Bernard sermons 704

QUATRIÈME SERMON. Il faut rechercher Dieu: il y a trois liens qui nous rattachent à lui.

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1. Nous ne demeurons point là toute la journée à ne rien faire, nous savons, en effet, ce que nous cherchons et qui nous a loués. C'est Dieu que nous cherchons, c'est Dieu que nous espérons. Ce n'est pas une chose de peu d'importance, ni l'objet d'une ambition commune, puisque celle qui se glorifie, d'une piété particulière se plaint bien souvent d'en être privée, quand elle s'écrie: «Je l'ai cherché et ne l'ai point trouvé (
Ct 3,1).» S'il est aimable il est aussi admirable, et si on ne le trouve point quand on le cherche, on le trouve aussi quand on ne le cherche point. Si nous avions vu le jour au moment où l'homme apparut sur la terre et que notre vie durât jusqu'à des centaines de mille ans, le temps présent n'en serait pas plus digne pour cela d'être mis en comparaison avec la gloire qui sera un jour révélée en nous. C'est maintenant le temps de chercher, maintenant luisent les jours propices pour trouver. Il est dit . «cherchez le Seigneur tandis qu'on peut le trouver; invoquez-le pendant qu'il est proche de vous (Is 55,6).» Un jour viendra où on ne le pourra plus, où la source des miséricordes sera tarie par une éternelle sécheresse. «Vous me chercherez, dit le Seigneur, et vous ne nie trouverez point (Jn 7,34).» Vous êtes bon, Seigneur, à l'âme qui vous cherche.; mais si vous êtes bon à celui qui vous cherche, combien plus fêtes-vous à ceux qui vous ont trouvé? S'il est doux de penser à vous, combien plus l'est-il de jouir de votre présence? Si vous êtes doux comme le lait et le miel quand vous n'êtes encore que sous la langue, que sera-ce quand vous serez dessus?

2. Voyez donc, mes frères, si vous êtes dans la voie, assurez-vous que vous n'êtes point sortis de votre orbite. Il est dit: «Que le coeur de ceux qui cherchent le Seigneur soit dans la joie (Ps 104,3).» Si donc vous vous réjouissez au milieu des fatigues et des peines, si vous courez d'un pas allègre et d'un pied infatigable dans les voies des commandements de Dieu, si tous les jours l'état des deux hommes qui sont en vous est plutôt en voie de progresser qu'en voie de commencer, il est sùr que vous ne cessez point de recherchez sa face. Où donc s'en est allé votre bien-aimé entre tous, et nous nous mettrons à sa recherche? Que dis-je, malheureux homme que je suis, où est a votre bien-aimé, c'est plutôt où il n'est pas que je devrais demander? Il est plus haut que les cieux, plus bas que l'enfer, plus étendu que la terre, plus répandu que la mer. Il n'est nulle part et il est partout, attendu que s'il n'est absent d'aucun, en droit il n'est renfermé dans aucun lieu. Il est ici et moi je n'y suis pas. Combien semblerait-il plus vraisemblable de dire que vous n'êtes point ici, mon Dieu, et qu'il n'y a que moi qui y suis! Mais je ne suis ni ici ni là; car «je suis réduit à rien et je ne le sais même point (Ps 72,22).» Oui, je suis réduit à rien, c'est-à-dire an péché, et je ne l'ai pas su, car je n'étais point là quand mon premier père m'a dévoré d'une dent infiniment amère. Voilà d'où vient que, brisé de coeur et de corps, je me laisse aller au plaisir et à l'amertume, portant en moi une faute innée et ayant la peine pour parente, et pourquoi je suis faible et languissant. Mais pour celui qui est toujours lui-même, et qui a dit: «Je suis celui qui est (Ex 3,4),» il est véritablement, parce que, pour lui, être, c'est être ce qu'il est.

3. Or, quel rapport, quel rapprochement peut-il y avoir entre celui qui n'est pas et celui qui est? Comment réunir deux choses si diverses? «Pour moi, dit le saint Roi, il m'est bon de m'attacher à Dieu (Ps 72,28).» Or, nous ne pouvons lui être attachés immédiatement, peut-être y a-t-il un moyen qui rende cette union possible. Pour ne pas vous tenir plus longtemps en suspens, je vous dirai qu'il y a trois attaches qui nous relient à Dieu, mais ces trois attaches sont telles qu'elles n'en font qu'une, il n'en est pas d'autres, à moins qu'elles ne leur ressemblent, qui puissent unir ensemble ce qui est uni. La première de ces attaches ce sont des liens, la seconde des clous de bois ou de fer, et la troisième une sorte de ciment. La première unit fortement et durement, la seconde plus fortement et plus durement que la première, mais la troisième unit doucement et sûrement. Nous sommes rattachés au Rédempteur par une sorte de lien, si dans les assauts d'une forte tentation nous ne fixons nos regards que sur ce qui est honnête, et n'oublions point les promesses qui nous ont été faites; dans ce cas, c'est par une sorte de lien que nous nous retenons à lui, pour que notre bon propos ne vienne point à se rompre. Ce lien est dur et fatigant, bien plus, il n'est pas sans de nombreux dangers et ne

a Ce passage se trouve reproduit dans les Fleurs de saint Bernard, du chapitre III sous forme de sentence.



saurait durer longtemps; car il est dans la nature des cordes de se pourrir, dans celle du lien de la pudeur de tomber en oubli ou même de se rompre promptement. Il y en a qui sont attachés au Seigneur de majesté par des clous, ce sont ceux que la crainte de Dieu tient unis à lui; il en est dis-je qui ne tremblent pas devant les hommes, mais qui sont saisis de crainte à la pensée des tourments de l'enfer; ce dont ils ont peur ce n'est pas de pécher, mais de brûler. Toutefois ils sont serrés à Dieu plus durement et plus fort que les premiers; car, tandis que ceux-ci sont flottants dans leur bon propos, ceux-là ne s'en laissent point écarter. Enfin, il y en a d'autres, ce sont les troisièmes, qui sont unis à Dieu par une sorte de ciment, je veux dire par la charité, et ceux-là sont attachés au Seigneur avec non moins de douceur que de sécurité, ils ne font plus qu'un seul esprit avec lui. Ceux-ci font tourner à leur avantage et rétorquent en leur faveur tout ce qui arrive de quelque côté que cela leur arrive, tout ce qu'ils font et tout ce qui leur est fait. Heureux celui qui en est là, il se sent rempli de l'abondance de l'esprit de majesté, qui, dans sa douceur et l'onction de ses grâces, porte ceux qu'il remplit, et ne charge personne. Il tient pour quelque chose de plus horrible et de plus redoutable que l'enfer même, que d'offenser sciemment, en face, le Seigneur, même dans les plus petites choses. «C'est là le véritable amateur de ses frères, et du peuple d'Israël, c'est là celui qui prie beaucoup pour le peuple, et pour la ville sainte de Jérusalem (Ps 2). Ce ciment est bon (Is 41,1), «dit Isaïe; oui bon et agréable, car pour les deux autres attaches, si je ne puis dire qu'elles ne sont pas bonnes, toujours est-il qu'elles sont lourdes et insupportables en comparaison de celle-ci.

4. Mais l'oeil de miséricorde qui connaît notre limon, ne laisse aucun de ceux qui doivent se sauver dans le premier dé ces trois liens, il l'attire vers le second, et là même, ne l'abandonnant pas encore, il le conduit du second au troisième. Dans le premier de ces liens la honte nous empêche de nous éloigner du Seigneur, mais c'est à peine si nous pouvons y durer une heure au milieu des épreuves; dans le second la crainte et l'espérance commencent à nous faire faire un pas en avant, mais ce n'est que dans le troisième que l'amour nous perfectionne. Aussi, après avoir mis de côte les deux premières attaches, je veux dire la crainte et la honte, nous nous arrêtons sur le lit de repos de la charité. Voilà comment le Christ a commencé par être lié, puis crucifié avant d'être enfin recouvert de l'onctueux ciment des aromates, non pas que son corps eût eu besoin d'être raffermi par ces parfums, il ne pouvait ni se dissoudre ni se corrompre; mais celui qui, pour nous, a essuyé les crachats des Juifs, a daigné pour nous encore point repousser les parfums des âmes fidèles. Mais remarquez que s'il ne reste qu'un jour dans les liens et sous les clous, il ressuscite victorieux de la mort avec les parfums et pour ne plus mourir jamais. Il en est de même des élus: il ne souffre pas qu'ils demeurent longtemps dans les deux premiers liens, mais il les oint de l'onction de sa miséricorde, afin que, crucifiés au monde comme le monde est crucifié pour eux, ils ressuscitent enfin dans la nouveauté de l'esprit et disent: «Qui nous détachera de la charité de Dieu (Rm 8,35)?»

5. C'est avec ce ciment qu'il nous attache à lui, après avoir abaissé ses divins regards sur nous depuis le commencement du monde, afin que nous soyons saints et sans tâche, dans la charité, en sa présence. «Nous savons, en effet, que quiconque est né de Dieu ne pèche point, attendu que sa naissance divine le conserve pur de tout péché (1Jn 5,18).» Par cette naissance divine, il faut entendre la prédestination éternelle, par laquelle Dieu a prévu que nous serions rendus conforme à l'image de son Fils. Or, nul de ceux-là ne pèche, (a) c'est-à-dire ne persévère dans le péché, attendu que le Seigneur tonnait ceux qui sont à lui, et que ses décrets sont immuables. David peut se souiller de crimes horribles, Marie Madeleine peut être soumise à sept démons à la fois, le prince des apôtres peut s'enfoncer dans le gouffre du reniement, personne ne peut les arracher ni les uns ni les autres à la main de Dieu. «Car ceux qu'il a prédestinés il les a aussi appelés, et ceux qu'il a appelés il les a aussi justifiés (Rm 8,30).» N'était-ce pas un bien pour le dernier des trois de s'attacher à Dieu? Cherchez, mes frères, «cherchez le Seigneur, et fortifiez-vous de plus en plus dans cette recherche, cherchez sa face sans cesse (Ps 104,4), cherchez Dieu et votre âme vivra (Ps 18,33). Mon âme» dit encore le Prophète, mon âme qui est morte au monde «vivra par lui (Ps 21,31).» L'âme qui vit au monde ne vit pas pour lui. Cherchons-le donc de telle sorte que nous le cherchions toujours, et qu'il dise de nous, quand il viendra nous chercher à son tour: «Voilà la race de ceux qui le cherchent, de ceux, dis-je, qui cherchent à voir la face du Dieu de Jacob (Ps 23,6).» Et qu'ainsi les portes éternelles s'ouvrent, que le Roi de gloire s'avance, et que nous nous avancions aussi avec lui qui est Dieu et béni dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

a Comparer à ce sermon, le sermon vingt-troisième sur le Cantique des cantiques. n. 15; le livre de la Grâce et du libre arbitre, n. 29, et le premier sermon pour la Septuagésime.


CINQUIÈME SERMON. Sur ces paroles d'Habacuc: «Je me tiendrai en sentinelle à l'endroit ou on m'a placé.., etc.

705 (Ha 2,1)

1. Nous lisons dans l'Évangile que le Sauveur ayant parlé un jour à ses disciples et leur ayant donné à entendre, sous le mystère de son corps, qu'il devait leur donner à manger, qu'ils auraient à partager ses souffrances, plusieurs d'entre eux s'écrièrent: «Cette parole est dure (Jn 6,61),» et cessèrent dès lors de marcher à sa suite. Les autres disciples interrogés par le Seigneur s'ils voulaient eux aussi s'éloigner de lui, répondirent: «Seigneur à qui irions-nous? Vous avez les paroles de la vie éternelle.» Eh bien je vous le dis de même, mes frères, il est manifeste que, de nos jours encore, les paroles du Seigneur sont esprit et vie, et que pour cela il en est qui le suivent, mais qu'il en est aussi à qui elles semblent dures et qui vont chercher ailleurs une misérable consolation. La sagesse élève la voix dans les places publiques et crie dans la voie large et spacieuse qui conduit à la mort afin d'en faire sortir tous ceux qui s'y sont engagés. «Il y a quarante ans, dit le Psalmiste, que je m'approche de cette race et que je lui dis: le coeur de ce peuple est toujours dans l'égarement (Ps 94,10).» Or, dans un autre endroit le même Psalmiste a dit: «Le Seigneur n'a parlé qu'une fois (Ps 41,12);» et il a dit vrai, attendu qu'il parle toujours, il n'a parlé qu'une fois, puisqu'il n'a jamais cessé de parler, puisqu'il parle continuellement, sans cesse.

2. Or, il invite les pécheurs à rentrer dans leur coeur, parce que c'est là qu'il habite, et là qu'il fait entendre sa voix, là qu'il fait ce qu'il nous dit par un Prophète à qui il inspirait ces paroles ainsi: «Parlez au coeur de Jérusalem (Is 11,2).» Quant à Babylone, au contraire, comme elle est toute terrestre, elle ne peut porter ses paroles, elle est éloignée de son coeur, elle vit selon la chair comme une femme qui serait morte pour le coeur (Ps 30,13), ou plutôt comme une colombe séduite qui n'a plus son coeur (Os 7,11). En effet, elle veut se réjouir quand elle a fait le mal, et tressaille de bonheur dans les pires choses; vient-elle à entendre la voix du Seigneur qui, loin d'approuver cette joie, la déteste, lui en fait des reproches et la condamne, elle fuit et va se cacher comme le fit Adam après sa chute. Mais, hélas! ô ma pauvre âme, à quel triste, à quel inutile palliatif as-tu recours! Tu te caches derrière un tissu de feuillage, oui tu ne te couvres que de feuilles qui n'ont ni chaleur, ni consistance. A peine le soleil se lèvera-t-il qu'elles se faneront, et le souffle du veut les emportera après les avoir desséchées, et te laissera dans ta nudité et ta misère. Alors, il n'y a rien de caché qui ne se découvre, parce que le Seigneur voudra porter la lumière au sein des plus profondes ténèbres, et manifester les secrets des coeurs; il n'y aura donc plas moyen pour toi de demeurer cachée. En vain, tu crieras aux montagnes: tombez sur nous, et aux collines, recouvrez-nous, il faudra bien que tu te tiennes nue et découverte au tribunal du Christ, pour entendre la voix de ton juge, puisque tu as méconnu celle de ses conseils qu'il te fait entendre en ce moment, quand il te dit: «Faites pénitence (Mt 3,2).» Beaucoup feignent de ne le point entendre, se bouchent même les oreilles et s'écrient: Cette parole est dure. O impies, vous ne pourrez plus, non, vous ne pourrez plus feindre ainsi quand retentira cette terrible sentence, quand vous entendrez ces dures paroles: «Allez, maudits, au feu éternel (Mt 25,41).»

3. Vous voyez donc bien, mes frères, quel avis salutaire nous donne le Prophète quand il nous dit: Si aujourd'hui vous entendez sa voix, gardez-vous bien d'endurcir vos coeurs (Ps 94,8). Ce sont, à peu près les mêmes paroles chez le Prophète que celles que vous lisez dans l'Évangile. En effet, dans l'Évangile, le Seigneur nous dit: «Mes brebis entendent ma voix (Jn 10,27).» et dans le psaume, David dit: «Vous qui êtes son peuple,» c'est-à-dire le peuple du Seigneur, «et ses brebis, si aujourd'hui vous entendez sa voix, gardez-vous bien d'endurcir vos coeurs (Ps 114,7).» En effet, il est plus utile et plus salutaire de prêter maintenant l'oreille à ses conseils et à ses consolations, à ses avis et à ses leçons: il l'est même beaucoup plus d'écouter ses reproches, ses blâmes et ses réprimandes, que d'avoir dans le grand jour des amertumes, dans ce jour de deuil et de ténèbres, à entendre ses jugements, son indignation, ses vengeances, sa colère, ses condamnations. Oui, il est préférable pour moi de m'humilier pour que ce juste juge ne me reprenne qu'avec miséricorde; oui, mieux vaut qu'il me reprenne plutôt que l'huile du pécheur ne coule sur ma tête, et que je ne sois trouvé terre et poussière et qu'il me frappe de la verge de sa parole, quand il nous brisera de sa verge de fer comme on brise les vases du potier. Mieux vaut pour moi, à cause des paroles sorties de vos lèvres, garder vos voies, Seigneur, avec votre Prophète, bien qu'elles soient dures (Ps 16,4) que d'être tué avec l'impie du souffle de vos lèvres.

4. Si je trouve quelque amertume dans sa voix, elle n'est pourtant point sans douceur, car lorsqu'il sera irrité il se souviendra de sa miséricorde (Ha 3,2), que dis-je, il ne s'irrite même que parce qu'il est miséricordieux, car il reprend et châtie ceux qu'il aime, et il frappe de verges celui qu'il reçoit au nombre de ses enfants (He 12,6); il scrute, la verge en main, toutes ses iniquités et sévit avec le fouet contre tous ses péchés, mais il ne lui retire point ses miséricordes. Aussi les prudents, loin de cacher, dévoilent leurs blessures, ils rendent témoignage à Dieu qu'il est bon, et que sa miséricorde est éternelle, qu'il sait verser l'huile de la consolation en même temps qu'il répand le vin de la réprimande. Voilà, dis-je, pourquoi quiconque est sage se saisit de la discipline, de peur que le Seigneur ne se mette en colère, et que, au lieu de scruter sa vie selon toute l'étendue de son courroux, il ne s'éloigne de lui avec indifférence. C'est ce qui fait que le coeur du sage est là où se trouve la tristesse, tandis que celui de l'insensé est où règne la joie, mais la tristesse de l'un se changera en joie et les derniers accents de la joie de l'autre s'éteindront dans les larmes. Ecoutez enfin le langage du Prophète Habacuc: bien loin de se dissimuler les réprimandes du Seigneur, il les repasse dans son esprit avec soin et assiduité. En effet, il dit: «Je me tiendrai en sentinelle à l'endroit où vous m'avez placé, j'y demeurerai ferme sur les remparts, pour voir ce qu'on pourra rire dire, et ce que je devrai répondre à celui qui me reprendra (Ha 2,1).» Et nous aussi, mes frères, je vous en conjure, demeurons comme des sentinelles à notre poste, car nous sommes en temps de guerre. Ce n'est pas sur la litière de notre malheureux corps, mais dans notre coeur, où Jésus-Christ a établi son séjour, que toute notre vie doit se passer dans le jugement et le conseil de la raison, mais que ce soit de telle sorte que, loin de placer notre confiance en elle, et de faire fond sur une garde aussi fragile, nous appuyions solidement le pied sur le rempart, et nous nous affermissions de toutes nos forces sur la pierre inébranlable qui est le Christ, selon ce qui est écrit: «Il a placé pieds sur le roc, et il a conduit mes pas dans la bonne voie (Ps 9,3).» Une fois placés ainsi et bien établis à notre poste, voyons et contemplons ce qu'on peut nous dire et ce que nous devons répondre à celui qui nous reprendra.

5. Or, le premier degré de la contemplation, mes bien-aimés frères est de considérer incessamment quelle est la volonté de Dieu, ce qui plaît, ce qui lui est agréable. Et comme nous tombons tous en multitude de fautes, et que nos voies tortueuses offensent la rectitude de sa volonté sainte et ne peuvent ni s'adapter, ni se confondre avec elle, il faut nous humilier sous la main puissante du Dieu Très-Haut, et prendre à coeur de nous montrer dans toute notre misère sous les yeux de sa miséricorde, en disant: «Seigneur, guérissez-moi et alors je serai guéri; sauvez-moi et je serai sauvé (Jr 17,14);» et encore: «Seigneur, ayez pitié de moi, guérissez mon âme parce que j'ai péché contre vous (Ps 40,5).» Quand l'oeil de notre coeur s'est une purifié dans ces pensées-là, ce n'est plus dans nôtre esprit que nous nous trouvons avec amertume, mais plutôt dans l'esprit de Dieu que nous sommes avec une grande jouissance, et, au lieu de ne considérer quelle est la volonté de Dieu en nous, nous considérons plutôt quelle elle est en elle-même. Notre vie, en effet, est toute entière dans sa volonté, si bien que nous ne saurions douter que rien ne peut nous être plus utile et plus avantageux que ce qui est conforme à sa volonté. Aussi plus nous aurons à coeur de conserver la vie de notre âme, plus aussi nous aurons soin, autant qu'il est en nous, de ne nous point écarter de cette volonté. Mais après que nous aurons fait quelques progrès dans la voie de ces exercices spirituels, prenant pour guide le Saint-Esprit qui scrute les profondeurs de Dieu même, nous penserons combien le Seigneur est doux, combien il est bon en lui-même, et nous demanderons avec le Prophète, dans nos prières, de voir la volonté du Seigneur et de considérer non plus notre coeur, mais son temple (Ps 26,4), et nous dirons avec le Prophète: «Mon âme a été toute troublée en moi-même, aussi me souviendrai-je de vous, Seigneur (Ps 41,7).» Voici donc les choses qui constituent toute la vie spirituelle, être troublés et contristés pour notre salut, en nous considérant nous mêmes, et respirer dans la considération de Dieu, afin de puiser notre consolation dans la joie même du Saint-Esprit; enfin concevoir, d'un côté, des sentiments de crainte et d'humilité, et de l'autre, d'espérance et de charité.


SIXIÈME SERMON (a). La peau, la chair et les os de l'âme.

706
a Ce sermon fait aussi suite à ceux de Nicolas de Clairvaux; mais il n'est pas indigne de saint Bernard. On y retrouve plusieurs pensées du trente-deuxième des Sermons divers n. 3. Il est cité dans le livre XIII des Fleurs de saint Bernard, chapitre LXVIII. Il a été édité pour la première fois à Rouen sous le nom de saint Bernard, sans désignation de date.

1. Le bienheureux David dit en parlant des justes dans un de ses psaumes. «Les justes son exposés à beaucoup d'afflictions, et le Seigneur les délivrera de toutes ces peines. Il garde tous leurs os, il ne s'en brisera pas un seul (
Ps 33,20).» Or, personne n'entend pas ces mots, les os du corps, d'autant plus que nous voyons que la main des impies et la dent des bêtes brisé ou broyé les os d'une foule de martyrs. Mais la condition de l'âme humaine est aussi surprenante que dune de pitié: en effet, quand elle est capable de pénétrer tant de choses hors d'elle, par la force de son intelligence, elle n'a pourtant aucune perspicacité pour se connaître et se voir telle qu'elle est; il lui faut des figures et des comparaisons tirées des choses corporelles, pour arriver à concevoir, à l'aide des êtres extérieurs et visibles, quelque idée des choses intérieures et invisibles. Regardons donc la pensée comme la peau de l'âme; les sentiments comme sa chair, et l'intention comme ses os; de cette manière nous dirons qu'elle est en vie, tant que ses os ne seront point brisés, qu'elle est en bonne santé tant que, sa chair ne sera point corrompue, et qu'elle est belle tant que sa peau le sera. Ainsi les tribulations des justes, c'est-à-dire ce qui flétrit parfois la fraîcheur de la peau de l'âme, ce ne sera pas autre chose que les pensées inutiles qui agitent l'âme. Quant aux blessures qui pourront quelquefois entamer sa chair, ce seront les pensées mauvaises qui auront pénétré assez avant pour corrompre les sentiments du coeur par la délectation. Pour ce qui est de ses os, le Seigneur même les garde de tout ce qui pourrait les endommager ou les rompre, c'est-à-dire, veille à ce que les bons propos de son coeur ne soient jamais brisés, et que son intention de faire son salut ne soit jamais réduite en poussière: il l'empêche de céder jamais aux attraits de la concupiscence. Ainsi, de même que la pensée ternit la fraîcheur de l'âme, l'affliction au péché la blesse, et le consentement la tue.

2. Aussi, mes bien chers frères, tenons-nous en garde contre les pensées inutiles si nous voulons que nos âmes conservent toute, leur fraîcheur, oublions tout ce qui est derrière nous, c'est-à-dire notre peuple et la maison de notre père, et notre beauté éveillera les désirs du grand Roi. Sortons de notre pays pour ne nous pas laisser prendre aux pensées des voluptés charnelles. Sortons même du milieu de nos parents, c'est-à-dire éloignons-nous des pensées de curiosité, la curiosité a son siège dans les sens du corps, et se trouve avoir un certain degré de parenté avec les voluptés de la chair. Quittons enfin la maison de notre père, et fuyons les pensées d'orgueil et de vanité. Nous avons été nous aussi, autrefois, des enfants de colère, nous avons eu aussi le démon pour père, le démon qui règne sur tous les enfants de l'orgueil, et qui est allé fixer sur les monts de l'arrogance son siégé et son infortunée demeure. S'il arrive quelquefois que de semblables pensées se glissent dans notre âme, hâtons-nous de laver ave tout le soin possible, de gratter même, la tache dont nous nous voyons souillés, et écrions-nous avec le prophète: a Seigneur, vous m'arroserez avec l'hysope et je serai purifié, vous me laverez et je deviendrai plus blanc que la neige (Ps 50,9).» Mais s'il arrive un jour que, par suite de notre incurie et de notre négligence, une pansée inutile s'insinue dans notre coeur, et arrive jusqu'à l'affection, rappelons-nous que ce n'est plus une simple souillure, mais une vraie plaie, et recourons en toute hâte à l'assistance du Saint-Esprit, qui aidera notre faiblesse, et disons lui, avec le Psalmiste: «Seigneur, ayez pitié de moi, guérissez mon âme, parce que j'ai péché contre vous.» Ces tentations sont naturelles à l'homme, et il n'est pas possible de les éviter toutes, tant que ce corps de mort nous tient en exil, loin du Seigneur. Toutefois qu'on se garde bien de les regarder comme de peu d'importance, ou de fermer les yeux sur elles; car si elles ne sont pas mortelles, elles ne laissent point d'être dangereuses.

3. Quant à l'intention, au bon propos de l'âme, gardons-la, mes frères, avec toute la sollicitude que nous avons pour la garde même de la vie de nos âmes, car le péché mortel est celui que nous commettons avec un plein consentement, après délibération, et malgré la réprobation de notre propre conscience. Je ne parle point ainsi pour jeter le désespoir dans l'âme de ceux qui peuvent se sentir coupables de quelque pêché de ce genre, mais pour leur faire craindre de tomber dans le précipice, ou, s'ils y sont tombés pour leur inspirer d'en sortir au plus tôt. Or, il faut que l'on sache bien qu'on a perdu l'état de grâce, dès qu'on a commis un péché de la nature de celui dont je viens de parler. Quiconque a les os brisés ou rompus, doit se regarder comme étant retranché du corps de Jésus-Christ, dont il est écrit: «Vous ne romprez aucun de ses os (Ex 12,46).» Aussi voyons-nous que, dans sa pas, sien, si sa peau avait perdu toute sa fraîcheur, sous l'es coups des verges, parce qu'il voulait nous racheter par son sang, cependant aucun de ses os ne fut brisé. C'est là ce qui faisait dire au saint prophète David: «Aucun de mes os ne vous est caché à vous qui les avez faits dans un endroit fermé à la lumière (Ps 138,15),» et ailleurs: «Mes os sont devenus aussi secs que le bois destiné à allumer le feu (Ps 101,4).» Ce qui arrive quand l'âme semble avoir perdu toute délectation pour ce qui est bien, et n'a plus qu'une force d'intention aride. Peut-être bien est-ce quelque chose d'analogue que souffrait le saint homme, Job, quand il disait: «Mes chairs ont été réduites à rien, mes os se sont collés à ma peau (Jb 9,29).» C'est-à-dire que, après que l'affection de son âme se fut corrompue, c'est à peine s'il lui restait l'intention de l'esprit.



SEPTIÈME SERMON (a). Des trois sortes de gloires, à propos de ces paroles de l'Apôtre: «Que celui qui se glorifie, le fasse dans le Seigneur.»

707 (1Co 1,31)


1. «Que celui qui se glorifie, le fasse dans le Seigneur (1Co 1,31).» L'Apôtre, savait que la gloire appartient en propre au Créateur, nullement à la créature, selon ces paroles: «Je ne donnerai point ma gloire à un autre (Is 42,8),» et ces autres: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté (Lc 2,14).» et celles-ci encore . «Non, Seigneur, non, ne nous donnez point la gloire, mais attribuez-la à votre nom (Ps 113,8).» L'Apôtre vit que la créature raisonnable désire tellement la gloire, que c'est à grand'peine, si tant est quelle y réussisse, qu'elle peut maîtriser ce désir, car elle est faite à l'image de son créateur; mais avec la sagesse qu'il a reçue de Dieu, il a trouvé un expédient, on ne peut plus salutaire, il se dit: puisqu'on ne saurait persuader à l'homme de ne point se glorifier, que du moins celui qui se glorifie ne le fasse que dans le Seigneur. Or, voyez combien la sagesse de Paul l'emporte sur celle des sages du inonde qui n'est en effet que folie aux yeux de Dieu. En effet, les philosophes ayant remarqué que bien des hommes s'enivraient des louanges de leurs semblables, et en réclamaient les uns des autres, les principaux d'entre eux furent assez sages pour comprendre que cette sorte de gloire est vaine et méprisable. Priais considérant ensuite et recherchant avec soin quel genre de gloire était digne de l'ambition du sage, ils commencèrent alors à s'égarer dans leurs pensées, en se figurant que chacun pouvait se contenter de sa propre gloire, comme si l'âme qui ne tient pas l'être d'elle-même pouvait en tenir le bonheur. Aussi, comme dans leurs désirs de la gloire d'autrui, ils s'adonnaient avec toute la sollicitude possible à faire des choses que le public admirât, de même, les vrais sages pensèrent qu'on ne devait rechercher que le genre de gloire que la conscience, notre juge intérieur, peut approuver.

2. Telle est en somme toute la philosophie des sages de ce monde, elle est bien peu de chose, quoique bien près de la vérité. Aussi, l'Apôtre, s'élevant par une sublime contemplation, au dessus de l'une et l'autre gloire, s'écrie: «Que celui qui se glorifie, le fasse,» non dans un autre, non pas même en soi, mais «dans le Seigneur.» Puis, s'en prenant avec une sollicitude plus grande à celle qui semblait plus être plus

a Ce sermon fait aussi suite à ceux de Nicolas de Clairvaux; mais il rappelle très bien la manière de saint Bernard, et d'ailleurs, il se trouve au nombre ses sermons de notre saint, de même que le précédent, dam tous les manuscrits et dans toutes les éditions des oeuvres de notre saint Docteur.

voisine de la vérité, il la condamne par le jugement certain de la vérité elle-même, en disant: «Ce n'est pas celui qui se rend témoignage à lui-même qui est vraiment estimable; mais celui à qui Dieu même rend témoignage (2Co 10,18).» Au fait, pourquoi donc me mettre si fort en peine du jugement des autres, ou même de mon propre jugement sur moi, quand ce n'est point le blâme ni la louange venant de ce côté qui peuvent faire que je sois approuvé ou désapprouvé! Certainement, mes frères, si j'avais à comparaître devant votre tribunal, j'aurais raison de me glorifier de vos louanges, de même, si je' ne devais subir que mon propre examen et être jugé en conséquence , j'aurais droit de m e montrer satisfait de mon propre témoignage, et d'être heureux de mes propres louanges. Mais comme ce n'est ni à votre tribunal ni au mien que je dois comparaître, quelle déraison, disons plus, quelle folie de me glorifier de votre témoignage ou dit mien? Surtout quand on pense que mon juge est tel que, pour lui, tout est à nu et à découvert, et qu'il n'a pas besoin que personne lui rende témoignage sur qui que ce soit. Aussi, est-ce avec raison que l'Apôtre, en réprouvant la gloire vaine et trompeuse, s'écrie: «Pour moi, je me mets fort peu en peine d'être jugé par vous, ou par quelque homme que ce soit; je n'ose pas me juger moi-même. Car, encore que ma conscience ne me reproche rien, je ne suis pas justifié pour cela. C'est le Seigneur qui me juge (1Co 4,34).» On voit dans ce langage, si on pèse avec soin toutes les paroles de l'Apôtre, que s'il fait fort peu de cas du jugement des hommes, il ne veut point s'en tenir au sien propre, bien qu'il en fasse un peu plus de cas que de l'autre. En effet, il n'y a personne qui sache ce qui est en l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui (1Co 2,11), en sorte qu'en comparaison du témoignage qu'il reçoit de l'intérieur, tout témoignage, venant du dehors, n'est absolument plus rien. En effet, que m'importait à moi les louanges de ceux qui ne me connaissent point? L'esprit de l'homme, qui seul e:t à même de connaître tout ce qui est en lui, pourrait sans doute lui rendre un témoignage suffisant; mais le coeur de l'homme est mauvais, il est insondable même pour lui (Jr 17,9), au point qu'il ignore en grande partie le présent, et ne peut en aucune façon savoir quel sera l'avenir qui l'attend; toutefois comme notre conscience voit son état présent, si elle ne nous reproche rien, nous pouvons, sinon nous glorifier, «du moins avoir confiance en lui (Jn 2,21),» comme dit saint Jean. Mais nous ne pourrons nous glorifier pleinement et avec une entière sécurité que le jour où nous aurons mérité d'entendre une sentence, favorable de celui qui est la vérité même, et à qui rien n'est caché.

3. Mais en attendant l'Apôtre nous dit: «Ne jugez pas avant le temps où le Seigneur viendra, et fera pénétrer la lumière au sein des plus épaisses ténèbres (1Co 4,5).» La gloire qu'on recevra alors de Dieu sera une gloire parfaite et complètement sûre. Dès maintenant, si nous ne pouvons nous glorifier pleinement, sans aucune crainte, sans nul souci, nous nous glorifions cependant dans une certaine mesure, dans le Seigneur, quand le Saint-Esprit rend témoignage à notre propre esprit, que nous sommes les enfants de Dieu. Nous pouvons, en effet, nous glorifier d'avoir un tel Père, et d'être un objet de sollicitude pour une aussi ineffable majesté. C'est ce qui faisait dire au Prophète: «Qu'est-ce que l'homme, Seigneur, pour mériter que vous le regardiez comme quelque chose de grand, et que vous incliniez votre coeur vers lui (Jb 7,7)?» Que celui donc qui se glorifie, ne se glorifie point dans ses propres intérêts. Qu'avons-nous que nous ne l'ayons reçu? Que celui donc qui a reçu quelque chose, se glorifie en cela, non pas comme s'il était grand par lui-même; mais parce que Dieu l'a grandi, c'est là ce qu'il faut entendre pour ne point se glorifier en ce qu'on a reçu, comme si on ne l'avait point reçu. L'Apôtre ne dit pas: Si vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifiez-vous? Mais «pourquoi vous en glorifiez-vous, comme si vous ne l'aviez point reçu.» il ne veut donc point nous défendre de mous glorifier; mais seulement nous apprendre à le faire.

4. Mais quelle est sa pensé, quand il dit: «Ce n'est pas celui qui se rend témoignage à soi-même qui est vraiment estimable , mais bien celui à qui Dieu rend témoignage (1Co 10,17)?» A qui Dieu rend-il témoignage en ce monde? Comment la Vérité même pourra-t-elle rendre témoignage à celui en qui il se trouve encore quelque chose de répréhensible? D'ailleurs, ne dit-elle pas: «Je reprends et châtie ceux que j'aime (Ap 3,19)?» Est-ce là toute sa manière de rendre témoignage à l'homme? Oui, à mon avis, le témoignage qu'elle nous rend est là tout entier. Eu effet, où trouver un témoignage meilleur et plus efficace que la preuve que Dieu nous aime? Or, la preuve d'amour la plus croyable et la plus certaine que nous puissions recevoir de lui en cette vie, est celle que le Prophète désire pour lui, quand il dit . «Le juste me reprendra avec miséricorde, et me corrigera avec charité (Ps 140,5).» En effet, la réprimande par laquelle l'esprit de vérité nous reproche ce qui nous manque, met en fuite l'orgueil, la négligence et l'ingratitude. L'état religieux, presque tout entier, est travaillé par ce triple mal, parce que beaucoup ne prêtent point une oreille du coeur assez attentive à ce que leur dit, au dedans d'eux-mêmes, celui qui ne flatte personne, je veux parler de l'esprit de vérité. Cela vient, je crois, de ce que la plupart, arides de leur propre gloire , ne peuvent se tenir en repos pour aucun motif , parce qu'ils ne trouvent absolument rien en eux qui les autorise à se glorifier. Or, notre gloire n'est sûre et parfaite, que lorsque nous craignons tout ce que nous faisons, comme le saint homme Job dit qu'il craignait lui-même (Jb 9,28), et que nous regardons avec le Prophète Isaïe toutes nos justices comme les litiges souillés d'une femme à son époque (Is 44,6). Néanmoins, nous nous confions, et nous nous glorifions dans le Seigneur , dont la miséricorde est si grande à notre égard, qu'il nous garde dis fautes les plus graves, qui vont jusqu'à la mort, et qui daigne nous remettre sous les yeux, et nous pardonner avec tant de bonté les fautes échappées à notre faiblesse, et les souillures de notre vie, après nous les avoir fait connaître, afin que nous étant enracinés plus profondément dans l'humilité , la sollicitude est l'action de grâce, nous nous glorifiions , non plus en nous, mais dans le Seigneur.



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