Discours 1969









AUX ÉVÊQUES À L'OCCASION DE LEUR ORDINATION ÉPISCOPALE Mardi 7 janvier 1969

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Venerables Hermanos y queridos Hijos,

Ala inefable emoción vuestra y Nuestra por la ceremonia de ordenación episcopal que ayer vivimos, en el misterio de la Epifanía, se añade hoy el gozo de este encuentro con vosotros, amados Obispos de Bolivia y de México, y con vuestros familiares.

Vuestra presencia aquí Nos abla de reconocimiento y de devoción a Nuestra humilde persona; sentimientos que apreciamos y agradecemos vivamente, mientras os reiteramos la más cordial felicitación.

ConsentidNos la expresión de intimo deseo, Venerables Hermanos. Que vuestra labor pastoral en América ofrezca siempre un doble testimonio: él de Nuestra constante y afectuosa solicitud que vibra con las ansias y esperanzas de los Pastores e hijos de la Iglesia en ese cristiano continente y él de vuestra límpida y firme adhesión a la Cátedra de San Pedro, junto a cuya Tumba habéis recibido de Nós el supremo sacerdocio.

Llevad a vuestros Hermanos en el Episcopado de Bolivia y de México - en especial a los de La Paz y Cochabamba -, a vuestros sacerdotes y fieles Nuestro recuerdo y Nuestra Bendición, la misma qua ahora impartimos a vuestros familiares y, de modo particular, a vosotros como prenda de las gracias divinas que hagan muy fructuosa vuestra entrega generosa a Dios y a las almas.

Vénérables Frères et chers Fils,

C’est pour Nous une grande joie de vous recevoir, après la belle cérémonie d’hier matin en la fête de l’Épiphanie. C’était symboliquement présente autour de Nous en la basilique de Saint-Pierre, toute la foule du peuple de Dieu, de ses évêques, de ses prêtres, de ses religieux et religieuses, autour du Successeur de Pierre, unie dans une même foi, une même espérance, une même charité.

Aujourd’hui, Nous avons tenu à vous recevoir personnellement, malheureusement moins longtemps que Nous l’aurions désiré, mais le temps est si limité! A tous, Nous voulons dire la joie de Notre coeur. Aux mamans de Monseigneur Eugène Ernoult et de Monseigneur André Quélem, tout d’abord, Notre gratitude, pour avoir donné ces nouveaux successeurs aux Apôtres, afin d’annoncer, demain comme hier, la bonne nouvelle de l’Evangile du Christ Sauveur. A tous les pèlerins, membres de vos familles, ou amis, qui vous ont suivis au cours des étapes de votre ministère sacerdotal, à l’aumônerie de l’Action catholique générale, à la Direction des OEuvres à Rennes, au Grand Séminaire de Quimper, à Saint Louis de Brest, Notre joie de vous voir si nombreux entourer de votre affection les nouveaux évêques.

Aux délégations de Nantes et d’Angers, prêtres, religieuses et laïcs, Notre joie de vous donner Monseigneur Ernoult et Monseigneur Quélem pour aider de tout leur zèle pastoral les chefs des deux diocèses, Monseigneur Vial et Monseigneur Mazerat. Nous sommes heureux de cet échange fraternel entre les diverses régions de l’Ouest de la France. Un grand merci enfin à Monseigneur Gouyon - et à son auxiliaire Monseigneur Riopel -, à Monseigneur Barbu - et à son auxiliaire Monseigneur Favé -, pour avoir accepté de se séparer de collaborateurs de valeur en vue d’un meilleur service d’Eglise.

A tous, chers pèlerins de la Bretagne et de l’Anjou, Nous disons Notre admiration pour tant de vertus de foi chrétienne, de fidélité, et de générosité dans le service de l’Eglise. A travers vous, c’est à toutes vos familles, et à vos paroisses que Nous pensons. De retour chez vous, soyez les messagers de l’affection et de la gratitude du Pape. A tous, dites combien Nous comptons sur eux, pour l’Eglise. Que Notre Bénédiction Apostolique vous traduise aussi tous les voeux que Nous formons de grand coeur g l’intention de vos familles, de vos diocèses, et vous donne toutes les grâces de Dieu que Nous souhaitons pour vous en ce début d’année nouvelle.

Venerable Brothers, beloved sons and daughters

It is a great consolation for Us to receive your visit; to see four of Our Brothers, ordained by Us personally to the fulness of the Priesthood, surrounded by parents, relatives and friends.

We seem to hear again the magnificent words of the new rite of Ordination, asking God to pour forth upon you, Venerable Brothers, that power and spirit which He gave to His beloved Son Jesus Christ, and which Our Lord gave to His holy Apostles.

Two among you, after years of devoted service here in the Roman Curia, will continue in duties of higher rank and greater responsibility to the Holy See. Two others, having been faithful “collaborators in the Sacred Orders” with your Bishops, will now assist them in the fraternal charity of the Episcopate. May the Holy Spirit prosper your labours, and may Our blessed Lady, Mother of the Church, help you all. to “please God in goodness and simplicity of heart”.

Beloved sons and daughters, the families and friends of these new Apostles: in the words of the final blessing of the Ordination ceremony: “May you be preserved from all adversity and filled with every blessing; by your loving devotion to these new Bishops, may you enjoy tranquillity and peace in this world, and with them merit to attain one day the company of the saints in heaven!”.

To each of you, to your family members at home, and to all those whose thought and intention you bear in your hearts, We lovingly impart Our special Apostolic Blessing.



AU CORPS DIPLOMATIQUE* Samedi 11 janvier 1969

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Excellences, Chers Messieurs,

Nous remercions votre interprète des bonnes et nobles paroles qu’il vient de Nous adresser en votre nom. Il s’est servi, pour vous désigner, d’une expression heureuse: le Corps Diplomatique, a-t-il dit, constitue «quelque chose comme une famille». C’est bien ainsi que Nous l’entendons aussi. Et il est tout naturel qu’au début d’une année nouvelle se tienne une réunion de famille pour l’échange des voeux traditionnels. Nous vous sommes reconnaissant de ceux que vous Nous présentez. De tout coeur Nous vous offrons ceux que Nous formons à Notre tour pour vos personnes, pour vos familles et pour vos Patries respectives.

Cette rencontre annuelle nous invite tous à nous poser une question; une question qui n’est pas nouvelle, mais qu’il est toujours utile de poser, car elle peut fournir matière à bien des réflexions. Cette question est la suivante. Puisque vos nations respectives ont jugé bon et opportun d’entretenir des relations avec le Saint-Siège; puisque des relations de cette sorte ne se justifient que si elles servent au bien commun de la société, autrement dit si elles sont utiles aux grandes causes de l’humanité, à la solution de ses problèmes: comment pouvons-nous nous aider mutuellement à atteindre ce but?

La réponse à cette question n’est pas aussi simple qu’il pourrait sembler d’abord: car l’activité des deux parties en présence ne s’exerce pas au même niveau. Les Etats poursuivent des intérêts d’ordre temporel, tandis que le Saint-Siège poursuit des finalités qui sont principalement d’ordre spirituel. Et nous touchons ici un aspect caractéristique, unique, qui ne se retrouve pas dans les relations des nations entre elles, mais qui se vérifie pour chacune d’elles dans ses relations avec le Saint-Siège: la rencontre du temporel et du spirituel.

Cette différence des plans qui pourrait sembler compromettre les chances d’une heureuse collaboration, les assure au contraire excellemment: car ces deux plans se complètent et s’appellent, de sorte qu’on peut dire que, normalement, les deux parties en présence, loin de poursuivre des intérêts contrastants ou divergents, sont d’avance d’accord sur l’essentiel des buts à atteindre.

Quels sont-ils, ces buts? De deux sortes, Nous semble-t-il: d’une part le bien de chaque peuple pris individuellement; d’autre part le bien commun de l’humanité.

Dans chaque peuple, dès là que le Saint-Siège ne recherche aucun avantage personnel, mais bien l’avantage de ce peuple lui-même, la collaboration doit être- normalement la plus facile qui soit: que se proposent en effet les Autorités temporelles sinon le bien de leurs peuples? Le bien spirituel et le bien temporel ne sont pas deux antagonistes: ils s’harmonisent dans une vision totale de la personne et de la société humaines. Et que dire de la collaboration du Saint-Siège et des nations au plan du bien commun de toute l’humanité? Votre Doyen y a insisté avec raison et a mis ce point en relief avec un grand bonheur d’expression, trop flatteur sans doute pour les efforts de Notre modeste personne, mais non certes inadéquat à traduire les soucis et les ardents désirs du Siège Apostolique. Les questions en jeu sont trop graves, en effet, pour ne pas appeler l’action concertée de tous les hommes de coeur sur la terre entière. C’est du destin du monde qu’il s’agit, en définitive, des droits humains à garantir à tous, de l’élévation des plus faibles, de l’éducation de tous à la collaboration, du désarmement à réaliser, du racisme à éliminer, de la justice, de la liberté à faire régner partout, et enfin et surtout de l’immense question qui semble résumer à elle seule et dominer toutes les autres: la question de la paix. «Longue et difficile bataille», disait justement votre illustre interprète! Nous ajouterons: bataille à livrer tous les jours, conquête sans cesse à recommencer, car le démon de la discorde ne sera jamais complètement exorcisé.

Mais laissez-Nous, devant vous, arrêter plutôt Notre regard sur ce qui peut servir de stimulant et d’encouragement dans la collaboration qui doit caractériser nos rapports mutuels. Est-ce trop optimiste de juger que les foyers de guerre sont présentement, grâce à Dieu, en voie d’extinction? Est-il téméraire d’espérer que les laborieux pourparlers de Paris apporteront sans trop tarder au Vietnam meurtri la paix à laquelle i! aspire depuis si longtemps? Nous voulons croire aussi que finiront par s’ouvrir en Afrique, comme Nous le souhaitions dans Notre réponse de Noël aux voeux du Sacré Collège, des négociations analogues au sujet du conflit nigérien. Le Moyen-Orient reste sans doute une source de graves préoccupations : mais l’empressement généralement manifesté à ce propos, lors des derniers développements, a montré combien l’aspiration à la paix était profondément enracinée dans les consciences et dans l’opinion publique. Là aussi Nous voulons accueillir ces symptômes comme une lueur d’espoir et l’annonce d’heureuses améliorations.

Si Nous tournons les yeux vers l’Amérique Latine - et Notre récent et inoubliable voyage en Colombie Nous y invite - il Nous est impossible, certes, de ne pas apercevoir les menaces qui continuent à peser sur la paix sociale de cet immense continent. Mais il Nous semble discerner, là aussi, un progrès dans la prise de conscience des problèmes, et dans l’exigence mieux sentie de justes réformes. Enfin, pour finir par l’Europe, nul n’oserait dire, certes, qu’elle est tout entière sereine et complètement pacifiée. Des inquiétudes se sont manifestées dernièrement en Irlande du Nord; et nul ne peut se résigner de gaieté de coeur aux graves atteintes portées contre la liberté d’un vaillant Etat d’Europe centrale, qui est resté depuis lors au premier plan de l’actualité. Mais dans ce dernier cas aussi, n’est-il pas réconfortant de noter que l’admiration et la sympathie d’une opinion publique quasi unanime se sont spontanément manifestées en faveur de la défense des valeurs qui sont le patrimoine commun de l’humanité?

En présence des sentiments mélangés d’espoir et de crainte que suscite ce bref rappel des menaces pesant sur la paix du monde, Nous posons la question que Nous avons prise pour thème de cet entretien; vous et Nous - vous, les nations, et Nous, le Saint- Siège - que pouvons-Nous faire ensemble dans ce domaine? Ou plus précisément, car la question a deux aspects: comment pouvez-vous Nous aider?

Et comment pouvons-Nous vous aider? Vous pouvez Nous aider en suivant de près, comme vous le faites, l’activité du Saint-Siège en faveur de la Paix, en étant les témoins attentifs de ce que le devoir de Notre charge Nous inspire de dire et de faire à ce sujet, en contribuant à le faire connaître dans vos Pays, à en favoriser l’application. Qui ne voit, par exemple, ce que la cause de la Paix gagnerait à une mise en oeuvre, sur une plus vaste échelle, des suggestions de l’Encyclique Populorum Progressio? ou d’une réponse moins timide à Nos appels à la réduction progressive et réciproque des armements? à la constitution d’un Fonds mondial pour le développement? Il Nous semble que sur ces points et sur d’autres, vous, comme diplomates, avec l’autorité qui s’attache à votre nom et à votre fonction, vous pouvez Nous être d’un précieux secours pour seconder Notre action.

Et Nous, que pouvons-Nous faire pour vous? Sans doute, avant tout, mieux vous connaître, Nous tenir avec toujours plus de soin au courant de la situation de chacun de vos Pays. Vous Nous y aidez, d’ailleurs, en Nous fournissant des éléments de jugement qui Nous permettent souvent de compléter et, au besoin, de corriger les données fournies par la grande information et pas toujours conformes à la réalité des faits. Nous sommes heureux d’avoir cette occasion de vous en remercier. Être bien informé, c’est la première condition d’une fructueuse collaboration.

Ce que Nous pouvons et voulons faire surtout, c’est servir toujours plus et toujours mieux le bien-être moral et spirituel de vos Peuples; et Nous continuerons à Nous y employer: soit qu’il s’agisse de rappeler des points de doctrine ou des exigences de morale conformes au véritable bien de l’homme; soit qu’il s’agisse de soutenir ce que les meilleures énergies de chaque Pays entreprennent pour l’élévation spirituelle et culturelle des citoyens, pour le développement dans les âmes de sentiments favorables à la paix et à la bonne entente. C’est là, pensons-Nous, le genre de service qu’on est en droit d’attendre de Nous; c’est Notre contribution spécifique à la solution des grands problèmes humains d’aujourd’hui.

Que Dieu nous aide, Excellences, chers Messieurs! Qu’il rende féconde notre collaboration à tous pour le bien de la société tout entière! Nous le lui demandons avec ferveur, en implorant son assistance sur vos personnes, sur vos familles et vos patries, et sur l’heureux accomplissement de votre haute tâche au cours de cette année nouvelle.

*AAS 61 (1969), p.91-95.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. VII, p.21-25.

L’Osservatore Romano, 12.1.1969, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.3 p.1, 2.

La Documentation catholique, n.1535 p.211-213.





AU PREMIER MINISTRE CANADIEN* Jeudi 16 janvier 1969

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Monsieur le Ministre,

La visite que Votre Excellence veut bien Nous faire aujourd’hui est pour Nous un honneur et un plaisir.

Il y a longtemps que Nous connaissons et admirons la vitalité humaine et chrétienne de votre belle patrie. Et la Providence Nous a permis, il y a bien des années, d’apprécier par une expérience directe la cordialité et la délicatesse de l’hospitalité canadienne. Expérience trop brève, malheureusement, mais qui Nous a laissé un inoubliable souvenir.

Nous avons suivi depuis lors avec un intérêt accru les événements qui concernaient votre Pays, tant dans le domaine politique et social que dans le domaine religieux, et Nous sommes heureux d’avoir aujourd’hui l’occasion d’exprimer, devant une personnalité aussi qualifiée que Votre Excellence, Notre confiance dans l’avenir du Canada.

Ce n’est pas que Nous méconnaissions la gravité et la difficulté des problèmes qui se posent à un Premier Ministre Canadien, au début d’une nouvelle législature, dans la situation présente du monde. La coexistence dans votre Pays de deux communautés linguistiquement et culturellement distinctes ajoute sans doute encore à la difficulté. Mais l’esprit positif et réaliste de vos compatriotes sait trouver les moyens d’assurer le progrès de la nation, en conciliant harmonieusement des intérêts parfois divergents. Et s’ils vous ont porté au très haut poste de responsabilité que vous occupez aujourd’hui, c’est précisément, Nous semble-t-il, parce qu’ils nourrissent la confiance que vous saurez promouvoir les intérêts généraux du Pays dans la bonne entente de tous ses habitants. Il est trop évident en effet que ce qui les unit est plus fort et plus important que ce qui les divise.

L’Eglise, en vertu de sa mission, est favorable, vous le savez, à tout ce qui rapproche les hommes dans une féconde collaboration. Elle ne peut donc que souhaiter voir se développer, au coeur de chaque nation, une volonté sincère et unanime au service du bien commun. Et elle fait une place, dans sa prière liturgique, à l’imploration en faveur des responsables de ce bien commun. C’est donc de grand coeur qu’elle forme des voeux, dont Nous sommes heureux de Nous faire l’interprète, pour le pacifique et fructueux déroulement de votre haute mission au service de votre Patrie.

La vocation universelle de l’Eglise lui fait par ailleurs un devoir d’élargir aux dimensions du monde ce souci de la bonne entente et de la collaboration entre les hommes, et c’est pourquoi elle s’engage si profondément dans la grande cause de la paix du monde. Votre Pays, Monsieur le Premier Ministre, est un Pays foncièrement pacifique, et Nous aimons à penser qu’il continuera, sous votre impulsion, à apporter avec autorité sa précieuse contribution à une cause si vitale pour l’avenir de l’humanité.

Nous avons confiance qu’il continuera aussi - et c’est par là que Nous voulons terminer - à donner à l’Eglise ces belles familles chrétiennes qui lui font tant d’honneur, et où le Seigneur se plaît si souvent à choisir ceux et celles qu’Il appelle à une vocation plus haute. Nous vous confierons que ce n’est pas sans une profonde émotion que Nous avons Nous-même imposé les mains, le jour de l’Epiphanie, à de nouveaux Evêques, parmi lesquels figurait un fils de votre noble et chère Patrie canadienne.

Nous remercions Votre Excellence de l’aimable visite qu’elle a bien voulu Nous faire et de grand coeur Nous invoquons sur elle, sur sa famille et sur tout le Canada l’abondance des divines bénédictions.

*AAS 41 (1969), p.95-96.

Insegnamenti di Paolo VI, vol.VII, p.28-29.

L’Attività della Santa Sede 1969, p.26-27.

L'Osservatore Romano 17.1.1969, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.4 p.12.

La Documentation catholique, n.1536 p.254.





AU COLLÈGE DE DÉFENSE DE L’O.T.A.N.* Lundi 3 février 1969

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Chers Messieurs,

A l’exemple de ceux qui ont participé aux sessions de votre Collège de défense en ces dernières années, vous n’avez pas voulu quitter Rome sans venir Nous saluer. Nous sommes toujours très sensible à ce geste déférent, qui est à Nos yeux un hommage rendu non seulement à Notre humble personne, mais surtout aux valeurs morales et spirituelles dont l’Eglise catholique est la gardienne et la promotrice.

Nous souhaitons, Messieurs, que ces valeurs, souvent si méconnues aujourd’hui, soient toujours bien présentes à vos esprits et à vos coeurs. Et Nous pensons que c’est là le meilleur souhait que Nous puissions formuler pour vous, car c’est le spirituel qui est important dans l’activité humaine. C’est d’abord ce qui fait la dignité de l’homme, ce qui Nous rapproche de Dieu, cet Etre mystérieux, purement spirituel, qui préside aux destinées du monde. Et c’est aussi ce qui rapproche les hommes les uns des autres. Car tout le monde voit que lorsqu’il s’agit de biens et d’intérêts matériels, il n’est que trop fréquent que les hommes s’opposent les uns aux autres; cela se vérifie parfois au sein d’une même famille; ou entre groupes d’une même nation qui poursuivent des buts divergents; ou encore, au sein de la communauté humaine, entre des nations, qui pourtant auraient tant de raisons de vivre en fraternelle entente.

Et c’est tout le problème si grave, si angoissant, de la paix du monde, qui est posé ainsi devant la conscience de tous. Devant la vôtre, en particulier, Messieurs, qui êtes plus concernés que d’autres, peut-on dire, étant donné le rôle que vous serez appelés à jouer aux postes de responsabilité que vous occuperez dans vos Pays respectifs.

Soyez des partisans résolus du spirituel, de tout ce qui peut rapprocher et unir les hommes et les nations, et vous serez ainsi de bons artisans de paix. C’est la consigne que Nous Nous permettons de vous laisser comme souvenir de cette rencontre, en vous redisant Notre reconnaissance pour votre aimable visite et en invoquant sur vos personnes, sur vos familles et sur vos patries, les plus abondantes faveurs divines.

*Insegnamenti di Paolo VI, vol.VII, p.63-64.

L'Osservatore Romano 3-4.2.1969 p.1.



AUX MEMBRES DU PREMIER CONGRÈS INTERNATIONAL POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE EN EUROPE amedi 22 février 1969

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Nous accueillons avec plaisir les membres du Premier Congrès International pour la Formation professionnelle en Europe, et Nous vous souhaitons à tous, Messieurs, la plus cordiale bienvenue. Toute activité se déroulant au plan international a pour Nous un vif intérêt, et la vôtre, qui pourra se révéler si bienfaisante pour l’avenir des populations laborieuses de vos Pays, retient toute Notre attention.

Organisée par la méritante Unione Nazionale dell’Istruzione Tecnica e Professionale - active en Italie depuis plus de dix ans - et par la Présidence de la Communauté Economique Européenne, votre rencontre se signale avant tout par l’autorité des personnalités hautement qualifiées qu’elle rassemble, par l’actualité des sujets qu’elle étudie, et par l’importance que ceux-ci revêtent actuellement pour des millions de jeunes des six pays du «Marché Commun». L’existence même de cette communauté pose en effet des problèmes et impose des devoirs nouveaux. Il faut élaborer une politique commune de la formation professionnelle dans le cadre des intérêts culturels, économiques et sociaux de ce groupe ethnique; il faut assurer, dans ce même cadre, une certaine liberté de circulation pour ceux qui veulent exercer leur profession dans l’un ou l’autre des pays intéressés; cela suppose des échanges d’expériences pédagogiques, une relative égalisation dans les niveaux respectifs de la formation professionnelle, avec une certaine reconnaissance réciproque des titres qui la sanctionnent: autant de problèmes - pour n’en citer que quelques-uns - qui intéressent grandement l’équilibre humain et social de la Communauté Européenne.

Problèmes qui peuvent sembler d’abord d’ordre matériel et technique: et ils le sont, certes, pour une grande part. Mais votre présence ici, votre souci d’interrompre un instant vos travaux pour rendre visite à une autorité spirituelle, prouvent bien qu’à vos yeux ces problèmes revêtent une autre dimension, moins facile sans doute à exprimer en lettres et en chiffres, mais qui va bien au-delà de la pure technique: ces problèmes engagent l’homme et son destin sur cette terre; ils ont une résonance immédiate aux niveaux culturel et social; ils ne peuvent faire abstraction du plan moral. Et c’est pourquoi, Messieurs, vous le comprenez, Nous y portons un si vif intérêt.

Notre désir est que, grâce à votre effort commun, les incertitudes qui pèsent sur l’avenir de tant de jeunes européens se dissipent; que la qualité croissante et coordonnée de la formation qu’ils reçoivent leur donne confiance en eux-mêmes, confiance dans l’avenir; qu’elle contribue à l’épanouissement de leurs âmes en même temps qu’au perfectionnement de leurs capacités; qu’elle se résolve en un profit non seulement professionnel, mais humain, moral, spirituel.

Tel est le voeu que Nous avons plaisir à formuler devant vous, Messieurs. Et tandis que Nous vous remercions de votre aimable visite, c’est de grand coeur que Nous invoquons l’assistance divine sur vos personnes, sur vos activités, vos familles et vos Pays respectifs, et sur l’heureuse conclusion des travaux de votre Congrès.



U COMITÉ « PROMOTION HUMAINE » POUR LA MISE EN OEUVRE DE « POPULORUM PROGRESSIO » ercredi 12 mars 1969

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Quand, dans le prolongement du Concile, Nous écrivions dans Notre Lettre Encyclique Populorum progressio que «la faim d’instruction n’est pas moins déprimante que la faim d’aliments» (n. PP
PP 35), Nous songions à tous ces hommes, nus Frères, des pays en voie de développement surtout, qui sont privés, faute d’instruction et d’éducation élémentaires, de la faculté d’assumer librement la maîtrise de leur destin et de leur progrès personnels, conformément à la vocation que le Créateur leur a assignée comme à chacun de nous. Aussi Nous souhaitions du fond du coeur que soient envisagés des programmes d’aide qui tendent, comme Nous le soulignions dans Notre même encyclique «à libérer l’homme de ses servitudes, le rendre capable d’être lui-même l’agent responsable de son mieux-être matériel, de son progrès moral et de son épanouissement spirituel».

Si de multiples initiatives privées dans l’Eglise étaient déjà orientées en ce sens, il leur manquait, pensons-Nous, cette coordination harmonieuse qui seule peut témoigner d’un engagement de toute l’Eglise dans un service auquel elle appelle aujourd’hui toutes les bonnes volontés disponibles.

En assumant cette tâche, le Comité de Promotion Humaine a le souci de rendre compte de cette mission humanitaire et morale de l’Eglise. Il rejoint en même temps la préoccupation de plusieurs organismes spécialisés des Nations-Unies et notamment de l’U.N.E.S.C.O. dans sa campagne mondiale pour l’élimination de l’analphabétisme au cours de la prochaine décennie. Nous nous plaisons à souligner à cette occasion combien Nous nous réjouissons de pouvoir répondre, par ce Comité à l’invitation que Nous a déjà formulée l’éminent Directeur général de l’U.N.E.S.C.O., Monsieur René Maheu, d’associer les efforts de l’Eglise à ceux de son organisation en ce domaine.

En diverses circonstances Nous l’avions assuré de Notre disposition à répondre à son appel. Le Comité de Promotion Humaine sera désormais l’instrument de cette coopération de Nos Fils catholiques dans cette campagne d’alphabétisation où Nous espérons les voir s’engager nombreux dans un esprit de féconde collaboration et de charité évangélique.

Puisse ainsi se vérifier dans les faits le témoignage dont Monsieur le Directeur général de l’U.N.E.S.C.O. voulait bien honorer Notre Lettre Encyclique Populorum progressio, quand Il y discernait «la rencontre au service de l’homme d’une Eglise désormais résolument ouverte au monde et d’une institution intergouvernementale qui prend de plus en plus conscience de la dimension spirituelle de son entreprise intellectuelle et pratique» (Allocution de M. Maheu, LE 19 avril 1967, lors de la remise du texte de l’Encyclique Populorum progressio par Monseigneur Zabkar, Observateur permanent du Saint Siège près l’U.N.E.S.C.O.).



UX MEMBRES DU CONSEIL DES LAÏCS Smedi 15 mars 1969

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Monsieur le Cardinal, Vénérables Frères,
Chers Fils, Dirigeants, Membres et Consulteurs
du Conseil des Laïcs, soyez les bienvenus!

Votre éminent Président Nous avait manifesté déjà, à l’automne dernier, votre désir de venir Nous faire hommage de votre amour de l’Eglise, de votre volonté de la servir toujours mieux dans les rangs de ce laïcat, dont le Concile et la théologie contemporaine ont si remarquablement et si opportunément exalté le rôle.

Nous vous dirons que votre désir venait au-devant du Notre: car Nous aussi Nous voulions vous rencontrer, pour recueillir, par votre entremise, l’écho des pensées, des sentiments, des problèmes aussi du laïcat chrétien, dispersé sur la surface de la terre, et dont vous êtes ici les représentants si qualifiés.

Il Nous paraît, en effet, tout-à-fait conforme à l’esprit du Concile et utile au renouveau actuellement en cours dans l’Eglise, que s’établisse entre vous et Nous un fructueux dialogue.

Ce dialogue, utile en tout temps, Nous apparaît plus nécessaire que jamais dans les circonstances actuelles; celles-ci sont marquées, en effet, comme tout le monde le sait et le voit, par de vastes remises en question, par des «contestations» multiples, qui peuvent, dans une juste mesure, aider l’Eglise à se renouveler, mais qui risquent parfois aussi de troubler la foi du peuple chrétien au lieu de la raffermir et de la vivifier. Vous êtes, les témoins directs, dans vos différents Pays, de ces mouvements de pensée et d’action, de leurs manifestations diverses, des sentiments profonds qui les inspirent. Vous pouvez apprécier les éléments positifs qu’ils comportent et Nous apporter à Nous-même là-dessus de précieux éléments de jugement. C’est ce que Nous attendons de votre Conseil, c’est un des ‘motifs qui ont présidé à son institution.

Mais l’échange doit se faire dans les deux sens: et Nous attendons de vous également que votre sens de l’Eglise, votre attachement à celui qui - bien qu’indignement - en est aujourd’hui le Chef visible, vous inspirent en même temps de vous faire ses interprètes auprès de vos frères, de leur porter l’écho de ses préoccupations de pasteur, de ses consignes aussi, comme des indications qu’il lui appartient de donner pour leur apostolat.

Il faut en somme qu’un courant s’établisse, de vous à Nous, comme de Nous à vous. Il est d’une souveraine importance que dans l’Eglise, comme dans tout organisme vivant, la tête et les membres soient étroitement reliés, dans un même amour du Christ Sauveur, que les soucis des fils soient connus du Père et partagés par lui; mais aussi que la parole du Père soit entendue de tous les fils, comprise et mise en pratique. Pour cela aussi, Nous comptons sur vous. Car vous le savez bien, cette parole ne veut rien redire d’autre que le message de l’Evangile, mais c’est aussi le message tout entier qu’elle doit redire, dans sa plénitude. Vous pouvez bien en assurer, en quittant Rome, tous ceux dont vous êtes auprès de Nous en ce moment les représentants. Le grand souci du Pape, c’est que tous les chrétiens soient fidèles au Christ, qu’ils portent généreusement la bonne nouvelle du salut à travers le monde, qu’ils soient, là où ils sont, dans leurs familles, dans leurs villes et villages, dans leurs usines et leurs bureaux, leurs laboratoires et leurs secrétariats, leurs commerces et leurs fermes, partout dans le monde, les témoins vivants, ardents, généreux, joyeux, communicatifs, de l’amour du Seigneur.

Dans la crise actuelle qui ébranle le monde, dans la mutation qui secoue les institutions les mieux établies, c’est comme un vertige qui gagne les âmes les plus assurées, au sein même de l’Eglise, et jusqu’à ceux-là même qui s’étaient généreusement voués à son service exclusif.

A chacun, dans ce trouble, de se ressaisir, d’écouter aussi, et de comprendre les interrogations et remises en question qui nous concernent tous, et qui nous provoquent à un salutaire examen de conscience: sommes-nous de bons serviteurs de l’Eglise, d’authentiques témoins de l’Evangile, de bons messagers du Christ? Pouvons-nous, comme Saint Paul, qui avait reçu du Christ lui-même la divine assurance : «Ma grâce te suffit, car ma puissance se déploie dans la faiblesse», pouvons-nous répondre par le cri de foi et d’espérance jailli du coeur du grand Apôtre: «Je me glorifierai donc volontiers de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ»? (
2Co 12,9).

Oui, chers Fils, soyez de plus en plus disponibles à la grâce du Christ et dociles à ses inspirations, à toutes ses inspirations: celles qui vous sont plus familières, certes, mais celles aussi qui animent d’autres familles d’esprit, d’autres mouvements d’apostolat que les vôtres.

A chacun de porter témoignage, selon la grâce qui lui est donnée, pourvu que ce témoignage soit vraiment et authentiquement d’Eglise; et alors il ne portera que des «fruits de bonté, de justice et de vérité» (Ep 5,9).

Nous ne vous en dirons pas plus pour aujourd’hui. Les directives du Concile sont assez présentes à vos esprits pour vous servir de guide et éclairer votre route. Que Dieu vous accompagne et vous bénisse dans cette tâche si difficile, certes, mais si belle aussi, que le Seigneur vous a confiée, et pour le succès de laquelle Nous vous accordons, chers Fils, et en vos personnes à tout le laïcat catholique, une très affectueuse Bénédiction Apostolique.




Discours 1969