Discours 2005-2013 10118

AUX ÉVÊQUES DE BOLIVIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Salle du Consistoire Lundi 10 novembre 2008

10118 Monsieur le cardinal,
Chers frères dans l'épiscopat,

J'ai la joie de vous recevoir, évêques de Bolivie, qui êtes venus à Rome en visite ad limina, pour prier sur les tombes des Apôtres Pierre et Paul, et pour renouveler les liens d'unité, d'amour et de paix avec le Successeur de Pierre (cf. Lumen gentium
LG 22). Je remercie de tout coeur le cardinal Julio Terrazas Sandoval, archevêque de Santa Cruz de la Sierra et président de la Conférence épiscopale, des paroles cordiales qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je désire tout d'abord vous exprimer mon estime et vous assurer de mon encouragement dans le généreux service que vous prêtez à la grande tâche de conserver et de nourrir la foi du peuple de Dieu.

Je connais bien les circonstances difficiles qu'affrontent depuis quelques temps les fidèles et les habitants de votre pays et qui en ce moment semblent s'aggraver. Elles constituent assurément un motif de préoccupation et de sollicitude pastorale particulière pour l'Eglise, qui a su rester très proche de tous les Boliviens dans des situations délicates, dans l'unique but de garder l'espérance, de raviver la foi, de promouvoir l'unité, d'exhorter à la réconciliation et de sauvegarder la paix. Avec leurs efforts dans cette oeuvre, menée de manière fraternelle, unanime et coordonnée, les pasteurs rappellent la parabole évangélique du semeur, qui sème abondamment et inlassablement la semence, sans faire de calcul à l'avance sur les fruits de son travail qu'il pourra réclamer pour lui (cf. Lc 8,4 sq.).

D'autres défis se présentent encore dans votre travail quotidien, car la foi plantée dans la terre bolivienne a toujours besoin de se nourrir et de se renforcer, en particulier lorsqu'on perçoit les signes d'un certain affaiblissement de la vie chrétienne dû à des facteurs d'origines différentes, à un manque de cohérence répandu entre la foi professée et les modèles de vie personnelle et sociale, ou à une formation superficielle qui expose les baptisés à l'influence de promesses éblouissantes mais vides.

Pour affronter ces défis, l'Eglise qui est en Bolivie dispose d'un instrument puissant, la piété populaire, ce précieux trésor accumulé au cours des siècles grâce à l'oeuvre de missionnaires audacieux et conservé pendant des générations, avec une profonde fidélité, dans les familles boliviennes. C'est un don qui doit être bien sûr conservé et développé aujourd'hui, comme je sais que cela est fait avec soin et dévouement, mais qui demande un effort constant afin que la valeur des signes pénètre dans la profondeur du coeur, soit toujours illuminée par la Parole de Dieu et se transforme en solides convictions de foi, consolidée par les sacrements et par la fidélité aux valeurs morales. En effet, il est nécessaire de cultiver une foi mûre et "une ferme espérance pour vivre de manière responsable et joyeuse la foi et la faire rayonner ainsi dans son propre milieu" (Discours lors de la session d'inauguration des travaux de la V Conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, Aparecida, 13 mai 2007).

Pour parvenir à cela, une catéchèse systématique, diffuse et pénétrante, qui enseigne clairement et intégralement la foi catholique est nécessaire. L'Année paulinienne que nous célébrons est une occasion privilégiée pour imiter la vigueur apostolique de ce grand apôtre, qui n'eut pas peur au moment d'annoncer dans toute son intégrité le dessein de Dieu, comme il le dit aux pasteurs de Milet (cf. Ac Ac 20,27). De fait, un enseignement partiel ou incomplet du message évangélique n'est pas adapté à la mission de l'Eglise et ne peut pas être fécond.

Une éducation générale de qualité, qui comprend la dimension spirituelle et religieuse de la personne, contribue profondément à donner des fondements solides à la croissance dans la foi. L'Eglise qui est en Bolivie possède de nombreuses institutions éducatives, certaines de grand prestige, qui doivent pouvoir continuer à compter sur l'attention de leurs pasteurs afin de conserver leur identité et d'être respectées dans celle-ci. Il ne faut cependant pas oublier que "devenus créatures nouvelles, en renaissant de l'eau et de l'Esprit Saint, appelés enfants de Dieu et l'étant en vérité, tous les chrétiens ont droit à une éducation chrétienne" (Gravissimum educationis GE 2).

Je suis heureux de constater vos efforts pour offrir à vos séminaristes une solide formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale, en leur donnant des prêtres adaptés qui les assistent dans le discernement de leur vocation et qui se soucient de leur aptitude et de leur compétence. Ce critère, toujours nécessaire, devient encore plus impérieux en ce moment actuel, qui tend à disperser les informations et à dissiper l'intériorité profonde, où l'être humain possède une loi écrite par Dieu (cf. Gaudium et spes GS 16). C'est pourquoi il est nécessaire de continuer à les assister pour garantir la formation permanente du clergé, et également des autres agents de pastorale, une formation qui nourrisse sans cesse leur vie spirituelle et empêche que leur travail ne devienne une routine ou ne cède à la superficialité. Ils sont appelés à montrer aux fidèles, de leur point de vue, que les paroles de Jésus sont esprit et vie (cf. Jn 6,63), "autrement, comment annonceraient-ils un message dont ils ne connaissent pas l'esprit et le contenu à fond?" (Discours lors de la session d'inauguration, Aparecida).

795 Lors de la récente Assemblée du Synode des évêques, il a été précisément souligné que l'"un des devoirs prioritaires de l'Eglise, au début de ce nouveau millénaire, est avant tout de se nourrir de la Parole de Dieu, pour rendre efficace l'engagement de la nouvelle évangélisation, de l'annonce en notre temps" (Homélie lors de la Messe de conclusion, 28 octobre 2008). Je vous exhorte donc vivement à faire en sorte que dans les homélies, les catéchèses et les célébrations dans les paroisses et dans de nombreuses communautés dispersées, mais qui possèdent des chapelles significatives, comme on les voit dans votre terre, la proclamation fidèle, l'écoute et la méditation de l'Ecriture soient toujours au premier plan, car c'est en cela que le Peuple de Dieu trouve sa raison d'être, sa vocation et son identité.

De l'écoute docile de la Parole divine naît l'amour pour le prochain et, avec celui-ci, le service désintéressé à nos frères (cf. ibid.), un aspect particulièrement important dans l'action pastorale en Bolivie, face à la situation de pauvreté, d'exclusion ou d'abandon dans laquelle vit une bonne une partie de la population. La communauté ecclésiale a fait preuve, comme le bon Samaritain, d'un grand "coeur qui voit" son frère en difficulté et, à travers d'innombrables oeuvres et projets, elle va à son aide avec sollicitude. Elle sait que "l'amour dans sa pureté et dans sa gratuité, est le meilleur témoignage du Dieu auquel nous croyons et qui nous pousse à aimer" (Deus caritas est ). Dans ce sens, elle est, pour ainsi dire, également un "coeur qui parle", qui a en lui la Parole qui demeure au plus profond de son être et à laquelle elle ne peut renoncer, même si parfois elle doit garder le silence. Ainsi, si la fraternité avec nos frères les plus démunis fait de nous d'excellents disciples du Maître, le dévouement et la préoccupation particulière pour eux nous transforme en missionnaires de l'Amour.

Au terme de cette rencontre, je désire vous renouveler mon encouragement dans la mission que vous accomplissez comme guides de l'Eglise qui est en Bolivie, et également dans l'esprit de communion et de concorde entre vous. Une communion enrichie par des liens spéciaux d'étroite fraternité avec d'autres Eglises particulières, certaines se trouvant dans des terres lointaines, mais qui désirent partager avec vous les joies et les espérances de l'évangélisation dans le pays. Transmettez mon salut et ma gratitude aux évêques émérites, aux prêtres et aux séminaristes, aux nombreux religieux et religieuses qui enrichissent et ravivent vos communautés chrétiennes, aux catéchistes et aux autres collaborateurs dans la tâche d'apporter la lumière de l'Evangile aux Boliviens.

Je confie vos intentions à la Très Sainte Vierge Marie, si vénérée par le peuple bolivien dans de nombreux sanctuaires mariaux, et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏCS Salle du Consistoire Samedi 15 novembre 2008

Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous rencontrer tous aujourd'hui, membres et consulteurs du Conseil pontifical pour les laïcs, réunis en assemblée plénière. Je salue le cardinal Stanislaw Rylko et Mgr Josef Clemens, président et secrétaire du dicastère et avec eux tous les autres prélats présents. Je souhaite une bienvenue particulière aux fidèles provenant de diverses expériences apostoliques et de divers milieux sociaux et culturels. Le thème choisi par votre assemblée, "A vingt ans de Christifideles laici: mémoire, développement, nouveaux défis et devoirs", nous introduit directement dans le service que votre dicastère est appelé à offrir à l'Eglise pour le bien des fidèles laïcs du monde entier.

L'exhortation apostolique Christifideles laici, qualifiée de magna charta du laïcat catholique de notre temps, est le fruit mûr des réflexions et des échanges d'expériences et de propositions de la vii assemblée générale ordinaire du synode des évêques, qui eut lieu au mois d'octobre 1987 sur le thème: "Vocation et mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde". Il s'agit d'une révision organique des enseignements du Concile Vatican ii à propos des laïcs, - leur dignité de baptisés, leur vocation à la sainteté, leur appartenance à la communion ecclésiale, leur participation à la l'édification de la communauté chrétienne et à la mission de l'Eglise, leur témoignage dans tous les milieux sociaux et leur engagement au service de la personne en vue de la croissance intégrale et pour le bien commun de la société -, thèmes surtout présents dans les Constitutions Lumen gentium et Gaudium et spes, tout comme également dans le Décret Apostolicam actuositatem.

796 Tout en reprenant les enseignements du Concile, l'exhortation Christifideles laici aiguille le discernement, l'approfondissement et l'orientation de l'engagement laïc dans l'Eglise face aux changements sociaux de ces dernières années. Dans de nombreuses Eglises particulières la participation des laïcs s'est développée grâce aux conseils pastoraux, diocésains et paroissiaux, se révélant très bénéfique parce qu'animée par un véritable sensus ecclesiae.La profonde conscience de la dimension charismatique de l'Eglise a conduit à apprécier et à valoriser aussi bien les charismes les plus simples que dispense la providence de Dieu aux personnes, que ceux qui engendrent une grande fécondité spirituelle, éducative et missionnaire. Ce n'est pas par hasard que le document reconnaît et encourage la "nouvelle saison d'association des fidèles laïcs" signe de la "richesse et de la variété des ressources de l'Esprit Saint, dans le tissu ecclésial" (n. 29), indiquant ces "critères d'ecclésialité" (n. 30) qui sont nécessaires, d'une part au discernement des pasteurs et de l'autre, à la croissance de la vie des associations de fidèles, des mouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés. A ce propos, je souhaite remercier de manière particulière le Conseil pontifical pour les laïcs pour le travail accompli au cours des dernières décennies dans l'accueil, l'accompagnement, le discernement, la reconnaissance et l'encouragement de ces réalités ecclésiales, en favorisant l'approfondissement de leur identité catholique, les aidant à s'insérer plus pleinement dans la grande tradition et dans le tissu vivant de l'Eglise, et en soutenant leur développement missionnaire.

Parler du laïcat catholique signifie se référer à d'innombrables personnes baptisées, engagées dans de très nombreuses et différentes situations pour grandir comme disciples et témoins du Seigneur, et redécouvrir et faire l'expérience de la beauté de la vérité et de la joie d'être chrétiens. La situation culturelle et sociale actuelle rend encore plus urgente cette action apostolique pour partager à pleines mains le trésor de grâce et de sainteté, de charité, de doctrine, de culture, d'oeuvres, dont est composé le cours de la tradition catholique. Les nouvelles générations ne sont pas seulement les destinataires préférentiels de cette transmission et de ce partage, mais aussi les sujets qui attendent dans leurs coeurs des propositions de vérité et de bonheur pour pouvoir rendre un témoignage chrétien, comme cela est déjà arrivé de manière formidable. J'en ai été, moi aussi, à nouveau le témoin à Sydney, au cours de la récente Journée mondiale de la jeunesse. C'est la raison pour laquelle j'encourage le Conseil pontifical pour les laïcs à poursuivre l'oeuvre de ce providentiel pèlerinage mondial des jeunes au nom du Christ, et à se prodiguer, partout, à la promotion d'une authentique éducation et pastorale des jeunes.

Je connais aussi votre engagement au sujet de questions d'importance particulière, comme celles de la dignité et de la participation des femmes dans la vie de l'Eglise et de la société. J'ai déjà eu l'occasion d'apprécier le congrès que vous avez organisé pour le vingtième anniversaire de la promulgation de la Lettre apostolique Mulieris dignitatem, sur le thème "Femme et homme, l'humanum dans son entier". L'homme et la femme, égaux en dignité, sont appelés à s'enrichir réciproquement en communion et collaboration, non seulement dans le mariage et dans la famille, mais aussi dans la société dans toutes ses dimensions. Des femmes chrétiennes, on attend la conscience et le courage d'affronter des tâches exigeantes, pour lesquelles toutefois il ne leur manque pas le soutien d'une propension particulière à la sainteté, un sens très aigu dans le discernement des courants culturels de notre temps, et la passion particulière dans le soin pour l'humain qui les caractérise. On ne dira jamais assez combien l'Eglise reconnaît, apprécie et valorise la participation des femmes à sa mission de service à la diffusion de l'Evangile.

Permettez-moi, chers amis, une dernière réflexion concernant la tendance séculière qui est caractéristique des fidèles laïcs. Le monde, dans le tissu de la vie familiale, professionnelle, sociale, est le lieu théologique, le domaine et le moyen de réalisation de leur vocation et de leur mission (cf. Christifideles laici
CL 15-17). Tout contexte, toute circonstance et toute activité où l'on s'attend à ce que puisse resplendir l'unité entre la foi et la vie est confié à la responsabilité des fidèles laïcs, mus par le désir de transmettre le don de la rencontre avec le Christ et la certitude de la dignité de la personne humaine. Il leur revient de prendre en charge le témoignage de la charité en particulier pour ceux qui sont les plus pauvres, qui souffrent et sont dans le besoin, ainsi que d'assumer tous les engagements chrétiens visant à édifier des conditions de justice et de paix toujours plus grandes dans la coexistence humaine, afin d'ouvrir de nouvelles frontières à l'Evangile! Je demande donc au Conseil pontifical pour les laïcs de suivre avec une profonde attention pastorale la formation, le témoignage et la collaboration des fidèles laïcs dans les situations les plus diverses où sont en jeu la qualité authentique de la vie dans la société. De manière particulière, je réaffirme la nécessité et l'urgence de la formation évangélique et de l'accompagnement pastoral d'une nouvelle génération de catholiques engagés dans la politique qui soient cohérents avec la foi qu'ils professent, qui aient de la rigueur morale, la capacité de jugement culturel, la compétence professionnelle et la passion du service pour le bien commun.

Le travail dans la grande vigne du Seigneur a besoin de christifideles laici qui, comme la Très Sainte Vierge, disent et vivent le fiat au dessein de Dieu dans leur vie. Dans cette perspective, je vous remercie donc de votre précieuse contribution à une si noble cause et je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à vos proches, ma Bénédiction apostolique.


AUX PARTICIPANTS AU XXIII CONGRÈS INTERNATIONAL DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PASTORALE DES SERVICES DE LA SANTÉ Salle Clémentine Samedi 15 novembre 2008

Monsieur le cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
Illustres professeurs,
797 chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous rencontrer, à l'occasion de la Conférence annuelle internationale organisée par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, parvenue à sa 23 édition. Je salue cordialement le cardinal Javier Lozano Barragán, président du dicastère, et je le remercie des paroles courtoises qu'il m'a adressées en votre nom. J'étends ma reconnaissance au secrétaire, aux collaborateurs de ce Conseil pontifical, aux rapporteurs, aux autorités académiques, aux personnalités, aux responsables des Instituts de soin, au personnel de la santé et à ceux qui ont offert leur collaboration en participant de différentes manières à la réalisation de ce Congrès, qui cette année a pour thème: "La pastorale dans le soin des enfants malades". Je suis certain que ces journées de réflexion et de confrontation sur un thème aussi actuel contribueront à sensibiliser l'opinion publique sur le devoir d'accorder aux enfants toutes les attentions nécessaires pour leur développement physique et spirituel harmonieux. Si cela vaut pour tous les enfants, cela a encore plus de valeur pour ceux qui sont malades et qui ont besoin de soins médicaux spécifiques.

Le thème de votre Conférence, qui se termine aujourd'hui, grâce à la contribution d'experts de renommée mondiale et de personnes directement au contact de l'enfance en difficulté, vous a permis de souligner la situation difficile dans laquelle continue à se trouver un nombre extrêmement important d'enfants dans de vastes régions de la terre, et de prévoir quelles sont les interventions nécessaires, et même urgentes, pour leur venir en aide. Les progrès de la médecine au cours des cinquante dernières années ont certainement été importants: ils ont conduit à une baisse considérable de la mortalité infantile, même s'il reste encore beaucoup à accomplir dans cette perspective. Il suffit de rappeler, comme vous l'avez fait remarquer, que chaque année meurent 4 millions de nouveau-nés ayant moins de 26 jours de vie.

Dans ce contexte, le soin de l'enfant malade représente un argument qui ne peut que susciter l'intérêt attentif de ceux qui se consacrent à la pastorale de la santé. Une analyse attentive de la situation actuelle est indispensable pour entreprendre, ou continuer, une action décidée visant à prévenir autant que possible les maladies et, lorsqu'elles sont en cours, à soigner les petits malades grâce aux découvertes les plus modernes de la science médicale, ainsi qu'à promouvoir de meilleures conditions d'hygiène et sanitaires en particulier dans les pays les moins favorisés. Le défi est aujourd'hui de conjurer l'apparition de nombreuses pathologies autrefois typiques de l'enfance et, globalement, de favoriser la croissance, le développement et la préservation d'un état de santé convenable pour tous les enfants.

Tous doivent participer à cette vaste action: les familles, les médecins, les agents sociaux et du monde de la santé. La recherche médicale se trouve parfois face à des choix difficiles lorsqu'il s'agit, par exemple, de trouver un juste équilibre entre insistance et renoncement thérapeutique pour assurer des traitements adaptés aux besoins réels des petits patients, sans céder à la tentation de l'expérimentation. Il n'est pas superflu de rappeler qu'au centre de toute intervention médicale doit toujours se trouver la recherche du vrai bien de l'enfant, considéré dans sa dignité de sujet humain jouissant de ses pleins droits. Il faut donc toujours prendre soin de lui avec amour, pour l'aider à affronter la souffrance et la maladie, parfois même avant la naissance, dans une mesure adaptée à sa situation.

En tenant compte, ensuite, des conséquences émotives, dues à la maladie et aux traitements auxquels les enfants sont soumis, et qui souvent sont particulièrement lourds, il est important de leur assurer une communication constante avec les membres de leur famille. Si les professionnels de la santé, médecins et infirmiers, sentent le poids de la souffrance des petits patients qu'ils assistent, on peut facilement imaginer combien est forte la douleur vécue par les parents! L'aspect médical et l'aspect humain ne doivent jamais être dissociés et chaque structure d'assistance et médicale, en particulier si elle est animée par un authentique esprit chrétien, a le devoir d'offrir le meilleur de la compétence et de l'humanité. Le malade, notamment l'enfant, comprend particulièrement le langage de la tendresse et de l'amour, exprimé à travers un service plein d'attentions, patient et généreux, animé chez les croyants par le désir de manifester la même prédilection que Jésus nourrissait pour les plus petits.

"Maxima debetur puero reverentia" (Juvénal, Satire xiv, v. 479): les anciens reconnaissaient déjà l'importance de respecter l'enfant, don et bien précieux pour la société, auquel doit être reconnue la dignité humaine, qu'il possède déjà pleinement depuis que, non encore né, il se trouve dans le sein maternel. Tout être humain a une valeur en soi parce que créé à l'image de Dieu, aux yeux de qui il est d'autant plus précieux qu'il apparaît plus faible au regard de l'homme. Que d'amour doit-on mettre alors dans l'accueil d'un enfant non encore né et déjà affecté de pathologies médicales! "Sinite parvulos venire ad me", dit Jésus dans l'Evangile (cf.
Mc 10,14), en nous montrant quelle devrait être l'attitude de respect et d'accueil avec lequel prendre soin de tout enfant, en particulier quand il est faible et en difficulté, quand il souffre et qu'il est sans défense. Je pense en particulier aux petits orphelins ou aux enfants abandonnés à cause de la pauvreté et de la désagrégation familiale; je pense aux enfants victimes innocentes du sida ou de la guerre et de si nombreux conflits armés en cours dans diverses parties du monde; je pense à l'enfance qui meurt à cause de la misère, de la sécheresse et de la faim. L'Eglise n'oublie pas les plus petits de ses enfants et si, d'un côté, elle se félicite des initiatives des nations les plus riches pour améliorer les conditions de leur développement, de l'autre, elle ressent avec force le devoir d'inviter à prêter une plus grande attention à nos frères, pour que, grâce à notre solidarité concertée, ils puissent regarder la vie avec confiance et espérance.

Chers frères et soeurs, tout en formulant le voeu que toutes ces situations de déséquilibre, encore existantes, soient résolues au plus vite à travers des interventions apportant des solutions en faveur des plus petits de nos frères, j'exprime ma vive estime pour ceux qui engagent personnellement leurs énergies et des ressources matérielles à leur service. Je pense avec une reconnaissance particulière à notre hôpital du "Bambino Gesù" et aux nombreuses associations et institutions socio-médicales catholiques qui, suivant l'exemple de Jésus Christ Bon Samaritain, et animées par sa charité, apportent leur soutien et un soulagement humain, moral et spirituel à de très nombreux enfants qui souffrent, aimés par Dieu avec une prédilection singulière. Que la Sainte Vierge, Mère de tout homme, veille sur les enfants malades et protège tous ceux qui se prodiguent pour les soigner avec une attention humaine et un esprit évangélique. Avec ces sentiments, en exprimant une estime sincère pour le travail de sensibilisation accompli au cours de cette conférence internationale, je vous assure de mon souvenir permanent dans la prière et je donne à tous la Bénédiction apostolique.


À S.E. M. GEORGES CHAKIB EL KHOURY, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE LIBANAISE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Lundi 17 novembre 2008



Monsieur l’Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir alors que vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Libanaise près le Saint-Siège. Je vous sais gré de vos aimables paroles ainsi que des salutations cordiales que vous m’avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Michel Sleiman, Président de la République, que j’ai eu la joie de recevoir au Vatican il y a peu de temps. En retour, vous voudrez bien le remercier et lui redire les sentiments d’affection et de confiance que je porte au peuple libanais tout entier, souhaitant qu’il poursuive courageusement ses efforts pour bâtir une société unie et solidaire.

798 Comme vous l’avez souligné, Monsieur l’Ambassadeur, le Liban est le berceau d’une culture antique qui a rayonné sur toute la Méditerranée et au-delà, ainsi que le pays de nombreuses confessions religieuses qui ont su montrer qu’elles peuvent vivre ensemble dans la fraternité et la collaboration. Riche de sa diversité, le peuple libanais porte un amour profond à sa terre, à sa culture et à ses traditions, tout en demeurant fidèle à sa vocation d’ouverture universelle. Cette histoire millénaire de votre pays comme sa position au coeur d’un contexte régional complexe, lui donne pour mission fondamentale de contribuer à la paix et à la concorde entre tous.

Par son expérience de vie et de collaboration intercommunautaire et interculturelle, le Liban est un « trésor » confié à tous les Libanais. Il est donc de leur devoir de le préserver et de le faire fructifier pour le bien de la Nation tout entière. De même, je souhaite que la Communauté internationale le protège et le valorise et que, par son engagement effectif, elle contribue à éviter de faire de ce pays un terrain d’affrontement pour des conflits régionaux ou internationaux. Ainsi, le Liban devrait-il être comme un laboratoire pour la recherche de solutions efficaces aux conflits qui agitent la région du Moyen-Orient depuis si longtemps.

Dans cette perspective, je me réjouis vivement des efforts courageux qui ont été réalisés au cours des derniers mois par l’ensemble du pays et par ses Responsables pour ramener la vie politique et l’ensemble des institutions nationales à leur déroulement normal, grâce aux patients efforts de tous. L’élection du Président de la République, la formation d’un gouvernement d’unité nationale et l’approbation d’une nouvelle loi électorale ne peuvent que favoriser l’unité nationale et contribuer à une authentique coexistence entre les différentes composantes de la nation. Par ailleurs, le « dialogue national », en cours depuis quelques semaines, sera certainement l’occasion de clarifier les défis que le pays doit affronter aujourd’hui et de chercher les compromis nécessaires pour y faire face. Je souhaite donc que, mettant de côté les intérêts particuliers et guérissant les blessures du passé, tous s’engagent effectivement sur le chemin du dialogue et de la réconciliation, pour permettre au pays de progresser dans la stabilité.

Toutefois, les tensions qui, malheureusement, demeurent encore présentes, montrent qu’il est nécessaire d’avancer avec décision sur le chemin ouvert il y a quelques mois, par les Accords de Doha, pour construire ensemble les institutions libanaises. L’attitude fondamentale qui doit guider chacun dans cet engagement au service du bien commun doit demeurer inchangée : que chaque composante du peuple libanais se sente vraiment chez elle au Liban et voit que ses préoccupations et ses attentes légitimes sont effectivement prises en compte, dans le respect réciproque des droits des autres. Pour cela, une véritable éducation des consciences à la paix, à la réconciliation et au dialogue doit être promue et développée, particulièrement en direction des jeunes générations. Comme l’a écrit mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II : « Il ne faut jamais oublier qu’un geste de paix peut désarmer l’adversaire et invite souvent ce dernier à répondre positivement à la main tendue, car la paix, qui est un bien par excellence, tend à se communiquer » (Exhortation apostolique, Une espérance nouvelle pour le Liban, n. 98). Cette paix durable, qui est une aspiration profonde de tous les Libanais, est possible dans la mesure où prévaut chez tous une authentique volonté de vivre ensemble sur la même terre, et de considérer la justice, la réconciliation et le dialogue comme le cadre propice à la résolution des problèmes des personnes et des groupes. Pour édifier une société qui assure à tous ses membres une existence digne et libre, une coopération toujours plus profonde entre toutes les composantes de la nation doit être développée et être fondée sur des relations confiantes entre les personnes et entre les communautés.

Monsieur l’Ambassadeur, dans cette étape importante que connaît votre pays, le Saint-Siège continue à suivre avec une grande attention les développements de la situation et porte un intérêt particulier aux efforts déployés pour un règlement définitif des questions auxquelles le Liban doit faire face. Particulièrement sensible aux souffrances que connaissent depuis si longtemps les populations du Moyen-Orient, le Saint-Siège poursuit avec détermination son engagement en faveur de la paix et de la réconciliation au Liban et dans toute cette région si chère au coeur des croyants.

Au terme de cette rencontre, permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer chaleureusement par votre entremise les Évêques et les communautés catholiques du Liban. Dans le prolongement de la récente béatification à Beyrouth du Père Jacques Haddad, Abouna Yaacoub, apôtre de la miséricorde et ardent prédicateur de la Parole de Dieu, j’invite les catholiques à être parmi leurs compatriotes, en communion profonde avec leurs Pasteurs, des artisans ardents d’unité et de fraternité. Que ce moment intense qui a uni des Libanais de toutes origines et sensibilités religieuses, dans la reconnaissance de la personnalité pleine de sagesse et de l’oeuvre admirable de l’un des leurs, se prolonge dans un engagement commun au service de la paix et de l’unité de la nation !

Monsieur l’Ambassadeur, vous inaugurez aujourd’hui la noble mission de représenter le Liban auprès du Saint-Siège et d’entretenir les excellentes relations qui unissent votre pays au Siège Apostolique. Veuillez accepter les voeux très cordiaux que je forme pour son heureuse réussite et soyez sûr de toujours trouver auprès de mes collaborateurs la compréhension et le soutien nécessaires !

Sur vous-même, sur votre famille, sur les collaborateurs de l’Ambassade, sur tous les Libanais et sur les dirigeants de votre pays, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

Au Vatican, le 17 novembre 2008.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA CONGRÉGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE ET LES SOCIÉTÉS DE VIE APOSTOLIQUE Salle Clémentine Jeudi 20 novembre 2008

799 Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs!

C'est avec joie que je vous rencontre à l'occasion de l'assemblée plénière de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, qui célèbre ses cent ans de vie et d'activité. En effet, un siècle s'est écoulé depuis que mon vénéré prédécesseur saint Pie X, avec la Constitution apostolique Sapienti Consilio, du 29 juin 1908, rendit votre dicastère autonome, en tant que Congregatio negotiis religiosorum sodalium praeposita, une dénomination qui a connu par la suite et à plusieurs reprises des modifications. Pour rappeler cet événement vous avez programmé, le 22 novembre prochain, un congrès au titre significatif: "Cent ans au service de la vie consacrée"; je souhaite donc un plein succès à cette initiative opportune.

La rencontre d'aujourd'hui est pour moi une occasion plus que jamais propice pour saluer et remercier tous ceux qui travaillent dans votre dicastère. Je salue en premier lieu le préfet, le cardinal Franc Rodé, à qui je suis également reconnaissant de s'être fait l'interprète des sentiments communs. Avec lui je salue les membres du dicastère, le secrétaire, les sous-secrétaires et les autres officiers qui, avec des tâches différentes, prêtent leur service quotidien avec compétence et sagesse, pour "promouvoir et régler la pratique des conseils évangéliques dans les diverses formes de vie consacrée, ainsi que l'activité des sociétés de vie apostolique (cf. Const. ap. Pastor bonus, n. 105). Les personnes consacrées constituent une portion élue du peuple de Dieu: très chers frères et soeurs, soutenir et conserver la fidélité à l'appel divin est l'engagement fondamental que vous accomplissez selon des modalités qui ont désormais bien fait leurs preuves, grâce à l'expérience mûrie au cours de ces cent ans d'activité. Ce service de la Congrégation a été encore plus intense durant les décennies qui suivirent le Concile Vatican ii, qui ont vu l'effort de renouveau, aussi bien dans la vie que dans la législation, de tous les instituts religieux et séculiers et des sociétés de vie apostolique. Alors que je m'unis donc à vous pour rendre grâce à Dieu, dispensateur de tout bien, pour les bons fruits produits au cours de ces années par votre dicastère, je rappelle avec une pensée reconnaissante tous ceux qui, au cours de ce siècle d'activité, ont prodigué leurs énergies au profit des personnes consacrées, hommes et femmes.

L'assemblée plénière de votre Congrégation a centré cette année son attention sur un thème qui m'est particulièrement cher: le monachisme, forma vitae qui s'est toujours inspirée de l'Eglise naissante, engendrée par la Pentecôte (cf. Ac
Ac 2,42-47 Ac 4,32-35). A partir des conclusions de vos travaux, axés en particulier sur la vie monastique féminine, pourront naître des indications utiles à ceux, moines et moniales, qui "cherchent Dieu", accomplissant leur vocation pour le bien de toute l'Eglise. Récemment encore (cf. Discours au monde de la culture, Paris, 12 septembre 2008), j'ai voulu rappeler le caractère exemplaire de la vie monastique dans l'histoire, en soulignant combien son but est à la fois simple et essentiel: quaerere Deum, chercher Dieu et le chercher à travers Jésus Christ qui l'a révélé (cf. Jn 1,18), le chercher en fixant le regard sur les réalités invisibles qui sont éternelles (cf. 2Co 4,18), dans l'attente de la manifestation glorieuse du Sauveur (cf. Tt Tt 2,13)

Christo omnino nihil praeponere (cf. RB 72, 11; Augustin, Enarr. in Ps 29,9 Cyprien, Ad Fort Ps 4). Cette expression, que la Règle de saint Benoît reprend de la tradition précédente, exprime bien le trésor précieux de la vie monastique pratiquée jusqu'à nos jours, aussi bien dans l'occident que dans l'orient chrétien. C'est une invitation pressante à façonner la vie monastique jusqu'à la faire devenir mémoire évangélique de l'Eglise et, quand elle est authentiquement vécue, "exemplarité de vie baptismale" (cf. Jean-Paul II, Orientale lumen, n. 9). En vertu du primat absolu réservé au Christ, les monastères sont appelés à être des lieux où l'on fait place à la célébration de la gloire de Dieu, où l'on adore et l'on chante la présence divine dans le monde, mystérieuse mais réelle, où l'on cherche à vivre le commandement nouveau de l'amour et du service réciproque, en préparant ainsi la "révélation des fils de Dieu" (Rm 8,19) finale. Lorsque les moines vivent l'Evangile de manière radicale, lorsque ceux qui sont entièrement consacrés à la vie contemplative cultivent en profondeur l'union sponsale avec le Christ, sur laquelle s'est largement arrêtée l'Instruction de cette Congrégation "Verbi Sponsa" (13.v.1999), le monachisme peut constituer pour toutes les formes de vie religieuse et de consécration une mémoire de ce qui est essentiel et qui possède la primauté dans chaque vie baptismale: chercher le Christ et ne rien placer au dessus de son amour.

La voie indiquée par Dieu pour cette recherche et pour cet amour est sa Parole elle-même, qui dans les livres des Saintes Ecritures est offerte avec abondance à la réflexion des hommes. Le désir de Dieu et l'amour pour sa Parole se nourrissent donc réciproquement et engendrent dans la vie monastique l'exigence irrépressible de l'opus Dei, du studium orationis et de la lectio divina, qui est écoute de la Parole de Dieu, accompagnée par les grandes voix de la tradition des pères et des saints, et ensuite prière orientée et soutenue par cette Parole. La récente Assemblée générale du synode des évêques, qui s'est tenue à Rome le mois dernier sur le thème: La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Eglise, en renouvelant l'appel à tous les chrétiens à enraciner leur existence dans l'écoute de la Parole de Dieu contenue dans les Saintes Ecritures, a en particulier invité les communautés religieuses et chaque homme et femme consacrés à faire de la Parole de Dieu leur nourriture quotidienne, en particulier à travers la pratique de la lectio divina (cf. Elenchus praepositionum, n. 4).

Chers frères et soeurs, celui qui entre dans un monastère y cherche une oasis spirituelle où apprendre à vivre en véritable disciple de Jésus dans une communion fraternelle sereine et persévérante, en accueillant également des hôtes éventuels comme le Christ lui-même (cf. RB 53, 1). Tel est le témoignage que l'Eglise demande au monachisme également à notre époque. Nous invoquons Marie, la Mère du Seigneur, la "femme de l'écoute", qui ne place rien avant l'amour du Fils de Dieu qui est né d'elle, pour qu'il aide les communautés de vie consacrée et en particulier les communautés monastiques à être fidèles à leur vocation et mission. Puissent les monastères être toujours davantage des oasis de vie ascétique, où l'on ressent la fascination de l'union sponsale avec le Christ et où le choix de l'Absolu de Dieu est entouré par un climat constant de silence et de contemplation. Alors que je vous assure pour cela de ma prière, je donne de tout coeur la Bénédiction apostolique à vous tous qui participez à l'assemblée plénière, à ceux qui travaillent dans votre dicastère et aux membres des divers instituts de vie consacrée, en particulier à ceux de vie entièrement contemplative. Que le Seigneur déverse sur chacun l'abondance de ses consolations.

Discours 2005-2013 10118