Augustin, Sermons 184

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SERMON CLXXXIV. POUR LE JOUR DE NOEL. I. ABAISSEMENT ET ÉLÉVATION.

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ANALYSE. - Si le Fils de Dieu en se faisant homme avait cessé d'être Dieu, on comprendrait la répugnance des sages du monde à croire ce mystère et l'inutilité pour nous de l'Incarnation. Mais en devenant ce que nous sommes, Jésus n'a rien perdu de ce qu'il était, et en s'abaissant jusqu'à nous, il veut nous élever jusqu'à lui. Que tous donc se réjouissent et contemplent avec ravissement les merveilles de cette naissance temporelle, où brille quelque éclat de la génération éternelle.

1. C'est aujourd'hui que revient et que brille parmi nous la solennité anniversaire de la naissance de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ; aujourd'hui que la Vérité s'est élevée de terre et que le jour issu du jour a paru pour être notre jour: réjouissons-nous donc et tressaillons d'allégresse. Eh! que ne devons-nous point aux abaissements de cette incomparable Majesté? La foi des chrétiens le connaît et le coeur des impies n'y comprend rien. C'est que Dieu a caché ces merveilles aux sages et aux prudents et les a dévoilées aux petits (1). Que les humbles donc s'attachent à ces abaissements d'un Dieu, et appuyée sur ce puissant secours, leur faiblesse pourra s'élever jusqu'à sa hauteur.

1. Mt 11,25

Pour ces sages et ces prudents qui ne cherchent en Dieu que grandeurs sans croire à ses abaissements, en ne voulant pas de ceux-ci ils n'atteindront pas à celles-là: esprits vains et légers, qui n'ont pour eux que l'enflure et l'orgueil, ils sont comme suspendus entre le ciel et la terre, toujours agités par le souffle des vents. Sans doute ils sont sages et prudents, mais pour ce monde et non. pour Celui qui a fait le monde. Ah! s'ils avaient cette vraie sagesse, cette sagesse de Dieu qui n'est autre que Dieu même, ils comprendraient que Dieu a pu prendre un corps sans devenir corps; ils comprendraient qu'il est devenu ce qu'il n'était pas, sans cesser d'être ce qu'il était; qu'il est venu à nous comme homme, sans s'éloigner de son Père; qu'en demeurant ce qu'il était, il s'est montré ce que nous sommes; et qu'en incarnant sa puissance dans le corps d'un enfant, il ne l'a pas moins appliquée au gouvernement du monde. Lui qui a créé l'univers en demeurant dans le sein de son Père, a donné à une Vierge d'enfanter, pour venir à nous. N'y a-t-il pas un reflet de sa toute-puissance dans cette Vierge qui devient mère et qui reste Vierge après l'avoir mis au monde comme avant de le concevoir; qu'un homme trouve enceinte, sans qu'aucun homme y ait contribué; qui porte un homme dans son sein, sans le concours d'aucun homme, et qui sans rien perdre de son intégrité emprunte à sa fécondité un nouveau bonheur et une gloire nouvelle? Plutôt que d'ajouter foi à d'aussi étonnantes merveilles, (152) ces orgueilleux aiment mieux croire qu'elles sont de notre part de simples fictions. Aussi, ne pouvant se résoudre à voir l'humanité dans un Dieu fait homme, ils dédaignent le Christ; et parce qu'ils sentent la divinité au-dessus de leurs mépris, ils ne croient pas en lui. Mais, plus ils dédaignent les abaissements d'un Dieu fait homme, plus nous devons les aimer; et plus il leur semble impossible qu'une Vierge ait donné le jour à un homme, plus nous y devons voir l'empreinte de la puissance divine.

2. Célébrons donc cette naissance du Seigneur avec tout l'empressement et la solennité qui conviennent. Hommes et femmes, tressaillez de joie, car le Christ s'est fait homme en naissant d'une femme et en honorant ainsi les deux sexes. Que tous les hommes s'attachent au second homme, puisque tous ont été condamnés avec le premier. Une femme nous avait inoculé la mort; une femme a pour nous enfanté la vie. Pour purifier la chair de péché, elle a donné naissance à une chair semblable seulement à la chair de péché (1). Ne condamnez donc pas la chair, détruisez seulement le péché pour faire vivre la nature. Pour rendre en lui une vie nouvelle au pécheur, un homme ne vient-il pas de naître sans péché?

1. Rm 8,3

Réjouissez-vous, saints jeunes hommes, qui vous êtes attachés, avec un soin particulier, à marcher sur les traces du Christ et qui avez renoncé aux unions charnelles. Ce n'est point par le moyen d'une union charnelle que le Christ s'est présenté à vous; ainsi voulait-il vous servir de modèle et vous faire la grâce de dédaigner l'union qui vous a fait naître. En effet n'êtes-vous pas redevables de votre naissance à cette union charnelle en dehors de laquelle le Christ vient vous convier à une union toute spirituelle? et tout en vous appelant à des noces ne vous a-t-il pas accordé de mépriser d'autres noces? Ainsi vous ne voulez point pour vous de ce qu'il vous a donné l'existence; c'est que vous aimez, plus que beaucoup d'autres, Celui qui n'est pas né comme vous.

Réjouissez-vous, vierges saintes: une Vierge a enfanté pour vous l'Epoux auquel vous pourrez vous attacher sans contracter aucune souillure; et en ne concevant ni en enfantant vous ne pourrez perdre le trésor que vous chérissez. Réjouissez-vous, justes: voici la naissance de Celui qui fait les justes. Réjouissez-vous, infirmes et malades: voici la naissance du Sauveur. Réjouissez-vous, captifs; voici la naissance du Rédempteur. Réjouissez-vous, serviteurs: voici la naissance de votre Seigneur. Réjouissez-vous, hommes libres: voici naître Celui qui donne la liberté, Réjouissez-vous, chrétiens: voici la naissance du Christ.

3. En naissant de sa Mère il fait de ce jour un jour mémorable pour tous les siècles, comme il a créé tous les siècles en naissant de son Père. Il ne pouvait avoir de mère dans sa génération éternelle; et il n'a point voulu d'homme pour père dans sa génération temporelle. Ainsi le Christ est né à la fois et d'un père et d'une mère, et sans père et sans mère: d'un père, comme Dieu, et d'une mère, comme homme; sans mère, comme Dieu, et sans père, comme homme. «Qui expliquera sa génération (1)»; soit la première qui est en dehors du temps, soit la seconde qui est en dehors de l'homme; soit la première qui est sans commencement, soit la seconde qui est sans précédent; soit la première qui n'a jamais été sans être, soit la seconde qui ne s'est jamais reproduite, ni avant ni après; soit la première qui n'a point de fin, soit la seconde qui a aujourd'hui son commencement, mais quand aura-t-elle une fin? Il était donc juste que les prophètes annonçassent sa naissance future, que les cieux et les anges publiassent sa naissance accomplie. Il reposait dans une étable, et il gouvernait le monde; enfant sans parole, il était la Parole même; les cieux ne sauraient le contenir, et une femme le portait sur son sein; oui, elle dirigeait notre Roi, elle portait Celui qui nous porte, elle allaitait Celui qui nous nourrit de lui-même. Quelle incontestable faiblesse! quel abaissement prodigieux! et pourtant la divinité tout entière y est enfermée. L'enfant dépendait de sa mère, et sa puissance la conduisait; il prenait son sein, et il la nourrissait de la vérité.

Ah! qu'il mette en nous le comble à ses dons, puisqu'il n'a pas dédaigné de partager nos commencements; qu'il nous rende fils de Dieu, puisqu'il a voulu, pour notre amour; devenir fils de l'homme.

1. Is 53,8




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SERMON CLXXXV. POUR LE JOUR DE NOEL. II. JUSTIFICATION DE L'HOMME.

ANALYSE. - Si le Christ s'est tant abaissé, ce n'était pas pour son avantage, mais pour le nôtre; c'était pour nous justifier et conséquemment pour nous donner la pais et le bonheur.

1. Qu'est-ce que la naissance du Seigneur? C'est la Sagesse de Dieu se montrant sous les formes d'un enfant; c'est le Verbe de Dieu faisant entendre dans la chair des sons inarticulés. Mais ce Dieu caché saura se faire rendre témoignage par le ciel devant les Mages, et se faire annoncer aux bergers par la voix des anges. Ainsi nous célébrons aujourd'hui le jour anniversaire de celui où s'accomplit cette prophétie: «La Vérité s'est levée sur la terre, et la justice nous a regardés du haut des cieux (1)». La Vérité qui est dans le sein du Père s'est levée sur la terre, pour être aussi dans le sein d'une mère. La Vérité qui porte le monde s'est levée sur la terre, pour être portée sur les mains d'une femme. La Vérité qui nourrit d'elle l'inaltérable bonheur des Anges, s'est levée sur la terre pour vivre elle-même du lait d'une mère. La Vérité que ne saurait contenir le ciel s'est levée sur la terre, pour être déposée dans une étable.

Pour l'avantage de qui cette incomparable grandeur se présente-t-elle à nous sous de si prodigieux abaissements? Ce n'est pas assurément pour son avantage; mais, si nous croyons, il en résultera pour nous des biens immenses. O homme, éveille-toi; c'est pour toi que Dieu s'est fait homme. «Toi qui dors, lève-toi; lève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera (2)». Oui, c'est pour toi que Dieu s'est kit homme; et s'il n'était né dans le temps, éternellement tu serais mort; jamais tu ne serais délivré de cette chair de péché, s'il n'en avait pris la ressemblance; s'il ne te faisait une si grande miséricorde, tu serais livré à une misère sans fin; tu n'aurais point recouvré

1. Ps 124,12 - 2. Ep 5,14

la vie, s'il ne s'était assujetti à mourir comme toi; tu aurais succombé, s'il ne t'avait secouru; tu aurais péri, s'il n'était venu.

2. Ainsi célébrons avec joie le jour de notre salut et de notre rédemption; célébrons le jour solennel où le grand jour, où le jour éternel qui naît d'un jour également grand et éternel également, fait son entrée dans notre jour temporel et si court. C'est lui qui «est devenu pour nous et justice, et sanctification, et rédemption, afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur (1)». Ah! nous devons nous garder de ressembler à ces Juifs orgueilleux «qui ignorent la justice de Dieu, qui veulent établir la leur, et qui se soustraient ainsi à la divine justice (2)». Aussi après ces mots: «La Vérité s'est levée sur la terre», lisons-nous aussitôt ceux-ci: «Et la justice a regardé du haut du ciel». C'est pour détourner la faiblesse des mortels de chercher à s'attribuer cette justice, à s'approprier les dons divins; pour empêcher l'homme de prétendre qu'il se justifie, c'est-à-dire qu'il se rend juste lui-même et de dédaigner ainsi la justice de Dieu. «La Vérité s'est levée sur la terre»: le Christ a dit: «Je suis la Vérité (3)», et il est né d'une Vierge. - «Et la justice a regardé du haut du ciel»; car en croyant à l'Enfant nouveau-né, l'homme est justifié, non par lui-même, mais par Dieu. «La Vérité s'est levée sur la terre»; car «le Verbe s'est fait chair (4)». - «Et la justice a regardé du haut du ciel»; car «tout bien excellent et tout don parfait vient d'en-haut (5)». «La Vérité s'est levée sur la terre»; la chair est née de Marie. «Et la

1. 1Co 1,30-31 - 2. Rm 10,3 - 3. Jn 14,16 - 4. Jn 1,14 - 5. Jc 1,17

justice a regardé du haut du ciel»; car «l'homme ne peut rien recevoir qui ne lui ait été donné du ciel (1)».

3. «Ainsi donc justifiés par la foi, ayons la paix avec Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur; par qui aussi nous avons accès à cette grâce où nous sommes établis et où nous nous glorifions dans l'espoir de la gloire de Dieu (2)». Vous reconnaissez avec moi, mes frères, ces quelques paroles de l'Apôtre. J'aime d'en rapprocher quelques paroles aussi du psaume que nous citons et de découvrir le rapport qui les unit. «Justifiés par la foi, soyons en paix avec Dieu»; c'est que «la justice et la paix se sont embrassées. - Par Jésus-Christ Notre-Seigneur»; car «la Vérité s'est levée sur la terre. - Par qui aussi nous avons accès à cette grâce où nous sommes établis, et où nous nous glorifions dans l'espoir de la gloire de Dieu». Il n'est pas dit: De notre gloire, mais: «De la gloire de Dieu». Aussi ce n'est pas de nous que vient la justice; «elle a regardé du haut du ciel». - De là vient «que celui qui se glorifie doit se glorifier dans le Seigneur». C'est pourquoi lorsque la Vierge eut donné naissance au Seigneur dont nous

1. Jn 3,27 - 2. Rm 5,1-2

célébrons aujourd'hui la Nativité, les anges chantèrent cet hymne: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre au hommes de bonne volonté (1)». Eh! d'où vient cette paix donnée à la terre, sinon de ce que «la Vérité s'est levée sur la terre»; de que le Christ a reçu une naissance charnelle? Et «c'est Lui qui est notre paix, puisque de deux choses il en a fait une (2)»; en nous rapprochant par les doux liens de l'unité, pour faire de nous des hommes de bonne volonté.

Ah! réjouissons-nous de cette grâce, afin de mettre notre gloire dans le témoignage de notre conscience; afin de nous y glorifier, non pas en nous, mais dans le Seigneur. Voilà pour quoi il est écrit: «C'est vous qui êtes ma gloire et qui m'élevez la tête (3)». Dieu lui. même pouvait-il faire briller à nos yeux une grâce plus généreuse? Il n'a qu'un Fils unir que et il fait de lui un Fils de l'homme, afin d'élever le Fils de l'homme jusqu'à la dignité, de Fils de Dieu! Cherche ici quel est notre, mérite, quelle est notre justice, quel motif détermine le Seigneur: découvriras-tu autre chose que sa grâce?

1. Lc 2,14 - 2. Ep 2,14 - 3. Ps 3,4




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SERMON CLXXXVI. POUR LE JOUR DE NOEL. III. LE FILS DE DIEU DEVENU FILS DE L'HOMME.

ANALYSE. - De ce qu'en s'incarnant le Verbe de Dieu n'a rien perdu de ce qu'il était, plusieurs concluent qu'on ne peut dire que le Fils de Dieu soit devenu Fils de l'homme. Ils se trompent, malgré la droiture de leurs intentions, et cette manière de parler est conforme au langage habituel des Ecritures.

1. Réjouissons-nous, mes frères; que les peuples tressaillent de bonheur et d'allégresse. Ce n'est pas ce soleil visible, mais son invisible Créateur qui a fait pour nous de ce jour un jour sacré; quand devenu visible pour l'amour de nous, l'invisible Créateur de sa mère est né de son sein fécond sans aucune atteinte à sa pureté virginale; car elle est restée Vierge en concevant son Fils, Vierge en l'enfantant, Vierge en le portant, Vierge en le nourrissant de son sein, Vierge toujours.

Pourquoi t'étonner de ceci, ô mortel? Il fallait qu'en daignant se faire homme Dieu naquît de cette sorte, et qu'il formât ainsi Celle qui devait lui donner le jour. En effet, il était avant de naître, et avec sa toute-puissance, il (155) pouvait naître tout en demeurant ce qu'il était. Il se créa donc une Mère tout en demeurant dans le sein de son Père; et naissant d'elle, il ne cessa de demeurer en Lui. Et comment aurait-il cessé d'être Dieu en se faisant homme; puisqu'il accordait à sa Mère de ne cesser pas d'être Vierge, tout en l'enfantant? Aussi en se faisant chair le Verbe n'a point péri, il ne s'est point transformé en chair; c'est la chair qui s'est unie au Verbe pour ne point périr: et comme il y a dans l'homme une âme et un corps, le Christ est Dieu et homme tout à la fois. Ainsi l'homme est Dieu, et Dieu est homme; il n'y a pas de confusion de nature, mais unité de personne. Ainsi encore le Fils de Dieu, qui est coéternel à son Père en naissant éternellement de lui, a commencé, en naissant d'une Vierge, à être fils de l'homme; et c'est ainsi que l'humanité s'est jointe en lui à la divinité, sans former pourtant une quatrième personne et sans ajouter à la Trinité.

2. Ne vous laissez donc pas gagner au sentiment de certains esprits trop peu attentifs à la règle de foi et aux divins oracles des Ecritures. Le Fils de l'homme, disent-ils, est devenu Fils de Dieu, mais le Fils de Dieu n'est pas devenu fils de l'homme. En parlant ainsi ils pensent bien, mais ils ne savent s'exprimer correctement. Que veulent-ils dire, sinon que à nature humaine a pu s'améliorer et que la nature divine n'a pu se détériorer? Ce qui est incontestable. Cependant, quoique la divinité ne se détériore d'aucune manière, le Verbe ne s'est pas moins fait chair. L'Evangile en effet ne dit pas: La chair s'est faite Verbe; mais: «Le Verbe s'est fait chair». Or, le Verbe est Dieu, puisqu'il est écrit: «Et le Verbe était Dieu (1)». Quant à la chair, ne désigne-t-elle pas l'homme, car le Christ ne se l'est point unie sans prendre l'âme en même temps? Aussi dit-il. «Mon âme est triste jusqu'à la mort (2)». Mais si le Verbe est Dieu et si la chair est l'homme même, que signifie: «Le Verbe s'est fait chair», sinon: Dieu s'est fait homme; sinon encore: Le Fils de Dieu s'est fait fils de l'homme, en prenant une nature inférieure et sans changer sa divine nature; en s'unissant ce qu'il n'était pas, sans rien perdre de ce qu'il était?

1. Jn 1,1-14 - 2. Mt 26,38

Comment d'ailleurs confesserions-nous, d'après la règle de la foi, que nous croyons au Fils de Dieu qui est né de la Vierge Marie, si de la Vierge Marie était né, non pas le Fils de Dieu, mais le Fils de l'homme? Quel chrétien nierait qu'elle a donné le jour au Fils de l'homme, mais aussi que Dieu s'étant fait homme, l'homme est ainsi devenu Dieu? Car «le Verbe était Dieu, et le Verbe s'est fait chair». Reconnaissons-le donc: le Fils de Dieu, pour naître de la Vierge Marie, est devenu fils de l'homme en prenant une nature d'esclave; en restant ce qu'il était, il est devenu ce qu'il n'était pas; il a commencé à être ce qui le rend inférieur à son Père, tout en conservant ce qui le rend un avec lui.

3. Si le Sauveur, qui est toujours le Fils de Dieu, n'était pas devenu réellement fils de l'homme, comment l'Apôtre dirait-il de lui «Ayant la nature de Dieu, il n'a pas cru usurper en se faisant égal à Dieu; cependant il s'est anéanti lui-même en prenant la nature d'esclave, en devenant semblable aux hommes et en se montrant homme partout l'extérieur?» Il n'est pas ici question d'un autre; c'est l'égal du Père, dont il possède la divine nature; c'est le Fils unique de Dieu qui «s'est anéanti lui-même en devenant semblable aux hommes». Ce n'est pas un autre non plus, c'est encore l'égal du Père dont il a la nature divine, qui «a humilié», non pas un étranger, mais «Lui-même, en devenant obéissant jusqu'à la mort et jusqu'à la mort de la croix (1)». Or, le Fils de Dieu n'a fait cela qu'autant qu'il est fils de l'homme et qu'il en a pris la nature.

De plus, si étant éternellement le Fils de Dieu, il n'était pas devenu fils de l'homme, l'Apôtre dirait-il aux Romains: «Choisi pour «l'Evangile de Dieu, qu'il avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes «Ecritures, touchant son Fils, qui lui est né de la race de David selon la chair (2)?» Voilà bien le Fils de Dieu, le Fils éternel de Dieu, devenu membre de la race de David selon la chair, sans en avoir toujours été membre.

De plus encore, si le Fils de Dieu ne s'était pas fait fils de l'homme, «Dieu aurait-il envoyé son Fils, formé d'une femme (3)?» Remarquons que ce dernier terme en hébreu désigne simplement le sexe sans contester la gloire de la virginité. Or, qui a été envoyé par le Père, sinon son Fils unique? Et comme

1. Ph 2,6-7 - 2. Rm 1,1-3 - 3. Ga 4,4

156

a-t-il été formé d'une femme, sinon en devenant fils de l'homme quand il a été envoyé, lui qui dans le sein de son Père est le Fils même de Dieu?

Il naît de son Père en dehors du cours du temps, et c'est aujourd'hui qu'il est né de sa Mère. Après avoir créé ce jour il l'a choisi pour y être créé lui-même, comme après avoir créé sa Mère il l'a choisie pour naître d'elle. Ce jour, d'ailleurs, à partir duquel le jour grandit, ne convient-il pas à la mission du Christ, par qui de jour en jour se renouvelle en nous l'homme intérieur (1)? Et puisque l'éternel Créateur daignait dans le temps devenir créature, ne devait-il pas avoir pour jour de naissance un jour qui indiquât ce qu'il venait créer dans le temps?

1. 2Co 4,16




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SERMON CLXXXVII. POUR LE JOUR DE NOEL. IV. JÉSUS-CHRIST DIEU ET HOMME.

ANALYSE. - Pour expliquer comment le Verbe de Dieu en se faisant homme ne perd rien de sa divinité, saint Augustin le compare à la parole ou plutôt à la pensée humaine qui se donne à tous sans s'épuiser ni s'amoindrir, et qui ne perd pas sa nature en prenant dans la voix une espèce de corps. Le saint Docteur prouve ensuite par plusieurs textes de l'Ecriture que le Sauveur n'a rien changé dans sa nature divine en s'unissant à la nature humaine.

1. Ma bouche va publier la gloire du Seigneur; de ce Seigneur par qui tout a été fait et qui a été formé lui-même avec tout; qui a montré son Père et qui a créé sa Mère. Fils de Dieu, il a un Père et point de mère; Fils de l'homme, il a une Mère et point de père; il est à la fois le grand jour des anges et parmi les hommes une petite lumière; Verbe de Dieu avant tous les temps, Verbe fait chair au temps convenable; Créateur du soleil et créé lui-même sous le soleil; du sein de son Père gouvernant tous les siècles et du sein de sa Mère consacrant le jour présent; demeurant dans l'un, sortant de l'autre; formant le ciel et la terre, naissant sous le ciel et sur la terre; ineffablement sage, et sagement enfant; remplissant le monde, et couché dans une étable; dirigeant les astres, et pressant le sein maternel; si grand avec sa nature de Dieu, et si petit avec sa nature d'esclave, que sa petitesse ne diminue en rien sa grandeur et que sa grandeur n'accable en rien sa petitesse. En effet, en prenant un corps humain il n'a pas interrompu ses oeuvres divines; et il a continué d'atteindre avec force d'une extrémité jusqu'à l'autre et de tout disposer avec douceur (Sg 8,1), lorsque se revêtant de l'infirmité de la chair il est entré sans s'y enfermer dans le sein d'une Vierge; et que, sans ôter aux anges l'aliment divin de sa sagesse, il nous a donné de pouvoir goûter combien le Seigneur et doux.

2. Pourquoi voir avec surprise ces merveilles dans le Verbe de Dieu, quand notre propre parole entre si libre dans l'esprit qu'elle y pénètre sans y être enfermée? Effectivement si elle n'y pénétrait, elle ne l'éclairerait pas; et si elle y était enfermée, elle n'entrerait pas dans d'autres esprits. Tout formé qu'il soit de mots et de syllabes, le discours que je vous adresse en ce moment n'est point découpé par vous en morceaux, comme la nourriture matérielle; tous vous l'entendez tout entier, est tout entier recueilli par chacun de vous. Nous ne craignons pas en vous l'adressant que l'un s'empare de tout sans laisser rien à l'autre. Au contraire nous demandons devons une telle attention, attention de corps et (157) attention d'esprit, que chacun entende tout et permette aux autres d'entendre également tout. De plus, il n'y a pas ici succession, en ce sens que l'un devrait d'abord recueillir la parole, puis la passer à un autre; c'est au même moment qu'elle se présente à tous et que tout entière elle se fait entendre de chacun; et si le discours pouvait être retenu totalement par la mémoire, chacun de vous en retournant l'emporterait tout entier, comme vous vouliez tous en venant l'entendre tout entier. Donc ce Verbe de Dieu par qui tout a été fait et qui renouvelle tout sans sortir de lui-même; qui ne s'arrête point dans l'espace, qui ne s'allonge point avec le temps, que ne diversifient point des syllabes brèves ou longues, qui n'est pas une suite de sons et que ne termine point le silence; à combien plus forte raison ce Verbe immense a-t-il pu, en prenant un corps, féconder le sein de sa Mère sans quitter le sein de son Père; sortir de l'un pour se montrer aux hommes, rester dans l'autre pour éclairer les anges; venir de l'un sur la terre, et dans l'autre déployer le ciel; dans l'un se faire homme, et dans l'autre créer les hommes?

3. Nul donc ne doit croire que le Fils de Dieu se soit changé et altéré pour devenir Fils de l'homme; croyons plutôt que sans rien changer à sa divine substance et en prenant dans toute sa perfection la nature humaine, il demeure Fils de Dieu tout en devenant fils de l'homme. Car, s'il est écrit: «Le Verbe était Dieu»; et encore: «Le Verbe s'est fait chair (Jn 1,1-14)»; ce n'est pas pour faire entendre qu'en se faisant chair il ait cessé d'être Dieu; n'est-il pas dit qu'après sa naissance charnelle ce Verbe fait chair est «Emmanuel ou Dieu avec nous (Mt 1)?» Pour s'échapper par notre bouche, notre pensée intérieure devient une voix, sans pourtant se changer en voix. Cette pensée reste sans altération lorsqu'elle prend une voix pour se produire; elle demeure en nous pour continuer à se faire comprendre, pendant que le bruit la porte au dehors pour la faire entendre; ce bruit ne dit rien autre chose que ce qui avait frappé dans le silence. Ainsi, tout en devenant voix, ma pensée ne se confond pas avec elle; elle reste dans la lumière de l'intelligence, et quand elle s'unit au bruit que fait mon organe, c'est pour arriver à vos oreilles sans quitter mon esprit. Remarquez-le: je parle ici non pas de la méditation silencieuse qui cherche des expressions grecques, latines ou de tout autre langue; mais de la méditation qui cherche la pensée même avant de s'occuper du langage, lorsque cette pensée, qui a besoin, pour se produire, du vêtement de la parole, est en quelque sorte, dans le sanctuaire intérieur, toute nue aux yeux de l'intelligence. Et pourtant cette pensée de l'intelligence, comme le son qui l'exprime, est muable et changeante; il n'en reste rien quand on l'a oubliée, comme il ne reste rien de la parole quand on a fait silence. Mais le Verbe de Dieu subsiste éternellement, et subsiste immuablement.

4. Aussi lorsqu'il a pris un corps dans le temps afin de partager notre vie temporelle, il n'a point perdu son éternité, mais au corps même il a conféré l'immortalité. C'est ainsi que «pareil à l'époux quittant sa couche nuptiale, il s'est élancé comme un géant pour parcourir sa carrière (Ps 18,6). - Il avait la nature de Dieu et ne croyait pas usurper en s'égalant à Dieu»; mais afin de devenir pour nous ce qu'il n'était pas, «il s'est anéanti lui-même», non pas en perdant sa divine nature, mais en prenant une nature d'esclave»; et par cette nature «il est devenu semblable aux hommes et s'est montré homme», non point par sa propre substance, mais «par l'extérieur (Ph 2,6-7)». Par l'extérieur, car tout ce que nous sommes, nous, dans l'âme ou dans le corps, est notre nature; pour Jésus-Christ, c'est l'extérieur. Si nous n'avions notre nature, nous n'existerions pas; pour lui, s'il ne l'avait pas, il n'en serait pas moins Dieu. Quand il l'a prise, il s'est fait homme en restant Dieu; de manière qu'il peut dire de lui ces deux choses également incontestables, l'une, qui a trait à son humanité: «Le Père est plus grand que moi (Jn 14,28)»; l'autre, qui a rapport à sa divinité: «Mon Père et moi nous sommes un (Jn 10,30)». Car si le Verbe s'était confondu avec la chair, Dieu avec l'homme, il aurait pu dire à la vérité: «Mon Père est plus grand que moi», puisque Dieu est plus grand que l'homme; mais nullement: «Mon Père et moi nous sommes un»; attendu que l'homme n'est pas une même chose avec Dieu. Tout au plus aurait-il pu s'exprimer (158) ainsi: Mon Père et moi nous ne sommes pas, mais nous avons été un; car il ne serait plus ce qu'il aurait cessé d'être. Cependant la nature d'esclave qu'il s'est unie lui a permis de dire: «Mon Père est plus grand que moi»; et la nature divine qu'il n'a pas quittée, de dire aussi avec vérité: «Mon Père et moi nous sommes un». Si donc il s'est anéanti au milieu des hommes, ce n'était pas pour cesser d'être ce qu'il était en devenant ce qu'il n'était pas; c'était pour voiler ce qu'il était et pour montrer ce qu'il était devenu.

Aussi la Vierge ayant conçu et mis au monde ce Fils en qui se manifestait la nature d'esclave, «un enfant nous est né (Is 9,6)»; et le Verbe divin qui subsiste éternellement s'étant fait chair pour habiter parmi nous en voilant, tout en la conservant, sa divine nature, nous lui donnons avec Gabriel «le nom d'Emmanuel», Puisqu'il s'est fait homme en demeurant Dieu, nous avons le droit de donner à ce fils de l'homme le nom de «Dieu avec nous»; sans que l'homme soit en lui une autre personne que Dieu.

Tressaille donc, ô monde des croyants, puisque pour te sauver est venu parmi nous le Créateur même du monde. Le Père de Marie est ainsi le Fils de Marie; le Fils de David, la Seigneur de David; le descendant d'Abraham existait avant Abraham; celui qui a formé la terre a été formé sur la terre; le Créateur du ciel a été créé sous le ciel; il est en même temps le jour qu'a fait le Seigneur, le jour et le Seigneur de notre coeur. Marchons à sa lumière, réjouissons-nous en lui et soyons transportés d'allégresse.




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SERMON CLXXXVIII. LE BUT DE L'INCARNATION. V.

ANALYSE. - Pourquoi un Dieu, si grand que nous ne pouvons parler convenablement de lui, s'est-il abaissé jusqu'à se faire petit enfant? C'était pour notre bien, pour appliquer à nos maux les remèdes les plus capables de nous guérir. il montre dans la magnificence de ses desseins en accordant à Marie le double privilège de la virginité et de la maternité réunies.

1. Entreprendrons-nous de louer le Fils de Dieu tel qu'il est dans le sein de son Père, égal et coéternel à son Père, lui en qui tout a été formé au ciel et sur la terre, les choses visibles et les choses invisibles, lui le Verbe de Dieu et Dieu en même temps, lui la vie et la lumière des hommes? Aucune pensée, aucune parole humaine n'en seraient capables. Pourquoi s'en étonner? Notre langue pourrait-elle en effet célébrer dignement Celui que notre coeur ne saurait voir encore, quoique le Verbe y ait ouvert un oeil qui pourra le contempler lorsque nous serons purifiés de nos iniquités, guéris de nos infirmités et parvenus à la béatitude que goûteront les coeurs purs en voyant Dieu (1)? Oui, pourquoi s'étonner que nous ne trouvions pas de paroles pour exprimer cette Parole unique qui nous a appelés à l'existence et invités à dire d'Elle quelque chose? Cool notre esprit qui forme les paroles que nous méditons et que nous produisons au dehors; mais notre esprit est formé à son tour par cette Parole suprême. Quand l'homme forme en soi des paroles, il n'agit pas comme a agi le Verbe en le formant lui-même; parce que le Père n'agit pas non plus en engendrant son Verbe comme en créant tout par lui. C'est un Dieu qu'engendre alors un Dieu; et le Fils

1. Mt 5,8

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engendré n'est qu'un même Dieu avec son Père. Quant au monde, Dieu l'a créé; et le monde passe, tandis que Dieu demeure; et comme rien de ce qui est fait n'a pu se faire, ainsi Celui qui a pu tout faire n'a été fait par personne. Il n'est donc pas surprenant qu'ayant été fait comme tout le reste, l'homme ne trouve point de paroles pour expliquer la Parole qui a fait tout.

2. En écoutant toutefois et en réfléchissant un peu, peut-être pourrons-nous parler avec quelque convenance et quelque dignité, non «pas du Verbe en tant qu'il était au commencement, qu'il était en Dieu et qu'il était «Dieu», mais du Verbe en tant qu'il «s'est fait chair»; peut-être pourrons-nous parler du motif pour lequel il «a habité parmi nous (1)». Ne permettrait-il point de parler de lui là où il s'est rendu visible? et n'est-ce point parce qu'il a voulu se montrer à nos yeux que nous solennisons ce jour où il a daigné naître d'une Vierge? N'a-t-il pas voulu aussi que des hommes rapportassent à leur manière cette génération humaine; au lieu que dans cette haute éternité où il est né égal à Dieu son Père, «qui rapportera sa génération (2)?» Il n'y a point là de jour particulier à célébrer avec plus de solennité; le jour n'y passe point pour revenir chaque année, car il y est sans fin comme il y a été sans commencement; et ce jour éternel n'est autre que le Verbe unique de Dieu, lui qui est la vie et la lumière des hommes; au lieu que le jour actuel où après s'être incarné il s'est montré comme l'époux qui sort du lit nuptial, s'appelle maintenant aujourd'hui comme demain s'appellera hier; et si ce jour actuel tend à glorifier le Fils éternel de la Vierge, c'est que lui-même l'a consacré en naissant d'elle aujourd'hui.

Comment donc louer cet amour d'un Dieu? comment lui rendre grâces? Quelle affection en effet ne nous témoigne-t-il pas? C'est lui qui a fait les temps, et pour nous il est né dans le temps; son éternité le rend bien plus ancien que le monde, et pour nous il s'est fait dans le monde plus jeune que beaucoup de ses serviteurs; il a fait l'homme et il s'est fait homme; il est né d'une Mère après l'avoir créée, il est prié sur les bras que lui-même a formés, attaché au sein qu'il remplit, faisant entendre dans une étable les vagissements inarticulés

1. Jn 1,1-14 - 2. Is 53,8

de l'enfance muette, quand il est le Verbe sans lequel est réduite au silence toute éloquence humaine.

3. Contemple, ô mortel, ce que Dieu s'est fait pour toi; et de ce docteur qui ne parle pas encore apprends combien sont profonds ses abaissements. Telle était ta faconde au paradis terrestre qu'elle te permit de donner des noms à tout être vivant (1): et ton Créateur, pour l'amour de toi, est couché sans parole, sans appeler même sa Mère par son nom. Dans ce parc immense couvert d'arbres chargés de fruits, tu t'es perdu en négligeant d'obéir; et lui est descendu par obéissance et comme un mortel dans cette étroite demeure pour y chercher les morts en se dévouant à mourir. Tu n'étais qu'un homme et, pour ta perte, tu as voulu être Dieu (2); lui était Dieu, et, pour retrouver ce qui était perdu, il a voulu se faire homme. Enfin tu t'es laissé tellement accabler par l'orgueil humain, que tu n'as pu être relevé que par une humilité divine.

4. Avec joie donc célébrons ce jour où on a vu Marie enfanter son Sauveur; une femme l'Instituteur de l'union conjugale, une Vierge le Roi des vierges, une épouse devenir mère sans époux, une Vierge rester toujours Vierge, pendant comme avant le mariage, en portant dans son sein et en allaitant son Fils. Ce Fils tout-puissant aurait-il, après sa naissance, dépouillé sa sainte Mère de cette virginité qui avait attiré sors choix avant sa naissance? La fécondité du mariage est louable sans doute; mais l'intégrité virginale est préférable encore. Aussi le Christ fait homme, le Christ qui est en même temps Dieu et homme, ayant comme Dieu le pouvoir d'octroyer à sa Mère ce double privilège, ne lui accorderait pas le moindre, celui que convoitent les époux, pour la dépouiller du plus précieux, de celui qu'ambitionnent les vierges en dédaignant de devenir mères.

De là vient que l'Eglise, qui est vierge aussi, célèbre aujourd'hui le miraculeux enfantement de cette Vierge. N'est-ce pas à l'Eglise que l'Apôtre a dit: «Je travaille à vous présenter, comme une vierge chaste, au Christ votre unique Epoux (3)?» Composée de ces peuples nombreux formés des deux sexes, de tant de jeunes hommes et de tant de jeunes filles, de pères et de mères unis par les liens du mariage, comment l'Eglise est-elle appelée une vierge

1. Gn 1,19-20 - 2. Gn 3 - 3. 2Co 11,12

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chaste, sinon à cause de l'intégrité de sa foi, de son espérance et de sa charité? Le Christ voulait donc se former une Eglise qui fût vierge de coeur; c'est pourquoi il a conservé à Marie la virginité du corps même. Dans les unions humaines une femme est livrée à son mari pour n'être plus vierge; et l'Église ne pourrait demeurer vierge, si elle n'avait pour Époux de son coeur le Fils même d'une Vierge.





Augustin, Sermons 184