Catéchèses Benoît XVI 27126

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Mercredi 27 décembre 2006



Edifier la paix à travers notre vie, telle est l'invitation que Noël nous adresse
Chers frères et soeurs,

La rencontre d'aujourd'hui se déroule dans l'atmosphère de Noël imprégnée de la joie profonde de la naissance du Sauveur. Nous avons célébré avant-hier ce mystère, dont l'écho se répand dans la liturgie au cours de toutes ces journées. C'est un mystère de lumière que les hommes de chaque époque peuvent revivre dans la foi. Dans notre âme retentissent les paroles de l'évangéliste Jean, dont nous célébrons la fête précisément aujourd'hui: "Et Verbum caro factum est - Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous" (Jn 1,14). A Noël, donc, Dieu est venu habiter parmi nous; il est venu pour nous, pour demeurer parmi nous. Une question traverse ces deux mille ans d'histoire chrétienne: "Mais pourquoi l'a-t-il fait, pourquoi Dieu s'est-il fait homme?".

Le chant que les anges entonnèrent au-dessus de la grotte de Bethléem nous aide à répondre à cette interrogation: "Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime" (Lc 2,14). Le cantique de la nuit de Noël, entré dans le Gloria, fait désormais partie de la liturgie comme les trois autres cantiques du Nouveau Testament, qui se réfèrent à la naissance et à l'enfance de Jésus, le Benedictus, le Magnificat et le Nunc dimittis. Alors que ces derniers sont respectivement insérés dans les Laudes du matin, dans la prière du soir des Vêpres et dans la prière nocturne de Complies, le Gloria a trouvé sa place précisément dans la Messe. Dès le II siècle, plusieurs exclamations furent ajoutées aux paroles des anges: "Nous te louons, nous te bénissons, nous t'adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâce pour ton immense gloire"; et plus tard d'autres invocations: "Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, Fils du Père, qui enlève les péchés du monde...", jusqu'à formuler un air de louange harmonieux qui fut chanté pour la première fois au cours de la Messe de Noël et ensuite tous les jours de fête. Inséré au début de la célébration eucharistique, le Gloria sert à souligner la continuité qui existe entre la naissance et la mort du Christ, entre Noël et Pâques, des aspects inséparables de l'unique et même mystère de salut.

L'Evangile rapporte que la multitude des anges chantait: "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'il aime". Les anges annonçaient aux pasteurs que la naissance de Jésus "est" gloire pour Dieu au plus haut des cieux; et "est" paix sur la terre pour les hommes qu'il aime. C'est pourquoi on a l'habitude, de manière opportune, de placer ces paroles angéliques au-dessus de la grotte pour expliquer le mystère de Noël, qui s'est accompli dans la crèche. Le terme "gloire" (doxa) indique la splendeur de Dieu qui suscite la louange reconnaissante des créatures. Saint Paul dirait: c'est "la connaissance de la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ" (2Co 4,6). "Paix" (eirene) sert à synthétiser la plénitude des dons messianiques, c'est-à-dire le salut qui, comme le remarque toujours l'Apôtre, s'identifie avec le Christ lui-même: "C'est lui, le Christ, qui est notre paix" (Ep 2,14). L'on trouve enfin une référence aux hommes "de bonne volonté". Dans le langage courant, "bonne volonté" (eudokia) fait penser à la "bonne volonté" des hommes, mais ici est plutôt indiqué le "bon vouloir" de Dieu envers les hommes, qui ne connaît pas de limites. Et voilà alors le message de Noël: avec la naissance de Jésus, Dieu a manifesté son bon vouloir envers tous.

Revenons à la question: "Pourquoi Dieu s'est-il fait homme?". Saint Irénée écrit: "Le Verbe s'est fait dispensateur de la gloire du Père au bénéfice des hommes... L'homme qui vit - vivens homo - est gloire de Dieu et sa vie consiste dans la vision de Dieu" (Adv. Haer. IV, 20, 5.7). La gloire de Dieu se manifeste donc dans le salut de l'homme, que Dieu a tant aimé "qu'il a donné - comme l'affirme l'évangéliste Jean - son Fils unique, ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle" (Jn 3,16). C'est donc l'amour la raison ultime de l'incarnation du Christ. La réflexion du théologien Hans Urs von Balthasar est éloquente à ce propos, lui qui a écrit: Dieu "n'est pas, en premier lieu, une puissance absolue, mais un amour absolu dont la souveraineté ne se manifeste pas dans le fait de garder pour soi ce qui lui appartient, mais dans son abandon" (Mysterium paschale, I, 4). Le Dieu que nous contemplons dans la crèche est Dieu-Amour.

A ce point, l'annonce des anges retentit pour nous également comme une invitation: que "soit" rendue gloire à Dieu au plus haut des cieux, que "soit" édifiée la paix sur la terre parmi les hommes qu'Il aime. La seule façon de glorifier Dieu et de construire la paix dans le monde consiste dans l'humble accueil confiant du don de Noël: l'amour. Le chant des anges peut alors devenir une prière à répéter souvent, pas seulement en ce temps de Noël. Un hymne de louange à Dieu au plus haut des cieux et une fervente invocation de paix sur la terre, qui doit se traduire par un engagement concret à l'édifier à travers notre vie. Tel est l'engagement que Noël nous confie.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin. Puissiez-vous faire vôtre le chant des anges et accueillir humblement dans la confiance le don de Noël, glorifiant Dieu chaque jour de votre vie et vous engageant concrètement à être d’audacieux bâtisseurs de paix.

Mercredi 3 janvier 2007



Accueillir l'Enfant couché dans la crèche

Chers frères et soeurs,

Je vous remercie de votre affection. Je vous souhaite à tous une Bonne Année! Cette première Audience générale de la nouvelle année se déroule encore dans l'atmosphère de Noël, dans une atmosphère qui nous invite à la joie pour la naissance du Rédempteur. En venant au monde, Jésus a répandu en abondance parmi les hommes des dons de bonté, de miséricorde et d'amour. Interprétant en quelque sorte les sentiments des hommes de chaque époque, l'Apôtre Jean observe: "Voyez comme il est grand l'amour dont le Père nous a comblés: il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu" (1Jn 3,1). Celui qui s'arrête pour méditer devant le Fils de Dieu qui est couché, sans défense, dans la crèche ne peut être que surpris par cet événement humainement incroyable; il ne peut que partager l'émerveillement et l'humble abandon de la Vierge Marie, que Dieu a choisie comme Mère du Rédempteur précisément en raison de son humilité. Dans l'Enfant de Bethléem, chaque homme découvre qu'il est gratuitement aimé par Dieu; dans la lumière de Noël, se manifeste à chacun de nous la bonté infinie de Dieu. En Jésus, le Père céleste a inauguré une nouvelle relation avec nous; il a fait de nous "fils dans le même Fils". C'est précisément sur cette réalité que, au cours de ces journées, saint Jean nous invite à méditer avec la richesse et la profondeur de sa parole, dont nous avons écouté un passage.

L'Apôtre bien-aimé du Seigneur souligne que des fils, "nous le sommes" (1Jn 3,1): nous ne sommes pas seulement des créatures, mais nous sommes des fils; de cette manière, Dieu est proche de nous; de cette manière, il nous attire à lui au moment de son incarnation, en se faisant l'un de nous. Nous appartenons donc vraiment à la famille qui a Dieu comme Père, car Jésus, le Fils unique, est venu planter sa tente parmi nous, la tente de sa chair, pour rassembler toutes les nations en une unique famille, la famille de Dieu, appartenant réellement à l'Etre divin, unis en un seul peuple, une seule famille. Il est venu pour nous révéler le véritable visage du Père. Et si, à présent, nous utilisons la Parole de Dieu , il ne s'agit plus d'une réalité connue seulement de loin. Nous connaissons le visage de Dieu: c'est celui du Fils, venu pour rendre plus proches de nous, de la terre, les réalités célestes. Saint Jean remarque: "Voici à quoi se reconnaît l'amour: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés" (1Jn 4,10). A Noël, retentit dans le monde entier cette annonce simple et bouleversante: "Dieu nous aime". "Nous aimons - dit saint Jean - parce que Dieu lu-même nous a aimés le premier" (1Jn 4,19). Ce mystère est désormais confié entre nos mains pour que, en faisant l'expérience de l'amour divin, nous vivions tendus vers les réalités du ciel. Et cela, disons, est également l'exercice de ces journées: vivre réellement tendus vers Dieu, en cherchant tout d'abord le Royaume et sa justice, assurés que le reste, tout le reste nous sera donné de surcroît (cf. Mt 6,33). Le climat spirituel du temps de Noël nous aide à prendre toujours davantage conscience de cela.

La joie de Noël ne nous fait cependant pas oublier le mystère du mal (mysterium iniquitatis), le pouvoir des ténèbres qui tente d'obscurcir la splendeur de la lumière divine: et, malheureusement, nous faisons chaque jour l'expérience de ce pouvoir des ténèbres. Dans le prologue de son Evangile, plusieurs fois proclamé ces jours derniers, l'évangéliste Jean écrit: "La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée" (1, 5). C'est le drame du refus du Christ, qui, comme par le passé, se manifeste et s'exprime, aujourd'hui aussi hélas, de nombreuses manières différentes. Les formes du refus de Dieu à l'époque contemporaine sont peut-être même plus insidieuses et dangereuses: du net rejet à l'indifférence, de l'athéisme scientiste à la présentation d'un Jésus qui est défini comme modernisé ou post-modernisé. Un Jésus homme, réduit de manière différente à n'être qu'un simple homme de son temps, privé de sa divinité; ou bien un Jésus tellement idéalisé qu'il semble parfois le personnage d'un conte.

Mais Jésus, le véritable Jésus de l'histoire, est vrai Dieu et vrai Homme et il ne se lasse pas de proposer son Evangile à tous, sachant être "un signe de contradiction, pour que soient dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre", comme le prophétisa le vieux Siméon (cf. Lc 2,32-33). En réalité, seul l'Enfant qui est couché dans la crèche possède le véritable secret de la vie. C'est pour cela qu'il demande de l'accueillir, de lui laisser une place en nous, dans nos coeurs, dans nos maisons, dans nos villes et dans nos sociétés. Les paroles du prologue de Jean retentissent dans notre esprit et notre coeur: "Ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu" (1, 12). Essayons d'être parmi ceux qui l'accueillent. Face à Lui, on ne peut pas rester indifférents. Nous aussi, chers amis, nous devons sans cesse prendre position. Quelle sera donc notre réponse? Avec quelle attitude l'accueillons-nous? La simplicité des pasteurs et la quête des Mages qui, à travers l'étoile, scrutent les signes de Dieu, nous viennent en aide; la docilité de Marie et la sagesse prudente de Joseph sont pour nous un exemple. Les plus de deux mille ans d'histoire chrétienne sont remplis d'exemples d'hommes et de femmes, de jeunes et d'adultes, d'enfants et de personnes âgées qui ont cru au mystère de Noël, qui ont ouvert les bras à l'Emmanuel en devenant par leur vie des phares de lumière et d'espérance. L'amour que Jésus, en naissant à Bethléem, a apporté dans le monde, lie à lui ceux qui l'accueillent dans un rapport durable d'amitié et de fraternité. Saint Jean de la Croix affirme: "Dieu, en nous donnant tout, c'est-à-dire son Fils, a désormais tout dit en Lui. Fixe les yeux sur Lui seul... et tu y trouveras même davantage que ce que tu demandes et désires" (Montée au Mont Carmel, Livre I, Ep 22, 4-5).

Chers frères et soeurs, au début de cette nouvelle année, ravivons en nous l'engagement d'ouvrir notre esprit et notre coeur au Christ, en lui manifestant sincèrement la volonté de vivre en étant véritablement ses amis. Nous deviendrons ainsi des collaborateurs de son projet de salut et des témoins de cette joie qu'Il nous donne pour que nous la diffusions en abondance autour de nous. Que Marie nous aide à ouvrir notre coeur à l'Emmanuel, qui a assumé notre chair fragile et pauvre pour partager avec nous le chemin difficile de la vie terrestre. Toutefois, en compagnie de Jésus, ce chemin difficile devient un chemin de joie. Allons avec Jésus, marchons avec Lui, et ainsi l'année nouvelle sera une année heureuse et bonne.
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les séminaristes du diocèse de Paris accompagnés par leur Archevêque, Mgr André Vingt-Trois. Ouvrez vos coeurs à l’Enfant de Bethléem ! Il est le Sauveur du monde. Portez sa joie à tous ceux qui l’attendent.


Mercredi 10 janvier 2007: Etienne, le Protomartyr

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Chers frères et soeurs,

Après la période des fêtes, nous revenons à nos catéchèses. J'avais médité avec vous sur les figures des douze Apôtres et de saint Paul. Puis nous avons commencé à réfléchir sur les autres figures de l'Eglise naissante et ainsi, nous voulons aujourd'hui nous arrêter sur la figure de saint Etienne, fêté par l'Eglise le lendemain de Noël. Saint Etienne est le plus représentatif d'un groupe de sept compagnons. La tradition voit dans ce groupe la semence du futur ministère des "diacres", même s'il faut souligner que cette dénomination est absente dans le Livre des Actes. L'importance d'Etienne découle dans tous les cas du fait que Luc, dans son livre important, lui consacre deux chapitres entiers.

Le récit de Luc part de la constatation d'une sous-division établie au sein de l'Eglise primitive de Jérusalem: celle-ci était certes entièrement composée de chrétiens d'origine juive, mais certains d'entre eux étaient originaires de la terre d'Israël et étaient appelés "Hébreux", tandis que d'autres de foi juive vétérotestamentaire provenaient de la diaspora de langue grecque et étaient appelés "Hellénistes". Voici le problème qui se présentait: les plus démunis parmi les hellénistes, en particulier les veuves dépourvues de tout soutien social, couraient le risque d'être négligés dans l'assistance au service quotidien. Pour remédier à cette difficulté, les Apôtres, se réservant la prière et le ministère de la Parole comme devoir central propre, décidèrent de charger "sept hommes de bonne réputation, remplis de l'Esprit et de sagesse" afin d'accomplir le devoir de l'assistance (
Ac 6,2-4), c'est-à-dire du service social caritatif. Dans ce but, comme l'écrit Luc, sur l'invitation des Apôtres, les disciples élirent sept hommes. Nous connaissons également leurs noms. Il s'agit de: "Etienne, homme rempli de foi et de l'Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas prosélyte d'Antioche. On les présenta aux Apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains" (Ac 6,5-6).

Le geste de l'imposition des mains peut avoir diverses significations. Dans l'Ancien Testament, ce geste a surtout la signification de transmettre une charge importante, comme le fit Moïse avec Josué (cf. Mb 27, 18-23), désignant ainsi son successeur. Dans ce sillage, l'Eglise d'Antioche utilisera également ce geste pour envoyer Paul et Barnabé en mission aux peuples du monde (cf. Ac 13,3). C'est à une imposition analogue des mains sur Timothée, pour lui transmettre une fonction officielle, que font référence les deux Epîtres de Paul qui lui sont adressées (cf. 1Tm 4,14 2Tm 1,6). Le fait qu'il s'agisse d'une action importante, devant être accomplie avec discernement, se déduit de ce que l'on lit dans la Première Epître à Timothée: "Ne te hâte pas d'imposer les mains à qui que ce soit. Ne te fais pas complice des péchés d'autrui" (5, 22). Nous voyons donc que le geste d'imposition des mains se développe dans la lignée d'un signe sacramentel. Dans le cas d'Etienne et de ses compagnons, il s'agit certainement de la transmission officielle, de la part des Apôtres, d'une charge et, dans le même temps, d'une façon d'implorer la grâce de Dieu pour qu'ils l'exercent.

La chose la plus importante à souligner est que, outre les services caritatifs, Etienne accomplit également une tâche d'évangélisation à l'égard de ses compatriotes, de ceux qu'on appelle "hellénistes", Luc insiste en effet sur le fait que celui-ci, "plein de grâce et de puissance" (Ac 6,8), présente au nom de Jésus une nouvelle interprétation de Moïse et de la Loi même de Dieu, il relit l'Ancien Testament à la lumière de l'annonce de la mort et de la résurrection de Jésus. Cette relecture de l'Ancien Testament, une relecture christologique, provoque les réactions des Juifs qui perçoivent ses paroles comme un blasphème (cf. Ac 6,11-14). C'est pour cette raison qu'il est condamné à la lapidation. Et saint Luc nous transmet le dernier discours du saint, une synthèse de sa prédication. Comme Jésus avait montré aux disciples d'Emmaüs que tout l'Ancien Testament parle de lui, de sa croix et de sa résurrection, de même saint Etienne, suivant l'enseignement de Jésus, lit tout l'Ancien Testament d'un point de vue christologique. Il démontre que le mystère de la Croix se trouve au centre de l'histoire du salut raconté dans l'Ancien Testament, il montre que réellement Jésus, le crucifié et le ressuscité, est le point d'arrivée de toute cette histoire. Et il démontre donc également que le culte du temple est fini et que Jésus, le ressuscité, est le nouveau et véritable "temple". C'est précisément ce "non" au temple et à son culte qui provoque la condamnation de saint Etienne, qui, à ce moment-là - nous dit saint Luc -, fixant les yeux vers le ciel vit la gloire de Dieu et Jésus qui se trouvait à sa droite. Et voyant le ciel, Dieu et Jésus, saint Etienne dit: "Voici que je contemple les cieux ouverts: le Fils de l'homme est debout à la droite de Dieu" (Ac 7,56). Suit alors son martyre, qui, de fait, est modelé sur la passion de Jésus lui-même, dans la mesure où il remet au "Seigneur Jésus" son esprit et qu'il prie pour que les péchés de ses meurtriers ne leur soient pas imputés (cf. Ac 7,59-60).

Le lieu du martyre de saint Etienne à Jérusalem est traditionnellement situé un peu à l'extérieur de la Porte de Damas, au nord, où s'élève à présent précisément l'église Saint-Etienne, à côté de la célèbre Ecole Biblique des Dominicains. La mort d'Etienne, premier martyr du Christ, fut suivie par une persécution locale contre les disciples de Jésus (cf. Ac 8,1), la première qui ait eu lieu dans l'histoire de l'Eglise. Celle-ci constitua l'occasion concrète qui poussa le groupe des chrétiens juifs d'origine grecque à fuir de Jérusalem et à se disperser. Chassés de Jérusalem, ils se transformèrent en missionnaires itinérants: "Ceux qui s'étaient dispersés allèrent répandre partout la Bonne Nouvelle de la Parole" (Ac 8,4). La persécution et la dispersion qui s'ensuit deviennent mission. L'Evangile se diffusa ainsi en Samarie, en Phénicie et en Syrie, jusqu'à la grande ville d'Antioche, où selon Luc il fut annoncé pour la première fois également aux païens (cf. Ac 11,19-20) et où retentit aussi pour la première fois le nom de "chrétiens" (Ac 11,26).

Luc note en particulier que les lapidateurs d'Etienne "avaient mis leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul" (Ac 7,58), le même qui, de persécuteur, deviendra un éminent apôtre de l'Evangile. Cela signifie que le jeune Saul devait avoir entendu la prédication d'Etienne, et qu'il connaissait donc ses contenus principaux. Et saint Paul était probablement parmi ceux qui, suivant et entendant ce discours, "s'exaspéraient contre lui, et grinçaient des dents" (Ac 7,54). Et nous pouvons alors voir les merveilles de la Providence divine. Saul, adversaire acharné de la vision d'Etienne, après sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, reprend la lecture christologique de l'Ancien Testament effectuée par le Protomartyre, il l'approfondit et la complète, et devient ainsi l'"Apôtre des Nations". La Loi est accomplie, ainsi enseigne-t-il, dans la Croix du Christ. Et la foi en Christ, la communion avec l'amour du Christ est le véritable accomplissement de toute la Loi. Tel est le contenu de la prédication de Paul. Il démontre ainsi que le Dieu d'Abraham devient le Dieu de tous. Et tous les croyants en Jésus Christ, en tant que fils d'Abraham, participent de ses promesses. Dans la mission de saint Paul s'accomplit la vision d'Etienne.

L'histoire d'Etienne nous dit beaucoup de choses. Par exemple, elle nous enseigne qu'il ne faut jamais dissocier l'engagement social de la charité de l'annonce courageuse de la foi. Il était l'un des sept, chargé en particulier de la charité. Mais il n'était pas possible de dissocier la charité et l'annonce. Ainsi, avec la charité, il annonce le Christ crucifié, jusqu'au point d'accepter également le martyre. Telle est la première leçon que nous pouvons apprendre de la figure de saint Etienne: charité et annonce vont toujours de pair. Saint Etienne nous parle surtout du Christ, du Christ crucifié et ressuscité comme centre de l'histoire et de notre vie. Nous pouvons comprendre que la Croix reste toujours centrale dans la vie de l'Eglise et également dans notre vie personnelle. Dans l'histoire de l'Eglise ne manquera jamais la passion, la persécution. Et c'est précisément la persécution qui, selon la célèbre phrase de Tertullien, devient une source de mission pour les nouveaux chrétiens. Je cite ses paroles: "Nous nous multiplions à chaque fois que nous sommes moissonnés par vous: le sang des chrétiens est une semence" (Apologetico 50, 13: Plures efficimur quoties metimur a vobis: semen est sanguis christianorum). Mais dans notre vie aussi la croix, qui ne manquera jamais, devient bénédiction. Et en acceptant la croix, en sachant qu'elle devient et qu'elle est une bénédiction, nous apprenons la joie du chrétien également dans les moments de difficulté. La valeur du témoignage est irremplaçable, car c'est à lui que conduit l'Evangile et c'est de lui que se nourrit l'Eglise. Que saint Etienne nous enseigne à tirer profit de ces leçons, qu'il nous enseigne à aimer la Croix, car elle est le chemin sur lequel le Christ arrive toujours à nouveau parmi nous.
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Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones venus à cette audience. Je salue particulièrement les diacres du séminaire de Lille. Puissiez-vous, à l’exemple de saint Étienne, être d’ardents témoins de l’Évangile par votre engagement concret au service de vos frères et par l’annonce courageuse de la foi en Jésus. Que Dieu vous bénisse !




Mercredi 17 janvier 2007: Semaine de prière pour l'unité des chrétiens

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Chers frères et soeurs!

Demain commence la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, que je conclurai personnellement dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, le 25 janvier prochain, avec la célébration des Vêpres, auxquelles sont invités également les représentants des autres Eglises et Communautés ecclésiales de Rome. Les journées du 18 au 25 janvier et, dans d'autres parties du monde, la semaine autour de la Pentecôte - sont un temps fort d'engagement et de prière de la part de tous les chrétiens, qui peuvent se servir des documents élaborés conjointement par le Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens et par la Commission "Foi et Constitution" du Conseil oecuménique des Eglises. J'ai pu me rendre compte à quel point le désir de l'unité est ressenti à l'occasion des rencontres que j'ai eues avec les divers représentants d'Eglises et de Communautés ecclésiales au cours de ces années et, de manière très émouvante, lors de la récente visite au Patriarche oecuménique Bartholomaios I, à Istanbul en Turquie. Mercredi prochain, je reviendrai plus longuement sur ces expériences, ainsi que sur d'autres, qui ont ouvert mon coeur à l'espérance. Le chemin de l'unité reste assurément long et difficile; il ne faut toutefois pas se décourager et continuer à le parcourir en comptant tout d'abord sur le soutien sûr de Celui qui, avant de partir pour le ciel, a promis aux siens: "Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20). L'unité est un don de Dieu et le fruit de l'attention de son Esprit. C'est pourquoi il est important de prier. Plus nous nous rapprochons du Christ en nous convertissant à son amour, plus nous nous rapprochons également les uns des autres.

Dans certains pays, dont l'Italie, la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens est précédée par la Journée de réflexion judéo-chrétienne, que l'on célèbre précisément aujourd'hui, 17 janvier. Depuis désormais deux décennies, la Conférence épiscopale italienne consacre cette Journée au judaïsme, dans le but de promouvoir la connaissance et l'estime mutuelles et pour accroître la relation d'amitié réciproque entre la communauté chrétienne et la communauté juive, une relation qui s'est développée de manière positive après le Concile Vatican II et après la visite historique du Serviteur de Dieu Jean-Paul II à la Grande Synagogue de Rome. Pour croître et être fructueuse, l'amitié judéo-chrétienne doit elle aussi se fonder sur la prière. Je vous invite donc tous à adresser aujourd'hui une invocation insistante au Seigneur, afin que les juifs et les chrétiens se respectent, s'estiment et collaborent ensemble en vue de la justice et de la paix dans le monde.

Cette année, le thème biblique proposé à la réflexion et à la prière communes au cours de cette "Semaine" est: "Il fait entendre les sourds et parler les muets" (
Mc 7,31-37). Il s'agit de paroles tirées de l'Evangile de Marc et elles se réfèrent à la guérison d'un sourd-muet par Jésus. Dans ce bref épisode, l'évangéliste rapporte que le Seigneur, après lui avoir mis les doigts dans les oreilles et après avoir touché la langue du sourd-muet avec de la salive, accomplit le miracle en disant: "Effata", qui signifie "Ouvre-toi!". Ayant retrouvé l'ouïe et récupéré le don de la parole, cet homme suscita l'admiration des autres en racontant ce qui lui était arrivé. Chaque chrétien, spirituellement sourd et muet en raison du péché originel, reçoit avec le Baptême le don du Seigneur qui met ses doigts sur son visage, et ainsi, à travers la grâce du Baptême, devient capable d'écouter la parole de Dieu et de la proclamer à ses frères. Plus encore, à partir de ce moment, sa tâche est de grandir dans la connaissance et dans l'amour du Christ, de manière à annoncer et à témoigner efficacement l'Evangile.

Ce thème, mettant en lumière deux aspects de la mission de chaque communauté chrétienne - l'annonce de l'Evangile et le témoignage de la charité - souligne également à quel point il est important de traduire le message du Christ en initiatives concrètes de solidarité. Cela favorise le chemin de l'unité, car l'on peut dire que chaque soulagement, aussi petit soit-il, que les chrétiens apportent ensemble à la souffrance du prochain, contribue à rendre plus visible également leur communion et leur fidélité au commandement du Seigneur. La prière pour l'unité des chrétiens ne peut toutefois pas se limiter à une semaine par an. L'invocation unanime au Seigneur pour que ce soit Lui qui réalise, selon les temps et les façons que Lui seul connaît, la pleine unité de tous ses disciples doit s'étendre à chaque jour de l'année. En outre, l'harmonie d'intentions dans la diaconie pour soulager les souffrances de l'homme, la recherche de la vérité du message du Christ, la conversion et la pénitence, constituent des étapes obligatoires à travers lesquelles chaque chrétien digne de ce nom doit s'unir à son frère pour implorer le don de l'unité et de la communion. Je vous exhorte donc à passer ces journées dans un climat d'écoute priante de l'Esprit de Dieu, afin que l'on accomplisse des pas significatifs sur la voie de la communion pleine et parfaite entre tous les disciples du Christ. Que Marie, que nous invoquons comme Mère de l'Eglise et soutien de tous les chrétiens, soutien de notre chemin vers le Christ, nous obtienne cela.
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Je salue avec joie les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier les responsables de la famille Cor Unum. Soyez tous les témoins de la Bonne Nouvelle dont notre monde a besoin!



Mercredi 24 janvier 2007: Semaine de prière pour l'unité des chrétiens

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Chers frères et soeurs,

Demain se termine la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, qui cette année, a pour thème les paroles de l'Evangile de Marc: "Il fait entendre les sourds et parler les muets" (cf.
Mc 7,31-37). Nous pourrions nous aussi répéter ces paroles qui expriment l'admiration des personnes face à la guérison d'un sourd-muet accomplie par Jésus, en voyant la merveilleuse fécondité de l'engagement pour la recomposition de l'unité des chrétiens. En reparcourant le chemin de ces quarante dernières années, il est surprenant de voir comment le Seigneur nous a réveillés de la torpeur de l'autosuffisance et de l'indifférence; comment il nous rend toujours plus capables de "nous écouter" et pas seulement de "nous entendre"; comment il a délié notre langue, de façon à ce que la prière, que nous élevons vers Lui, ait plus de force de conviction pour le monde. Oui, cela est vrai, le Seigneur nous a accordé de nombreuses grâces et la lumière de son Esprit a éclairé de nombreux témoins. Ils ont démontré que l'on peut tout obtenir en priant, lorsque l'on sait obéir avec confiance et humilité au commandement divin de l'amour et adhérer à l'aspiration du Christ pour l'unité de tous ses disciples.

"Le souci de réaliser l'union - affirme le Concile - concerne l'Eglise tout entière, les fidèles autant que les pasteurs, et touche chacun selon ses possibilités, aussi bien dans la vie quotidienne que dans les recherches théologiques et historiques" (Unitatis redintegratio UR 5). Le premier devoir commun est celui de la prière. En priant, et en priant ensemble, les chrétiens deviennent plus conscients de leur état de frères, même s'ils sont encore divisés; et, en priant, nous apprenons mieux à écouter le Seigneur, car ce n'est qu'en écoutant le Seigneur et en suivant sa voix que nous pouvons trouver le chemin de l'unité.

L'oecuménisme est assurément un processus lent, parfois peut-être même décourageant lorsque l'on cède à la tentation d'"entendre" et non pas d'"écouter", de parler à demi-mot, au lieu de proclamer avec courage. Il n'est pas facile d'abandonner une "surdité commode", comme si l'Evangile immuable n'avait pas la capacité de refleurir, en se réaffirmant comme un levain providentiel de conversion et de renouveau spirituel pour chacun de nous. L'oecuménisme - ai-je dit - est un processus lent, c'est un chemin lent et ascensionnel, comme chaque chemin de repentir. C'est cependant un chemin qui, après les difficultés initiales et précisément dans celles-ci, présente également de vastes espaces de joie, des haltes rafraîchissantes, et qui permet de temps en temps de respirer à pleins poumons l'air très pur de la pleine communion.

L'expérience de ces dernières décennies, après le Concile Vatican II, démontre que la recherche de l'unité entre les chrétiens s'accomplit à divers niveaux et en d'innombrables circonstances: dans les paroisses, dans les hôpitaux, dans les contacts entre les personnes, dans la collaboration entre les communautés locales partout dans le monde, et en particulier dans les régions où accomplir un geste de bonne volonté à l'égard de son frère demande un grand effort et également une purification de la mémoire. C'est dans ce contexte d'espérance, constellé par des pas concrets vers la pleine communion des chrétiens, que s'inscrivent également les rencontres et les événements qui marquent constamment mon ministère, le ministère de l'Evêque de Rome, Pasteur de l'Eglise universelle. Je voudrais à présent reparcourir les événements les plus significatifs qui se sont déroulés en 2006, et qui ont été motif de joie et de gratitude envers le Seigneur.

L'année a commencé par la visite officielle de l'Alliance mondiale des Eglises réformées. La commission internationale catholique réformée a confié à la considération des autorités respectives un document qui conclut un processus de dialogue commencé en 1970, qui s'est donc poursuivi pendant plus de trente six ans; et ce document porte le titre suivant: "L'Eglise comme Communauté de témoignage commun au Royaume de Dieu". Le 25 janvier 2006 - il y a donc un an - à la solennelle conclusion de la "Semaine de prière pour l'unité des chrétiens" ont pris part, dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, les délégués pour l'oecuménisme d'Europe, convoqués ensemble par le Conseil des Conférences épiscopales d'Europe et par la Conférence des Eglises européennes pour la première étape de rapprochement vers la troisième Assemblée oecuménique d'Europe, qui se tiendra en terre orthodoxe, à Sibiu, en septembre de cette année 2007. A l'occasion des audiences du mercredi, j'ai pu recevoir les délégations de l'Alliance baptiste mondiale et de l'Evangelical Lutheran Church d'Amérique, qui reste fidèle à ses visites périodiques à Rome. En outre, j'ai eu l'occasion de rencontrer les hiérarques de l'Eglise orthodoxe de Géorgie, que je suis avec affection, poursuivant ce lien amical qui unissait Sa Sainteté Ilia II à mon vénéré Prédécesseur le Serviteur de Dieu le Pape Jean-Paul II.

En poursuivant cette chronique des rencontres oecuméniques de l'an dernier, j'en arrive au "Sommet des Chefs religieux", qui s'est tenu à Moscou en juillet 2006, le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II, ayant sollicité, à travers un message particulier, l'adhésion du Saint-Siège. La visite du Métropolite Kirill du Patriarcat de Moscou, qui a montré l'intention de parvenir à une normalisation plus explicite de nos relations bilatérales, a également été utile. La rencontre des prêtres et des étudiants du Collège de la Diakonia Apostolica du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe de Grèce a, de même, été appréciée. J'ai aussi plaisir à rappeler que lors de son Assemblée générale à Porto Alegre, le Conseil oecuménique des Eglises a réservé une grande place à la participation catholique. J'ai également voulu faire parvenir un message au rassemblement général de la Conférence mondiale méthodiste à Séoul. Je rappelle, en outre, avec plaisir la visite cordiale des Secrétaires des Christian World Communions, organisation d'information et de contact réciproque entre les diverses Confessions.

Et, poursuivant notre chronique de l'année 2006, nous arrivons à la visite officielle de l'Archevêque de Canterbury et Primat de la Communion anglicane du mois de novembre dernier. Dans la chapelle Redemptoris Mater du Palais apostolique, j'ai partagé avec lui et avec sa suite un moment significatif de prière. Puis, en ce qui concerne l'inoubliable voyage en Turquie et la rencontre avec Sa Sainteté Bartholomaios I, je désire rappeler les nombreux gestes plus éloquents que les paroles. Je saisis l'occasion pour saluer une fois de plus Sa Sainteté Bartholomaios I et le remercier de la lettre qu'il m'a écrite à mon retour à Rome; je l'assure de ma prière et de mon engagement en vue d'oeuvrer afin que l'on tire les conséquences de ce baiser de paix que nous nous sommes donné au cours de la Divine Liturgie dans l'église Saint-Georges au Phanar. L'année s'est conclue par la visite officielle à Rome de l'Archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, Sa Béatitude Christodoulos, avec lequel nous avons échangé des dons importants: les icônes de la Panaghia, la Toute Sainte, et celle des saints Pierre et Paul qui s'embrassent.

Ne s'agit-il pas de moments d'une très haute valeur spirituelle, des moments de joie, de souffle dans cette lente montée vers l'unité dont j'ai parlé? Ces moments mettent en lumière l'engagement - souvent silencieux mais fort - qui nous réunit dans la recherche de l'unité. Ceux-ci nous encouragent à faire tous les efforts possibles pour poursuivre cette montée lente, mais importante. Nous nous confions à l'intercession constante de la Mère de Dieu et de nos saints protecteurs, afin qu'ils nous soutiennent et qu'ils nous aident à ne pas abandonner nos bonnes intentions; afin qu'ils nous encouragent à intensifier chaque effort, en priant et en oeuvrant avec confiance, certains que l'Esprit Saint fera tout le reste. Il nous donnera l'unité complète de la manière et au moment où il le voudra. Et, forts de cette certitude, nous allons de l'avant sur ce chemin de foi, d'espérance et de charité. Le Seigneur nous guide.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier les jeunes du collège «Gerson» et de l’école «Rocroy-Saint Léon», de Paris. Soyez des artisans de paix et d’unité, fidèles à la volonté du Seigneur et soucieux de devenir d’audacieux témoins de l’Évangile.




Catéchèses Benoît XVI 27126