Messages 1977



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Messages 1977


28 janvier



POUR LE RESPECT DE LA DIGNITÉ DE LA PERSONNE, DE SES LIBERTÉS ET DE SES DROITS FONDAMENTAUX



Strasbourg à l’heure de l’Europe

Le vendredi 28 janvier, à l’occasion de l’inauguration par le Président de la République Française, M. Valéry Giscard d’Estaing, du nouveau siège du Conseil de l’Europe, Strasbourg qui abrite cet édifice était en fête. Un millier d’invités se trouvaient présents aux côtés des délégations ministérielles et parlementaires des dix-neuf pays membres. L’immeuble a été construit par l’architecte français Henry Bernard et de nombreux pays européens ont fait don d’oeuvres artistiques. Le Saint-Siège, pour sa part, a offert une tapisserie flamande du XVII° siècle: « L’allégorie de l’astronomie ». Les cérémonies ont été ouvertes par un discours de bienvenue du Secrétaire général du Conseil de l’Europe, M. Georges Kahn Ackermann. Tout de suite après, S. Exc. Mgr Giovanni Benelli, Substitut de la Secrétairerie d’Etat, a donné lecture du message adressé en français par le Pape Paul VI. Le voici :



A Monsieur le Président du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe



La maison de pierres qui sera inaugurée prochainement à Strasbourg figure et anticipe l’édifice que les hommes et les nations de l’Europe sont en train de construire, avec leur vie même, pour affronter ensemble l’étape historique qui s’ouvre devant eux. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis que le Conseil de l’Europe a vu le jour, à l’appel d’hommes de coeur, de courage, guidés par une perception lucide des besoins de notre temps et des aspirations de leurs peuples, et capables d’inventer des voies nouvelles.

Nous apprécions particulièrement — nous tenons à vous le dire dans cette circonstance solennelle — le travail que ce Conseil réalise dans les domaines variés et multiples de la coopération européenne depuis plus d’un quart de siècle. Cette activité peut sembler lente, mais elle marque profondément la vie des européens dans le sens d’une unification humaine plus que politique.

Nous aimons relever que le Conseil de l’Europe, la plus ancienne parmi les institutions européennes, a poursuivi cette activité dans la fidélité à l’idéal inscrit par les fondateurs dans le préambule de son Statut, à savoir l’attachement aux valeurs humaines, spirituelles et morales, qui constituent le patrimoine commun des peuples de ce continent.

Et il nous plaît de souligner l’un des fruits les plus méritoires de la concertation et de l’engagement des Etats membres du Conseil de l’Europe. Par-delà un passé de guerres et de destructions, les valeurs communes issues de la vitalité des peuples anciens et divers, affinées par l’héritage gréco-romain, assainies, approfondies et universalisées par la foi chrétienne, ont reçu, au plan des principes juridiques, une expression renouvelée et efficace dans la Convention européenne des droits de l’homme, qui se présente comme une pierre milliaire sur le chemin vers l’union des peuples : ne manifeste-t-elle pas la volonté sacrée de bâtir cette union sur le respect de la dignité de la personne, et de ses libertés, et de ses droits fondamentaux ?

Il est également encourageant d’observer le sens de tout le travail accompli par le Conseil de l’Europe. Le Comité des ministres, l’Assemblée parlementaire, les Commissions d’experts, servis par un Secrétariat et un corps de fonctionnaires dont la compétence égale le dévouement, ont mené dès le début une action résolue pour harmoniser et féconder mutuellement les institutions sociales, les patrimoines culturels, et pour donner aux solidarités ainsi tissées un cadre approprié, dans la perspective d’un service plus efficace de la paix et de la justice dans le monde.

Des énergies précieuses ont ainsi été libérées, un élan a été imprimé, un horizon d’espérance ouvert qui permettent maintenant de mobiliser la créativité de tous, des jeunes surtout, pour de nouveaux progrès.

Nos prédécesseurs et nous-même, nous n’avons cessé d’encourager et de stimuler tous ceux qui se sont appliqués à la construction d’une Europe unie. En accréditant des représentations diplomatiques auprès des institutions européennes, le Saint-Siège a voulu manifester sa volonté d’être présent et de participer, selon les modalités qui découlent de sa mission spécifique, à l’effort commun, d’en connaître les cheminements patients et laborieux, d’écouter et d’apprendre, et de contribuer ainsi, dans un dialogue suivi, à affermir les composantes humaines — morales et spirituelles — de l’entreprise historique en cours.

Le Saint-Siège est lui-même situé en Europe, et, depuis ses origines, une part notable de son action, surtout dans le passé, a été très mêlée à celle des Etats européens. Mais ce n’est pas à ce titre qu’il participe aux travaux du Conseil de l’Europe, maintenant que l’Etat de la Cité du Vatican n’est qu’une garantie de son autonomie spirituelle : c’est à tous les peuples que le Saint-Siège veut offrir sa contribution spécifique, pour leur paix et leur développement. Mais lorsqu’une coordination se dessine entre les nations à un vaste niveau régional, il y porte un intérêt particulier. Et lorsque ces nations ont toutes été cimentées dans une civilisation chrétienne, il se sent spécialement concerné. Non pas pour dominer le destin de ces peuples, mais pour les aider à mieux le réaliser, conformément à leur identité profonde et pour le bien de tous.

Or la tradition chrétienne, c’est un fait, est partie intégrante de l’Europe. Même chez ceux qui ne partagent pas notre foi, même là où la foi s’est assoupie ou éteinte, les fruits humains de l’Evangile demeurent, constituant désormais un patrimoine commun qu’il nous appartient de développer ensemble pour la promotion des hommes. L’Eglise continue, par ses voies propres, sa mission d’évangélisation. Certes, elle ne veut pas devenir seulement l’instrument d’une construction humaine, ni chercher à faire d’une construction humaine l’instrument de son progrès. Mais elle a conscience, en évangélisant, de promouvoir l’homme et les valeurs humaines. Dans le respect des divers courants de civilisation et des compétences propres de la société civile, elle vous propose son aide pour affermir et développer le patrimoine commun particulièrement riche en Europe et dont beaucoup d’éléments lui sont familiers, voire accordés.

En s’appuyant sur ce patrimoine, le Saint-Siège regarde lui aussi l’avenir, de l’Europe avec réalisme et espérance. Les conditions et les nécessités sociales, culturelles, juridiques et spirituelles des peuples européens constituent, à ses yeux, des indications précieuses pour éveiller les consciences et leur désigner le champ où doit s’exercer leur dynamisme créateur. Importants aussi sont les appels qui viennent des pays pauvres et l’appel général à construire la paix et à inventer des modes plus humains de vie et de développement, évoqués dans notre Encyclique Populorum Progressio (nn. 47, 77) : dans de tels appels, la conscience des hommes et des peuples européens est invitée à reconnaître comme une « voix nouvelle » qui l’incite à créer les institutions capables de permettre à l’Europe un service plus efficace de la famille humaine tout entière. Est-ce trop dire que l’Europe, vu les faveurs dont la Providence l’a fait bénéficier, garde une responsabilité particulière pour témoigner, dans l’intérêt de tous de valeurs essentielles comme la liberté, la justice, la dignité personnelle, la solidarité, l’amour universel ? Et réciproquement, n’est-ce pas dans un service élargi aux dimensions du monde qu’elle pourra retrouver ou fortifier ses raisons de vivre, son dynamisme et la noblesse de son âme ?

C’est à favoriser l’éclosion d’un tel dynamisme que va toute notre action. Puissiez-vous partager notre conviction que l’Eglise, et le Saint-Siège, qui en, est le porte-voix, apportent ici une contribution essentielle ! Qui ne voit la résonance profondément humaine de l’esprit évangélique, de fraternité et du renoncement qu’elle implique ? Sans un tel état d’esprit, il nous semble bien difficile d’arriver à ce que chacun dépasse son propre point de vue, renonce à certains avantages et éventuellement à certains de ses droits non fondamentaux, dans le respect de ceux des autres et en vue d’un bien commun supérieur. Et sans la confiance qui accompagne une authentique fraternité, les nations comprendraient-elles l’avenir fécond qu’ouvre à leur propre patrimoine historique l’engagement dans des solidarités élargies ?

C’est dire nos voeux fervents, Monsieur le Président, pour que l’inauguration de la nouvelle Maison de l’Europe soit le symbole et le centre d’un nouveau développement de l’union des peuples européens. Et nous nous plaisons à invoquer la bénédiction du Dieu Tout-Puissant qui, loin de détourner des tâches terrestres, invite à leur donner le cachet de l’harmonie, de la fraternité et de l’amour.



Du Vatican, le 26 janvier 1977.



paulus PP. VI






23 février



ETRE LES INTENDANTS DES DONS DE DIEU



Message du Pape pour le Carême 1977



Chers Fils et Chères Filles,



Voici le Carême ! Ecoutez-nous un instant ! Le Carême est une période favorable, le « temps propice » dont parle la liturgie, pour nous préparer à célébrer dignement le Mystère Pascal. C’est une période assurément austère mais féconde et déjà porteuse de renouveau comme un printemps spirituel. Nous devons réveiller nos consciences. Nous devons raviver le sens du devoir et le désir de correspondre, concrètement, aux exigences d’une vie chrétienne authentique.

Voici bientôt dix ans, notre Encyclique Populorum Progressio sur le développement des peuples était comme un « cri d’angoisse, au nom du Seigneur », lancé aux communautés chrétiennes et à tous, les hommes de bonne volonté. Aujourd’hui, en ce début du temps, liturgique du Carême, nous voudrions répercuter cet appel solennel. Notre regard et notre coeur de Pasteur Universel continuent en effet d’être bouleversés par la foule immense de ceux que toutes les Sociétés du monde laissent sur le bord de la route, blessés dans leur corps et leur âme, spoliés de leur dignité humaine, sans pain, sans voix, sans défense, seuls dans la détresse !

Certes, nous éprouvons des difficultés à partager ce que nous avons, afin de contribuer à la disparition des inégalités d’un monde devenu injuste. Cependant, les déclarations de principes ne suffisent pas. C’est pourquoi, il est nécessaire et salutaire de nous rappeler que nous sommes les intendants des dons de Dieu, et que « la pénitence du temps du Carême ne doit pas être seulement intérieure et individuelle, mais aussi extérieure et sociale » (Vat. II Const. La Sainte Liturgie, Sacrosanctum Concilium SC 110).

Allez au devant du pauvre Lazare qui souffre de faim et de misère. Faites-vous son prochain, pour qu’il reconnaisse dans votre regard celui du Christ qui l’accueille, et dans vos mains celles du Seigneur qui répartit ses dons. Répondez aussi avec générosité aux appels qui vous seront adressés dans vos Eglises particulières, pour soulager les plus déshérités et pour participer au progrès des peuples les plus démunis.

Nous vous rappelons les paroles du Seigneur Jésus, que l’Apôtre Saint Paul a précieusement conservées, pour venir en aide aux faibles : « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). Et nous vous exhortons tous, chers Fils et chères Filles, à purifier ainsi votre coeur pour accueillir les prochaines célébrations pascales et annoncer au monde la joyeuse nouvelle du Salut. Et nous vous bénissons au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.








10 avril



Message pascal de Paul VI

LE CHRIST RESSUSCITÉ EST VIVANT





A vous tous, rassemblés dans ce forum des peuples qu’est la Place Saint-Pierre, vous qui nous écoutez et nous voyez directement.

A vous qui êtes en liaison avec ce lieu d’où rayonne la Parole du Christ et qui en accueillez l’écho vital avec respect.

A vous qui êtes dispersés à travers le monde et qui entendez presque par hasard notre voix joyeuse et porteuse d’allégresse, voici le salut de bonheur que nous vous adressons : « Bonnes Pâques, bonnes Pâques ! »

Qui ne connaît le sens de ce souhait surprenant ? Il vous annonce deux choses merveilleuses : tout d’abord, que ce Jésus de Nazareth, crucifié à Jérusalem sous Ponce Pilate, procureur de la Judée, au temps de Tibère, l’empereur romain, que ce Jésus, le troisième jour après sa mort, est ressuscité, vraiment ressuscité, ouvrant à la vie un nouvel horizon sans fin. Il en a d’ailleurs donné lui-même le témoignage : « Ne crains rien. Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant. J’ai été mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et du séjour des morts... » (Ap 1,17-18). Un nouveau monde est fondé, une nouvelle façon d’exister est inaugurée. Le Christ est ressuscité, le Christ est vivant !

La seconde chose qui vous est annoncée, c’est la résurrection universelle : le Christ n’est pas l’unique ressuscité, le Christ est le premier. « De même que tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ » (cf. 1Co 15,20-22). Le Christ est la pâque de résurrection pour nous aussi (cf. 1Co 5,7). La mort ne marque plus la limite de notre existence. Le Christ est la porte (cf. Jn Jn 10,9). Une eschatologie, c’est-à-dire une porte d’entrée donnant accès à un royaume qui ne se consume pas avec le temps, est ouverte devant nous. Celui qui meurt dans le Christ ressuscitera dans le Christ. La mort corporelle n’est pas l’inexorable fin de notre existence : c’est le sommeil qui précède une nouvelle journée sans déclin.

Merveille ! Merveille ! Certes ; mais c’est bien ainsi.

Et alors, ne doit-on pas parler d’un changement qui affecte également la valeur de toutes les réalités présentes ? Si, à cette existence brève, précaire, souffrante, au regard de la loi de l’horloge universelle, c’est-à-dire du temps, vient ensuite s’adjoindre une autre existence — et celle-là sans fin —, n’y a-t-il pas alors un changement dans la hiérarchie des valeurs présentes ? Autrement dit, celles-ci ne doivent-elles pas être jugées en fonction des réalités futures ? Et si ces biens futurs sont déterminés par leur rapport avec les biens présents, quelle responsabilité, quel prix acquièrent dès lors ces valeurs de notre existence quotidienne ?

Relisez, en l’honneur de la Pâque, les béatitudes évangéliques, et vous verrez quelle valeur nouvelle prennent les formes de vie que nous croyions inférieures, quel mérite aussi peut avoir celui qui s’est efforcé de porter un secours humain, même sur le plan temporel, à ceux qui vivent dans de telles conditions !

Le Christ ressuscité est aujourd’hui intimement présent à chacun d’entre nous, croyants et baptisés : il nous fait participer à sa résurrection, il nous donne son Esprit, il suscite en nous un coeur nouveau, qui devra renouveler notre vie, notre amour, et contribuera à transformer la terre ! Oh ! Grand mystère de la Résurrection, aujourd’hui à l’oeuvre en ce monde, dans l’attente de l’autre !

Bonnes Pâques ! Bonnes Pâques !

Comprenez, Fils et Frères, quelle importance revêt ce souhait, s’il se réfère à l’échelle des valeurs, qui devient l’échelle des devoirs selon laquelle nous devons bâtir notre existence. Oui, ce peut être la transformation optimiste de notre façon de concevoir la vie. Cette métamorphose pascale, nous vous la présentons alors, non pas seulement comme un souhait conventionnel et sentimental, mais comme un programme qui donne son orientation à la vie elle-même.

La jeunesse d’aujourd’hui, nous le croyons, est particulièrement prédisposée à comprendre et à accueillir ce souhait, plein d’espérance, plein d’énergie ; et c’est à la jeunesse que nous l’adressons dans le but de la stimuler : la vie est belle si elle est nouvelle ; elle est nouvelle si elle est faite de bonté, de sagesse, de force, en un mot si elle est chrétienne ! A vous, spécialement les jeunes, et à tous les autres aussi, va notre souhait : bonnes Pâques, bonnes Pâques ! Et nous le confirmons par notre Bénédiction Apostolique.






24 avril MESSAGE POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES VOCATIONS


A tous nos Frères et Fils de l’Eglise catholique !


Dans un esprit d’allégresse chrétienne, nous célébrons la « XIV° Journée mondiale de prière pour les vocations ». Nous la célébrons dans la certitude sereine que le Christ ressuscité est le Vivant, le Maître, le Pasteur, l’Ami qui « demeure avec nous tous les jours » (cf. Mt Mt 28,20) ; il nous parle, il nous appelle : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un écoute ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui » (cf. Ap Ap 3,20).

Rappelez-vous ce qui arrive le matin où le Seigneur ressuscité se présenta sur la rive du lac de Tibériade : il parla amicalement avec ses disciples et appela de nouveau Pierre à le suivre (cf. Jn Jn 21,4 ss.). Le texte suggestif de l’Evangile du troisième dimanche de Pâques nous offre en effet le thème du message, affectueux et grave, que nous adressons aux âmes nobles et généreuses: un message de foi, d’amour, de sacrifice.

Un premier fait nous frappe dans cet Evangile. Après la pêche miraculeuse, « le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur ». Et Pierre, dès qu’il a entendu que c’est le Seigneur, se « jette » dans le lac pour aller à sa rencontre (cf. Jn Jn 21,7). Eclairé par la foi, Jean reconnaît le Seigneur ressuscité; fort de la foi, Pierre se jette avec impétuosité à sa rencontre. Le Seigneur récompense cette foi simple et généreuse, en adressant aux Apôtres l’invitation que lui inspire son amour : « Venez manger » (Jn 21,12). Remarquez la délicatesse avec laquelle il offre son amitié : son invitation en est le signe très humain. Quant à nous, nous vous disons, en reprenant les paroles du Concile : « La foi éclaire toutes choses d’une lumière nouvelle et nous fait connaître la volonté divine sur la vocation intégrale de l’homme » (cf. Gaudium et Spes, GS 11). Oui, toute vocation véritable naît de la foi, vit de la foi, persévère grâce à la foi ; une foi sentie et vécue quotidiennement, dans la simplicité et la générosité de l’esprit, avec confiance et amitié pour le Seigneur. Personne, en effet, ne suit un étranger ; personne n’offre sa vie pour un inconnu. S’il y a une crise des vocations, n’y a-t-il pas, avant tout, une crise de la foi ? Quel devoir sacré incombe aux Pasteurs d’âmes, aux parents, aux éducateurs chrétiens : celui de guider la jeunesse moderne vers la connaissance profonde du Christ, vers la foi en lui, vers l’amitié avec lui !

Puis le Seigneur demande à Pierre une affirmation renouvelée de son amour : « M’aimes-tu ? » — « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (cf. Jn 21,15-17). Vous connaissez la réponse : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ». Toute vocation est un acte d’amour, d’un double amour, du Seigneur qui appelle, et de celui qui répond. Ce don de l’amour est immense de la part de Dieu, quand il s’agit d’une vocation spécialement consacrée à son service et à celui de son Eglise : vocation au sacerdoce, au diaconat, à la vie religieuse, à l’idéal des Instituts séculiers, au dévouement missionnaire. La capacité d’aimer doit donc être d’autant plus grande chez celui qui reçoit cet appel privilégié et exigeant. Vous qui aspirez au sacerdoce, vous entendrez un jour l’exhortation de l’évêque qui vous ordonnera : « Accomplissez la fonction du Christ Prêtre avec une grande joie, dans une vraie charité » (« Munus ergo Christi Sacerdotis perenni gaudio in vera caritate explete » cf. Pontificale Romanum, De Ordinatione Presbyterorum, n. 14). Vous qui aspirez à la profession des conseils évangéliques, vous savez qu’il vous faudra « tout laisser par amour pour le Christ » (cf. décret PC 5). Vous qui aspirez à la vie missionnaire, vous connaissez la mesure de votre engagement : « Avec une charité sincère, vous devez rendre témoignage au Seigneur jusqu’à répandre votre sang, si c’est nécessaire » (cf. décret Ad Gentes, AGD 24). Par conséquent, développez en vous l’amour. Apprenez à aimer davantage le Seigneur, à aimer davantage son Eglise ; à l’aimer « comme le Christ l’a aimée et s’est donné lui-même pour elle » (cf. Ep Ep 5,25) ; à l’aimer dans son mystère ineffable, dans sa structure visible, dans sa réalité historique actuelle. Il y a peut-être une crise d’amour avant la crise des vocations. A vous, Pasteurs, parents et éducateurs, nous faisons cette recommandation : aidez les jeunes les meilleurs, les âmes les plus généreuses, à faire croître en eux l’amour du Christ et de son Eglise.

L’Evangile nous réserve encore une surprise. Le Seigneur ressuscité ne craint pas de troubler l’atmosphère joyeuse et amicale de sa rencontre pascale en annonçant à Pierre son futur sacrifice, son martyre : « Un autre te nouera ta ceinture et te mènera où tu ne voudrais pas » (Jn 21,18). Ensuite, il renouvelle son appel à Pierre : « Suis-moi » (ibid. Jn 21,19). Nous non plus, nous n’hésitons pas à vous le dire : la vocation est aussi sacrifice. Sacrifice dès les premiers moments d’une recherche sérieuse qui exige déjà certains renoncements. Sacrifice au moment de prendre une décision dont on connaît les conséquences. Sacrifice tout au long de la nécessaire préparation. Sacrifice, ensuite, pendant le reste de la vie, parce que l’existence entière ne sera pas autre chose que le déploiement cohérent d’une vocation donnée par Dieu, mais librement et intimement acceptée et vécue. La crise de vocations ne cache-t-elle pas la peur du sacrifice ? Pasteurs, parents et éducateurs, sachez aussi guider les jeunes et les âmes généreuses vers la libre et joyeuse acceptation du sacrifice.

Et voici que maintenant notre réflexion sur l’Evangile se transforme en prière.

Prions, avec les paroles des Apôtres, afin que le Seigneur « augmente la foi » (cf. Lc Lc 17,5) dans nos communautés chrétiennes et particulièrement en ceux qu’il a voulu et voudra appeler à son service.

Prions, avec les paroles de l’Apôtre Paul, afin que la « charité du Christ » (cf. 2Co 5,14) réveille l’appel divin chez de nombreux et excellents jeunes et en d’autres âmes nobles et généreuses, pousse les hésitants à prendre une décision et soutienne la persévérance de ceux qui ont déjà fait leur choix.

Prions, afin que tous soient forts et prêts, comme le Christ en sa Passion, à faire non pas leur propre volonté mais la volonté du Père (cf. Lc 22,42), quand il veut ou permet que le poids du sacrifice ne fasse qu’un avec la grâce exaltante de son appel. Et que la joie pascale du Christ ressuscité les soutienne toujours !

Tout en faisant cette exhortation habituelle à la prière, nous espérons vivement que toute la communauté ecclésiale saura partager notre angoisse apostolique et trouvera une occasion favorable pour se décider à réfléchir profondément sur la valeur, le sens et la nécessité des vocations dans l’Eglise et pour l’Eglise. Qu’aucun fidèle ne se sente étranger à ce problème, mais au contraire que chacun s’interroge lui-même et mesure ses propres responsabilités. Et, afin que le Seigneur réponde à nos voeux et aux voeux de tout le Peuple de Dieu, nous vous adressons de tout coeur notre paternelle Bénédiction Apostolique.

Du Vatican, le 30 décembre 1976.

paulus PP. VI






13 mai



GRÂCE ET PAIX DE LA PART DE DIEU



Message aux Pèlerins de Fatima



Aujourd’hui, comme il y a déjà dix ans, nous sommes avec vous pour rendre un hommage fervent à la Mère de l’Eglise, plus qu’en esprit, par la présence de notre Envoyé M. le Cardinal Humberto Medeiros, auquel va notre pensée reconnaissante, tandis que nous vous saluons tous avec grande affection : Grâce et Paix de la part de Dieu.

Grâce et paix furent un appel et une offrande du Ciel par l’entremise de Notre Dame, en ce lieu béni, invitant au retour à Dieu, et à l’amour vivant et opérant entre les hommes en tant que frères. Le même binôme — grâce et paix — nous a conduit à Fatima. Et aujourd’hui comme alors, en action de grâce et suppliant, nous invoquons avec vous: grâce pour l’Eglise rénovée; et que la paix de Dieu par l’intercession de Marie, Mère de la divine grâce et Reine de la paix, règne sur la famille humaine toute entière. En fortifiant ainsi, Frères et Fils très aimés, la traditionnelle piété mariale enracinée dans un Peuple qui nous est très cher, dont la foi en Dieu et l’amour pour l’Eglise sont le symbole et l’orgueil d’un noble passé, nous souhaitons que le Seigneur de l’histoire le protège et le conserve toujours fidèle par la céleste intercession de sa Protectrice. Que Dieu protège votre Patrie, vos familles, votre jeunesse, des haines stériles et funestes, dans une sereine liberté, basée sur la justice, la fraternité et l’amour.

Et en invoquant dans l’esprit de Fatima, Marie « Mère de Miséricorde, », afin qu’elle soit le « refuge des pécheurs, la consolatrice des affligés et la santé des infirmes » promettons de la vénérer toujours comme « Reine du Très Saint Rosaire » par la récitation du Chapelet.

Avec ces souhaits dans le coeur et les lèvres en prière, nous bénissons de tout coeur tous les pèlerins de Fatima et ceux qui nous écoutent.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.






22 mai



UNE PUBLICITÉ RESPECTUEUSE DES DROITS ET DEVOIRS FONDAMENTAUX DE L’HOMME



Message pour la XI° Journée Mondiale des Communications sociales



Vénérables Frères dans l’Episcopat

et très chers Fils de l’Eglise,

Ainsi que vous tous, hommes de bonne volonté.



Fidèles à l’appel du Concile Vatican II (cf. Décret Inter mirifica IM 18), les diocèses de l’Eglise catholique célèbrent cette année encore la Journée mondiale des Communications sociales. Par la prière, par la réflexion et par toute autre marque d’intérêt ainsi que par un soutien moral et matériel, cette célébration se propose d’aider la presse, la radio, la télévision, le cinéma et les autres moyens modernes de communication sociale, à accomplir leur importante fonction dans le domaine de l’information, de l’éducation et, pour autant que la responsabilité spécifique des chrétiens y est engagée, d’évangélisation du monde.

Cette Journée, qui arrivera cette année à sa onzième célébration, a été l’heureuse occasion dans de nombreux pays d’une meilleure prise de contact et d’une connaissance réciproque plus directe entre les Eglises locales et les responsables des catégories professionnelles au service de ce secteur. Grâce à des manifestations appropriées, de caractère liturgique et culturel, elle contribue à sensibiliser la conscience de l’usager des communications sociales — qu’il soit lecteur, auditeur, ou spectateur de télévision et de cinéma — dans le choix, souvent déterminant pour le succès des communications, de ce qu’il lit, écoute ou regarde, mais plus encore en ce qui concerne la maturité de jugement sur le contenu même des communications reçues. En effet, la complexité du phénomène des communications a atteint aujourd’hui un degré tel qu’il requiert un rappel constant des devoirs de chacun et de la société, ainsi qu’une amélioration continue, issue de la confrontation avec les vraies valeurs de la vie humaine ; mais il exige aussi l’indispensable collaboration de tous ceux qui déterminent les procédés de communication.

Pour cette raison, l’Eglise, tout en consacrant la Journée annuelle à l’étude de toutes les questions pastorales du secteur, ne manque pas de porter périodiquement à l’attention des chrétiens et de tous les hommes de bonne volonté, certains des aspects individuels de l’ample problématique de la communication, dans l’espoir de pouvoir ainsi aider chaque homme à bien s’orienter au sein de la réalité multiforme des « mass média », et à donner, selon la nature de sa mission, une contribution au bien commun.

C’est là le sens du thème choisi cette année « Les communications sociales et la publicité : avantages, dangers, responsabilités », qui veut centrer la réflexion sur un facteur puissant de la dynamique sociale contemporaine.

On peut se demander pourquoi la publicité, en référence aux moyens de communication sociale, suscite l’intérêt de l’Eglise. Il faut répondre qu’il s’agit là d’un fait fort important de la vie communautaire, au point de conditionner le développement intégral de l’homme et d’influencer directement ou indirectement la vie culturelle. Plus personne ne peut échapper à l’attrait de la publicité, alors que celle-ci, même mis à part le contenu concret des ses messages, présente ou au moins s’inspire à des visions du monde déterminées, qui exercent inévitablement une certaine pression sur le chrétien, sur son jugement, sur sa manière d’agir. En outre, la publicité contribue de façon grandissante au développement des moyens de communication, car elle les finance et se sert d’eux dans une large mesure, et, par conséquent, influence de manière directe, et parfois sous des formes dangereuses, leur orientation et leur liberté.

L’Eglise considère favorablement non seulement l’expansion des capacités productives de l’homme, mais aussi l’intensification constante des relations et des échanges entre les personnes et les groupes sociaux. Ces liens sont pour elle le signe et l’anticipation d’une fraternité de plus en plus profonde. De ce point de vue elle encourage la publicité, qui peut devenir en ce sens un instrument valable et efficace en vue de l’entraide mutuelle parmi les hommes. Un autre aspect fondamental que l’Eglise discerne dans la publicité est celui de l’information, avec tout le poids et les obligations qui en découlent. Celle-ci doit être fidèle à la vérité de ses promesses, prudente, animée de respect pour l’homme et ses valeurs essentielles, attentive au choix des modalités, et des contextes de présentation.

La publicité est, toutefois, facteur de promotion d’intérêts précis qui, même s’ils sont légitimes, doivent cependant tenir compte du bien commun, des intérêts non moins légitimes des autres, et, particulièrement, des circonstances concrètes du développement intégral du destinataire, de son propre milieu culturel et économique ainsi que du degré de développement de son éducation.

On sait que l’objectif naturel du message publicitaire est de convaincre d’une manière efficace. Il est proposé à l’aide d’un arsenal de connaissances psychologiques et sociologiques précises, qui guident la recherche constante des voies et des formes de persuasion. C’est principalement à ce niveau que s’impose pour elle, et donc pour tous ceux qui s’y réfèrent, l’exigence de respecter la personne humaine, ses droits et ses devoirs d’un choix responsable, sa liberté intérieure, autant de biens qui se trouveraient niés là où on exploiterait les mauvaises tendances de l’homme, ou si on portait atteinte à sa capacité de réfléchir et de décider.

L’ampleur du phénomène publicitaire, avec toutes ses implications morales et religieuses, concerne tous les moyens de communication sociale. Ceux-ci deviennent souvent eux-mêmes des agents publicitaires, mais plus généralement encore, servent comme canal de transmission de message provenant d’autres agents économiques. Ils subviennent à leurs propres besoins, partiellement ou totalement, grâce aux bénéfices de la publicité. Ceci permet d’affirmer que toute l’activité communicatrice de ces instruments est intimement liée au phénomène moderne de la publicité, liens qui rendent les facteurs économiques capables d’aider leur développement, nécessaire au plan social. Mais il ne doit pas y avoir de conditionnements quant à la liberté de ces moyens et quant à la communication des valeurs culturelles et religieuses (cf. Instruction Pastorale Communion et Progrès, n. 62).

Nous pensons que ces éléments de réflexion peuvent servir à l’affermissement d’une publicité qui respecte les droits et les devoirs fondamentaux de l’homme, et qui soit digne du soutien des consciences chrétiennes, pour arriver à une collaboration fructueuse qui unisse les efforts des diverses catégories intéressées. Il appartient en effet aux agences de publicité, aux opérateurs publicitaires, ainsi qu’aux dirigeants et responsables des moyens qui véhiculent la communication, de faire connaître, de suivre et d’appliquer les codes de déontologie déjà opportunément établis, de manière à ce qu’ils puissent se prévaloir du soutien du public en vue de leur perfectionnement et de leur mise en pratique. Tout ceci touche souvent des questions morales délicates, telles que, par exemple, l’éducation de la jeunesse, le respect de la femme, la sauvegarde de la famille et la défense des droits de la personne humaine (cf. notre allocution au Conseil de « l’Association européenne des agences publicitaires », au cours de l’audience du 28 avril 1976), et justifie pour autant l’intérêt de l’Eglise ainsi que, parfois, ses préoccupation bien fondées. L’Eglise peut elle se taire quand on porte atteinte à certains principes d’ordre moral ? Pouvons-Nous renoncer nous-même à lancer un ferme avertissement, que Nous savons être partagé par tous les hommes de bonne volonté, en raison de la diffusion d’une certaine publicité cinématographique qui ne fait pas honneur à notre civilisation, mais blesse gravement la dignité de l’homme, trouble la paix des consciences et l’entente entre les hommes ? C’est pour ce motif que Nous demandons aux évêques, aux prêtres et aux laïcs engagés dans les activités pastorales, d’établir avec les protagonistes du processus publicitaire un dialogue ouvert et serein, dans le respect des intérêts réciproques et dans le souci commun du bien de la société humaine.

Par la même occasion, Nous invitons les promoteurs de la presse catholique, les personnes chargées des émissions catholiques radiophoniques et télévisées, tous ceux à qui est confiée, à n’importe quel titre, toute forme de communication sociale, à donner témoignage, précisément dans le choix de la publicité comme dans l’ensemble de leurs prestations respectives, de leurs convictions religieuses ainsi que de leur idéal de vie. Nous demandons par ailleurs aux distributeurs de la publicité de ne pas négliger ces moyens de communication, qui garantissent le respect et le soutien des principes moraux et favorisent vraiment le développement de la personne et de ses valeurs spirituelles et humaines.

Nous exprimons enfin le souhait que les diverses institutions catholiques, dans la variété de leurs formes et selon leurs attributions spécifiques, suivent avec attention constante l’évolution des techniques modernes de publicité, et sachent opportunément s’en inspirer pour répandre le message évangélique d’une manière qui corresponde aux attentes de l’homme contemporain. A ces voeux Nous joignons volontiers notre Bénédiction Apostolique en faveur de tous ceux qui participent à la célébration de la prochaine Journée des Communications sociales, et de tous ceux qui offriront la contribution de leur mûre expérience ainsi que de leur sensibilité chrétienne, attentive à la réflexion sur ce thème important.

De la Cité du Vatican, le 12 mai de l’année 1977, quatorzième de notre Pontificat.








29 mai




Messages 1977