Jérôme - Hommes illustres

JUSTIN, surnommé le philosophe parce qu'il en avait adopté le costume, naquit à Néapolis en Judée, et eut pour père Priscus, prêtre de Bacchus. Il fit d'immenses travaux en faveur du christianisme. Il composa deux Apologies de la religion, dont il adressa la première à Antonin le pieux , à ses fils et au sénat , et la seconde à Marc-Aurèle et Lucius Verus, successeurs d'Antonin. Nous avons encore de lui deux autres ouvrages dont le dernier est intitulé Examen, et dans lesquels il attaque le paganisme; un traité sur la nature des démons; un autre sur la puissance de Dieu, et un troisième intitulé Psalten; une polémique sur l'âme, contre Tryphon, le plus célèbre des philosophes juifs; plusieurs ouvrages remarquables contre Marcion, dont Irénée a fait mention; et enfin un livre contre les hérétiques, qu'il cite dans l'apologie présentée à Antonin. Etant venu demeurer à Rome, il y attaqua Crescens, philosophe cynique qui vomissait constamment des invectives contre les chrétiens, et dévoila sa peur de la mort et son penchant pour les honteux plaisirs des sens. Ce dernier chercha à se venger : il fit tant par sa haine et ses menées que Justin fut accusé d'être chrétien et versa son sang pour la foi.

MELITON ASIANUS , évêque de Sardes , adressa une Apologie du christianisme à Marc-Aurèle, disciple de l'orateur Fronton. Il a laissé plusieurs autres ouvrages dont voici les titres De la Pâques, deux livres; De la vie des Prophètes, un livre; De l'glise, un livre; Sur le jour du dimanche, un livre; Sur les sens , un livre; De la Foi, un livre; Sur les Psaumes, un livre; De l'âme et du corps,un livre; Sur le baptême, un livre; De la vérité, un livre; De la génération du Christ; Sur les prophéties qui annonçaient le Messie, un livre; De l'hospitalité , un livre; un livre intitulé La Clef ; Sur Satan, un livre; Sur l'Apocalypse de Jean, un livre; Du Dieu incarné, un livre; six livres de Récits. Tertullien, dans son ouvrage contre hérésie de Montanus, loue le style élégant et nombreux de cet écrivain. Il ajoute en plaisantant que Meliton est généralement regardé comme le prophète des chrétiens.

THOPHILE, sixième évêque de l'glise d'Antioche, composa, sous le règne de Marc-Aurèle, un livre contre Marcion que nous avons encore. On lui attribue en outre trois volumes adressés à Autolicus, un livre contre l’hérésie d'Hermogène, et plusieurs petits traités écrits avec goût concernant l'établissement de l'glise. J'ai lu sous son nom des commentaires sur l'vangile et sur les proverbes de Salomon, qui ne m'ont paru avoir aucun rapport avec le style plein d'élégance des ouvrages précédents.

APOLLINAIRE, évêque d'Hermopolis en Asie, vivait sous le règne de Marc-Aurèle, à qui il adressa un écrit remarquable pour la défense de la foi. Il a encore laissé cinq livres contre le paganisme, et deux autres sur l'orthodoxie destinés à réfuter la secte des cataphrygiens qui commençait alors, ainsi que l'hérésie naissante de Montanus et de ses absurdes prophétesses Prisca et Maxilla.

DENIS, évêque de Corinthe, déploya tant de talents et d'éloquence que ses épîtres servirent à l'instruction non-seulement de son église, mais encore des évêques étrangers. Ses épîtres sont au nombre de huit : la première est adressée aux Lacédémoniens, la seconde aux Athéniens, la troisième aux habitants de Nicomédie, la quatrième aux Crétois, la cinquième à l'glise d' Amastrinum et aux autres Eglises du Pont, la sixième aux Gnossiens et à Pinytus leur évêque, la septième à l'glise de Rome et à son évêque Soter, la huitième à une pieuse femme nommée Chrysophora. Denis florissait sous le règne de Marc-Aurèle et de Commode.

PINYTUS, Crétois de naissance et évêque de la ville de Gnosse, écrivit à Denis, évêque de Corinthe, une épître d'un style très élégant. Il y enseigne que ce n'est point avec du lait qu'on doit nourrir les peuples, si l'on ne veut. pas que la dernière heure les surprenne encore enfants; mais qu'il faut leur donner une nourriture plus solide, afin qu'ils s'avancent à une vieillesse toute spirituelle. Pinytus vivait aussi sous Marc-Aurèle et Commode.

TATIANUS, qui enseigna d'abord l'art oratoire et qui acquit une grande réputation à Rome par ses leçons, était disciple de Justin le martyr. Il brilla dans l'Eglise tant qu'il resta attaché à ce saint homme. Dans la suite son éloquence lui inspira un fol orgueil, et il donna naissance à une nouvelle secte d'hérétiques qui s'appelèrent d'abord encratites, et qui, après les innovations apportées par Sévère, prirent le nom de sévériens, nom qu'ils ont conservé jusqu'à nos jours. Tatianus a publié une foule d'écrits, parmi lesquels son célèbre ouvrage contre le paganisme est regardé comme le plus remarquable. Il vécut dans le même temps que les écrivains précédents.

PHILIPPE, évêque de Gortyne en Crète, a été mentionné dans l'épître que Denis adressa à cette Eglise. II a écrit un beau livre contre Marcion. Il vécut aussi sous les règnes de Marc-Aurèle et de Commode.

MUSANus, un des plus remarquables d'entre les auteurs qui ont écrit sur la religion chrétienne, a composé un ouvrage contre les fidèles qui étaient tombés dans l’hérésie des encratites.

MODESTE écrivit aussi, sous le règne de Marc-Aurèle, contre Marcion , et son livre est resté. On lui attribue encore plusieurs traités qui sont rejetés comme apocryphes par les savants.

BARDESANE, qui brilla en Mésopotamie, fut d'abord disciple et ensuite antagoniste de Valentin. Il fonda une nouvelle hérésie. Les Syriens prétendent que son éloquence était pleine de feu et de véhémence, Il écrivit avec une rare fécondité contre la plupart des hérétiques qui pullulaient de son temps. Son beau livre sur le destin est sots chef-d'oeuvre. Il a publié encore une foule d'ouvrages sur la persécution; ses disciples de Syrie les ont traduits en grec. Si cette version a conservé tant de force et d'éclat, que doit-ce être des beautés de l'original !

VICTOR, treizième évêque de Rome, écrivit quelques opuscules sur la célébration de la fête de Pâques et sur divers sujets. Il dirigea l'Eglise pendant dix ans sous le règne de Sévère.

IRNE, prêtre sous Photin, évêque de Lyon dans les Gaules, fut envoyé par les martyrs de cette ville à Rome, pour obtenir une solution sur diverses questions qui s'étaient élevées dans l'Eglise. Il présenta à l'évêque Eleuthère des lettres pleines de témoignages honorables. Photin ayant reçu la palme du martyre à l’âge de quatre-vingt-dix ans, Irénée fut élevé à l'épiscopat pour le remplacer. Il est reconnu qu'il eut aussi pour maître Polycarpe, prêtre et martyr, dont nous avons parlé plus haut. Nous avons d'Irénée cinq livres contre les hérésies, un opuscule contre le paganisme, un traité sur la discipline, une épître au frère Martianus sur sa prédication apostolique, un volume de mélanges, une seconde épître à Blastus sur le schisme, et une troisième à Florinus sur le pouvoir absolu, dans laquelle il prouve que Dieu n'est pas l'auteur du mal, et enfin un excellent commentaire sur l’octave. A la fin de cet ouvrage, il déclare qu'il est né à une époque rapprochée du temps des apôtres, et il ajoute ces mots : " O vous qui transcrivez ce livre, je vous conjure, au nom de Jésus-Christ qui viendra juger les vivants et les morts, de collationner votre copie et de la corriger avec soin pour la rendre conforme à l'original! Je vous prie aussi de copier cette prière elle-même telle qu'elle est ici. " On lui attribue aussi plusieurs lettres à Victor, évêque de Rame, touchant là fête de Pâques. Il lui recommande de ne pas rompre légèrement l'union qui existait entre les évêques. Victor pensait qu'il fallait excommunier plusieurs évêques d'Asie, pour avoir célébré la fête de Pâques avec les Juifs pendant la quatorzième lune. Les évêques qui ne s'accordaient point avec ceux-ci sur ce point de discipline désapprouvèrent l'opinion de Victor. Irénée florissait sous le règne de Commode, successeur de Marc-Aurèle.

PANTOENUS, philosophe stoïque, fidèle à une coutume déjà ancienne à Alexandrie, où depuis Marc l'évangéliste abondaient toujours les docteurs ecclésiastiques, fit briller beaucoup de sagesse et une profonde connaissance des Ecritures sacrées et de la littérature profane. Des ambassadeurs indiens l'ayant prié de venir dans leur pays prêcher la religion, il y fut envoyé par Démétrius, évêque d'Alexandrie. Il trouva que Barthélemy avait déjà annoncé l'arrivée du Messie dans ces contrées, et y avait apporté l'évangile selon Mathieu. A son retour à Alexandrie, Pantoenus prit avec lui ce livre qui était écrit en hébreu. Il a laissé plusieurs commentaires sur les Ecritures ; mais ce fut surtout de vive voix qu'il servit les intérêts de l'Eglise. Ses enseignements eurent lieu sous les règnes de Sévère et de Caracalla.

RODON, né en Asie, acquit à Rome, de Tatianus, la connaissance des Ecritures. Il a publié plusieurs ouvrages. Son couvre principale est son livre contre Marcion : il y fait voir le désaccord qui existe entre les marcionites eux-mêmes, et rapporte que , dans une conférence qu'il eut avec un autre hérétique nommé le vieil Appelle, ce dernier excita la risée de tout le monde en déclarant qu'il ne connaissait pas le Dieu qu'il adorait. Dans son épître à Calistion , Rodon nous apprend qu'il eut pour maître à Rome Tatiapus. Il a fait un commentaire très élégant des six jours de la Création, et une réfutation remarquable de l’hérésie des cataphrygiens. Il florissait sous Commode et Sévère.

CLMENT, prêtre de l'Eglise d'Alexandrie,fut disciple de Pantoenus dont nous avons parlé plus haut. Après la mort de ce dernier, il dirigea l'école ecclésiastique ouverte à Alexandrie et enseigna les premiers éléments de la science. Il est auteur de plusieurs ouvrages pleins d'érudition et d'éloquence, concernant les Ecritures sacrées ou la littérature profane. Parmi eux nous citerons ses Stromates en huit livres, et ses Hypotyposes aussi en huit livres; son traité contre les païens; ses trois livres De l'instituteur, son écrit sur la Pâques, sa dissertation sur le jeûne et son traité intitulé Quel est le riche qui sera sauvé? Il a fait encore un livre sur la calomnie, et un autre sur les canons de l'Eglise contre les sectateurs des erreurs judaïques : ce dernier ouvrage est adressé à Alexandre, évêque de Jérusalem. Il fait mention dans ses Stromates de l'ouvrage de Tatianus contre le paganisme, et de la chronologie d'un certain Cassianus, que je n'ai pu me procurer. Il range au nombre des adversaires des païens des écrivains juifs, tels qu'Aristobule, Démétrius et Eupotemon, qui, à l'exemple de Joseph, ont prouvé l'autorité de Moïse et de la nation juive. Il existe d'Alexandre, qui gouverna l'Eglise de Jérusalem conjointement avec Narcisse, une lettre de félicitation aux habitants d'Antioche sur l'élévation à l'épiscopat d'Asclepiade le confesseur; elle se termine ainsi: Mes chers frères, je vous fais passer cette lettre par Clément le saint prêtre, l'homme illustre et éprouvé. Vous avez dû le reconnaître, car il est déjà venu parmi vous, et Dieu ; par une faveur particulière, vous l'a déjà envoyé pour consolider et agrandir cette Eglise. " On sait que Clément fut aussi disciple d'Origène. Il vécut sous Sévère et Caracalla.

MILTIADE, que Rodon cite dans son livre contre Montanus, Prisca et Maxilla , a écrit un ouvrage remarquable contre ces hérétiques, ainsi qu'un livre contre les païens. Il présenta une Apologie à Marc-Aurèle et à Commode, princes sous lesquels il était en réputation.

APOLLONIUS, homme très éloquent, a fait un livre contre Montanus et les folles prophétesses Prisca et Maxilla. Parmi une foule de particularités sur ces hérétiques, il nous apprend qu'ils moururent par le supplice de la corde. " Prisca et Maxilla, dit-il, nient qu'elles ont accepté des présents : or, qu'elles avouent qu'on n'est pas prophète quand on reçoit des présents, et j'aurai mille témoins pour leur prouver qu'elles en ont reçu. C'est à d'autres marques que les leurs qu'on reconnaît les prophètes. Dites-moi, femmes insensées, les prophètes se teignent-ils les cheveux? se fardent-ils le visage? ont-ils des habits couverts de pierres précieuses? Voit-on les prophètes jouer aux dés? les voit-on prêter à usure? Répondez-moi, ces choses-là sont-elles ou non permises aux prophètes? Je me charge ensuite de vous prouver que vous les avez faites. " La secte des cataphrygiens subsistait depuis quarante ans quand cet ouvrage fut écrit. Tertullien aux six livres sur l'extase qu'il composa contre l'Eglise en ajouta un septième contre Apollonius, dans lequel il s'efforce de défendre ce que cet auteur avait condamné. Apollonius florissait sous Commode et Sévère.

SRAPION, institué évêque d'Antioche la onzième année du règne de Commode, écrivit sur l'hérésie des montanistes une lettre à Carinus et Pontius dans laquelle on remarque ces paroles : " Je veux vous faire voir que les absurdités de cette hérésie, ou, comme ils disent, de la prophétie nouvelle, ont été repoussées par le monde entier. Dans ce but, je vous envoie les lettres du bienheureux Apollinaire , évêque d'Hiéropolis. " Sérapion a composé en outre deux épîtres dont la première est adressée à Domnus qui, au temps de la persécution, était passé aux Juifs; la seconde, écrite pour l'Eglise de Rhoson en Cilicie, traite de l'évangile qui porte le nom de Pierre, et dont la lecture avait fait tomber cette Eglise dans l’hérésie. On conserve encore dans plusieurs endroits de courtes épîtres de cet auteur qui répondent à sa vie toute ascétique.

APPOLLONIUS, sénateur romain sous le règne de Commode, fut dénoncé par son esclave Sévérus pour être chrétien. Ayant obtenu l'autorisation d'expliquer ses croyances, il lut dans le sénat une apologie remarquable; mais il n'en fut pas moins condamné à avoir la tête tranchée, en vertu d'une ancienne loi qui défendait que les chrétiens traduits devant le juge fussent relâchés sans avoir renoncé à leur religion.

THOPHILE, évêque de- Césarée en Palestine (ville appelée autrefois: Tour de Strabon), écrivit, avec la coopération d'autres évêques, une Lettre synodique très estimée contre ceux qui célébraient la Pâques avec les Juifs pendant la quatorzième lune.

BACCHYLUS, évêque de Corinthe, jouissait d'une grande réputation sous l'empereur Sévère. Il composa aussi sur la Pâques un livre très bien écrit, au nom des évêques d'Achaïe.

POLYCRATE, évêque de Smyrne, écrivit avec les évêques d’Asie qui, suivant un usage ancien, célébraient la fête de Pâques en même temps que les Juifs, une Lettre synodique en réponse à Victor, évêque de Rome. Il s'attache à prouver qu'il suivait l’exemple de l'apôtre Jean et des anciens évêques. J'en si extrait ce passage : " Nous célébrons scrupuleusement la fête de Pâques, sans rien ajouter aux pratiques et sans en rien retrancher. C'est en Asie que reposent les hommes qui furent les plus solides fondements de l’Eglise; ils se réveilleront au jour que le Seigneur, dans sa majesté, descendra des cieux pour ressusciter ses saints. Vous reconnaissez à ces mots Philippe l'apôtre, mort à Hiéropolis, et ses trois filles dont les deux premières vieillirent dans la virginité, et dont la troisième succomba à Ephèse, remplie des faveurs du Saint-Esprit; Jean, qui dormit sur le sein du Seigneur, fut son pontife, porta sa lame d'or sur le front et mourut docteur et martyr à Ephèse ; Polycarpe, évêque et martyr à Smyrne; Traséas, qui mourut aussi à Smyrne évêque et martyr. Vous parlerai-je encore de l'évêque Sagaris qui repose à Laodicée, du bienheureux Papirius, et de Meliton, ce dévoué serviteur de Jésus-Christ, qui fut évêque de Sardes et dort maintenant du sommeil des justes? Eh bien! ces saints hommes , gardiens fidèles des traditions de l'Evangile et observateurs des canons de l'Eglise, célébrèrent toujours la Pâques pendant la quatorzième lune. Et moi aussi, si j'ose citer le dernier de vos serviteurs, j'ai suivi les enseignements des sept évêques qui ont occupé ce siège avant moi; j'ai solennisé la fête de Pâques au moment où les Juifs font leurs pains azymes. Rassurez-vous, mes frères: un vieillard de soixante-cinq ans, qui a acquis un peu d'expérience par ses voyages et l'étude des Ecritures, ne tremblera pas devant les menaces; je tiendrai tête à l'orage. En effet, nos maîtres et nos devanciers ont dit: " Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. " Par cette courte citation j'ai voulu donner une idée de l'éloquence et de l'autorité de ce grand évêque. Il florissait sous le règne de Sévère, dans le même temps que Narcisse à Jérusalem.

HRACLIUS, contemporain de l'écrivain précédent, a fait des commentaires sur l'Apôtre.

MAXIME, dans le même temps, examina d'une manière remarquable la question de savoir quel est l'auteur du mal, et si Dieu a créé la matière.

CANDIDE a publié un beau traité sur l’Hexaméron. Il vivait à la même époque.

APPION a fait un travail semblable à celui du précédent.

SEXTUS a écrit un livre sur la résurrection.

BRABIANUS a publié, sous le règne de Sévère, quelques opuscules relatifs à la religion chrétienne.

JUDAS a fait une dissertation très estimée sur les soixante-dix semaines prédites par Daniel, et une chronologie des temps antérieurs à la dixième année du règne de l’empereur Sévère. Ou lui reproche d'avoir annoncé l'arrivée de l'Antechrist comme prochaine au temps où il vivait; mais alors la fureur des persécutions pouvait faire présager la fin du monde : c'est la cause de l'erreur où il est tombé.

TERTULLIEN, prêtre, qu'on commence à regarder comme le premier des écrivains de l'Eglise latine après Victor et Apollonius, était fils d'un centurion attaché au proconsul de Carthage en Afrique. Cet auteur, d'un génie ardent et impétueux, brilla surtout sous les règnes de Sévère et de Caracalla. Il a composé une foule d'ouvrages qui sont trop connus pour que nous les indiquions ici. J'ai connu un vieillard de Concordia en Italie, qui dans sa jeunesse avait été secrétaire du bienheureux Cyprien. Il me racontait que ce saint homme, déjà d'un âge avancé, ne pouvait. passer un seul jour sans lire Tertullien, et que quand il demandait ses ouvrages, il disait ; " Apportez-moi le maître. " Cet illustre écrivain resta la moitié de sa vie simple prêtre; ensuite la haine et les procédés outrageants du clergé de Rome le jetèrent dans l'hérésie des montanistes : il préconisa la nouvelle prophétie et combattit l’Eglise dans maints volumes, parmi lesquels nous citerons ses traités sur la pudeur, sur le jeûne, sur la persécution, sur la monogamie; ses six livres sur l'extase, et l'appendice qu'il écrivit contre Appollonius. On dit qu'il parvint à une vieillesse très avancée, et qu'il publia beaucoup d'ouvrages qui ne nous sont pas parvenus.

ORIGENE, surnommé Adamantius, ayant perdu son père Léonide, qui reçut la palme du martyre dans la persécution allumée la dixième année du règne de Pertinax, resta pauvre à l'âge de dix-sept ans, avec sa mère et six frères. Ses biens avaient été confisqués à cause de sa religion. Vannée suivante il fut chargé, malgré sa jeunesse, de rallier les débris de l'Eglise d'Alexandrie, et il commença à y instruire les fidèles. Dans la suite Démétrius, qui en était évêque, lui donna la chaire de Clément le prêtre, et ses leçons jouirent longtemps de la plus grande vogue. Il avait déjà atteint la moitié de sa carrière quand il fut appelé à Athènes, pour concilier les Eglises d'Achaïe qui étaient déchirées par les hérésies. En passant à Césarée il fut ordonné prêtre par Théoctyste, évêque de cette ville, et par Alexandre, évêque de Jérusalem. Cette démarche offensa Démétrius, dont le ressentiment éclata avec violence, et qui écrivit de tous côtés pour le rendre odieux. Avant d'aller à Césarée, Origène avait fait un voyage à Rome sous l'épiscopat de Zéphyrin, et à son retour à Alexandrie il s'était adjoint pour son enseignement Héraclès,qui, tout prêtre qu'il était, avait conservé le costume des philosophes. Ce dernier gouverna l'Eglise après Démétrius.

On peut juger de l'immense réputation d'Origène par l'empressement qu'on mettait à l'attirer. Firmilianus, évêque de Césarée, le convia, ainsi que tous les fidèles de Cappadoce, à se rendre à Césarée, et il l'y conserva longtemps. Dans la suite, ayant été visiter les lieux saints, il s'arrêta encore à Césarée, où l'évêque le reçut comme son maître. Il vint ensuite à Antioche à la prière de Mammée, mère de l'empereur Alexandre, et femme pleine de piété : il y fut comblé d'honneurs. Il entretenait avec Philippe, le premier des empereurs romains qui embrassa la religion chrétienne, et avec sa mère, une correspondance que nous n'avons plus. On sait jusqu'à quel point il poussa l'étude des saintes Ecritures : malgré son âge déjà avancé et malgré la répugnance des Grecs pour la langue hébraïque, il se soumit à l'apprendre; il réunit dans le même volume la traduction des Septante, les éditions d'Aquila, prosélyte du Pont, de Théodotien l'Ebionite, etde Symmaque qui partagea aussi cette hérésie, et qui composa pour l'appuyer des commentaires sur l'évangile de Mathieu ; il se procura encore, à force de soins, trois autres éditions qu'il mit en regard des précédentes. J'ai entre les mains ces trois éditions qui ont fait partie de sa bibliothèque.

On peut trouver la liste des ouvrages d'Origène dans mes épîtres à Paula et à Varron :je ne les citerai donc point ici; il me suffira de dire,pour donner une idée de son immense génie, que ce grand homme connut la dialectique, la géométrie, la musique, la grammaire, la rhétorique, et qu'il approfondit tous les systèmes de philosophie. Une si grande variété de connaissances lui attira des disciples même parmi les hommes qui cultivaient la littérature: il en donnait tous les jours des leçons à une foule immense qui accourait pour l'entendre, et qu'il admettait dans l'intention de l'amener au christianisme tout en lui expliquant les lettres profanes. Il n'entre pas dans notre projet de parler de l'horrible persécution qui s'éleva sous le règne de Décius, comme une réaction contre la religion de Philippe, que cet usurpateur avait fait massacrer : Fabianus, évêque de Rome, y succomba ; Alexandre et Babylas, évêques de Jérusalem et d'Antioche, moururent en prison: Si on veut savoir quel fut la conduite d'Origène au milieu de cet orage, il faut consulter les épîtres qu'il écrivit après que la persécution fut apaisée; et en outré le sixième livre de l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée , et la Vie d'Origène en six volumes, par le mémé auteur. Il mourut à Tyr, âgé de soixante-neuf ans, sous les règnes de Gallus et Volusianus, et fut enterré dans cette ville.

AMMONIUS, homme éloquent et versé dans les matières philosophiques, brillait à la même époque à Alexandrie. Parmi de nombreux et remarquables monuments de son génie, il a laissé un ouvrage très bien écrit sur les rapports de Moise avec Jésus-Christ, et il a rédigé des canons évangéliques auxquels dans la suite Eusèbe de Césarée s'est conformé. C'est à tort que Porphyre l'accuse d'avoir été païen, tandis qu'il est constant au contraire qu'il vécut toujours dans le christianisme.

AMBROISE, d'abord partisan de l'hérésie des marcionites, d'où Origène le retira, fut diacre de l'glise, et s'acquit de la réputation par la ferveur de ses croyances. C'est à lui qu'est adressé le livre d'Origène sur le martyre du prêtre Théoctyste. Il fit les frais de plusieurs publications de ce grand 'auteur, et demanda à écrire ses ouvrages sous sa dictée. Quant à lui, ses talents répondaient à sa haute naissance ses épîtres à Origène en font foi. Il mourut avant lui; et on lui reproché de n'avoir pas, à sa dernière heure, disposé d'une partie de ses richesses en faveur de son ami vieux et pauvre.

TRYPHON, disciple d'Origène, àqui ilaadressé plusieurs épîtres, était très versé dans les saintes critures. Outre plusieurs opuscules répandus dans différents recueils, il a encore laissé une dissertation sur la vache rousse dont il est parlé dans le Deutéronome, et sur la colombe, la tourterelle et les autres animaux qu'Abraham offrit à Dieu après les avoir partagés.

MINUTIUS FOELIX, avocat célèbre de Rome, a écrit un dialogue, sous le titre d'Octavius, entre les chrétiens et les gentils. Ou lui attribue encore un traité sur le destin, en réfutation des mathématiciens. Quoique cet ouvrage vienne d'un écrivain distingué, son style ne me paraît pas comparable à celui du précédent. Lactance a fait mention de Minutius.

CAIUS soutint, sous l'épiscopat de Zéphyrin, c'est-à-dire sous le règne de Caracalla, une discussion remarquable contre Proculus, sectateur du montanisme, et lui reprocha sa témérité à défendre la nouvelle prophétie. Dans cet écrit il donne la liste des épîtres de saint Paul, et n'en compte que treize parce qu'il prétend que la quatorzième, adressée aux Hébreux, n'est pas de lui. Jusqu'à ce jour les Romains ont contesté l'authenticité de cette épître.

BRYLLUS, évêque de Bostrena en Arabie, après avoir gouverné quelque temps cette glise avec gloire, tomba dans l’hérésie de ceux qui soutiennent que lé Christ n'avait aucune existence avant l’incarnation: Origène l’ayant ramené à l'orthodoxie, cet évêque écrivit plusieurs opuscules, et entre autres des Lettres à Origène, dans lesquelles il lui rend des actions de grâce. Ce dernier à aussi laissé des Lettres à Béryllus. Nous avons un Dialogue entre Béryllus et Origène, dans lequel l’hérésie est combattue. Il fleurit sous le règne d'Alexandre , fils de Mammée, et sous celui de ses successeurs Maximin et Gordien.

HIPPOLYTE, évêque d'une glise dont je n'ai pu connaître le nom, a fait des tables chronologiques des époques de pâques jusqu'au règne d'Alexandre Sévère, en prenant pour base un cycle de seize ans; il servit de modèle à Eusèbe, qui rédigea des tables semblables d'après un cycle de dix-neuf ans. Il a aussi écrit des paraphrases sur les critures. Nous connaissons de lui des commentaires sur là création, l’Exode, le Cantique des cantiques, la Genèse, Zacharie, les Psaumes, Isaïe, Daniel, l'Apocalypse, les Proverbes, l’Ecclésiaste ; des traités sur Saül et la pythonisse, sur l'Antechrist, sur la résurrection, contre Marcion, sur la Pâques, contre tous les hérétiques; des homélies dans lesquelles il prétend qu'il prêcha en présence d'Origène. Ambroise qui, comme nous l’avons vu, avait été ramené à l’orthodoxie par Origène, engagea ce grand écrivain à composer des commentaires sur les Ecritures à l’exemple d'Hippolyte. Il mit à sa disposition sept secrétaires et autant de copistes qu'il paya de ses deniers ; tous les jours il venait avec un zèle infatigable activer ce travail. Aussi Origène l'appelle-t-il dans une épître son impitoyable surveillant.

ALEXANDRE, évêque de Cappadoce, se rendait à Jérusalem dans l'intention de visiter les lieux saints, quand une révélation annonça à Narcisse, évêque de cette ville et déjà d'un âge très avancé, ainsi qu'à plusieurs membres de son clergé , que le lendemain matin ils verraient entrer dans leurs murs un saint personnage qui devait lui servir de coadjuteur dans ses fonctions épiscopales. Les choses s'étant passées conformément à la prédiction, on assembla tous les évêques de Palestine, et Narcisse fit tant par ses efforts qu'Alexandre prit conjointement avec lui part à la direction de l’Eglise de Jérusalem. A la fin de l'épître qu'Alexandre écrivit aux antinoïtes pour rendre la paix à l'glise, il s'exprime ainsi: " Narcisse vous salue , Narcisse, ce saint vieillard qui a occupé le siège épiscopal de Jérusalem avant moi, et qui à l’âge de cent seize ans m'a appelé pour le partager avec lui. Je désire que vous vous joigniez à nous dans une unité de croyances. " Parmi les autres épîtres qu'il écrivit à diverses Eglises, on remarque celle qu'il adressa aux habitants d'Antioche, par l'intermédiaire de Clément d'Alexandrie dont nous avons parlé , et celle dans laquelle il embrasse la défense d'Origène contre Démétrius ; car c'était Alexandre qui, d'après les témoignages de cet évêque , avait ordonné prêtre le célèbre écrivain. Pendant la septième persécution allumée par Decius, et au moment où Babylas souffrait le martyre à Antioche, il fut conduit à Césarée et jeté en prison, qu’il mourut pour la foi.

JULIEN L’AFRICAIN, qui laissa cinq volumes de Chronologie, recul, sous le règne de Marc-Aurèle Antonin, successeur de Macrin, la mission d'organiser l'Eglise d'Emmaüs, depuis Nicomédie. Il est aussi l'auteur d'une savante pître à Origène, dans laquelle il prétend que l'histoire de manne est une fable qui né fait pas partie du texte hébreu, et que l'étymologie du mot Suzanne est purement grecque. Origène fit une réponse à cette épître. Nous avons encore de Julien une profonde dissertation adressée à Aristide, pour concilier la différence qui existe dans les évangiles de Mathieu et Luc touchant la généalogie de Jésus-Christ.

GMINUS, prêtre de l'glise d'Antioche, à laissé un petit nombre de productions. Il vivait sous le règne d'Alexandre Sévère et sous l'épiscopat de Zebenne. Ce fut de son temps que Héraclès devint évêque d'Alexandrie.

THODORE , appelé depuis Grégoire, évêque de Néocésarée dans le Pont, alla, étant encore jeune, avec son frère Athénodore , étudier les lettres grecques et latines, d'abord à Béryte en Cappadoce, ensuite à Césarée de Palestine. Origène leur ayant reconnu d'heureuses dispositions, les engagea à étudier la philosophie, et au milieu de cet enseignement les amena peu à peu à la religion chrétienne. Ils restèrent ses disciples pendant cinq ans, et revinrent dans leur pays. Théodore le quitta de nouveau, et composa pour Origène son Panégyrique de l'Eucharistie. Il lut en présence de ce grand homme, et devant une nombreuse assemblée, ce morceau qui subsiste encore aujourd'hui. Il écrivit en outre une paraphrase succincte, mais très utile, de l'Ecclésiaste; et on lui attribue plusieurs épîtres. Mais ce fut surtout par ses miracles que ce saint évêque illustra l'Eglise.

CORNLIUS , évêque de Rome , à qui sont adressées huit épîtres de Cyprien, en écrivit ùne à Fabius, évêque d'Antioche, sur le concile des prélats d'Italie et d'Afrique, une seconde sur Novitien et les autres hérétiques, une troisième sur les actes du concile , et enfin une quatrième très étendue, au même Fabius, dans laquelle il expose le sujet de l'hérésie de Novitien et fulmine des excommunications. Après avoir gouverné l'glise pendant deux ans, sous le règne de Gallus et Volusianus, il recul la palme du martyre et fut remplacé par Lucius.

CYPRIEN, né en Afrique, enseigna d'abord la rhétorique avec éclat. Ensuite il embrassa le christianisme par les conseils du prêtre Cécilius, qui lui donna son nom, et il distribua tout son bien aux pauvres. Quelque temps après il fut fait prêtre, puis évêque de Carthage. Il est inutile de citer ses ouvrages; ils sont connus et admirés de tout le monde. Il fut enveloppé dans la huitième persécution, sous Valérien et Galien , et souffrit le martyre le jour anniversaire de la mort de Cornélius.

PONTIUS, diacre de Cyprien, l'accompagna dans son exil et ne le quitta qu'à sa mort. Il a laissé une belle histoire de ce saint évêque.

DENIS, évêque d'Alexandrie, s'adjoignit, n'étant encore que prêtre, à Héraclès, pour instruire les fidèles, et fut le disciple le plus remarquable d'Origène. Ayant adopté les principes de Cyprien et du concile d'Afrique, il écrivit à plusieurs Eglises des épîtres, qu'on a conservées, sur la nécessité de donner une seconde fois le baptême aux hérétiques. Il a écrit encore d'autres épîtres à Flavien, évêque d'Antioche, sur la pénitence; aux Romains, par l’entremise d'Hippolyte; à Xiste, successeur d'Etienne; à Philémon et à Denis, prêtres de l’Eglise de Rome ; au même Denis , depuis évêque de la même ville; à Novitien, qui prétendait avoir été fait contre son gré évêque de Rome : cette épître commence ainsi : " Denis à son frère Novitien, salut. Si c'est malgré vous, comme vous le dites, que vous êtes monté sur le siège épiscopal, vous le prouverez en en descendant de votre pleine volonté. " Nous avons en outre de Denis deux morceaux, sur la célébration de la fête de Pâques, écrits d'un style très élevé; des épîtres à Didyme, à Héraclès, à Hermammon; des traités sur l'exil, sur la mort, sur le sabbat, sur l'exercice, et sur la persécution de Décius; deux livres contre Nepos, qui soutenait que le règne terrestre du Seigneur devait durer mille ans: il y examine avec soin l'Apocalypse de Jean; un autre contre Sabellius; des écrits adressés à Ammon, évêque de Beronice, à Telesphore et à Euphras; quatre livres à Denis, évêque de Rome ; un autre aux Laodicéens sur la pénitence; d'autres traités, dont deux sur la pénitence, adressés, le premier à Canonius et le deuxième aux Arméniens; un troisième à Origène sur le martyre; un quatrième sur l'enchaînement des fautes; deux autres, à Timothée sur la nature , et à Euphrate sur la tentation; enfin des lettres à Basilide, dans lesquelles il prétend avoir commencé une paraphrase de l'Ecclésiaste. Il écrivit encore, peu de jours avant sa mort, une belle épître contre Paul de Samosate. Il mourut la douzième année du règne de Galien.

NOVATIEN, prêtre de l'Eglise de Rome, essaya d'usurper le siège épiscopal contre Cornélius, et fonda l'hérésie des novatiens, que les Grecs appelèrent la pure croyance : elle consistait à soutenir que les apostats ne doivent point être admis à faire pénitence. Novatus, prêtre sous Cyprien, avait été le premier auteur de cette hérésie. Novatien a écrit sur la fête de Pâques, sur le sabbat, sur la circoncision, sur le sacerdoce, sur l’oraison, sur les aliments des Juifs, sur la nécessité, sur Attale, et quantité d'autres ouvrages. Il a fait encore un livre très long sur la Trinité, qui n'est que l’abrégé de l’ouvrage de Tertullien, et qu'on attribua à Cyprien avant d'en connaître fauteur.

MALCHION, prêtre très éloquent de l’Eglise d'Antioche, y avait professé avec succès la rhétorique. Il soutint une discussion remarquable contre Paul de Samosate, qui avait répandu dans cette Eglise, dont. il était évêque, l'hérésie d'Artemon. Cette polémique, recueillie par des copistes, nous a été conservée. Il écrivit, au nom du concile, une grande épître à Denis et Maxime, évêques de Rome et d'Alexandrie. Il était contemporain des empereurs Claude et Aurélien.

ARCHLAUS, évêque de Mésopotamie, rédigea en syriaque la relation de sa controverse avec Manichéus, qui venait de la Perse. Ce livre, qu'on a traduit en grec, est entre les mains de beaucoup de monde. Archélaüs vécut sous Probus, successeur d'Aurélien et de Tacite.

ANATOLE D'ALEXANDRIE, évêque de Laodicée en Syrie, florissait sous les empereurs Carus et Probus. Il possédait d'immenses connaissances en mathématiques, en astronomie , en grammaire, en rhétorique et en dialectique. Son livre sur la Pâques et ses leçons d'arithmétique nous donnent une idée de l'étendue de son génie.

VICTORIN, évêque de Pétavium, ne tonnai sait pas aussi bien le latin que la langue grec que; aussi ses ouvrages, forts de raison, sont-ils déparés par un style incorrect. Ce sont des commentaires sur la Genèse, l'Exode, le Lévitique, Isaïe, Ezéchiel, Habacuc, l’Ecclésiaste le Cantique des cantiques, l'Apocalypse Jean, et des traités contre toutes les hérésies. Il reçut la palme du martyre.


Jérôme - Hommes illustres