Augustin, Sermons 2011

2011

ONZIÈME SERMON. POUR LA NAISSANCE DE SAINT JEAN-BAPTISTE

ANALYSE. – 1. Qui a préparé une lumière, pour qui et quelle lumière.- 2. Modestie de Jean-Baptiste.- 3. Dignité de Jean-Baptiste.- 4. Mystère de la Trinité, co-éternité du Père et du Fils. - 5. La Trinité se manifeste au baptême du Christ.- 6. Quels sont les ennemis occultes du Christ.- 7. Quels sont les ennemis déclarés dit Christ. - 8. Récapitulation et exhortation.

1. Nous tenons à votre charité, et dans la maison de Dieu, le langage du psaume que l'on vient de chanter. Quel est celui qui dit «J'ai préparé une lampe à mon Christ; je couvrirai ses ennemis de confusion, et sur lui éclatera la gloire de nia sainteté (1)?» Quelle est aussi cette lampe préparée à son Christ, et quels sont les ennemis du Christ que, par cette lampe, il doit couvrir de confusion; quelle est la sainteté de celui qui a préparé cette lampe à son Christ, laquelle doit éclater par ce même Christ? Ce qui est

1. Ps 131,17-18

manifeste, ce que l'on voit clairement, dans toutes ces paroles, c'est que le Prophète dit ici: «A mon Christ». Or, il est impossible de n'entendre pas ici le Christ notre Seigneur et Sauveur; et, en sondant, avec le secours de Dieu, la profondeur de cette parole, nous la mettons dans la bouche de Dieu le Père. Le Père donc, ou la personne de Dieu le Père, dit par la bouche du Prophète: «J'ai préparé une lampe à mon Christ». Or, il est inutile de dire longuement à des chrétiens que le Christ de Dieu est aussi le Fils de Dieu. Après avoir découvert la personne de l'interlocuteur,

(1) On lit dans le manuscrit, fol. 26: Sermon de saint Augustin, évêque, sur la fête du bienheureux Jean-Baptiste. - C'est un traité sublime de la Trinité, remarqué par Possidius dans l'Indic. Opp. c. 8, sous ce titre: Sur ce verset du psaume CXXXI: J'ai préparé une lampe à mon Christ.

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voyons quelle est cette lampe que Dieu le Père a préparée à son Fils. Le Seigneur lui-même a dit de Jean-Baptiste «Celui-là était une lampe ardente et brillante, et pour un peu de temps vous avez voulu vous réjouir à sa lumière (1)». Il appelle donc Jean-Baptiste une lampe allumée à la source de la lumière, pour rendre témoignage à la vérité. Tel était donc l'aveuglement des hommes, tel était pour eux la faiblesse de l'oeil intérieur, qu'il leur fallut une lampe pour chercher le soleil de justice. Qu'un homme ait pur l'oeil du coeur, il le verra intérieurement et ne cherchera point une lampe qui lui rende témoignage. Après avoir dit, en effet, de cette lampe: «Pour un peu de temps, vous avez voulu vous réjouir à sa clarté», le Sauveur ajoute: «Pour moi, j'ai un témoignage plus grand que celui de Jean (2)». C'est donc pour les infirmes qui sont dans les ténèbres qu'on allume cette lampe, et comment l'allumer? Le Père, en parlant de Jean, dit à son Fils: «Voilà que j'envoie devant vous mon ange, qui préparera la voie devant votre face (3)». C'est ainsi qu'il prépare une lampe à sons Christ.

2. Comment, par cette lumière, a-t-il couvert ses ennemis de confusion? Mais tout d'abord, voyez, comme nous l'avons dit, que cette lampe est allumée au foyer de la lumière. Saint Jean lui-même rend ce témoignage: «Pour nous, c'est de sa plénitude que nous avons reçu (4)». Or, telle était la suréminente de Jean, qu'on ne le regardait pas seulement comme envoyé devant le Christ, mais comme le Christ lui-même. Dès lors, si la lampe eût été éteinte et enfumée par les ténèbres de l'orgueil, quand les Juifs lui envoyèrent une députation et lui demandèrent:«Qui êtes-vous (5)? Etes-vous le Christ? ou Elie? ou le Prophète?» il eût répondu: Je le suis. Belle occasion de jactance pour lui, puisque l'erreur des hommes lui déférait les honneurs divins. Lui-même cherchait-il à persuader ce que ses interrogateurs lui demandaient les premiers? Mais il est un humble envoyé qui va préparer la voie au Très-Haut. De là vient qu'il est l'ami de l'Epoux, parce qu'il est le serviteur qui connaît son maître. Et il dit: «Je suis la voix de celui qui crie

1. Jn 5,35 - 2. Jn 5,36 - 3. Ml 3,1 Mt 11,10 - 4. Jn 1,16 - 5. Jn 1,19

au désert: Préparez les voies au Seigneur, rendez droits ses sentiers (1)». Je ne suis ni le Christ, ni Elie, ni le Prophète. Et eux: «Qui donc êtes-vous?» Et que leur répondit-il? «Je suis la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez la voie du Seigneur». Déjà Isaïe avait fait cette prédiction (2); et l'on voit ici de qui il veut parler. Vous avez lu, nous dit-il, ces paroles dans le prophète Isaïe, et peut-être ne saviez-vous de qui il parlait. Or, c'est de moi qu'il parlait ainsi. Combien il s'abaisse, celui qui, tout à l'heure, était élevé au point qu'on le prenait pour le Christ! oui, voyez combien il s'abaisse! «Pour moi», dit-il, «je vous baptise dans l'eau, mais celui qui vient après moi est plus grand que moi (3)». Il pourrait être proclamé un peu plus grand que lui (4). Jean le proclame absolument plus grand que lui. Mais, dites-nous, de combien est-il plus grand? «Je ne suis pas digne de dénouer les cordons de ses souliers (5)», nous dit-il.

3. Voyez déjà, dans les plans divins, pourquoi Jean est envoyé avant le Christ. Voyez combien il est inférieur, et combien, de son aveu, le Christ est plus grand, puisqu'il se dit indigne de dénouer les cordons de ses souliers. Combien est grand celui qui se dit indigne de dénouer les cordons de ses souliers? Quelle est sa grandeur? Où la chercher? Si nous le demandons à Jean, nous ne le saurons point; il s'humilie, ne dit rien de lui-même, ni selon la vérité; ni par jactance. Quelle est donc la grandeur de Jean qui n'est pas digne de dénouer les cordons des souliers de celui que l'on regarde comme un homme; qui nous l'apprendra? Interrogeons le Seigneur lui-même, et disons-lui: Seigneur, voilà que Jean vous a rendu témoignage; et telle était sa grandeur parmi les hommes, qu'on le prenait pour le Christ et qu'on lui demandait qui il était, et il répondait qu'il n'était point le Christ, qu'un autre viendrait plus grand que lui, et tellement plus grand, qu'il n'était pas digne de lui délier les cordons de ses souliers. Il a parlé de vos clartés supérieures comme une lampe fidèle. Voilà ce que Jean a dit de vous. Voyons, quel est celui qui a ainsi parlé de vous, combien est grand celui qui s'est ainsi humilié devant!

1. Mt 3,3 - 2. Is 11,3 - 3. L'éditeur avoue que cette phrase est difficile à comprendre. 4. Lc 3,26 - 5. Lc 3,26

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vous, et qui a proclamé en vous une si grande supériorité sur lui-même. Quel est-il? Voilà ce qu'il a dit de vous. Mais vous, parlez-nous de lui. Ecoutez ce que le Seigneur nous dit à propos de Jean: «Parmi ceux qui sont nés à des femmes, nul n'est plus grand que Jean-Baptiste (1)». Et que dit-il encore? «Mais «celui qui est moindre, est plus grand que lui dans le royaume des cieux (2)». Ici, le Seigneur se désigne lui-même; car Dieu ne se montre point quand il proclame sa grandeur. Qu'est-ce a dire: «Celui qui est moindre?» Celui qui vient après par l'âge, est le premier par la majesté. Car Notre-Seigneur Jésus-Christ est né après Jean, mais en ce qu'il s'est fait pour nous, et non en ce qu'il nous a faits. Ecoute le Père proclamer que celui qui est né après Jean, «il l'a engendré», non plus avant Jean, non plus avant David, non plus avant Abraham, mais, «avant l'aurore (3)». Si donc, par condescendance pour notre faiblesse, la lampe a précédé le plein jour, et si l'on a cru que la lampe était la lumière, combien plus devons-nous croire à la lumière qui nous dit de la lampe, que «nul d'entre les fils des femmes n'est plus grand que Jean-Baptiste?» Quand donc cet homme qui n'avait point de supérieur parmi les hommes, se reconnaît indigne de dénouer les cordons des souliers d'un autre, quel est cet autre, pour qu'il ne se croie pas digne de dénouer les cordons de ses souliers, celui-là même qui n'a point de supérieur? Si Jean est tellement grand que nul homme n'était plus grand que lui, quiconque est plus grand que lui, n'est déjà plus un homme. Or, il est bien juste que la sainteté de Dieu s'épanouisse sur celui qui est plus qu'un homme, et qui s'est fait homme à cause des hommes.

4. C'est en effet sur lui que le Saint-Esprit est descendu en formé de colombe: la fleur de la sainteté, sous l'image de la colombe, sous une forme simple et innocente, s'est montrée pleinement à Jean, accomplissant cet oracle: «Et sur lui s'épanouit la fleur de ma sainteté. Pour moi», dit-il, «je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé

1. Mt 11,11- 2. L'éditeur trouve que la ponctuation du saint docteur est meilleure ici que dans les exemplaires grecs et latins, qui disent ici et dans saint Lc 7,28: Qui autem minor est in regno coelorum, major est illo. Quel serait ce moindre du royaume des cieux, glus grand que Jean-Baptiste? 3. Ps 109,3

baptiser dans l'eau m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et se reposer, c'est celui-là qui baptise dans le Saint-Esprit. Et moi», poursuit-il, «je l'ai vu et je rends ce témoignage que c'est l'élu de Dieu (1)». De qui rend-il ce témoignage? De celui sur lequel il a vu fleurir la sainteté du Père. D'où a-t-il vu descendre l'Esprit-Saint? car jamais le Saint-Esprit n'a été séparé du Fils, non plus que le Fils du Saint-Esprit, ni le Fils du Père, ou le Père du Fils, ou le Saint-Esprit du Fils ou du Père. Ni le Père n'est venu quelque temps avant le Fils, ni le Fils quelque temps après le Père; car le temps n'est point en eux. Le Père, le Fils, le Saint-Esprit sont un même Dieu qui a créé le temps. Il n'y a donc point lieu de dire: Le Père est le premier, le Fils le second. D'où vient le Père, de là aussi vient le Fils. Mais, diras-tu, d'où vient le Père? Te voilà par la pensée bien au-dessus de la terre, et du ciel, et des anges, des choses visibles et des choses invisibles, bien au-dessus de tout ce qui est créé, et tu demandes: Où commence le Père? Ce langage ne convient pas à ce qui est éternel. Ne demande point l'origine, si ce n'est pour ce qui commence. Ne t'enquiers point d'où vient ce qui est le commencement de tout ce qui commence, et qui n'a son commencement en rien, puisqu'il n'a point commencé. Or, comme le Père n'a point commencé, le Fils n'a point commencé non plus, mais le Fils est la splendeur du Père. Ainsi la clarté du feu vient d'où vient aussi le feu et la splendeur du Père vient d'où vient le Père. Or, d'où vient le Père? de l'éternité et pour l'éternité. De même la splendeur du Père vient de l'éternité pour l'éternité, et néanmoins, comme il est sa splendeur, son Fils, bien qu'il n'ait pas commencé dans le temps, il est engendré par le Père. Qui comprendra ces choses? Purifie ton coeur, secoue la poussière, efface toute souillure. Apportons nos soins à guérir tout ce qui trouble notre oeil intérieur, et alors nous apparaîtra ce que l'on nous enseigne et ce que l'on croit avant de le voir.

5. Nous croyons, néanmoins, mes frères. Que croyons-nous? Que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne se devancent nullement parle temps. Et toutefois, quoique le Père, le Fils et l'Esprit-Saint ne se devancent par aucun temps,

1. Jn 1,31-33

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je ne saurais certainement nommer le Père, le Fils et l'Esprit-Saint, sans que ces noms soient dans le temps et au pouvoir du temps. Il n'y a ni priorité dans le Père ni postériorité dans le Fils, et pourtant je n'ai pu les prononcer que l'un après l'autre, en donnant son temps à chaque syllabe, et la seconde syllabe n'a pu se faire entendre que la première ne fût passée. En nommant ce qui est au-dessus du temps, chaque syllabe a demandé un temps précis. C'est donc ainsi, mes frères, que toute la Trinité s'est montrée dans le fleuve, alors que Jean baptisait Notre-Seigneur, et que cette Trinité se révélait d'une manière sensible à notre chair. Jésus, en effet, fut baptisé, il sortit de l'eau et une voix vint du ciel: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances (1)». Le Fils se révéla dans l'homme, le Saint-Esprit dans la colombe, et le Père dans la voix. Une chose visible se montre visiblement, si tant est qu'on puisse appeler chose ce qui est plutôt la cause de toute chose, si tant est encore qu'elle soit cause. Que disons-nous, en effet, quand nous parlons de Dieu? Et pourtant nous parlons de lui, et il permet notre langage, lui qui n'est pas comme. nous pouvons l'imaginer. Mais, par condescendance pour les hommes, le voilà qui apparaît sous la forme de colombe, et ainsi s'accomplit cet oracle: «Sur lui s'épanouira la fleur de ma sainteté».«Fleurira», est-il dit: apparaîtra visiblement. Rien, dans un arbre, n'est aussi visible que la fleur, rien de plus apparent. Courage maintenant, nous voici arrivé aux dernières paroles de notre psaume: «Sur lui s'épanouira la fleur de ma sainteté (2)». Toutefois il me souvient que j'ai omis de dire quels sont ces ennemis que la lampe a couverts de confusion.

6. «J'ai préparé une lampe à mon Christ». Quelle lampe? Jean. C'est le Père qui parle ainsi du Fils. Interrogeons le Fils lui-même. «C'était une lampe ardente et brillante. Je revêtirai ses ennemis de confusion». Or, quels sont les ennemis déclarés du Christ, sinon les Juifs? Car le Christ a aussi des ennemis occultes. Tous ceux qui vivent dans l'iniquité, dans l'impiété, sont ennemis du Christ, bien qu'ils soient marqués de son nom et appelés chrétiens. C'est à eux qu'il sera dit: «Je ne vous connais point», et eux

1. Mt 3,17 - 2. Ps 131,18

répondront: «Seigneur, n'avons-nous pas bu et mangé en votre nom, et en votre nom encore fait beaucoup de prodiges (1)?» Qu'avons-nous mangé et bu en votre nom? Car ils n'attachaient pas un bien grand prix à leur nourriture, et ils prétendaient, par là, appartenir au Christ. Il est un aliment que l'on boit et que l'on mange, et qui est le Christ. Or, les ennemis du Christ le mangent et le boivent. Les fidèles connaissent l'Agneau sans tache dont ils se nourrissent, et puissent-ils s'en nourrir de manière à ne mériter aucun châtiment! Car l'Apôtre l'a dit: «Quiconque mange et boit indignement, mange et boit son propre jugement (2)». Ils sont donc ennemis du Christ, ceux qui préfèrent la vie d'iniquité à la vie qu'ils lui doivent, et qui redoutent son avènement quand on leur dit qu'il viendra juger les vivants et les morts. S'ils le pouvaient, ils l'empêcheraient de venir; et comme ils n'ont pu l'empêcher de venir, ils lui interdiraient le retour. Les Juifs ont déjà prétendu l'empêcher de revenir. Le Fils fut envoyé aux mauvais colons, à ces locataires perfides qui ne voulaient point payer le loyer, à ceux qui lapidaient les serviteurs qu'on leur envoyait. Alors le Père de famille, le Maître de la vigne se dit: «J'enverrai mon Fils, peut-être le respecteront-ils?» Mais eux songèrent et se dirent: «Voici l'héritier; allons, tuons-le, afin que l'héritage soit à nous. (3)» Impuissants à l'empêcher de venir de la part de son Père, ils voulurent lui interdire le retour à son Père. Mais à qui se prenaient-ils? Ils voyaient un homme mortel, qu'ils méprisaient; mais ils ne purent en lui tuer que la mort. La mort du Christ fut la mort de la mort elle-même. Pour lui, il est ressuscité et s'est élevé avec son Père, pour en revenir. Pourquoi craignez-vous? Aimez, et vous serez en sûreté. Ne disons- nous pas dans nos prières: «Que votre règne arrive (4)?» Nous prions donc, mes frères, et nous craignons d'être exaucés?

7. Mais ceux-là, comme nous l'avons dit, sont des ennemis occultes. Parlons de ces ennemis déclarés qui ont eu pour lui une haine ouverte, qui ont sévi contre lui, l'ont saisi, flagellé, insulté, crucifié, mis à mort, gardé dans le sépulcre. Voyons comment

1. Lc 13,26 Mt 7,22-23 - 2. 1Co 11,29 - 3. Lc 20,13-14 - 4. Mt 6,10

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cette lampe les a couverts de confusion. Quand ces mêmes ennemis virent que le Seigneur faisait des miracles, «Dis-nous», lui demandèrent-ils, «par quelle autorité tu fais ces choses (1)». Ils le questionnaient avec une intention hostile, afin de le saisir comme blasphémateur, s'il disait que c'est par sa propre autorité. Mais il agit comme il l'avait fait à propos de la pièce de monnaie, quand ils voulaient le calomnier. Si, d'une part, il répondait: Payez le tribut à César, ce qui eût été avilir la nation juive, en la déclarant assujétie et tributaire; que si, d'autre part, il disait: Ne payez point le tribut, ils devaient l'accuser, devant les amis et les ministres de César, comme empêchant de payer le tribut. Or, le Sauveur: «Montrez-moi», dit-il, «une pièce de monnaie; de qui sont cette image et cette inscription? De César», répondirent-ils. «Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (2)». C'était dire: «Si César recherche son image sur une pièce de monnaie, Dieu ne cherche-t-il point son image dans l'homme? De même, en cette occasion, ces calomniateurs «parlèrent en un coeur et en un coeur (3)». Ils n'eussent parlé qu'en un seul coeur, si, dans leur langage, ils n'eussent eu un coeur double, et, comme il a été dit plus haut, un coeur combiné, mais non simple. Voyez en effet quelle différence! Il est dit des serviteurs de Dieu que tous n'avaient qu'un même coeur: «Ils n'avaient qu'une même âme et un seul coeur (4)» en Dieu. Beaucoup d'hommes simples n'ont qu'un seul coeur; un seul homme fourbe a deux coeurs. Donc, parce que c'était dans un coeur et dans un coeur que ces hommes faisaient à Jésus cette question: «Dis-nous par quelle autorité tu fais ces prodiges?» Ils voulaient dire, d'une part: nous le déclarer, c'est gagner nos adorations; nous le déclarer, c'est avoir droit à nos respects; si tu nous le déclares, nous t'adorons; et d'autre part, car il y avait en eux duplicité: si tu le dis, nous t'accuserons; si tu le dis, nous aurons de quoi te saisir; si tu le dis, nous aurons de quoi te charger. Voilà des ennemis. Mais la lampe va les confondre. Tout à l'heure vous les verrez dans la confusion, Et maintenant qu'il est temps d'allumer nos lampes, que les ennemis du Christ soient confondus par cette lampe que le Père a préparée à son

1. Lc 20,2 - 2. Mt 22,19-21 - 3. Ps 11,3 - 4. Ac 4,32

Christ. «Car celui-là était une lampe ardente et brillante», nous dit le Sauveur lui-même. Que répond donc le Christ à leur question:, «Dis-nous avec quelle autorité tu fais ces prodiges? - Je vous ferai à mon tour une seule question. Dites-moi: Le baptême de Jean, d'où venait-il? Du ciel ou des hommes? Mais, dans leur trouble intérieur, ils se disaient: Si nous répondons: Du ciel, il nous dira: Pourquoi, ne croyez-vous pas en lui?» C'est-à-dire: Pourquoi me demander en vertu de quelle autorité j'opère ces prodiges, quand Jean m'a rendu le témoignage que vous me demandez? «Donc si nous répondons: Du ciel, il nous dira Pourquoi ne croyez-vous point en lui? Si nous disons: Des hommes, nous craignons le peuple, car tous regardent Jean comme un Prophète (1)». Partagés entre la crainte du peuple et la crainte de la vérité, envieux d'une part et craintifs d'autre part, et aveugles de part et d'autre, ils répondirent: «Nous ne savons». La lampe s'est montrée, les ténèbres ont fui. Bien qu'ils demeurassent présents de corps, en effet, leur coeur s'était enfui, quand ils répondirent qu'ils n'en savaient rien. La crainte est la marque d'un coeur qui fuit. Ils craignaient d'être lapidés par te peuple, s'ils disaient que le baptême de. Jean venait des hommes; ils craignaient d'être convaincus parle Christ, s'ils confessaient que le baptême de Jean était venu du ciel. Ils s'enfuirent avec honte. Le nom de Jean les remplit de crainte, et la crainte les mit en fuite. Et le Sauveur: «Je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité j'opère ces prodiges».

8. Jean-Baptiste est donc la lampe préparée au Christ Notre-Seigneur. Ses ennemis; qui l'interrogeaient pour le surprendre, se retirèrent avec confusion, quand parut la lumière de cette lampe. Alors s'accomplit cette parole: «Je couvrirai ses ennemis de confusion». Pour nous, mes frères, qui connaissons te Seigneur, et par son précurseur Jean-Baptiste, et même parle témoignage du Sauveur dont il disait: «J'ai un témoignage supérieur à Jean», devenons, par la foi au Christ, le corps de cette tête auguste, afin qu'il n'y ait qu'un seul Christ, tête et corps, et une fois que nous serons devenus «un», s'accomplira en nous cet oracle: «Sur lui s'épanouira ma sainteté».

1. Mt 21,21-27

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DOUZIÈME SERMON. POUR LA VIGILE DES APOTRES SAINT PIERRE ET SAINT PAUL (1).

ANALYSE.- 1. Pierre interroge trois fois par le Seigneur au sujet de son amour.- 2. Contre ceux qui divisent le troupeau du Seigneur.- 3. Contre les Donatistes qui renferment le troupeau du Seigneur dans l'Afrique.- 4. Aveuglement des Donatistes, plus grand encore que celui des Juifs.- 5. Eloignement du schisme.

1. Tout ce que l'on vient de vous lire du saint Evangile a été fait et dit après la résurrection du Seigneur. Nous avons dore entendu le Seigneur questionnant l'apôtre saint Pierre, et lui demandant s'il l'aimait (1). C'était ainsi le Seigneur qui s'adressait au serviteur, le Maître au disciple, le Créateur à l'homme, le Rédempteur à l'homme racheté, la force à la crainte, la science à l'ignorance, et, pour lui, se faire interrogateur, c'était se montrer enseignant. Car le Christ était loin d'ignorer rien de ce que Pierre avait dans le coeur. Il interroge une première fois. Pierre lui répond; mais cela ne suffit point. Il fait une seconde question, qui ne diffère nullement de la première, tandis que Pierre fait aussi la même réponse. Une troisième fois revient la question, et l'amour s'affirme une troisième fois. Jésus questionnait trois fois au sujet de son amour, celui que la crainte avait fait renier trois fois. Car, à la mort du Sauveur, Pierre craignit, et la crainte en fit un renégat. Mais le Seigneur, une fois ressuscité, lui mit au coeur l'amour qui bannit la crainte. Que pourrait dès lors craindre Pierre? Quand il renia son maître, il ne le renia. que par la crainte de mourir. Mais que peut-il craindre après la résurrection du Seigneur, en qui la mort est morte elle-même? car celui qui l'interrogeait, qui était vivant sous ses yeux, était celui-là même qu'on avait enseveli après sa mort. Il était là, celui qu'on avait suspendu à la croix. Quand les Juifs faisaient juger le Sauveur, Pierre interrogé, lui aussi; et ce qui est pire, interrogé par une femme, et ce qui est le comble de la honte, interrogé par une servante, Pierre fut saisi de crainte et renia son Maître. Il trembla à la question d'une

1. Jn 21

servante, il tint ferme à la question de son Maître. Or, comme il confessait son amour, une première,. une seconde et une troisième fois, le Seigneur lui confia ses brebis: «M'aimes-tu?» lui dit Jésus. «Seigneur, vous savez que je vous aime». Et le Seigneur: «Pais mes agneaux (1)». Et cela une fois, puis une seconde, puis une troisième fois, comme s'il n'y avait aucun autre moyen pour Pierre de montrer son amour pour le Christ, s'il n'était le pasteur fidèle sous le prince des pasteurs. «M'aimes-tu? Je vous aime (2)». Et que feras-tu pour moi, afin de lue montrer ton amour? Chétif mortel, due peux-tu donner à ton Créateur? Etre racheté en face de ton Rédempteur, tout au plus soldat en face de ton roi, que peut nie procurer ton amour? Que feras-tu, pour moi? Ce que j'exige uniquement de toi, c'est de «paître mes brebis (3)».

2. Voyez cependant, mes frères, la part que des serviteurs infidèles se sont faite dans le troupeau du Seigneur, en divisant ce qu'ils n'ont pas acheté. Il s'est rencontré, en effet, des serviteurs infidèles qui ont divisé le bercail du Christ, et qui, par une sorte de larcin, se sont fait des bénéfices de son troupeau, et vous leur entendez dire: Celles-ci sont mes brebis. Que viens-tu faire parmi mes brebis? Que je ne te trouve point dans mes brebis. Mais si, d'une part, nous disons mes brebis, et que d'autre part ils disent encore leurs brebis, le Christ a donc perdu les siennes. Figurez-vous le prince des pasteurs, le maître du troupeau, qui se tient debout, pour faire le discernement et juger entre ses serviteurs. Toi, que dis-tu? Voici mes brebis. Et toi, que dis-tu? Encore: Voici les miennes. Mais où

1. Jn 21,16 - 2. Jn 17 - 3. Jn 17

(1) Au manuscrit, fol. 28, on lit: «Sermon de Saint Augustin, évêque, pour la vigile des Apôtres».

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sont donc celles que j'ai rachetées? Mauvais serviteurs! Vous les appelez vos brebis, et vous revendiquez pour vous ce que j'ai racheté, vous qui périssiez si je ne vous eusse rachetés. Pour nous, à Dieu ne plaise que nous vous appelions nos brebis! Cette expression n'est point catholique, elle n'est point vraie, elle n'est point de Pierre, puisqu'elle est contre la Pierre.. Vous êtes brebis, mais de celui qui a racheté et vous et nous. Nous n'avons qu'un seul Seigneur. Il est pasteur, on ne saurait le conduire. Il fait paître ses brebis, et ce que nul ne fait à propos des brebis, il en a donné le prix et dressé le contrat. Le prix, c'est son sang; le contrat, c'est l'Evangile dont vous venez d'entendre la lecture. Que dit-il à Pierre? «M'aimes-tu? Je vous aime. Pais mes brebis». A-t-il dit les tiennes? Voulez-vous savoir à qui il dit les tiennes? Ecoutez donc ce livre sacré que l'on nomme Cantique des Cantiques. C'est là qu'il est parlé d'amour sacré, de l'Epoux, de l'Epouse, du Christ et de l'Eglise: et tout ce livre n'est qu'un chant nuptial, comme on dirait un Epithalame; mais le chant d'une couche sainte, d'une couche sans tache. «C'est dans le soleil qu'il a placé son tabernacle (1)»; c'est-à-dire au grand jour, en public, de manière à le mettre en vue et non à le dérober. «Et lui-même est comme un Epoux qui sort de son lit nuptial». Car il a pris une épouse, la chair de l'homme, son lit nuptial était le sein d'une vierge. C'est là qu'il s'est uni à l'Eglise, afin d'accomplir cet oracle: «Et ils seront deux dans une seule chair (2)».

3. Il s'établit donc un dialogue entre ces amants augustes, le Christ et l'Eglise. - L'Eglise s'écrie: «Dis-moi, ô toi qui chéris mon âme, où tu fais paître tes brebis, où tu les fais reposer à midi». Pourquoi te demander «où tu fais paître tes brebis, où tu les fais reposer pendant midi? C'est afin que je n'aille point tomber, comme ignorée, sur les troupeaux de tes compagnons». Ainsi donc, je souhaite que tu m'enseignes où tu fais paître, où tu fais reposer tes brebis pendant le jour, afin de ne pas m'égarer quand j'irai vers toi, «de peur que je ne sois comme voilée sur les troupeaux de tes compagnons (3)», c'est-à-dire qu'au lieu d'aller à ton troupeau, je n'aille «comme couverte

1. Ps 18,6 - 2. Gn 2,24 Mt 19,5 - 3. Ct 1,6

d'un voile» à ceux de tes compagnons. Qu'est-ce à dire «couverte d'un voile (1)», sinon comme cachée et ignorée? Les Donatistes savent donner à ces paroles leur propre sens, non le sens des Ecritures. Voici ce qu'ils disent en effet: L'Afrique est au midi, car le midi du monde c'est l'Afrique; dès lors l'Eglise demande au Seigneur: «Où fais-tu paître ton troupeau, où le fais-tu reposer?» Et celui-ci répond: «Au midi»; c'est-à-dire, ne me cherchez qu'en Afrique. Lis et comprends, esprit de mensonge; voilà maintenant le miroir sous tes yeux. C'est là que je te prends. Comprends que c'est toujours l'Epouse qui interroge. Pourquoi faire que ce soit déjà la réponse de l'Epoux? Reconnais du moins le genre féminin. «Où fais-tu paître et reposer ton troupeau à midi? De peur que je ne sois comme voilée». Or, voilée est du féminin, je pense, et non du masculin. Donc, ô Seigneur, que l'Afrique soit le midi: que l'on doive comprendre comme ils comprennent. L'Afrique, c'est le midi; c'est la part faite aux Donatistes. C'est là qu'on a fait la division; c'est là qu'à travers le troupeau du Christ s'est promenée la scie de séparation. C'est donc en quelque sorte l'Eglise d'au-delà des mers, où n'est point faite la division, qui s'écrie: «Indique-moi, ô toi que chérit mon âme, où tu fais paître et reposer ton troupeau dans le midi». J'entends dire, en effet, qu'il y a un parti de Donat, que les uns sont catholiques, les autres Donatistes; indique-moi, dès lors, où tu fais paître tes brebis, de peur que je ne me trompe en venant à toi. Je veux une indication, parce que je redoute l'incertitude. «Indique-moi où tu fais paître et reposer ton troupeau au midi». Pourquoi demandé-je cette indication? «C'est que je crains d'être comme voilée», car je suis comme ignorée, comme voilée au parti de Donat, c'est là qu'on me prêche et sans me voir.

4. Voici ce que disent les Ecritures: «Il arrivera dans les derniers jours que la montagne du Seigneur sera en évidence, elle s'élèvera sur le sommet des montagnes, par-dessus toutes les collines, et toutes les nations y viendront en foule (2)». On parle d'une montagne, et cette montagne est voilée pour le parti de Donat. Heurter contre une

1. Il y a en grec, peribalomene, et dans la Vulgate vagans.

2. Is 2,2

pierre est bien pardonnable. Mais heurter contre une montagne, quels yeux faut-il avoir? O mes frères! les Juifs sont plus dignes de pardon; ils ont heurté contre une pierre, et les hérétiques vont heurter une montagne! Comment les Juifs ont ils trébuché contre la pierre? C'est que le Christ était encore petit, à sa passion, et il est dit qu' «ils ont heurté contre la pierre d'achoppement (1)». Or, le saint prophète Daniel eut une vision, et il écrivit (2) ce qu'il avait vu, et il dit avoir vu une pierre détachée «de la montagne sans le secours d'aucune main». C'est le Christ qui venait du peuple juif. Car ce peuple était aussi une montagne, puisqu'il formait un royaume. Pourquoi «sans le secours de la main?» C'est-à-dire que cette pierre se détacha sans travail humain, puisque nul homme ne dut s'approcher de la Vierge, en sorte qu'il est né sans aucune oeuvre de l'homme. Or, cette pierre «détachée de la montagne, et sans secours humain», brisa la statue qui figurait le royaume de la terre. Qu'est-il dit encore? Que telle est la pierre contre laquelle ont heurté les Juifs. «Ils ont trébuché contre la pierre d'achoppement». Quelle est cette montagne contre laquelle viennent heurter les hérétiques? Ecoute Daniel lui-même. «Et la pierre grandit et devient une grande montagne au point de remplir toute la terre (3)». C'est avec raison que le Psalmiste a dit à Notre Seigneur sortant du tombeau: «Elevez-vous, Seigneur, par-dessus les cieux, et que «votre gloire éclate par toute la terre (4)». Qu'est-ce à dire que votre gloire éclate par toute la terre? Que votre Eglise, que votre épouse soit sur toute la terre. Et cependant elle s'écrie: «Indique-moi, ô toi que chérit mon âme!» Me voilà partout, sur tous les confins de la terre, et je suis «voilée» pour les Africains. Indique-moi dès lors, de peur que je ne sois comme voilée pour les troupeaux, non plus de tes brebis, mais de tes compagnons. Car tes compagnons ont fait des schismes. Quels sont ces compagnons? Ceux qui se sont approchés de la table du Seigneur, et dont il est dit dans un autre psaume: «Celui qui mangeait mon pain (5)»; dont il est dit aussi: «Qu'un ennemi m'ait outragé, je l'aurais supporté, que celui qui me hait s'élève en

1. Hom. 9,32 - 2. Da 2,34- 3. Da 2,35 - 4. Ps 107,6 - 5. Ps 40,10

paroles contre moi, je me déroberais à ses poursuites; mais toi, un autre moi-même, toi mon chef, toi mon ami, toi le familier de mes repas, avec qui je marchais d'accord dans la maison du Seigneur (1)!» D'accord autrefois, maintenant en désaccord, parce qu'il n'y a plus de sentiment commun. C'est au milieu de ces compagnons que l'Epouse redoutait de tomber. Je crains d'errer, dit-elle; je crains que, «voilée» en quelque sorte, je ne vienne à tomber parmi les troupeaux de tes compagnons, et à me perdre dans mon égarement; ce baptême que j'ai reçu, je crains de le perdre tout entier, en le renouvelant.

5. Vous avez entendu les transes de l'Epouse, écoutez la réponse de l'Epoux. Aussitôt après ces paroles de l'Epouse, l'Epoux reprend: «Si tu ne te reconnais point, ô la «la plus belle d'entre les femmes (2)». O Eglise catholique, belle parmi les hérésies! «Si tu ne te reconnais point», si tu n'es pas attentive à me trouver là même où tu as appris à me connaître, si tu ne préfères de beaucoup mes Ecritures à toute parole des hommes, si tu ne sais pas que tu es partout, si tu ne te reconnais point dans ces paroles du Psalmiste: «Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage (3). Si donc tu ne te reconnais point», que va-t-il ajouter? «Sors!» a Si tu ne te reconnais point, sors!» Parole sinistre, parole déplorable: «Sors!» Dieu la veuille éloigner de nous! Voyez de qui il est dit: «Ils sont sortis d'entre nous, mais ils n'étaient point des nôtres (4)». On dit: «Sors», au mauvais serviteur, parce que «le serviteur ne demeure point toujours dans la maison, tandis que le Fils y demeure toujours (5)». Voulez-vous voir que l'on dit «sors» au mauvais serviteur? Que dit-on au bon serviteur? «Entre dans la joie de ton «Maître (6)». Quiconque, dès lors, entend, quiconque est membre de l'Epouse du Christ, doit redouter cette parole: «Si tu ne te reconnais pas, ô la plus belle des femmes, sors et va sur les traces des troupeaux (7)». Qu'est-ce à dire «sur les traces des troupeaux?» Dans les erreurs humaines, et non sur la voix du Pasteur. Nous avons les traces du Pasteur, et l'on ne s'égare point en les suivant. «Le Christ a souffert pour nous, nous laissant l'exemple, afin que nous suivions ses

1. Ps 55,13-15 - 2. Ct 1,7 - 3. Ps 2,8 - 4. 1Jn 2,19 - 5. Jn 8,35 - 6. Mt 25,21 - 7. Ct 1,7

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traces (1). Donc, si tu ne te reconnais point, sors «et va sur les traces des troupeaux, et fais «paître tes boucs (2)». «Des boucs, et les tiens». Vous savez que les brebis sont à la droite, et les boucs à la gauche. «Fais donc paître tes

1. - 2. Ct 1,7

Boucs». Pourquoi «tes boucs?» Parce que tu es sortie, voilà que tu fais «paître tes boucs», comme le fait Donat. Mais si tu ne sors point, tu feras paître «mes brebis (1)», comme le fait Pierre.

1. Jn 21,17





Augustin, Sermons 2011