Discours 1971 32

AUX REPRÉSENTANTS QUALIFIÉS


DES SIX PARTENAIRES DU MARCHÉ COMMUN*


33
Jeudi 16 septembre 1971




Excellences et chers Messieurs,

Nous sommes très sensible à ce désir que vous avez manifesté de Nous rencontrer à l’issue de la réunion que vous venez de tenir à L’Aquila, entre représentants qualifiés des six partenaires actuels du Marché commun, sur les problèmes agricoles. Conscient des graves questions posées par la disparité des conditions naturelles et des structures sociales dans l’agriculture européenne, Nous voudrions simplement vous apporter le témoignage de Notre estime, l’assurance de Notre encouragement, le réconfort de Notre prière et de Notre Bénédiction.

Et d’abord, chacun le sait, l’équilibre de la Communauté européenne, si délicat à assurer et en même temps si nécessaire à obtenir, ne saurait être maintenu si le secteur agricole ne bénéficiait pas lui-même des aménagements et des réajustements qu’il requiert continuellement. Voici dix ans maintenant, notre Prédécesseur le Pape Jean XXIII, de vénérée mémoire, éprouvait le besoin d’y consacrer une partie notable de son encyclique «Mater et Magistra». Les problèmes qu’il évoquait n’ont rien perdu de leur acuité: l’exode rural s’est, au contraire, amplifié, et, avec lui, la nécessité de moderniser l’outillage, de réorganiser le travail, de rationaliser les exploitations, de spécialiser la production, d’assurer des débouchés dans une plus grande stabilité des prix, etc. . . . Nous le savons, en ce domaine les répercussions extrêmement complexes provoquées par telle ou telle décision sont sans doute plus difficiles à prévoir et à maîtriser que dans le secteur industriel, et Nous vous invitons à accorder une attention toujours plus vive aux problèmes humains qu’elles entraînent, au niveau de chaque catégorie de ruraux. L’agriculture demeure pour nos pays une base indispensable à leur vitalité; elle l’est plus encore si l’on considère les besoins alimentaires du Tiers-Monde dont les pays plus développés ne sauraient se désintéresser. Aussi les paysans ont-ils besoin de vaincre l’impression d’appartenir à un «secteur déprimé», et de recevoir de l’opinion comme des pouvoirs publics estime et encouragements à remplir une tâche nécessaire au bien commun.

C’est dire l’ampleur et l’importance du travail à fournir pour que l’agriculture soit toujours mieux à même d’accomplir cette fonction irremplaçable qui est la sienne pour la vie du monde. Sans nul doute, des réformes de structures sont à mettre en oeuvre, à la fois avec courage et d’une manière progressive. Les changements les meilleurs au plan technique et économique seraient en effet sans lendemain, si les esprits n’étaient alertés sur leur nécessité, préparés à les admettre, et gagnés à les appliquer, tant il est vrai que tout ce qui est fait pour l’homme doit être accompli avec son active participation. Si aucune catégorie d’agriculteurs ne saurait en effet être délibérément sacrifiée aux objectifs économiques ou politiques d’une nation ou de la Communauté européenne, toutes doivent cependant comprendre que la défense de leurs intérêts propres doit toujours se concilier avec la promotion du bien commun et passe donc par une nécessaire coordination des projets et des réalisations à une échelle de plus en plus vaste. L’une de vos tâches les plus importantes, nous semble-t-il, est de vous employer inlassablement ü faire prendre conscience de cette complémentarité des divers secteurs agricoles, à faire évoluer les mentalités en ce sens, et à préparer les voies des aménagements nécessaires sans vous substituer aux organismes professionnels, et dans le souci constant d’éviter que les plus démunis ne soient sacrifié par les plans élaborés en vue d’une meilleure productivité.

Beaucoup de problèmes délicats vous sont d’ores et déjà posés: comment orienter la sélection en évitant les dangers de la spécialisation à outrance, comment permettre aux travailleurs agricoles d’atteindre partout le niveau de vie, la sécurité et la culture humaine des autres catégories sociales sans les détourner pour autant de leur noble vocation, ni les déraciner de leurs attaches naturelles, comment faire face à l’abondance de la production sans oublier la disette qui sévit ailleurs? Nous voulons espérer avec vous que le dynamisme des populations agricoles, leur volonté constante de progrès, leur collaboration effective, un sens du bien commun élargi, le souci de la justice et la compréhension d’une solidarité internationale, comme aussi l’attachement aux plus hautes valeurs morales et spirituelles, les aideront à accepter leur part de sacrifices nécessaires. A ce prix les ruraux pourront eux aussi atteindre un développement qui ne saurait être authentique s’il n’était à la fois intégral et solidaire, soucieux de ne pas se limiter à une simple croissance matérielle, mais de promouvoir aussi bien tout l’homme que tous les hommes (Cfr. Populorum progressio
PP 14). A ces conditions, le monde rural saura prendre au sein de la communauté européenne la place de choix qui lui revient, pour son propre épanouissement comme pour le bénéfice de tous. C’est dire que l’avenir doit être envisagé avec beaucoup d’espoir si chacun, à commencer par vous-mêmes, prend les moyens de l’assurer avec compétence et humanité.

De tout coeur, Nous appelons sur vos travaux, accomplis au sein du Conseil des ministres, - Nous saluons avec plaisir son actuel président, Son Excellence Monsieur Lorenzo Natali -, et avec l’aide des délégués du «Conseil spécial d’Agriculture», l’abondance des divines grâces. Et Nous vous donnons pour vous-mêmes, comme pour tous ceux qui vous sont chers, Notre Bénédiction Apostolique.

*AAS 63 (1971), p.748-750;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. IX, p.779-782;

OR 17.9.1971 p.1;

ORf n.39 p.11;

34 La Documentation catholique n.1594 p.864-865.





AUX MAIRES, BOURGMESTRES ET PRÉSIDENT DU CONSEIL


DES SIX CAPITALES DE LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE*


Mercredi 22 septembre 1971




Mesdames et Messieurs,

Nous sommes honoré et très heureux d’accueillir ici ce matin les maires, bourgmestres et Président du Conseil des six capitales de la Communauté européenne, à l’occasion de la treizième session plénière de l’U.C.C.E. qui se tient actuellement à Rome, avec passation des pouvoirs de présidence. En ce dixième anniversaire de votre Union, comment ne pas approuver l’intuition de Monsieur Lucien Cooremans qui en eut l’initiative: mettre en oeuvre une nouvelle étape, très concrète, dans la construction européenne? D’autres y contribuent au niveau de la coopération agricole, industrielle et commerciale, et en s’efforçant d’harmoniser les institutions politiques. Pour vous, c’est au plan municipal que vous agissez, avec tout ce que représentent les capitales, ces grandes cités-types, sièges du pouvoir central, et de plus en plus centres d’échanges avec les métropoles régionales.

En suscitant de nombreuses sessions techniques ou rencontres culturelles, vous avez déjà rapproché les populations, ce qui Nous réjouit toujours, comme une étape indispensable vers la création d’un monde plus fraternel. Et surtout vous mettez en commun les multiples problèmes auxquelles vos administrations ont à faire face: puissiez- vous, par ces échanges désintéressés, vous entraider à maîtriser des phénomènes tentaculaires, comme celui des transports urbains que vous venez d’étudier, afin de conserver ou de créer, pour nos grandes cités, des conditions de vie plus humaines.

Oui, avec force, Nous encourageons les édiles dans cette promotion du bien commun qui nous tient tant à coeur, et, formant les meilleurs voeux pour les réalisations de l’U.C.C.E., Nous implorons sur vos personnes, sur chacun des délégués ici présents comme sur tous les vôtres, les Bénédictions abondantes du Dieu tout-puissant.
* * *


Ein herzliches Wort der Begrüssung richten Wir noch an die Besucher aus den Ländern deutscher Sprache. Sehr geehrte Damen und Herren! Wir danken Ihnen für Ihren Besuch und wünschen Ihnen allen für Ihr verantwortungsvolles Arbeiten Gottes bleibenden Schutz und Segen.

*AAS 63 (1971), p.755;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. IX, p.803-804;

OR 23.9.1971 p.1;

ORf n.40 p.1.



AUX ÉVÊQUES DE LA RÉGION PARISIENNE


35
Vendredi 24 septembre 1971




Frères très chers,

Est-il besoin de vous dire notre joie de vous rencontrer au cours d’une session de travail, vous qui portez ensemble la charge pastorale de la capitale de la France et de la région parisienne? Vous avez voulu réfléchir avec Nous sur le problème pastoral qui se pose dans toutes les agglomérations aux dimensions considérables. Mieux que tous les discours, voilà un éloquent témoignage des rapports fraternels entre pasteurs dans l’Eglise. Merci de cette démarche confiante auprès du siège de Pierre, comme aussi de votre attachement filial, qui nous touche beaucoup. Nous n’en sommes certes pas étonné, pour l’avoir si souvent expérimenté chez vous, cher et vénéré Monsieur le Cardinal François Marty.

Nous avons pris connaissance de votre rapport sur «la restructuration des diocèses de la région parisienne après cinq années d’expérience» avec une vive attention et beaucoup d’intérêt. Nous apprécions hautement la clarté avec laquelle vous faites le point sur la nouvelle structure de la province ecclésiastique de Paris et la zone centrale, après une expérience pastorale déjà fructueuse. Nous estimons aussi grandement la préoccupation missionnaire avec laquelle vous envisagez l’évolution de la situation humaine et religieuse de la grande métropole française. Et Nous prenons note des voeux que vous formulez pour une coordination plus étroite des initiatives et du travail pastoral au niveau de toute la région parisienne qui, «aujourd’hui comme hier, continue à attirer l’attention du monde et en particulier des catholiques» (Lettre autographe à M. le Cardinal Maurice Feltin,
LE 7 octobre 1966, dans la Documentation Catholique, t. LXIII, 1966, Col 1856).

Vous avez hardiment mis en oeuvre des structures originales. pour correspondre plus étroitement à de nouveaux besoins: n’est-ce pas le rôle de l’administration dans l’Eglise: servir la pastorale? C’est ce changement de structures que le Concile nous a invités à promouvoir dans un esprit de meilleur service: loin d’affaiblir l’Eglise, il la renforce au contraire et lui permet de grandir. Comment ne pas évoquer avec vous le vénéré Cardinal Maurice Feltin dont l’abnégation exemplaire a permis cette réforme si bénéfique, et le cher et regretté Cardinal Pierre Veuillot dont la lucidité et la ténacité furent décisives pour sa mise en oeuvre courageuse?

Il s’agissait, d’une part, d’assurer, grâce à un nouveau découpage des diocèses, une présence plus directe de chaque évêque au milieu d’un territoire et d’un peuple aux proportions raisonnables, à échelle humaine, si l’on peut encore s’exprimer ainsi au-delà d’un million d’habitants. Cela nous semble d’une importance capitale, dans une agglomération où les habitants, souvent perdus dans une foule anonyme, souffrent d’une solitude angoissante au milieu même de l’agitation trépidante. Aussi le besoin se manifeste-t-il de plus en plus au niveau des laïcs, et plus encore des prêtres, de rapports personnels et directs au sein de l’église locale (Cfr. Christus Dominus, II, 11-35). Mais en même temps il fallait créer des liens suffisamment forts et stables entre ces diocèses, pour correspondre à l’unité de fait de la région et agir avec des moyens qui dépassent les possibilités pastorales d’un seul diocèse. Surtout, nombre de réalités nouvelles ne sont saisies que dans un ensemble, par delà la dispersion de l’habitat, du travail, des loisirs. Bref, le projet visait la création d’une véritable équipe épiscopale, chacun demeurant engagé dans des responsabilités précises, mais portant aussi collégialement avec les autres la préoccupation apostolique de la région. Par delà l’administration, qui garde son importance comme un service nécessaire, c’est l’esprit missionnaire qui guide votre recherche: comment faire entendre la bonne Nouvelle du salut à ceux qui fréquentent l’Eglise - et qu’il importe de ne pas négliger - comme aussi à ceux qui sont au loin ou qui s’éloignent peu à peu, les jeunes en particulier, et ne semblent plus entendre, ni peut-être même comprendre son langage habituel? Ces critères - responsabilité précise, esprit d’équipe, sens missionnaire - nous apparaissent toujours de nature à guider avec sûreté votre expérience dans l’avenir.

Aussi Nous vous encourageons à la poursuivre, avec audace et ténacité, à la lumière de l’expérience acquise, et surtout en pensant à l’avenir et aux questions qu’il pose avec angoisse à votre responsabilité. Pour chacun de vous et de vos prêtres, il y faut approfondissement de la mission sacerdotale, souci de la gloire de Dieu et du salut de tous, humilité et lucidité dans l’analyse, dialogue fraternel dans la discussion, respect des responsabilités de chacun, disponibilité pour servir les objectifs prioritaires, et par dessus tout l’espérance que Dieu, toujours présent au milieu de son Eglise, appelle tous ses fils à vivre de sa vie.

Nous qui portons la charge pastorale du diocèse de Rome, et avec elle, d’une certaine façon, le souci de toutes les Eglises, Nous ne pouvons nous empêcher de songer à ces immenses métropoles dont la densité de population et les besoins missionnaires défient nos forces. Pourquoi votre expérience-type ne pourrait-elle en entraîner d’autres? Peut-être le moment est-il venu d’étendre semblable réforme de structures, pour être fidèles à l’imagination missionnaire et au courage pastoral? «Le problème essentiel de la région parisienne est un problème missionnaire», écrit Mgr Robert de Provenchères, au terme de votre rapport si lucide. N’est-ce pas celui de toute l’Eglise, dans une civilisation marquée par un progrès matériel croissant et une sécularisation plus sensible encore dans les grandes métropoles urbaines et industrielles: toute la communauté chrétienne autour de ses prêtres, doit redevenir, en face de l’incroyance, un pôle d’attraction vers l’Evangile. Comme nous voudrions continuer avec vous, sur ces initiatives apostoliques qui suscitent notre espérance, un dialogue aussi fraternel que celui de ce matin.

Du moins, à chacun de vous, et d’abord à votre zélé chef d’équipe, le cher et vénéré archevêque de Paris, Nous tenons à apporter l’assurance de notre satisfaction, comme aussi de la part que Nous prenons à vos préoccupations pastorales, et le réconfort de nos prières. De tout coeur, Nous vous bénissons, avec les prêtres, vos collaborateurs, les religieux et religieuses et tous les apôtres laïcs qui sur les bords de la Seine construisent dans l’espérance la cité de Dieu. A tous et chacun va Notre affectueuse Bénédiction Apostolique.

AUX PARTICIPANTS À LA VI ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


DE LA COMMISSION «JUSTICE ET PAIX»


Lundi 27 septembre 1971




Chers Fils,

36 C’est avec joie que Nous saisissons l’occasion de vous rencontrer que Nous fournit votre Assemblée Générale, afin de vous renouveler l’expression de Notre estime e de Notre gratitude pour le travail accompli pendant la période expérimentale de cinq ans qui se termine et de vous offrir nos encouragements pour la nouvelle période de trois ans qui se présente à vos efforts.

Nous saluons particulièrement le cher Cardinal Roy, qui a si généreusement accepté d’ajouter à une charge pastorale déjà bien lourde, la Présidence de notre Commission «Justice et Paix» et du Conseil des Laïcs. Nous saluons ses collaborateurs permanents de la Vice-Présidente et du Secrétariat, dont le dynamisme, l’ouverture d’esprit et de coeur ont permis l’exécution d’une tâche aussi diverse que vaste, dans une étroite union avec les membres et les consulteurs de la Commission. Que ces derniers, qui viennent pour la plupart de régions éloignées de Rome, sachent combien Nous apprécions leur compétence, leur dévouement à leurs frères, «les pauvres surtout et tous ceux qui souffrent» (Gaudium et Spes
GS 1), leur collaboration au Siège Apostolique pour «développer, en tenant compte de l’expérience des siècles, les rapports (de l’Eglise) avec le monde» (Cfr. Gaudium et Spes GS 43 Motu Proprio Catholicam Christi Ecclesiam ).

Parmi les sujets de son ordre du jour, votre Assemblée Générale actuelle a pour tâche primordiale de préparer un rapport sur l’oeuvre réalisée et d’élaborer des recommandations pour l’avenir. Nous attendons avec un vif intérêt de recevoir cette évaluation, dont Nous ne doutons pas qu’elle sera positive, malgré les difficultés inhérentes à une activité complexe et délicate, parfois chargé? de risques, que demande une approche aussi prudente que courageuse et toujours dans une vision de foi.

La Commission «Justice et Paix», est, en effet, un organisme d’Eglise au même titre que les autres Dicastères romains, bien que l’on ait fait appel majoritairement à des laïcs pour la composer et qu’elle ait été conçue dans le cadre postconciliaire de l’effort de l’Eglise en vue de son «renouveau intérieur et de l’aggiornamento de ses propres structures» (Motu Proprio Catholicam Christi Ecclesiam).

Comment enraciner l’action de la Commission dans les mêmes préoccupations doctrinales, pastorales et apostoliques que les autres Dicastères? Comment assurer cette collaboration confiante et communautaire avec les autres organes du Gouvernement central de l’Eglise, spécialement avec le Conseil des Laïcs dont la mission a de si fortes affinités avec la sienne ? Comment répondre à sa mission statutaire de documenter et d’inspirer ceux qui portent d’une certaine manière la charge de l’ensemble des Eglises, dans les questions de son domaine propre et notamment le développement, la justice et la paix? Comment, d’autre part, exercer son mandat «d’éveiller le Peuple de Dieu à une pleine intelligence de son rôle à l’heure actuelle» (Ibid.), vis-à-vis de ces mêmes problèmes d’ordre technique et temporel? Comment lancer, structurer et animer à travers le monde catholique les diverses commissions nationales, dont Nous sommes heureux de saluer ici quelques représentants? Celles-ci ne sont-elles pas le canal le plus obvie pour l’accomplissement de la tâche de la Commission auprès du Peuple de Dieu et, par conséquent, n’ont-elles pas droit à une place prépondérante dans sa constante préoccupation d’éduquer les consciences? Dans quelle mesure, en vue d’une étude plus large et plus complète des questions de sa compétence - et dans un souci de témoigner d’une volonté commune de servir l’homme - établir des rapports de concertation avec nos Frères séparés et, éventuellement, avec les non-chrétiens?

Ce sont là quelques-unes des questions majeures qui sont posées à votre discernement éclairé par l’Evangile. La réflexion que Nous faisions dans notre Lettre Apostolique Octogesima adveniens, adressée à votre Président, à savoir que «jamais, à aucune autre époque, l’appel à l’imagination sociale n’a été aussi explicite» (Octogesima adveniens, 19) ne s’adresse- t-elle pas précisément et particulièrement à vous, membres et consulteurs de la Commission «Justice et Paix»?

Le problème est d’envergure, mais, pour avoir suivi au cours de ces cinq années vos recherches et vos démarches, Nous avons confiance en votre foi éclairée, votre charité engagée et votre dynamisme pour trouver la juste voie de la Commission pour la période qui vient. Est-il besoin d’ajouter que cette voie demeure originale au regard de tant d’initiatives analogues d’autres institutions de notre temps, par le souci constant et dominant qui doit vous animer d’apporter, au delà de la réussite temporelle du monde, un Salut? Car si l’Eglise partage son Histoire avec l’humanité, elle est l’Eglise de Jésus-Christ et, à ce titre, «comme le ferment et pour ainsi dire l’âme de la société humaine» (Gaudium et Spes GS 40) pour l’amener à son terme: la rencontre avec le Christ, son Sauveur et donc unique Libérateur authentique: «Il n’est sous le ciel aucun autre nom parmi ceux qui ont 6té donnés aux hommes, qui doive nous sauver» (Ac 4,12).

En vous soulignant cette confiance en votre ardent désir de témoigner, dans l’Eglise et devant le monde, l’amour des chrétiens pour tous leurs frères humains - et particulièrement les plus faibles et les plus nécessiteux -, Nous vous assurons de notre prière pour l’heureuse réussite de vos travaux. A tous et à chacun, à vos familles, aux membres des commissions nationales à travers les continents, Nous donnons de grand coeur Notre paternelle et affectueuse Bénédiction Apostolique.



AUX PARTICIPANTS AU TROISIÈME


CONGRÈS INTERNATIONAL DE DIPLOMATIQUE


Vendredi 1 octobre 1971




Chers Messieurs,

Il Nous est agréable de vous saluer, vous tous qui êtes venus à Rome pour le troisième Congrès international de Diplomatique, avec le souhait de nos prédécesseurs, les papes du XIème au XVème siècle, aux destinataires de leurs lettres: Bene Valete! Tiré du monogramme des Bulles pontificales, ce voeu repris de l’antiquité classique et choisi comme emblème de votre Congrès prend toute sa valeur dans notre rencontre de ce matin, en ce lieu si riche de souvenirs et de témoignages suggestifs.

37 Hommes d’études, c’est pour une session d’études que vous êtes en effet venus de divers pays d’Europe pour approfondir la discipline à laquelle vous vous êtes consacrés: la Diplomatique. Fruit de la critique historique depuis XVème siècle, devenue une véritable science grâce au grand Bénédictin de la Congrégation de Saint Maur, Jean Mabillon (1632-1707), la Diplomatique s’est beaucoup développée au siècle dernier par les recherches et publications des sources historiques, passant ainsi de science auxiliaire de l’histoire au statut de discipline autonome, avec son but et sa valeur indépendantes.

Vos études, vos recherches scientifiques et votre esprit de collaboration internationale qui vous a conduits à vous grouper en une Association vivante et à vous retrouver en Congrès, d’abord à Brno en Tchécoslovaquie, puis à Fribourg en Suisse, avant cette rencontre romaine, en sont du reste l’éclatante manifestation.

Le thème de votre Congrès, particulièrement adapté à Rome, est «la Diplomatique pontificale au XIIIème et XIVème siècle». Il Nous intéresse particulièrement, Nous qui sommes l’héritier de l’histoire que vous étudiez, avec parfaite rigueur de méthode et pleine liberté de recherche. Le rapport vital entre le chef visible et les membres du corps ecclésial, dans ses personnes et ses institutions, comme du reste l’action de la papauté au sein de la société sont des thèmes dont l’intérêt historique retient justement votre attention.

Est-il besoin de souligner combien l’objet spécifique de vos recherches trouve ici sa source la plus importante, aux Archives comme à la Bibliothèque vaticane, au double service de l’Eglise et de la culture, comme le disait Manzoni de la Bibliothèque ambrosienne fondée par le cardinal Federico Borromeo pour l’utilité permanente de tous les hommes d’études? (Cfr. I Promessi Sposi, ch. XXII) Et comment ne pas rappeler devant vous ces noms que vous connaissez bien et qui Nous sont si chers, Mgr Angelo Mercati, Préfet des Archives Vaticanes; Franz Ehrle, Giovanni Mercati et Eugène Tisserant, honorés tous les trois de la pourpre romaine par un ancien Préfet de la Vaticane, Sa Sainteté Pie XI, le cardinal Albareda et le Père Raes?

Certains peuvent se demander, à propos des archives ecclésiastiques: à quoi bon tout ce soin et ces dépenses? Mais, si le Concile a rappelé le devoir de l’Eglise dans le domaine de la culture (Cfr.Gaudium et Spes, II, 53-62), chacun sait la place hors pair qu’y tient l’histoire, et la nécessité pour cette dernière d’être documentée afin d’être vraie et authentique. Se souvenir n’est-il pas un signe d’humanité et un grand devoir? Le sens du temps et de l’histoire dans la pensée catholique marquée depuis ses lointaines origines par la conception d’un Dieu transcendant (Cfr. Job
Jb 24,1) a toujours conduit l’Eglise à enregistrer, puis à étudier et à réfléchir sur ces données pour comprendre. Aussi est-ce sans aucune réserve qu’elle accepte les exigences scientifiques actuelles des études historiques positives qui doivent être conduites selon les méthodes de la culture moderne. C’est dire l’importance, pour elle, des archives ecclésiastiques, «témoins de sa vie et de son oeuvre, documents uniques, essentiels et irremplaçables», comme le déclarait notre vénéré prédécesseur Jean XXIII (Motu Proprio, du 29 septembre 1960, dans AAS 52, 1960, p. 997).

Ce faisant, l’Eglise n’oublie pas sa vision philosophique et théologique de l’histoire, qui ne s’en tient pas au seul examen des faits, mais tient compte, entre autres facteurs complexes, de deux réalités impondérables: la liberté des hommes qui agissent et la Providence souveraine de Dieu. C’est ainsi que l’histoire acquiert un sens, une trame, un destin transcendant.

Chers Messieurs, de tout cour Nous vous encourageons dans vos travaux. Et en appelant sur vous l’abondance des divines grâces, Nous vous donnons Notre Bénédiction Apostolique.






6 novembre



UN SENS PROFOND DE COMMUNION DE FRATERNITE, DE LUMIÈRE ET DE PAIX





Allocution à la clôture du Synode.



Vénérables Frères et chers Fils,



Ce que nous commencions il y a quelques semaines, dans la prière et d’un coeur confiant, nous l’achevons maintenant dans la joie, au nom du Seigneur, notre confiance s’étant accrue avec l’expérience au cours de ce temps. Il convient, à la fin de cette oeuvre, d’y revenir un peu par la pensée et de mesurer brièvement quel impact ce Synode des Evêques peut avoir sur la vie de l’Eglise.

38 En toute vérité, ce Synode fut une assemblée de frères, dans laquelle les Evêques qui nous sont chers, se souvenant de leur caractère collégial, représentant l’Eglise universelle, reliés entre eux par les liens de la charité, se sont réunis autour de Nous, pour traiter de questions d’une particulière importance qui préoccupent aujourd’hui un grand nombre de personnes. Aussi le Synode, par lequel les Evêques apportent au Pontife Romain le concours de leur prudence, de leur expérience, de leur conseil, exprime un avis de poids dont il faut tenir grand compte.

Oui, Nous pouvons avouer que ces réunions synodales, qui vous ont demandé beaucoup de travail et de fatigue, se sont révélées fructueuses et salutaires pour l’Eglise. En effet, les souffrances, les joies, les espoirs, les besoins, qui marquent aujourd’hui la vie chrétienne dans les diverses régions de l’univers, ont été mis en lumière par vous, ouvertement, et presque aux yeux de tous. Vous n’avez certes pas toujours eu les mêmes avis, même en ce qui concerne la manière et les moyens de résoudre les questions proposées. Cependant le même zèle religieux vous a conduits, le même amour de l’Eglise, et, la doctrine du Concile Vatican II étant fidèlement maintenue, le même désir d’ouvrir au monde de nouveaux chemins pour l’annonce de l’Evangile, et de les adapter aux nécessités spirituelles de notre époque. Quant à Nous, Nous voulons dès maintenant vous assurer que, de même que Nous avons jusqu’ici suivi vos discussions avec attention, de même Nous tiendrons dûment compte de vos avis lorsqu’il faudra décider de ce qui touche au bien de l’Eglise universelle. Nous aurons également soin de faire en sorte que, à l’avenir, le règlement du Synode, qui en fixe les travaux, soit amélioré. C’est pourquoi, si les normes posées en ce domaine vous semblent moins correspondre à cet objectif, Nous vous exhortons à faire connaître vos remarques au Secrétariat général du Synode.

Pour l’instant, qu’il nous soit permis d’exprimer notre gratitude à tous ceux qui, pour mener à bien ce Synode, se sont associés au travail et ont apporté leur aide. Et tout d’abord Nous remercions nommément le Conseil du Secrétariat de ce Synode qui, au cours de ces dernières années, s’est appliqué sagement et diligemment à préparer ces réunions synodales. Nous remercions également les Conférences épiscopales qui se sont occupées avec beaucoup de zèle des questions qui étaient proposées; les Cardinaux Présidents délégués; l’efficient Secrétaire général du Synode, Monseigneur Ladislas Rubin ; les Rapporteurs, Secrétaires spéciaux, et ceux qui les ont aidés, et tous ceux qui sont ici présents, cardinaux, évêques, prêtres, religieux, religieuses, laïcs, qui ont pris part aux travaux du Synode. Et enfin, il n’est pas permis de passer sous silence les autres fils de l’Eglise qui, bien qu’absents, apportèrent cependant une aide appréciable aux Conférences épiscopales, grâce à leur conseil et à leur intervention en ce domaine, et qui, par leur prière, ont bien servi la cause du Synode. Sur cette oeuvre si grave et si importante, accomplie généreusement pour l’utilité de l’Eglise, que Dieu daigne répandre en retour l’abondance de ses grâces.

Qu’il nous soit maintenant permis de vous ouvrir notre coeur sur les deux questions de très grande importance qui ont été proposées à ce Synode. D’abord, pour ce qui concerne le sacerdoce ministériel, il fut, durant longtemps et de toute part, la source et l’objet d’abondantes discussions. Nous savons certes, comme vous et par une expérience quasi quotidienne de pasteurs, combien complexe est la question de la vie sacerdotale dans la société actuelle tellement transformée et continuellement soumise aux transformations. On n’ignore pas les difficultés spirituelles, psychologiques, sociales, matérielles, qui pèsent sur tant de prêtres aujourd’hui. Nombre d’entre eux s’interrogent anxieusement et avec sérieux sur la place qui doit leur être attribuée dans le monde de ce temps.

A bon droit, vous avez réfléchi attentivement à ce qui concerne les prêtres dans la charge apostolique du Corps épiscopal, ainsi que la nature du ministère sacerdotal, cependant que vous avez porté une attention particulière à la prédication de l’Evangile par laquelle le prêtre annonce aux hommes de notre époque le Christ, Sauveur du monde.

De vos discussions il ressort que les Evêques de tout l’univers catholique veulent garder intégralement ce don absolu par lequel le prêtre se consacre à Dieu ; de ce don une part non négligeable — dans l’Eglise latine — est le célibat consacré.

C’est pourquoi les Pères de ce Synode, avec l’expérience remarquable que le Concile Vatican II a permis d’avoir en cette matière, ont parfaitement réaffirmé la doctrine de ce Concile qui enseigna : « Le célibat a de multiples convenances avec le sacerdoce... ». En gardant ce « célibat pour le Royaume des cieux, les prêtres se consacrent au Christ d’une manière nouvelle et privilégiée, il leur est plus facile de s’attacher à lui sans que leur coeur soit partagé, ils sont plus libres pour se consacrer, en lui et par lui, au service de Dieu et des hommes, plus disponibles pour servir son royaume et l’oeuvre de la régénération surnaturelle, plus capables d’accueillir largement la paternité dans le Christ » (Presbyterorum Ordinis,
PO 16).

Ce dont le Synode a donc pris conscience, Nous le confirmons, restant sauve la discipline des vénérables Eglises d’Orient toujours chères à notre coeur. En le promulguant, Nous tournons notre esprit vers tous les prêtres qui sont concernés. Combien d’entre eux, même au prix de grandes difficultés, s’appliquent, avec une fidélité inébranlable, à servir le Seigneur et à procurer le salut des âmes. Combien, travaillant dans le secret et supportant souffrances et persécutions, donnent à l’Eglise le maximum de forces ! Oui, il faut, à la fin de ce Synode, louer publiquement tant de prêtres qui portent vraiment bien ce nom ! Qu’ils sachent, tous et chacun, que le Pape leur est présent, qu’il les aime d’un amour sincère, qu’il prie pour eux.

Aussi avons-Nous confiance que les prêtres, conduits par un esprit surnaturel et dociles à l’enseignement de l’Eglise, persisteront avec ardeur dans cette remarquable voie qu’ils ont choisie librement par vocation divine. A tous, Nous adressons notre salut de tout coeur.

Un, autre sujet très important confié à l’examen du Synode concerne l’instauration de la justice dans le monde d’aujourd’hui. Les discussions que vous avez eues au cours de la réunion ont fait ressortir clairement l’immensité de ce champ d’activité et les difficultés innombrables qu’il comporte. Le Concile oecuménique Vatican II a, certes, traité abondamment de cette question ; Nous-même Nous sommes penché souvent sur ce problème, particulièrement dans notre encyclique Populorum Progressio. En abordant ce même problème, vous n’avez évidemment pas eu l’intention de régler complètement, en si peu de temps, des questions si ardues ; mais vous avez témoigné que l’Eglise, dans les circonstances particulièrement difficiles de notre époque, avait conscience de devoir aborder la question sociale d’une façon renouvelée, pour que la justice entre les hommes soit établie d’une manière plus parfaite, que ce soit en ayant une connaissance plus approfondie des besoins les plus pressants de ce monde, ou en donnant elle-même l’exemple, en exerçant sa sollicitude envers les pauvres et les opprimés, en éduquant les consciences humaines à agir pour la justice sociale, ou enfin en utilisant et développant toute sorte de moyens pour le soulagement des misères, donnant ainsi au monde le témoignage visible de sa charité et invitant les autres à suivre le même chemin. Il n’est pas superflu toutefois de rappeler que la mission propre confiée par le Christ à son Eglise n’est pas d’ordre politique, économique ou social, puisque la fin qui lui a été assignée est d’ordre religieux (cf. conc. vat. II, Gaudium et Spes, GS 42) ; cette fin peut toutefois, et doit contribuer à l’instauration de la justice même temporelle. Tout cela n’est pas, certes, la fin pleine et absolue de l’Eglise, mais doit servir à l’établissement du Royaume de Dieu sur terre, selon la déclaration du Christ Seigneur : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu » (Mt 6,33).

Si l’action de l’Eglise était privée de ce souffle religieux originel et nécessaire, elle s’écarterait sans aucun doute des préceptes évangéliques et elle perdrait peu à peu sa force et son rôle de promotrice du bien de la société terrestre. Le Concile oecuménique nous le dit clairement, en effet : « De cette mission religieuse (de l’Eglise) découlent une fonction, des lumières et des forces qui peuvent servir à constituer et à affirmer la communauté des hommes selon la loi divine (Gaudium et Spes, GS 42).

39 Parvenus maintenant au terme de cette réunion, où tous ensemble nous avons éprouvé les effets magnifiques d’une authentique fraternité que nous n’oublierons jamais, nous voulons nous saluer mutuellement en toute paix et charité. Unis par un même amour pour le Christ et pour l’Eglise, nous avons compris que nous étions stimulés par cette même charité que le Christ, à l’heure de son sacrifice suprême, nous a demandé de conserver : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34). Vous qui allez regagner vos demeures, réchauffez et fortifiez en vous ces sentiments de communion, d’amitié fraternelle, d’harmonie des volontés, de concorde, de lumière et de paix. Même séparés par l’espace, ne manquons pas de poursuivre des échanges tels que ceux que nous venons de vivre et où nos esprits étaient fondus comme en un même choeur.

Nous nous mettrons aussi, et très fermement, au service de la communion universelle de nos frères, avec une ardeur renouvelée et une volonté inébranlable, menant une vie digne de l’appel que nous avons reçu (cf. Ep Ep 4,1). Ainsi sommes-nous poussés à donner l’exemple au clergé et aux fidèles confiés à nos soins : ils nous regardent en effet, et attendent de nous un esprit qui les aide à vivre vraiment l’Evangile. Soyons pour notre troupeau comme un levain qui nous incite à mener une vie pleine de vertu et à répondre aux impulsions de l’Esprit-Saint. Il nous faut donc tirer notre force de la prière et de la méditation de la Parole de Dieu, afin de nous conformer totalement à l’esprit évangélique.

Dans cette tâche, qui dépasse les forces humaines, nous ne sommes pas seuls : le Christ est avec nous. Sachons mettre en lui toute notre confiance, car « nous pouvons tout en celui qui nous rend forts » (cf. Ph Ph 4,13). Le Christ, en effet, qui nous a choisis malgré notre faiblesse, ne peut nous priver du secours nécessaire à l’accomplissement fidèle de notre tâche pastorale.

Nous sommes saisis par lui, comme Paul (cf. Ph Ph 3,12) ; conformons notre vie à la sienne, afin que toute notre façon d’agir soit remplie de sa grâce. C’est le prêtre éternel, modèle et type même de vie apostolique. Selon l’expression de saint Ambroise, l’admirable pasteur d’âmes : « Que resplendisse donc son image dans notre profession de foi, qu’elle resplendisse dans notre amour, qu’elle resplendisse dans tout ce que nous faisons et opérons ; ainsi, dans toute la mesure du possible, tout son être transparaîtra en nous. Qu’il soit notre chef, car « le chef de tout homme, c’est le Christ » (1Co 11,3) : « qu’il soit notre oeil, afin que par lui nous voyions le Père ; qu’il soit notre voix, par laquelle nous parlons au Père ; qu’il soit notre main, par laquelle nous offrons notre sacrifice à Dieu le Père » (De Isaac et anima, 8, 75). Pour ce faire, nous avons l’aide de la Vierge Marie, Mère de l’Eglise, elle qui, comme jamais personne, a réalisé en elle l’image de son Fils ; ayons une confiance ferme et inébranlable en elle qui avec nous, comme jadis avec Pierre et les disciples (cf. Ac Ac 1,14), prie sans cesse pour que descende sur la sainte Eglise une nouvelle Pentecôte.

Enfin, aimons l’Eglise, et le monde où elle est présente comme le sacrement du salut ! La sainte Eglise, qui est le Peuple de Dieu en marche vers le ciel, gardienne de la Parole de Dieu révélée et des instruments de la Rédemption, Epouse du Christ purifiée par son sang précieux, attend de nous ce témoignage de totale fidélité. Notre devoir est de la servir, de la protéger, de la porter au monde ; elle nous réunit en un seul corps, nous qui vivons dans des conditions données du temps et de l’histoire ; elle est donc affectée par nos faiblesses, par nos doutes, par nos craintes, de sorte qu’elle ne resplendit pas autant que le Christ l’a voulu, lui qui pourtant « a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne » (Ep 5,25-26). Il nous faut donc toujours tendre à la perfection, pour que nous fassions honneur à cette perfection qui a besoin de notre concours. N’omettons aucun sacrifice pour qu’elle soit vraiment un signe dressé pour les nations lointaines (cf. Is Is 5,26).

Ayant ainsi aimé l’Eglise, nous aimerons également le monde comme notre vocation nous y engage. Les hommes de notre temps attendent la parole qui libérera leurs esprits des peines et des angoisses : ils regardent l’Eglise pour savoir si elle est encore capable de répondre à leur attente ou s’ils doivent mettre leur confiance ailleurs. De toutes nos forces nous devons faire en sorte que les hommes aient foi en nous, surtout en les aimant d’un amour de père et de frère.

Vénérables Frères et fils très chers, en cette heure, où Nous vous saluons, que ces mots de concorde, de force, de confiance envers le Christ et sa mère, ces mots d’amour envers l’Eglise et le monde, soient pour nous comme une force qui nous pousse sur le chemin. Veillez à ce que vos prêtres soient toujours plus conscients de leur fonction que nulle autre ne peut remplacer; apportez à vos fidèles la sérénité et la joie, joie de se sentir une part vivante de l’Eglise ; assurez-les de notre affection ; avec vous, Nous les bénissons. Et que le secours et l’amour du Dieu tout-puissant soient toujours avec nous tous. Amen.



Eglise et documents, vol. IV, pp. 313-319






Discours 1971 32