Augustin, lettres - LETTRE CCXXVI. (Année 429)

LETTRE CCXXVII. (Année 428)

Saint Augustin annonce à son vieil et saint ami Alype la conversion de deux païens de leur connaissance; la conversion de l'un d'eux avait été précédée de miracles frappants.

AUGUSTIN AU VIEILLARD ALYPE.

Notre frère Paul est ici en bonne santé, toujours occupé de ses affaires: plaise à Dieu qu'il les achève! il vous salue beaucoup. Il nous a raconté tout ce qui est arrivé d'heureux à Gabinien. La bonté de Dieu l'ayant délivré de ce qui le tourmentait, Gabinien s'est fait chrétien et chrétien des plus fidèles; il a été baptisé à Pâques, et la grâce qu'il a reçue est autant. dans son coeur que dans sa bouche. Comment vous exprimer mon désir de le voir? vous savez.combien je l'aime. Le médecin Dioscore

3. C'est à tort qu'on a cru que ce Dioscore était le même que le jeune grec de ce nom qui, en 410, adressait à saint Augustin des questions tirées des dialogues de Cicéron; ainsi qu'on le verra tout à l'heure, l'évêque d'Hippone appelle un vieillard ce Dioscore dont la conversion réjouit sa piété. Or, celui qui était un jeune homme en 410 ne pouvait pas être un vieillard en 429.

est devenu aussi un chrétien fidèle et a reçu la grâce du baptême en même temps que Gabinien. Vous allez voir comment Dioscore s'est converti: il fallait des miracles pour courber cette tête et brider cette langue. Sa fille, son seul bonheur, était malade; il n'y avait plus d'espoir pour sa guérison; son père lui-même n'espérait plus. On dit (et avant même le retour de notre frère Paul, cela m'a été affirmé par le comte Pérégrin, homme digne de louanges et bon chrétien, baptisé en même temps que les deux autres), on dit que ce vieillard, songeant enfin à implorer la bonté du Christ, fit voeu de se faire chrétien si sa fille était guérie; elle le fut. Dioscore n'acquittait pas son voeu; mais la main de Dieu est encore levée: Dioscore est soudain frappé de cécité; il reconnaît d'où part le coup, avoue sa faute en gémissant, et, de nouveau, fait voeu de se faire chrétien s'il vient à recouvrer la vue. Il la recouvre et accomplit son voeu. La main de Dieu est encore levée. Dioscore n'avait pas retenti par coeur le symbole comme font les catéchumènes, ou petit être avait-il refusé de l'apprendre et s'était excusé de ne l'avoir pas pu: Dieu l'avait vu. Après les cérémonies de son baptême, Dioscore eut presque tous les membres paralysés, et même la langue. Averti par un songe, il déclare, par écrit, qu'il a été frappé de paralysie, parce qu'il n'a pas récité le symbole. Après cet aveu, il reprit l'usage de tous ses membres, moins la langue; il déclara, par écrit, qu'il avait cependant appris le symbole et qu'il l'avait dans la mémoire. Ainsi est tombée cette disposition à un continuel badinage qui, vous le savez, gâtait en lui une certaine bonté naturelle, et le portait à des railleries sacrilèges contre les chrétiens. Que dirai-je, sinon que nous devons chanter un hymne au Seigneur et le glorifier dans les siècles? Ainsi soit-il.




LETTRE CCXXVIII. (Année 429)

Honoré, évêque de Thiave, avait consulté saint Augustin sur ta conduite que devaient tenir les pasteurs au milieu des dangers qui menaçaient les villes de l'Afrique; il parait que ses sentiments n'étaient pas tout à fait conformes aux vrais devoirs des ministres de Dieu. Saint Augustin lui répondit; on va voir la belle fermeté de son langage. Cette lettre, qui doit être relue par les ecclésiastiques dans les temps de calamités publiques, touche aux moeurs et à l'histoire de l'Afrique chrétienne.

AUGUSTIN A SON SAINT FRÈRE ET COLLÈGUE HONORÉ, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

1. Après vous avoir envoyé une copie de la lettre que j'ai écrite à notre frère et collègue (63) Quodvultdeus (1), je pensais être affranchi lie la tâche que vous m'imposiez, quand vous me demandiez ce que vous devez faire au milieu des dangers du temps où nous sommes. Cette lettre est courte, il est vrai, mais je ne crois pas avoir rien omis de ce qu'on doit répondre. J'ai dit qu'il fallait laisser leur liberté à ceux qui désirent gagner, s'ils le peuvent, des lieux sûrs, et que, fidèles à nôtre ministère, auquel la charité du Christ nous lie, nous ne devions pas abandonner les églises dont nous sommes chargés. Voici ce que j'écrivais dans cette lettre à Quodvultdeus: «Quelque peu qu'il reste du peuple de Dieu, nous dont le ministère lui est si nécessaire, qu'il ne faut pas qu'il en demeure privé, nous n'avons plus qu'à dire au Seigneur: Soyez notre protecteur et notre rempart (2).»

2. Mais vous me répondez que ce conse il ne vous suffit pas; vous craindriez d'aller contre le commandement et l'exemple du Seigneur, qui nous dit de nous enfuir de ville en ville. Nous nous rappelons, en effet, ses paroles «Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre (3).» Mais qui peut comprendre que par là le Seigneur ait voulu qu'on privât du ministère, sans lequel elles ne peuvent vivre, les brebis qu'il a achetées au prit de son sang? Lorsque, enfant, il a fui en Egypte, porté par ses parents (4), peut-on dire qu'il ait abandonné des Eglises puisqu'il n'en avait pas encore formées? Quand l'apôtre Paul, pour échapper aux mains de ses ennemis, fut descendu dans une corbeille, par une fenêtre, le long d'une muraille (5), l'Eglise de Damas fut-elle privée d'un ministère nécessaire, et les autres frères qui étaient là ne firent-ils pas ce qu'il fallait? L'Apôtre, en agissant ainsi, s'était rendu à leurs instances, afin qu'il se conservât pour l'Eglise; car c'est lui particulièrement que cherchait le persécuteur. Que les serviteurs du Christ, les dispensateurs de sa parole et de ses sacrements fassent donc ce qu'il a prescrit ou permis; qu'ils fuient de ville en ville, lorsque quelqu'un d'eux est particulièrement poursuivi, si d'autres serviteurs de Dieu, non menacés de la même manière, n'abandonnent lias l'Eglise, et demeurent pour distribuer la nourriture spirituelle, dont les fidèles ne peuvent se passer. Mais quand le péril est commun

1. Cette lettre nous manque. - 2. Ps 30,3. - 3. Mt 10,23. - 4. Mt 2,14. - 5. 2Co 11,33.

aux évêques, aux clercs, aux laïques, que ceux qui ont besoin des autres n'en soient pas délaissés, que tous alors se retirent en des lieux sûrs; ou que ceux qui sont forcés de rester ne soient pas abandonnés de ceux qui leur doivent les consolations de leur ministère; qu'ils vivent ensemble ou subissent ensemble ce qu'il plaira au Père de famille de leur envoyer.

3. Que les uns souffrent moins, les autres davantage, ou tous également, on voit toujours alors quels sont ceux qui souffrent pour les autres: ce sont ceux qui, pouvant, par la fuite, se dérober à de tels maux, aiment mieux demeurer que d'abandonner leurs frères dans le besoin. C'est là le grand témoignage de cette charité recommandée par l'apôtre Jean, lorsqu'il dit: «De même que le Christ a donné sa vie pour nous, ainsi nous devons donner notre vie pour nos frères (1).» Car ceux qui prennent la fuite ou qui ne restent tait, dans leurs propres intérêts, s'ils viennent à être -pris, souffrent pour eux-mêmes et non pas pour Leurs frères; mais ceux qui souffrent pour n'avoir pas voulu délaisser les fidèles, qui avaient besoin d'eux pour le salut de leur âme, ceux-là, sans aucun doute, donnent leur vie pour leurs frères.

4. D'après ce qu'on nous a rapporté, un évêque a dit: «Si le Seigneur nous ordonne d'échapper aux persécutions par la fuite, lorsqu'on peut cueillir la palme du martyre, à plus forte raison, devons-nous, par la fuite, nous dérober à des souffrances inutiles, lorsque ce sont les barbares qui nous menacent.» Cela est vrai et bon à suivre, mais ne s'adresse point à ceux que les liens du devoir attachent aux Eglises. Car le serviteur du Christ qui, pouvant fuir, reste en face des ravages de l'ennemi pour exercer un ministère sans lequel les hommes ne peuvent ni devenir chrétiens, ni vivre chrétiens, reçoit une plus grande récompense de sa charité, que celui qui, fuyant non pour ses frères, mais pour lui-même, vient à tomber en des mains cruelles et meurt martyr de sa fidélité au Christ.

5. Qu'avez-vous donc voulu dire dans votre première lettre? «Je ne vois pas, ce sont vos paroles, quel avantage il y aurait, soit pour nous, soit pour le peuple, à ce que nous demeurassions dans les Eglises, sinon de nous faire assister au spectacle des hommes tués, des femmes outragées, des églises brûlées.

1. 1Jn 3,16.

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et de nous exposer à périr dans les supplices, quand on voudrait avoir de nous ce que nous n'avons pas.» Dieu est assez puissant pour exaucer les prières de sa famille et pour détourner des périls, mais la crainte de maux incertains ne doit pas nous faire abandonner notre ministère, sans lequel un malheur certain frapperait le peuple, non point dans les choses de cette vie, mais pour d'autres intérêts incomparablement plus importants et plus chers. En effet, si ces maux, qu'on redoute de voir arriver aux lieux où nous sommes, étaient certains, tous ceux pour lesquels il faut demeurer là s'enfuiraient, et nous ne serions plus obligés de rester à notre poste: qui oserait dire que les ministres doivent demeurer dans des lieux où il n'y aurait personne à qui leurs secours fussent nécessaires? C'est ainsi que de saints évêques sont sortis de l'Espagne, après avoir vu disparaître leurs peuples par la fuite ou le glaive, par les horreurs d'un siège ou par la captivité; mais un bien plus grand nombre d'évêques est resté avec les peuples qui restaient, partageant les mêmes périls. S'il en est qui aient délaissé les populations, ils ont fait ce que nous disons qu'on ne doit pas faire; ce n'est pas de l'autorité divine qu'ils ont appris à tenir cette conduite; ils ont été séduits par une erreur humaine ou vaincus par la crainte.

6. Pourquoi pensent-ils qu'il faille toujours obéir au précepte de fuir de ville en ville, et n'ont-ils pas horreur de la conduite du mercenaire qui voit venir le loup et s'enfuit, parce qu'il n'a aucun soin des brebis (1)? Pourquoi ne s'appliquent-ils pas à comprendre ces deux paroles du Seigneur, dont l'une permet ou ordonne la fuite, et l'autre la blâme et la condamne, de manière à les concilier entre elles, car elles sont vraies toutes les deux? La conciliation n'est pas difficile, d'après ce que j'ai dit précédemment; les ministres du Christ peuvent fuir la persécution lorsqu'ils sont dans des lieux où il ne demeure personne qui puisse avoir besoin de leur secours spirituel, ou lorsqu'il y a dans ces mêmes lieux d'autres ministres qui n'ont pas les mêmes raisons de fuir et qui peuvent remplir les fonctions nécessaires. C'est ainsi que saint Paul, comme je l'ai déjà rappelé, se laissa descendre dans une corbeille, lorsqu'il était particulièrement en butte à la persécution; d'autres serviteurs du Christ, qui n'étaient pas, comme lui, obligés de fuir, restaient à

1. Jn 10,12-18.

Damas, et l'Église n'était pas abandonnée. C'est ainsi que s'enfuit saint Athanase, évêque d'Alexandrie, quand l'empereur Constance voulait mettre particulièrement la main sur lui; d'autres ministres restaient avec le peuple catholique d'Alexandrie. Si le peuple demeure et que les ministres s'en aillent, et que tout secours spirituel soit enlevé aux fidèles, qu'est-ce que c'est que cette fuite, sinon celle du mercenaire qui n'a pas soin des brebis? Car le loup viendra; ce ne sera pas un homme, mais le démon, dont les inspirations changent souvent en apostats les chrétiens à qui manque le ministère quotidien du corps du Seigneur (1); et ce frère encore faible périra, non point par votre science, mais par votre ignorance, ce frère pour lequel le Christ est mort (2)!

7. Quant à ceux que l'erreur n'égare point ici, mais que la crainte domine, pourquoi, avec la miséricorde et le secours du Seigneur, ne luttent-ils pas courageusement contre cette peur qui pourrait les faire tomber en des maux bien autrement terribles, bien autrement redoutables? Ce courage se rencontre dans les coeurs où s'élèvent les flammes de la charité, et non la fumée de la cupidité. Car la charité dit: «Qui est faible sans que je m'affaiblisse «aussi? Qui est scandalisé sans que je brûle (3)?» Mais la charité vient de Dieu; prions donc pour que celui qui nous la commande nous la donne. Soutenus par cette charité, craignons bien plus pour les brebis du Christ, le glaive de l'iniquité spirituelle, que le fer qui peut faire périr leur corps; car, d'une manière ou d'une autre, il leur faudra toujours mourir. Craignons bien plus la perte de la foi par la corruption du sentiment intérieur, que les violences exercées sur des femmes; la violence ne peut rien contre la chasteté, si l'âme reste pure; toutes les brutalités sont impuissantes contre une chaste volonté qui souffre et ne consent à rien. Craignons plus la chute des pierres vivantes par notre désertion, que l'incendie des pierres et des bois d'édifices terrestres en notre présence. Craignons bien plus, pour les membres du corps du Christ, la mort par le défaut de nourriture spirituelle, que pour nos propres membres toutes les tortures des ennemis. Ce n'est pas qu'il ne faille éviter ces supplices, lorsqu'on le peut; mais on doit s'y résigner préférablement,

1. Quibus quotidianum ministerium dominici corporis defuit. Ces paroles nous semblent marquer assez clairement la messe ou la communion de chaque jour. - 2. 1Co 7,11. - 3. 2Co 11,28

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quand on ne saurait y échapper sans impiété. Quelqu'un s'aviserait-il de ne pas appeler impie le ministre qui priverait des secours spirituels la piété des fidèles au moment où elle en a le plus grand besoin?

8. Quand de toutes parts se montrent les périls et que la fuite est impossible, oublierons-nous l'empressement universel dans l'Eglise? Les uns demandent le baptême, les autres la réconciliation, d'autres des pénitences à faire; tous veulent qu'on les console et qu'on affermisse leur âme par les sacrements. Si les ministres manquent, quel malheur pour ceux qui sortent de cette vie sans être régénérés ou déliés! quelle affliction pour la piété de leurs parents qui ne les retrouveront pas avec eux dans le repos de la vie éternelle! enfin quel gémissement de tous, et quels blasphèmes de la part de quelques-uns sur l'absence des ministres et l'impossibilité de recevoir les sacrements! Voyez ce que fait la crainte des maux temporels, et à quels maux éternels elle mène!

Mais si les ministres sont là, ils subviennent aux besoins de tous, selon les forces que Dieu leur donne: les uns sont baptisés, les autres réconciliés, nul n'est privé de la communion du corps du Christ, tous sont consolés et soutenus; on les exhorte à prier Dieu, qui peut détourner tous les dangers, à être prêts pour la vie ou pour la mort, et s'il n'est pas possible que ce calice passe loin d'eux (1), à accomplir la volonté de celui qui ne peut rien vouloir de mal.

9. Vous voyez maintenant ce que vous n'aviez pas vu en m'écrivant, tout le bien que trouvent les peuples chrétiens, lorsqu'au milieu de leurs malheurs les ministres du Christ ne leur manquent pas; vous voyez aussi tout le mal que fait l'absence de ceux-ci quand ils cherchent leurs intérêts et non point les intérêts de Jésus-Christ (2); quand ils n'ont pas la charité dont il a été dit qu'elle ne cherche point son bien propre (3); ils n'imitent pas celui qui a dit: «Je ne cherche pas ce qui m'est utile, mais ce qui est utile à plusieurs, pour qu'ils soient sauvés (4).» Cet Apôtre ne se serait pas dérobé aux menaces de son persécuteur, s'il n'avait pas voulu se conserver pour d'autres à qui il était nécessaire; c'est pourquoi il dit: «Je me sens pressé des deux côtés; j'ai un ardent

1. Mt 26,42. - 2. Ph 2,21. - 3. 1Co 13,5. - 4. 1Co 10,33.

désir d'être dégagé des liens du corps et d'être avec le Christ, ce qui serait bien meilleur: mais il est nécessaire pour vous que je demeure en cette vie (1).»

10. Ici quelqu'un dira peut-être que les ministres de Dieu doivent se dérober aux. maux dont on est menacé, afin de se conserver pour le bien de l'Eglise en des temps plus paisibles. Quelques-uns ont raison de faire ainsi, lorsque d'autres sont là pour remplir les devoirs du ministère ecclésiastique. Nous avons dit qu'Athanase avait fait cela; les catholiques savent combien ce grand homme était nécessaire à l'Eglise, et quels services il lui a rendus en défendant de bouche et de coeur la vérité contre les ariens. Mais quand le péril est commun; quand il est à craindre que la fuite de qui que ce soit n'ait l'air d'avoir été déterminée par la peur de la mort au lieu des intérêts de l'Eglise, et qu'on ne fasse plus de mal en s'éloignant qu'on ne pourrait être utile en sauvant sa vie, il ne faut fuir sous aucun prétexte. Enfin, ce ne fut pas de lui-même, mais ce fut à la prière de ses serviteurs que le roi David consentit à ne plus s'exposer aux périls des batailles, de peur que «le flambeau d'Israël ne s'éteignît (2),» comme il est dit dans l'Ecriture; autrement son exemple aurait fait bien des lâches: ils auraient cru que David avait pris cette résolution, non pour l'avantage des autres, mais dans le trouble de la peur.

11. Voici une autre question que nous ne devons pas négliger. S'il est bon que quelques ministres, aux approches d'un grand désastre, s'éloignent afin de se conserver pour ceux qui survivront à ces malheurs, que faire quand tous paraissent devoir périr, excepté ceux qui prendront la fuite? Que faire encore si la rage ennemie n'en veut qu'aux ministres de l'Eglise? Que dirons-nous? L'Eglise doit-elle être délaissée par la fuite des ministres, de peur de l'être plus misérablement par leur mort? Mais si les laïques ne sont pas menacés, ils peuvent cacher de quelque manière leurs évêques et leurs clercs; ils le peuvent par le secours de Celui qui est le maître de toutes choses, et qui peut conserver, par une miraculeuse puissance, celui-là même qui ne fuit pas. Toutefois nous cherchons ce qu'il faut faire, pour n'être pas accusés de tenter Dieu en lui demandant toujours des miracles. Il n'en est pas de ce péril, qui menace à la fois les laïques et les clercs, comme du péril

1. Ph 1,23. - 1R 11,17

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qui menace en mer les marchands et les matelots montés sur le même navire; à Dieu ne plaise cependant que nous estimions assez peul notre vaisseau pour que les matelots et surtout le pilote doivent l'abandonner au moment du danger, lors même qu'ils pourraient se sauver en sautant dans un esquif ou en se. jetant à la nage! Ce que nous craignons pour les fidèles ainsi abandonnés, ce n'est pas cette mort temporelle, qui doit tôt ou tard venir; c'est la mort éternelle, qui peut venir, si on n'y prend garde, et qui peut aussi être évitée par une pieuse vigilance. Mais, dans un danger commun de cette vie, pourquoi croire que, partout où éclatera l'ennemi, tous les clercs mourront et non pas tous les laïques, et que ceux à qui nous sommes nécessaires ne périront pas comme nous? pourquoi ne pas espérer que si des laïques survivent, des clercs survivront aussi pour leur donner les secours du sacré ministère?

12. Qu'il serait beau que, parmi les ministres de Dieu, il y eût une sainte et héroïque dispute pour savoir qui devrait rester, afin que l'Eglise ne fut point délaissée par la fuite de tous, et qui devrait s'enfuir afin que l'Eglise ne fut point délaissée par la mort de tous! Voilà le combat qui se verra au milieu de ceux dont le coeur brûle du feu de la charité, et dont la sainte ambition est de plaire à la charité. Si la dispute ne pouvait pas se terminer autrement, il faudrait tirer au sort pour voir qui resterait ou qui partirait; car ceux qui diraient que c'est à eux à s'en aller, paraîtraient des lâches devant le danger; ou des arrogants qui croiraient devoir être conservés comme plus nécessaires à l'Eglise. Les meilleurs peut-être préféreront donner leur vie pour leurs frères; et ceux gui se préserveront par la fuite seront les moins utiles, comme moins habiles dans le ministère et le gouvernement des âmes: mais si la piété les anime, ils s'opposeront aux desseins de leurs collègues plus disposés à!a mort qu'à la fuite, et dont la vie est plus nécessaire aux intérêts chrétiens. Il est écrit: «Le sort apaise les querelles; il juge entre les puissants (1);» car dans les perplexités de ce genre, Dieu juge mieux que les hommes, soit qu'il daigne appeler les meilleurs au martyre et épargner les faibles, soit qu'il donne à ceux-ci, dont la vie est moins précieuse à l'Eglise que la vie des autres, la force de tout souffrir jusqu'à la mort.

1. Pr 18,18.

Cette voie du sort aurait bien quelque chose d'extraordinaire; mais si la chose se faisait ainsi, qui oserait contestera qui, à moins d'ignorance ou d'envie, ne le trouverait bon? Si ce moyen ne plait pas, parce qu'on n'en rencontre aucun exemple dans l'Eglise, que la fuite des ministres de Dieu ne prive, point les fidèles des secours dont ils auraient un si grand besoin au milieu de situations terribles. Si quelqu'un parait l'emporter sur d'autres par quelque grâce, qu'il ne s'estime pas assez pour se juger plus digne de vivre, et à cause de cela plus digne de fuir. Quiconque le penserait serait trop content de lui-même; et quiconque le dirait, déplairait à tous.

13. Il y en a qui croient que les évêques et les clercs, quand ils demeurent -au milieu de tels périls, trompent les peuples, parce que les peuples ne songent pas à fuir tant qu'ils voient leurs chefs parmi eux. Mais la réponse à cette objection ou à ce reproche est facile; on n'a qu'à dire aux peuples: Ne vous abusez pas sur le péril parce que nous restons ici; ce n'est pas pour nous, mais pour vous que nous demeurons, de peur que rien ne vous manque de ce qui est nécessaire à votre salut dans le Christ. Si vous voulez fuir, vous nous affranchirez des liens qui nous retiennent. Ceci, je crois, doit se dire quand on croit véritablement utile de se retirer en des lieux sûrs. Cela entendu, si tous ou quelques-uns répondent: Nous sommes sous la main. de Celui dont personne ne peut éviter la colère, en quelque endroit qu'on aille; de Celui dont on peut éprouver la miséricorde en tous lieux, lors même qu'on veut rester là où l'on se trouve, soit que des empêchements nous y retiennent, soit qu'on ne se soucie pas d'aller péniblement à des asiles incertains pour ne faire que changer de périls; alors, sans aucun doute, des ministres de Dieu doivent demeurer avec eux. Mais si, après avoir entendu l'avertissement de leurs, pasteurs, les peuples aimaient mieux s'en aller, les pasteurs qui demeuraient à cause d'eux n'auraient plus à rester avec eux, puisqu'il n'y aurait plus personne pour qui ils dussent rester encore.

14. Ainsi donc, quiconque se retire sans que, par sa fuite, les fidèles soient privés du sacré ministère, fait ce que le Seigneur prescrit ou permet, mais celui qui fuit de manière à dérober au troupeau du Christ la nourriture spirituelle dont il a besoin, est un mercenaire: (67) il voit venir le loup et s'enfuit, parce qu'il n'a pas soin des brebis.

Voilà, mon cher frère, la réponse à votre lettre; je vous ai dit ce que je crois être la vérité et la vraie charité. Si vous trouvez un avis qui vous semble meilleur, je ne vous empêche pas de le suivre. Toutefois, en ces tristes temps où nous sommes, nous n'avons rien de mieux à faire que de prier le Seigneur notre Dieu qu'il ait pitié de nous. Des hommes sages et saints, par la grâce de Dieu, ont ainsi mérité de vouloir et de pouvoir rester fidèlement avec leurs églises, et les contradictions de personne ne les ont détournés de leur dessein.




LETTRE CCXXIX. (Année 429)

Darius, personnage important de la cour impériale, fut le négociateur qui réconcilia le comte Boniface avec l'impératrice Placidie; il obtint des vandales une trêve qui, malheureusement, ne fut pas longue. C'est à l'occasion de cette paix, accueillie en Afrique avec tant de joie, que saint Augusutin écrivit à Darius la lettre suivante.

AUGUSTIN A SON ILLUSTRE ET MAGNIFIQUE SEIGNEUR, A DARIUS, SON TRÈS-CHER FILS EN JÉSUS-CHRIST, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

1. Je sais par mes saints frères et collègues Urbain et Novat quel homme vous êtes: l'un vous a vu à Hilari, du côté de Carthage, et récemment encore à Sicca; l'autre, à Sétif. Grâce à eux, je ne puis plus dire que je ne vous connais pas. Quoique mes infirmités et le froid des ans ne m'aient pas permis de m'entretenir avec vous, je ne puis pas dire que je ne vous ai jamais vu. Les paroles de l'un, quand il a daigné venir vers moi, et une lettre de l'autre m'ont bien montré, non point votre visage, mais la face de votre âme: je vous ai vu d'une façon d'autant plus douce qu'elle a été plus intérieure. Vous avez la joie de retrouver, et nous retrouvons avec vous, comme dans un miroir, cette face intérieure de vous-même dans ce passage de l'Evangile où Celui qui est la Vérité a dit: «Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu (1).»

2. Les hommes de guerre ont leur grandeur et leur gloire, non-seulement ceux qui sont les plus intrépides, mais encore, ce qui est plus vraiment digne de louange, ceux qui dans les combats se montrent les plus fidèles à leurs devoirs: sous la protection et avec le secours

1. Mt 5,9.

de Dieu, ils domptent l'ennemi par leurs travaux et leur courage, et leurs efforts vainqueurs donnent la paix à la république et aux provinces. Mais il est plus glorieux de tuer la guerre par la parole que de tuer les hommes par le fer, et de gagner et d'obtenir la paix par la paix que par la guerre. Ceux qui combattent, s'ils sont bons, cherchent sans aucun doute la paix, mais ils la cherchent en répandant le sang; vous, au contraire, vous êtes envoyé pour empêcher que le sang de personne ne coule: une nécessité terrible est imposée aux autres; à vous est échue une félicité. C'est pourquoi, mon illustre et magnifique seigneur, mon très-cher fils en Jésus-Christ, réjouissez-vous de ce bien si grand et si véritable, et jouissez-en en Dieu, qui vous a fait ce que vous êtes et vous a confié de tels intérêts. Que le Seigneur confirme ce qu'il nous a fait par vous (1)! Agréez ce salut et daignez y répondre. Mon frère Novat, d'après ce qu'il m'écrit, a voulu que votre excellence et votre sagesse me connût par quelques-uns de mes ouvrages. Si donc vous avez lu les livres de moi qu'il vous a donnés, moi aussi j'apparais à votre oeil intérieur. Ils ne vous auront pas beaucoup déplu si vous les avez lus avec plus de charité que de sévérité. Ce ne sera pas trop, mais ce sera un présent que je recevrai avec bien du plaisir, si vous m'écrivez une lettre en échange de celle-ci et des différents ouvrages de moi qui sont entre vos mains. Je salue avec l'amour que je lui dois ce gage de paix (2), que vous avez heureusement reçu de la bonté du Seigneur notre Dieu.

1. Ps 47,29. - 2. Vérimodue, fils de Darius.




LETTRE CCXXX. (Année 429)

Darius répondit à saint Augustin; c'est une lettre d'enthousiasme pour l'évêque d'Hippone. Il est heureux que le grand évêque lui ait écrit; il serait plus heureux encore s'il pouvait le voir. Darios souhaite que la trêve conclue avec les vandales puisse devenir une paix durable. Il a lu quelques ouvrages de saint augustin et voudrait bien lire les Confessions. En demandant à l'évêque d'Hippone son intercession auprès de Jésus-Christ, il rappelle la prétendue correspondance entre Abgare et le Sauveur.

DARIUS A SON SEIGNEUR AUGUSTIN, SALUT.

1. Plût à Dieu, mon saint père et Seigneur, que de même que mon nom a été porté à vos oreilles par la grâce bienveillante de vos collègues Urbain et Novat, (68) ainsi le Dieu de tous, votre Dieu, m'eût présenté moi-même à vos mains et à vos yeux! Ce n'est pas que votre jugement plus sûr m'eût trouvé plus grand que je ne vous ai apparu à travers les discours obligeants et les lettres de tels hommes, et peut-être je ne vous eusse pas semblé tel qu'ils m'ont peint auprès de vous; mais j'aurais voulu recueillir de votre bouche même les fruits immortels de votre sagesse qui vient du ciel, et recevoir à leur source intarissable les flots si purs et si doux de votre génie. Je n'aurais pas dit de moi alors comme dans je ne sais quel auteur: O trois et quatre fois heureux! Mais mille et mille fois heureux, s'il m'avait été donné de voir la céleste lumière de votre visage, d'entendre votre divine voix qui chante ce qui est divin, et de recevoir directement de vous-même, avec tous les ravissements de l'oreille et du coeur, vos admirables enseignements! J'aurais cru recevoir, non pas du haut du ciel, mais dans le ciel môme, les lois de l'immortalité, et entendre comme des voix de Dieu, non pas loin du temple, mais au pied même du trône de sa gloire.

2. Je méritais peut-être ce bonheur à cause de mon ardent désir de vous voir; je ne le méritais pas, je l'avoue, à cause des péchés qui chargent ma conscience. Pourtant j'ai recueilli malgré l'absence de grands fruits de ce bon désir, et de nouveaux biens sont venus mettre le comble à mon bonheur: j'ai été recommandé à celui que je désirais tant connaître, et je l'ai été par deux saints évêques qui habitent, des lieux différents. L'un vous a parlé de moi avec bienveillance, comme j'ai déjà dit: c'est en votre présence qu'il a rendu témoignage de moi; l'autre, animé des mêmes sentiments, en a laissé voter vers vous l'expression dans une lettre. Leur témoignage glorieux m'a fait auprès de vous une couronne, non pas avec des fleurs dont l'éclat passe vite, mais avec des pierres précieuses qui durent toujours. Priez donc Dieu pour moi, mon saint père, intercédez pour moi, je vous en conjure, afin que je puisse devenir un jour tel qu'on m'a représenté devant vous, car à présent je sens combien je suis peu digne d'un si grand témoignage. Les deux saints évêques m'ont déjà dédommagé de tout ce que me tait perdre mon éloignement de vous, puisque vous avez daigné me parler, m'écrire, me saluer, et dans l'absence vous rapprocher de moi. C'est vous, après Dieu, que je m'affligeais de ne pas voir, et c'est de vous que je voulais être connu. Vous n'avez pas vu mon visage comme vous le dites; mais ce qui vaut mieux, vous avez vu la face de mon âme, et vous aimiez d'autant plus à me voir que c'était plus avant dans moi-même. Que Dieu fasse, ô mon père, que je réponde à la bonne opinion que vous avez de moi, et que ma conscience ne me montre pas trop différent de l'image que vous vous êtes faite!

3. Dans votre divine et céleste lettre, vous dites avec cette éloquence qui ne vous manque jamais quand vous voulez louer, vous dites que j'ai tué la guerre par la parole. Ici, mon saint père, mon esprit, sortant en quelque sorte des ténèbres de ses pensées, a reconnu la vérité de la louange qui m'était donnée. Pour tout dire brièvement et simplement à votre béatitude, si nous n'avons pas éteint la guerre, nous l'avons certainement suspendue; et avec le secours du souverain Maître de toutes choses, les maux, qui étaient montés jusqu'au comble, se sont ralentis. Mais j'espère du dispensateur de tout bien, et l'abondante bénédiction de votre lettre m'en est un bon présage, que cette trêve aura la solidité durable de la paix. Appuyé sur la loi de Dieu, vous me dites de me réjouir de ce que vous appelez un grand et véritable bien, et d'en jouir en Dieu, qui m'a fait «ce que je suis, et m'a confié de tels intérêts.» Et vous ajoutez: «Que Dieu confirme ce qu'il nous a fait par vous.» Voilà des veaux qui ne sont pas seulement pour moi, mais pour le salut de tous. Ma gloire ici ne saurait se séparer du bien commun, et pour que je puisse être heureux par vos prières, il faut que tous soient heureux avec moi. Puissiez-vous, ô mon père, former longtemps des voeux pareils pour l'empire romain, pour la république romaine, pour tous ceux qui vous paraîtront dignes de vos prières, et quand vous monterez au ciel, les laisser à la postérité, les recommander à ceux qui vous suivront!

4. Peut-être me suis-je étendu plus que je n'aurais dû, mais j'ai conversé avec vous bien moins que je n'aurais voulu. Je vous l'avoue, en vous écrivant, je me crois en votre présence; quoique mon langage soit inculte, et que de temps en temps les expressions me manquent, je ne me lasse pas de vous parler, comme si je conversais avec vous. Jugez par là de mon désir de vous voir. J'aurais dû déjà finir cette lettre, dont la longueur verbeuse vous déplaît peut-être; mais j'écarte la crainte pour céder au plaisir, et il me semble que cesser de vous parler, ce serait vous quitter. Je veux terminer, mais je ne le puis; vous m'en croirez, ô mon père! vous étiez au plus profond de mon âme depuis que, non content de vous connaître par votre grande et glorieuse renommée, j'avais voulu vous connaître par vos ouvrages; mais cette courte lettre que vous m'avez adressée a allumé dans mon coeur les flammes du plus vif amour pour vous. Je suis chrétien, né de parents et d'aïeux chrétiens; cependant, quelque chose du paganisme m'était resté, et c'est en vous lisant que j'ai appris à me séparer tout à fait de ces vaines superstitions du passé. Je demande que vous daigniez nous envoyer les livres des Confessions que vous avez écrits, car si d'autres aussi nous ont donné vos écrits avec un empressement aimable et un coeur bienveillant, combien plus encore ne devez-vous pas nous les refuser vous-même!

5. On dit que, pendant que le Christ, Notre-Seigneur et notre Dieu, demeurait dans le pays de Judée, et avant qu'il fût retourné à son royaume du ciel, un satrape, ou plutôt un roi lui écrivit une lettre. Il était malade, et hors d'état de se rendre lui-même auprès du Sauveur, et suppliait Celui qui est le salut et le remède du monde d'aller le trouver, car il ne pensait pas pouvoir guérir autrement. Mais de peur de manquer de respect à la grande majesté (69) du Christ, qu'il pressentait sans la connaître tout à fait, il loua la ville où il résidait, afin que, séduit par la beauté de la ville et la réception royale qui l'attendait, le Christ ne repoussât point sa prière. Dieu vint au secours du roi; il le guérit, et, dans une lettre où il mettait le comble à ses divines faveurs, il ne lui envoya pas seulement la santé qu'il demandait comme homme, il lui envoya même la sécurité dont il avait besoin comme roi: il ordonna que la ville où il faisait sa demeure ne serait jamais prise par les ennemis (1). Que peut-on ajouter à de tels bienfaits? Pour moi, pauvre que je suis, et serviteur des rois, je vous demande, à vous, mon seigneur, de prier chaque jour pour moi le Christ, notre roi et notre pieu; priez-le, sans vous lasser jamais, afin qu'il me pardonne mes péchés, et demandez-lui pour moi ce que vous voudrez vous-même.

6. Si la longueur de ma lettre vous ennuie, armez-vous de votre patiente magnanimité, ne l'imputez qu'à vous, puisque c'est vous qui m'avez ordonné de vous écrire. Je vous prie cependant et vous supplie de m'écrire de nouveau; je pourrai conjecturer ainsi que ma lettre ne vous aura pas déplu. Plaise à Dieu que vous puissiez encore prier pour nous durant de longues années, ô mon seigneur et mon père véritablement saint! Notre fils Virimodus salue votre béatitude; il se réjouit beaucoup que vous ayez bien voulu parler de lui dans votre lettre. Nous avons remis pour vous au prêtre Lazare je ne sais quels remèdes donnés par notre médecin: celui-ci assure que ces remèdes ne contribueront pas peu au soulagement de vos douleurs et à la guérison de votre maladie.

1. La critique historique a depuis longtemps fait justice de la fabuleuse correspondance entre Jésus-Christ et Abgare, qui n'était pas un satrape, comme dit Darius, mais un roi dont l'autorité s'étendait sur le pays d'Edesse, en Mésopotamie. Eusèbe, il est vrai, cite, dans son Histoire ecclésiastique, les deux lettres originairement écrites en langue syriaque; mais le silence de l'antiquité chrétienne prouve suffisamment que ces deux pièces sont fausses. Saint Augustin, dans sa réponse à Darius, qu'on lira tout à l'heure, ne parle pas de ces deux lettres, ce qui prouve qu'il n'y croyait pas Soixante-cinq ans plus tard, un concile tenu à Rome, sous le pape Gélase, rejetait comme apocryphe la prétendue réponse de Jésus-Christ au roi Abgare.





Augustin, lettres - LETTRE CCXXVI. (Année 429)