1994 Directoire prêtres 71

52 Dévouement au ministère de la Réconciliation

71 Tant en raison de son office (165) que de son Ordination sacramentelle, le prêtre devra dédier son temps et son énergie à écouter les confessions des fidèles qui, comme le montre l'expérience, vont volontiers recevoir ce Sacrement là ou ils savent trouver des prêtres disponibles. Cela est valable partout mais surtout pour les églises des zones les plus fréquentées et pour les sanctuaires, pour lesquels on peut organiser une collaboration fraternelle et responsable avec les prêtres religieux ou âgés.
Chaque prêtre s'en tiendra à la norme ecclésiale qui défend et promeut la valeur de la confession individuelle et de l'accusation personnelle et intègre de ses péchés, dans un dialogue direct avec le confesseur,(166) réservant l'usage de la confession et de l'absolution collective aux seuls cas extraordinaires prévus par les dispositions en vigueur, et dans les conditions requises.(167) Le confesseur saura ainsi éclairer la conscience du pénitent avec quelques mots qui, tout brefs qu'ils soient, devront être appropriés à sa situation concrète, de façon à favoriser une orientation personnelle renouvelée vers la conversion et à influencer en profondeur son chemin spirituel, également à travers l'imposition d'une satisfaction opportune.(168)
Dans tous les cas, le prêtre saura maintenir la célébration de la Réconciliation au niveau sacramentel en surmontant le danger de la réduire à une activité purement psychologique ou simplement formelle.
Cela se manifestera entre autre dans la façon de vivre fidèlement la discipline en vigueur sur le lieu et le siège de la confession.(169)

(165) Cf.
CIC 986
(166) Cf. ibid, CIC 960 JEAN-PAUL II, Encycl. Redemptor hominis, RH 20: AAS 71 (1979), 309-316.
(167) Cf. CIC 961-963 PAUL VI, Allocution (20 mars 1978), AAS 70 (1978), 328-332; JEAN-PAUL II, Allocution (30 janvier 1981): AAS 73 (1981), 201 -204; Exhort. ap. post-synodale Reconciliatio et Poenitentia, (décembre décembre 1984), RP 33: AAS 77 (1985), 269-271
(168) Cf. CIC 978 CIC 981
(169) Cf. ibid, CIC 964


53 Nécessité de se confesser

72 Comme tout bon fidèle, le prêtre a lui aussi besoin de confesser ses péchés et ses faiblesses. Il est le premier à savoir que la pratique de ce sacrement affermit dans la foi et la charité envers Dieu et envers le prochain.
Pour se trouver dans les meilleures conditions de montrer avec efficacité la beauté de la Pénitence, il est indispensable que le ministre du sacrement offre un témoignage personnel en précédant les autres fidèles dans l'expérience du pardon. Cette expérience constitue par ailleurs la première condition pour la revalorisation pastorale du sacrement de la réconciliation. En ce sens, il est bon que les fidèles sachent et voient que leurs prêtres eux aussi se confessent avec régularité: (170) "Toute la vie du prêtre subit un déclin inévitable si lui-même, par négligence ou pour tout autre motif, ne recourt pas de façon régulière et avec une foi et une piété authentiques au sacrement de Pénitence. Chez un prêtre qui ne se confesserait plus ou se confesserait mal, son être sacerdotal et son action sacerdotale s'en ressentiraient vite, et la communauté elle-même dont il est le pasteur ne manquerait pas de s'en rendre compte".(171)

(170) Cf. ibid,
CIC 276 CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18.
(171) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Reconciliatio et Poenitentia, (décembre décembre 1984), RP 31: AAS 77 (1985), 266; Exhort. ap. Post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 26: l.c., 699.


54 Direction spirituelle pour soi et les autres

73 Parallèlement au sacrement de la Réconciliation, le prêtre ne manquera pas d'exercer le ministère de la direction spirituelle. La redécouverte et la diffusion de cette pratique, vécue aussi hors de l'administration du sacrement de la Pénitence, est un grand bienfait pour l'Eglise dans le temps présent.(172) L'attitude généreuse et active des prêtres au moment de la pratiquer constitue une occasion importante pour reconnaître et pour soutenir les vocations au sacerdoce et aux différentes formes de vie consacrée.
Pour contribuer à l'amélioration de leur spiritualité, il est nécessaire que les prêtres pratiquent eux-mêmes la direction spirituelle. En remettant dans les mains d'un sage confrère la formation de leur âme, ils mûriront dès le début de leur ministère dans la conscience de l'importance de ne pas marcher seul sur les chemins de la vie spirituelle et de l'engagement pastoral. En faisant usage de ce moyen de formation efficace, si bien expérimenté dans l'Eglise, les prêtres bénéficieront d'une liberté entière dans le choix de la personne qui doit les guider.

(172) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-sinodale Reconciliatio et Poenitentia, (décembre décembre 1984),
RP 32: AAS 77 (1985), 267-269.



Guide de la communauté


55 Prêtre pour la communauté

77 Le prêtre est aussi appelé à se confronter avec les exigences typiques d'un autre aspect de son ministère: il s'agit du soin de la vitalité de la communauté qui lui est confiée, ce qu'il traduira surtout par le témoignage de la charité.
Pasteur de la communauté, le prêtre vit et existe pour elle; c'est pour elle qu'il prie, étudie, travaille et se sacrifie; c'est pour elle qu'il est disposé à donner sa vie, l'aimant comme le Christ, lui dispensant tout son amour et toute son estime,(173) se dépensant de toutes ses forces et sans limite de temps pour la rendre à l'image de l'Eglise Epouse du Christ, toujours plus belle et plus digne de la complaisance du Père et de l'amour du Saint-Esprit.
Cette dimension sponsale de la vie du prêtre comme pasteur lui fera guider sa communauté dans un service total à tous et à chacun de ses membres, illuminant leur conscience avec la lumière de la vérité révélée, protégeant avec autorité l'authenticité évangélique de la vie chrétienne, corrigeant les erreurs, pardonnant, soignant les blessures, consolant les affligés, et promouvant la fraternité.(174)
Cet ensemble d'attentions délicates et complexes, en plus d'offrir un témoignage de charité toujours plus transparent et efficace, manifestera aussi la profonde communion qui doit se réaliser entre le prêtre et sa communauté, comme un prolongement et une actualisation de la communion avec Dieu, le Christ et l'Eglise.(175)

(173) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis,
PDV 22-23: l.c., 690-694; Lett. (15 août 1988) Mulieris dignitatem MD 26: AAS 80 (1988), 1715-1716.
(174) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 6 CIC 529
(175) S. JEAN CHRYSOSTOME, De sacerdotio, III, 6: PG, 48, 643-644: "la naissance spirituelle des âmes est le privilège des prêtres: ils les font naître à la vie de la grâce par le baptême; grâce à eux nous nous revêtons du Christ, nous sommes ensevelis avec le Fils de Dieu, et nous devenons membres de cette bienheureuse tête. (cf. Rm 6,1 Ga 3,27). Nous devons donc non seulement les respecter plus que les princes et que les rois, mais aussi les vénérer plus que nos parents. Ceux-ci en effet nous ont engendrés par le sang et la volonté de la chair (cf. Jn 1,13); ceux-là en revanche nous font naître comme fils de Dieu; ils sont les instruments de notre régénération bienheureuse, de notre liberté et de notre adoption dans l'ordre de la grâce".


56 Sentire cum Ecclesia

78 Pour être un bon guide de son peuple, le prêtre sera aussi attentif à reconnaître les signes des temps: depuis les plus vastes qui touchent l'Eglise universelle et son cheminement dans l'histoire des hommes, jusqu'aux signes les plus proches de la situation concrète de sa communauté.
Ce discernement requiert une mise à jour constante et pertinente dans l'étude des problèmes théologiques et pastoraux, l'exercice d'une sage réflexion sur les données sociales, culturelles et scientifiques qui caractérisent son époque.
Dans l'accomplissement de leur ministère, les prêtres sauront traduire cette exigence par l'attitude constante et sincère du sentire cum Ecclesia, pour qu'ils travaillent toujours en communion avec le Pape, avec les évêques, avec leurs autres confrères dans le sacerdoce, tout comme avec les fidèles consacrés par la profession des conseils évangéliques et avec les fidèles laïcs.
Dans l'exercice de leur activité, les prêtres ne manqueront pas non plus de rechercher, selon les formes légitimes et en tenant compte des capacités de chacun, la coopération des fidèles consacrés et des fidèles laïcs.



Le célibat sacerdotal


57 Ferme volonté de l'Eglise

79 Convaincue des profondes motivations théologiques et pastorales qui soutiennent le rapport entre célibat et sacerdoce, éclairée par le témoignage qui en confirme encore aujourd'hui, malgré des cas douloureux, la validité spirituelle et évangélique dans tant de vies sacerdotales, l'Eglise a réaffirmé durant le Concile Vatican II et dans le magistère pontifical postérieur sa "ferme volonté de maintenir la loi qui exige le célibat perpétuel librement choisi pour les candidats à l'ordination sacerdotale dans le rite latin" (176)
Le célibat en effet est un don que l'Eglise a reçu et sur lequel elle veut veiller, convaincue qu'il est un bien pour elle-même et pour le monde.

(176) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis,
PDV 29: l.c., 704; cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 16 PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis coelibatus (24 juin 1967), 14: AAS 59 (1967), 662; CIC 277



58 Motifs théologiques et spirituels du célibat

80 Comme toute valeur évangélique, le célibat consacré doit être lui aussi vécu comme une nouveauté libératrice, comme un témoignage particulier de radicalisme à la suite du Christ et comme signe de la réalité eschatologique. "Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux à qui c'est donné. Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l'action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont rendus tels à cause du Royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu'il comprenne!" (Mt 19,10-12). (177)
Pour vivre avec amour et avec générosité le don reçu, il est particulièrement important que le prêtre comprenne dès la formation au séminaire les motifs théologiques et spirituels de la discipline ecclésiastique sur le célibat.(178) Le célibat, en tant que don et charisme particulier de Dieu, requiert l'observance de la continence parfaite et perpétuelle pour le Royaume des cieux, afin que les ministres sacrés puissent adhérer plus facilement au Christ avec un coeur sans partage et se dédier plus librement au service de Dieu et des hommes.(179) Avant même la volonté du sujet exprimée par sa disponibilité, la discipline ecclésiastique manifeste la volonté de l'Eglise et trouve sa raison ultime dans le lien étroit qui existe entre le célibat et l'ordination sacrée, qui configure le prêtre à Jésus-Christ Tête et Epoux de l'Eglise.(180)
La lettre aux Ephésiens (cf. Ep 5,25-27) établit un strict rapport entre l'oblation sacerdotale du Christ (cf Ep 5,25) et la sanctification de l'Eglise (cf. Ep 5,26) qui est aimée d'un amour sponsal. Inséré sacramentellement dans ce sacerdoce d'amour exclusif du Christ pour l'Eglise son Epouse fidèle, par son engagement au célibat, le prêtre exprime cet amour qui alors devient source féconde d'efficacité pastorale.
Le célibat par conséquent n'est pas un élément qui influence de l'extérieur le ministère sacerdotal; il ne peut pas être non plus simplement considéré comme une institution imposée par loi, entre autres raisons parce que celui qui reçoit le sacrement de l'Ordre s'y engage en pleine conscience et liberté,(181) après une préparation de plusieurs années, accompagnée d'une réflexion profonde et d'une prière assidue. Parvenu à la ferme conviction que le Christ lui concède ce don pour le bien de l'Eglise et le service des autres, le prêtre assume le célibat pour toute sa vie, en renforçant cette volonté dans la promesse déjà prononcée durant le rite de l'ordination diaconale.(182)
Pour toutes ces raisons, la loi ecclésiastique d'une part confirme le charisme du célibat en montrant combien il est intimement lié au ministère sacré dans sa double dimension de relation avec le Christ et avec l'Eglise, et d'autre part protège la liberté de celui qui le reçoit.(183) Aussi le prêtre, consacré au Christ de manière nouvelle et privilégiée,(184) doit être conscient qu'il a reçu un don confirmé par un lien juridique précis qui l'oblige moralement à l'observer. Ce lien, assumé librement, a un caractère théologal, puisqu'il est un signe de ce lien sponsal qui se réalise dans l'ordination sacramentelle. A travers lui, le prêtre acquiert cette paternité spirituelle mais réelle, qui a une dimension universelle et qui se concrétise particulièrement vis-à-vis de la communauté qui lui est confiée.(185)

(177) Cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Veritatis splendor (6 août 1993), VS 22: AAS 85 1993), 1151.
(178) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Optatam Totius OT 10 CIC 247 CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis (19 mars 1985), 48 Orientations éducatives pour la formation au célibat sacerdotal (11 avril 1974), n. 16.
(179) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 16 JEAN-PAUL II, Lettre aux prêtres à l'occasion du Jeudi-Saint 1979 Novo incipiente (8 avril 1979), 8: AAS 71 (1979), 405-409; Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis PDV 29: l.c., 703-705; CIC 277
(180) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 16 PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis coelibatus (24 juin 1967) 14: AAS 59 (1967), 662.
(181) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis PO 16 CIC 1036 CIC 1037
(182) Cf. Pontificale Romanum - De ordinatione Episcopi, Presbyterorum et Diaconorum chap. III, n. 228, Ed. typica altera, 1990, p. 134; JEAN-PAUL II, Lettre aux prêtres à l'occasion du Jeudi-Saint 1979 Novo incipiente (8 avril 1979), 9: AAS 71 (1979), 409-411
(183) Cf. SYNODE DES EVEQUES, Document Ultimus temporibus (30 novembre 1971), II, I, 4c: AAS 63 (1971), 916-917.
(184) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 16.
(185) Cf. ibid



59 Exemple de Jésus

81 Le célibat est alors un don de soi "en" Jésus Christ et "avec" Jésus-Christ à son Eglise, et exprime le service du prêtre à l'Eglise "dans" et "avec" le Seigneur. (186)
On resterait dans un état de permanente immaturité si le célibat était vécu comme un "tribut qu'on paie au Seigneur" pour accéder aux Ordres sacrés et non plus comme "un don qu'on reçoit de sa miséricorde",(187) comme un choix de la liberté et comme l'acceptation joyeuse d'une vocation particulière d'amour pour Dieu et pour les hommes.
Le Seigneur donne ici l'exemple, lui qui, allant à contre-courant de ce que l'on peut considérer comme la culture dominante de son temps, a choisi librement de vivre le célibat. A sa suite, les disciples ont "tout" laissé pour accomplir leur mission (
Lc 18,28-30).
Pour cette raison l'Eglise, depuis l'époque apostolique, a voulu conserver le don de la continence perpétuelle des clercs, et s'est orientée vers la solution de choisir les candidats à l'Ordre sacré parmi les célibataires (cf. 2Th 2,15 1Co 7,5 1Co 9,5 1Tm 3,2-12 1Tm 5,9 Tt 1,6-8).(188)

(186) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 29: l.c., 703-705.
(187) S. CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE, Orientations éducatives pour la formation au célibat sacerdotal (11 avril 1974), n. 16.
(188) Pour l'interprétation de ces texte, cf. CONC. D'ELVIRE, (a. 302-305) can. 27; 33: BRUNS HERM., Canones Apostolorum et Conciliorum saec. IV-VII, II, 5-6; CONC. DE NEOCESAREE (a. 314), can. 1: Pont. Commissio ad redingendum Orientalis, IX, I/2, 74-82; CONC. OECUM. NICEE (a.(a. 325), can. 3: CONC. OECUM. Decr., 6; SYNODE ROMAIN (a. 386): Concilia Africae a. 345-525, CCL 149, (in CONC. DE TELEPTE), 58-63; CONC. DE CARTHAGE (a. 390): Ibid 13,133 ss.; CONC. IN TRULLO (a. 691), can. 3, 6, 12, 13, 26, 30, 48: Pont. Commissio ad redigendum Orientalis, IX, I/1, 125-186; SIRICE, décrétale Directa (a. 386): PL 13, 1131-1147; INNOCENT Ier, lett. Dominus inter (a. 405): BRUNS cit. 274-277. S. LEON GRAND, lettre a Rusticus (a. 456): PL 54, 1191; EUSEBE DE CESAREE, Demonstratio Evangelica , 1, 9: PG 22, 82 (78-83); EPIPHANE DE SALAMINE, Panarion, PG 41, 868, 1024; Expositio Fidei, PG 42, 822-826.



60 Difficultés et objections

82 Dans le climat culturel actuel, souvent marqué par une vision de l'homme privée du sens des valeurs et surtout incapable de donner un sens total, positif et libérateur à la sexualité humaine, on pose souvent la question de la valeur et de la signification du célibat sacerdotal ou, tout au moins, de l'opportunité d'affirmer son lien étroit et sa profonde harmonie avec le sacerdoce ministériel.
Au long des siècles, les difficultés et les objections ont toujours accompagné le choix de l'Eglise Latine et de certaines Eglises Orientales de ne conférer le sacerdoce ministériel qu'à des hommes ayant reçu de Dieu le don de la chasteté dans le célibat. La discipline des autres Eglises Orientales qui admettent le sacerdoce d'hommes mariés n'est pas opposée à celle de l'Eglise Latine. Ces mêmes Eglises en effet exigent le célibat pour les Evêques. De plus, elles n'acceptent pas le mariage des prêtres ni les noces successives des ministres veufs. Il s'agit toujours et seulement de l'ordination d'hommes déjà mariés.
Les difficultés que certains opposent encore aujourd'hui,(189) s'appuient souvent sur de faux prétextes, comme par exemple l'accusation de spiritualisme désincarné ou l'affirmation suivant laquelle la continence impliquerait méfiance ou mépris vis-à-vis de la sexualité. D'autres encore partent de cas difficiles et douloureux, ou généralisent des cas particuliers. On oublie en revanche le témoignage offert par l'immense majorité des prêtres qui vivent leur célibat dans la liberté intérieure, appuyés sur de profondes motivations évangéliques, dans la fécondité spirituelle et dans un horizon de fidélité convaincue et joyeuse à leur vocation et à leur mission.
Il est clair que pour garantir et pour conserver ce don dans un climat d'équilibre serein et de progrès spirituel, toutes les mesures doivent être prises qui éloignent le prêtre des difficultés possibles.(190)
Il est par conséquent nécessaire que les prêtres se comportent avec la prudence requise dans leurs relations avec les personnes dont la familiarité peut mettre en danger la fidélité au don ou susciter le scandale des fidèles. (191) Dans les cas particuliers, il faudra se soumettre au jugement de l'Evêque qui a l'obligation de donner des normes précises dans ce domaine.(192)
De plus, les prêtres ne manqueront pas de suivre les règles d'ascèse éprouvées par l'expérience de l'Eglise et qui sont encore plus requises dans les circonstances actuelles. Pour cela, ils éviteront avec prudence les lieux, les spectacles et les lectures qui constituent un obstacle à l'observance de la chasteté dans le célibat.(193) Vis-à-vis des moyens de communication sociale, les prêtres, que ce soit comme acteurs ou comme utilisateurs, observeront la discrétion nécessaire et éviteront tout ce qui pourrait nuire à leur vocation.
Dans un climat de permissivité sexuelle exacerbée, pour protéger avec amour le don reçu, c'est dans la communion avec le Christ et avec l'Eglise, dans la dévotion à la Bienheureuse Vierge Marie et la considération de l'exemple des prêtres saints de tous les temps, qu'ils trouveront la force nécessaire pour vaincre les difficultés sur leur chemin, et pour agir avec cette maturité qui les rend crédibles vis-à-vis du monde.(194)

(189) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre à tous les prêtres de l'Eglise à l'occasion du Jeudi-Saint 1993 (8 avril 1993): AAS 85 (1993), 880-883; pour d'ultérieurs approfondissements, cf. Solo per amore, riflessioni sul celibato sacerdotale, sous la direction de la Congrégation pour le Clergé, Ed. Paoline, 1993; Identità e missione del Sacerdote, sous la direction de G. PITTAU-C. SEPE, Ed. Città Nuova 1994.
(190) S. JEAN CHRYSOSTOME, De Sacerdotio, VI, 2: PG 48, 679: "L âme du prêtre doit être plus pure que les rayons du soleil, pour que le Saint-Esprit ne l'abandonne pas et pour qu'il puisse dire: ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi (
Ga 2,20). Les anachorètes dans le désert, loin de la ville, des lieux de rencontres et de leur agitation, jouissant pleinement du port et du beau temps, n'osent pas mettre leur confiance dans la sécurité de leur vie, mais prennent de nombreuses précautions, se protégeant de toute part et prenant soins de tout faire et de tout dire avec diligence, pour pouvoir se présenter à Dieu dans la confiance d'une pureté intacte, autant qu'il est possible aux facultés humaines: quelle force et quelle violence seront donc nécessaires au prêtre, pour soustraire son âme à toute tache et en conserver intacte la beauté spirituelle? Il a certainement besoin d'une pureté plus grande que le moine. Et cependant, lui qui en a plus besoin, est exposé à des occasions inévitables plus fréquentes, qui pourraient le contaminer si, avec une sobriété et une vigilance soutenues, il ne rendait pas son âme inaccessible à toutes ces embûches".
(191) Cf. CIC 277
(192) Cf. ibid, CIC 277
(193) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 16.
(194) Cf. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis coelibatus (24 juin 1967), 78-81: AAS 59 (1967), 688-689; JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 29: l.c., 703-705



L'obéissance


61 Fondement de l'obéissance

56 L'obéissance est une valeur sacerdotale de première importance. Le sacrifice même de Jésus sur la Croix tire sa valeur et son sens rédempteur de son obéissance et de sa fidélité à la volonté du Père. Il fut "obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une Croix" (Ph 2,8). L'épître aux Hébreux souligne aussi que Jésus "apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance" (He 5,8). On peut donc dire que l'obéissance au Père est au coeur du Sacerdoce du Christ.
Comme pour le Christ, l'obéissance exprime pour le prêtre la volonté de Dieu, qui lui est manifestée à travers ses supérieurs légitimes. Cette disponibilité doit être comprise comme une oeuvre véritable de liberté personnelle, conséquence d'un choix constamment mûri en présence de Dieu dans la prière. La vertu de l'obéissance, intrinsèquement requise par le sacrement et par la structure hiérarchique de l'Eglise, est clairement l'objet de la promesse que prononce le clerc dans le rite de l'ordination diaconale d'abord, puis dans celui de l'ordination presbytérale. Par cette promesse, le prêtre renforce sa volonté de soumission, entrant ainsi dans la dynamique de l'obéissance du Christ, Serviteur obéissant jusqu'à la mort sur une Croix (cf. Ph 2,7-8). (195)
La culture contemporaine souligne la valeur de la subjectivité et de l'autonomie de la personne, comprise comme intrinsèque à sa dignité. Cette valeur, en elle-même positive, prend une dimension négative, quand elle est absolutisée et revendiquée hors de son contexte légitime.(196) Ceci peut également se manifester à l'intérieur de l'Eglise et dans la vie du prêtre, quand les activités menées au service de la communauté sont réduites à un fait purement subjectif.
En réalité, le prêtre, par la nature de son sacerdoce, est au service du Christ et de l'Eglise. Il se rendra par conséquent disponible à accueillir les justes indications de ses Supérieurs et tout particulièrement, s'il n'en est pas légitimement empêché, il devra accepter et remplir fidèlement la charge qui lui est confiée par son Ordinaire. (197)

(195) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 15 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 27: l.c., 700-701.
(196) Cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Veritatis splendor (6 août 1993), VS 31 VS 32 VS 106: AAS 35 (1993), 1159-1160, 1216.
(197) Cf. CIC 274



62 Obéissance hiérarchique

57 Le prêtre est tenu à une "obligation spéciale de respect et d'obéissance" à l'égard du Souverain Pontife et de son Ordinaire.(198) En vertu de son appartenance à un presbyterium déterminé, il travaille au service d'une Eglise particulière qui trouve le principe et le fondement de son unité dans l'Evêque,(199) qui exerce sur elle toute la potestas ordinaire, propre et immédiate, nécessaire à son office de pasteur.(200) La subordination hiérarchique requise par le sacrement de l'Ordre se réalise ecclésiologiquement et structurellement dans le lien à l'Evêque et au Souverain Pontife, qui détient le primat (principatus) du pouvoir ordinaire sur toutes les Eglises particulières.(201)
L'obligation d'adhérer au Magistère, en matière de foi et de morale, est intrinsèquement liée à toutes les fonctions que le prêtre doit remplir dans l'Eglise. Le dissentiment dans ce domaine doit être jugé comme grave, puisqu'il produit le scandale et désoriente les fidèles.
Personne plus que le prêtre n'est conscient de la nécessité des normes dans l'Eglise. En effet, parce que la structure hiérarchique et organique est visible, l'exercice des fonctions que Dieu lui a confiées, et spécialement celles de guider le Peuple et de célébrer les sacrements, doit être organisé de manière adéquate.(202)
En tant que ministre du Christ et de son l'Eglise, le prêtre assume généreusement l'engagement d'observer fidèlement toutes et chacune des normes, en évitant toutes les formes d'adhésion partielle suivant des critères subjectifs qui divisent et qui atteignent aussi les fidèles laïcs et l'opinion publique, causant de graves dommages pastoraux. En effet "les lois canoniques, par leur nature même, exigent d'être observées" et requièrent "que tout ce qui est commandé par la tête soit observé par les membres".(203)
En obéissant à l'autorité constituée, le prêtre favorisera entre autre la charité mutuelle au sein du presbyterium et l'unité fondée sur la vérité.

(198) Cf.
CIC 273
(199) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 23.
(200) Cf. ibid, LG 27 CIC 381
(201) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr., Christus Dominus, CD 2 Const. dogm. Lumen gentium, LG 22 CIC 333
(202) Cf. JEAN-PAUL II, Const. ap. Sacrae disciplinae leges (25 janvier 1983): AAS 75 (1983) Pars II, XIII; Discours aux participants du Symposium international "Ius in vita et in missione Ecclesiae", (23 avril 1993), "L'Osservatore Romano", 25 avril 1993.
(203) Cf. JEAN-PAUL II, Const. ap. Sacrae disciplinae leges (25 janvier 1983): AAS 75 (1983), Pars II, XIII.



63 Autorité exercée avec charité

58 Afin que l'observance de l'obéissance soit réelle et qu'elle puisse nourrir la communion ecclésiale, tous ceux qui sont constitués en autorité (les Ordinaires, les Supérieurs religieux, les Modérateurs des Société de vie apostolique) doivent nécessairement offrir un exemple personnel constant. De plus, ils doivent exercer avec charité leur charisme institutionnel, en suscitant ou en demandant l'adhésion à toutes les dispositions dans le domaine du Magistère et de la discipline, suivant les modalités et les délais nécessaires.(Cf. CIC 392)
Cette adhésion est source de liberté, puisqu'elle n'empêche pas mais stimule la spontanéité mature du prêtre, qui saura adopter une attitude pastorale sereine et équilibrée, en créant l'harmonie dans laquelle les dons de la personnalité de chacun se fondent dans une unité superieure.


64 Respect des normes liturgiques

59 Parmi les divers aspects actuels du problème de l'obéissance, celui du respect convaincu des normes liturgiques mérite d'être mis en évidence.
La liturgie est l'exercice du sacerdoce de Jésus Christ,(205) "le sommet vers lequel tend l'action de l'Eglise, et en même temps la source d'ou découle toute sa vertu".(206) Elle est donc un domaine ou le prêtre doit avoir particulièrement conscience d'être ministre pour obéir fidèlement à l'Eglise. "Le gouvernement de la liturgie dépend uniquement de l'autorité de l'Eglise: il appartient au Siège apostolique et, dans les règles du droit, à l'évêque".(207) C'est pourquoi le prêtre n'ajoutera, n'enlèvera ne changera rien de sa propre initiative en ce domaine.(208)
Cette norme vaut spécialement pour la célébration des sacrements, qui sont par excellence des actes du Christ et de l'Eglise, et que le prêtre administre pour le bien des fidèles in persona Christi et au nom de l'Eglise.(209)
Les fidèles ont un vrai droit à participer aux célébrations liturgiques comme le veut l'Eglise, et non pas suivant les goûts personnels de chaque ministre ou suivant des particularismes rituels non approuvés, expressions de groupes qui tendent à se fermer à l'universalité du Peuple de Dieu.

(205) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Const. Sacrosanctum Concilium
SC 7
(206) Ibid SC 10
(207) CIC 838
(208) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Const. Sacrosanctum Concilium, SC 22
(209) Cf. CIC 846



65 Unité dans les plans pastoraux

60 Dans l'exercice de leur ministère, il est nécessaire que les prêtres participent de manière responsable à la définition des plans pastoraux que l'Evêque détermine avec la collaboration du Conseil Presbytéral,(210) et aussi qu'ils harmonisent avec eux les réalisations pratiques de leur communauté.
La sage créativité et l'esprit d'initiative propres à la maturité des prêtres ne seront pas amoindris, mais au contraire pourront croître opportunément au bénéfice de la fécondité pastorale. Prendre des chemins séparés dans ce domaine pourrait signifier affaiblir l'oeuvre même d'évangélisation.

(210) Cf. S. CONGR. POUR CLERGE, Lettre circulaire Omnis Christifideles (25 janvier 1973), 9.



66 Obligation de l'habit ecclésiastique

61 Dans une société sécularisée et qui tend au matérialisme, ou les signes extérieurs des réalités sacrées et surnaturelles disparaissent souvent, on ressent aujourd'hui particulièrement la nécessité que le prêtre homme de Dieu, dispensateur de ses mystères soit reconnaissable par la communauté, également grâce à l'habit qu'il porte, signe sans équivoque de son dévouement et de son identité de détenteur d'un ministère public.(211) Le prêtre doit être reconnu avant tout par son comportement mais aussi par sa façon de se vêtir, pour rendre immédiatement perceptible à tout fidèle et même à tout homme (212) son identité et son appartenance à Dieu et à l'Eglise.
Pour cette raison, le prêtre doit porter "un habit ecclésiastique digne, selon les normes indiquées par la conférence épiscopale et selon les coutumes locales légitimes". (213) Cela signifie que, lorsque l'habit n'est pas la soutane, il doit être différent de la manière de se vêtir des laïcs, et conforme à la dignité et la sacralité du ministère. La coupe et la couleur doivent en être établies par la conférence épiscopale, toujours en harmonie avec les dispositions du droit universel.
A cause de leur incohérence avec l'esprit de cette discipline, les pratiques contraires ne peuvent être considérées comme des coutumes légitimes et doivent être supprimées par l'autorité compétente.(214)
Sauf des situations totalement exceptionnelles, ne pas utiliser l'habit ecclésiastique peut manifester chez le clerc un faible sens de son identité de pasteur entièrement disponible au service de l'Eglise.(215)

(211) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre au Card. Vicaire de Rome (8 septembre 1982): "L'Osservatore Romano", 18-19 Octobre 1982.
(212) Cf. PAUL VI, Allocutions au clergé (17 février 1969; 17 février 1972; 10 février 1978): AAS 61 (1969), 190, 64 (1972), 223; 70 (1978), 191; JEAN-PAUL II, Lettre aux prêtres à l'occasion du Jeudi-Saint 1979 Novo incipiente (7 avril 1979), 7: AAS 71 403-405; Allocutions au clergé (9 novembre 1978; 19 avril 1979) Insegnamenti, (1978)(1978), 116; II (1979), 929.
(213)
CIC 284
(214) Cf. PAUL VI, Motu Propio Ecclesiae Sanctae, I, 25, 2d: AAS 58 (1966), 770; S. CONGR. POUR LES EVEQUES, lettre circulaire à tous les représentants pontificaux Per venire incontro (27 janvier 1976); S. CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE lettre circulaire The document (6 janvier 1980): "L'Osservatore Romano" suppl., 12 avril 1980.
(215) Cf. PAUL VI, Catéchèse dans l'audience générale du 17 septembre 1969; Allocution au clergé (1er mars 1973): Insegnamenti, VII (1969), 1065; XI (1973), 176.



1994 Directoire prêtres 71