Catéchèses S. J-Paul II 21108

Mercredi 21 Octobre 1998


21108 1. L'Esprit Saint «est Seigneur et donne la vie». A travers ces paroles du symbole de Nicée-Constantinople, l'Eglise continue à professer la foi en l'Esprit Saint, que saint Paul proclame «Esprit de vie» (Rm 8,2).

Dans l'histoire du salut, la vie apparaît toujours liée à l'Esprit de Dieu. Depuis le matin de la création, grâce au souffle divin, presque un «souffle de vie», l'«homme devint un être vivant» (Gn 2,7). Dans l'histoire du peuple élu, l'Esprit du Seigneur intervient à plusieurs reprises pour sauver Israël et le guider au moyen des patriarches, des juges, des rois et des prophètes. Ezéchiel décrit de façon efficace la situation du peuple humilié par l'expérience de l'exil comme une vallée décimée pleine d'ossements auxquels Dieu communique la vie nouvelle (cf. Ez Ez 37,1-14): «Et l'Esprit vint en eux, ils reprirent vie et se mirent debout sur leurs pieds» (Ez 37,10).

L'Esprit Saint déploie sa puissance vivifiante en particulier dans l'histoire de Jésus: le fruit du sein de Marie vient à la vie «par le fait de l'Esprit Saint» (Mt 1,18 cf. Lc Lc 1,35). Toute la mission de Jésus est animée et guidée par l'Esprit Saint; la résurrection porte de façon particulière le sceau de l'«Esprit qui a ressuscité Jésus d'entre les morts» (Rm 8,11).

2. L'Esprit Saint, comme le Père et le Fils, est le protagoniste de cet «Evangile de la vie», que l'Eglise ne se lasse pas d'annoncer et de témoigner au monde.

En effet, l'Evangile de la vie, — comme je l'ai expliqué dans la Lettre encyclique Evangelium vitae — n'est pas une simple réflexion sur la vie humaine, ni uniquement un commandement adressé à la conscience; en vérité, il s'agit d'une «réalité concrète et personnelle, car il consiste à annoncer la personne même de Jésus» (n. 29). En effet, il se présente comme «le chemin, la vérité, la vie» (Jn 14,6). Et s'adressant à Marthe, soeur de Lazare, il répète: «Je suis la résurrection et la vie» (Jn 11,25).

3. «Qui me suit — proclame-t-il encore — aura la lumière de la vie» (Jn 8,12). La vie que Jésus-Christ nous donne est une eau vive qui satisfait le désir le plus profond de l'homme et l'introduit comme son fils, dans la pleine communion avec Dieu. Cette eau vive qui donne la vie est l'Esprit Saint.

Dans le dialogue avec la Samaritaine, Jésus préannonce ce don divin: «Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire, c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive [...] Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau; mais qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle» (Jn 4,10 Jn 4,13-14). Préannonçant ensuite, à l'occasion de la fête des Tentes, sa mort et sa résurrection, Jésus s'exclame toujours à haute voix, comme pour se faire entendre des hommes de tous les lieux et de tous les temps: «“Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi; et qu'il boive, celui qui croit en moi!” Comme le dit l'Ecriture: “De son sein couleront des fleuves d'eau vive”». L'Evangéliste Jean précise le sens de ces fleuves d'eau vive: «Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui» (Jn 7,37-39).

En nous obtenant le don de l'Esprit à travers le sacrifice de sa vie, Jésus accomplit la mission reçue par le Père: «Je suis venu pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance» (Jn 10,10). L'Esprit Saint nous donne un coeur nouveau (cf. Ez Ez 36,25-27 Jr 31,31-34), en le conformant à celui du Christ. Le chrétien peut ainsi comprendre et réaliser le sens le plus vrai et le plus profond de la vie: être un don qui s'accomplit dans le don de soi» (EV 49). Telle est la loi nouvelle, «la loi de l'Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus» (Rm 8,2). Son expression fondamentale, en imitant le Seigneur qui offre la vie pour ses amis (cf. Jn Jn 15,13), est le don de soi dans l'amour: «Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères» (1Jn 3,14).

4. La vie du chrétien qui, à travers la foi et les sacrements, est intimement unie à Jésus-Christ, est une «vie dans l'Esprit». En effet, l'Esprit Saint répandu dans nos coeurs (cf. Ga Ga 4,6) devient en nous et pour nous «source d'eau jaillissant en vie éternelle» (Jn 4,14).

Il faut donc se laisser conduire docilement par l'Esprit de Dieu, pour devenir toujours plus pleinement ceux que nous sommes déjà par la grâce: fils de Dieu dans le Christ (cf. Rm Rm 14-16). «Puisque l'Esprit est notre vie — nous exhorte encore saint Paul — que l'Esprit nous fasse aussi agir» (Ga 5,25).

C'est sur ce principe que se fonde la spiritualité chrétienne, qui consiste à accueillir toute la vie que l'Esprit nous donne. Cette conception de la spiritualité nous met à l'abri des équivoques qui occultent parfois son véritable aspect.

La spiritualité chrétienne ne consiste pas en un effort d'auto-perfectionnement, comme si l'homme avec ses seules forces pouvait promouvoir la croissance intégrale de sa personne et atteindre le salut. Le coeur de l'homme, blessé par le péché, n'est guéri que par la grâce de l'Esprit Saint et ce n'est que s'il est soutenu par cette grâce qu'il peut vivre en véritable enfant de Dieu.

La spiritualité chrétienne ne consiste pas non plus à devenir presque «immatériels», désincarnés, privés d'engagement responsable dans l'histoire. En effet, la présence de l'Esprit Saint en nous, loin de nous pousser à une «évasion» aliénante, pénètre et mobilise tout notre être: intelligence, volonté, affectivité, corporéité, afin que notre «homme nouveau» (Ep 4,24) imprègne l'espace et le temps de la nouveauté évangélique.

5. Au seuil du troisième Millénaire, l'Eglise se dispose à accueillir le don toujours nouveau de l'Esprit qui donne la vie qui jaillit du côté transpercé de Jésus-Christ, pour annoncer à tous avec une joie intime l'Evangile de la vie.

Supplions l'Esprit Saint afin qu'il fasse de l'Eglise de notre temps un écho fidèle de la parole des Apôtres: «Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, et ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie; — car la vie s'est manifestée: nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue — ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ» (1Jn 1,1-3).



Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 21 octobre 1998, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adresssé en français:

De France: Pèlerins de Strasbourg et de Rennes.

De Suisse: Choeur mixte paroissial «la Cécilienne», de Sorens; Fraternité Eucharistein, de Saint-Maurice.

Du Canada: Groupe de pèlerins.

Salut en langue française

Chers frères et soeurs,

L'Esprit Saint «est Seigneur et donne la vie». Avec ces paroles du symbole de Nicée-Constantinople, l'Eglise continue de professer sa foi en l'Esprit Saint qui est présent tout au long de l'histoire du salut, depuis la création du monde.

Dans la vie de Jésus, l'Esprit déploie sa puissance vivifiante. Annonçant, à l'occasion de la fêtes des Tentes, sa mort et sa résurrection, le Christ s'exclama à haute voix, comme pour se faire entendre par tous les hommes: «“Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi; et qu'il boive, celui qui croit en moi!” Comme le dit l'Ecriture: “De son sein couleront des fleuves d'eau vive”». L'évangéliste Jean précise le sens de ces fleuves d'eau vive: «Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui» (Jn 7,37-39).

L'Esprit renouvelle le coeur des fidèles en le conformant à celui du Christ. Il s'agit donc de se laisser guider par l'Esprit et d'accueillir la vie qu'il donne. C'est là le fondement de toute vie spirituelle. Le coeur de l'homme, blessé par le péché, n'est guéri que par la grâce de l'Esprit Saint qui lui permet de vivre en véritable enfant de Dieu. La présence de l'Esprit en chaque personne, pénètre et mobilise tout son être: volonté, intelligence, affectivité, corporéité.

Au seuil du troisième Millénaire, l'Eglise se prépare à accueillir de manière renouvelée l'Esprit de vie qui jaillit du côté transpercé du Christ, pour annoncer à tous avec une grande joie l'Evangile de la vie.
* * *


Je salue les pèlerins francophones présents à cette audience. J'accorde à tous de grand coeur la Bénédiction apostolique



Mercredi 28 Octobre 1998

28108 «Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle» (Jn 3,16). Dans ces paroles de l'Evangile de Jean, le don de la «vie éternelle» représente le but ultime du dessein d'amour du Père. Ce don nous permet d'avoir accès, par la grâce, à l'ineffable communion d'amour du Père, du Fils et de l'Esprit Saint: «Or la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jn 17,3).

La «vie éternelle», qui naît du Père, nous est transmise en plénitude par Jésus dans sa Pâque, à travers le don de l'Esprit Saint. En le recevant, nous participons à la victoire définitive que Jésus ressuscité a remportée sur la mort. «Mort et vie — comme nous le fait proclamer la liturgie — se sont affrontées en un prodigieux duel. Le Seigneur de la vie était mort; mais à présent il triomphe vivant» (Séquence du Dimanche de Pâques). Dans cet événement décisif du salut, Jésus donne aux hommes «la vie éternelle» dans l'Esprit Saint.

2. Dans la «plénitude des temps» le Christ accomplit ainsi, au-delà de toute attente, cette promesse de «vie éternelle» qui, dès l'origine du monde, avait été inscrite par le Père dans la création de l'homme à son image et ressemblance (cf. Gn Gn 1,26).

Comme le chante le Psaume 104, l'homme se rend compte que la vie dans l'univers et, en particulier, sa propre vie ont leur principe dans le «souffle» communiqué par l'Esprit du Seigneur: «Tu caches ta face, ils s'épouvantent, / tu retires leur souffle, ils expirent, / à leur poussière ils retournent. / Tu envoies ton souffle, ils sont créés / tu renouvelles la face de la terre» (vv. Ps Ps 104,29-30).

La communion avec Dieu, don de son Esprit, devient toujours davantage pour le peuple élu le gage d'une vie qui ne se limite pas à l'existence terrestre, mais qui la transcende mystérieusement et la prolonge à l'infini.

Au cours de la période difficile de l'exil babylonien, le Seigneur rallume l'espérance de son peuple, en proclamant une alliance nouvelle et définitive qui sera scellée par une effusion surabondante de l'Esprit (cf. Ez Ez 36,24-28): «Voici que j'ouvre vos tombeaux; je vais vous faire remonter de vos tombeaux, mon peuple, et je vous ramènerai sur le sol d'Israël. Vous saurez que je suis Yahvé, lorsque j'ouvrirai vos tombeaux et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, mon peuple. Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez» (Ez 37,12-14).

A travers ces paroles, Dieu annonce le renouveau messianique d'Israël, après les souffrances de l'exil. Les symboles utilisés se prêtent bien à l'évocation du chemin de foi qu'Israël accomplit lentement, jusqu'à comprendre la vérité de la résurrection de la chair, qui sera réalisée par l'Esprit à la fin des temps.

3. Cette vérité est reproposée à une époque désormais proche de la venue de Jésus-Christ (cf. Dn Da 12,2 2M 7,9-14 2M 7,23 2M 7,36 2M 12,43-45), qui la confirme avec force, en faisant des reproches à ceux qui la niaient: «N'êtes-vous pas dans l'erreur en ne connaissant ni les Ecritures ni la puissance de Dieu?» (Mc 12,24). En effet, selon Jésus la foi dans la résurrection se fonde sur la foi en Dieu qui «n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants» (Mc 12,27).

De plus, Jésus relie la foi dans la résurrection à sa Personne elle-même: «Je suis la Résurrection et la Vie» (Jn 11,25). En effet, en Lui, grâce au mystère de sa mort et de sa résurrection, s'accomplit la promesse divine du don de la «vie éternelle», qui implique une pleine victoire sur la mort: «Car elle vient, l'heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix [du Fils] et sortiront: ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie...» (Jn 5,28-29). «Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour» (Jn 6,40).

4. Cette promesse du Christ se réalisera donc mystérieusement à la fin des temps, lorsqu'il reviendra en gloire «juger les vivants et les morts» (2Tm 4,1 cf. Ac Ac 10,42 1P 4,5). Alors, nos corps mortels revivront par la puissance de l'Esprit, qui nous a été donné comme «arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption» (Ep 1,14 cf. 2Co 1,21-22).

Il ne faut toutefois pas penser que la vie au-delà de la mort ne commence qu'avec la résurrection finale. En effet, celle-ci est précédée par la condition particulière dans laquelle se trouve, dès le moment de la mort physique, chaque être humain. Il s'agit d'une phase intermédiaire, où à la décomposition du corps correspond «la survie et la subsistance d'un élément spirituel, qui est doté de conscience et de volonté, de telle sorte que le “moi humain” subsiste, bien qu'il manque à cette étape du complément de son corps» (Sacra Congregatio pro doctrina fidei, De quibusdam quaestionibus ad eschatologiam spectantibus, 17 mai 1979: AAS 71 [1979] 941).

Pour les croyants s'ajoute la certitude que leur relation vivifiante avec le Christ ne peut pas être détruite par la mort, mais est conservée au-delà. En effet, Jésus a déclaré: «Qui croit en moi, même s'il meurt, vivra» (Jn 11,25). L'Eglise a toujours professé cette foi et l'a exprimée en particulier dans la prière de louange qu'elle adresse à Dieu en communion avec tous les saints et dans l'invocation en faveur des défunts qui n'ont pas encore été pleinement purifiés. D'autre part, l'Eglise inculque le respect pour la dépouille mortelle de chaque être humain, tant en raison de la dignité de la personne à laquelle elle a appartenu, qu'en raison de l'honneur que l'on doit au corps de ceux qui, par le Baptême, sont devenus temples de l'Esprit Saint. Un témoignage spécifique de ce fait est la liturgie du rite des obsèques et de la vénération des reliques des saints, qui s'est développée dès les premiers siècles. Aux os de ces derniers — dit saint Paulin de Nole — «ne manque jamais la présence de l'Esprit Saint, qui communique une grâce vivante aux saints sépulcres» (Carme XXI, 632-633).

5. L'Esprit Saint nous apparaît ainsi comme l'Esprit de la vie, non seulement au cours de toutes les phases de l'existence terrestre, mais également au cours du stade qui, après la mort, précède la vie en plénitude que le Seigneur a également promise pour nos corps mortels. A fortiori, c'est grâce à Lui que nous accomplirons, dans le Christ, notre «passage» final au Père. Saint Basile le Grand observe: «Si quelqu'un réfléchit attentivement, il comprendra que, également au moment de la manifestation attendue du Seigneur du ciel, l'Esprit Saint ne sera pas absent comme certains le croient; il sera en revanche également présent le jour de la révélation du Seigneur, lors de laquelle il jugera le monde en justice, Lui, bienheureux et unique souverain» (L'Esprit Saint, XVI, 40).

Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 28 octobre 1998, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe de prêtres et de séminaristes de Rouen; groupe de pèlerins des diocèses de Bordeaux, Nanterre, Autun-Châlon et Mâcon; paroisse de Mourillon; paroisse Notre-Dame, de Versailles; paroisse Notre-Dame du Bon-Secours, de Frévent; paroisse Saint-Symphorien, de Versailles; paroisse Notre-Dame de l'Assomption, d'Antibes; aumônerie des jeunes de Sanary, de Notre-Dame du Lac, de Thor; délégation de la Légion étrangère, d'Orange et de L'Ardoise; groupe de scouts de La Roche-sur-Yon; groupe de pèlerins de Paris.

De Suisse: Fondation des pèlerinages bibliques de Suisse romande; paroisse Saint-Pierre, de Genève; pèlerinage de Verbier; groupe de Bernex.

Du Canada: groupe de pèlerins.

  

Salut en langue française

Chers frères et soeurs,

«Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle» (Jn 3,16). La vie éternelle qui jaillit du Père nous est transmise par le Christ qui, dans sa Pâque, nous fait don de l'Esprit Saint. En le recevant, nous participons à la victoire du Sauveur sur la mort.

«Je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez» (Ez 37,14). Cette certitude de la communion avec Dieu habite l'espérance du peuple élu. Jésus fonde la foi en la Résurrection sur la foi en Dieu, qui «n'est pas le Dieu des morts mais des vivants» (Mc 12,27), et plus encore sur sa personne, car il est «la Résurrection et la Vie» (Jn 11,25). Il accomplit la promesse, dont la réalisation plénière aura lieu à la fin des temps, lorsque nos corps mortels revivront par la puissance de l'Esprit. Mais la vie au-delà de la mort ne commence pas à la Résurrection finale.

Après la mort, dans l'étape intermédiaire, subsiste l'élément spirituel de l'homme. La relation vivifiante avec le Christ n'est pas détruite, mais elle demeure. Aussi l'Eglise enseigne-t-elle l'importance de la prière pour les défunts et du respect pour la dépouille mortelle des hommes, car, depuis notre Baptême, nos corps sont les temples de l'Esprit. Ainsi nous découvrons que l'Esprit nous accompagne dans toutes les phases de notre existence, sur la terre et dans l'attente de la vie éternelle.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, spécialement les prêtres et séminaristes de Rouen, les membres de la paroisse protestante de Genève et les nombreux jeunes. J'accorde à tous les fidèles présents la Bénédiction apostolique.




Mercredi 4 Novembre 1998

41198 1. «Pour nous, notre cité — enseigne l'Apôtre Paul — se trouve dans les cieux, d'où nous attendons ardemment comme sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu'il a de pouvoir même soumettre toutes choses» (Ph 3,20-21).

De même que l'Esprit Saint a transfiguré le corps de Jésus-Christ lorsque le Père l'a ressuscité des morts, ce même Esprit revêtira nos corps de la gloire du Christ. Saint Paul écrit: «Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous» (Rm 8,11).

2. La foi chrétienne dans la résurrection de la chair s'est heurtée, dès les débuts, à des incompréhensions et des oppositions. Saint Paul lui-même les souligne au moment d'annoncer l'Evangile devant l'Aréopage d'Athènes: «A ces mots de résurrection des morts — rapportent les Actes des Apôtres — les uns se moquaient, les autres disaient: “Nous t'entendrons là-dessus une autre fois”» (Ac 17,32).

Cette difficulté se présente également à nouveau à notre époque. D'une part, en effet, même lorsque l'on croit à une forme quelconque de vie après la mort, l'on réagit avec scepticisme à la vérité de foi qui illumine cette interrogation suprême de l'existence à la lumière de la résurrection de Jésus-Christ. Par ailleurs, d'aucuns ressentent la fascination d'une croyance comme celle de la réincarnation, qui est enracinée dans l'humus religieux de certaines cultures orientales (cf. Tertio millennio adveniente TMA 9).

La révélation chrétienne ne se contente pas d'un vague sentiment de survie, tout en reconnaissant l'intuition d'immortalité qui est exprimée dans la doctrine de certains grands penseurs en quête de Dieu. En outre, nous pouvons admettre que l'idée d'une réincarnation soit suscitée par le profond désir d'immortalité et par la perception de l'existence humaine comme une «épreuve» en vue d'un but ultime, ainsi que de la nécessité d'une purification totale pour parvenir à la communion avec Dieu. Toutefois, la réincarnation ne garantit pas l'identité unique et singulière de chaque créature humaine, en tant qu'objet de l'amour personnel de Dieu, ni l'intégrité de l'être humain en tant qu'«esprit incarné».

3. Le témoignage du Nouveau Testament souligne tout d’abord le réalisme de la résurrection, également corporelle, de Jésus-Christ. Les Apôtres attestent explicitement, en se référant à l'expérience qu'ils ont vécue lors des apparitions du Seigneur ressuscité, que «Dieu l'a ressuscité le troisième jour et lui a donné de se manifester [...] aux témoins que Dieu avait choisis d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts» (Ac 10,40-41). Le quatrième Evangile souligne lui aussi ce réalisme, lorsqu'il nous rapporte, par exemple, l'épisode de l'Apôtre Thomas qui est invité par Jésus à mettre le doigt dans les plaies des clous et la main dans le côté transpercé du Seigneur (cf. Jn Jn 20,24-29). Il en va de même lors de l'apparition sur la rive du lac de Tibériade, lorsque Jésus ressuscité «prend le pain et le leur donne; et de même le poisson» (Jn 21,13).

Ce réalisme des apparitions témoigne que Jésus est ressuscité avec son corps et que ce corps vit auprès du Père. Il s'agit toutefois d'un corps glorieux, qui n'est plus sujet aux lois de l'espace et du temps, transfiguré dans la gloire du Père. Dans le Christ ressuscité se manifeste ce stade eschatologique auquel sont appelés à parvenir un jour tous ceux qui accueillent sa rédemption, précédés par la Sainte Vierge qui «ayant fini le cours de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire des cieux, corps et âme» (Pie XII, Const. apost. Munificentissimus Deus, 1 nov. 1950, DS 3903 cf. Lumen gentium, LG 59).

4. En se référant au récit de la création raconté par le livre de la Genèse et en interprétant la résurrection de Jésus comme la «nouvelle création», l'Apôtre Paul peut donc affirmer: «Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante; le dernier Adam, esprit vivifiant» (1Co 15,45). En effet, la réalité glorifiée du Christ à travers l'effusion de l'Esprit Saint est communiquée de façon mystérieuse, mais réelle, également à tous ceux qui croient en Lui.

Ainsi, dans le Christ, «tous ressusciteront avec les corps dont ils sont à présent revêtus» (Concile de Latran IV: DS 801), mais notre corps sera transfiguré en corps glorieux (cf. Ph 3,21), en «corps spirituel» (1Co 15,44). Paul, dans la première Epître aux Corinthiens, répond à ceux qui lui demandent: «Comment les morts ressuscitent-ils? Avec quel corps reviennent-ils?», en se servant de l'image du grain qui meurt pour s'ouvrir à une vie nouvelle: «Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie s'il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps à venir, mais un simple grain, soit de blé, soit de quelque autre plante [...] Ainsi en va-t-il de la résurrection des morts: on est semé dans la corruption, on ressuscite dans l'incorruptibilité; on est semé dans l'ignominie, on ressuscite dans la gloire; on est semé dans la faiblesse, on ressuscite dans la force; on est semé corps psychique, on ressuscite corps spirituel [...]. Il faut, en effet, que cet être corruptible revête l'incorruptibilité, que cet être mortel revête l'immortalité» (1Co 15,36-37 1Co 15,42-44 1Co 15,53).

Bien sûr — explique le Catéchisme de l'Eglise catholique — le «comment» cela se produira «dépasse notre imagination et notre entendement; il n'est accessible que dans la foi. Mais notre participation à l'Eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration de notre corps par le Christ» (CEC 1000).

A travers l'Eucharistie, Jésus nous donne, sous les espèces du pain et du vin, sa chair vivifiée par l'Esprit Saint et qui vivifie notre chair, afin de nous faire participer de tout notre être, esprit et corps, à sa résurrection et à sa condition de gloire. Irénée de Lyon enseigne à ce propos: «De même que le pain, qui est le fruit de la terre, n'est plus un pain commun après que la bénédiction divine ait été invoquée sur lui, mais l'Eucharistie composée de deux réalités, l'une terrestre, l'autre céleste, ainsi, nos corps qui reçoivent l'Eucharistie ne sont plus corruptibles, du moment qu'ils portent en eux le germe de la résurrection» (Adversus haereses, 4, 18, 4-5).

5. Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent, en résumant l'enseignement de l'Ecriture Sainte et de la Tradition de l'Eglise, nous explique pour quoi «le crédo chrétien... atteint son sommet dans la proclamation de la résurrection des morts à la fin des temps, et de la vie éternelle» (Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 988). En s'incarnant, le Verbe de Dieu a assumé la chair humaine (cf. Jn Jn 1,14), la faisant participer, à travers sa mort et sa résurrection, à sa gloire de Fils unique du Père. A travers les dons de l'Esprit et de la chair du Christ glorifiée dans l'Eucharistie, Dieu le Père communique à tout l'être humain et, d'une certaine façon, à tout le cosmos l'aspiration à ce destin. Comme le dit saint Paul: «Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu; [...] c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption, pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Rm 8,19-21).



Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 4 novembre 1998, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe du Centre «Pierre Faure», Paris.

De Belgique: Groupe de pèlerins.



Salut en langue française

Chers frères et soeurs,

L'Esprit Saint, qui a transfiguré le corps de Jésus ressuscité, revêtira nos propres corps de la gloire du Christ. Comme saint Paul devant l'Aréopage, nous rencontrons parfois des réactions sceptiques face à notre foi en la vie éternelle, qui est éclairée par la Résurrection du Seigneur. Le christianisme ne se contente pas d'affirmer une simple réincarnation, mais il souligne la réalité de la Résurrection corporelle de Jésus, qui est apparu, qui a mangé et bu avec ses disciples après Pâques. C'est avec son corps glorieux que Jésus est ressuscité et vit près de son Père.

Notre corps sera transformé en un corps glorieux, un corps «spirituel» marqué par l'«incorruptibilité» et l'«immortalité» (1Co 15,44-53). Notre participation à l'Eucharistie nous donne un avant-goût de la transformation de notre corps par le Christ. Sa chair, vivifiée par l'Esprit Saint, nous permet déjà de participer à sa résurrection et à sa condition glorieuse. Quand nous avons communié, nos corps portent en eux «le germe de la résurrection» (Saint Irénée de Lyon).

En s'incarnant, le Verbe de Dieu a assumé notre chair. Par sa mort et sa résurrection, il a fait participer cette même chair à sa gloire de Fils unique du Père. Par l'Esprit, Dieu a mis en tout homme le désir de partager cette gloire. C'est ainsi que la création attend «la révélation des fils de Dieu» (Rm 8,19).
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française, notamment les élèves et les professeurs du Centre Pierre Faure de Paris. A tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.

  

Mercredi 11 Novembre 1998

11118 Chers Frères et Soeurs,

L’Esprit Saint “construit le Royaume de Dieu au cours de l’histoire et prépare sa pleine manifestation en Jésus Christ,[...] qui adviendra à la fin des temps” (Tertio millenio adveniente, n. 45). C’est dans cette perspective que les croyants sont “appelés à redécouvrir la vertu théologale d’espérance” (ibid ., TMA
TMA 46).

Saint Paul souligne le lien profond entre le don de l’Esprit Saint et l’espérance. Par l’Esprit répandu en abondance et par la grâce de Dieu, “nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle” (Tt 3,7). Par notre vie de fils de Dieu, nous participons déjà au salut; et notre existence chrétienne s’achemine, avec une persévérance confiante, vers l’accomplisse- ment que le Dieu de l’espérance nous a promis et qu’Il nous donnera à la fin des temps.

Le message d’espérance qui vient du Christ illumine le coeur des hommes où règne parfois incertitudes et pessimisme. Mais n’oublions jamais que l’espérance “s’exprime et se nourrit dans la prière, tout particulièrement dans le 'Notre Père', résumé de tout ce que l’espérance nous fait désirer” (CEC 1820).
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Je salue les pèlerins francophones, en particulier un groupe de formation des Formatrices à la vie religieuse, organisé par l’Union internationale des Supérieures majeures. Je salue aussi les jeunes, notamment ceux de l’institut Fénelon préparant leur Confirmation. J’accorde à tous de grand coeur la Bénédiction apostolique.



Mercredi 18 Novembre 1998

18118 Chers Frères et Soeurs,

Les semences de vérité, d'amour et de vie que l'Esprit de Dieu répand dans le coeur des hommes produisent des fruits de progrès, d'humanisation et de civilisation qui sont des signes d'espérance pour l'humanité.

Ces signes sont nombreux en notre temps. L'existence humaine a été notablement améliorée grâce à l'extraordinaire développement des sciences et de la technique ainsi qu'à un plus grand sens de la responsabilité à l'égard de l'environnement. La paix et la justice sont devenues des objectifs prioritaires, car, sous l'action mystérieuse de l'Esprit, les consciences considèrent comme un crime intolérable la persistance de conditions d'injustice et de violation des droits de l'homme. Seuls le dialogue et la réconciliation peuvent résoudre positivement les difficultés dans les relations internationales.

Dans un monde qui se structure selon un système d'interdépendance économique, culturelle et politique, il est nécessaire d'acquérir une conscience qui soit vraiment universelle. Pour cela, les croyants sont appelés à apporter leur contribution à la réalisation de la "civilisation de l'amour", où s'édifie l'unique famille humaine dans le respect de l'identité de toutes ses composantes et dans l'échange réciproque des dons.
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française. J'accueille avec plaisir des membres de l'Ambassade du Cameroun en Italie et leurs familles, des personnes de l'Officialité de la région apostolique Provence-Méditerranée, ainsi que les jeunes du collège Notre-Dame des Missions de Charenton. Je leur souhaite d'être partout des signes d'espérance. À tous je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.



Mercredi 25 Novembre 1998

25118 Les signes d'espérance présents dans l'Eglise

1. Dans la précédente catéchèse, nous nous sommes arrêtés sur les «signes d'espérance» présents dans notre monde. Aujourd'hui, nous voulons poursuivre cette réflexion en prenant en considération certains «signes d'espérance» présents dans l'Eglise, afin que les communautés chrétiennes sachent toujours mieux les saisir et les valoriser. En effet, ceux-ci sont suscité par l'action de l'Esprit Saint qui, au cours des siècles, «par la vertu de l'Evangile, rajeunit l'Eglise et la renouvelle sans cesse, l'acheminant à l'union parfaite avec son Epoux» (Lumen gentium
LG 4)

Parmi les événements ecclésiaux qui ont profondément marqué notre siècle, la première place revient au Concile Vatican II. Grâce à lui, l'Eglise a tiré de son trésor «du neuf et du vieux» (cf. Mt Mt 13,52), et elle a fait l'expérience, d'une certaine façon, de la grâce d'une Pentecôte renouvelée (cf. Discours de Jean XXIII pour la clôture de la première période du Concile, III, in Discorsi, Messaggi, Colloqui V [1962/1963], p. 29). Tout bien considéré, les signes d'espérance qui animent aujourd'hui la mission de l'Eglise sont strictement liés à cette effusion abondante de l'Esprit Saint dont l'Eglise a fait l'expérience dans la préparation, la célébration et l'application du Concile Vatican II.

2. L'écoute de ce que «l'Esprit dit à l'Eglise et aux Eglises» (Tertio millennio adveniente TMA 23 cf. Ap Ap 2,7 sq), se manifeste dans l'accueil des charismes qu'Il distribue en abondance. Leur redécouverte et leur valorisation a développé une plus vive communion entre les diverses vocations du Peuple de Dieu, ainsi qu'un élan joyeux et renouvelé pour l'évangélisation.

En particulier, l'Esprit Saint encourage aujourd'hui l'Eglise à promouvoir la vocation et la mission des fidèles laïcs. Leur participation et coresponsabilité dans la vie de la communauté chrétienne et leur présence multiple sous forme d'apostolat et de service dans la société nous incite à attendre avec espérance, à l'aube du troisième millénaire, une épiphanie mûre et féconde du laïcat. Une attente analogue concerne le rôle que la femme est appelée à jouer. Comme dans la société civile, dans l'Eglise également, se révèle toujours mieux le «génie féminin», qu'il faut toujours davantage reconnaître sous les formes adaptées à la vocation de la femme en conformité au dessein de Dieu.

En outre, nous ne pouvons pas oublier que l'un des dons dispensés par l'Esprit à notre époque est la floraison des mouvements ecclésiaux, que depuis le début de mon pontificat je continue à signaler comme motif d'espérance pour l'Eglise et pour la société. Il «sont un signe de la liberté de formes, à travers lesquelles se réalise l'unique Eglise et ils représentent une nouveauté sûre, qui attend encore d'être comprise de façon adaptée dans toute son efficacité positive pour le Royaume de Dieu à l'oeuvre dans l'histoire d'aujourd'hui» (Insegnamenti VII/2 [1984], p. 696).

3. Notre siècle a également vu l'éclosion et la croissance du germe du mouvement oecuménique, dans lequel l'Esprit Saint a guidé les membres des diverses Eglises et communautés ecclésiales à rechercher les voies du dialogue pour le rétablissement de la pleine unité.

En particulier, grâce à Vatican II, la recherche de l'unité et la sollicitude oecuménique ont été acceptées comme «une dimension nécessaire de toute la vie de l'Eglise» et comme un engagement prioritaire auquel l'Eglise catholique «désire contribuer selon toutes ses possibilités» (Insegnamenti VIII/1 [1985], PP 1991-1999). Le dialogue de la vérité, précédé et accompagné par le dialogue de la charité, est en train d'atteindre des résultats importants. En outre, s'est renforcée la conscience que l'âme véritable du mouvement pour la recomposition de l'unité des chrétiens est l'oecuménisme spirituel, c'est-à-dire la conversion des coeurs, la prière et la sainteté de vie (cf. Unitatis redintegratio UR 8).

4. Parmi les nombreux autres signes d'espérance, je voudrais enfin mentionner «la place accordée au dialogue avec les religions et avec la culture contemporaine» (Tertio millennio adveniente TMA 46).

En ce qui concerne le premier, il suffit de rappeler la portée prophétique qu'a peu à peu acquise la déclaration du Concile Vatican II Nostra aetate sur les relations de l'Eglise avec les religions non-chrétiennes. De multiples expériences de rencontre et de dialogue, à différents niveaux, ont été réalisées et sont en cours dans chaque partie du monde, entre les représentants des différentes religions. En particulier, j'ai plaisir à rappeler les grands pas en avant accomplis dans le dialogue avec les juifs, nos «grands frères».

Un grand signe d'espérance pour l'humanité est constitué par le fait que les religions s'ouvrent avec confiance au dialogue et ressentent l'urgence d'unir leurs efforts pour donner une âme au progrès et contribuer à l'engagement moral des peuples. La foi dans l'action incessante de l'Esprit nous laisse espérer que, également à travers cette attitude d'attention et d'estime réciproque, puisse se réaliser pour tous l'ouverture au Christ, la véritable Lumière, qui «illumine chaque homme» (Jn 1,9).

En ce qui concerne le dialogue avec la culture, l'orientation formulée par le Concile Vatican II se révèle d'une efficacité providentielle: «De même qu'il importe au monde de reconnaître l'Eglise comme une réalité sociale de l'histoire et comme son ferment, de même l'Eglise n'ignore pas tout ce qu'elle a reçu de l'histoire et de l'évolution du genre humain» (Gaudium et spes GS 44). Les contacts qui ont eu lieu dans ce domaine ont déjà surmonté des préjugés injustifiés. La nouvelle attention accordée par divers courants culturels de notre époque à l'expérience religieuse, et en particulier au christianisme, nous pousse également à poursuivre avec ténacité le chemin entrepris dans la direction d'une rencontre renouvelée entre l'Evangile et la culture.

5. Dans ces multiples signes d'espérance, nous ne pouvons pas ne pas reconnaître l'action de l'Esprit de Dieu. Mais, en pleine dépendance et communion avec lui, j'ai plaisir à vous indiquer également le rôle de Marie, «pétrie par l'Esprit Saint, et formée comme une nouvelle créature» (Lumen gentium LG 56). Elle intercède maternellement pour l'Eglise et l'attire sur la voie de sa sainteté et de la docilité au Paraclet. A l'aube du nouveau millénaire, nous percevons avec joie l'apparition de ce «profil marial» de l'Eglise (cf. Insegnamenti X/3 [1987], p. 1483), qui résume le contenu le plus profond du renouveau conciliaire.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 25 novembre 1998, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Lycée «Gerson», de Paris; groupe de juristes et d'avocats.

De Belgique: Groupe d'étudiants de Liège.

Du Maroc: Equipe de football «Ajax» de Kénitra.


Salut en langue française

Chers frères et soeurs,

L'Eglise est appelée à accueillir les signes d'espérance présents en elle; ils sont les fruits de l'action de l'Esprit Saint. Le Concile oecuménique Vatican II, premier de ces signes, fut une nouvelle Pentecôte pour l'Eglise. L'Esprit nous pousse à accueillir les différents charismes, à promouvoir la vocation et la mission des laïcs, pour donner un élan nouveau à l'évangélisation. En particulier, il est essentiel de porter notre attention sur la place de la femme dans la société civile et dans l'Eglise.

On ne peut pas oublier le signe d'espérance que représentent les mouvements ecclésiaux. De même, notre siècle a vu grandir le mouvement oecuménique, par lequel l'Esprit convoque toutes les communautés ecclésiales à poursuivre le dialogue de la charité et de la vérité, et à rechercher la pleine unité, qui est un engagement prioritaire pour l'Eglise catholique. Parmi les autres signes, je voudrais mentionner les relations avec les différentes religions et avec les cultures, qui nous permettent de faire de multiples pas en avant et d'unir nos efforts pour l'affermissement moral des peuples et pour la croissance de toute l'humanité.

Nous voyons ainsi le rôle de l'Esprit et celui de Marie, qui, maternellement intercède pour l'Eglise, engagée dans la voie de la sainteté, selon la volonté de Dieu. A l'aube d'un nouveau millénaire, puisse le «profil marial» de l'Eglise se poursuivre, car il résume la richesse du renouveau conciliaire!
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, spécialement les jeunes de l'équipe marocaine de football de l'Ajax-Kénitra, ceux du lycée Gerson de Paris et les étudiants de Liège. J'accorde à tous les fidèles présents la Bénédiction apostolique.




Catéchèses S. J-Paul II 21108