Messages 1977

EVANGELISER EN PROFONDEUR



Message de Paul VI pour la Journée mondiale des Missions



Très chers Frères et Fils de l’Eglise Catholique.



Conscients de notre devoir de faire progresser l’oeuvre de l’évangélisation nous tenons à évoquer, dans le message habituel que nous vous adressons en vue de la Journée Missionnaire, le souvenir de cette Femme choisie dont l’Eglise a reçu et continue à recevoir un grand élan missionnaire: Sainte Thérèse de Lisieux qui, voici juste cinquante ans, fut proclamée, en même temps que Saint François Xavier, patronne spéciale des Missions catholiques. (Décret de la S.C. de Propaganda Fide du 14 décembre 1927) Durant un demi-siècle, on vit d’innombrables missionnaires et on assista à un intense travail en commun, enrichi par tant de sacrifices, en vue de réaliser l’oeuvre primordiale de la diffusion de l’Evangile. A toutes les époques missionnaires, on peut en effet constater comment la présence d’un saint devient le point de départ d’un nouvel élan apostolique. C’est pourquoi nous avons tenu à évoquer la célèbre et sainte carmélite.

Sommes-nous à la veille d’une époque nouvelle ? Faut-il s’attendre à un nouveau bond en avant dans l’oeuvre de l’évangélisation ? Dans l’Exhortation Apostolique Evangelii Nuntiandi, parue peu avant la fin de l’année Sainte, nous disions : « avoir perçu plus que jamais au cours de cette année, les besoins et les appels d’une multitude de frères attendant de l’Eglise la Parole du salut » et nous demandions en conséquence qu’on élabore « un programme d’action pastorale pour ces années qui marquent la veille d’un nouveau siècle », non sans faire remarquer « que l’aspect fondamental de ce programme devrait être l’évangélisation » (cf. n. 81). Oui, à la veille du troisième millénaire du Christianisme on est en droit de s’attendre à une nouvelle phase dans l’annonce de l’Evangile, phase qui sera marquée par des exigences d’authenticité, d’unité, de vérité, de fidélité et de charité apostolique. « Paradoxalement, le monde qui donne d’innombrables signes de son refus de Dieu, cherche en réalité celui-ci par des chemins inattendus et il en ressent douloureusement le besoin. Il réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et dans l’intimité duquel ils vivent comme s’ils voyaient l’Invisible » (ibid. n. 76). Aussi, « convient-il d’évangéliser, non pas de façon décorative, en se contentant d’un vernis superficiel, mais en profondeur, de façon à atteindre jusque dans leurs racines la culture et les cultures, entendues dans le sens que leur donne la Constitution Gaudium et Spes » (ibid. n 20). « Il ne s’agit pas seulement, disions-nous, de prêcher l’Evangile dans des secteurs géographiques toujours plus vastes... mais également d’atteindre et de changer de fond en comble par la force de l’Evangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêts, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité qui sont en opposition avec la parole de Dieu et le dessein du salut ».

Urgence de la formation missionnaire





Si tel doit être aujourd’hui le niveau de l’évangélisation, si telle est son insertion dans le contexte culturel moderne, notre désir, à l’occasion de la prochaine « Journée des Missions » est d’insister sur la nécessité de la formation missionnaire. « Pour tous les ouvriers de l’évangélisation, disions-nous encore, une préparation soigneuse est nécessaire » (ibid. n. 73) et elle concerne chaque membre du peuple de Dieu car, toute l’Eglise est missionnaire et l’oeuvre de l’évangélisation est le devoir fondamental du peuple de Dieu » (cf. Décret Ad Gentes, AGD 35). De cette formation missionnaire seulement peut résulter une coopération efficace ; peu importe qu’elle s’exprime de manières différentes : prière, sacrifice, aide économique, prestation personnelle, participations variables selon les temps et les situations, consécration totale et permanente.

Il arrive parfois que l’on utilise indûment le mot « mission » pour qualifier toute action bonne et valable, surtout si cette dernière a un contenu social. Bien sûr, toute l’action apostolique de l’Eglise prend sa source dans la mission du Christ, il ne faut toutefois pas oublier, ni sous-évaluer l’aspect essentiel de cette mission : « l’envoi aux nations » (Mt 28,19 Mc 16,15 Lc 24,47). A cet égard, le sens repris par le Concile Vatican II, en accord avec la tradition reste toujours valable : « La fin propre de l’activité missionnaire est l’évangélisation et l’implantation de l’Eglise dans lés peuples ou les groupes humains dans lesquels elle n’a pas encore été enracinée » (Décr. Ad Gentes, AGD 6). L’activité missionnaire n’est donc pas assimilable ou équivalente à une quelconque activité qui se développerait dans ce qu’on a appelé « le tiers monde » : s’il en était ainsi, elle perdrait son caractère particulier et serait en outre, historiquement précaire, vu que de nombreux pays n’appartiennent pas ou n’appartiennent plus, à brève échéance, au « tiers monde ».

Il est donc nécessaire d’avoir des apôtres spécialement formés en vue de la Mission « aux nations » et répondant aux critères exposés dans l’Encyclique Ad Gentes. S’ils sont préparés à cette tâche particulière avec un sens aigu de l’universel, fruit d’une profonde sensibilité humaine et ecclésiale, alors nous aurons de nouveaux apôtres qui, face aux mêmes difficultés, sauront trouver autant de possibilités d’évangélisation. Seule, une formation approfondie préparant à un généreux don de soi, pourra créer les conditions d’une nouvelle et florissante période pour les missions. Il s’agit là d’un objectif qui ne peut être improvisé mais qui doit être poursuivi généreusement par tout un ensemble de prière, d’étude, de réflexion, de dialogue, de travail ardu. Cet objectif nous voulons le proposer à tous : non seulement aux futurs missionnaires, hommes et femmes, mais aussi, aux prêtres, aux religieux, aux séminaristes, aux laïcs.

Orientations en vue de la formation missionnaire d’aujourd’hui





Désirant vous proposer quelques suggestions en ce domaine si important, nous vous invitons par dessus tout à relire les documents les plus récents concernant les Missions et l’évangélisation, en particulier le Décret conciliaire Ad Gentes dont nous avons parlé et notre Exhortation Evangelii Nuntiandi. Vous y trouverez d’amples explications — le fondement de la nature missionnaire de l’Eglise étant bien établi et le concept d’évangélisation clairement défini — qui vous renseigneront sur ce que doivent être aujourd’hui, la méthode et le style, les qualités et les finalités de la formation missionnaire. La connaissance des textes du Magistère étant supposée, nous tenons à ajouter que la formation chrétienne elle-même, de la première catéchèse sacramentaire jusqu’à l’étude de la théologie, doit être encadrée dans une prospective missionnaire universelle. Celle-ci n’étant pas seulement un simple ornement, un élément marginal ou une donnée accessoire mais une dimension essentielle de la foi catholique. La formation dont nous parlons, ne peut être seulement théorique, elle doit nécessairement préparer le chemin qui mène au don de soi et entraîner les communautés à se dévouer à l’oeuvre de l’évangélisation. Cette formation devra comporter, outre l’école, les livres, les cours et les conférences, des retraites, des récollections, des rencontres de prière et, tout particulièrement, le contact vivant avec des missionnaires qui connaissent par expérience les exigences et les problèmes de la mission.

D’une pareille formation découleront, sans nul doute, un plus grand nombre de vocations missionnaires, une meilleure sélection et une plus grande persévérance. C’est pourquoi on devra la retrouver dans les Centres de formation, les séminaires, les Maisons religieuses, les noviciats et les paroisses. Elle aura comme pôles d’orientation : la générosité dans le service évangélique et l’ouverture à l’universalisme chrétien.

Un objectif particulier, mais également important à atteindre, est l’esprit missionnaire qui doit marquer de son empreinte les vocations sacerdotales et les diverses formes de vie consacrée. Ce but est celui que poursuit l’Union Pontificale Missionnaire, comme nous le disions dans la Lettre Apostolique Graves et Increscentes du 5 septembre 1966, il est aussi la raison d’être et l’âme des Oeuvres Pontificales Missionnaires. Si cet esprit fait défaut aux personnes à qui incombent de plus grandes responsabilités comme les prêtres et ceux qui ont fait voeu de perfection, on obtiendra difficilement une formation missionnaire du peuple de Dieu.

Nous souhaitons aussi que l’on s’efforce d’acquérir cette formation par la recherche historique et la spécialisation en missiologie. Ces sciences, en effet, peuvent être d’une grande utilité pour faire mieux connaître tant de belles figures missionnaires et pour obtenir une meilleure connaissance des principes de base, source du zèle apostolique. Enfin, nous espérons que les initiatives valables ne manqueront pas pour créer ou renforcer les Centres d’étude et d’animation missionnaire, pour diffuser la presse missionnaire et utiliser au mieux les moyens modernes de communication sociale.

Aujourd’hui, plus que par le passé, se fait sentir le besoin d’apôtres zélés qui ne se perdent pas en discussions inutiles ou dans des questions stériles, mais qui consacrent toute leur vie à la mission universelle, semant « non pas le doute ou l’incertitude, mais des vérités solides parce que ancrées dans la parole de Dieu » (Evangelii Nuntiandi EN 79).

Tel est le genre de formation que Nous attendons avec confiance de ceux qui se préparent à l’apostolat ou qui, déjà, y collaborent : à ces aspirants-missionnaires comme aux missionnaires au travail et à tous les fils de l’Eglise qui les assisteront par la prière et le sacrifice à l’occasion de la « Journée annuelle des Missions », nous accordons de tout coeur le réconfort de la Bénédiction Apostolique.

Du Vatican, en la fête de la Pentecôte, le 29 mai de l’an 1977, quatorzième de notre Pontificat.






5 juin



GARDER ET DÉVELOPPER LA BEAUTÉ DU MONDE



Message du Saint-Père pour la Journée Mondiale de l’Environnement

A l’occasion de la V° Journée mondiale de l’Environnement, célébrée le 5 juin à l’initiative des Nations Unies, le Saint-Père a adressé à tous les hommes de bonne volonté un message en langue anglaise. En voici notre traduction :



« Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici que c’était très bien » (Gn 1,31).

Ce texte ancien, et cependant si profond, est là pour rappeler à chacun de nous que le monde dans lequel nous vivons, ce monde créé, doit être vu et considéré dans son ensemble comme bon: parce qu’il est un don de Dieu; bon parce qu’il est le milieu dans lequel nous avons été placés, dans lequel nous sommes appelés à vivre notre vocation, solidairement avec autrui.

Ces dernières années, on a constaté dans le monde une prise de conscience croissante du fait que « l’environnement conditionne de manière essentielle la vie et le développement de l’homme et que l’homme, à son tour, perfectionne et ennoblit le milieu par sa présence, par son travail et par sa contemplation » (Message à la Conférence sur l’Environnement, Stockholm, 1972 : cf. ORLF, 1972, n. 24 du 16 juin, p. 1).

Aussi est-il extrêmement encourageant de voir les membres des Nations Unies organiser une journée mondiale de l’environnement qui offrira, partout, à tout le monde, l’occasion de célébrer les bonnes choses de cette terre et de les partager plus consciencieusement et plus équitablement avec nos frères et nos soeurs.

Il est plus pressant que jamais de prendre nettement conscience de notre environnement. Car l’homme qui a les moyens et l’habileté de construire et d’ennoblir le monde autour de lui, est également capable de détruire et de dilapider son bien. La science humaine et la technique ont permis d’obtenir des résultats merveilleux. Mais il faut veiller à ce qu’ils servent à rehausser la vie humaine et non à la diminuer. L’effort humain fait sortir de grandes richesses de la terre. Mais il ne faut pas que cette richesse soit gaspillée en choses superflues par une minorité, ni thésaurisée égoïstement par quelques-uns au détriment du reste de l’humanité nécessiteuse.

Pour ces raisons, cette Journée mondiale de célébration de l’environnement dans lequel nous vivons devrait être également une journée d’appel à chacun de nous pour que nous devenions, tous unis, les gardiens de la création de Dieu. Elle devrait être une journée qui ranime en nous l’ambition de nous consacrer à la préservation, au perfectionnement et à la transmission aux générations futures d’un environnement salubre où chacun puisse se trouver confortablement chez lui (cf. Message, ibid.).

L’objectif d’un tel appel réclame plus qu’un simple renouvellement de l’effort. Il exige un changement de mentalité, une conversion de l’attitude et de la manière d’agir, la volonté pour les riches de consommer moins et de partager les biens de la terre plus largement et plus sagement. Il impose un style de vie plus simple et une société qui tende à conserver plutôt qu’à consommer sans nécessité.

C’est, enfin, un appel à promouvoir un esprit universel de solidarité qui ferait que toute personne et toute nation jouent chacun de son côté, son propre rôle pour assurer un environnement écologiquement sain tant pour les populations actuelles que pour les générations futures.

« Toute chose créée par Dieu est bonne » a écrit l’Apôtre Paul. Nous prions avec ferveur pour que la Journée de l’Environnement soit un moment où tout le monde, partout, se pénètre de la sagesse de cette affirmation et s’engage à un partage fraternel et à la sauvegarde d’un bon environnement, patrimoine commun de toute l’humanité.





À L’OCCASION DE LA PROCLAMATION DE L’INDÉPENDANCE DE DJIBOUTI


Mardi 21 juin 1977




A Son Excellence
Monsieur Hassan Gouled Aptidon
Président du Conseil du Gouvernement
de Djibouti

A l’occasion de la proclamation de l’indépendance de votre Pays, Nous désirons exprimer à Votre Excellence, au Gouvernement et au Peuple de Djibouti, nos voeux les plus cordiaux de prospérité et de paix.

Nous formons également le souhait que la République de Djibouti puisse connaître un avenir de progrès et trouver sa place dans le concert des nations africaines, grâce à l’effort et à la concorde de tous ses citoyens.

Les Catholiques de Djibouti, Nous en sommes sûr, ne manqueront pas d’apporter leur contribution au développement social et culturel de la Nation, dans une collaboration loyale et effective au sein des nouvelles institutions.

Nous accompagnons ces voeux de notre fervente prière, en implorant du Tout-Puissant l’abondance de ses bénédictions sur les Autorités et tous les citoyens de la République de Djibouti.

Du Vatican, le 21 Juin 1977.




8 septembre



L’ALPHABÉTISATION DEMEURE UNE TÂCHE PRIORITAIRE



A l’occasion de la Journée Internationale en faveur de l’alphabétisation, qui a été célébrée dans le monde, le 8 septembre, sous les auspices de l’UNESCO le Pape PAUL VI a adressé le message suivant au Directeur Général de cette organisation, M. Amadou-Mahtar M’Bow :



Monsieur le Directeur général,



Dans l’effort de libération et de développement intégral et solidaire des hommes et des peuples, l’alphabétisation demeure une tâche privilégiée. Grâce à l’initiative et aux efforts persévérants de l’UNESCO, elle a désormais sa Journée annuelle : la célébration de ses réussites et des valeurs personnelles et sociales qu’elle promeut contribue à l’approfondissement de conviction et à l’éveil de nouvelles énergies, génératrices de nouveaux progrès. C’est de tout coeur que Nous nous associons à cette fête, conscient du service que, au nom du Seigneur Jésus et de son inépuisable bonté pour tous les besoins des hommes, Nous devons à la famille humaine toute entière.

Il est juste de célébrer d’abord ces hommes et ces femmes innombrables qui, au prix d’efforts particulièrement méritoires, veulent apprendre à lire et à écrire. Ils s’ouvrent par là des possibilités irremplaçables pour prendre une conscience plus claire de ce qu’ils sont, pour communiquer entre eux et participer plus activement à la vie sociale et à ses transformations, pour découvrir d’autres cultures et se rendre davantage présents à l’aventure de toute la famille humaine. On souligne légitimement de nos jours la nécessité de construire un nouvel ordre mondial sur le fondement de la participation responsable de tous : l’alphabétisation, non seulement par son résultat, mais déjà par l’expérience qu’elle constitue, met en mouvement la foule immense des déshérités et les prépare à apporter de précieuses réserves de créativité à l’oeuvre commune.

Il est juste aussi de célébrer ceux qui, au sein de chaque peuple et entre les peuples, s’engagent à aider cet effort de leurs frères. La mise en relief de leur exemple devient un appel lancé à tous les hommes de bonne volonté, en faveur d’une action toujours plus large et mieux soutenue contre la grande misère de l’analphabétisme, qui en dépit des progrès réalisés, demeure un problème très préoccupant. Que d’hommes et de femmes, jeunes et adultes, pourraient en effet entrer dans ce vaste mouvement, sans doute avec des moyens modestes, et à partir de motivations simples. Mais en demeurant fidèles à ces motivations, ils comprendront d’eux-mêmes qu’à travers la communication d’un savoir, ils font une expérience humaine, susceptible de les transformer à leur tour, au contact de ceux qu’ils aident et qui manifestent très souvent des richesses étonnantes de courage et d’émerveillement. Ils acquièrent ainsi une sensibilité nouvelle qui leur apprend à respecter, avec le tact qui naît de l’amitié, des personnalités désireuses d’approfondir leur propre identité à l’instant même où elles découvrent des horizons insoupçonnés.

L’UNESCO se préoccupe de recueillir ces expériences spontanées, de les inviter à se confronter, d’affiner les pédagogies qui leur assurent plus d’efficacité et les prémunissent contre les découragements et les déviations. Elle s’efforce d’appeler sans cesse de nouvelles forces au service d’une tâche dont l’ampleur augmente d’année en année, et de faire converger les moyens financiers indispensables.

Nous avons Nous-même demandé naguère dans notre Discours aux journalistes, à Bombay, que l’on constitue un fonds mondial, alimenté par une partie des dépenses militaires, en vue de venir en aide aux plus déshérités: ce fonds devrait servir, notamment, à la tâche prioritaire de l’alphabétisation. Et l’expérience séculaire de l’Eglise n’a cessé de favoriser l’accès à la lecture et à l’écriture, afin de permettre au grand nombre de développer leur personnalité et leur culture, de les féconder par l’ouverture au patrimoine commun de l’humanité.

Il Nous revient d’inviter spécialement les catholiques à s’unir à tous les hommes pour célébrer la Journée internationale de l’alphabétisation, dans l’action de grâces et dans l’émerveillement devant les progrès déjà réalisés. Et Nous prions Dieu pour que l’initiative de l’UNESCO, à laquelle, Monsieur le Directeur général, vous apportez un dévouement tenace et inventif, libère de nouvelles énergies pour une entreprise particulièrement accordée à la promotion de l’homme et de la fraternité entre les hommes.



Du Vatican, 30 Août 1977.



paulus PP. VI





MESSAGE DU PAPE PAUL VI POUR LE 50ème ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION DE LA CONFÉRENCE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES CATHOLIQUES


Lundi 12 septembre 1977




A Notre Cher Fils André Schafter
Président de la Conférence des Organisations
Internationales Catholiques

Il y a cinquante ans, la ville de Fribourg, où se tient ces jours-ci l’Assemblée Générale de votre Conférence, voyait naître la «Conférence des Présidents» qui, par une heureuse évolution deviendra ensuite l’active Conférence des OIC, avec ses projets et ses réalisations.

Nous qui portons aujourd’hui «le souci de toutes les Eglises» (2Co 11,28) et qui avons toujours suivi avec attention les activités des OIC et de leur Conférence, Nous tenons à participer à la célébration de ce cinquantenaire par un message qui vient du coeur, un message qui voudrait être un encouragement pour l’avenir plus encore que rappel du passé.

Les Organisations internationales catholiques ont une vocation qui s’inscrit dans leur nature même et qui se traduit tout simplement par les deux adjectifs qui les qualifient: elles se doivent d’être internationales et catholiques.

L’homme contemporain devient de plus en plus conscient qu’il ne résoudra pas les problèmes de son temps et qu’il ne construira rien de durable s’il ne dépasse pas le cercle étroit des nationalismes, s’il ne s’ouvre pas à la diversité des cultures, et s’il ne tend pas à une solidarité internationale cohérente. L’Eglise est particulièrement sensible à cette dimension; elle a conscience d’apporter au monde une conception spécifique de l’homme, conception enracinée dans l’universalité de la nature humaine et éclairée par la Révélation divine. Telle est la raison de son enseignement sur la famille humaine et de sa présence auprès des organisations internationales, dans lesquelles elle se réjouit de voir à l’oeuvre nombre de ses fils.

Mais les OIC sont aussi «catholiques». Elles ne dérivent donc pas simplement d’un besoin naturel de collaboration en vue de buts profanes; elles se référent à une vision de foi. Dieu sauve les hommes en les appelant à former un peuple qui le connaisse et le serve dans la sainteté. Les organisations catholiques, quelles qu’elles soient, ne peuvent donc avoir un but seulement limité aux perspectives terrestres. A travers leurs différentes activités temporelles, elles s’inspirent de l’Evangile et se soucient de l’annoncer au monde, en conformité à l’enseignement de l’Eglise qui en actualise le message: de ce fait elles participent à la mission évangélisatrice de l’Eglise. Elles jouissent, certes, de la juste autonomie que le second Concile du Vatican a reconnue aux laïcs dans l’apostolat de l’Eglise, mais elles agissent en union avec les Pasteurs auxquels le Christ a confié la charge de soutenir l’engagement de chacun et de veiller à la diffusion du message évangélique pour qu’il parvienne à la connaissance de tous les hommes, qu’en soit respectée l’intégralité et que soit toujours sauvegardée la communion avec l’Eglise.

La Conférence des OIC, dès son origine, a eu conscience de ces deux dimensions; tout au long de ces décennies, elle a su promouvoir une connaissance mutuelle plus approfondie des Organisations catholiques internationales, coordonner et animer leurs initiatives, et assurer une collaboration d’autant plus féconde que chacune d’entre elles conservait l’originalité de ses objectifs et de ses méthodes.

Pour encourager ces formes collectives d’apostolat et de service, le Saint-Siège a reconnu la ‘Conférence et les associations catholiques répondant à des critères bien définis, comme étant des expressions privilégiées de l’engagement des chrétiens dans le monde et de leur participation à la mission de l’Eglise. En retour, ces Organisations assument une double responsabilité dont les exigences de notre époque invitent à prendre une conscience plus intense: Nous vous rappellerons d’abord la nécessité de renforcer l’identité catholique des OIC, identité qui s’exprime dans l’adhésion à l’enseignement du Magistère même ordinaire de l’Eglise, dans le domaine doctrinal comme celui de la morale qui lui est étroitement lié, dans l’approfondissement de la foi de vos membres, de leur sens ecclésial, de leur dynamisme apostolique et de leur sens de la collaboration, sans se laisser guider, au risque de perdre leur propre identité, par les idéologies purement humaines ou par un oecuménisme mal éclairé.

Les OIC ont aussi la lourde responsabilité de chercher a accroître toujours plus leur rayonnement international, dans un effort continu d’implantation dans les divers continents, en progressant dans l’acquisition d’une mentalité plus universaliste, en assurant une présence plus assidue et plus efficace aux instances internationales, en cherchant enfin à aider nos Fils catholiques à s’engager toujours plus nombreux dans ce domaine.

Si la Conférence reste ainsi profondément fidèle à sa vocation, elle accomplit pleinement son rôle dans l’Eglise, et elle rend aussi un précieux service à l’humanité car, ce faisant, elle permet à l’Eglise de contribuer, de façon originale et irremplaçable, à imprégner les relations internationales des valeurs évangéliques.

Vous aurez sans doute déjà évoqué, au cours de ces journées, les noms et l’oeuvre de ceux qui ont créé la Conférence des Présidents et donc la Conférence des OIC. Nous sommes heureux de saluer avec vous leur mémoire et d’exprimer notre vive gratitude aux Présidents et à tous ceux qui, au cours de ces cinquante ans, se sont dévoués au service de la Conférence.

Vous êtes réunis, non seulement pour commémorer le passé, mais pour renouveler vos énergies et vos convictions. En cette année jubilaire, Nous voulons y encourager tout spécialement les membres de chacune des OIC, ainsi que les dirigeants de la Conférence. Nous prions le Seigneur d’être Lui-même leur force et leur lumière. En gage de ces grâces célestes, Nous vous donnons de tout coeur notre Bénédiction Apostolique, à vous, Monsieur le Président, à tous vos collaborateurs, aux participants à l’Assemblée et à tous les membres des OIC.

Du Vatican, le 12 septembre 1977.

PAULUS PP. VI





7 octobre



LES BASES DU RAPPORT JOURNALISTES-LECTEURS



L’union Catholique Internationale de la Presse Catholique (UCIP) vient de tenir son assemblée générale à Vienne (Autriche) pour son cinquantenaire. A cette occasion, le Pape Paul VI a adressé aux congressistes le message en français que nous publions ci-dessous.



Nous sommes heureux de nous associer à la célébration du cinquantenaire de l’Union Catholique Internationale de la Presse. Si un tel anniversaire peut apparaître comme une étape de longévité pour les personnes, il est plutôt un signe de jeunesse pour une association. Il n’en est pas moins l’occasion d’évoquer les grands événements qui ont marqué et souvent bouleversé la vie du monde ces cinquante dernières années. Cela aura été le mérite et l’honneur de votre association d’avoir aidé ses adhérents à porter, sur une actualité souvent troublée et déconcertante, la lumière d’un regard chrétien.

Nous remercions avec vous le Dieu de toute grâce pour ce jubilé qui vous rassemble dans la célébration des bienfaits reçus de Lui. Nous retrouvons dans le thème de méditation de votre rencontre celui qui animait la récente Année Sainte, Jubilé de l’Eglise universelle : renouveler et vivifier tous les liens qui unissent les hommes entre eux et avec Dieu.

En choisissant en effet comme sujet de vos délibérations « Une presse pour l’homme : la relation entre le journal et le lecteur », n’est-ce pas la recherche de ces liens que vous poursuivez, de ces liens qui donnent à la presse le sens authentique de sa mission ? Permettez-nous d’apporter notre contribution à votre réflexion à ce sujet.

La relation des journalistes avec les lecteurs repose d’abord, nous semble-t-il, sur le souci de correspondre au droit primordial des usagers : celui d’être formés à appréhender eux-mêmes le mieux possible la vérité. C’est dire que le journaliste rejoindra d’autant mieux le bien des lecteurs qu’il aura d’abord cherché, dans ses propres enquêtes, à mieux cerner les réalités de la vie des personnes, les différentes faces des événements, la complexité des problèmes en cause.

Il est aussi de la responsabilité du journaliste, dans la présentation de son information, de prendre en considération les centres d’intérêt des lecteurs, leurs besoins réels et leurs aspirations profondes de citoyens et, pour ,un grand nombre, de croyants et de chrétiens. C’est en cela que consistent le véritable respect et le véritable service du lecteur.

Et pourtant ce souci de proximité s’accompagne d’un risque qu’il est peut-être plus difficile que jamais au journaliste d’aujourd’hui d’éviter sous la pression d’intérêts souvent démagogiques ou commerciaux : celui de ne flatter que des besoins superficiels, des curiosités malsaines ou des sentiments sectaires, parce que dit-on, cela plaît à la clientèle à laquelle on s’adresse.

Il vous revient à vous journalistes catholiques, d’ouvrir à ce qui vaut la peine d’être connu et apprécié, même souvent au-delà de l’horizon habituel ; de faire découvrir, par exemple, les aspects exaltants et les signes d’espérance des événements, de faire comprendre aussi la vie de l’Eglise, si souvent mal perçue de la grande presse profane.

En empruntant de tels chemins, les journalistes catholiques, rejoignent d’une certaine manière le plan de Dieu.

Non seulement sur le plan moral, en ce sens que l’approche et la connaissance de la vérité, la solidarité des efforts, la communion des esprits et des coeurs répondent à la volonté de Dieu sur les hommes, mais au niveau même du mystère de Dieu et de l’économie de la Révélation, car Dieu s’est fait connaître et a réalisé le salut surnaturel des hommes à travers des événements et des paroles intimement liés entre eux (cf. Constitution Dei Verbum, DV 2). Dieu a suscité une communication de cette Parole entre les personnes : il a constitué un Peuple assidu à le lire, à méditer et à mettre en oeuvre sa Parole. Dans cette Histoire sainte, tout est message transmis, accueil du témoignage, dialogue. Ne pourrait-on pas dire que la Bible est comme le « Journal » de l’Alliance de Dieu avec l’Humanité ? En contribuant à ce que la presse devienne l’un des lieux privilégiés où se discernent avec plus de clarté les signes des temps, les journalistes catholiques se mettent sans nul doute au service de cette grande pédagogie divine.

C’est notre voeu le plus cher que, en cette année de son cinquantenaire, l’Union Catholique Internationale de la Presse accentue tous les efforts déjà entrepris en ce sens. Qu’elle apporte en particulier son aide à la presse catholique et aux journalistes catholiques dans les pays où l’Eglise dispose de moyens limités pour les soutenir. A cet égard aussi votre association peut et doit être instrument de communion et de solidarité.

En appelant sur les travaux de votre Congrès les grâces du Seigneur, nous vous envoyons de tout coeur, à vous, Monsieur le Président, aux responsables et adhérents de l’U.C.LP. comme à tous ceux qui bénéficient de son action notre paternelle bénédiction apostolique.



Du Vatican le 7 octobre 1977.



paulus PP. VI






1er décembre



MESSAGE DU PAPE AU XVI° CONGRÈS DE L’APOSTOLAT DE LA MER





Vénérables Frères, chers Fils et chères Filles dans le Christ,



Nous vous adressons à travers le monde ce message d’estime et d’encouragement, en réponse à la demande filiale de ceux que nous avons chargé de la responsabilité de la Commission Pontificale pour la Pastorale des Migrations et du Tourisme par notre Lettre Apostolique Apostolicae Caritatis du 19 mars 1970. Parmi toutes ses tâches, cette Commission se doit d’être le signe de notre intérêt paternel envers ceux qui quittent leur maison et leur terre pour servir leurs frères, hommes et femmes sur les mers et les océans du monde (Cf. AAS 62,1970, PP 193-197).

Cette rencontre, dans la prière et l’étude, d’Evêques, de prêtres, de religieux et de laïcs de tous les continents, en un Congrès mondial de l’Apostolat de la Mer, le XVI° dans l’histoire mais le premier à se tenir en dehors de l’Europe, est une expression concrète de cet intérêt.

A l’occasion de votre dernier Congrès mondial, nous accueillons ; « avec intérêt votre recherche pour saisir le ‘nouvel âge‘ dans lequel entre le monde maritime, à la suite de ses transformations techniques qui font surgir un nouveau ‘type de marin‘ » (Allocution au XV° Congrès mondial de l’Apostolat de la Mer : AAS 64, 1972, p. 602.).

L’étude de ce « nouvel âge » a révélé à l’époque une situation si différente de celle qui existait lors de la fondation de l’Apostolat de la Mer, il y a cinquante-cinq ans, que unanimement l’on s’est accordé pour choisir comme thème du présent Congrès : « L’évangélisation du monde maritime ».

En 1922, le centre majeur d’intérêt était la préoccupation pastorale de cette grande majorité de marins chrétiens qui composaient alors le monde maritime. Aujourd’hui, sans pour autant laisser de côté le service spirituel réclamé par le Concile Vatican II pour ceux « qui, en raison de leur situation, ne peuvent bénéficier suffisamment du ministère pastoral ordinaire et commun des prêtres de paroisse, ou en sont totalement privés » (Décret Christus Dominus, CD 18 Christus Dominus, ), l’Apostolat de la Mer doit faire face à une nouvelle situation : les navires marchands et les flottes de pêche du monde, se sont considérablement développés depuis les premières heures de la mission de la mer. Elles comportent maintenant un nombre imposant et toujours croissant de marins qui ont encore à entendre et comprendre le message de l’Evangile. « Révéler Jésus-Christ et son Evangile à ceux qui ne le connaissent pas, tel est, depuis le matin de la Pentecôte, le programme fondamental que l’Eglise a assumé comme reçu de son Fondateur » (Exhortation apostolique EN 51).

En étudiant comment réaliser cette première annonce de la Parole à ceux qui sont « loin », vous êtes confrontés à un problème complexe : dans une communauté mondiale internationale constamment itinérante, l’Apostolat de la Mer n’a pas seulement à porter la Bonne Nouvelle de Jésus à cette immense multitude actuelle de marins appartenant à des religions non-chrétiennes « que l’Eglise respecte et estime, car elles sont l’expression vivante de l’âme de vastes groupes humains, qu’elles portent en elles l’écho de millénaires de recherche de Dieu... (et) qu’elles possèdent un patrimoine impressionnant de textes profondément religieux » (Ibid., n. 53.), mais encore à un nombre toujours plus grand de gens qui, par suite des influences sécularisantes de la vie moderne, se disent athées ou non-croyants, comme à ceux qui, baptisés, vivent, pour les mêmes raisons, pratiquement en dehors de la vie chrétienne (Cf. ibid., n. 55.). Enfin, aussi parmi les simples marins et les pêcheurs, il y a ceux qui, tout en possédant une certaine foi n’ont reçu qu’une connaissance imparfaite de ses fondements (Cf. ibid., n. 52.).

Pour remplir cette tâche, pour parvenir à cette nouvelle orientation, vos rencontres régionales préparatoires ont analysé le problème à partir de quatre questions principales soumises maintenant à l’examen de ce congrès : qui évangéliser ? qui sont les évangélisateurs ? quel est le message à annoncer ? et comment celui-ci doit-il être annoncé ? Pour répondre à la première question, vous entendez considérer les diverses catégories de personnes mentionnées ci-dessus de même que les structures propres au monde de la mer, de façon à ce que tout soit restauré dans le Christ.

Au sujet de la seconde question, vous entendez regarder de près le rôle respectif des Evêques comme premiers pasteurs, des prêtres comme partageant leur ministère, des diacres comme leurs intimes collaborateurs, des religieux avec leur charisme spécifique et des laïcs, et spécialement des marins eux-mêmes, avec leur vocation propre dans l’évangélisation de leur milieu. En ce secteur, un usage prudent pourrait être fait des ministères qu’il est possible de confier aux laïcs.

Le message à annoncer est celui du salut lui-même, la Parole de Dieu, humainement et spirituellement libératrice à travers le Christ et son Eglise.

Enfin, étudiant comment le message doit, être transmis, vous soulignerez la place irremplaçable de l’authentique témoignage chrétien.

C’est lui qui ouvre la voie à un dialogue évangélisateur fécond, poursuivi avec l’égard dû aux convictions personnelles et dans le grand respect de tout ce qu’il y a de bon dans les autres religions et les autres idéaux qui animent les marins. Le temps que ces derniers passent en mer devenant toujours plus long, il importe que votre ingéniosité apostolique s’applique à utiliser encore mieux les moyens de communication sociale. Pour autant, l’intérêt des communautés chrétiennes de terre envers les marins doit toujours être entretenu et même développé : on ne dira jamais assez la valeur évangélique de la vraie hospitalité chrétienne.

Enfin, vous savez l’obstacle que représente, pour l’évangélisation d’un monde mouvant comme le monde maritime, encore plus que pour d’autres, la division des Eglises qui se réclament du Christ : l’unité des chrétiens reste bien le test de la crédibilité de la foi au Christ. Nous encourageons donc chaleureusement tout ce qui est entrepris pour avancer vers cette unité sans confusion ni impatience.

En vous assurant de nos voeux et de nos prières pour le succès de ce travail que vous avez organisé vous-mêmes dans le grand port international de Hong Kong, et de notre vif intérêt pour ses résultats, Nous sommes heureux de vous accorder, chers Frères, chers Fils et chères Filles dans le Christ, ainsi qu’à tous les marins du monde et à leurs familles, notre fervente bénédiction apostolique.



Du Vatican, le 1er décembre 1977.



paulus PP. VI






8 décembre




Messages 1977