Jérôme - Hommes illustres

PAMPHILE, prêtre, et ami d'Eusèbe, évêque de Césarée, prenait tant à coeur la propagation des livres religieux qu'il copia la plus grande partie des ouvrages d'Origène ; on voit encore aujourd'hui cette copie dans la bibliothèque de Césarée. Je suis devenu possesseur de vingt-cinq commentaires sur les douze prophètes, composés par Origène et écrits de la main de Pamphile. Je conserve précieusement ce trésor, que je préfère à toutes les richesses du roi Crésus. En effet, si on est heureux de posséder une épître d'un martyr, quel prix dois-je attacher à tant de milliers de signes qui me semblent tracés avec le sang de ce saint homme! Il écrivit avant Eusèbe une apologie d'Origène. Il souffrit le martyre à Césarée en Palestine, sous la persécution de Maximin.

PIERIUS, prêtre d'Alexandrie sous les règnes de Carus et de Dioclétien, instruisit avec éclat les fidèles de cette Eglise, dont Thomas était évêque. L'élégance de son style lui mérita le nom de second Origène. Il était de moeurs très austères et vivait dans une pauvreté volontaire. Après la persécution il vint à Rome, où il s'adonna à l'étude de la rhétorique et de la dialectique. C'est de lui que vient le long traité sur Osée, qu'on lisait la veille de Pâques, comme l'ouvrage lui-même l'indique.

LUCIEN, prêtre de l'glise d'Antioche et orateur éloquent, se consacra tellement à l'étude des Ecritures que quelques exemplaires des Livres saints ont pris son nom. On lui attribue encore un ouvrage sur la foi et plusieurs épîtres. II mourut pour la défense de notre religion à Nicomédie, pendant la persécution de Maximin, et fut enterré à Hélénopolis en Bithynie.

PHILAS, né à Thmais en Egypte, de parents nobles et riches, fut élevé à l'épiscopat, et publia une Exhortation au martyre. Il soutint hardiment ses croyances devant le juge, qui, ne pouvant le faire sacrifier aux idoles, le condamna à avoir la tête tranchée. Il mourut en Egypte, enveloppé dans la même persécution que Lucien à Nicomédie.

ARNOBE enseigna, sous Dioclétien, la rhétorique à Sicca, ville d Afrique, et écrivit contre le paganisme des livres qui sont populaires.

FIRMIEN, nommé aussi Lactance, et disciple d'Arnobe, fut appelé à Nicomédie pour y enseigner la rhétorique en même temps que Flavien le grammairien, qui a laissé un ouvrage en vers sur la médecine. N'ayant pas trouvé autant de disciples qu'il en espérait dans cette ville toute grecque, il se mit à écrire. Nous avons de lui un Itinéraire d'Afrique à Nicomédie, poétique et légère composition de sa jeunesse; un livre intitulé Le Grammairien; un beau Traité sur la vengeance de Dieu; les Principes de la religion chrétienne opposés au paganisme, en six livres; un abrégé sans titre du même ouvrage; deux livres contre Asclépiade ; un autre livre sur la persécution; des épîtres à Probus, à Sévère, et à Démétrien, son disciple; un traité, pour ce dernier, sur les ouvrages de Dieu et la création de l'homme. Il était très âgé quand il devint précepteur, dans les Gaules, de Crispus, prince qui dans la suite fut mis à mort par son père Constantin.

EUSEBE, évêque de Césarée, était très versé dans l'étude des Ecritures, et avait, ainsi que Pamphile, un goût vif et éclairé pour les livres religieux; il publia une foule d'ouvrages. Nous citerons les vingt livres de Démonstrations évangéliques; les quinze livres de Préparations; Les apparitions de Dieu, en cinq livres; l'Histoire ecclésiastique, en dix livres; des Tables chronologiques et leur abrégé; la Concordance des Evangiles; des Commentaires sur Isaïe, une Réfutation, en trente livres, des doctrines de Porphyre qui, à ce que l'on croit, écrivait en Sicile à la même époque (il ne nous est parvenu que vingt livres de cet ouvrage); trois livres intitulés Topiques; l'Apologie d'Origène; la Vie de Pamphile; des opuscules sur plusieurs martyres; enfin un commentaire très profond sur le quarantième psaume. Il florissait sous les empereurs Constantin et Constance. Il ajouta à son nom celui de Pamphile le martyr, comme un témoignage de leur amitié.

RHOETICIUS, évêque d'Autun, jouissait, du temps de Constantin, d'une grande réputation dans les Gaules. Il a laissé des commentaires sur le Cantique, des cantiques, et un grand ouvrage contre Novatien. Je ne connais rien autre de lui.

METHODIUS, évêque d'Olympie en Lycie, et ensuite de Tyr, a composé contre Porphyre un livre d'un style clair et élégant; un ouvrage intitulé le Banquet des dix Vierges; trois traités contre Origène sur la résurrection, sur la Pythonisse et sur le libre arbitre; des commentaires sur la Genèse et le Cantique des cantiques, et d'autres ouvrages très répandus. Il reçut la palme du martyre dans la Chalcédoine, à la fin de la dernière persécution; d'autres prétendent que ce fut sous les règnes de Décius et Valérien.

JUVNUS, contemporain de Constantin, était né en Espagne d'une famille illustre. Il mit en vers hexamètres les quatre Evangiles, et composa dans le même rythme un ouvrage sur les sacrements.

EUSTATHE, natif de Sidium en Pamphylie, dirigea d'abord l'glise de Beroa, ensuite celle d'Antioche, et écrivit une foule d'ouvrages contre l'arianisme. L'empereur Constance l'exila à Trajanopolis en Thrace, où il se trouve encore aujourd'hui. Flous avons de lui un écrit sur l’âme ; une réfutation d'Origène sur les imposteurs qui rendaient des oracles, et un grand nombre d'épîtres qu'il serait trop long d'énumérer:

MARCELLUS, qui vivait sous les empereurs Constantin et Constance, écrivit sur toutes les sectes religieuses, et principalement contre l'arianisme. Astérius et Apollinaire le combattirent dans, leurs ouvrages, et l’accusèrent de donner dans l’hérésie des sabelliens. Hilarion, dans son septième livre contre les ariens, le cite aussi comme hérétique. Marcellus s'est défendu contré une semblable imputation, et a déclaré qu'il se retranchait dans la communion de Jules et d'Athanase, évêques de home et d'Alexandrie.

ATHANASE, évêque d'Alexandrie, après avoir failli maintes fois à succomber sous les piéges des ariens, se réfugia près de Constant, César des Gaules; il revint muni de lettres de ce prince. A sa mort, il fut obligé de nouveau de prendre la fuite, et se tint caché jusqu'au moment où Jovien monta sur le trône. Il rentra alors dans son Eglise, et mourut sous le règne de Valence. Ce grand évêque a laissé deux livres contre le paganisme; une réfutation de Valens et d'Ursatius; un Traité de la Virginité, plusieurs écrits sur les persécutions des ariens, et sur le titre des Psaumes; une Vie d’Antoine l'anachorète, des épîtres pour les jours de fête, et une foule d'autres ouvrages dont la liste serait trop longue.

ANTOINE, anachorète dont Athanase a écrit la vie d'une manière remarquable, envoya à divers monastères sept épîtres dignes des apôtres pour la sagesse des idées et la beauté de l’expression. Ces épîtres, composées en langue égyptienne, ont été traduites en grec. La plus belle est celle qui est adressée aux Arsenoïtes. Antoine florissait sous le règne de Constantin et de ses fils.

BASILE , médecin de profession, puis évêque d'Ancyre, a fait, entre autres ouvrages, un Traité sur la Virginité, en réponse à Marcellus. Sous l'empereur Constance il fut, avec Eustathe Sébastien, primat d'une partie de la Macédoine.

THODORE, évêque d'Héraclée en Thrace, publia, à la même époque, sur les évangiles de Mathieu et de Jean, sur l’Apôtre et sur les Psaumes, des commentaires d'un style clair et correct, et d'une grande profondeur historique.

EUSEBE, évêque d'Emèse, et écrivain élégant et facile, a composé d'innombrables ouvrages oratoires. Ces ouvrages, pleins de rapprochements historiques, produisirent le plus grand effet, et sont une source d'études pour ceux qui veulent parler en public. Les plus remarquables sont ses réfutations des Juifs, des gentils et des novatiens, ses dix livre aux Galates, et ses courtes mais nombreuses homélies sur l'vangile. Il atteignit au plus haut degré de, sa réputation et mourut sous le règne des fils de Constantin. Il fut enterré à Antioche.

TRIPHYLLUS, évêque de Lédra en Chypre, ou de Leucothoë, fut le plus éloquent et le plus célèbre auteur de son temps. J'ai lu ses commentaires sur le Cantique des cantiques. On dit qu'il a fait plusieurs autres ouvrages que je n'ai point entre les mains.

DONATUS, qui fonda l'hérésie des donatistes sous le règne de Constant et Constantin, accusa les chrétiens d'avoir, pendant la persécution, livré aux gentils les saintes critures, et entraîna par ses impostures, la Numidie et presque tout le reste île l'Afrique. Il a laissé plusieurs volumes dans lesquels il développe son hérésie, et un livre sur le Saint-Esprit qui le rapproche des principes d'Arius.

ASTRIUS, philosophe arien, a écrit, sous le règne de Constance, des commentaires sur l’épître aux Romains, l'vangile et les Psaumes, qui sont consultés par ses co-sectaires.

LUCIFER, évêque de Cagliari, fut chargé par l'évêque Libère de défendre les intérêts de la religion, et envoyé avec Pancrace et Hilarion, prêtres de l'glise de Rome, près de l’empereur Constance. Ayant refusé de condamner les opinions d'Athanase consacrées par le concile de Nicée, il fut exilé en Palestine. Il supporta avec courage sa disgrâce, et, se résignant d'avance au martyre, il écrivit contre Constance un livre qu’il envoya hardiment à ce prince. Quelque temps après, Julien monta sur le trône et Lucifer revint à Cagliari, où il mourut sous le règne de Valentinien.

EUSEBE, natif de Sardaigne, était lecteur de l’Eglise de Rome quand il fut élevé à l'épiscopat de Verceilles. Sa profession de foi le fit exiler par Constance, d’abord à Scythopolis, puis en Cappadoce. L'avènement de Julien l'ayant rendu à son glise, il publia une traduction la tine des commentaires sur les Psaumes d'Eusèbe de Césarée. Il mourut sous Valence et VaIentinien.

FORTUNATIEN, né en Afrique, et évêque d'Aquilée, écrivit, sous le règne de Constance, des commentaires sur l'Evangile d'un style sec et négligé. Lorsque l'évêque de Rome, Libère, se rendit en exil pour avoir défendu la religion, Fortunatien le séduisit et le détermina à souscrire à l’hérésie. Cette action et un opprobre pour sa mémoire.

ACCACIUS, surnommé le borgne, évêque de Césarée en Palestine, a fait dix-sept volumes de commentaires sur l’Ecclésiaste, six livres de Questions diverses, et plusieurs traités. Il jouit de tant d'influence pendant le règne de Constantin qu’il institua Foelix évêque de Rome à la place de Libère.

SRAPION. évêque de Thmaïs; et appelé le scolastique à cause de son esprit cultivé, fut l’ami d’Antoine l’anachorète. Il publia un beau livre contre les manichéens, un autre sur le titre des Psaumes, et des épîtres très instructives. Ce célèbre ce confesseur vécut du temps de Constance.

HILAIRE, évêque de Poitiers en Aquitaine, succomba, au concile de Béziers, sous le parti de Saturnin, évêque d'Arles, et fut exilé en Phrygie. Il employa le temps qu'il y passa à écrire douze livres contre les ariens , un ouvrage sur les conciles, qu'il adressa aux évêques des Gaules, et des commentaires sur plusieurs psaumes : ce sont les deux premiers, les cinquantième et suivants jusqu'au soixante-deuxième , et les cent dix-huitième et suivants jusqu'au dernier. Il imita dans ses commentaires l’ouvrage d’Origène, et y ajouta beaucoup de son propre fonds. Hilaire a laissé en outre un livre qu’il présenta à l’empereur Constancem ; un autre ouvrage contre ce Prince, écrit après sa mort ; une Réfutation de Valens et d’ursulus, suivie de l’Hstoire des Conciles et Rimini et de Séleucie ; une épître à Salluste, préfet du prétoire, contre Dioscore ; un livre d'hymnes; un autre sur les mystères; un commentaire de l'évangile selon Mathieu; une traduction du traité d'Origène sur Job; un ouvrage très bien écrit contre Auxentius, et enfin diverses épîtres. On dit qu'il fit aussi une paraphrase du Cantique des cantiques : cet ouvrage nous cet inconnu. Hilaire mourut à Poitiers, sous le règne de Valence et de Valentinien.

VICTORIN, né en Afrique, commença par enseigner la rhétorique à Rome; et embrassa le christianisme dans sa vieillesse. Il a écrit des commentaires sur l'Apôtre et une réfutation l'arianisme. Ce dernier ouvrage ; obscur comme tous les livres de controverse, n'est intelligible que pour les érudits.

TITUS, évêque de Bostra, écrivit, du temps de Julien et de Jovien, un livre plein de force contre le manichéisme. Il mourut sous Valens.

DAMAS, évêque de Rome, fit briller un talent remarquable pour la poésie. Il publia de nombreux opuscules en vers, et mourut presque octogénaire, sous le règne de Théodose.

APOLLINAIRE, évêque de Laodicée en Syrie, naquit d'un prêtre, et s'appliqua dans son enfance spécialement à l'étude de la grammaire. Il publia dans la suite une foule d'opuscules sur les saintes Ecritures, et mourut à la même époque que l'écrivain précédent. On lui attribue encore trente livres contre Porphyre, dont l’authenticité est généralement reconnue.

GRGOIRE, évêque d'Ilibère en Boetique, composa, jusque dans un âge très avancé, de nombreux traités d'un style faible. Son livre sur la Foi , que nous possédons encore, est mieux écrit.

PACIANUS, évêque de Barcelone, près des Pyrénées, aussi célèbre par sa chasteté que par son éloquence, par ses moeurs que par son talent, écrivit plusieurs opuscules, entre autres un traité intitulé le Cerf, et une réfutation des novatiens. Il parvint à une extrême vieillesse et mourut sous Théodose.

PHOTIN, de Gallo-Grèce, disciple de Marcellus, puis évêque de Sirmium, chercha à faire revivre l’hérésie des ébionites. Avant été chassé de son Eglise par Valentinien, il fit plusieurs ouvrages, dont les plus remarquables sont ceux qu'il adressa à cet empereur, et son livre contre le paganisme.

PHOEBADIUS, évêque d'Agen dans les Gaules, publia un livre contre les ariens. On dit qu'il est auteur de plusieurs autres ouvrages que je n'ai pas lus. Il vit encore maintenant, accablé de vieillesse.

DIDYME, d'Alexandrie, devint aveugle dès son enfance. Quoique cette infirmité semblât le condamner à une ignorance complète, il montra de tels prodiges d'intelligence qu'il parvint à apprendre parfaitement la dialectique, et même la géométrie, science qui a besoin surtout du secours des veux. II a écrit de nombreux et remarquables ouvrages, entre autres des commentaires sur tous les psaumes; d'autres commentaires sur les évangiles de Mathieu et de Jean; deux livres, dont l'un sur les dogmes, l'autre contre les ariens; un traité sur le Saint-Esprit, que j'ai traduit en latin; dix-huit volumes sur Isaïe; trois livres de commentaires sur Osée, qui me sont dédiés; cinq livres sur Zacharie, qu'il a composés à ma prière; des commentaires sur Job, et beaucoup d'autres productions dont les titres sont assez connues. Ce respectable vieillard est âgé aujourd'hui de plus de quatre-vingt-sept ans.

OPTATUS, d'Afrique, évêque de Milan, écrivit, sous le règne de Valens et Valentinien, au nom des catholiques, six livres en réponse aux calomnies des donatistes. Il y prouve que ces sectaires nous renvoient injustement les accusations qui pèsent sur eux.

AQUILIEN SVERE naquit en Espagne. Il était de la même famille que ce Sévère auquel Lactance adressa deux livres d'épîtres. II composa des mémoires en prose et en vers qu'il intitula Vicissitudes ou preuves. Il mourut sous Valens.

CYRILLE, évêque de Jérusalem, après avoir été chassé de son Eglise et y être rentré plusieurs fois, occupa pendant huit ans, sous Théodose, son siège épiscopal sans nouveaux orages. Il a laissé des instructions pour l'enfance.

EUZOIUS fut élevé à Césarée, avec Grégoire de Nazianze, par le rhéteur Thespesius. Etant devenu évêque de la ville où il avait passé son enfance, il mit tous ses soins à restaurer la bibliothèque d'Origène et de Pamphile, qui se trouvait dans un état complet de délabrement. Dans la suite il fut chassé de son Eglise. On lui attribue plusieurs traités qui sont très répandus.

PIPHANE, évêque de Salamine en Chypre, écrivit contre les hérétiques des livres que les érudits recherchent pour le fond et les ignorants pour le style. Il vit encore de nos jours et passe sa vieillesse à enfanter de nouvelles productions.

EPHREM, diacre de l'Eglise d'Edesse, écrivis plusieurs ouvrages en la langue syriaque, et acquit tant de célébrité que ses livres sont lus dans quelques Eglises après les saintes Ecritures. Je connais de lui un traité sur le Saint-Esprit, qu'il a traduit en grec; la sublimité de son génie perce même dans la traduction. Il mourut sous le règne de Valens.

BASILE, nommé d'abord Mazaca, évêque de Césarée en Cappadoce, a composé un ouvrage remarquable contre Eunomius, un autre ouvrage sur le Saint-Esprit, neuf homélies sur la création, un livre sur la vie ascétique, et plusieurs autres traités. IL mourut sous Gratien.

GRGOIRE, évêque d'abord de Sasime, ensuite de Nazianze, et auteur plein d'éloquence, a été mon précepteur. C'est lui qui m'a expliqué et qui m'a fait connaître les saintes critures. Ses poésies se composent de près de trente mille vers. Voici les titres de quelques-uns de ses ouvrages: Sur la mort du frère de Césaire ; Sur la Charité; Eloge des Machabées; Eloge de Cyprien; Eloge d'Athanase ; Eloge de Maximin le philosophe, à l'occasion de son retour d'exil (on a attribué ce morceau à un nommé Héron, parce que Grégoire composa depuis une satire contre ce même Maximin ; comme si on ne pouvait pas, suivant les circonstances, louer ou blâmer la même personne); Parallèle, en vers hexamètres, entre la virginité et le mariage; Réfutation d'Eunomius ; Sur le Saint-Esprit; deux livres contre l’empereur Julien. Il prit pour modèle le style de Polémon. Ce saint docteur, après avoir abandonné l'épiscopat de son vivant et après s'être choisi un successeur, se retira à la campagne, où il vécut en ermite. Il est mort, il y a environ trois ans, sous l’empereur Théodose.

Lucius, évêque arien, succéda à Athanase, et gouverna l'glise d'Alexandrie jusqu'au règne de Théodose, qui l'en chassa. Il a laissé des épîtres pour la fête de Pâques, et des ouvrages sur les différentes opinions religieuses.

DIODORE, évêque de Tarse, jouit d'une grande réputation pendant le temps qu'il était prêtre d'Antioche. On a de lui des commentaires sur l'Apôtre, et d'autres écrits dans lesquels il prend pour guide Eusèbe, évêque d'Emèse. Il parvint à imiter la manière d'argumenter de cet écrivain, mais il ne put pas s'élever à son éloquence, parce qu'il ne possédait pas la littérature profane.

EUNONIU, évêque arien de Cyzique, s'abandonna sans rien ménager à tous les égarements de son hérésie, et manifesta publiquement les opinions que ses co-sectaires dissimulent. On dit qu'il vit encore aujourd'hui en Cappadoce, et qu'il écrit. sans relâche contre l'glise. Apollinaire, Didyme, Basile de Césarée, Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse font combattu.

PRISCILLIEN, évêque d'Abyla, périt à Trèves, par les ordres du tyran Maximin , pour avoir adhéré aux intrigues d'Hydathe et d'Ithace. Il a publié plusieurs opuscules qui nous sont parvenus en partie. Il fut, dit-on, entaché de gnosticisme, c'est-à-dire de l'hérésie de Basilide et de Marcion, sur laquelle écrivit Irénée. Ses défenseurs prétendent au contraire que ses opinions n'eurent rien de commun avec elle.

LATRONIEN, né en Espagne, écrivain d'une grande érudition, et d'un talent poétique comparable à celui des anciens, fut égorgé à Trèves en même temps que Priscillien, Félix, Julien, Euchrotias, et tous les meneurs de cette intrigue. Il a laissé diverses productions en vers.

TIBRIEN, de Bétique,a écrit, pour se disculper de l'accusation d'hérésie qui pesait sur lui et sur Priscillien, un ouvrage d'un style affecté et prétentieux. Mais, ayant vu ses amis égorgés et ne pouvant lui-même supporter les ennuis de l'exil, il changea de conduite : alors il devint, suivant les paroles de l’criture, "semblable à un chien enragé, " et épousa une jeune fille consacrée à Jésus-Christ.

AMBROISE, évêque de Milan, a écrit jusqu'à ce jour. Comme cet auteur est encore vivant, je m'abstiendrai de me prononcer sur ses ouvrages, de peur qu'on n'ait à me reprocher de l'adulation ou une franchise trop sévère.

EVAGRE, évêque d'Antioche, d'un esprit supérieur et ardent, m'a lu, étant encore prêtre, des traités inédits sur les différentes opinions religieuses. Il a en outre traduit du grec en latin la Vie d'Antoine par Athanase.

AMBROISE, d'Alexandrie, disciple de Didyme, écrivit sur la religion un long ouvrage contre Apollinaire. Je viens d'apprendre qu'il est auteur en outre de commentaires sur Job. Il est encore vivant.

MAXIME, le philosophe, né à Alexandrie, institué évêque de Constantinople, fut obligé d'abandonner son siège. Il a écrit un ouvrage remarquable sur la foi, contre les ariens, et vint à Milan le présenter à l’empereur Gratien.

GRGOIRE, évêque de Nysse et frère de Basile de Césarée, me lut, il y a quelques années, ainsi qu'à Grégaire de Nazianze, un livre contre Eunomius. On dit qu'il continue d'écrire.

JEAN, prêtre de l’Eglise d'Antioche et disciple d'Eusèbe d'Emèse et de Diodore, passe pour être auteur de plusieurs ouvrage. Je ne connais que son traité sur le sacerdoce.

GLASIUS, qui a succédé à Euzoïus dans l’épiscopat de Césarée, a, dit-on, écrit plusieurs morceaux d'un style élégant, qu'il conserve sans les publier.

THOTIME, évêque de Thome en Scythie, a adopté pour ses traités concis et nerveux la forme du dialogue et l'ancien langage. On m'assure qu'il est sur le point, d'en publier d’autres.

DEXTER, fils de Pacianus dont j'ai parlé plus haut, acquit aussi de la réputation. Il se voua à la défense de la religion, et écrivit une histoire que je n'ai point encore lue.

AMPHILOCHIUS, évêque d'Icône, m'a fait lire dernièrement un livre sur le Saint-Esprit qui, suivant lui, est d'essence divine, tout-puissant, et digne de notre adoration.

SOPHRONIUS, écrivain rempli d'érudition, fit, étant encore enfant, l'loge de Bethléem. Depuis il a composé un ouvrage remarquable sur l'abolition du culte de Sérapis, et a traduit en grec plusieurs de nos opuscules, entre autres la Vie d’Hilarion, le Traité sur la Virginité, les Psaumes et les prophètes, que j’avais moi-même fait passer de l’hébreu dans la langue latine.

Je terminerai par moi, JROME, le tableau des écrivains ecclésiastiques. J’ai eu pour père Eusèbe et je suis né à Stridon, ville située sur les confins de la Pannonie et de la Dalmatie, maintenant détruite par les Goths. Voici la liste des ouvrages que j’ai écrits, jusqu'à ce coup, c'est-à-dire jusqu'à la quatorzième année du règne de Théodose.

La Vie de Paul l’anachorète.

pîtres diverses, un livre.

Exhortation à Héliodore.

Dispute entre les orthodoxes, et les lucifériens.

Annales universelles.

Traduction latine des vingt-huit homélies d'Origène sur Jérémie et zéchiel.

Sur les Séraphins et le mot Osanna.

Sur la chasteté et la luxure.

Sur trois questions de l’ancienne loi.

Deux Homélies sur le cantique des cantiques.

Sur la virginité inébranlable de marie, contre Helvidius.

Sur le célibat, à Eustoquia.

Un livre d'Epître à Marcella.

pître à Paula, pour la consoler de la mort de sa fille.

Trois livres de Commentaires sur l’épître de Paul aux Galates.

Trois livres sur l’épître aux Ephésiens.

Un livre sur l’épître à Tite.

Un livra sur l’épitre à Philémon.

Commentaires sur l’Ecclésiaste.

Un livre de Questions sur le texte hébreu de la Genèse.

Sur les lieux de la Judée, un livre.

Explications des noms hébreux, un livre.

Traduction latine du traité de Didyme sur le Saint-Esprit.

Trente-neuf Homélies, sur Luc.

Sept Traités sur les psaumes dixième et suivants, jusqu'au seizième.

Vie d'un anachorète captif.

Vie du bienheureux Hilarion.

Tradition du Nouveau Testament d'après texte grec ; Traduction de l’Ancien d’après le texte hébreu.

pîtres à Paula et à Eustoquia. Leur nombre est indéterminé, parce que j’en écris souvent de nouvelles.

Paraphrase sur le prophète Michée, deux livres.

Un livre sur Sophonie.

Un livre sur Aggée.

Différents travaux sur les prophètes, encore inachevés.




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