ignorant pour les choses spirituelles et religieuses ; oui, il reste un inconscient et presque angoissant besoin de Celui qui Est, c’est-à-dire du Dieu créateur, du Dieu providence, du Dieu juste, du Dieu Père (comme nous le disait justement ces jours-ci un des plus grands industriels du monde) ; il reste, malgré les athéismes officiels, au moins comme problème, comme exigence intrinsèque, une référence religieuse (la célèbre phrase synthétique de saint Augustin le dit : “ Toi (ô Dieu) Tu nous as faits pour Toi et notre coeur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi ” (Conf., 1,1) ; il reste une religion naturelle qui naît en nous et ensuite, construite par nous de tant de manières diverses, philosophiques, arbitraires et souvent superstitieuses et fausses ; mais que vaut cette religiosité, si elle n’est pas sûre d’elle-même ? Et qu’est-ce qu’elle peut nous dire de vrai et de solide si elle ne sait pas pénétrer dans la mystérieuse Réalité du Dieu vivant, personnel et ineffable, et finalement nous garantir qu’IL EST et qu’il se trouve proche de nous, communiqué à nous ? révélé à nous? c’est-à-dire que vaut une religion sans la foi ? même si elle survit ?

La foi est nécessaire.

Mais cette affirmation que nous ne devons jamais oublier fait surgir un autre problème formidable qui est le suivant : mais ensuite est-ce que la foi est possible ? Et ne sont-ce pas les difficultés que la foi, telle que nous l’offre l’Eglise jusqu’à aujourd’hui, telle qu’elle la présente à la mentalité et à la manière de vivre moderne qui l’ébranlent, la foi, et qui mettent en doute la conception générale du monde et de la vie, et que le fidèle croyant doit avoir et appliquer à sa manière de vivre ? N’est-ce pas cette foi vacillante et faible qui provoque aussi parmi nous, membres de l’Eglise, tant d’inquiétudes, tant de désirs de s’évader de la voie toujours ouverte en avant de la tradition et d’essayer de “ nous convertir au monde ” et d’être, parce que chrétiens, non plus distincts des autres profanes et areligieux, mais comme eux, même dans les formes extérieures et dans les expériences intérieures, affranchis de la communion contraignante de l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique ? C’est-à-dire : n’est-ce pas un manque de foi qui est à l’origine du tourment qui fait souffrir l’Eglise, qui diminue la joie d’être ce qu’elle est, la famille du Christ locale et universelle, l’humanité nouvelle, juste et pacifique, l’Eglise de Dieu ?

Voilà pourquoi nous mettons la foi au centre de l’examen sur les conditions de l’Eglise aujourd’hui ; la foi aujourd’hui. Et voilà pourquoi, frères et fils très chers, nous fiant à votre intelligence des “ signes des temps ”, et à votre disponibilité à aider, à faire vôtre la mission du Christ dans l’histoire, de construire l’Eglise (Mt 16,18), nous vous demandons une profession plus vive, plus confiante, plus conforme de la foi.

Certainement la question reste ouverte : comment la foi est-elle possible ?

Pour vous répondre l’instruction religieuse vous aide, instruction que certainement vous possédez déjà, ou bien la réflexion que vous ferez vous-mêmes, avec notre Bénédiction Apostolique.





4 octobre 1972: ACCROÎTRE SA FOI POUR FAIRE FACE A LA CONFUSION DE NOTRE TEMPS

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Chers Fils et Filles,


Nous le répétons : l’Eglise, ou mieux encore nous tous, — qui avons le bonheur d’appartenir à l’Eglise, — avons besoin d’accroître notre foi (cf.
Ep 4,15) et cela pour vivre en croyants, en fidèles, en chrétiens, cohérents avec notre baptême, avec notre profession de foi catholique ; pour être capables aussi de faire front aux négations et aux confusions de notre temps, qui assaille notre discipline religieuse, jusque dans son sens intime et dans son orientation naturelle, en invoquant les certitudes scientifiques et en préconisant la polarisation anthropologique c’est-à-dire toute tournée vers l’homme, polarisation horizontale, comme on dit de nos jours, sécularisée et enfermée dans les limites de l’expérience vécue du temps et de l’histoire.

Et nous nous demandons encore : cette réaffirmation de notre foi est-elle possible dans les conditions où nous nous trouvons ? Voilà le problème qui doit nous intéresser, après avoir reconnu la nécessité de la foi : la possibilité de la foi.

La foi, bien plus, la croissance de la foi est-elle possible ? C’est une question bien grave à laquelle nous sommes tous invités à répondre. Ce qui veut dire que nous sommes tous invités à tenter une double recherche : la recherche sur les difficultés de croire, aujourd’hui surtout, et la recherche sur les facilités de croire, que même notre temps, peut-être à notre surprise, nous offre également.

Que chacun essaye de réfléchir sur ce double aspect de l’immense question. A titre de stimulant à notre recherche, — quelque élémentaire qu’elle soit, — nous dirons d’abord que trois coefficients concourent à l’acte de foi : premièrement, l’élément objectif, c’est-à-dire les vérités de la foi, la doctrine, le “ credo ” ; et ce coefficient est souvent imparfait par défaut d’instruction. Bien des fois les crises de foi sont dues à l’ignorance. Nous nions ce que nous ne connaissons pas. Or, cela n’est pas sérieux, n’est pas digne de personnes modernes, instruites et intelligentes, spécialement en ce qui concerne la religion, laquelle, — qu’on le veuille ou non, — s’impose comme critère décisif pour la conduite de la vie et pour la mesure des valeurs de cette vie. Nous pourrons rencontrer de nombreux, de très nombreux problèmes, même sur ce sentier de la connaissance religieuse : mais cela, plutôt que d’arrêter notre étude, devrait nous encourager à un meilleur approfondissement, pour éviter aussi que l’écho de la voix de Tertullien, l’ancien apologiste chrétien, n’arrive jusqu’à nous tel un reproche. Déjà à la fin du deuxième siècle, Tertullien écrivait en effet au sujet de la religion chrétienne, alors officiellement contrariée et persécutée : Ne ignorata damnetur, qu’elle ne soit pas condamnée par ignorance (Tertullien, Apologie 1). Et l’étude honnête et persévérante de la doctrine de la foi aura certainement, de par elle-même, un premier résultat positif, celui de montrer à l’intelligence et à l’esprit de l’homme moderne non le caractère étranger, mais l’affinité attrayante de la vérité de notre religion, (nonobstant le mystère qui les enveloppe), avec les aspirations profondes de l’homme même.

Deuxièmement : l’élément subjectif, l’acceptation de la Parole de Dieu, c’est-à-dire du “ credo ”, de la part de l’homme, qui, par cela même, devient croyant. C’est là l’aspect spécifique de la foi ; et c’est celui qui, aujourd’hui, le plus contesté, compromet l’adhésion authentique à la doctrine de la foi. Pourquoi ? Parce que la mentalité contemporaine est plus que jamais prévenue contre une forme de connaissance fondée sur la parole d’autrui et non sur l’expérience personnelle, effective ou seulement possible. L’argument fondé sur la force de la parole d’autrui, sur le témoignage et non sur la vérification rationnelle, est certainement le plus faible ; ce fut l’enseignement, de tout temps, des maîtres de notre école (cf. St. TH., I 1,8 ad 2). De nos jours, prévaut la connaissance rationnelle et scientifique, bien plus, la connaissance physique, quantitative et expérimentale, dans laquelle l’esprit humain se sent satisfait et parfois plus qu’il n’est permis de l’être à bon droit ; cette connaissance se sent sûre d’elle en vertu d’un genre de certitude d’égale nature à celle de l’esprit humain (cf. P. H. simon, Questions aux savants, Seuil, Paris), Et l’intelligence humaine, en se mettant à ce niveau de la connaissance, ne s’aperçoit pas qu’elle accomplit une grande abdication, celle de l’usage de ses facultés pour la conquête de la vérité supérieure, c’est-à-dire essentielle et métaphysique ; par contre, ce désir de conquête d’une vérité supérieure, place l’intelligence à un niveau vraiment humain et spirituel, où la rencontre avec Dieu, réalisée soit naturellement, soit à fortiori par la révélation, peut se vérifier de façon convenable.

En d’autres termes : l’homme moderne manque de cette saine formation philosophique suffisante, qui, — même si elle est limitée à ce degré accessible à tous appelé le sens commun, — est indispensable pour entrer en dialogue avec le monde religieux. Notre mentalité, disions-nous donc, n’est pas sur une “ longueur ” convenable et heureuse pour capter les ondes mystérieuses du langage divin. Encore une fois rappelons l’exhortation de; Pascal : Nous devons faire l’effort de bien penser. Nous verrons alors que l’argument d’autorité, sur lequel se fonde la foi, tire sa force de la crédibilité de celui qui l’emploie : dans notre cas, l’argument d’autorité se fonde sur Dieu, et par cela il devient très fort même s’il se situe dans la sphère des vérités mystérieuses (cf. St. TH., cit. I 1,8).

Et nous ne serons donc pas surpris de rencontrer un troisième élément, un coefficient qui nous est étranger et supérieur, qui intervient dans notre esprit pour l’habiliter à l’acte de foi, le souffle de l’Esprit du Christ, la grâce (DENZ.-SCH. DS 1525 ss. ; DS 1553-1554ss.). La foi est un don de Dieu ; c’est une vertu possible à l’homme grâce à une impulsion surnaturelle, qui ne nous manquera pas, si nous nous mettons en condition de l’accueillir.

En-conclusion : désir de Dieu, humilité, prière, attente confiante et aussi expérience spirituelle comme la participation à la vie de foi de la communauté ecclésiale, privée ou publique, nous aplaniront les voies de la foi et la rendront non seulement possible, mais facile et victorieuse.

C’est notre voeu pour nous tous. Avec notre Bénédiction Apostolique.

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Le Piccole Suore di Gesù

Nous Nous Tournons maintenant avec affection vers le groupe vraiment universel des petites Soeurs de Jésus, que Nous sommes toujours très heureux d’accueillir, accompagnées de leurs parents et amis. Samedi dernier, auprès du tombeau du premier des Apôtres, seize d’entre vous, chères Filles, ont fait leur profession perpétuelle et se sont données pour toujours, dans la joie, au Seigneur Jésus. Votre vie de pauvreté, de prière et d’amitié est celle de Nazareth, obscure aux yeux du monde, précieuse aux yeux de Dieu. Oui, sachez-le: vous êtes de ces privilégiées qui ont entendu au plus intime de leur coeur l’appel du Seigneur Jésus et, grâce à votre réponse humble et généreuse, les mystères du Royaume de Dieu vous ont été révélés, eux qui restent cachés aux riches et aux puissants, Puissent-ils être toujours le soutien de votre prière fervente, la source de votre joie rayonnante, le fondement de votre apostolat de présence, auprès de tous les milieux au sein desquels le Seigneur et son Eglise vous envoient pour témoigner. Puissiez-vous, dans le monde entier, faire connaître l’amour du Seigneur, doux et humble de coeur, et susciter une large fraternité. A vous toutes, chères Filles, à vos parents et amis, Nous donnons de tout coeur notre paternelle Bénédiction Apostolique.

Sacerdoti di Roermond

Nous sommes heureux de pouvoir saluer aujourd’hui un groupe de dix prêtres du diocèse de Roermond, qui sont venus en pèlerinage au tombeau des Apôtres pour célébrer le quarantième anniversaire de leur ordination sacerdotale.

Chers Fils, ces années de dévouement et d’effort apostolique vous ont permis de reprendre et d’approfondir sans cesse le don total de vous-mêmes que vous aviez fait au Seigneur à l’aurore de votre vie sacerdotale. Vous pouvez témoigner aujourd’hui que Dieu est fidèle et qu’il ne trompe pas ceux qui ont mis en lui toute leur confiance. De grand coeur, Nous nous unissons à votre action de grâce et Nous encourageons à donner au peuple de Dieu qui vous est confié, la lumière évangélique et l’amour de l’Eglise qu’il attend de vous.




11 octobre 1972: LA FIDELITE AUX VALEURS PERMANENTES RAISON DE VIE POUR LES CHRÉTIENS

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Chers Fils et Filles,


Nous avons dans le coeur le Concile qui, aujourd’hui, au terme du dixième anniversaire de son inauguration, le remplit de ses souvenirs, de son sens, de son “ tome ”, c’est-à-dire du volume de ses enseignements, de ses fruits, de ses problèmes, de ses espérances.

Mais nous n’avons pas l’intention de vous parler aujourd’hui de ce sujet énorme, que nous ne pourrions faire tenir dans le bref discours habituel de l’audience générale. Nous savons cependant que le souvenir du Concile est dans les esprits de tous comme un événement destiné à croître en importance, comme facteur vivant de l’histoire spirituelle de l’Eglise et du monde, aujourd’hui et dans l’avenir.

En nous taisant, laissons cependant deux suaves et pieuses figures dans nos esprits comme emblème de cette première commémoration : la Madone, célébrée alors dans le culte de sa divine maternité, comme la lampe de la pure lumière évangélique de foi et d’amour, répandue sur toute l’Eglise et sur le monde ; le Pape Jean XXIII qui, avec un esprit pastoral, voulut et inaugura le Concile et maintenant en remplit le cours des événements consécutifs, toujours de lui-même, tout bonté et tout espérance.



Le Pape a ensuite poursuivi en invitant comme suit les assistants à méditer sur la nécessité de la foi :

Nous avançons en demandant de quoi l’Eglise a le plus besoin, et nous répondons : de la foi. C’est-à-dire de l’adhésion à la Parole de Dieu, à la révélation divine qui. a dans le Christ son point focal et a dans l’Eglise sa garde, son témoignage, son interprétation.

Le discours ne serait pas complet si nous négligions d’ajouter qu’il découle de la foi un engagement moral fondamental, un devoir général et primaire qui est la fidélité. Ce n’est pas pour rien qu’un croyant est appelé fidèle. Un sens double est inclus dans cette expression : d’abord de fermeté, de stabilité, de force, et puis de cohérence, de suite dans les idées, d’activité ; statique donc et dynamique.

Il est facile de tirer ce concept de fidélité de celui de la Parole donnée, de Pacte, d’Alliance ; l’alliance que Dieu a daigné établir avec l’homme, outre le rapport ontologique résultant du fait que l’homme est créature de Dieu, nous reporte à l’Ancien Testament, au pacte, au rapport religieux offert par Dieu se révélant à l’homme et provoquant de lui une réponse ; nous sommes à la foi d’Abraham sur laquelle s’instaure la religion surnaturelle qui se perfectionne dans le Christ qui institue la nouvelle alliance, le Nouveau Testament (cf.
Mt 26,28 1Co 11,25), fondé, aussi bien que l’Ancien, sur la foi et achevé par l’infusion du Saint-Esprit. Dans l’un et dans l’autre régime religieux, l’ancien et le nouveau, entre le concept d’engagement bilatéral d’où découle, de la part de Dieu, une fidélité qui ne se dément jamais (cf. Rm 11,29), tandis que, de la part de l’homme, d’est une fidélité qui devrait être également inébranlable mais qui malheureusement prouve souvent la faiblesse morale de sa nature, blessée par le péché originel. L’homme peut être et est souvent défaillant au pacte, un allié infidèle, alors que pour nous chrétiens, cette exigence de fidélité, comme on sait, a été contractée par le baptême et confirmée par chaque autre rencontre avec Dieu, spécialement par les sacrements. Grand événement pour chacun de nous que le baptême qui élève notre petit être de créatures souillées à la nouvelle condition de fils de Dieu, associés à sa nature même (cf. 2P 1,4) ; autorisés à l’appeler : “ notre Père ” (Mt 6,9). Ainsi finalement, Dieu s’est révélé Amour (1Jn 4,16). Et l’amour exige la fidélité. Si bien que l’Eglise, c’est-à-dire l’humanité absorbée dans l’économie évangélique de l’amour instaurée par le Christ, est qualifiée dans la Sainte Ecriture d’Epouse du Christ, justement pour la fidélité virginale et féconde qui l’unit à Lui (cf. Ep 5,25-27 Ap 19,7 Ap 21,2 et Ap 9 Ap 22,17 Lumen Gentium, LG 6 et LG 64), et que le même Christ, témoin l’Evangéliste Jean, rappelle avec une insistance émouvante : “ persévérez dans mon amour ” (Jn 15,4-10).

Maintenant la fidélité n’est pas la vertu de notre temps où tout est saisi par un tourbillon de changements qui peuvent être aussi dans la pensée de Dieu. Ce qui appelle l’homme au développement, au progrès, à la nouveauté, à la perfection, mais changements qui souvent aujourd’hui sont canonisés dans la mentalité profane pour eux-mêmes, par le fait même qu’ils sont des changements et qu’ils sont désirés et promus comme s’ils étaient l’espérance et le succès de la vie, jusqu’à considérer le détachement radical de la tradition comme une libération et une victoire et la révolution comme la méthode normale de progrès personnel et social. Et voici pourquoi l’Eglise, dépositaire de valeurs éternelles et toujours en action, sent plus que jamais le besoin de la fidélité à ces mêmes valeurs et souffre tellement de la légèreté et de l’infidélité de tant de ses fils, spécialement des préférés parmi lesquels ceux qui sont liés par des devoirs qualifiés de fidélité.

Nous disons, comme une autre fois, que de telles valeurs permanentes ont une fonction de racine, de source qui ne paralysent pas l’accroissement progressif de la vitalité humaine, soit de chaque individu, soit de la communauté, mais l’alimentent, la rendent possible, l’exigent. La fidélité est la raison de vie ; ce n’est pas de la paresse, ce n’est pas une chaîne qui freine les hardiesses du talent et de l’amour; mais quand elle consiste, comme nous le disions, dans l’adhésion à notre credo, qui ne vieillit et ne s’épuise jamais, elle leur ouvre le sentier dans l’ordre toujours positif, fort et heureux.

La fidélité, oui, découle de la foi qui doit devenir le principe d’action du chrétien. Rappelons-nous la parole de Saint Paul, pivot de sa doctrine : “ le juste vit de la foi ” (Ga 3,11 He 10,38 Rm 1,17) ; faites attention : il dit de la foi et non simplement avec la foi. C’est-à-dire que le juste, le chrétien authentique tire de la foi la raison et la règle de sa vie et pas seulement par l’adhésion à la foi comme à un simple vêtement extérieur plus ou moins qualifié ou décoratif de son existence.

De cette cohérence entre la foi et la vie, entre la pensée chrétienne et l’action pratique, entre la fermeté et la fécondité des principes déduits de l’Evangile et l’orientation linéaire de la conduite, c’est-à-dire de la fidélité chrétienne, naissent tant de choses bonnes et généreuses dont l’Eglise a particulièrement besoin et, avec elle, tous ses fils : à commencer par l’immunité et par la Sagesse critique envers la suggestion et la séduction des courants aberrants de “ pensée et de coutume, aujourd’hui répandus, c’est-à-dire envers les conformismes illogiques mais utiles de succès précaires ; et ensuite pour arriver à la vraie liberté intérieure des hommes, forts de leur conscience et de leur caractère, ainsi qu’au courage du témoignage militant et missionnaire, et à la constance et au goût de, la loyauté envers vie Christ et envers la communauté, dans l’accomplissement généreux et supporté des propres promesses à l’Amour toujours pressant du Christ, (cf. 2Co 5,14).

Que notre Bénédiction Apostolique puisse renouveler en chacun de vous le sens de cette implacable urgence.






Catéchèses Paul VI 13972