François S.: avis, sermons 909

909

Sermon commentaire de Jean XX, 11-18

26 juillet 1618 Noli me tangere r

VULGATE
Jean XX, 11-18,
20, 11 : Maria autem stabat ad monumentum foris plorans dum ergo fleret inclinavit se et prospexit in monumentum
Cependant Marie se tenait près du tombeau, dehors, tout en pleurs. Or, comme elle pleurait, elle se pencha vers le tombeau ;
20, 12 : et vidit duos angelos in albis sedentes unum ad caput et unum ad pedes ubi positum fuerat corpus Iesu
et elle voit deux anges en vêtements blancs, assis là où avait été placé le corps de Jésus
20, 13 : dicunt ei illi mulier quid ploras dicit eis quia tulerunt Dominum meum et nescio ubi posuerunt eum
Elle leur dit : " C'est qu'on a enlevé mon Seigneur, et le ne sais où on l'a mis.
20, 14 : haec cum dixisset conversa est retrorsum et videt Iesum stantem et non sciebat quia Iesus est
Ayant dit cela, elle se retourna en arrière, et elle voit Jésus qui se tenait là ; mais elle ne savait pas que c'était Jésus
20, 15 : dicit ei Iesus mulier quid ploras quem quaeris illa existimans quia hortulanus esset dicit ei domine si tu sustulisti eum dicito mihi ubi posuisti eum et ego eum tollam
Femme, lui dit Jésus, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? " Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit: " Seigneur, si c'est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et moi j'irai l'enlever.
20, 16 : dicit ei Iesus Maria conversa illa dicit ei rabboni quod dicitur magister
Jésus lui dit : " Marie ! Se retournant, elle lui dit en hébreu : " Rabbouni ! " (ce qui veut dire : Maître !)
20, 17 : dicit ei Iesus noli me tangere nondum enim ascendi ad Patrem meum vade autem ad fratres meos et dic eis ascendo ad Patrem meum et Patrem vestrum et Deum meum et Deum vestrum
Jésus lui dit : " Cesse de me toucher, car je ne suis pas encore monté vers le Père; mais va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
20, 18 : venit Maria Magdalene adnuntians discipulis quia vidi Dominum et haec dixit mihi.
Marie la Magdaléenne va annoncer aux disciples : " J'ai vu le Seigneur, et voilà ce qu'il m'a dit.

COMMENTAIRE AVEC SAINT FRANCOIS DE SALES

(Références dans l’édition d’Annecy).
IX, 171, 172 : Sermon pour la fête de sainte Anne, le 26 juillet 1618.
(..) Certes, non seulement les choses terrestres ne sont pas capables de satisfaire nos coeurs, mais non pas même les célestes ; et ceci nous le voyons très bien en la Magdeleine (Traité De l’Amour de Dieu, V,7). La, pauvre Sainte, toute éprise de l'amour de son Maître, retourna pour le chercher devant que nul autre, après qu'il fut mort et mis dans le sépulcre ; mais ne l'ayant trouvé, mais des Anges, elle ne se peut contenter, bien qu'ils fussent très beaux et habillés à l'angélique (Jn 20,1 Jn 20,12). Les hommes, pour grands qu'ils soient et pour magnifiquement ornés qu'ils puissent être, ne sont rien auprès des Anges, leur lustre n'a point d'éclat et ne sont pas dignes de comparaître en leur présence ; aussi voit-on que jamais ils n'ont apparu aux hommes sans que ceux ci ne soient tombés dessus leur face, n'étant pas capables de supporter la splendeur et l'éclat de la beauté angélique. La très sainte Vierge, laquelle a des suréminences si grandes, et qui est si particulièrement gratifiée au-dessus de tous les Anges, s'étonne néanmoins à la vue de saint Gabriel qui l'était venu trouver pour parler avec elle du très sacré mystère de l'Incarnation.
Magdeleine ne s'amuse point autour de ces célestes Esprits, ni à la beauté de leur visage, ni à la blancheur de leurs vêtements, ni moins encore à leur maintien plus que royal. Elle va, elle tourne tout autour d'eux, et ils l'interrogent :
Femme, pourquoi pleures tu ? et que cherches tu? Ils m'ont pris mon Maître, répond elle, et je ne sais où ils l'ont mis.
Les Anges lui demandent: Pourquoi pleures tu? comme s'ils eussent voulu dire : N'as-tu pas bien sujet de te réjouir et d'essuyer tes larmes en nous voyant? Quoi, la splendeur et beauté de nos faces, l'éclat de nos vêtements, notre magnificence plus grande que celle de Salomon, n'est-elle pas capable de t'apaiser? O certes non, mon coeur ne se peut contenter à moins que de Dieu. Magdeleine aime mieux son Maître crucifié que les Anges glorifiés.
L'Épouse, au Cantique des Cantiques, dit que son Bien-Aimé ayant frappé à sa porte passa outre; et elle, ayant ouvert et ne le trouvant pas, s'en va après lui pour le chercher, puis rencontrant les gardes de la ville elle leur demande si elles ont point vu son Bien-Aimé : Hé, de grâce, si vous le rencontrez, annoncez-lui que je languis d'amour. Et après, elle ajoute que les gardes de la ville l’ont toute blessée. Tous ceux qui pratiquent l'amour sacré savent que ses blessures sont diverses et qu'il blesse les coeurs en plusieurs façons, dont l'une est d'être arrêté et empêché de demeurer en ce qu'il aime. L'amante sacrée dit que les gardes l’ont blessée parce qu'elles l'ont arrêtée, car rien ne blesse tant un coeur qui aime Dieu que de se voir retenu loin de Dieu. Tout ceci n'est que pour servir de préface à ce discours… r

X, 78, Sermon pour la fête de sainte Marie-Madeleine, 2 juillet 1621, début.
Remarquez combien il l’aimait tendrement : il la voit pleurer au monument, (monumentum) il lui apparaît en forme d’un jardinier et l’interroge pourquoi elle pleure (Jn XX,14,15), comme ne pouvant souffrir de se voir plus longtemps chercher par cette sienne et toute pure amante. r

X, 78, Sermon pour la fête de sainte Marie-Madeleine, 2 juillet 1621, fin.
(..) Elle pleura au monument pour l’absence de son bon Maître. Pourquoi pleurez-vous ? disent les anges. Hé, répond-elle, je ne sais où ils l’ont mis (Jn XX,11); je pleurerai et ne cesserai de pleurer jusqu’à ce que je l’aie rencontré.
Mais vous avez trouvé des anges.
Oh! cela ne me console point, car ce ne sont pas les anges que je cherche, mais mon Maître.
Voyez-vous comme elle nous apprend à ne chercher que Dieu, à ne pleurer sinon pour son absence causée par nos péchés, ou bien de quoi il est si peu connu et glorifié du prochain. Ces larmes sont bien pures, et toutes les autres sont vaines et inutiles. (..) r
Voyez la Madeleine qui vous provoque par son exemple. Elle cherche son Sauveur dans le monument et le demande au jardinier : Hé, répond elle, Seigneur, si vous l’avez pris, dites-moi où vous l’avez mis et je l’emporterai. (..) r
Je l’emporterai, dit-elle. Vous l’emporterez ? Mais il est parmi les juifs et soldats; vous n’êtes qu’une femme, comment ferez-vous ? O Dieu, répond-elle, ne craignez point cela, car j’irai prendre au milieu des juifs et je l’emporterai; je me sens assez de force pour le faire. Mais Celui que vous cherchez est mort; comme pourrez-vous porter un corps mort qui est très pesant ? Oh eut-elle dit, l’amour me donne assez de force pour l’aller prendre et pour m’en charger.
Ce que voyant ce jardinier, qui était Celui-là même qu’elle cherchait, ne pouvant davantage laisser navrée de son amour le coeur de cette amante, appela : Marie. Et elle, tout illuminée, s’écria : Rabonni, Maître, demeurant toute accoisée et réjouie… r

XIII, 75, à la baronne de Chantal, Annecy le 21 juillet 1605.
(..) mais à vous, je dis qu'un jour Madeleine parlait à Notre-Seigneur, et, s'estimant séparée de lui, elle pleurait et le demandait, et était tant empressée que, le voyant, elle ne le voyait point. Or sus, courage, ne nous empressons point ; nous avons notre doux Jésus avec nous, nous n'en sommes pas séparés, au moins je l'espère fermement. De quoi pleurez-vous, o femme ? Non, il ne faut plus être femme, il faut avoir un coeur d'homme ; et, pourvu que nous ayons l’âme ferme en la volonté de vivre et mourir au service de Dieu, ne nous étonnons ni des ténèbres, ni des impuissances, ni des barrières. r
Madeleine voulait embrasser Notre-Seigneur, et ce doux Maître met une barrière : Non, dit-il, ne me touche point, car je ne suis pas encore monté à mon Père (Jn 20,17). La-haut, il ni aura plus de barrière, ici il en faut souffrir. Nous suffise que Dieu est notre Dieu et que notre coeur est sa maison…. r

IX, 336, Sermon pour la fête de saint Augustin.
J'ai ajouté qu'il y a un autre amour, qui est effectif. Oh! Celui-ci est bon par excellence, et notre glorieux Saint passa de l'amour affectif à l'effectif. Celui-ci travaille et n'est point oisif. Il souffre des travaux et des peines, il endure des injures et calomnies. C'est ce que je voulais déclarer par mon troisième point : Je boirai le calice de mon salutaire; mais il n'est pas moyen d'en parler, car le temps est déjà passé. Je dirais seulement que cet amour ne se lasse point de pâtir ; il fait agir en tout temps. Voyez-vous la Magdeleine ? Elle était touchée de l'amour affectif quand voyant son Maître et lui voulant baiser les pieds, elle s'écria Rabboni. Mais Notre-Seigneur la repoussa, lui disant Ne me touche pas, va-t-en à mes frères. Or, voila l'amour effectif, car elle sortit et alla promptement (Jn 20,16-18)… r

XVII, 220, Lettre à la Mère de Chantal.
Et prenez courage, car s’il vous a dénuée des consolations et sentiments de sa présence, c’est afin que sa présence même ne tienne plus votre coeur, mais lui et son plaisir ; comme il fit à celle qui le voulant embrasser et se tenir à ses pieds, fut renvoyée ailleurs : Ne me touche pas, lui dit-il, mais dis-le à Simon et à mes frères. (Jn 20,17)

910

Sermon pour la fête de Noel - Sermon de saint François pour la veille de Noël

(..)
Le troisième point est celui-ci : Pourquoi l'Incarnation a-t-elle été faite ? Pour nous enseigner à vivre non plus brutalement comme l'homme avait vécu depuis la chute d'Adam, mais avec et selon la raison. Notre Seigneur vient en effet nous enseigner l'abstinence et sobriété des biens, honneurs et commodités de ce siècle, à fouler aux pieds tout cela pour embrasser le contraire. Avant l'Incarnation les hommes vivaient ainsi que des bêtes brutes *, courant après les dignités et voluptés de cette vie comme les chevaux, chiens et tels autres animaux font après ce qu'ils appètent. (1) Voyez un cheval : quand il est altéré et qu'il trouve de quoi assouvir ou étancher sa soif il se jette à corps perdu dans l'eau, et quoi qu'on lui tire la bride il n'y a moyen de l'en empêcher, de sorte qu'il traîne son chevalier à val eau. Ainsi les hommes qui vivent non point selon la raison mais selon leurs appétits désordonnés, se jettent à corps perdu à la recherche de leurs satisfactions sensuelles ; mais Notre Seigneur, voulant les en sortir, leur vient tirer la bride en s'incarnant, à fin de les retenir leur enseignant par ses oeuvres à mépriser toutes choses.
Il n'y a bête, pour brute qu'elle puisse être, qui ne reconnaisse celui qui lui fait du bien ; car le cheval reconnaît très bien l'étable où il a autrefois logé parce qu'en icelle on lui a donné de l'avoine; le chien connaît son maître, et de même tous les autres animaux ont du ressentiment de ceux qui leur font du bien. Lors donc que l'homme vivait brutalement, Notre Seigneur l'est venu retirer d'entre les animaux, il lui a donné des exemples d'une admirable sobriété et, pour peu de jugement et de raison qu'on ait eu, il n'y a personne qui le sachant n'en ait éprouvé quelque sorte de ressentiment.
Or, le Sauveur s'est incarné pour nous enseigner aussi la sobriété spirituelle, qui consiste en la soustraction et privation volontaire de toutes les choses délectable et agréables qu'il pouvait avoir et recevoir en cette vie ; car il se chargea volontairement et de son plein gré de tous les travaux et tribulations, pauvreté et mépris qui se peuvent endurer en ce monde '. Il avait une âme parfaitement glorieuse qui jouissait de la claire -vision de la Divinité, et néanmoins il ne voulut point pour cela être exempt de douleurs. A l'instant de son Incarnation il vit et lent dans le livre de la prédestination tout ce qu'il devait souffrir. Ce livre était intitulé la sainte volonté de Dieu; or, pendant toute sa vie, Notre Seigneur ne fit autre chose que lire, pratiquer et garder tout ce qu'il y trouva écrit *, ajustant ses volontés à celles de son Père céleste, comme il le dit lui même * : je suis venu non Pour faire ma volonté, mais celle de celui qui M'a envoyé.
O que nous serions heureux si nous lisions bien dans ce livre et que toute notre préoccupation fut d'accomplir la volonté de Dieu par le renoncement et entière abnégation de la notre, n'ayant d'autre soin que de l'ajuster à la sienne! Ce serait le moyen d'obtenir de sa Bonté tout ce que nous voudrions, car celui qui n'a autre souci que de faire la volonté divine obtient d'elle tout ce qu'il requiert, et à mesure qu'il accomplit cette sainte volonté, Dieu fait la sienne ainsi qu'il est écrit' : Le Seigneur fiait la volonté de ceux qui le craignent, comme vous avez vu qu'il fit tout ce que voulut Gédéon quand il lui demanda un signe. Notre cher Sauveur vit donc à l'instant de son Incarnation tous les fouets et escourgées, tous les clous et épines, toutes les injures et blasphèmes que l'on devait vomir contre lui, en somme tout ce qu'il devait souffrir. Alors il étendit ses bras sacrés, et s'offrant avec une dilection nonpareille à pâtir toutes ces choses, il les embrassa et mit sur son coeur avec tant d'amour qu'il commença dès cet instant à ressentir tous les tourments qu'il devait par après endurer au temps de sa Passion. Il se priva dès lors, par une entière soustraction, de toutes les consolations qu'il pouvait recevoir en cette vie, ne se réservant que celles dont il ne se pouvait priver, faisant que la partie inférieure de l’âme souffrit et fut sujette pour notre salut et rédemption aux tristesses, peines, craintes, appréhensions et frayeurs ; et tout cela, rien par force ni pour ne pouvoir faire autrement, mais volontiers et de son plein gré afin de nous montrer son amour.
Certes, ce n'est pas que toutes ces souffrances fussent nécessaires pour nous sauver, car un seul acte d'amour, un seul soupir amoureux sortant de son sacré coeur était d'un prix, d'une valeur et d'un mérite infini. Un seul de ses soupirs était suffisant pour racheter lion un monde mais mille mondes, et mille et mille natures humaines et angéliques, s'il y en eut eu autant et qu'elles eussent péché. Et non seulement un seul de ses soupirs, une seule de ses larmes eut suffi pour les racheter, mais encore pour satisfaire à la justice divine, d'autant qu'ils procédaient d'un amour infini et d'une personne infinie. Aussi Notre Seigneur méritât plus en jetant un seul soupir amoureux que ne firent jamais tous les Saints et Saintes ou que tous les Chérubins et Séraphins; et Dieu fut plus honoré par un seul acte d'amour et d'adoration que la très bénite âme du Sauveur fit à l'instant de sa création, qu'il ne l'a été et ne le sera jamais par toutes les créatures angéliques et humaines. Néanmoins notre cher Maistre ne voulut pas nous racheter par un seul soupir, mais pour ce faire il a voulu souffrir mille peines et travaux, payant en toute rigueur de justice nos fautes et iniquités, nous enseignant par son exemple cette sobriété spirituelle, cet éloignement de toutes consolations pour vivre selon la raison et non selon nos appétits et affections.
C'est pourquoi l'on a toujours accoutumé de dire à ces filles quand elles entrent au Monastère, que la Religion, c’est une école de l'abnégation de toutes les volontés *, " une croix où il se faut crucifier, en somme, qu'il y faut venir pour pâtir et non point pour y être consolées. Si vous voulez du sucre et de la dragée, allez en quérir chez les apothicaires ; car l'on ne mange ici que des viandes amères et fâcheuses à la chair, lesquelles sont toutefois profitables au coeur. Je dis toujours à ces âmes, et je ne le saurais trop répéter : Or sus, ma chère fille, qu'êtes-vous venue chercher en Religion ? Y cherchez-vous des consolations? Oui. Et qu'est-ce que vous faites ? Vous-vous trompez si vous pensez y venir pour y être consolée, pour y goûter et y recevoir des douceurs spirituelles. O Dieu, il ne faut pas chercher cela, car cette façon d'agir est insupportable à ceux qui savent tant soit peu que c'est que la dévotion. Venez y à fin d'y vivre en une profonde humilité et entière résignation, pour y recevoir d'un coeur égal les désolations comme les consolations, les douceurs et les tribulations, les sécheresses et les dégoûts. Que si Dieu vous donne des consolations ou grains de dragées, baisez-lui la main et le remerciez très humblement, mais ne vous arrêtez point à cela, mais passez outre et vous humiliez *.
Certes, c'est une grande pitié que l'on voie Notre Seigneur tant souffrir, se soustraire à tous les plaisirs et consolations qu'il pouvait recevoir parmi ses souffrances, ne se servant que de ce dont il ne se pouvait priver, et que nous autres nous soyons tant amateurs de ces goûts qu'il semble que l'on rie travaille que pour en avoir! Pour peu qu'on en ait l'on s'amuse tant à, les regarder et les sentir que l'on ne fait rien qui vaille. Ces douceurs ne servent que d'amusement à certaines âmes trop avides et désireuses de telles choses. Hélas ! elles ne sont pas nécessaires, vous n'en êtes pas meilleures pour cela; Dieu ne les accorde pas seulement aux justes mais aux pécheurs, car il en donne bien quelquefois à des âmes qui sont en état de péché et hors de sa grâce : pourquoi donc vous y arrêtez-vous tant ? Considérez, je vous prie, ce petit nouveau né dans la crèche de Bethlehem, écoutez ce qu'il vous dit, regardez l'exemple qu'il vous donne. Il a choisi les choses les plus aspres et souffreteuses qui se puissent imaginer pour le temps de sa Nativité. O Dieu, qui pourrait demeurer auprès de cette crèche tout le long de cette octave il se fondrait d'amour, voyant ce petit Enfant en si pauvre lieu, pleurer et trembler de froid. Oh, avec quelle révérence la glorieuse Vierge votre Mère allait regardant ce coeur quelle voyait tout palpitant d'amour dans sa poitrine sacrée, comme allait-elle essuyant ces douces larmes qui coulaient si suavement des doux yeux de ce béni Poupon ! Comme courait-elle à la suave odeur de ses vertus
Voila donc ce Dieu incarné. O que c'est une belle chose à considérer que le mystère très haut et très profond de l'Incarnation de notre Sauveur! Mais tout ce que nous en pouvons entendre et comprendre par le discours n'est rien, et pouvons bien dire à ce propos ce que disait un sage qui lisait un livre très haut et obscur d'un ancien philosophe (je ne me souviens pas de son nom*) ; il avoua franchement : Ce livre est si docte 'v et difficile que je n'y entends presque rien ; le peu que je comprends est extrêmement beau, mais je crois que ce que je n'entends pas l'est plus encore. Il eut raison de parler ainsi. Nous-nous pourrons bien servir de ces paroles considérant le mystère de l'Incarnation, et dire : Ce mystère est si haut et si profond que nous n'y entendons rien ; tout ce que nous en savons et connaissons est extrêmement beau, mais nous croyons que ce que nous ne comprenons pas l'est encore davantage. En fin nous le saurons un jour là haut, où nous célèbrerons avec un contentement incomparable cette grande fête de Noël, c'est à dire de l'Incarnation ; là nous verrons clairement tout ce qui s'est passé en ce mystère, et bénirons sans fin Celui qui étant si haut s'est tant abaissé pour nous exalter *. Dieu nous en fasse la grâce.
Ainsi soit-il.


911

Sermon pour la saint Blaise - Sermon pour le jour de saint Blaise sur le renoncement à soi-même.

Qui ne prend sa croix, et ne vient après-moi, ne peut être mon disciple. Lc 14,27
Nous solennisâmes hier la fête de la Purification de Notre-Dame, et aujourd’hui nous célébrons celle du glosrieux martyre saint Blaise. Il y a une telle conformité entre les Evangiles de ces deux fêtes, que j’ai bien voulu les joindre ensemble, et des deux en tirer la petite exhortation que je m’en vais vous faire présentement.
Nous trouvons en celui de ce jour ces paroles de Notre-Seigneur, lesquelles sont comprises toute la doctrine et persfection chrétienne .Qui non bajulat crucem suam, et venit post me, non potest meus esse Discipulus : qui ne prend sa croix, et ne vient après-moi, ne peut être mon disciple (Lc 14,27). Et pour venir après Notre-Seigneur, il faut renoncer à soi-smême . Qui vult venire post me, abneget semetipsum : quiconque veut venir après-moi, qu’il renonce à soi-même dit-il en un autre lieu de l’Evangile. Qui voudra donc être son disciple, qu’il prenne sa croix, qu’il la charge sur soi, et vienne après-lui, c’est-à-dire, qu’il renonce à soi-même. Mais expliquons un peu ce que c’est que renoncer à soi-même.
Se renoncer n’est autre chose que se purger ou purifier soi-même. Et de ceci Notre-Dame nous en donne un exemple admirable; car l’Evangéliste dit, que les jours de sa Purgation étant venus, selon la loi de Moïse (Postquam impleti sunt dies purgationis Mariae secundum legem Moisi, tulerunt Jesum in Jerusalem) elle vint au Temple pour se purifier, et pour offrir son fils, avec deux colombes, et deux tourterelles. Or notre chère Dame et Maîtresse n’avait point besoin de purification, elle qui était plus claire que le soleil, plus pure que la lune, plus belle et reluisante que l’aurore:
Quasi aurora consurgens, pulchra ut luna electa ut sol.... tota pulchra es amica mea, et macula non est in te, dit l’Epoux au Cantique des Cantiques.
Mais comment en eut-elle eu besoin, vu qu’elle avait produit son fils plus purement que l’étoile ne fait son rayon, qui la rend d’autant plus belle à nos yeux, qu’elle le produit plus fréquemment ?
Elle vint donc, notre glorieuse Maîtresse et notre sacrée Dame, non pour se purifier, en elle-même, mais seulement en la pensée de plusieurs, qui ne sachant pas qu’elle était exempte d’observer la loi, eussent sans doute murmuré si elle n’eut fait comme les autres. Et c’est en quoi elle nous donne un grand exemple d’humilité et d’obéissance, en s’assujettissant à la loi à laquelle elle n’était point obligée.
Mais pour nous autres, il est très nécessaire que nous sachions cette vérité, que tant que nous serons en cette misérable vie, nous aurons toujours besoin de nous purifier et renoncer à nous-mêmes; et c’est un abus et erreur condamnée par l’Eglise, de croire qu’on puisse arriver en un si haut degré de perfection, qu’on n’ait plus rien à renoncer et purifier, d’autant que notre amour propre va toujours produisant quelque rejeton d’imperfection qu’il faut retrancher; et pour cela, il se saisit de nos sens; et dès que nous lui ôtons le pouvoir de faire ses opérations en l’un, il se saisit incontinent de l’autre pour essayer de nous surprendre; et s’il ne peut saisir celui de la vue, il va à celui de l’ouïe. Bref, si nous ne veillons continuellement sur nous-mêmes, nous trouvons que nous ne faisons autre chose que chopper, et tomber dans l’imperfection. C’est pourquoi Notre-Seigneur nous voulant enseigner la perfection, nous exhorte d’aller à sa suite, et de renoncer à nous-mêmes.
Mais quel est ce nous-mêmes (me direz-vous) qu’il faut renoncer? d’autant que nous avons deux nous-mêmes, je veux dire deux parties, qui sont, au dire de l’Apôtre, animalis et spiritualis, terrenus et coelestis (1Co 2,14-15 et 1Co 15,44), et lesquelles toutefois ne sont qu’une seule personne, car nous avons un nous-mêmes qui est tout céleste, lequel nous fait opérer les bonnes oeuvres: aimer Dieu, et aspirer à la jouissance de sa bonté en la grâce éternelle. Or ce nous-mêmes spirituel est très bon, aussi n’est-ce pas celui-là que Notre-Seigneur veut que nous renoncions: au contraire, il faut détruire l’autre pour le fortifier.
Il faut donc savoir que ce nous-mêmes qu’il faut renoncer, est celui duquel procèdent nos passions, nos mauvaises inclinations, nos affections dépravées; et pour le dire en un mot, c’est l’amour propre duquel nous avons déjà parlé. Et il ne se faut point tromper; car c’est une vérité très certaine, que si nous voulons aller après nôtre Seigneur, et accomplir sa sainte volonté, il faut renoncer absolument et sans réserve à ce nous-mêmes terrestre.
Or non seulement Notre-Dame nous a donné l’exemple de le faire en sa sainte Purification; mais Notre-Seigneur même nous l’a enseigné en sa mort et passion, renonçant à l’inclination qu’il avait de vivre pour s’assujettir à la volonté de son Père, auquel il s’est rendu obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix : Factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Or c’est ainsi qu’il faut que nous fassions, mes chères âmes. Je veux dire qu’il faut renoncer à ce nous-mêmes qui est contraire à la raison, et à la partie supérieure de notre âme, laquelle, par l’instinct que Dieu lui a donné, toujours tend au vrai bien.
Mais il faut encore passer plus outre; car il ne nous servirait de rien de nous renoncer nous-mêmes pour en demeurer là. Les philosophes autrefois ont fait des renoncements admirables, qui ne leur ont de rien servit, d’autant qu’ils n’avaient pas une bonne fin, mais quant à nous, si nous renonçons à l’homme terrestre, il faut que ce soit pour fortifier le céleste : car c’est une chose très assurée qu’à mesure que l’un s’affaiblira, l’autre se fortifiera. Vous voyez donc pour cette première considération, que de renoncer à nous-mêmes, n’est autre chose que se purifier et se purger de tout ce qui se fait par l’instinct de l’amour propre, lequel, comme vous, savez, nous produira toujours, tandis que nous serons en cette vie, des rejetons qu’il faudra couper et retrancher tout ainsi comme l’on fait aux vignes. Et comme vous voyez qu’il ne se faut pas contenter d’y mettre la main une fois l’année, mais qu’il la faut couper en un temps, puis après la dépouiller de ses feuilles en un autre, et qu’ainsi plusieurs fois l’année il faut avoir la main à la serpe, soit pour la tailler, on pour en retrancher les superfluités; de même en est-il de nos imperfections. Mais j’ai déjà parlé de cela autrefois : c’est pourquoi il ne me reste rien à vous dire sur ce premier point, sinon qu’il faut avoir bon courage pour ne se laisser jamais abattre ni étonner de nos défauts, pour grands qu’ils soient, puisque tout le temps de notre vie ne nous est donné que pour nous en défaire et purger.
Venons à la seconde partie de cette exhortation, qui est qu’il faut prendre sa croix, après que l’on a renoncé à soi-même. Ce point est un document de grande perfection; mais je crois que vous aurez assez de courage pour en embrasser la pratique. Prendre sa croix, ne veut dire autre chose, sinon, prendre et recevoir toutes les peines, contradictions, afflictions et mortifications qui vous arriveront en cette vie, sans exception quelconque, avec soumission. Au renoncement de nous-mêmes, nous faisons encore, ce me semble, quelque chose qui nous contente, parce que c’est nous-mêmes qui choisissons nos croix; mais ici il faut prendre la croix telle qu’on nous l’impose indifféremment. Il est donc certain qu’il y a bien plus de difficulté, parce qu’il n’y a point de notre choix, et c’est pourquoi ce point est d’une perfection bien plus grande que le précédent: et Notre-Seigneur nous a bien montré qu’il ne faut pas que nous choisissions la croix, mais qu’il faut que nous la prenions et portions, telle qu’elle nous est présentée; car lorsqu’il voulut mourir pour nous racheter et satisfaire à la volonté de son Père, il ne voulut pas choisir la sienne, mais reçut humblement celle que les juifs lui avaient préparée.
Ecoutons, je vous prie, le grand Apôtre saint Paul, et voyons comme il embrasse toutes les croix également, assurant que rien ne le pourra séparer de son divin Maître, parce qu’il est marqué de sa marque, et qu’en quelque part qu’il aille, il sera toujours reconnu pour être des siens. Mais quelle est cette marque sinon la souffrance? Vous savez ce qu’il dit des grandes peines, fatigues et tribulations qu’il a endurées; et de plus, comme il souffrait en son intérieur une peine insupportable, à cause que le véhément amour qu’il portait à Notre-Seigneur le tirait puissamment du coté du Ciel, par le désir qu’il avait de jouir de lui.
Mais considérez, je vous prie, quels tourments il a portés en son corps : voyez ce qu’il en dit en la deuxième Epître aux Corinthiens, où il rapporte qu’il a été fouetté trois fois, en sorte que les traces en paraissaient sur ses épaules; après qu’il a été lapidé; puis, qu’il a fait naufrage, et qu’il a été submergé, emprisonné, et plusieurs autres peines et souffrances qu’il a endurées, lesquelles étaient la marque de Notre-Seigneur, par laquelle on le reconnaissait pour être des siens : ce qui lui faisait dire qu’il était crucifié avec Jésus-Christ, Christo crucifixus sum Cruci.
Mais découvrons un peu, je vous prie, un abus qui se trouve en l’esprit de plusieurs, lesquels n’estiment et ne veulent porter les croix qu’on leur présente, si elles ne sont grosses et pesantes. Par exemple, un religieux se soumettra volontiers à faire de grandes austérités, comme de jeûner, porter la haire, faire de grandes et rudes disciplines, et aura de la répugnance à obéir lorsqu’on lui commandera de ne pas jeûner, ou bien de prendre du repos, et telles autres choses lesquelles il semble avoir plus de récréation que de peine. Or sachez que vous vous trompez, si vous croyez qu’il y a moins de vertu à vous surmonter en cela, qu’aux choses plus difficiles; car le mérite de la croix n’est pas en sa pesanteur, mais en la manière avec laquelle on la porte. Je dirais bien davantage, qu’il y a bien plus de vertu à porter une croix de paille, que non pas une plus pesante, parce que plus elles sont légères, et plus elles sont abjectes, et moins conformes à nôtre inclination, qui recherche toujours les choses apparentes. Et c‘est chose assurée, qu’il y a quelquefois plus de vertu à ne pas dire une parole qui nous a été défendue par nos supérieurs, ou bien de ne pas lever la vue pour regarder quelque chose qu’on a bien envie de voir, et semblables, que non pas de porter la haire, parce que dès qu’on l’a posée dessus le dos, il n’est plus besoin d’y penser. Mais en ces menues pratiques, il faut avoir une continuelle attention pour n’y pas faillir.
Nous voyons donc bien maintenant que cette parole de Notre-Seigneur, qui nous ordonne de prendre notre croix, se doit entendre de recevoir de bon coeur toutes les obéissances qui nous sont données, et toutes les mortifications et contradictions qui nous sont faites, on que nous rencontrons indifféremment, bien quelles soient légères et de peu d’importance, assurés que nous devons être, que le mérite de la croix n’est pas en sa pesanteur, mais en la perfection avec laquelle on la porte.
O Dieu ! me direz-vous, voilà un grand renoncement, et il faut bien être attentive sur soi-même pour ne point suivre sa propre volonté, et ne point rechercher ce que notre amour propre désire; car il a bien de l’artifice pour attirer notre attention. Il est vrai; mais voici le remède à cela.
Ceux qui naviguent sur la mer, approchant du lieu où sont les Sirènes, sont toujours en danger de périr, et courent grande fortune de se perdre, à cause qu’elles chantent si mélodieusement, qu’elles charment et endorment ceux qui rament; de sorte qu’il y en a eu qui ont usé de cet artifice pour n’être pas charmés de cette mélodie, de se faire attacher à l’arbre du navire, et par ce moyen ils ont évité le péril. Il faut que nous en fassions de même, lorsque ces sirènes de propre volonté, des répugnances et raisons de l’amour propre nous viendront chanter aux oreilles, pour nous conjurer de leur obéir : il faut semblablement que nous nous attachions à l’arbre du navire, qui n’est autre que la croix en nous ressouvenant que Notre-Seigneur, pour le second point de la perfection, nous ordonne de prendre notre croix. Mais remarquez qu’il dit la notre, pour empêcher l’extravagance de plusieurs, lesquels, quand on leur fait quelque mortification, s’en fâchent, disant: Si l’on m’eut fait celle-là qu’on a faite à cet autre, je la souffrirais volontiers. Et tout de même des maladies : car ils voudraient avoir celle que Dieu a donnée à un autre, et non pas celle qu’ils ont. Or cela n’est pas porter sa croix comme Notre-Seigneur veut que nous la portions, et qu’il nous a enseigné par son exemple. Donc, si nous voulons porter notre croix après lui, nous devons à son imitation recevoir indifféremment toutes celles qui nous arriveront sans choix ni exception quelconque.
Disons un mot du troisième point, et voyons comment après avoir renoncé à nous-mêmes et pris notre croix, nous devons suivre Notre-Seigneur. Pour mieux entendre ceci, il faut que nous sachions qu'il y a différence entre aller après Notre-Seigneur, et le suivre. Tous les chrétiens qui aspirent au ciel vont après Notre-Seigneur, d’autant que c’est par son mérite qu’ils en obtiennent la possession, en obsservant néanmoins ses commandements : mais suivre Notre-Seigneur, est marcher sur ses pas, suivre ses exemples, imister ses vertus, accomplir ses volontés, et ne se pas contenter seulement d’observer ses commandements, comme font en général les chrétiens, si nous n’y joignons encore la prastique des conseils et de tout ce que nous connaissons lui être plus agréable.
Mais vous voudrez (peut être) savoir quelle récompense vous aurez de le suivre ainsi fidèlement. Certes, mes chères âmes! si vous persévérez à le suivre de la sorte tout le long de votre vie, à la fin il vous mettra en sa gloire, et là vous jouirez de la claire vision de sa face, et il s’entretiendra familièrement avec vous, comme l’ami avec son ami, et cet entretien durera éternellement.
Mais puisque nous sommes dans l’octave de la Purification de Notre-Dame, disons encore un mot d'instruction sur l’Evangile (de cette fête), et voyons comme elle apporta son Fils au temple pour l'offrir au Père éternel, et par le moyen de cette offrande, s’unir avec lui, et l’unir au prochain. O que bien heureuses sont les âmes qui savent bien faire cette prastique de s’offrir souvent à Dieu, et toutes leurs actions, en l’union de ce Sauveur. Mais considérons un peu cette prastique de l’union que fit Notre-Dame de Notre-Seigneur avec saint Siméon et Anne la prophétesse; car il est bien prosbable qu’elle eut l’honneur de tenir le Sauveur de nos âmes entre ses bras, quoique les Evangélistes n’en disent rien, d’autant qu’elle avait excellemment bien renoncé à soi-même, et porté sa croix, ayant espéré et aspiré tant de temps après la venue de ce Seigneur, qu'elle voyait alors de ses yeux. Notre Dame donc se dépouilla de la consolation qu’elle avait de tenir son sacré Fils sur son sein, pour le donner à saint Siméon, et par lui à tous les hommes : ce qu'elle fit, parce qu'elle savait bien qu’elle ne l’avait pas reçu pour elle seule, mais pour le communiquer et donner à toutes les créatures. C’est pourquoi elle l'apporta au temple, et le remit au bon saint Siméon, lequel ayant pris ce divin Sauveur des mains de Notre-Dame, l’embrassa, le baisa, et le serra très étroitement sur sa poitrine, pour marque de l’union intérieure que son âme avait avec lui. Sur quoi je fais cette remarque, qu’il y a trois manières de porter Notre-Seigneur, bien différentes l’une de l’autre en perfection et mérite.
La première est de le porter sur la langue par les paroles, la deuxième sur le coeur par les affections, et la troisième sur les bras par les bonnes oeuvres.
Plusieurs se contentent de le porter seulement sur la langue, disant merveilles de lui, et le louant avec beaucoup d’ardeur. Il y en a d’autres qui le portent au coeur par des affections tendres et amoureuses, et se fondent presque en pensant et parlant de lui. Mais ces deux façons de porter Notre-Seigneur ne sont pas grand chose, si on n’y ajoute la troisième, qui est de le porter dessus les bras en opérant des bonnes oeuvres; car les bras représentent les oeuvres. Vous voyez donc qu'il faut joindre ces trois façons de porter Notre-Seigneur ensemble conformément à ce qu'il dit luis-même, au Cantique des Cantiques: Pone me ut signaculuni super cor tuum, ut signaculum super brachium tuum. Mets-moi comme un cachet sur ton coeur, et comme un signe sacré sur ton bras.
Ne vous contentez donc pas, mes chères Filles, de le porter sur votre langue en parlant de lui et en chantant ses louanges; ne vous contentez pas aussi de le porter au coeur par des affections tendres et amoureuses vers sa bonté, si vous n’y ajoutez la troisième manière), qui est de le porster sur vos bras en opérant généreusement beaucoup de bonnes oeuvres, afin que vous puissiez avoir la grâce de dire avec le grand saint Siméon (à la fin de cette vie): Seigneur, laissez maintenant aller mon âme en paix, c’est-à-dire, tirez-la de la prison de son corps, pour aller jouir de vous en la bienheureuse éternité, où nous conduise le Père, le Fils, et le saint Esprit. Amen.


François S.: avis, sermons 909