Catéchèses S. J-Paul II 27032

Mercredi 27 mars 2002 Mercredi saint

27032 1. C'est demain que commence le Triduum pascal, qui nous fera revivre l'événement central de notre salut. Il s'agira des journées de prière et de méditation les plus intenses, au cours desquelles nous réfléchirons, à l'aide des rites suggestifs de la Semaine sainte, sur la passion, la mort et la résurrection du Christ.

Le sens et l'accomplissement de l'histoire humaine se trouvent dans le Mystère pascal. "C'est pourquoi Pâques - souligne le Catéchisme de l'Eglise catholique - n'est pas simplement une fête parmi d'autres: elle est la "Fête des fêtes", "Solennité des solennités", comme l'Eucharistie est le sacrement des sacrements (le Grand sacrement). Saint Athanase l'appelle "le Grand dimanche", comme la Semaine sainte est appelée en Orient la "Grande Semaine". Le mystère de la Résurrection, dans lequel le Christ a écrasé la mort, pénètre notre vieux temps de sa puissante énergie, jusqu'à ce que tout Lui soit soumis" (
CEC 1169).


2. Demain, Jeudi saint, nous contemplerons le Christ qui, au Cénacle, à la veille de sa passion, a fait don de lui-même à l'Eglise, a institué le sacerdoce ministériel et a laissé à ses disciples le commandement nouveau, le commandement de l'amour. Dans le sacrement de l'Eucharistie il a ainsi voulu rester avec nous, en devenant notre nourriture de salut. Après la suggestive Messe in Cena Domini, nous veillerons en adoration avec le Seigneur, en obéissant au désir qu'Il manifesta aux Apôtres dans le Jardin des Oliviers: "Demeurez ici et veillez avec moi" (Mt 26,38).

Le Vendredi saint nous parcourrons à nouveau les développements tragiques de la passion du Rédempteur, jusqu'à la crucifixion sur le Golgotha. L'adoration de la Croix nous permettra de comprendre plus profondément la miséricorde infinie de Dieu. En traversant de façon consciente cette immense douleur, le Fils unique du Père s'est fait annonce définitive de salut pour l'humanité. Le chemin de la Croix est assurément difficile! Pourtant, c'est l'unique lieu où nous est remis le Mystère de la Mort qui donne la vie.

Le climat recueilli et silencieux du Samedi saint nous offrira ensuite l'occasion d'attendre, en priant avec Marie, l'événement glorieux de la Résurrection, en goûtant déjà par avance sa joie intime.
Au cours de la Veillée pascale, lors du chant du "Gloria", sera révélée la splendeur de notre destin: former une humanité nouvelle, rachetée par le Christ mort et ressuscité pour nous.
Le jour de Pâques, lorsque dans les églises de tous les lieux de la terre on chantera "Dux vitae mortuus regnat vivus", "le Seigneur de la vie était mort; mais à présent, vivant, il triomphe" (Séquence), nous pourrons comprendre et aimer jusqu'au bout la Croix du Christ: sur celle-ci le Christ a vaincu pour toujours le péché et la mort!


3. Lors du Triduum pascal nous fixerons le regard, de façon plus intense, sur le visage du Christ. Un visage empreint de souffrance et agonisant, qui nous fait mieux comprendre le caractère dramatique des événements et des situations qui, même au cours de ces journées, frappent l'humanité. Un visage resplendissant de lumière, qui ouvre à notre existence une espérance renouvelée.

J'écrivais dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte: "Deux mille ans après ces événements, l'Eglise les revit comme s'ils venaient de se produire aujourd'hui. Dans le visage du Christ, elle, l'Epouse, contemple son trésor, sa joie. "Dulcis Iesu memoria, dans vera cordis gaudia": qu'il est doux le souvenir de Jésus, source de la vraie joie du coeur!" (NM 28).

Au Gethsémani, nous nous sentirons particulièrement en harmonie avec ceux qui vivent sous le poids de l'angoisse et de la solitude. En méditant le procès auquel Jésus fut soumis, nous rappellerons ceux qui sont persécutés pour leur foi et à cause de la justice.

En accompagnant le Christ au Golgotha, sur le chemin des souffrances, notre prière s'élèvera avec confiance pour ceux sur qui pèse, dans leur corps et dans leur esprit, le poids du mal et du péché.

A l'heure suprême du sacrifice du Fils de Dieu, nous déposerons avec confiance au pied de la Croix l'aspiration qui se trouve dans le coeur de chacun: le désir de la paix!

La Très Sainte Vierge, qui a fidèlement suivi son Fils jusque sous la Croix, nous accompagnera, après que nous aurons contemplé avec Elle le visage empreint de souffrance du Christ, pour jouir de la lumière et de la joie qui émanent du visage resplendissant du Ressuscité.

Tel est mon voeu: qu'il s'agisse d'un Triduum véritablement saint pour vivre une Pâque heureuse et réconfortante!

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 2

De France: Ecole Saint-Marie, de Neuilly.

Chers Frères et Soeurs,

Nous nous apprêtons à entrer dans le Triduum pascal, dont les différents offices liturgiques nous aideront à méditer sur le mystère pascal du Christ. Demain, Jeudi saint, nous contemplerons le Christ serviteur qui, dans le sacrement de l’Eucharistie, a voulu demeurer avec nous, se faisant nourriture pour notre salut. Le Vendredi saint, nous suivrons le Fils unique du Père sur son chemin de Croix, lui dont la vie librement donnée devient Parole définitive de salut pour tout homme. Dans le silence du Samedi saint, nous nous recueillerons avec Marie avant de chanter dans la joie, lors de la veillée pascale et du jour de Pâques, l’action de grâce de l’humanité rachetée par le Christ mort et ressuscité.

Je salue les pèlerins francophones, en particulier l’école Sainte-Marie de Neuilly. Que les jours saints vous aident à fixer votre regard sur le visage du Christ, visage agonisant du Crucifié reflétant toutes les souffrances du monde, mais aussi visage resplendissant du Ressuscité qui ouvre à une espérance renouvelée ! A tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.



Mercredi 3 avril 2002: Ps 96 La gloire du Seigneur dans le droit et la justice

30402 Lecture: (Ps 96,1-2 Ps 96,5-6 Ps 96,11-12)

1. La lumière, la joie et la paix, qui au cours du temps pascal inondent la communauté des disciples du Christ et se diffusent dans toute la création, imprègnent notre rencontre, qui a lieu dans le climat intense de l'Octave de Pâques. C'est le triomphe du Christ sur le mal et sur la mort que nous célébrons au cours de ces journées. Par sa mort et sa résurrection, le royaume de justice et d'amour voulu par Dieu est définitivement instauré.

C'est précisément au thème du Royaume de Dieu que se réfère la catéchèse d'aujourd'hui, consacrée à la réflexion sur le Psaume 96. Le Psaume s'ouvre par la proclamation solennelle: "Yahvé règne! Exulte la terre, que jubilent les îles nombreuses" et cette célébration du Roi divin, Seigneur de l'univers et de l'histoire, fait la singularité de ce Psaume. Nous pourrions donc dire que nous nous trouvons en présence d'un Psaume "pascal".

Nous connaissons l'importance de l'annonce du Royaume de Dieu dans la prédication de Jésus. Ce n'est pas seulement la reconnaissance de la dépendance de l'être créé à l'égard de son Créateur; c'est également la conviction qu'au sein de l'histoire existent un projet, un dessein, une trame d'harmonies et de biens voulus par Dieu. Tout cela s'est pleinement réalisé dans la Pâque de la mort et de la résurrection de Jésus.


2. Parcourons à présent le texte du Psaume que la Liturgie nous propose dans la célébration des Laudes. Immédiatement après l'acclamation au Seigneur roi, qui retentit comme le son d'une trompette, une grandiose épiphanie divine s'ouvre devant l'orant. En ayant recours à des citations ou des allusions à d'autres passages des Psaumes ou des prophètes, en particulier Isaïe, le Psalmiste décrit l'irruption sur la scène du monde du Grand Roi, qui apparaît entouré d'une série de ministres ou d'intendants cosmiques: les nuages, les ténèbres, le feu, les éclairs.

A côté d'eux, une autre série de ministres personnifie son action historique: la justice, le droit, la gloire. Leur entrée sur scène fait trembler toute la création. La terre exulte en tous lieux, y compris les îles, considérées comme l'endroit le plus reculé (cf. Ps Ps 96,1). Le monde entier est illuminé par des éclairs et secoué par un tremblement de terre (cf. Ps Ps 96,4). Les montagnes, qui incarnent les réalités les plus anciennes et les plus solides selon la cosmologie biblique, fondent comme de la cire (cf. Ps Ps 96,5), tel que le chantait déjà le prophète Michée: "Car voici Yahvé qui sort de son lieu saint.... les montagnes fondent sous ses pas, les vallées s'effondrent, comme la cire devant le feu" (Mi 1,3-4). Les cieux retentissent d'hymnes angéliques qui exaltent la justice, c'est-à-dire l'oeuvre de salut accomplie par le Seigneur pour les justes. Enfin, l'humanité tout entière contemple la révélation de la gloire divine, c'est-à-dire de la réalité mystérieuse de Dieu (cf. Ps Ps 96,6), alors que les "ennemis", c'est-à-dire les iniques et les injustes, cèdent face à la force irrésistible du jugement du Seigneur (cf. Ps Ps 96,3).


3. Après la théophanie du Seigneur de l'univers, le Psaume décrit deux types de réactions face au Grand Roi et à son entrée dans l'histoire. D'une part, les idolâtres et les idoles tombent à terre confus et vaincus; d'autre part, les fidèles rassemblés à Sion pour la célébration liturgique en l'honneur du Seigneur, élèvent joyeusement une hymne de louange. La scène des "servants des idoles" (cf. Ps Ps 96,7-9) est essentielle: les idoles se prosternent devant l'unique Dieu et leurs fidèles se couvrent de honte. Les justes assistent avec joie au jugement divin qui élimine le mensonge et la fausse religiosité, sources de misère morale et d'esclavage. Ils entonnent une profession de foi lumineuse: "Car toi, tu es Yahvé, Très-Haut sur toute la terre, surpassant de beaucoup tous les dieux" (Ps 96,9).


4. A la scène qui décrit la victoire sur les idoles et sur leurs adorateurs, s'oppose celle que nous pourrions appeler la splendide journée des fidèles (cf. Ps Ps 96,10-12). En effet, on parle d'une lumière qui apparaît pour le juste (cf. Ps Ps 96,11): c'est comme si se levait une aurore de joie, de fête, d'espérance, car - comme on le sait - la lumière est aussi un symbole de Dieu (cf. 1Jn 1,5).

Le prophète Malachie déclarait: "Mais pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera, avec la guérison dans ses rayons" (Ml 3,20). On associe le bonheur à la lumière: "Pour l'homme au coeur droit, la joie. Justes jubilez en Yahvé, louez sa mémoire de sainteté" (Ps 96,11-12).

Le Royaume de Dieu est source de paix et de sérénité, et il efface l'empire des ténèbres. Une communauté juive contemporaine de l'époque de Jésus chantait: "L'impiété recule devant la justice, comme les ténèbres reculent devant la lumière; l'impiété s'évanouira pour toujours et la justice, comme le soleil, se révélera le principe de l'ordre du monde" (Livre des mystères de Qumrln: 1 Q 27, I, 5-7).

5. Avant de quitter le Psaume 96, il est important de retrouver en celui-ci, outre le visage du Seigneur roi, également celui du fidèle. Celui-ci est décrit par sept caractéristiques, signe de perfection et de plénitude. Ceux qui attendent la venue du Grand Roi divin haïssent le mal, aiment le Seigneur, sont des hasîdîm, c'est-à-dire des fidèles (cf. Ps Ps 96,10), ils marchent sur la voie de la justice, ont le coeur droit (cf. Ps Ps 96,11), se réjouissent devant les oeuvres de Dieu et rendent grâce au saint nom du Seigneur (cf. Ps Ps 96,12). Demandons au Seigneur que ces traits spirituels brillent également sur nos visages.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 3 avril 2002, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Communauté de l'Emmanuel et de la Fraternité de Jésus; paroisse Notre-Dame de l'Assomption, de Six-Fours-Les-Plages; groupe de pèlerins des diocèses de Cambrai, d'Evreux, de Reims; collège Saint-Raphaël, de Fréjus-Toulon; collège Sainte-Marie, de Belfort; collège du Puy-Chabot, de Le-Poire-sur-Vie; Groupe de jeunes d'Orléans et de Reims.

De Suisse: Paroisse Saint-Joseph, de Couvet; paroisse Sainte-Thérèse, de Genève.

De Belgique: Institut Sainte-Marie, de Neerpelt; collège Saint-Julien, d'Ath.

Chers Frères et Soeurs,

En ce temps de Pâques, la lumière, la joie et la paix du Ressuscité inondent la communauté de ses disciples. En triomphant du mal et de la mort, le Christ a pleinement réalisé le projet du Père. Son règne de justice et d’amour est définitivement advenu. Le Psaume que nous avons entendu célèbre cette royauté universelle du Seigneur de la création. L’univers tout entier chante l’oeuvre salvifique du Roi de l’univers, qui manifeste sa gloire dans le droit et la justice. Lui seul est digne d’être adoré, pour la confusion des serviteurs de faux dieux, qui enferment l’homme dans la misère morale et dans l’esclavage du péché. Parce qu’ils rejettent le mal et qu’ils aiment le Seigneur, les fidèles peuvent accueillir sa lumière, pour cheminer à leur tour dans la voie de la justice, se réjouissant de ses oeuvres et rendant grâce au saint nom de Dieu.

J’accueille cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes de Reims et d’Orléans. Que la lumière du Christ ressuscité, vainqueur du mal et de la mort, remplisse le coeur des croyants d’une joie profonde, source de confiance renouvelée et de dynamisme missionnaire ! A tous, j’accorde volontiers la Bénédiction apostolique.


Mercredi 10 avril 2002: Ps 79 O Seigneur, rends visite à ta vigne

10042 Lecture: (Ps 79,2-3 Ps 79,9-10 Ps 79,18-19)

1. Le Psaume que nous venons d'entendre se présente sous la forme d'une lamentation et d'une supplication de tout le peuple d'Israël. La première partie utilise un symbole biblique célèbre, le symbole du pasteur. Le Seigneur est invoqué comme "Pasteur d'Israël", celui qui "mène Joseph comme un troupeau" (Ps 79,2). Du haut de l'arche de l'alliance, entouré d'anges, le Seigneur guide son troupeau, c'est-à-dire son peuple et le protège face aux dangers.

C'est ce qu'il avait fait lors de la traversée du désert. A présent, il semble cependant absent, presque assoupi ou indifférent. Au troupeau qu'il devait guider et nourrir (cf. Ps Ps 22), il n'offre qu'un pain pétri de larmes (cf. Ps Ps 79,6). Les ennemis se moquent de ce peuple humilié et offensé; mais Dieu ne semble pas pour autant touché, il ne "se réveille" pas (Ps 79,3) et ne révèle pas sa puissance, dressée en défense des victimes de la violence et de l'oppression. L'invocation répétée de l'antienne (cf. Ps Ps 79,4 Ps Ps 79,8) cherche presque à secouer Dieu de son attitude détachée, pour faire en sorte qu'il redevienne le Pasteur qui défend son peuple.


2. Dans la deuxième partie de la prière, à la fois riche de tension et de confiance, nous trouvons un autre symbole cher à la Bible, celui de la vigne. Il s'agit d'une image aisément compréhensible, car elle appartient au paysage de la terre promise et est un signe de fécondité et de joie.

Comme l'enseigne le prophète Isaïe à travers l'une de ses plus belles images poétiques (cf. Is 5,1-7), la vigne incarne Israël. Elle illustre deux dimensions fondamentales: d'une part, parce qu'elle a été plantée par Dieu (cf. Is Is 5,2 Ps 79,9-10), la vigne représente le don, la grâce, l'amour de Dieu; de l'autre, elle requiert le travail du paysan, grâce auquel elle produit du raisin qui peut donner du vin, et elle représente donc la réponse humaine, l'engagement personnel et le fruit d'oeuvres justes.


3. A travers l'image de la vigne, le Psaume évoque les étapes principales de l'histoire juive: ses racines, l'expérience de l'exode d'Egypte, l'arrivée dans la terre promise. Sous le règne de Salomon, la vigne avait atteint la plus vaste surface qu'elle devait jamais couvrir dans toute la région palestinienne et au-delà. Elle s'étendait, en effet, des monts septentrionaux du Liban plantés de cèdres, jusqu'à la mer Méditerranée et presque jusqu'au grand fleuve Euphrate (cf. Ps Ps 79,11-12).

Mais la splendeur de cette floraison a été anéantie. Le Psaume nous rappelle que la tempête est passée sur la vigne de Dieu, c'est-à-dire qu'Israël a subi une dure épreuve, une terrible invasion qui a dévasté la terre promise. Dieu lui-même a démoli l'enclos de la vigne, comme s'il était un envahisseur, permettant ainsi qu'y fassent irruption les pillards, représentés par le sanglier, un animal considéré comme violent et impur selon les anciennes croyances. A la puissance du sanglier se sont associées toutes les bêtes sauvages, symbole d'une horde ennemie qui détruit tout (cf. Ps Ps 79,13-14).


4. C'est alors qu'un appel pressant est adressé à Dieu, afin qu'il prenne à nouveau la défense des victimes, brisant son silence: "Dieu Sabaot, reviens enfin, observe des cieux et vois, visite cette vigne" (Ps 79,15). Dieu sera encore le protecteur du cep vital de cette vigne soumise à une tempête aussi violente, en chassant tous ceux qui avaient tenté de la déraciner et de l'incendier (cf. Ps Ps 79,16-17).

A ce point, le Psaume s'ouvre à une espérance aux couleurs messianiques. En effet, dans le verset 18, le Psalmiste prie ainsi: "Ta main soit sur l'homme de ta droite, le fils d'Adam que tu as confirmé". Notre pensée se tourne peut-être avant tout vers le roi de la lignée de David qui, avec le soutien du Seigneur, viendra à la rescousse pour rétablir la liberté. Toutefois, la confiance dans le futur Messie est implicite, ce "fils de l'homme" qui sera chanté par le prophète Daniel (cf. 7, 13-14) et que Jésus assumera comme titre privilégié pour définir son oeuvre et sa personne messianique. Les Pères de l'Eglise seront mêmes unanimes en indiquant dans la vigne évoquée par le Psaume une préfiguration prophétique du Christ "vraie vigne" (Jn 15,1) et de l'Eglise.

5. Pour que le visage du Seigneur recommence à briller, il est bien sûr nécessaire qu'Israël se convertisse dans la fidélité et dans la prière au Dieu Sauveur. C'est ce que le Psalmiste exprime en affirmant: "Jamais plus nous n'irons loin de toi" (Ps 79,19).

Le Psaume 79 est donc un chant profondément marqué par la souffrance, mais également par une confiance inébranlable. Dieu est toujours disposé à "revenir" vers son peuple, mais il est également nécessaire que son peuple "revienne" à Lui dans la fidélité. Si nous nous convertissons du péché, le Seigneur se "convertira" de son intention de châtier: telle est la conviction du Psalmiste, qui trouve également écho dans nos coeurs, en les ouvrant à l'espérance.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 10 avril 2002, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français.

De France: Séminaire Notre-Dame, du diocèse de Namur; groupe d'Ursulines de l'Union romaine; groupe de pèlerins du diocèse de Vannes, avec Mgr François Mathurin Gourvès; groupe de pèlerins des diocèses de Rennes, Tours, Clermont-Ferrand; pèlerins des paroisses de Givors et Grigny; Carpentras; Valréas et Malaucène; Moulins-les-Metz; paroisse Saint-Pierre-Fourrier, de Pont-à-Mousson; paroisse Saint-Michel, d'Antibes; groupe de pèlerins de Paris, Lille, Orange, Besançon, Contres, Bertes, Olvet; de Bretagne et de Vendée; Institut catholique d'études supérieures, de La Roche-sur-Yon; Aumônerie catholique des Ecoles de Bourg-en-Bresse et Bellegarde; Aumônerie des jeunes du Gers; Aumônerie des jeunes de Martigue; Ecole Saint-Joseph, de Lectoure; Lycée Claude Bernard, de Paris; Lycée Saint-Rémy, de Roubaix; Lycée L'Espérance, de Nevers; Collège Sainte-Marie, de Clamart; Collège Saint-Gilbert, de Montceau-les-Mines; Collège Charles de Foucauld, de Lyon.

De Suisse: Paroisse Saint-Etienne, de Colombier-Bôle-Auvernier.

De Belgique: Jeunes du séminaire Notre-Dame, de Namur.

Chers frères et soeurs,

Le psaume 79 fait résonner le cri du peuple qui, au temps de l’épreuve, se tourne vers Dieu avec confiance. Il l’invoque comme le Berger d’Israël, qui guide son troupeau et le protège, mais aussi comme le Maître de la vigne. Dans la symbolique biblique, la vigne représente Israël, et les Pères, unanimes, y ont vu aussi une préfiguration prophétique du Christ et de l’Eglise: plantée par Dieu, don de son amour, signe de fécondité et de joie, la vigne requiert, pour qu’elle puisse porter du fruit, le travail et la collaboration de l’homme. La conviction du psalmiste, qui nous ouvre à l’espérance, est que Dieu ne manquera jamais de veiller sur «l’oeuvre de ses mains», pourvu que ceux qui l’invoquent reviennent à lui dans la fidélité.

J’accueille avec joie les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes du Séminaire Notre-Dame du diocèse de Namur en Belgique. Je salue aussi les pèlerins du diocèse de Vannes et leur évêque, Mgr Gourvès, un groupe d’étudiants de la Roche-sur-Yon et des jeunes des aumôneries de Bellegarde et Bourg-en-Bresse. Que le Seigneur rende fructueux votre pèlerinage et fasse grandir en vous l’amour du Seigneur ! Avec la Bénédiction apostolique.

A présent, je vous invite tous à vous unir à moi dans la prière pour implorer du Seigneur la paix en Terre Sainte. Demandons à la Sainte Vierge de vouloir intercéder, afin que les efforts mis en oeuvre par les différentes parties, pour surmonter la situation tragique dans laquelle se trouvent ces populations si éprouvées, soient couronnés de succès. Prions pour la paix en Terre Sainte, prions pour la paix en Terre Sainte!


Mercredi 17 avril 2002: Is 12 La joie du peuple racheté

17042 Lecture: (Is 12,1-4)

1. L'hymne qui vient d'être proclamé entre comme un chant de joie dans la Liturgie des Louanges. Il constitue une sorte de sceau de certaines pages du Livre d'Isaïe qui sont devenues célèbres en raison de leur interprétation messianique. Il s'agit des chapitres 6-12, généralement intitulés "Le livre de l'Emmanuel". En effet, au centre de ces oracles prophétiques domine la figure d'un souverain qui, bien qu'appartenant à la dynastie historique de David, révèle des aspects transfigurés et reçoit des titres glorieux: "Merveilleux-conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix" (Is 9,5).

La figure concrète du roi de Judée qu'Isaïe promet comme fils et successeur à Acaz, le souverain d'alors qui était bien éloigné des idéaux davidiques, est le signe d'une promesse plus élevée: celle du roi-Messie qui réalisera en plénitude le nom d'"Emmanuel", c'est-à-dire de "Dieu-avec-nous", en devenant la présence divine parfaite dans l'histoire humaine. On comprend alors facilement comment le Nouveau Testament et le christianisme ont entrevu dans ce profil royal le visage de Jésus-Christ, Fils de Dieu devenu un homme solidaire avec nous.

2. L'hymne auquel nous faisons référence (cf. Is Is 12,1-6) est considéré par les chercheurs, en raison de sa qualité littéraire et de son style général, comme une création successive à celle du prophète Isaïe, qui vécut au VIIIème siècle avant Jésus-Christ. Il s'agit presque d'une citation, d'un texte ayant la forme d'un Psaume, peut-être d'usage liturgique, qui est inséré à cet endroit pour servir de conclusion au "Livre de l'Emmanuel". En effet, il en évoque certains thèmes: le salut, la confiance, la joie, l'action divine, la présence parmi le peuple du "Saint d'Israël", une expression qui indique aussi bien la "sainteté" transcendante de Dieu que sa proximité aimante et active, sur laquelle le peuple d'Israël peut compter.

La personne qui chante a derrière elle une histoire pleine d'amertume, ressentie comme un acte du jugement divin. Mais à présent l'épreuve a cessé, la purification a eu lieu; la colère du Seigneur laisse place au sourire, à la disponibilité à sauver et à réconforter.


3. Les deux strophes de l'hymne semblent rythmer deux moments. Dans le premier (cf. Is Is 12,1-3), ouvert par l'invitation à prier: "Et tu diras en ce jour-là", la parole "salut" domine; elle est répétée trois fois et s'applique au Seigneur: "Voici le Dieu de mon salut... il a été mon salut... aux sources du salut". Rappelons, entre autres, que le nom d'Isaïe - comme celui de Jésus - contient la racine du verbe juif ylsa', qui fait allusion au "salut". L'orant possède donc la certitude inébranlable qu'à la racine de la libération et de l'espérance se trouve la grâce divine.

Il est significatif de remarquer qu'il fait une référence implicite au grand événement salvifique de l'exode de l'esclavage d'Egypte, car il cite les paroles du chant de libération entonné par Moïse: "Yahvé est ma force et mon chant" (Ex 15,2).

4. Le salut donné par Dieu, capable de faire naître la joie et la confiance également au jour sombre de l'épreuve, est représenté à travers l'image de l'eau, classique dans la Bible: "Dans l'allégresse vous puiserez de l'eau aux sources du salut" (Is 12,3). Nous revenons en esprit à l'épisode de la Samaritaine, lorsque Jésus offre la possibilité de posséder en soi une "source d'eau jaillissante en vie éternelle" (Jn 4,14).

A ce propos, Cyrille d'Alexandrie commente de façon suggestive: "Jésus appelle eau vive le don vivifiant de l'Esprit, au moyen duquel seule l'humanité, bien que complétement abandonnée, comme les troncs sur les montagnes, sèche et privée de toute espèce de vertu par les pièges du diable, est restituée à l'antique beauté de la nature... Le Sauveur appelle eau la grâce de l'Esprit Saint, et si quelqu'un se laisse saisir par lui, il trouvera en lui-même la source des enseignements divins, au point de ne plus avoir besoin des conseils des autres, et de pouvoir exhorter ceux auxquels il arrive d'avoir soif de la Parole de Dieu. Telle était la condition, lorsqu'ils se trouvaient dans cette vie et sur cette terre, des saints prophètes, des apôtres et de leurs successeurs. Il est écrit à leur sujet: Vous puiserez de l'eau avec joie aux sources du salut" (Commento al Vangelo di Giovanni II, 4, [Commentaire à l'Evangile de Jean], Rome 1994, PP 272 PP 275).

L'humanité s'éloigne malheureusement souvent de cette source qui désaltère toute la personne, comme le remarque avec amertume le prophète Jérémie: "Ils m'ont abandonné, moi la source d'eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l'eau" (Jr 2,13). Quelques pages auparavant, Isaïe avait également exalté "les eaux de Siloé qui coulent doucement", symbole du Seigneur présent à Sion, et il avait menacé du châtiment de l'inondation des "eaux du Fleuve - c'est-à-dire l'Euphrate - puissantes et abondantes" (Is 8,6-7), symbole de la puissance militaire et économique ainsi que de l'idolâtrie; des eaux qui fascinaient alors la Judée, mais qui devaient la submerger.


5. Une nouvelle invitation - "Et vous direz, en ce jour-là", ouvre la deuxième strophe (cf. Is Is 12,4-6); il s'agit d'un appel incessant à la louange joyeuse en l'honneur du Seigneur. Les injonctions à chanter se multiplient: "Louez, invoquez, annoncez, manifestez, proclamez, chantez, criez, exultez".

Au centre de la louange, il y a une unique profession de foi en Dieu sauveur, qui agit dans l'histoire et qui se trouve aux côtés de sa créature, partageant son histoire: "Yahvé a fait de grandes choses... il est grand au milieu de toi, le Saint d'Israël" (cf. Is Is 12,5 Is Is 12,6). Cette profession de foi a une fonction également missionnaire: "Annoncez aux peuples ses hauts faits.... qu'on le proclame sur toute la terre" (Is 12,4 Is 12,5). Le salut obtenu doit être témoigné au monde, de façon à ce que l'humanité tout entière accoure à ces sources de paix, de joie et de liberté.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 17 avril 2002, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Pèlerinage du diocèse de Nancy et de Toul, de Metz et de Strasbourg, avec Mgr Jean-Louis Papin; paroisse de la Sainte-Trinité, de Paris; paroisse Saint-Esprit, de La Rhune; groupe de jeunes de la région de Lyon; groupe musical "Scorff"; Institution Saint-Stanislas, d'Osny; lycée Saint-François Régis, de Montpellier; Institution des Chartreux, de Lyon; groupe de pèlerins de Nancy, de Château-Landon-Strasbourg, de Bordeaux, de La Flèche.

De Belgique: Groupe de pèlerins.

Chers Frères et Soeurs,

L’hymne que nous venons d’entendre conclut les chapitres 6 à 12 du livre d’Isaïe, le livre de l’Emmanuel. Il annonce en effet un roi aux titres glorieux, «Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix», promesse du Messie qui réalisera pleinement le nom d’«Emmanuel», «Dieu-avec-nous», parfaite présence de Dieu dans l’histoire humaine.

Le cantique chante d’abord le salut de Dieu, avec l’image de l’eau qui fait jaillir la joie et la confiance : «Vous puiserez les eaux aux sources du salut». Puis il invite à louer le Seigneur et à annoncer ses hauts faits au monde entier, pour que tous les hommes viennent puiser aux sources de la paix, de la joie, de la liberté.

Je salue les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier ceux du diocèse de Nancy venus avec leur évêque, Mgr Papin, à l’occasion du millénaire de la naissance du Pape saint Léon IX. Que la joie de Pâques fasse de vous tous des témoins audacieux du Christ ressuscité ! Je vous donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.



Mercredi 24 avril 2002: Ps 80 Invitation solennelle à renouveler l'alliance

24042 Lecture: (Ps 80,2-5 Ps 80,14 Ps 80,17)

1. "Sonnez du cor au mois nouveau, à la pleine lune, au jour de notre fête" (Ps 80,4). Ces paroles du Psaume 80, qui vient d'être proclamé, renvoient à une célébration liturgique selon le calendrier lunaire de l'antique Israël. Il est difficile de définir avec précision la festivité à laquelle le Psaume se réfère; mais il est certain que le calendrier liturgique biblique, qui est fondé sur le passage des saisons et donc sur la nature, se présente solidement ancré à l'histoire du salut et, en particulier, à l'événement capital de l'exode de l'esclavage en Egypte, relié à la pleine lune du premier mois (cf. Ex Ex 12,2 Ex Ex 12,6 Lv 23,5). En effet, c'est là que le Dieu libérateur et sauveur s'est révélé.

Comme le dit de façon poétique le verset (Ps 80,7) de notre Psaume, c'est Dieu lui-même qui a ôté des épaules du juif esclave en Egypte le panier rempli des briques nécessaires à la construction des villes de Pitom et Ramsès (cf. Ex Ex 1,11 Ex Ex 1,14). Dieu lui-même s'était placé aux côtés du peuple opprimé et, grâce à sa puissance, il avait enlevé et effacé le signe amer de l'esclavage, le panier de briques cuites au soleil, expression des travaux forcés que les fils d'Israël étaient obligés d'effectuer.


2. Suivons à présent le déroulement de ce chant de la liturgie d'Israël. Il s'ouvre par une invitation à la fête, au chant, à la musique: il est la convocation officielle de l'assemblée liturgique selon l'ancien précepte du culte, déjà utilisé en terre égyptienne lors de la célébration de la Pâque (cf. Ps 80,2-6). Après cet appel, c'est la voix du Seigneur elle-même qui s'élève à travers l'oracle du prêtre, dans le temple de Sion, et ces paroles divines occuperont tout le reste du Psaume (cf. Ps Ps 80,6-17).

Le discours développé est simple et s'articule autour de deux pôles idéaux. D'un côté, il y a le don divin de la liberté qui a été offerte à Israël, une nation opprimée et malheureuse: "Dans la détresse tu as crié, je t'ai sauvé" (v. 8). On mentionne également le soutien que le Seigneur a prêté à Israël lors de sa marche dans le désert, c'est-à-dire le don de l'eau à Meriba, dans une situation difficile et remplie d'épreuves.


3. Mais, d'autre part, le Psalmiste introduit un autre élément significatif à côté du don divin. La religion biblique n'est pas un monologue solitaire de Dieu, une action destinée à rester sans effet. Elle est, en revanche, un dialogue, une parole suivie d'une réponse, un geste d'amour qui demande une adhésion. C'est pourquoi une grande place est réservée aux invitations adressées par Dieu à Israël.

Le Seigneur l'invite tout d'abord à observer fidèlement le premier commandement, pilier de tout le Décalogue, c'est-à-dire la foi dans l'unique Seigneur et Sauveur, et à refuser les idoles (cf. Ex Ex 20,3-5). Le discours du prêtre au nom de Dieu est rythmé par le verbe "écouter", cher au livre du Deutéronome, qui exprime l'adhésion obéissante à la Loi du Sinaï et qui est un signe de la réponse d'Israël au don de la liberté. En effet, on entend répéter dans le Psaume: "Ecoute, mon peuple [..] ô Israël, si tu pouvais m'écouter! [...] Mon peuple n'a pas écouté ma voix, Israël ne s'est pas rendu à moi [...] Ah! si mon peuple m'écoutait...!" (Ps 80,9 Ps 80,12 Ps 80,14).

Ce n'est qu'à travers la fidélité dans l'écoute et dans l'obéissance que le peuple peut pleinement recevoir les dons du Seigneur. Malheureusement, Dieu doit enregistrer avec amertume les nombreuses infidélités d'Israël. Le chemin dans le désert, auquel le Psaume fait allusion, est entièrement parsemé par ces actes de rébellion et d'idolâtrie, qui atteindront leur sommet dans la représentation du veau d'or (cf. Ex Ex 32,1-14).


4. La dernière partie du Psaume (cf. Ps Ps 80,14-17) présente un ton mélancolique. En effet, Dieu y exprime un désir qui jusqu'à présent n'a pas été satisfait: "Ah! si mon peuple m'écoutait, si dans mes voies marchait Israël!" (Ps 80,14).

Cette mélancolie est cependant inspirée par l'amour et elle est liée à un vif désir de combler de biens le peuple élu. Si Israël marchait dans les voies du Seigneur, celui-ci pourrait immédiatement lui faire obtenir la victoire sur ses ennemis (cf. Ps Ps 80,15), le nourrir "de la fleur du froment" et le rassasier "avec le miel du rocher" (Ps 80,17). Ce serait un banquet joyeux de pain très frais, accompagné par le miel qui semble presque couler des rochers de la terre promise, représentant la prospérité et le bien-être absolu, comme on le répète souvent dans la Bible (cf. Dt Dt 6,3 Dt 11,9 Dt 26,9 Dt 26,15 Dt 27,3 Dt 31,20). En ouvrant cette perspective merveilleuse, le Seigneur cherche évidemment à obtenir la conversion de son peuple, une réponse d'amour sincère et effective à son amour plus que jamais généreux.

Dans la relecture chrétienne, le don divin révèle son ampleur. Origène nous offre, en effet, l'interprétation suivante: le Seigneur "les fit entrer dans la terre promise; il les nourrit non pas avec la manne du désert, mais avec le froment qui est tombé par terre (cf. Jn Jn 12,24-25), qui est ressuscité... le Christ est le froment; il est également le rocher dans le désert qui a rassasié le peuple d'Israël avec l'eau. Dans un sens spirituel, il l'a rassasié avec du miel, non pas avec de l'eau, afin que ceux qui croient, et qui recevront cette nourriture, sentent le goût du miel dans leur bouche" (Homélie sur le Psaume 80, n. 17: Origène-Jérôme, 74 Homélies sur le Livre des Psaumes, Milan 1993, PP 204-205).

5. Comme toujours dans l'histoire du salut, la dernière parole dans le cadre de l'opposition entre Dieu et le peuple pécheur n'est jamais le jugement et le châtiment, mais l'amour et le pardon. Dieu ne désire pas juger et condamner, mais sauver et libérer l'humanité du mal. Il continue à nous répéter les paroles que nous lisons dans le livre du prophète Ezéchiel: "Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre? [...] Pourquoi mourir, maison d'Israël? Je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit, oracle du Seigneur Yahvé. Convertissez-vous et vivez!" (Ez 18,23 Ez 18,31-32).

La liturgie devient le lieu privilégié où écouter l'appel divin à la conversion et revenir à l'étreinte du Dieu "de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité" (Ex 34,6).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 24 avril 2002, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe de pèlerins du diocèse de Saint-Etienne; Collège "Saint-Gilbert", de Montreau-les-Mines; Aumônerie de Barp.

Chers Frères et Soeurs,

Le Psaume 80 est la joyeuse expression liturgique de l’action de grâce du peuple d’Israël envers son Dieu, qui l’a libéré de l’esclavage en Egypte et qui l’a soutenu dans sa marche éprouvante à travers le désert. Lui faisant le don de la liberté, Dieu n’a cessé de le convier à répondre à ses appels tout au long de l’histoire, l’invitant à le reconnaître comme l’unique Seigneur, à être fidèle et à obéir à la Loi du Sinaï. Malgré les multiples rébellions du peuple élu, Dieu n’a cependant qu’un désir: le combler de biens et obtenir sa conversion. Car la parole ultime de Dieu n’est jamais le jugement ou le châtiment, mais l’amour et le pardon.

J’accueille cordialement les pèlerins francophones, en particulier les groupes de jeunes. Que Dieu, venu en son Fils sauver et libérer l’humanité du mal, soit la source de tous vos engagements de chrétiens, pour qu’en vous mettant à l’écoute de sa Parole, vous bâtissiez avec toujours plus d’ardeur son Royaume de justice et de paix ! A tous, j’accorde volontiers la Bénédiction apostolique.

A l'issue de l'Audience générale du 24 avril 2002, le Pape Jean-Paul II a lancé un appel pour la Terre Sainte qui vit toujours des heures dramatiques:

Ma pensée est toujours tournée vers la Basilique de la Nativité à Bethléem, où la communauté religieuse et de nombreuses autres personnes continuent à subir un siège qui se prolonge depuis désormais vingt-deux jours. Leur situation, déjà dramatique en raison du manque d'eau et de nourriture, s'est ultérieurement aggravée après l'interruption des lignes téléphoniques. Continuons à prier le Seigneur afin que l'on trouve finalement une solution à cette situation inhumaine et que l'on parvienne, grâce à la contribution de tous, à la paix désirée dans cette région si chère au coeur de tous les croyants. 




Catéchèses S. J-Paul II 27032