Angelus Benoit XVI 7069

Dimanche 7 juin 2009 Solennité de la Très Sainte Trinité - Place Saint Pierre

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Chers frères et soeurs!


Après le temps pascal, dont le point culminant a été la fête de la Pentecôte, la liturgie prévoit ces trois solennités du Seigneur: aujourd'hui, la Très Sainte Trinité; jeudi prochain, la fête du Corpus Domini, la Fête-Dieu qui, dans de nombreux pays dont l'Italie, sera célébrée dimanche prochain; et enfin, le vendredi suivant, la fête du Sacré Coeur de Jésus. Chacune de ces fêtes liturgiques met en évidence une perspective à partir de laquelle on peut embrasser l'ensemble du mystère de la foi chrétienne: respectivement, la réalité de Dieu Un et Trine, le Sacrement de l'Eucharistie et le centre divin-humain de la Personne du Christ. Ce sont en vérité des aspects de l'unique mystère du salut qui, d'une certaine manière, résument tout l'itinéraire de la révélation de Jésus, de l'incarnation à la mort et à la résurrection, jusqu'à l'ascension et au don de l'Esprit Saint.

Aujourd'hui, nous contemplons la Très Sainte Trinité telle que Jésus nous l'a fait connaître. Il nous a révélé que Dieu est amour "non dans l'unité d'une seule personne, mais dans la Trinité d'une seule substance" (Préface): il est Créateur et Père miséricordieux; il est Fils Unique, Sagesse éternelle incarnée, mort et ressuscité pour nous; il est enfin Esprit Saint qui conduit tout, l'univers et l'histoire, vers la pleine récapitulation finale. Trois Personnes qui sont un seul Dieu parce que le Père est amour, le Fils est amour, l'Esprit est amour. Dieu est tout et uniquement amour, amour très pur, infini et éternel. Il ne vit pas dans une splendide solitude, mais il est plutôt source intarissable de vie qui se donne et se transmet sans cesse. Nous pouvons dans une certaine mesure le deviner en observant aussi bien le macro-univers: notre terre, les planètes, les étoiles, les galaxies; que le micro-univers: les cellules, les atomes, les particules élémentaires. Sur tout ce qui existe est en quelque sorte imprimé le "nom" de la Très Sainte Trinité, car tout l'être, jusqu'à la dernière particule, est être en relation, et ainsi transparaît le Dieu-relation, et en définitive l'Amour créateur. Tout provient de l'amour, tend vers l'amour et avance poussé par l'amour, naturellement avec des degrés divers de conscience et de liberté. "O Seigneur, notre Seigneur, qu'il est puissant ton nom par toute la terre!" (
Ps 8,2) s'exclame le psalmiste. En parlant du "nom", la Bible indique Dieu lui-même, son identité la plus authentique; une identité qui resplendit sur toute la création, où chaque être, en vertu du fait même de s'y trouver et du "tissu" dont il est fait, fait référence à un Principe transcendant, à la Vie éternelle et infinie qui se donne, en un mot: à l'Amour. "C'est en [lui] en effet que nous avons la vie - dit saint Paul dans l'Aréopage d'Athènes -, le mouvement et l'être" (cf. Ac Ac 17,28). La preuve la plus éloquente que nous sommes faits à l'image de la Trinité est la suivante: seul l'amour nous rend heureux, car nous vivons en relation, et nous vivons pour aimer et être aimés. Reprenant une analogie suggérée par la biologie, nous pourrions dire que l'être humain porte dans son propre "génome" l'empreinte profonde de la Trinité, de Dieu-Amour.

A travers sa docile humilité, la Vierge Marie s'est faite servante de l'Amour divin: elle a accueilli la volonté du Père et a conçu le Fils par l'oeuvre de l'Esprit Saint. En Elle, le Tout-puissant s'est construit un temple digne de Lui, et il en a fait le modèle et l'image de l'Eglise, mystère et maison de communion pour tous les hommes. Que Marie, miroir de la Très Sainte Trinité, nous aide à grandir dans la foi dans le mystère trinitaire.

A l'issue de l'Angelus

Rassemblés pour la prière de l'Angelus, en ce dimanche de la Sainte Trinité, je suis particulièrement heureux de vous saluer, chers pèlerins francophones. Aujourd'hui encore, l'Eglise nous demande de contempler Dieu dans son mystère d'Amour. Il est Père, Fils et Esprit. A la suite de Marie, je vous convie à vivre cet amour trinitaire afin d'en être ses témoins dans notre monde qui en a tant besoin. En ce mois de juin, je vous invite également à prier pour ceux qui vont être ordonnés prêtres ou diacres, ainsi que pour les séminaristes et pour leurs formateurs. Avec ma Bénédiction apostolique.

230 Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint Pierre

Dimanche 14 juin 2009



Chers frères et soeurs!

On célèbre aujourd'hui dans différents pays, dont l'Italie, le Corpus Domini, la fête de l'Eucharistie, au cours de laquelle le Sacrement du Corps du Seigneur est solennellement porté en procession. Que signifie pour nous cette fête? Elle ne fait pas seulement penser à l'aspect liturgique: en réalité, le Corpus Domini, est un jour qui possède une dimension universelle, le ciel et la terre. Il évoque avant tout - au moins dans notre hémisphère - cette saison si belle et parfumée où le printemps se transforme en été, où le soleil brille fort dans le ciel et où dans les champs mûrit le blé. Les fêtes de l'Eglise, comme les fêtes juives, sont liées au rythme du soleil, des semences et de la moisson. Cela ressort en particulier de la solennité d'aujourd'hui, au centre de laquelle se trouve le signe du pain, fruit de la terre et du ciel. C'est pourquoi le pain eucharistique est le signe visible de Celui en qui ciel et terre, Dieu et homme, sont devenus un. Et cela montre que le rapport avec les saisons n'est pas quelque chose de purement extérieur pour l'année liturgique.

La solennité du Corpus Domini est intimement liée à Pâques et à la Pentecôte: la mort et la résurrection de Jésus et l'effusion de l'Esprit Saint en sont les présupposés. Elle est, en outre, immédiatement liée à la fête de la Trinité, célébrée dimanche dernier. C'est seulement parce que Dieu lui-même est relation qu'il peut y avoir avec Lui un rapport; et c'est seulement parce qu'il est amour qu'il peut aimer et être aimé. Ainsi, le Corpus Domini est une manifestation de Dieu, une preuve attestant que Dieu est amour. Cette fête nous parle de l'amour divin d'une façon unique et particulière, de ce qu'il est et de ce qu'il fait. On dit, par exemple, qu'il se régénère en se donnant, qu'il se reçoit en se donnant, qu'il ne vient pas à manquer et qu'il ne se consume pas - comme le chante l'hymne de saint Thomas d'Aquin: "nec sumptus consumitur". L'amour transforme toute chose, et l'on comprend donc qu'aujourd'hui, au centre de la fête du Corpus Domini, il y a le mystère de la transsubstantiation, signe de Jésus Christ, qui transforme le monde. En le regardant, en l'adorant, nous disons: Oui, l'amour existe, et puisqu'il existe, les choses peuvent changer, en mieux, et nous pouvons espérer. C'est l'espérance qui vient de l'amour du Christ qui nous donne la force de vivre et d'affronter les difficultés. C'est pourquoi nous chantons, tout en portant le Saint-Sacrement en procession; nous chantons et nous louons Dieu qui s'est révélé en se cachant sous le signe du pain rompu. Nous avons tous besoin de ce pain, parce que le chemin vers la liberté, la justice et la paix est long et difficile.

Nous pouvons imaginer avec quelle foi et quel amour, la Vierge a reçu et adoré dans son coeur la sainte Eucharistie! A chaque fois, c'était pour elle comme revivre tout le mystère de son Fils Jésus: de sa conception à sa résurrection. "Femme eucharistique", c'est ainsi que mon vénéré et bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II l'a appelée. Apprenons d'Elle à renouveler continuellement notre communion avec le Corps du Christ pour nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés.

Au terme de l'Angelus

Du 24 au 26 de ce mois se tiendra à New York la conférence des Nations unies sur la crise économique et financière et son impact sur le développement. J'invoque sur les participants à cette conférence, et sur les responsables du bien public et du destin de la planète, l'esprit de sagesse et de solidarité humaine afin que la crise économique et financière actuelle se transforme en occasion capable de favoriser une plus grande attention à la dignité de chaque personne humaine et de promouvoir une distribution équitable du pouvoir de décision et des ressources, avec une attention particulière au nombre de pauvres, hélas, toujours croissant.

Vendredi prochain, en la solennité du Sacré Coeur de Jésus, Journée de la sanctification sacerdotale, s'ouvrira l'Année sacerdotale, que j'ai voulue, à l'occasion du 150 anniversaire de la mort du saint curé d'Ars. Je confie à vos prières cette nouvelle initiative spirituelle qui suivra l'année paulinienne, parvenue désormais à sa conclusion. Puisse cette nouvelle année jubilaire constituer une occasion propice pour approfondir la valeur et l'importance de la mission sacerdotale et pour demander au Seigneur de faire don à son Eglise de nombreux et saints prêtres.

En ce jour où, en Italie et dans de nombreuses autres nations, on célèbre la fête du Corpus Domini, "Pain de la vie", comme je viens de le mentionner, je désire rappeler en particulier les centaines de milliers de personnes qui souffrent de la faim. Il s'agit d'une réalité absolument inacceptable, que l'on a du mal à réduire en dépit des efforts de ces dernières décennies. Je souhaite donc qu'à l'occasion de la prochaine conférence de l'ONU, et qu'au siège des institutions internationales, on prenne des mesures partagées par toute la communauté internationale et que l'on fasse les choix stratégiques, parfois difficiles à accepter, qui sont nécessaires pour assurer à tous, aujourd'hui et à l'avenir, la nourriture fondamentale et une vie digne.

231 Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones. En ce dimanche, de nombreux pays célèbrent la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Ce don que le Seigneur fait de lui-même pour la vie du monde est la source de tout amour. C'est un précieux héritage que nous sommes invités à accueillir pour en vivre nous-mêmes. Prenez le temps de le recevoir avec ferveur comme un trésor et d'y adorer le Christ réellement présent. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



VISITE PASTORALE À SAN GIOVANNI ROTONDO



Parvis de l'église de San Pio da Pietrelcina

Dimanche 21 juin 2009



Chers frères et soeurs,

Au terme de cette célébration solennelle, je vous invite à réciter avec moi - comme chaque dimanche - la prière mariale de l'Angelus. Mais ici, dans le sanctuaire de saint Pio da Pietrelcina, il nous semble entendre sa voix, qui nous exhorte à nous adresser à la Sainte Vierge avec un coeur d'enfant: "Aimez la Vierge et faites-la aimer". C'est ce qu'il répétait à tous, et plus que les mots, c'est le témoignage exemplaire de sa profonde dévotion à la Mère céleste qui était valable. Baptisé dans l'église de Santa Maria degli Angeli de Pietrelcina du nom de François, comme le Poverello d'Assise, il nourrit toujours pour la Vierge un amour très tendre. La Providence le conduisit ensuite ici, à San Giovanni Rotondo, au sanctuaire de Santa Maria delle Grazie, où il resta jusqu'à sa mort et où repose sa dépouille. Toute sa vie et son apostolat se sont donc déroulés sous le regard maternel de la Vierge et avec la puissance de son intercession. Il considérait aussi la "Maison du Soulagement de la Souffrance" comme une oeuvre de Marie, "Santé des malades". C'est pourquoi, chers amis, à l'exemple de Padre Pio, je veux moi aussi aujourd'hui vous confier à la protection maternelle de la Mère de Dieu. Je l'invoque de manière particulière pour la communauté des frères capucins, pour les malades de l'hôpital et pour tous ceux qui prennent soin d'eux avec amour, ainsi que pour les groupes de prière qui diffusent en Italie et dans le monde la consigne spirituelle du saint fondateur.

Je voudrais confier de manière spéciale à l'intercession de la Vierge et de saint Pio da Pietrelcina l'Année sacerdotale, que j'ai inaugurée vendredi dernier, solennité du Sacré Coeur de Jésus. Qu'elle soit une occasion privilégiée de mettre en lumière la valeur de la mission et de la sainteté des prêtres au service de l'Eglise et de l'humanité du troisième millénaire!

Prions aujourd'hui aussi pour la situation difficile et parfois dramatique des réfugiés. La Journée mondiale du Réfugié, organisée par les Nations unies, a justement été célébrée hier. Beaucoup de personnes cherchent refuge dans d'autres pays, fuyant des situations de guerre, des persécutions et des catastrophes, et leur accueil pose beaucoup de difficultés mais il est toutefois nécessaire. Que grâce à Dieu, avec l'engagement de tous, on réussisse le plus possible à éliminer les causes d'un phénomène si triste.

Je salue avec une grande affection tous les pèlerins ici rassemblés. J'exprime ma reconnaissance aux autorités civiles et à tous ceux qui ont collaboré à la préparation de ma visite. Merci de tout coeur! Je le répète à tous: marchez sur la voie que Padre Pio vous a indiquée, la voie de la sainteté selon l'Evangile de notre Seigneur Jésus Christ. Sur ce chemin, la Vierge Marie vous précédera toujours, et de sa main maternelle, elle vous guidera vers la patrie céleste.



Place Saint-Pierre

Dimanche 28 juin 2009

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Chers frères et soeurs,


C'est par la célébration des premières vêpres des saints Pierre et Paul, que je présiderai ce soir en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, que se conclut l'Année paulinienne, lancée pour le bimillénaire de la naissance de l'apôtre des nations. Ce fut un temps de grâce pendant lequel, grâce aux pèlerinages, aux catéchèses, aux nombreuses publications et aux différentes initiatives, la figure de saint Paul a été à nouveau proposée dans toute l'Eglise et son vibrant message a ravivé partout, dans les communautés chrétiennes, la passion pour le Christ et pour l'Evangile. Rendons donc grâce à Dieu pour l'Année paulinienne et pour les dons spirituels qu'elle nous a apportés. La Providence divine a voulu que, il y a quelques jours précisément, le 19 juin, en la solennité du Sacré-Coeur de Jésus, une autre année spéciale ait été inaugurée, l'Année sacerdotale, à l'occasion du 150 anniversaire de la mort - dies natalis - de Jean-Marie Vianney, le saint curé d'Ars. Une impulsion spirituelle et pastorale supplémentaire qui, j'en suis sûr, ne manquera pas d'apporter de nombreux bienfaits au peuple chrétien et spécialement au clergé. Quelle est le but de l'Année sacerdotale? Comme je l'ai écrit dans la lettre que j'ai envoyée à ce sujet aux prêtres, elle vise à contribuer à promouvoir l'engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres en vue d'un témoignage évangélique plus fort et plus incisif, dans le monde d'aujourd'hui. L'apôtre Paul constitue à ce sujet un modèle éclatant à imiter non pas tant dans sa vie concrète - qui a été vraiment extraordinaire - mais dans l'amour du Christ, dans le zèle pour annoncer l'Evangile, dans le dévouement aux communautés, dans l'élaboration de synthèses efficaces de théologie pastorale. Saint Paul est un exemple de prêtre totalement configuré à son ministère - comme le sera aussi le saint curé d'Ars -, conscient de porter un trésor inestimable, c'est-à-dire le message du salut, mais de le porter dans un "vase d'argile" (cf. 2 Co 4, 7); c'est pourquoi il est fort et humble en même temps, intimement persuadé que tout appartient au mérite de Dieu, tout vient de sa grâce. "L'amour du Christ nous possède", écrit l'Apôtre, et ceci peut bien être la devise de tout prêtre, que l'Esprit "saisit" (cf. Ac
Ac 20,22) pour faire de lui un administrateur fidèle des mystères de Dieu (cf. 1Co 4,1-2): le prêtre doit appartenir entièrement au Christ et entièrement à l'Eglise, à laquelle il est appelé à se dévouer avec un amour sans partage, comme un époux fidèle envers son épouse.

Chers amis, avec l'intercession des saints apôtres Pierre et Paul, invoquons maintenant l'intercession de la Vierge Marie, afin qu'elle obtienne du Seigneur pour les prêtres des bénédictions abondantes au cours de cette Année sacerdotale à peine commencée. Que la Vierge que saint Jean-Marie Vianney a tant aimée et a fait aimer de ses paroissiens, aide chaque prêtre à raviver le don de Dieu qui est en lui en vertu de la sainte ordination, afin qu'il grandisse en sainteté et soit prêt à témoigner, jusqu'au martyre si nécessaire, de la beauté de sa consécration totale et définitive au Christ et à l'Eglise.

A l'issue de l'Angelus

En ce dimanche, qui est éclairé par les solennités liturgiques de saint Jean-Baptiste et des apôtres Pierre et Paul, j'accueille avec joie les pèlerins de langue française venus pour la prière de l'Angelus. La liturgie de ce jour nous rappelle que l'homme est fait pour la vie. Quiconque accepte de croire au Christ et de fonder son existence sur son amour reçoit de lui la force qui fait vivre. Au terme de l'année paulinienne que nous venons de vivre, je vous invite à progresser toujours plus dans la communion fraternelle qui vous comblera de la richesse même du Christ. Avec ma Bénédiction apostolique!

Je souhaite à tous de passer un bon dimanche sous la protection spéciale de l'apôtre Paul.





SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL



Place Saint-Pierre

Lundi 29 juin 2009

Chers frères et soeurs!


Nous célébrons aujourd'hui solennellement les saints apôtres Pierre et Paul, patrons spéciaux de l'Eglise de Rome: Pierre, le pêcheur de Galilée, qui "a été le premier à confesser la foi dans le Christ (...) et a constitué la première communauté avec les justes d'Israël"; Paul, l'ancien persécuteur des chrétiens, "qui a éclairé les profondeurs du mystère (...) le maître et le docteur, qui a annoncé le salut à toutes les nations" (cf. Préface de la messe d'aujourd'hui). Dans une de ses homélies à la communauté de Rome, le Pape saint Léon le Grand affirmait: "Voici tes Pères et tes vrais Pasteurs, qui t'ont fondée afin que tu sois introduite dans le Royaume céleste" (Sermo I, in Nat. App Petri et Pauli, PL 54, 422). A l'occasion de cette fête je voudrais adresser une salutation chaleureuse et spéciale, avec mes souhaits fervents, à la communauté diocésaine de Rome, que la Providence divine a confiée à mes soins, en tant que Successeur de l'apôtre Pierre. J'étends volontiers ce salut à tous les habitants de notre métropole et aux pèlerins et aux touristes qui la visite en ces jours, également en concomitance avec la clôture de l'Année paulinienne.

Chers frères et soeurs, que le Seigneur vous bénisse et vous protège par l'intercession des saints Pierre et Paul! En tant que votre pasteur, je vous exhorte à rester fidèles à la vocation chrétienne et à ne pas vous conformer à la mentalité de ce monde - comme l'écrivait l'apôtre des nations, précisément aux chrétiens de Rome -, mais à vous laisser toujours transformer et renouveler par l'Evangile, pour suivre ce qui est vraiment bon et agréable à Dieu (cf. Rm Rm 12,2). C'est pourquoi je prie constamment afin que Rome garde vivante sa vocation chrétienne non seulement en conservant de manière immuable son immense patrimoine spirituel et culturel, mais aussi afin que ses habitants puissent traduire la beauté de la foi reçue dans des façons de penser et d'agir concrets, et offrent ainsi à ceux qui, pour différentes raisons, viennent en cette ville, une atmosphère chargée d'humanité et de valeurs évangéliques. C'est pourquoi, avec les paroles de saint Pierre, je vous invite, chers frères et soeurs, disciples du Christ, à être des "pierres vivantes", assemblées autour de lui, qui est la "pierre vivante rejetée par les hommes mais choisis et précieuse devant Dieu" (cf. 1P 1P 2,4).

233 La solennité d'aujourd'hui revêt aussi un caractère universel: elle exprime l'unité et la catholicité de l'Eglise. Voilà pourquoi chaque année, à cette date, les nouveaux archevêques métropolitains viennent à Rome pour recevoir le pallium, symbole de communion avec le Successeur de Pierre. Je renouvelle par conséquent mes saluts à mes frères dans l'épiscopat pour qui j'ai accompli ce geste ce matin dans la basilique et aux fidèles qui les ont accompagnés. Je salue également avec plaisir la délégation du patriarcat de Constantinople qui, comme chaque année, est venue à Rome pour la célébration des saints Pierre et Paul. Que notre vénération commune de ces martyrs soit le gage chez les chrétiens de toutes les régions du monde d'une communion toujours plus pleine et plus forte. Invoquons pour cela l'intercession maternelle de Marie, la Mère de l'unique Eglise du Christ, par la traditionnelle prière de l'Angelus.

A l'issue de l'Angelus

La publication de ma troisième encyclique, qui a pour titre Caritas in veritate, est désormais proche. Reprenant les thématiques sociales contenues dans l'encyclique Populorum progressio, écrite par le Serviteur de Dieu Paul VI - qui porte précisément la date d'aujourd'hui, 29 juin, solennité des saints apôtres Pierre et Paul - je souhaite approfondir certains aspects du développement intégral de notre époque, à la lumière de la charité dans la vérité. Je confie à votre prière cette nouvelle contribution que l'Eglise offre à l'humanité dans son engagement pour un progrès durable, dans le plein respect de la dignité humaine et des exigences réelles de tous.

En ce jour de la fête des saints apôtres Pierre et Paul, je suis heureux d'accueillir les pèlerins francophones présents pour la prière de l'Angelus. Ce matin j'ai eu la joie d'imposer le pallium aux nouveaux archevêques métropolitains, signe de leur lien particulier de communion avec le Successeur de Pierre. Que l'intercession des apôtres Pierre et Paul nous obtienne à tous de grandir dans cette communion et de demeurer fidèles à l'Evangile au service duquel ils ont travaillé, chacun selon la grâce reçue, pour rassembler l'unique famille du Christ. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous une bonne fête des saints apôtres Pierre et Paul.





Place Saint-Pierre

Dimanche 5 juillet 2009



Chers frères et soeurs!

Par le passé, le premier dimanche de juillet se caractérisait par une dévotion au Très Précieux Sang du Christ. Certains de mes vénérés prédécesseurs la confirmèrent au siècle dernier, et le bienheureux Jean XXIII, par la Lettre apostolique Inde a primis (30 juin 1960), en expliqua la signification et en approuva les Litanies. Le thème du sang, lié à celui de l'Agneau pascal, est de première importance dans l'Ecriture Sainte. L'aspersion avec le sang des animaux sacrifiés représentait et établissait, dans l'Ancien Testament, l'alliance entre Dieu et le peuple, comme on peut le lire dans le livre de l'Exode: « “ Moïse, ayant pris le sang, le répandit sur le peuple et dit: "Ceci est le sang de l'Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses ” » (Ex 24,8).

C'est à cette formule que Jésus se référa explicitement lors de la Dernière Cène, quand, offrant le calice aux disciples il dit: « Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28). Et effectivement, à partir de la flagellation, jusqu'au côté transpercé après la mort en croix, le Christ a versé tout son sang, en tant que véritable Agneau immolé pour la rédemption universelle. La valeur salvifique de son sang est affirmée expressément dans de nombreux passages du Nouveau Testament. Il suffit de citer, en cette année sacerdotale, la belle expression de la Lettre aux Hébreux: « Le Christ... entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle. Si en effet du sang de boucs et de taureaux et de la cendre de génisse, dont on asperge ceux qui sont souillés, les sanctifient en leur procurant la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui par un Esprit éternel s'est offert lui-même sans tâche à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des oeuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant » (9, 11-14).

Chers frères, il est écrit dans la Genèse que le sang d'Abel, tué par son frère Caïn, crie vers le Dieu de la terre (cf. 4, 10). Et malheureusement, aujourd'hui comme hier, ce cri ne cesse pas, parce que du sang humain continue à couler à cause de la violence, de l'injustice et de la haine. Quand les hommes apprendront-ils que la vie est sacrée et qu'elle n'appartient qu'à Dieu? Quand comprendront-ils que nous sommes tous frères? Au cri pour le sang versé, qui s'élève de tant de parties de la terre, Dieu répond par le sang de son Fils, qui a donné sa vie pour nous. Le Christ n'a pas répondu au mal par le mal, mais par le bien, par son amour infini. Le sang du Christ est le gage de l'amour fidèle de Dieu pour l'humanité. Le regard fixé sur les plaies du crucifié, tout homme, même dans des conditions de misère morale extrême, peut dire: Dieu ne m'a pas abandonné, il m'aime, il a donné sa vie pour moi; et retrouver ainsi l'espérance. Que la Vierge Marie, qui recueillit sous la croix, avec l'apôtre Jean, le testament du sang de Jésus, nous aide à redécouvrir la richesse inestimable de cette grâce, et à en ressentir une gratitude intime et éternelle.

234 A l'issue de l'Angelus:

Nous avons été touchés, ces derniers jours, par la tragédie de Viareggio. Je m'unis à la douleur de tous ceux qui ont perdu des personnes chères, qui ont été blessés ou ont subi des dommages matériels graves. Alors que j'élève ma prière à Dieu pour toutes les personnes touchées par cette tragédie, je souhaite que de semblables accidents ne se répètent pas et que la sécurité de tous soit garantie au travail et dans la vie quotidienne. Que Dieu accueille les défunts dans sa paix, accorde une guérison rapide aux blessés et apporte un réconfort intérieur à tous les proches des victimes.

Je déplore par ailleurs profondément l'attentat survenu ce matin à Cotabato aux Philippines, où l'explosion d'une bombe devant la cathédrale, pendant la célébration de la messe dominicale, a fait plusieurs morts et de nombreux blessés, parmi lesquels des femmes et des enfants. Alors que je prie Dieu pour les victimes de ce geste ignoble, j'élève la voix pour condamner encore une fois le recours à la violence, qui ne constitue jamais une voie digne pour résoudre les problèmes existants.

J'accueille avec joie tous les pèlerins de langue française et je suis particulièrement heureux de saluer les jeunes du diocèse de Bruges, en Belgique, et du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, en Suisse. A l'exemple de la Vierge Marie, je vous encourage à être des témoins de la vérité de Dieu en suivant son chemin qui conduit à la vraie vie. Acceptez pour cela de vous laisser guider par la force de l'Esprit Saint! En ce début de la période estivale, sachez prendre du temps pour Dieu afin d'être des porteurs de la Bonne Nouvelle! Que Dieu vous bénisse, ainsi que vos familles et vos amis!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 12 juillet 2009



Chers frères et soeurs,

Ces derniers jours, l'attention de tous s'est tournée vers le G8 qui s'est tenu à L'Aquila, une ville tant éprouvée par le tremblement de terre. Les problématiques à l'ordre du jour étaient parfois dramatiquement urgentes. Il y a dans le monde des inégalités sociales et des injustices structurelles qui ne sont plus tolérables, qui exigent, en plus des interventions immédiates qui sont un devoir, une stratégie coordonnée pour rechercher des solutions globales durables. Au cours du sommet, les chefs d'Etat et de gouvernement du G8 ont répété la nécessité de parvenir à des accords communs afin d'assurer à l'humanité un avenir meilleur. L'Eglise ne possède pas de solutions techniques à présenter, mais, experte en humanité, elle offre à tous l'enseignement de l'Ecriture Sainte sur la vérité de l'homme et elle annonce l'Evangile de l'Amour et de la justice. Mercredi dernier, en commentant, lors de l'audience générale, l'encyclique Caritas in veritate, publiée précisément à la veille du G8, je disais qu'un "nouveau programme économique qui redessine le développement de manière mondiale, en se basant sur le fondement éthique de la responsabilité devant Dieu et l'être humain comme créature de Dieu, est donc nécessaire". Et ceci parce que - comme je l'ai écrit dans l'encyclique - "dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et l'engagement en sa faveur ne peuvent pas ne pas assumer les dimensions de la famille humaine tout entière" (n. 7).

Déjà, le grand Souverain Pontife Paul VI avait reconnu et indiqué, dans l'encyclique Populorum progressio, l'horizon mondial de la question sociale. En poursuivant sur la même voie, j'ai moi aussi ressenti le besoin de consacrer Caritas in veritate à cette question qui est devenue, de notre temps, "radicalement une question anthropologique" dans le sens où elle implique la façon même de concevoir l'être humain comme toujours plus mis entre les mains de l'homme lui-même par les biotechnologies modernes (cf. ibid. n. 75). Les solutions aux problèmes actuels de l'humanité ne peuvent pas être seulement techniques, mais doivent tenir compte de toutes les exigences de la personne, qui est dotée d'une âme et d'un corps, et doivent ainsi tenir compte du Créateur, Dieu. "L'absolutisme de la technique" qui trouve sa plus grande expression dans des pratiques contraires à la vie, pourrait en effet faire se profiler de sombres scénarios pour l'avenir de l'humanité. Les actes qui ne respectent pas la vraie dignité de la personne, même lorsqu'ils semblent motivés par un "choix d'amour", sont en réalité le fruit d'une "conception matérialiste et mécaniste de la vie humaine", qui réduit l'amour sans vérité à une "coque vide susceptible d'être arbitrairement remplie" (cf. n. 6) et peut ainsi comporter des effets négatifs pour le développement humain intégral.

Aussi complexe que soit la situation actuelle du monde, l'Eglise regarde vers l'avenir avec espérance et rappelle aux chrétiens qu'"annoncer le Christ est le premier et principal facteur de développement". Et aujourd'hui justement, dans la collecte de la Messe, la liturgie nous invite à prier: "Donne-nous, ô Père, de ne rien avoir de plus cher que ton Fils qui révèle au monde le mystère de ton amour et la vraie dignité de l'homme". Que la Vierge Marie nous obtienne de marcher sur la route du développement avec tout notre coeur et avec toute notre intelligence, "c'est-à-dire avec l'ardeur de la charité et la sagesse de la vérité" (cf. n. 8).

235 A l'issue de l'Angelus:

Ces jours-ci, je suis avec une vive préoccupation les événements au Honduras. Je voudrais aujourd'hui vous inviter à prier pour ce cher pays afin que, par l'intercession maternelle de Notre-Dame de Suyapa, les responsables de la nation et tous ses habitants parcourent patiemment la voie du dialogue, de la compréhension réciproque et de la réconciliation. Cela est possible si, en surmontant les tendances partisanes, chacun s'efforce de chercher la vérité et de rechercher le bien commun avec ténacité: c'est la condition pour assurer une coexistence pacifique et une authentique vie démocratique. J'assure le bien-aimé peuple hondurien de ma prière et je lui adresse une bénédiction apostolique spéciale.

Si Dieu le veut, je partirai demain pour une brève période de repos en montagne. Je me rendrai dans le Val d'Aoste, aux Combes, localité devenue célèbre par les séjours de mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II et que j'aime beaucoup moi aussi. En disant "au revoir" à la place Saint-Pierre et à la ville de Rome, je vous invite tous à m'accompagner par la prière. La prière ne connaît pas de distance, ni de séparations: partout où nous sommes, elle fait de nous un seul coeur et une seule âme.

A propos de départs, je saisis l'occasion pour répéter une fois encore le devoir de tous à la prudence au volant et au respect des normes du code de la route. De bonnes vacances commencent justement par cela!

La prière de l'Angelus me donne en ce dimanche la joie de vous saluer, chers fidèles et touristes de langue française. Le dimanche est un bien pour l'homme. Ce jour saint est en effet pour les chrétiens un jour de prière qui leur permet de reprendre des énergies spirituelles en soutenant leur vie par l'écoute et la méditation de la Parole de Dieu, et en se nourrissant du Corps du Christ. Le dimanche est également un jour de délassement et de détente mérités pour se retrouver en famille ou entre amis. J'encourage chacun à vivre ce temps de grâce qu'est le repos dominical! Je demande à Dieu de vous bénir, ainsi que vos familles et vos amis!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Romano Canavese (Piémont)

Dimanche 19 juillet 2009


Angelus Benoit XVI 7069