Liturgiam authenticam 34

2. Autres normes concernant la Saint Bible et la préparation des Lectionnaires

34 Il est préférable de réaliser une version de la Sainte Écriture, laquelle, tout en employant les principes d’une saine exégèse et une bonne rédaction littéraire, tienne compte aussi des exigences de l’usage liturgique, pour tout ce qui concerne le style, le choix des mots et l’option entre l’une ou l’autre interprétation.

35 Si l’on ne dispose pas dans une langue déterminée d’une version de la Sainte Bible de ce type, il sera nécessaire de recourir à une version déjà existante, et de modifier la traduction, afin de la rendre apte à son utilisation dans le contexte liturgique, selon les principes exposés dans la présente Instruction.

36 Pour que les fidèles puissent conserver dans leur mémoire au moins des textes les plus significatifs de la Bible, afin que les mêmes fidèles puissent en subir l’influence même dans leur prière privée, il est de la plus haute importance que la traduction de la Sainte Bible, destinée à l’usage liturgique, se caractérise par une certaine uniformité et stabilité, de telle sorte que, dans chaque territoire, il n’y ait qu’une seule traduction approuvée, qui soit employée dans toutes les parties des différents livres liturgiques. Cette stabilité est particulièrement souhaitable dans les traductions bibliques dont l’usage est le plus fréquent, comme dans le Psautier, qui est le livre de prières fondamental du peuple chrétien. 31 Les Conférences des Évêques sont vivement encouragées à donner les facultés nécessaires à l’édition d’une traduction intégrale des Saintes Écritures pour leur propre territoire, destinée à l’étude et à la lecture privée des fidèles, et qui s’accorde dans toutes ses parties avec le texte employé dans la Sainte Liturgie.

37 Si la traduction biblique, à partir de laquelle les Lectionnaires sont réalisés, comporte des lectures qui diffèrent de celles du texte liturgique latin, il convient de veiller à ce qu’ils se conforment à la Néo-Vulgate pour ce qui a trait à la définition du texte canonique des Saintes Écritures. 32 Pour cette raison, dans les textes deutérocanoniques et en d’autres endroits, où il est évident qu’il existe des traditions manuscrites divergentes, il est important que la traduction liturgique suive la même tradition que celle de la Néo-Vulgate. Si cette traduction déjà existante se base sur un choix qui soit différent de ceux de la Néo-Vulgate, en ce qui concerne la tradition textuelle sous-jacente, pour l’ordre des versets et d’autres caractéristiques de ce genre, il convient d’y porter remède au moment de réaliser le Lectionnaire, de façon à se conformer au texte liturgique approuvé en langue latine. Dans la préparation des nouvelles traductions, il sera avantageux, bien qu’il ne s’agisse pas d’une obligation, de suivre de près le texte latin quant à la numérotation des versets.

38 Il arrive souvent que, dans les traductions des éditions critiques, et de l’avis commun des experts, une autre façon de lire le texte soit introduite. Pourtant cela n’est pas permis en ce qui concerne les textes liturgiques, s’il s’agit d’éléments qui sont importants à cause de leur rapport avec le contexte liturgique, ou bien si cela conduit à s’éloigner des principes énoncés dans la présente Instruction. Là où il s’agit de lieux bibliques par rapport auxquels il n’existe pas de consensus dans la critique textuelle, il faudrait tenir compte de façon attentive des options dont le texte latin approuvé est l’expression. 33

39 L’étendue exacte des péricopes bibliques doit être en tout conforme à l’Ordo lectionum Missae ou aux autres textes liturgiques approuvés et munis de la recognitio, selon le cas.

40 Même en tenant compte des postulats d’une saine exégèse, il faut mettre beaucoup de soin à retenir la formulation des phrases bibliques communément employées dans la catéchèse et dans les prières de dévotion populaire. D’autre part il faut tout faire pour éviter un vocabulaire ou un style que les fidèles catholiques pourraient facilement confondre avec des manières de s’exprimer des communautés ecclésiales non catholiques, ou d’autres religions, de peur que cela ne provoque la confusion et des inconvénients.

41 On fera tout son possible pour veiller à ce que les traductions soient conformes à l’interprétation des lieux bibliques transmise par l’usage liturgique, et la tradition des Pères de l’Église, spécialement dans les textes de majeure importance, comme les Psaumes et les lectures qui sont employés dans les principales célébrations de l’année liturgique; dans ces cas, il convient de veiller en particulier à ce que la traduction exprime le sens traditionnel christologique, typologique ou spirituel, et que soient manifestés l’unité et le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament. 34 C’est pourquoi :

a) Il convient de suivre la Néo-Vulgate quand il s’agit de discerner avec soin entre les diverses façons possibles de traduire un texte, celle qui est la plus apte à exprimer le sens attribué au texte, tel qu’il a été lu et reçu dans la tradition liturgique latine;

b) Pour atteindre ce but, on se se référera aux anciennes traductions des Saintes Écritures, comme la version grecque de l’Ancien Testament, ordinairement appelée la Septante, qui est utilisée par les fidèles chrétiens depuis les premiers temps de l’Église; 35

c) De plus, en se conformant à une tradition immémoriale, évidente déjà dans la Septante, le nom de Dieu tout-puissant, exprimé en hébreu dans le tétragramme, et traduit en latin par le mot “Dominus”, doit être rendu dans chaque langue vernaculaire par un mot de la même signification.

Enfin, les traducteurs sont instamment invités à tenir compte attentivement de l’histoire de l’interprétation, telle qu’il résulte des citations bibliques dans les écrits des Pères de l’Église, et même des illustrations de la Bible souvent présentées dans l’art et la poésie liturgique chrétiens.

42 Même s’il faut faire attention à ce que le contexte historique des passages de la Bible ne soit pas rendu obscur, le traducteur doit se souvenir que la Parole de Dieu proclamée dans la Liturgie, ne constitue pas un document d’intérêt purement historique. En effet, le texte biblique ne traite pas seulement des personnes illustres et des évènements de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais aussi des mystères du salut, et il s’adresse aux fidèles de notre temps et à leur vie. En respectant toujours l’exigence de fidélité au texte original, là où un mot ou une expression laisse la possibilité de choisir celle qui est la plus adéquate entre plusieurs traductions possibles, on essaiera de faire le choix qui permettra à l’auditeur de pouvoir discerner de façon dynamique lui-même et les éléments de sa propre vie dans les personnes et les évènements présentés dans les textes.

43 Tous les mots, qui transposent les images et les actions des êtres célestes sous des traits humains ou les expriment en employant des termes concrets, comme cela arrive très souvent dans le langage biblique, conservent toujours leur force, quand ils sont traduits littéralement, comme dans la Néo-Vulgate ; ainsi, il s’agit des mots: “marcher”, “bras”, “doigt”, “main”, “visage” de Dieu, “chair”, “corne”, “bouche”, “germe”, “visiter”; il est bien préférable de ne pas les aplatir, ni de les rendre dans les langues vernaculaires par des termes plus abstraits ou vagues. En ce qui concerne les termes, comme ceux que la Néo-Vulgate traduit par “anima” (âme) ou bien “spiritus” (esprit), il faut respecter les principes énoncés ci-dessus aux nn. 40 -41 . Ainsi, il faut éviter d’employer pour ces derniers un pronom personnel ou un mot plus “abstrait”, à moins que cela ne s’avère, en certains cas, absolument nécessaire. Il faut se souvenir, en effet, que la traduction des locutions qui, dans la langue vernaculaire, suscitent un certain émerveillement, par ce fait même, peuvent stimuler l’intérêt de l’auditeur et fournir l’occasion de transmettre un enseignement catéchétique.

44 Afin que la traduction soit plus apte à être prononcée dans la Liturgie, il est nécessaire d’éviter toute locution ambiguë à l’audition ou si complexe que l’auditeur ne pourrait pas en saisir le sens :

45 En outre, en tenant compte de ce qui est exposé dans les praenotanda de l’Ordo lectionum Missae, il convient de suivre ce qui suit dans la préparation du Lectionnaire biblique en langue vernaculaire :

a) Les phrases de la Sainte Écriture citées dans les Praenotanda doivent concorder en tout avec la traduction de ces mêmes passages dans les lectures bibliques contenues dans le Lectionnaire.

b) De même, les titres thématiques, qui sont placés en tête des lectures, doivent correspondre avec exactitude à la traduction biblique employée dans la lecture elle-même, s’il y a une telle correspondance dans l’Ordo lectionum Missae.

c) De même, enfin, les mots que l’Ordo lectionum Missae place au début de la lecture, appelés aussi l’“incipit”, doivent suivre étroitement la version biblique en langue vulgaire, de laquelle ils s’inspirent le plus souvent, à l’exclusion de toute autre traduction. Quant aux expressions qui ne sont pas tirées du texte biblique, dans la préparation des Lectionnaires, ils doivent être traduits en langue vernaculaire à partir du texte latin, à moins que par une décision de la Conférence des Évêques, et avec l’accord préalable de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, il soit permis de procéder d’une autre manière à l’introduction de la lecture.


3. Normes concernant d’autres textes liturgiques

46 Les normes indiquées ci-dessus par rapport à la Sainte Ecriture, doivent être appliquées, toutes choses égales, même aux textes liturgiques de composition ecclésiastique.

47 Puisqu’il convient que la traduction de l’ensemble très riche des prières séculaires soit réalisée dans un langage tel qu’elle soit compréhensible dans le “contexte culturel”, auquel elle est destinée, il faut être persuadé que la vraie prière liturgique n’est pas seulement constituée par le caractère propre de cette culture, mais que c’est elle-même qui vise à forger cette culture. Il n’est donc pas étonnant si, jusqu’à un certain point, elle diffère du langage commun. Une traduction liturgique qui transmet l’autorité et l’intégrité du sens des textes originaux, sert à former une langue sacrée vernaculaire, dont le vocabulaire, la syntaxe et la grammaire sont appropriés au culte divin, sans pour autant perdre la force et l’autorité qu’ont ces éléments dans le langage quotidien, comme cela fut le cas dans les langues des peuples d’antique évangélisation.

48 Il importe d’offrir aux fidèles les textes des principales fêtes de l’année liturgique, dans une traduction qui permette de se les remémorer facilement, et même de s’en servir dans la prière privée.

A. Le vocabulaire

49 Il fait partie de la tradition de la liturgie romaine et des autres Rites catholiques que de posséder, dans leurs prières, un ensemble cohérent constitué d’un vocabulaire et d’expressions traditionnelles, puisés dans la Sainte Écriture et la tradition ecclésiale, surtout dans les écrits des Pères de l’Église. Ainsi, la manière de traduire les livres liturgiques doit favoriser la correspondance entre le texte de la Bible et celui des textes liturgiques, qui même s’ils sont de composition ecclésiastique, sont riches de mots bibliques ou du moins de références implicites à la Bible. 36 Il convient que pour les textes de ce genre, le traducteur prenne en considération la façon de s’exprimer de la traduction particulière de la Sainte Écriture déjà approuvée pour l’usage liturgique dans les territoires auxquels la traduction est destinée. En même temps, pour ne pas alourdir le texte, il est important de faire attention à ne pas trop insister à expliciter grossièrement toutes les subtilités des allusions bibliques.

50 Comme les livres liturgiques du Rite romain contiennent beaucoup de mots qui sont fondamentaux pour la tradition théologique et spirituelle de l’Église romaine, il faut s’appliquer à retenir ce vocabulaire et à ne pas le remplacer par d’autres mots étrangers à l’usage liturgique et catéchétique du Peuple de Dieu dans un contexte culturel et ecclésial déterminé. C’est pourquoi les principes particuliers suivants doivent être observés :

a) Dans les traductions des mots qui ont une importance théologique particulière, il convient d’essayer d’assurer une correspondance entre le texte liturgique et la traduction en langue vernaculaire du Catéchisme de l’Église Catholique, s’il s’existe une telle traduction ou si elle est en voie de préparation dans cette langue vernaculaire, ou bien dans une langue proche.

b) De plus, puisqu’il est bien que le même mot ou la même locution soit utilisé dans le texte liturgique et le Catéchisme, le traducteur doit veiller à exprimer tout le sens doctrinal et théologique qui est contenu dans les mots et dans l’ensemble du texte lui-même.

c) Les termes, qui se sont développés dans chaque langue vernaculaire pour désigner chacun des ministres de la liturgie, les vases sacrés, le mobilier et les vêtements du culte, doivent être distincts de ceux des personnes et des choses semblables, que l’on rencontre dans la vie quotidienne ou que l’on use chaque jour, et on ne doit pas leur substituer des mots qui n’ont pas de caractère sacré.

d) Il convient d’être constant dans la traduction des mots importants dans les différentes parties de la Liturgie, en employant les normes indiquées ci-dessus au n. 53.

51 Cependant, il faut maintenir dans les traductions une variété de mots semblable à ce que l’on trouve dans le texte original. Par exemple, si on emploie dans la langue vernaculaire un seul terme pour rendre une variété de verbes latins, comme “satiari”, “sumere”, “vegetari” et “pasci” d’une part, ou de noms comme “caritas” ou “dilectio” d’autre part, ou aussi de mots tels que “anima”, “animus”, “cor”, “mens” et “spiritus”, le fait de les répéter peut rendre le texte ennuyeux et banal. De même, une erreur similaire concernant la traduction des mots qui s’adressent à Dieu, tels que “Domine”, “Deus, “Omnipotens aeterne Deus”, “Pater”, et ainsi de suite, ou des divers mots exprimant la supplication, l’expression des relations entre les fidèles et Dieu, peut rendre la traduction fastidieuse et atténuer l’éclat et la beauté du texte latin.

52 Le traducteur s’efforcera de conserver la dénotation, c’est-à-dire le sens primaire des mots et des locutions du texte original, ainsi que leur “connotation”, c’est-à-dire les nuances ou bien les émotions produites par eux, et il fera en sorte que le texte soit ouvert à d’autres niveaux de significations, qui peut-être étaient expressément voulues par le texte original.

53 Là où l’on rencontre certains mots latins importants, qu’il est difficile de traduire exactement dans une langue moderne (comme les mots “munus”, “famulus”, “consubstantialis”, “propitius”, etc.), on peut employer pour la traduction divers procédés, soit en le rendant par un seul mot ou un groupe de mots, soit en créant un mot nouveau, en l’adaptant ou en le transcrivant avec une orthographe modifiée par rapport au texte original (cf. ci-dessus n. 21 ), soit en introduisant un mot, qui est déjà pourvu d’un certain nombre de significations. 37

54 Il faut éviter d’introduire dans les traductions la tendance à la psychologie, ce qui peut arriver surtout lorsque, au lieu d’employer des locutions, qui concernent les vertus théologales, on les remplace par d’autres qui se réfèrent simplement aux sentiments humains. En ce qui concerne les mots ou les locutions, qui expriment une vraie notion théologique de causalité divine (comme, par exemple, dans le cas des mots latins “praesta, ut...”), il faut éviter d’y substituer des mots ou des locutions, qui rendent l’idée d’une aide purement extérieure ou profane.

55 Plusieurs mots, qui, au premier abord, semblent être introduits dans le texte latin à raison du mètre ou bien pour d’autres motifs de technique littéraire, ont en réalité souvent un sens proprement théologique ; il faut donc veiller, quand cela s’avère possible, à les conserver dans les traductions. Il est nécessaire que les termes, qui expriment les divers aspects des mystères de la foi et du sens moral de la vie chrétienne, soient traduits avec une grande précision.

56 Certains mots, qui appartiennent au trésor de l’Église primitive tout entière, ou à une grande partie de celle-ci, de même que d’autres, qui se sont ajoutés au patrimoine intellectuel universel, doivent être conservés, quand cela s’avère possible, littéralement, comme, par exemple, les mots de la réponse du peuple : “Et cum spiritu tuo” ou la locution : “mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa”, dans l’acte pénitentiel de l’Ordinaire de la Messe.

B. De la syntaxe, du style et du genre littéraire

57 La caractéristique de l’insigne Rite romain de s’exprimer avec concision et de façon concrète, doit être respectée dans la traduction, quand cela s’avère possible. De plus, dans les différentes parties des livres liturgiques, il semble très opportun de traduire la même idée par la même locution. Il faudra observer les principes suivants :

a) L’expression de la liaison entre les concepts, tels qu’on la trouve, par exemple, dans les propositions subordonnées et relatives, dans l’ordre des mots et dans les types de parallélismes, doit être rendue autant que possible dans la langue vernaculaire en se servant des moyens appropriés à celle-ci.

b) Dans la traduction des mots, qui sont dans le texte original, il faut conserver, autant que possible, la même personne, le même nombre et le même genre.

c) Le sens théologique des mots exprimant la causalité, un rapport d’intention ou de résultat (comme “ut”, “ideo”, “enim” et “quia”) doit être conservé, même s’il faut employer des moyens d’expression adéquats à chacune des diverses langues.

d) Les principes, énoncés ci-dessus au n.
51 , qui concernent la variété des termes, doivent être observés aussi pour ce qui concerne la variété de la syntaxe et du style (par exemple, pour la position, à l’intérieur de la Collecte, du vocatif qui s’adresse à Dieu).

58 Il faut préserver le genre littéraire et rhétorique des divers textes de la Liturgie romaine. 38

59 Puisque les textes liturgiques sont par nature destinés à être prononcés et entendus durant la célébration liturgique, certaines façons de s’exprimer leur sont propres et se distinguent des habituels discours communs ou bien des textes lus silencieusement, par exemple, par la syntaxe et le style, par le ton solennel ou élevé, par l’allitération et la consonance, par les images concrètes et frappantes, par la répétition, le parallélisme et les contrastes, par un certain rythme, et parfois par la force lyrique des œuvres poétiques. S’il n’est pas possible de reproduire les mêmes éléments de style du texte original dans la langue vernaculaire (comme il arrive souvent dans le cas de l’allitération et de la consonance), le traducteur doit réfléchir sur l’effet que ces éléments produisent dans l’esprit de l’auditeur, en ce qui concerne le thème, le contraste entre les notions, l’emphase, et ainsi de suite. Ensuite, il convient pour lui d’employer, avec un certain savoir-faire, toutes les possibilités de la langue vernaculaire, pour atteindre ce même but autant que possible, non seulement quant au sujet traité, mais encore en ce qui concerne les autres éléments. Dans les textes poétiques, il y a besoin d’une plus grande flexibilité dans la traduction, afin de retenir la fonction d’une certaine forme littéraire pour exprimer l’argument. Il reste que les expressions ayant une valeur particulière doctrinale et spirituelle, ou celles qui sont particulièrement bien connues, devraient être traduites littéralement, quand cela est possible.

60 La plus grande partie des textes liturgiques est composée pour pouvoir être chantés par le prêtre célébrant, le diacre, le chantre, le peuple et la chorale. C’est pourquoi il convient de traduire le texte pour qu’il puisse être mis en musique. Il faut pourtant veiller à ce que, cependant, en mettant le texte en musique, on fasse attention à l’autorité du texte original, de sorte que ni dans les passages de la Sainte Écriture, ni pour les textes choisis dans la Liturgie, et qui ont reçu la recognitio, on ne leur substitue pas des paraphrases dans le but de rendre le chant plus facile, et qu’on n’emploie pas des hymnes, qui soient considérés comme généralement constants. 39

61 Les textes destinés à être chantés ont une importance particulière, car ils inculquent aux fidèles le sens de la solennité de la célébration et manifestent l’unité dans la foi et la charité par l’union des voix. 40 Les hymnes et les cantiques, qui sont contenus dans les éditions typiques actuelles, ne constituent qu’une petite partie de l’immense trésor historique de l’Église Latine et il importe beaucoup qu’ils soient conservés dans les éditions typiques en langue vernaculaire, même s’ils sont présentés à côté d’autres, écrits dans une langue vernaculaire. Le texte des chants, qui sont composés en langue vernaculaire, devrait surtout être pris dans la Sainte Écriture et dans le patrimoine liturgique.

62 Certains textes liturgiques de composition ecclésiastique accompagnent les diverses actions rituelles et s’accordent avec l’attitude du corps, les gestes et l’usage de certains symboles. C’est pourquoi il importe que dans l’élaboration des traductions adéquates, on tienne compte de considérations comme le temps qui est nécessaire pour prononcer le texte, soit en le récitant, soit en le chantant, ainsi que l’effet d’une répétition constante, etc.

4. Normes concernant des genres particuliers

A. Les Prières eucharistiques

63 Le sommet de toute la Liturgie est la célébration de la Messe, en laquelle, particulièrement, la Prière Eucharistique ou Anaphore occupe la place principale. 41 C’est pourquoi les traductions des Prières eucharistiques approuvées doivent être préparées avec beaucoup de soin, spécialement en ce qui concerne les formules sacramentelles, pour lesquelles il est prévu des normes particulières décrites aux nn. 85 -86 ci-dessous.

64 Les révisions des traductions, qui pourraient suivre après un certain temps, ne doivent pas changer sans nécessité de manière considérable la traduction établie déjà approuvée des Prières Eucharistiques en langue vernaculaire, que les fidèles ont peu à peu mémorisées. Toutes les fois qu’il sera nécessaire de procéder à une traduction entièrement nouvelle, il faudra observer les normes indiquées ci-dessous au n. 74 .

B. Le Symbole ou la profession de foi

65 Le Symbole ou profession de foi a pour but de permettre que l’ensemble du peuple rassemblé donne une réponse à la Parole de Dieu annoncée dans les lectures et la Sainte Écriture et exposée dans l’homélie, et prononce la règle de foi selon une formule prévue pour l’usage liturgique, qu’il confesse ainsi les grands mystères de la foi. 42 Le Credo doit être traduit par des mots bien choisis en conformité avec la tradition de l’Église Latine, et il faut employer la première personne du singulier, qui permet de manifester expressément : “la confession de la foi est transmise par le symbole comme par la personne de l’Église entière unie par la même foi”. 43 De plus, les mots “résurrection de la chair” doivent être traduits littéralement, toutes les fois que le Symbole des Apôtres est prescrit dans la Liturgie ou quand il est possible d’y recourir. 44

C. Les \Ipraenotanda\i, les rubriques et les textes juridiques

66 Toutes les parties d’un même livre liturgique doivent être présentées sous la forme d’une traduction suivant la même présentation que le texte latin de l’édition typique, sans excepter l’Institutio generalis, les praenotanda, les instructions placées avant les différents rites, de même que les rubriques particulières, qui constituent le support de toute la structure de la Liturgie. 45 La distinction entre les différentes fonctions liturgiques et les termes indiquant les différents ministres de la liturgie, tels qu’ils apparaissent dans les rubriques de l’édition typique, sont à préserver avec exactitude dans la traduction, selon ce qui est indiqué à leur sujet ci-dessus au n. 50 c. 46

67 Là où les praenotanda ou d’autres textes des éditions typiques requièrent explicitement des adaptations ou des précisions de la part de la Conférence des Évêques, et indique de façon spécifique certains points, comme par exemple les parties du Missel qui doivent être réglées de près par la Conférence des Évêques, il est permis d’introduire ces dispositions dans le texte, 47 à condition qu’ils aient obtenu préalablement la recognitio du Siège Apostolique. Selon la nature de la chose, il n’est pas convenable, dans ce cas, que ces parties soient traduites telles qu’elles se présentent dans l’édition typique. Il faut faire mention néanmoins des décrets d’approbation de la Conférence des Évêques, ainsi que de la recognitio subséquente de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.

68 Dans les éditions en langue vernaculaire, il faut placer au début les décrets par lesquels ont été promulguées les éditions typiques par le Discastère compétent du Siège Apostolique, selon les indications contenues dans le n. 78. Il faut aussi insérer les décrets qui contiennent la recognitio des traductions par le Saint-Siège, ou bien faire mention des mêmes avec le jour, le mois, l’année et le numéro du protocole du décret émis par le Dicastère. Puisque ce sont aussi des documents historiques, les noms des Dicastères et des autres organismes du Siège Apostolique doivent être traduits avec exactitude, selon l’état des choses au jour de la promulgation du document, et ils ne doivent pas être révisés en vue d’accommoder le nom de l’organisme actuel.

69 Les éditions des livres liturgiques établies en langue vernaculaire doivent correspondre sous tous leurs aspects avec les titres, l’ordre des textes, les rubriques et la numérotation, qui apparaissent dans l’édition typique, sauf si les praenotanda de ces livres en disposent autrement. Il faut insérer en outre les éléments supplémentaires approuvés par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, soit dans un supplément soit dans une appendice, selon ce que le Siège Apostolique aura décidé.


III

LA PRÉPARATION DES TRADUCTIONS

ET L’ÉTABLISSEMENT DES COMMISSIONS

1. La manière de préparer chaque traduction

70 En raison de l’office dont les Évêques sont chargés et qui consiste à obtenir des traductions liturgiques, 48 il convient de remettre ce travail particulier à la commission liturgique dûment constituée par la Conférence des Évêques. Là où manque une telle commission, le travail de traduction sera confié à deux ou trois Évêques, experts en liturgie, études bibliques, philologie ou musique. 49 Quant à l’examen et l’approbation des textes, tous et chacun des Évêques doivent considérer cette charge comme une affaire de confiance, directe, solennelle et personnelle.

71 Dans les nations où l’on emploie plusieurs langues, les traductions doivent être réalisées en plusieurs langues vernaculaires et leur examen sera confié aux Évêques intéressés. 50 Néanmoins, c’est à la Conférence des Évêques comme telle que reviennent le droit de même que l’autorité concernant les divers actes mentionnés dans la présente Instruction, qui la concernent ; et c’est donc à toute la Conférence des Évêques qu’il revient d’approuver les textes et de les transmettre au Siège Apostolique pour la recognitio.

72 Les Évêques, en mettant en œuvre la charge qui leur a été confiée de préparer les traductions des textes liturgiques, doivent pourvoir avec soin à ce que les traductions soient le résultat d’un travail réalisé en commun plus que celui d’une seule personne ou d’un groupe restreint de personnes.

73 Chaque fois qu’est réalisée la promulgation d’une édition typique en langue latine d’un livre liturgique, il convient que soit élaborée une traduction de ce même livre, qui, une fois approuvée par la Conférence des Évêques, doit être envoyée à la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, pour la recognitio, selon les normes exposées dans cette Instruction, et en tenant compte des autres normes juridiques. 51 S’il s’agit seulement de modifications d’une partie de l’édition typique latine ou de l’insertion de certains éléments nouveaux, ces innovations doivent être insérées totalement et fidèlement dans toutes les éditions en langue vernaculaire qui suivront.

74 Il convient qu’une certaine stabilité soit observée, autant que possible, dans les éditions en langue moderne, qui se succèdent. Les passages qui doivent être mémorisés par le peuple, spécialement s’ils sont mis en musique, ne doivent être modifiés que pour une cause juste et de majeure importance. Néanmoins, s’il s’avère nécessaire d’introduire des modifications particulièrement importantes, afin que le texte soit rendu conforme aux normes de cette Instruction, il serait mieux qu’elles soient produites en même temps. Si cela arrive, il convient qu’il y ait un temps de catéchèse en vue d’expliquer le nouveau texte.

75 La traduction des livres liturgiques requiert non seulement des connaissances d’un degré élevé, mais aussi un esprit de prière et la confiance en l’aide de Dieu, qui n’est pas accordé seulement aux traducteurs, mais à l’Église elle-même, durant tout le processus qui conduit à l’approbation d’un texte stable et définitif. Il est indispensable que chaque personne, chargée de la préparation de la traduction des livres liturgiques, fasse preuve d’une disponibilité habituelle à accepter que son propre travail puisse être évalué et révisé par d’autres. En outre, toutes les traductions et les textes rédigés en langue vernaculaire, sans excepter les praenotanda et les textes des rubriques doivent être présentés sans le nom de l’auteur, qu’il s’agisse d’un seul individu ou d’une institution collective, comme cela se fait dans les éditions typiques. 52

76 Pour l’application des dispositions du Concile Vatican II sur la Sainte Liturgie, il est clair que, en considérant l’expérience de presque quarante années de renouveau liturgique instauré par le concile Œcuménique, des traductions des textes liturgiques - du moins dans les langues les plus répandues - sont nécessaires non seulement aux Évêques dans le gouvernement des Églises particulières, mais aussi au Siège Apostolique lui-même, afin que dernier puisse exercer sa sollicitude universelle envers les fidèles dans la ville de Rome et dans le monde entier. En effet, dans le diocèse de Rome, spécialement dans de nombreuses églises et institutions de la Ville, qui dépendent de ce même diocèse ou d’organismes du Saint-Siège, de même que dans les activités des Dicastères de la Curie Romaine et auprès des Représentants Pontificaux, on utilise fréquemment les principales langues, y compris dans les célébrations liturgiques. C’est pourquoi, on a jugé convenable qu’à l’avenir la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements participe de façon plus étroite au travail de préparation des traductions dans les principales langues.

77 En outre, en ce qui concerne les langues principales, il est nécessaire de réaliser une traduction intégrale de tous les livres liturgiques dans un délai raisonnable. Les traductions antérieures approuvées de façon provisoire doivent être perfectionnées ou entièrement revues, selon le cas, puis soumises aux Évêques en vue de leur approbation définitive selon les normes exposées dans cette Instruction, et ensuite envoyées à la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, en vue de la recognitio du Siège Apostolique. 53

78 Quand il s’agit des langues moins usitées, qui sont approuvées seulement pour l’usage liturgique, il est possible de réaliser des traductions des livres liturgiques les plus importants, selon les nécessités pastorales, et en ayant obtenu le consentement de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements. Les livres particuliers, qui sont ainsi choisis, doivent être intégralement traduits, conformément au n. 66 ci-dessus. En ce qui concerne les décrets, l’Institutio generalis, les praenotanda et les instructions, il est permis de les imprimer dans une langue différente de celle qui est utilisée dans les célébrations, pourvu qu’elle soit comprise par les prêtres et les diacres qui célèbrent dans ce territoire. Il est permis d’imprimer le texte des décrets en latin, ou d’ajouter sa traduction, ou encore de la mettre à sa place.


Liturgiam authenticam 34